* Publié et non corrigé le 18.12.2023
Note de l'auteur: Petite surprise pour les anciens lecteurs qui n'ont jamais vu l'origins de Lily! :) J'ai eu cette petite idée qui m'a traversé l'esprit alors je me suis dit, go go, allons s'y. Il y aura les autres personnages aussi, idem pour les personnages principaux (Izuku Midoriya, Katsuki Bakugo, Shoto Todoroki peut-être, il y aura aussi Anastasia Skywalker, Tsuki Koori, ...) Et ces origins seront plus courts, séparés soit en 2 ou 3 parties! Je ne dirais pas plus. Beaucoup de time skip, mais je mettrais en avant des points que j'estime très intéressant (et ce sera sous un point de vue à la première personne, ce qui est nouveau, ici! Mais uniquement dans les origins.)
En vrai, j'aime beaucoup aussi caser des flash-back dans les vrais chapitres. Mais je me suis dit que, au bout d'un moment, ça sera long??? Du coup je me facilite la tâche avec les origins, comme je dis, je pointe des moments importants, mais sans trop non plus, j'aime bien surprendre aussi directement dans mes longs chapitres. :'))
En tout cas, j'espère que l'idée attisera des curieux-ses! Bonne découverte avec Lily. Je ne spoilerais pas trop, promis, malgré le teaser de fin, mdrr. Au final, en vrai, en écrivant cet origins partie I, j'embellis encore plus la famille de Lily, je suis mal barré, j'ai des nouvelles idées qui apparaissent. Je ne sais pas quel sera le prochain origins, sans doute Izuku Midoriya (évidement). Lui, je compte bien vous montrer du neuf avec ce personnage, son passé plus approfondit!
Sur ce, je suis contente d'avoir pu le poster avant les fêtes. D: Je vais me reposer là. Et reprendre doucement mon chapitre 10 qui contient déjà plus de 5.000 mots, héhé. Raah, j'ai hâte de reprendre la suite, et tout et tout, mais si je vais trop vite, je sais que je vais bâcler et j'aime pas le travail bâclé. :') Allez, je me tais, je dois vous épuiser. Bye-bye!
P.S: Je sais, j'ai vite fait le dessin de Lily, je ne suis pas doué, mais faut bien que je pratique un peu plus pour un jour, savoir bien dessiner. ><"
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Origines: Lily Sawaka
- Partie | I | -
Depuis toujours, je suis fasciné par le ciel.
On me pointait du doigt vers le haut. À chaque fois, je suis émerveillé par la beauté des cieux. Par ces couleurs, qui amenaient de la magie. Par ces nuages qui se mouvaient si tranquillement. Ou alors la présence des étoiles qui parsemaient ce vaste vide. La lune apportait un peu de clarté, chassait les ténèbres dans la nuit. Le soleil rayonnait dans la journée, apportait de la chaleur pendant toutes les saisons. Parfois, avec un peu de chance, après ou pendant la pluie, on peut apercevoir un arc-en-ciel. La neige a aussi un charme !
Constamment, quand je relève ma tête, je me laisse être bercée par la vue. Qu'importait si c'était joyeux ou triste, j'ai prit goût à admirer le ciel. Ça a le don de m'apaiser. De m'écarter un peu de mes journées, de mes problèmes, de pleins d'autres tracas. Qu'importait le lieu où je me trouvais, j'adore regarder le ciel. On me dit souvent que j'ai la tête dans les nuages. C'est bien vrai. Mais je n'y peux rien, cela me permet de me calmer, de me repositionner, de me retrouver.
On pourrait penser que je médite. Pratique du yoga. Toutefois, c'est d'une autre manière.
Petite, j'enviais les oiseaux. J'étais persuadé qu'ils adoraient voler près des nuages. Que la sensation d'y toucher devait être mousseux, tout frais, comme des bulles de savons. Qu'ils devaient apprécier de se sentir libre, de pouvoir se déplacer où ils désiraient. Ne faire qu'un avec les cieux.
Petite, j'espérais que mon alter puisse m'aider à atteindre les nuages. Que j'ai la possibilité de m'y poser dessus. J'ai même imaginé pouvoir toucher une étoile.
Au final, un peu plus tard, c'était mon père qui m'a emmené près des nuages. C'était une superbe expérience et j'étais aux anges. C'était bien mousseux et humide, ça se dissipait incroyablement vite. Ça disparaissait si vite, c'était si fluide, si simple. Évasif.
Tout est si fantastique, mystérieux. Ça me fascine. Je me demande à quoi ressemble de près, la vue de la planète Terre. La galaxie.
Mais comme disait si bien ma mère : « Chaque chose en son temps, pas tout d'un coup ! », je ne dois pas être pressé. Je me dois d'être organisé. Comme elle.
Mon père quant à lui, me dictait : « Sois plus responsable ! », je me dois être plus mature, posée, réaliste.
Très vite, je me suis penché sur les héros. J'y suis bercé dedans depuis toute petite, en plus de ma fascination sur le ciel. Les héros sont époustouflants, puissants, amènent un sentiment de sécurité, représentent la victoire, repoussent le mal, sont tellement classes.
Mon père en était un. Il était rarement à la maison à cause de son travail et ma mère ne le blâmait pas pour ça, moi non plus. Nous respections son choix, il nous arrivaient d'être inquiètes de le voir revenir tout blessé. Mais mon père était du genre à éviter de montrer des signes de faiblesse. Il rigolait souvent, prenait tout à la légère et répétait souvent que ma mère et moi étions son trésor le plus précieux au monde.
Une famille, c'est important. Il faut la chérir, préserver le bonheur. Conserver au maximum tout les moments les plus précieux qui soit.
...J'aurais aimé effacer certains moments, personnellement. Malheureusement, chez certaines personnes, le cerveau nous indiques qu'il est nécessaire de ne pas oublier certaines choses. Les meilleurs comme pour les pires.
Je veux devenir une héroïne.
Je veux représenter le ciel. Être aussi légère qu'un nuage, libre, je veux sauver des vies, je veux être forte, repousser le mal, devenir quelqu'un sur qui compter, apporter de la sécurité.
Bientôt, on m'appellera « Skyao » quand j'apparaîtrais depuis les airs.
Je suis Lily Sawaka,
je deviendrais l'héroïne des cieux !
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|| Even if I don't have wings, I can still fly ||
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" Wanna play with me? I've got Pokemon Diamond on my DSi! "
༄
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« — Joyeux anniversaire !! »
On m'applaudit autour de la table. Mes parents sont tout souriant et je le suis également. Les petites flammes qui alimentaient les bougies se sont éteintes après que j'ai soufflé dessus. Aujourd'hui j'ai un an de plus. Mes yeux sont rivés sur le délicieux gâteau en face de moi. C'est mon préféré ! Celui aux fraises, avec des myrtilles ! Il y a de la crème avec !
