12. ADHD brainrot

- Quelque chose a changé dans ta magie.

Je m'arrêtais un instant, mon bras figé en plein mouvement vain pour m'éventer face à la chaleur étouffante. Je contemplai Hazel avec une certaine incompréhension, pas certaine que c'était véritablement à moi qu'elle s'adresse.

Mais puisque Léo et Frank semblaient concentrés au dessus d'un autel cachant un passage secret devant nous mener à Nico, j'imagine que je n'avais pas vraiment d'échappatoire pour cette conversation. 

- Quoi ? dis-je alors d'un ton ironique. Elle est hyper apaisée et sait quels sont ses problèmes mentaux maintenant ?

Ce fut au tour de Hazel de arquer un sourcil incertain dans ma direction. Elle finit cependant par secouer la tête en poussant un léger soupir. 

- Bien au contraire, elle est bien plus présente qu'avant, elle grouille de partout... Honnêtement j'avoue que je te sous-estimais un peu jusqu'ici. Mais là on dirait juste que tu avais tout retenu en toi jusqu'à maintenant. 

Je restais silencieuse quelques instants. Ce n'était pas tout à fait faux. J'aimais me dire que je ne contrôlais plus ma magie. Mais la vérité c'était surtout qu'elle était désormais marquée par des traumatismes littéralement ancrés à jamais dans ma peau, alors oui, peut-être que ça me dérangeait de vraiment l'utiliser. 

- J'ai dû la retenir pendant plus d'un mois avant que je n'arrive ici. déclarais-je donc, évasive. J'imagine que je n'ai toujours pas réussi à complètement la relâcher. 

Ce n'était pas tout à fait faux non plus. 

- C'est chose faites crois-moi. dit Hazel d'un ton sans-appel. 

Je relevai mes mains face à moi, les observant avec une certaine suspicion. Je ne me sentais pas particulièrement changée. Mais Hazel semblait bien plus douée que moi pour ressentir ainsi la sorcellerie, je ne pouvais lui donner tort. 

Hazel s'apprêtait à ouvrir la bouche pour dire quelque chose, mais les cliquetis familier d'un mécanisme nous interrompîmes alors. Nous nous tournâmes d'un seul geste vers une dalle du sol qui venait de s'ouvrir non loin de nous, Léo la surplombant avec un grand sourire victorieux. 

- Il faut croire que tu peux parfois servir à quelque chose le couteau suisse, constatais-je.

J'esquissais déjà quelques pas vers l'ouverture, mais Hazel m'arrêta d'un geste. Je ne pus retenir une expression quelque peu outragée dans sa direction.

- Oui Nico n'en a plus que pour le coucher du soleil, je sais crois-moi. fit-elle alors, pas le moins du monde perturbée. Mais ça ne sert à rien qu'on aille le chercher si on tombe dans un piège. Je vais rentrer la première et sonder les lieux. 

Je ne pus rétorquer quoi que ce soit tant la petite demi-déesse avait l'air déterminée. Elle avait trois ans de moins que moi mais jamais encore je ne m'étais seulement permise de la considérer comme une gamine. Une fois encore elle me prouvait qu'elle ne l'était pas. 

Si bien qu'elle ne tarda pas à entrer par la dalle comme si de rien n'était. Je remerciai la brume qui devait montrer je ne savais quoi aux mortels alors qu'on était clairement entrain de vandaliser un haut lieu touristique de la ville.

Un silence pesant ne tarda pas à emparer l'étrange trio que nous formions désormais Frank, Léo et moi. Frank était bien certainement celui avec qui j'avais le moins échangé depuis que cette foutue quête avait commencé. Si bien que je ne pus retenir un hoquet de surprise lorsqu'il s'adressa alors à moi.

- C'est vrai que tu viens d'une autre réalité ?

Je l'observai un instant bouche-bée avant de me tourner vers Léo pour le fusiller du regard, l'air de dire qu'il allait regretter d'avoir vendu la mèche.

- Eh me regarde pas comme ça ! ne tarda pas à se défendre ce dernier. Je te rappel que notre cher fils d'Arès ici présent est ami avec la commère du bateau ! 

Frank fronça des sourcils.

- Tu parles de Percy là ? 

- C'est pas moi qui l'ai dit !

Je roulai des yeux avant de poussé un long soupir, excédé. Génial, il manquait plus que ça...

- Oui c'est vrai que je viens d'une autre réalité, et j'en ai visité trois jusque là, non je ne répondrai pas à tes questions. On a pas le temps et c'est vraiment compliqué.  

- Percy aurait pu me préciser le manque d'amabilité..., marmonna Frank avec un léger sourire. 