— Tu grandis si vite ma chérie ! S'exclame maman, toute émue. Tu as déjà quatre ans !
J'opine vivement de la tête. J'ai trop hâte de manger mon gâteau et ouvrir mes cadeaux ! J'ai les étoiles aux yeux j'en suis sûre, en plus que je sais déjà ce que je vais recevoir, héhé ! Je balance impatiemment mes pieds dans le vide. Je suis encore trop petite pour toucher le sol sur ma chaise.
Mon papa croise les bras contre son torse, lance un regard vers maman. Il est bien adossé contre le dossier de sa chaise en bois.
— Et si on commençait par les cadeaux ? Suggère t-il.
— Oh oui ! Oui ! Les cadeaux ! Les cadeaux ! Je m'emballe en secouant mes poings verticalement, par-dessus la nappe colorée.
— Ta fille a répondue. Glousse maman, amusée.
Immédiatement, toujours toute souriante, je pose mon regard sur mon papa qui se lève, recule la chaise et se tourne vers la table basse en rondin un peu plus loin, face au canapé où j'adorais me prélasser dessus – et aussi quand je suis toute seule je saute dessus, comme un super trampoline, mais chute, c'est un secret -. Il ramène les deux paquets de cadeaux, avec le même design en papier. Papa me les posent juste devant moi.
— Va s'y, ouvre donc Lily ! M'encourage t-il en rigolant.
— Euh... je commence par lui !
— C'est le mien ma chérie ! M'indique maman.
De suite, je déchire l'emballage. Comme elle me l'avait promit, je viens d'avoir ma première console ! Une DSi bleu turquoise et un jeu Mario! Maman est la meilleure !
— Merciiiii maman !!
— Il faudra la charger avant de pouvoir y jouer. Et interdiction de l'utiliser après vingt heures ! Me précise t-elle en levant son index. Comme toujours, maman veut que je dorme tôt pour que je sois en forme au petit matin. Et je lui ait promit que j'obéirais à sa condition en échange d'obtenir mon premier jeu-vidéo.
— Wouiiiii !! Je lui répond vivement, toute euphorique, je lève ma main près de ma tête, comme une petite soldate.
J'entame ensuite le cadeau de mon papa. Je lui avais demandé un truc, mais ça m'étonne que ça soit dans une grosse boîte ? Est-ce que ça peut respirer au moins ? J'avoue être un peu curieuse. Quand je finis de tout déballer, mon sourire se fige.
...Ce n'était pas ce que j'avais demandé, moi...
— Ehhhhh oui ma puce ! Une peluche de ton cher papa adoré en héro !! Stylé hein ?! Se vante t-il en rigolant fièrement, les bras croisés contre son torse. Ses épaules montent et descendent, tellement qu'il est ravi de ce qu'il m'a offert.
Il est le seul à rire, à être content. Je ne sais pas trop comment réagir. Je repose la boite sur la table. Mon coeur fait mal. Je me sens déçue. Très déçue.
— Ace. L'appelle maman, très sèchement. Je n'ose pas lever mes yeux pour les regarder. Je suis perdue dans mes pensées, alors que mes oreilles, entendaient très bien leur échange.
— M-Mais enfin, on en a déjà parlé, Lily est encore trop jeune pour s'occuper d'un vrai chat ! Se défend mon père. C'est beaucoup de responsabilité !
— Tu te fiche de moi ? Et tu lui offres cette... stupide chose pour son anniversaire !? Lui sermonne maman en haussant le ton. Elle est énervée, son poing se cogne contre la table et je sursaute.
Je ne veux pas les embêter. Je ne veux pas qu'ils se disputent. Je me sens mal à l'aise, je frisonne déjà à l'idée de pourrir cette soirée alors que papa a pu se libérer du travail rien que pour moi. Mes mains se glissent sous la table, je serre ma jupe noire, je baisse la tête.
— Tu vas me faire le plaisir dès demain, lui commande maman toujours furieuse, d'échanger cet achat avec autre chose !
— Le seul soucis, c'est que j'ai perdu le ticket...
— Tu as QUOI ???
— Beeeen tu sais, quand j'ai dû voler, j'ai dû le perdre en cours de route, il y avait pas mal de vent aussi...
— ACE !
Ne vous disputez pas encore. S'il vous plaît...
— M-Maman ? Tu sais, c'est super une peluche de papa en héro ! Je la rassure avec un sourire.
Je dois calmer le jeu. Je ne veux pas causer des ennuies par ma faute. Et puis papa a raison, je n'ai peut-être pas encore l'âge d'adopter un chat. Quand je lui en ai parlé, il a grimacé, semblait dérangé. Et puis... papa voulait peut-être m'offrir ça pour que quand je dorme, il me chasse les monstres sous le lit ! J'ai toujours peur que les crocodiles des ombres viennent attaquer mes pieds !
Papa est très fort, il peut manier le vent comme bon lui semble. Il peut même créer des dragons avec l'air ! Il est méga puissant et les vilains prennent cher quand il est en patrouille !
— Tu es sûre ma chérie ?... Se calme enfin maman, peu convaincue, attristée.
— Woui ! Et comme ça papa chassera les méchants si on m'attaque en dormant ! Je lui déclare en posant mes mains sur la boite.
— Oooooooh ma petite Lilyyyy !!!
Papa me prend dans ses bras et me câline. Je me laisse faire.
Ce qui est toujours bizarre, c'est que avec lui, les câlins ne sont pas aussi agréables que eux avec maman. Je ne sais pas pourquoi.
Ou quand je suis toute seule avec lui dans la maison, je n'ose jamais le déranger.
— Je te promet de t'offrir une autre peluche demain, tu préfères un chat, pas vrai ? Ou peut-être un lapin pour changer ? Ou un renard ? Tu ne m'en veux pas, n'est-ce pas ?
— Non, pas du tout papa...
Je ne veux pas lui faire de peine. Il m'offre un grand sourire tout rayonnant. Il recule un peu, resserre ses doigts sur mes bras.
— Alors ? Quel animal te plairait ? Me presse t-il.
Mes yeux se perdent dans ses orbes bleus, comme les miens. Sauf que maman me disait toujours que les miens sont plus clairs, plus brillants, plus beaux que ceux de papa. Je frisonne légèrement, sans trop savoir pourquoi. Dès qu'il m'a posé cette question si simple, mes oreilles bourdonnent, j'ai l'impression que les aiguilles d'une montre ou d'une horloge sont tout près de moi, ce qui me transfert une pression inexplicable, augmente mon stress. Je déglutis.
Papa n'est pas du genre patient.
— Renard. Je me dépêche de lui répondre.
Sur mon lit, j'ai déjà deux peluches chats, alors...