Le sourire suffit à calmer mon agacement, comprenant alors qu'il n'était pas si méchant que ça. Si bien que je me penchai alors vers lui en souriant à mon tour.

- Je t'ai confié mon grand secret, à toi de me confier le tien. 

- Et pourquoi je ferais ça ? rétorqua-t-il, sans cesser de sourire pour autant. 

- Ça s'appel la cohésion d'équipe Zhang, je sais que vous avez un peu de mal avec ce concept chez les romains mais quand même...

- Et pourquoi tu veux pas connaitre mon plus grand secret à moi !? se scandalisa alors Léo.

- Parce que je le connais déjà Valdez, et que je suis pas certaine que tu veules en parler comme ça. 

Cela eut don de (pour une fois) clouer le bec du fils d'Héphaïstos. Je ne lâchais cependant pas le morceau auprès de Frank. Percy était peut-être selon eux la commère de l'Argo II mais au fond je n'étais pas si loin de détenir le même titre. 

Si bien que ma petite âme de Serdaigle fut plus que ravie lorsque Frank laissa échapper un soupir, vaincu.

- Ma vie est relié à un tison. S'il brule je meurs. 

Je l'observai de longs instants avec de gros yeux, peu certaine qu'il me dise la vérité ou non. 

- Tu rigole ?! 

- J'aimerai bien crois moi. D'après les romains je suis déjà pas mal puissant avec mon parent divin, alors tu ajoute mon don de transformation qui me vient de ma mère... Le tison c'est une si grande vulnérabilité que ça rééquilibre le truc, si tu veux. 

Je hochais la tête. Jamais au grand jamais je ne ferais ce plaisir aux Parques mais il fallait avouer que les traditions de cette réalité était vraiment intéressante. Néanmoins un certain demi-dieu ne tarda pas à me faire ressortir de mes gonds.

- On a tous des faiblesses, fit alors Léo. Regarde moi, par exemple. Je suis tragiquement drôle et séduisant. 

- La ferme Léo ! nous exclamâmes nous d'une même voix avec Frank. 

Ce dernier ouvrit la bouche pour rétorquer. Mais il s'arrêta alors d'un coup avant de se figer sur place, toute trace d'amusement disparue de son visage. 

- C'est peut-être le moment de vous informer des trois personnes hyper louches qui nous tourne autour depuis qu'on est là. 

Je me retournai d'un bond, sortant alors avec rapidité le poignard de ma ceinture. Effectivement, trois américains massifs s'approchaient de nous à grand pas, l'air étrangement furieux et déroutés à la fois. 

- Léo Valdez, dit alors l'un des types affublé d'un t-shirt "Roma". Comme on se retrouve. 

Un frisson terriblement familier me remonta alors le long de l'échine. Les trois hommes battirent alors des paupières et leurs yeux devinrent entièrement dorés. 

- Des eidolons ! s'exclama Frank. 

Je reculai instinctivement vers la petite dalle, les souvenirs de Léo s'en prenant à la Nouvelle-Rome à peine quelques jours plus tôt parfaitement à l'esprit. 

- Je peux les faire s'évanouir. fis-je alors précipitamment.  

- Ça ne servirait à rien ! réfuta tout aussi rapidement Frank. Ils possèderaient simplement quelqu'un d'autre. 

- Ils ne peuvent pas entrer dans le trou. dit alors Léo. 

- D'accord ! fit Frank. Tant pis pour Hazel. 

Il se changea en serpent et rampa dans l'ouverture. Léo sauta derrière lui et je ne tardai pas à les suivre. La dernière chose que je percevais des esprits étant leur mugissements terrifiants assenant :

- À mort Valdez ! À mort !

J'atterris dans un grand fracas au sol alors que la dalle se refermait d'un coup sec derrière moi.

- Tout va bien ? demanda la voix que je reconnus comme celle de Frank à travers le noir.

- Les cascades c'est pas encore pour moi...

Je me relevai en retenant une grimace de douleur face à mes muscles endoloris. Je plissais des yeux pour essayer de distinguer quoi que ce soit, mais avec la trappe fermée on ne voyait plus rien. Des bruits succins se faisaient entendre au dessus de nous. J'osais espérer que les eidolons ne parviendraient pas à entrer malgré tout...

- Hum..., commença alors Léo, je vais faire une flamme pour nous éclairer Frank, juste pour te prévenir.

- Merci de me prévenir.

Une petite flamme semblable à celle d'une bougie apparut alors, éclairant la pièce dans laquelle nous nous trouvions d'une faible lumière. Enfin, pièce n'était pas vraiment le bon mot. Un mur semblait s'élever derrière nous alors que le sol descendait doucement dans l'autre direction. 