— D'accord, je t'en ramènerais un !
S'il y a bien une chose que j'ai apprit avec papa, c'est que je ne devais jamais me montrer trop gourmande. Les autres enfants sont parfois gâtés, je n'ai pas le droit de réclamer trop de choses. Je ne dois pas faire de crise auprès de mes parents que ce soit à la maison ou en public. Sinon il me gronderait sévèrement. Je n'aime pas être sermonné. Mais je ne lui en veux pas ! Je dois être une gentille fille. Et puis papa et maman travaillent beaucoup, beaucoup ! Je ne veux pas les embêter.
Je les aimes. Je ne veux pas qu'ils soient énervés, ni tristes.
Dès que papa me relâche, on se concentre sur le gâteau. Maman nous coupes les parts après qu'elle ait retiré les bougies. Tout est trop trop bon ! Je me régale trop !
Après avoir aidé à débarrasser la table, je regarde maman brancher le chargeur de ma DSi à une prise, au-dessus du comptoir. Un petit voyant rouge se distingue sur ma console et je m'exclame, fasciné. Ma maman me sourit et passe une main sur mes cheveux, me les caresses.
— On va le laisser charger. Demain tu pourras y jouer quand on ira chez grand-mère.
— D'accord !
Ça veut dire que j'aurais de quoi m'occuper pendant le trajet ! Youpi ! Grand-mère habite à Musutafu, on a environ plus de deux heure de route. On vit à Saitama, le temps de nous y rendre, on a beaucoup de kilomètres à faire en voiture.
— Ace, rassure-moi, tu peux venir avec nous demain ? Demande maman qui regarde papa faire la vaisselle avec ses mains.
— Ouais, j'ai posé trois jours de repos exprès pour être avec vous, lui certifie papa en lui adressant un doux sourire.
— Excellente nouvelle ! S'exclame maman en joignant ses mains, Elle pourra te démonter la mâchoire quand elle saura que tu as offert ce ridicule cadeau à ta fille !
Papa grimace. Il transpire beaucoup d'un coup !
— ...Euh, chérie, si tu pouvais... lui épargner cet info... ? Tu serais un ange...
— Moi ? Un ange ? Répéta maman en se pointant du doigt, surprise. Mais enfin voyons, tu sais très bien ce que je suis.
— Tu me fais surtout peur là, oui !
Maman se met à rire. Je souris doucement, contente de la voir comme ça.
J'adore la voir comme ça. Et voir aussi papa aborder ce doux sourire. Ils s'aiment beaucoup.
L'heure tourne et on me signale qu'il est l'heure d'aller au lit, même si je n'ai pas envie d'aller dodo maintenant. J'ai beau dire que je n'ai pas sommeil, on insiste lourdement pour que j'aille me reposer. J'ai cédé. Avec maman, j'ai été me brosser les dents, j'ai été enfiler toute seule mon pyjama préféré bleu et blanc et j'allais immédiatement sur mon lit, sous les couettes. J'ai Katty et Kuro avec moi, je les serres contre moi, ils sont doux et sont de couleurs opposés.
— Ca y est, tu es au lit mon petit nuage ?
Maman vérifie que je suis bien au lit, en restant à l'entrée de la porte, elle garde la poignée dans sa main gauche et me sourit tendrement. Je hoche vivement la tête et je montre mes deux peluches chats qui sont situés entre ma tête. Katty est un chat blanc avec des yeux roses, il a un nœud rose et des coussinets roses aussi ! Kuro lui, est un chat noir, avec des yeux verts, a n'a pas de nœud et a des coussinets blancs ! Ce sont mes meilleurs amis, j'adore jouer avec eux. Ils sont mes petits gardiens qui me protègent contre les méchants crocodiles des ombres !
Comme chaque nuits, ma maman entre dans ma chambre, s'avance vers le radiateur allumé et règle la température. Je l'observe faire. Ma maman est la plus belle avec ses courts cheveux bleus foncés, son grain de beauté sous sa lèvre lui donne un charme que personne d'autre n'a ! Elle est la plus forte, elle ne se laisse jamais être piétiné par qui que ce soit et n'a jamais peur de dire tout ce qu'elle pense.
Quelqu'un qui brille autant, qui ne craint pas les ténèbres, qui avance, qui est prêt à affronter tout obstacle, ne craignant pas de tomber, de chuter le long de ces montagnes qu'on peut gravir... Ce genre de personne m'impressionne. Je veux ressembler à ça, plus tard. Devenir indépendante, forte, belle, comme maman.
J'entends le vent souffler dehors. Les feuilles des arbres mouvent, ça amène une mélodie sympathique. C'est l'hiver, il fait encore froid.
— Demain, il risque de neiger un peu d'après la météo, m'annonce maman en se redressant, il faudra que tu penses à prendre tes gants, ton écharpe et un bonnet.
— D'accord !
Elle me sourit et se rapproche de moi, dépose un bisou sur mon front en écartant ma frange. Je glousse doucement. J'adore recevoir les bisous de maman, ils sont magiques.
— Je t'aime Lily, fais de beaux rêves.
— Moi aussi je t'aime !
J'entends des pas. Papa débarque, il me sourit et vient aussi me faire la bise au front. Tous deux me souhaites de faire des merveilleux rêves. Je leur répond la même. Dès qu'ils éteignent la lumière avec l'interrupteur, ma chambre entière plonge dans l'obscurité. C'est calme. Le vent brise tout, les branches bougent avec le rythme. Le carillon en bois dehors s'agite beaucoup, ça tinte jusqu'en haut de où je me trouve. Je lève mes yeux en direction du plafond. J'ai des stickers en étoiles fluorescents, ça permet de repousser les monstres. C'est aussi utile contre mon anxiété du noir.
En même temps, j'ai voulu fermer entièrement la porte de ma chambre, j'ai refusé d'avoir une lampe de chevet allumée depuis quelques mois, je voulais me la jouer grande...
Doucement, je serre mes peluches contre moi. Je ferme mes yeux, me demandant quand viendra le jour où j'aurais mon alter. Et à quoi il ressemblera.
Après une bonne nuit de sommeil, qu'on m'ait réveillé, j'ai prit mon petit-déjeuner avec mes parents et je m'habillais chaudement. Le ciel était gris aujourd'hui, il est tout triste. Pendant que j'enfilais mon grand et long pull noir, j'entendais depuis ma chambre la télévision. La dame habituelle présentait la météo, je la reconnais avec le timbre de sa voix ! Elle zozote !
« En ce lundi sept janvier, les températures sont plus basses. Coté de Saitama, nous touchons les trois degrés, plus au Sud du Japon, nous restons dans les 1 degré... tandis que plus dans le Nord, notamment à Hokkaïdo, nous sommes dans les moins de ... »
Comment elle calcule la dame ? Ça doit être très dur ! Et quand ça prononce le moins, ça doit sûrement dire qu'il doit faire super super froid.
Je parviens à faire sortir ma tête du bout de mon pull. Je glisse mes mains sous mes courts cheveux bleus océans. Mes mèches sont frisées, je commence doucement mais sûrement à gagner en longueur. Je me penche vers l'avant, je réajuste mon collant noir, je l'ai mal mit, je crois ? Ehhh mais y a des bosses ! Et puis ça me grattouille vers le ventre, c'est bizarre ! Je vérifie si je ne l'ai pas mal mit...
Ah oui, je l'ai mit à l'envers...
On toque à ma porte et maman entre, elle a un long marron clair qui descend jusqu'à ses genoux.
— Tu es prête Lily ?
— Non ! Je m'affirme en retirant vivement mon collant.
Je m'embrouille, je me coince dans le collant, je titube en arrière et je tombe sur mes fesses ! Aïeuh !
— Oulah, Lily ?! Tu t'es pas fait mal au moins ?! S'inquiète ma maman en s'approchant rapidement de moi, se mettant à ma hauteur.
— J'ai juste mit à l'envers le collant... Je lui explique, en gonflant mes joues.
— Tu veux que je t'aide ?
Elle glousse gentiment et je me sens super ultra vexé. Mais je ne veux pas l'embêter à partir plus tard que prévu par ma faute. Alors j'obtempère à contrecoeur. Maman m'aide à bien me préparer. Me rapporte mes bottes bleu avec du coton à l'intérieur pour que j'ai bien chaud aux pieds, me met mon grand manteau blanc. Enroule mon cou avec une écharpe bleu pastel.
J'adore la couleur bleu.
Une fois avoir prit aussi mes gants, j'aide maman à choisir quoi emmener chez grand-mère. Mes peluches sont dans mon sac à dos galaxie, ma console aussi avec le chargeur, j'ai mon carnet de dessin, ma BD préférée et j'accompagne maman jusqu'à la porte après qu'elle ait terminé de tout vérifier en plus de éteindre mon radiateur.
À l'entrée, deux valises s'y trouvent. On avait préparé la veille nos affaires, vu qu'on va dormir sur place chez grand-mère. Papa soulève tout et on descend de l'immeuble dans lequel on s'y trouve. Jusqu'au parking, on rentre dans la grande voiture grise de papa. Elle a une marque connue, mais je n'y connais rien, alors je m'en fiche un peu. Je m'attache et j'attends que mes parents me rejoignent. Je sors ma console, je l'allume et le son du démarrage me fait sourire.
Ça va être trop trop trop bien !!
Les minutes défilaient. J'étais complètement plongé dans mon jeu vidéo Mario, j'avais perdu notion du temps. Je restais sage, j'écoutais vaguement la conversation de mes parents, ni écoutait la radio. Mon jeu était plus passionnant que tout le reste. Je pouvais sentir le moteur vrombir, nous roulions depuis un bon moment. Dès que je m'imposais une petite pause, j'abaissais ma console sur mes cuisses et je pivotais ma tête, jetant un coup d'oeil à travers la vitre.
On a complètement changé d'environnement. On est en hauteur, je crois. J'aperçois à l'horizon un peu de brouillard, mais aussi quelque chose de plat, non, irrégulier... ah !
— La mer ! Je m'émerveille.
On a pas beaucoup l'occasion d'en voir où j'habite. Chez grand-mère, la mer est à portée de main. J'aperçois également une drôle de boule blanche tomber du ciel. Pas une, mais plusieurs, lentement.
— Il neige !
Mon père sourit, me regarde avec le rétroviseur. Je pose mes petites mains sur la vitre. Elle est froide. Je respire fort, ça forme de la buée contre le verre.
— Oui Lily, il neige.
— C'est super !! Ca restera ? On pourra faire une bataille de boules de neige ?
Je n'en ai jamais fait. J'ai trop envie de tester ça un jour !
— Seulement si la météo partage ton avis. Rit doucement papa.
— Mais je veux ! Je m'entête.
— Personne ne peut changer la météo d'un claquement de doigt ma puce.
— Bouh... ce n'est pas juste !
Vexée, je gonfle mes joues. J'admire la neige fondre sur le sable de la plage, certains flocons viennent même fusionner avec l'eau salé de la mer. Il n'y a pas de vague, c'est calme en cette saison, bien qu'il fasse froid !
On finit de longer les côtes, on s'éloigne de la plage, on entre progressivement dans la ville, immergée dans le brouillard, qui se lève doucement. Au niveau des feux, papa arrête la voiture, comme les autres. Mon attention se dirige vers une grande gare. Il y a beaucoup de monde qui s'est rassemblé. Il y a des flashs, des photos sont prises. Je m'agite depuis mon siège en cuir, j'essaye de voir ce qu'il se passe. Et je crois distinguer difficilement une silhouette.
— Encore un héro qui cherche de la popularité en errant dans les rues en échange de photos et de vidéos... Grommelle papa.
Il serre ses doigts sur le volant. Je hausse un sourcil en l'écoutant. Lui aussi avait remarqué l'attroupement ?
— Si ça se trouve, il a été vraiment en intervention. Lui sort maman, calmement.
— Je sais reconnaître des faux héros. Des incompétents.
Le ton de sa voix a changé. Je considère papa, bien que avec le siège à l'avant, il est dos à moi, je ne peux pas connaître son expression. Ce n'est pas la première fois qu'il mentionne quelque chose comme ça. J'imagine que papa aime quand on se donne à fond... Il appuie sur une des pédales quand le feu vire au vert, on reprend la route.
Dès qu'on est arrivé définitivement à Musutafu, j'ai éteint ma console – parce que aussi j'avais peur de n'avoir plus de batterie, pour me focaliser sur le paysage. C'est immense, il y a pas de grande différence de chez nous, en dehors de la plage. Et qu'il y a pas mal de monuments connus ici. Notamment une académie réputée pour former des futurs héros. En levant mes yeux vers le haut, j'aperçois juste à coté, un long métro, rouler sur les rails en hauteur. Nous arrivons vers une zone commerciale. Des travailleurs bien couverts et équipés de casques de protections retirent les décorations de Noël des poteaux électriques. Un peu plus loin, des messieurs utilisent un engin bruyant, qui martèle sans cesse le goudron. Ils ont sécurisés l'endroit, pour que les voitures n'aillent foncer vers leur petit chantier.
On prend une sortie d'un rond point. Papa s'arrête au panneau d'un stop. Je constate qu'il y a encore un groupement. Sauf que eux, ils sont bizarres, contrairement aux autres juste avant. Ils ont l'air pas content. Un homme porte une drôle de tenue. Noire. Elle recouvre tout son corps, il a même une capuche pour recouvrir son visage, détient un mégaphone dans sa main. Deux autres soulèvent plusieurs fois une drôle de pancarte, avec un gros signe en croix rouge. Ça se met à huer. Je n'entend pas très bien ce qu'ils évoquent, ça me rend curieuse.