- Bon au moins on a pas à tergiverser trop longtemps pour savoir où aller. constatais-je tandis que les deux autres approuvaient d'un hochement de tête.

Léo passa ainsi en tête de fil et je laissais Frank le suivre avant d'emboiter leur pas à mon tour. Je ne pus retenir un dernier regard au plafond duquel les coups et ce qui me semblaient être des cris de rage ne cessait de se faire entendre. 

Néanmoins je n'eus guère l'occasion d'angoisser bien longtemps alors que nous ne tardâmes par à retrouver Hazel au détours du couloir. Cette dernière semblait absorbée par une porte qu'elle éclairait avec la lueur de son épée, si bien qu'il lui fallut un certain temps avant de nous remarquer. 

- Qu'est-ce que vous faites là ? s'exclama-t-elle. 

- Désolé, dit Léo, mais on a rencontré des touristes de mauvais poil. 

Il ne tarda pas à raconter ce qu'il s'était passé. Hazel poussa un long soupir rageur lorsqu'il eut terminer. 

- Ces saletés d'eidolons..., bon de toute façon j'allais vous dire de descendre. Cette porte me rend dingue, tu pense pouvoir faire quelque chose Léo. 

Léo fit craquer ses doigts dans un geste terriblement dramatique qui me fit rouler des yeux.

- Place au maître ! 

Léo prit cette fois bien plus de temps pour parvenir à ouvrir la porte. Une étrange sphère semblait être incrustée dedans, pleine d'anneaux. J'imaginai qu'il fallait les placer dans un sens particulier pour qu'elle s'ouvre. Mais la mécaniques ça n'avait jamais été mon truc...

Si bien que je me contentais de rester quelque peu en retrait du groupe, observant le couloir sombre derrière nous avec attention. Je maintenais mon poignard nouvellement acquis avec force dans ma main et me préparais à dégainer mon épée de l'autre. 

De nouveau le même bruit de cliquetis ne tarda cependant heureusement pas à se faire entendre, Léo ne pouvant cette fois retenir un vrai cri de victoire. 

- Et voilà bonne gens ! s'exclama-t-il en désignant la porte ouverte. Ça se passe comme ça chez McLéo !

- J'aime pas McLéo. grommela Frank.

Hazel rit et j'esquissai un léger sourire à mon tour. 

Léo semblait au paradis lorsque nous entrâmes dans la salle. La pièce était immense, et elle croulait sous les établis recouvert de bronze et de grands paniers pleins de vieux outils en métaux. Des dizaines de sphère semblable à celle incrustée dans la porte étaient disposées sur les établis, semblant toutes dans des stades de construction différent. 

Un frisson remonta cependant mon échine à l'instant où je me tournai vers la porte ouverte pour contempler deux immenses armures qui encadraient cette dernière. Un frisson qui ne me disait rien de bon.

- Euh Léo, ces trucs là risquent pas de nous attaquer. 

- Aucune chance, rit Léo comme si je venais de dire là la chose la plus stupide de tout les temps. Ils sont pas terminés ! 

Il tapota alors le cou d'un des deux mannequins, laissant alors apparaître des fils de cuivre. 

- Regarde, le câblage de la tête n'est pas fini. 

Je pinçais des lèvres, pas plus rassurée pour autant. Néanmoins, une fois de plus je ne pus retenir la curiosité en moi alors que j'inspectais l'atelier avec intérêt. 

- Je ne veux pas faire ma grecque méprisante. fis-je alors en me tournant vers Frank et Hazel. Mais tout cela m'a l'air quand même très grec. 

Le visage de Léo sembla s'illuminer alors qu'il hochait la tête avec fermeté. Après avoir dit la chose la plus idiote possible j'avais désormais l'impression de passer pour une génie à ces yeux. 

- Vous savez ce que je crois. dit-il. Que tout cela ce sont des choses que les romains ont essayé de recréer, en vain. D'après certaines légendes, les Romains auraient confisqué les écrits d'Archimède...

- Archimède ? demanda Hazel d'un air stupéfait. Je croyais que c'était un mathématicien. 

Le sourire de Léo ne fit que redoubler. Je reconnaissais bien là un engouement digne de notre TDAH alors qu'il sautillait d'un pied à l'autre avec excitation. 

- Ça et bien plus ! C'était juste le fils d'Héphaïstos le plus célèbre de toute l'Histoire. 

Les deux romains ne semblaient pas si convaincu, si bien qu'il ne tarda pas à poursuivre. 

- Écoutez, j'ai tout lu du Archimède. C'est un héros pour notre bungalow. C'est lui qui a inventé toutes les bases mathématiques dont les ingénieurs se servent encore aujourd'hui. Il vivait dans une des colonies grecques du sud de l'Italie, avant que Rome ne se développe et ne prenne le pouvoir. Ils l'ont tués mais selon les légendes, le général qui était un grand fan de son travail aurait pillé son atelier et ramené plein de souvenirs à Rome. Ils sont tombés dans les oubliettes de l'Histoire, sauf...

Il désigna alors les établis d'un geste. 

- Sauf que les voilà.

- Quoi ? des ballons de foot en métal ? demanda Frank d'un air dubitatif. 

Léo semblait sérieusement prendre sur lui pour retenir son agacement alors que les deux romains ne semblaient toujours pas réaliser la valeur de ce qui les entourait. Je le comprenais parfaitement, il m'arrivait de ressentir exactement la même chose il y a bien longtemps lorsque mes camarades de classe ne comprenaient pas mon engouement pour la mythologie grecque. 

On voit bien comment elle t'as servi la mythologie grecque...

- Écoutez, reprit alors Léo (m'empêchant de me lancer dans une longue joute verbale contre moi-même), Archimède construisait des sphères. Les romains ne sont pas arrivés à les comprendre mais elles pouvait faire un tas de trucs, seulement personne ne sait...

Léo s'arrêta alors de parler, son esprit semblant marcher plus vite que sa parole. Et alors il se passa quelque chose de vraiment improbable. 

Une petite flamme apparut sur le bout de son nez. Et bien évidemment, moi ce fut mes gestes qui dépassèrent ma pensée alors que je me mis à tapoter du bout des doigts son nez pour éteindre la flamme qui s'y trouvait. 

Mes doigts se figèrent dans les airs à l'instant même où je réalisai mon geste tandis que Léo m'observait ne semblant pas savoir s'il devait être surpris ou bien atrocement gêné. Pour ma part je voulais simplement m'enterrer sur place. 

Néanmoins, heureusement pour moi sa pensée ne tarda pas à reprendre. Il courut alors vers une rangée de casier et examina ce qui semblait être de longs étuis de cuir. 

- Oh par les dieux ! C'est ça !

Il sortit un des manuscrits avec précaution et s'approcha alors de moi pour me le montrer. Je n'étais pas très forte en grec ancien, mais je parvins tout de même à déchiffrer le titre écrit sur l'étui : De la construction des sphères. Les mains de Léo tremblaient tant il était excité, si bien que je me penchai alors vers lui pour attraper l'autre bout du parchemin à sa place, tendant tant bien que mal de comprendre ce qui y était indiqué. 

- Les gars, c'est le livre perdu ! C'est Archimède qui l'a écrit, il y a consigné ses méthodes de construction, mais tous les exemplaire se sont perdus au cours de l'Antiquité. Si je pouvais le traduire...

Cela ne m'aurait pas étonné que les oreilles de Léo se mette à fumer tant il semblait être pris par ses réflexions. Je devinais ses pensées, une telle ressource de savoir serait une bénédiction pour la colonie. Encore plus si elle risquait de se faire attaquer par les romains ou Gaïa. 

- On est pas venu pour un manuscrit. fit alors Hazel toujours sceptique. Mais rien ne nous empêche de l'emporter j'imagine. 

Le sourire de Léo était trop contagieux pour que je ne puisse me retenir de sourire à mon tour tant il semblait heureux et plein d'espoir à cet instant. 

Évidemment, ce fut à ce moment là que les choses partirent en vrille. 

Sur l'établi le plus proche de Frank et Hazel, un des globes se mit à bourdonner et cliqueter. Le globe se dressa alors sur ce qui semblait être des pattes de fer. Et avant même qu'aucun de nous n'ai le temps de faire quoi que ce ce soit, deux câbles en bronze jaillirent de son sommet comme des filins de Taser. Frank et Hazel, touchés, s'effondrèrent au sol. 

Cette fois je dégainai mon épée pour de bon tandis que Léo s'élançait pour leur porter secours. Mais les deux armures prirent alors vie. Elles dégainèrent leurs épées et s'avancèrent vers Léo.

- Aucune chance qu'ils nous attaque tu parles ! m'exclamais-je tandis que Léo battait en retraite derrière moi. 

Une voix caverneuse et étrangement familière retentit alors dans l'atelier. 

- Vous ne pouvez pas nous échapper. Nous n'aimons pas posséder des machines, mais elles valent mieux que des touristes. Vous ne ressortirez pas d'ici vivant. 

Génial...

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