J'appuie mes mains sur la vitre, j'observe, encore un peu, avant qu'on redémarre. Dans la foule, sur une pancarte, j'arrive à décrire un « Donnez-nous un alter » ? C'est quoi cette histoire ?
— Papa ? Je l'appelle doucement.
— Oui ?
— Ils font quoi ces gens ? Une fête ? Pourquoi ils veulent un alter ? Ils n'en n'ont pas ?
Il semble zieuter rapidement dans la direction dans laquelle j'ai regardé.
— Ignores-les, Lily. Me dit-il simplement.
— Mais_...
— Si jamais tu croises ce genre de personne, ne l'écoute pas et pars le plus loin possible.
Ah ! Ce sont des méchants personnes qui veulent appâter les enfants comme moi avec des bonbons ?! Je blêmis et je tressaille aussitôt rien qu'en faisant le lien. Je déglutis ma salive. Il y en a partout ?!
— J-Je promet de ne jamais rester avec eux ! Je le jure en couinant.
— C'est bien ma fille.
Je le sens soulagé.
— Il existe des personnes qui n'ont pas d'alter. M'éclaircit maman. Malheureusement, on ne peut rien y faire. Peut-être que dans le lot, il y a ces personnes qui veulent hurler leur indignation. Comme il y en a certains qui veulent... plus de pouvoir, qui ne sont pas satisfaits de ce qu'ils ont pour acquis.
— Ils y en a qui se montrent plus raisonnables, moins agressifs. Rajoute papa. Je ne dis pas que les sans-alter sont stupides de vouloir croire à la possibilité d'obtenir un alter mais...
Il soupire.
— Rien n'est impossible. Toutefois, de là à se montrer agressif, fou, ce n'est pas bon.
— Je... ne comprend pas ? Je lâche, perdue, ma tête penchée sur le coté.
— Tu comprendras quand tu seras plus grande. Glousse papa.
Je gonfle des joues. Mais je suis grande, moi ! Je ne suis plus un gros bébé !
— Le plus important dans cette histoire, me lance maman en se tournant vers moi, toujours bien attachée avec la ceinture contre le siège, c'est que si un inconnu t'adresse la parole, tu... ?
— Je l'ignore et je pars en courant ! Je répond rapidement en levant ma main vers le haut.
Cette règle d'or, je la connais par coeur !
On continue de rouler. Je reprend ma contemplation. À la radio, j'aime bien cette chanson, elle est douce, un peu triste par contre. Je ne connais pas le chanteur. J'aperçois près d'un magasin, un groupe de garçon d'environ mon âge. Ils sont aussi bien couverts que moi. Deux d'entre eux sont super excités, ils tiennent des cartes en main. Celui aux cheveux en pétards blonds soulève fièrement sa carte – comme un trophée et son ami aux cheveux ébouriffés verts lui sourit, l'imite, tout ému. Leurs camarades applaudissent, stupéfaits. Moi aussi, j'aimerai avoir des amis... Personne ne veut jouer avec moi à l'école.
Parce que tout le monde sait que papa est un héro. Et comme je leur ai dit que je ne voulais pas leur transmettre leur papier pour un autographe, ni que je voulais les ramener chez moi, ils m'ont tous tourné le dos. Ils ont dit que je ne suis pas cool, que je suis ennuyeuse.
Ils sont tous obsédés par mon papa. Et pas pour qui je suis. Ils sont nuls. Ce n'est pas de ma faute. Je leur ai bien dit que je ne voulais pas embêter mes parents pour ces histoires, ils ne veulent rien n'entendre. Et quand je travaille bien à l'école, ou que je récite bien mes lectures, maîtresse n'arrête pas de me complimenter et de me comparer avec mon papa.
Et ça, je n'aime pas ça. J'ai l'impression d'être sans cesse relier à lui. Et ça me bloque. Je ne déteste pas mon papa. Ce n'est pas de sa faute. Mais ça me rend triste, j'ai l'impression qu'on me remplace, je crois.
— On arrive !
Une maison normale, typique japonaise. Mes grands-parents aiment la simplicité. Nous descendons de la voiture, je tiens mon sac à dos et je reste en retrait, laissant papa appuyer sur la sonnette collée à la façade de bois. On attend et grand-mère nous ouvres, nous salues et nous invite à entrer chez elle. On retire nos chaussures à l'entrée, avant même de poser nos pieds sur le plancher tout propre. Ça sent l'encens partout, je ne reconnais pas le parfum. C'est toujours si particulier chez mamie...
— Le voyage n'était pas trop long ? Demande t-elle en plaçant ses mains derrière son dos courbé.
— Ca a été. Lui assura maman.
— Rien n'a changé ici. Constate papa en faisant allusion à la ville.
— Pourquoi ça devrait changer ? S'étonne mamie en haussant un sourcil.
— De notre coté ça démolie des maisons, prépare de nouveaux commerces...
— En même temps vous êtes au centre même de Saitama, pas étonnant que ça bouge.
Mon père se rétracte et grimace, rougit, passe une main sur sa nuque, dévie son regard de sa mère. Il est gêné car elle a raison ?
— Ah et Lily, encore une fois joyeux anniversaire !
— Merci mamie.
— Tu vas bientôt avoir ton alter ! C'est important, tu dois être à la hauteur !
Je cligne des yeux. Je m'arrête devant l'entrée du salon, où un grand kotatsu est placé devant le canapé, j'adore me cacher en dessous quand il fait super, super froid, ça tient bien chaud, près de la petite télévision posé sur une commode basse en bois vernis.
— Pourquoi à la hauteur ? Je répète, incertaine d'avoir comprit le sens de ses mots.
— C'est évident ma petite, tu dois avoir un alter utile, pour préserver l'honneur de notre famille !
Mon coeur se serre pour une quelconque raison, j'ai aussi l'impression de sentir des couteaux s'enfoncer contre ma chaire.
— L'honneur de la famille ? Je récite, toujours perdue.
— Ton père est un héro ! Il ramène de l'argent, tu dois maintenir la richesse ! Tu ne dois pas nous couvrir de honte !
Elle s'exclame, me balance tout ça comme si tout était d'une évidence. Que j'étais bête de ne pas la comprendre. Je me sens étourdie d'un coup, je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Maman pose une main sur ma tête, alors que mon corps était étrangement lourd, je m'enfonce.
— Madame, intervient-elle calmement, inutile de mettre autant de pression sur la fille, d'autant plus qu'elle est libre de choisir sa voie.
— Au lieu de sortir de telles sottises, lui coupe mamie, en la dévisageant, tu devrais te sentir chanceuse d'avoir mon fils pour époux !
Maman grimace. Je n'aime pas du tout où mène la conversation... Et papa souffle, pose les sacs par terre.
— Arrête, tu sais très bien que Elsa n'a jamais été attiré par mon argent. Et Lily ne réclame jamais beaucoup. Nous défend t-il, sèchement.
— Encore heureux, Ace !
Je lance un regard vers maman. Son visage s'est assombrit, elle est vexée. J'attrape un bout de son pantalon, elle me regarde très vite et m'adresse un petit sourire. Sans prévenir, elle me soulève et me porte dans ses bras. Je me laisse faire. Elle sent bon, comme toujours !
Prétextant aller poser nos affaires dans la chambre, elle m'emmène avec elle hors du salon. On se sent un peu plus soulagé, écarté de ce qui nous étouffes. Cependant... moi, je me sens troublée, triste, perdue.
— Je déteste cette vieille bique. Commente maman, à voix basse. J'peux pas la blairer...
— ...Maman ?
— Oui ?
J'appréhende un peu de lui avouer ce qui me tracasse. Mais je me lance.
— Si... je suis sans-alter ou que j'ai... un alter inutile, tu me détesteras ? Papa aussi ?
Les yeux de ma mère s'arrondissent. Elle s'arrête en chemin et me serre très fort contre elle. Le timbre de sa voix a changé. Elle est étranglée, sincère.
— Bien sûr que non ! Je t'aimerais toujours, peu importe ce que tu auras ! Tu es mon plus beau cadeau qui m'est arrivé dans la vie...
Mon coeur se sent plus allégé. Je la rassure aussi en lui révélant que je l'aime plus que tout au monde.
Après avoir déposé nos affaires, maman est partie aux toilettes. Je décide donc de marcher un peu dans la maison. Dans les couloirs, j'avais vu un curieux autel ! Les encens s'y trouvaient, étaient encore consumée par le feu. Discrètement, sur la pointe des pieds, je joue la ninja qui s'infiltre dans une zone top secrète ! Je tourne sur ma droite, je pousse la porte coulissante sur le coté, puis j'entre dans la pièce. Le sol est pas trop agréable pour mes pieds. C'est surtout ce grand tapis en bambou qui dérange mes pieds !
Tout au fond, il y a cet autel. La photo qui se trouve encadré, la personne qui s'y trouve dessus, je ne le connais pas. Juste devant, un plat avec des fruits.
La salle n'est pas grande, mais vide. Oh ? C'est quoi ce grand tableau par contre ? Je m'avance. Il y a un grand tableau peint. On dirait des démons sur les cotés, leurs yeux sont rivés vers le bas. Il y a plusieurs hommes ou femmes qui tentent leurs mains vers le haut. Et une étrange étoile, avec une lune noire.
Je n'y connais pas grand-chose en art. C'est connu ? Ça rapporte quelle histoire ? Moi quand je dessine, je raconte toujours des histoires !
— Ah, te voilà !
Papa rentre dans la pièce et voit le tableau. Il fronce des sourcils, soulève dans ses bras.
— C'est quoi ? Je demande, curieuse, en pointant du doigt le tableau.
— ...Elle l'a peint, alors... marmonne papa, très sérieux.
Hein ? Qui ? Je papillonne des cils. Je continue de le regarder, puis l'étrange peinture.
— Les monstres pas beaux, ce sont des démons ? Je l'interroge.
Papa me fixe.
— Oui...
— Et pourquoi tous les autres tendent leurs mains vers l'étoile ? Ils veulent la toucher ?
— Oui.
— Ooooh ! Alors, alors, alors c'est une étoile filante qui tombe du ciel !! Je m'exclame, en agitant mes poings, tout en faisant attention à ne pas lui mettre un coup de poing sans faire exprès.
Papa me sourit.
— ...On peut interpréter comme ça, oui. Eh bien, on dirait que tu deviens une amatrice d'art.
— A l'école, on a fait ça ! Avec une dame avec un grand kimono !
— Allez viens Lily, des cookies sont prêts à être mangé ! M'annonce papa en gloussant, il fait demi tour, moi dans ses bras.
— Ouiii ! Cookies !
— Je t'achèterais aussi ton renard en peluche ! On ira ensemble !
Je jette un dernier coup d'oeil en direction du tableau. Eh ? Je n'avais pas vu, mais il y a écrit quelque chose en dessous du tableau. Il y a une date, je vois moins bien de loin, mais le reste, j'ai cru y lire un... « Merci » ?
Je ne suis pas sûre.
**
*
C'est l'automne. Il y a beaucoup de vent aujourd'hui. Pleins de feuilles se décrochent des arbres. Je marche le long de la rue, sur le trottoir. Pleins de voitures roulent coté de la route, c'est toujours bien animé, il y a pleins de marchands qui m'interpellent pour échanger leur délicieuse nourriture bien chaude contre de l'argent que je n'ai pas.
J'ai passé ma pire journée aujourd'hui. La maîtresse complimentait tout le monde sauf moi car tout le monde a enfin leur alter. Pas moi. On arrive dans quelques mois à décembre, je n'ai toujours rien eu. On se rit de moi, j'ai dû réciter une poésie mais j'ai complètement oublié le milieu de ma leçon que j'avais pourtant apprise par coeur avec mes parents et ensuite... eh bien, j'ai trébuché à la cantine et j'ai fait tomber mon plateau de nourriture. À la récréation j'ai essayé de m'isoler que mes camarades sont venus se moquer de moi. Je suis restée forte, j'ai été aller pleurer aux toilettes.
L'infirmière m'a mit un pansement sur mon genou droit, il est tout rouge encore, ça me pique encore un peu depuis qu'elle m'a mit un truc bizarre dans sa petite bouteille dans le coton ! Je renifle un coup, mon nez me chatouille.
...Je déteste l'école.
— Ma fille a eu un alter extraordinaire hier ! Se vante une dame au milieu de la route, elle garde ses mains sur le berceau, un bébé s'y trouve dedans, bien au chaud.
— Oh, c'est si merveilleux !
Je baisse mes yeux, je trace ma route, j'accélère le pas. Je veux quitter toute cette zone, aller m'écrouler sur le canapé, seule à la maison. J'ai besoin d'être seule. Mes cheveux sont en train de s'emmêler avec le vent, ils ont poussé depuis mon anniversaire.
J'arrive enfin dans mon quartier. Les voisins sont en train de discuter, notamment des femmes. Ça parle du beau temps, de la famille, comme toujours. Un chiba m'aboie dessus, s'approche de moi et m'indique qu'il veut une caresse. Je lui en fait un sur sa tête, et je retourne vers l'immeuble. Je monte les escaliers. Une fois devant ma porte, je glisse ma main dans mon manteau blanc et j'insère la clé dans la serrure, je la tourne et je rentre à l'intérieur. La porte claque derrière moi, se ferme automatiquement. Je retire hâtivement mes bottes, je file dans le salon. Je jette mon sac de l'autre bout du canapé, et moi, je m'avachis dessus, sans retenue.
La pièce est remplie d'orange. J'aime beaucoup cette couleur. Le carillon qui se trouve à la baie vitrée, à l'extérieur, tinte régulièrement au rythme du vent.
Je n'ai ni l'envie de jouer, ni rien d'autre. Je suis toute seule, à devoir attendre mes parents qu'ils rentrent. Le silence devient lourd. Les minutes passent, et je décide l'allumer la télévision avec la télécommande sur la table basse. Je reste allongé sur le canapé, en serrant un coussin contre moi, ma joue y est appuyée.
« Encore une intervention de All Might ! Il a secouru les fermiers face à une révolte de vaches ! »
...Une révolte de vaches ??????
« — Eh oui, un vilain dénommé Meumez-moi, a voulu libérer ses semblables ! Mais il a perdu contrôle... Heureusement que All Might est intervenu ! Comment vous sentez-vous, Monsieur Okumura, après que vos vaches vous ont attaqué ?
— C'était horri-fiant ! Mes jambes allaient me lâcher quand je fuyais avec mes hommes ! Et là, surgit de nulle part, All Might a débarqué ! »
J'entends la porte d'entrée s'ouvrir, au même moment où je pousse un soupir, ne trouvant pas cela drôle. Normalement, j'aurais ri, si je n'avais pas la tête prise.
— Je suis rentré !
Peu après, maman rentre. Elle me voit et s'étonne, de me voir dans cette position, et peut-être avec mon expression que j'ai. Mes parents me répètent souvent que je suis facile à lire, que je suis hyper expressive.
— Lily ? Ça ne va pas ?
— J'ai juste... passé une mauvaise journée...
Je regarde vers la fenêtre. J'essaie de m'échapper de son regard inquisiteur, pour trouver du calme auprès du ciel, le soleil se couche. Il y a pleins d'oiseaux qui volent en groupe, à l'horizon. C'est assez impressionnant même. Le poids du canapé change au niveau de mes pieds, signalant que maman s'est assise à coté de moi.
— Dans ce cas, je vais te faire un bon chocolat chaud. Et tartines de nutella ?
— Hm... je n'ai pas trop faim... J'admets, désolé.
Ma bouche s'assèche, ma gorge se noue. Mes yeux piquent un peu et s'humidifient. Maman s'étonne.
— OK, c'est du sérieux. Quelqu'un t'a fait du mal ? Je dois cogner quel enfant ?
Elle est super fâchée, cogne son poing droit sur la paume de son autre main. Elle craque ses os. Le ton de sa voix s'abandonne dans les graves, ses traits sont plus prononcés, exprimant délibérément sa colère.
— Sérieusement, qui ose faire du mal à ma fille ? Il ou elle va morfler avec la famille, qui éduque si mal leur gosse pour que..._
— Je n'ai toujours pas de alter. Je la coupe, sachant qu'elle partait loin.
...Certes, elle n'avait pas tout faux non plus, mais je ne veux pas qu'elle fasse du mal aux autres. J'ai été bête, c'est tout...
Nulle, comme me sort quelqu'un, régulièrement.
— Lily...
— Tout le monde a déjà un alter, j'ai du retard. J'explique, la gorge nouée. Je n'aime pas ça.
— Tu en auras un. Ne t'en fais pas. Sois encore patiente... m'encourage maman, avec un doux sourire, se voulant être réconfortante.
Elle a beau me certifier ça, est-ce que ça arrivera vraiment ? Je suis tellement mal, j'ai mal au coeur, je n'arrive plus à réfléchir correctement. Je n'arrête pas d'imaginer les rires moqueurs de mes camarades de classe... Une main se pose sur mes cheveux, maman me les caresses.
— Je sais que c'est dur. Mais aie confiance en toi, ça ne devrait pas tarder. D'accord ?
Je veux acquiescer, approuver ses propos. Cependant, tout mon être n'est pas en accord avec ce que je pense réellement. J'étouffe, j'enfouis au mieux mon mal-être, je resserre le coussin contre moi, j'enfonce mon front contre le coton qui s'écrase sous mon poids.
Je vais devenir une déception pour ma famille ?
— ...Lily, tu n'as pas encore quatre ans. Et puis, il te reste encore quelques mois avant la nouvelle année. Ne baisse pas les bras. Me soutien maman, gardant au mieux son sourire chaleureux.
Ma voix ne parvient pas à traverser ma bouche. Elle est comme éteinte. Privée de toute communication avec elle, je me sens encore plus honteuse et je perds des larmes, ne pouvant les retenir plus longtemps. Je me recroqueville, désespérée. Je sens la douce main tiède de maman aller vers mon dos, frotter lentement de haut en bas. Ça me fait du bien.
Elle a toujours le don de soulager mes bobos. Elle me retire tout ce qui me fait mal, d'un geste si banal, si facile, que je pouvais moi-même lui faire.
— Que toutes les sombres pensées et que ces sangsues noires... partent ! Ouste ! Ouste !
Je cligne des yeux. Eh ? Qu'est-ce qu'elle raconte ? Je pivote ma tête pour la regarder, sans pour autant lâcher le coussin contre moi. Mes yeux sont embrumés de mes larmes, je vois un peu flou, mon nez coule aussi.
— M-Maman ?...
— J'ai dit ouste ! Insiste t-elle, en se voulant être sévère contre mon mal. Ou... le grand méchant loup va venir tout nettoyer !
... ?????????????
— Attention ! Il arrive... !
Sans prévenir, sans même que je m'y attende, elle m'attrape sur mes hanches. Je sursaute puis, ses doigts viennent me faire des guilis ! Ça chatouille !
— Ahahahaha !! M-Maman !! Ahahaha !! S-Stop.. !
— Ooooh que non ! Le grand méchant loup n'a pas fini de faire le ménage !
— Ahhahahahahaha--!!!!
Très vite, à force de m'agiter, à la recherche d'air, je manque d'être essoufflé. Ma maman me lâche et a un grand sourire victorieuse qui aborde sur ses lèvres. Elle croise ses bras, une de ses jambes passent au-dessus de l'autre. Elle remonte fièrement le menton.
— Ca y est, voilà le sourire que je voulais voir sur ton visage !
Je reprend mon souffle, je grimace car j'ai de la morve. Maman attrape vite un mouchoir en voyant ce détail et m'aide à essuyer et à me moucher, comme je suis bien prise !
« — Surtout n'oubliez pas de sourire ! Et voyez toujours plus loin ! Plus Ultra ! »
La voix de All Might se fait bien entendre depuis la télé. Je jette un coup d'oeil dans cette direction. Il est trop trop impressionnant. Il ne craint jamais rien, garde toujours le sourire, n'est jamais négatif... est aimé de tous...
— Tu regardais encore sur les héros ? Me demande maman, qui regarde aussi l'écran.
— Mwoui !
— Je sais que tu deviendras une héroïne un jour. Et qui sait, peut-être la plus forte chez les femmes !
Elle me caresse les cheveux. Elle ferme ses paupières et ses joues rosissent, maman place une main sur sa joue, l'air rêveuse.
— Ahhhh, si ma fille adorée devient une héroïne un jour, mène sa propre justice, massacre tout les sales types, redirige les âmes égarées dans la bonne direction, qu'est-ce que je me sentirais si fièèère !!
— Âmes-quoi ? Je répète, perdue.
— Ah, pardon, je m'éloignais... Pouffe maman, gênée.
Je la regarde, en m'asseyant plus correctement sur le canapé. La télévision émet encore du son, sans relâche. Ne laissait aucun instant de répit, de silence. Nous regardions un petit peu ce que ça diffusait. Je l'entend souffler. Je la considère.
— Si seulement tout les adultes pouvaient comprendre que leurs paroles ont un impact chez un enfant... Murmure t-elle, plus à elle-même.
— ...Maman ?
Elle plonge ses yeux bleus dans les miens. Me sourit tendrement, me caresse de nouveau la tête.
— Je vais te le répéter encore, pour que ça rentre dans ta petite tête, mon petit nuage, me dit-elle doucement, tu ne me décevras jamais. Qu'importe ce que tu auras, mon amour pour toi ne changera jamais.
Impossible de lui redire quoi que ce soit. Je souris doucement et je me laisse être câliné. Nous restons comme cela un petit moment, jusqu'à elle me demande si j'ai envie de quelque chose en particulier ce soir. Je ne prends même pas le temps de réfléchir, que la réponse était directe, sans une once de hésitation.
— Crêpes !
Ma maman explose de rire. Elle obtempère sans broncher, m'indique qu'elle compte aller acheter ce qu'il faut. J'ai envie de l'accompagner. Parce que je sais que je vais tourner en rond si je reste seule encore plus longtemps. Obéissante, je me couvre et j'accompagne maman dehors. Nous tenons nos mains ensemble, on descend des escaliers de l'immeuble de où on vit, on se dirige vers l'épicerie la plus proche à pieds, pour prendre les ingrédients nécessaires. Le vent souffle encore beaucoup, nous décoiffes.
À la sortie du magasin, ma maman maintient son sac en plastique. Il est remplit. Elle a même acheté de l'alcool pour papa, il aime bien boire, de temps en temps.
À l'horizon, le ciel s'assombrit. Il y a des nuances couleur saumon et orange, les nuages sont éparpillés, mousseux comme toujours, le vent souffle encore très fort ! Une dame avance la tête baissée et un papy appuie sa main sur son chapeau de peur qu'il s'envole ! En suivant maman, je me dis que j'adore être caressé par le vent. Oui, il est froid, mais j'aime bien ! J'aime encore plus quand il pleut en même temps, je peux jouer à me touchez pas goutte de pluie ! ...mais je perd souvent, je reviens à être trempé après...
Les feuilles dansent avec le vent, ça joue de la musique, comme chaque automne, ça donne un drôle effet, surtout qu'il y en a certains, les arbres n'ont plus de feuilles sur eux... une feuille tombe sous mes yeux et je m'arrête pour l'attraper.
Elle se fait emporter par le vent.
— Ah !!
Je me met à courser après la feuille qui me fuit. Je me met à rigoler, j'ignore ma maman m'appeler, me demandant à faire attention où je vais. Je me penche, et à chaque fois, la feuille m'échappe entre mes doigts. Ça veut dire qu'on joue à chat, alors ? Je glousse et je poursuis la chasse.
Sauf que cette fois, il y a une grosse bourrasque. La feuille est hors de portée pour moi. Elle s'élève vers le ciel, veut rejoindre les nuages. Je grogne, trouve ça injuste que ça triche. Alors, je commande, en levant mes bras vers le haut. M'adressant à cette petite feuille rouge ou orange, je lui dicte de revenir vers moi. Je bouge automatiquement mes mains, faisant signe d'aller dans ma direction.
Et là, la feuille fait un grand demi-tour. Je l'attrape. Je sautille de joie.
— Je l'ai ! Je l'ai !
Toute fière, j'agite mon trophée vers ma maman, toute souriante.
— Tu as vu ? Il est revenu !
— L-Lily...
Maman a des yeux ronds, elle est bouche-bée. Je penche ma tête sur le coté. Ben pourquoi elle tire cette tête ?
— Qu'est-ce qu'il y a maman ???
— Lily, est-ce que tu as comprit pourquoi la feuille a fait demi-tour ? Alors que le vent souffle dans l'autre direction ?
Elle me pose une drôle de question. Ben parce que la feuille avait peut-être envie d'être attrapé ?
— Euh... Parce que la feuille a envie de jouer avec moi ? Je répond, un peu confuse.
— Mon petit nuage, réfléchis mieux. Sourit ma maman, amusé.
Je fronce des sourcils et je fixe la feuille.
...Elle est ensorcelée ?
— C'est ensorcelé ?
— Non. Pouffe maman. Réfléchis encore. Tout est une question de logique. C'est comme la lune. La lune ne te suit pas non plus quand tu es dans la voiture.
QUOI ? Je suis choqué. Je suis trahis par la Lune ?!
— Ne tire pas cette tête...
— Mais la lune ne me suit pas ?! Comment ça se fait ?! Quand on se déplace dans la voiture, elle nous accompagne ! Elle nous surveille ! On ne la suit pas nous ! Explosais-je, les bras écartés, choqué.
— Pfft... c'est mignon...
Je gonfle mes joues, ma maman est en train de rigoler à cause de moi. C'est limite si elle va m'apprendre que le Père Noël n'existe pas ! Ou la fée des dents !
— Bon, plus sérieusement, Lily, je crois que tu as débloqué ton alter.
— Eh ??? Hein ? De quoi ? J'ai quoi ? Comment ? D'où ? Quand ?
Je m'affole. Comment j'ai pu louper ce détail ? Ça s'est passé quand ?! Ma maman s'accroupit, se met à ma hauteur, pointe du doigt la feuille que je tiens dans ma main. Je fixe la feuille, attentive.
— La feuille érable que tu viens d'attraper, ça ne fait pas un demi-tour aussi facilement, encore moins pour se baisser si vite, pour que tu l'attrapes sans difficulté.
— Oooh...
— Et si tu essayais avec une autre feuille ? Tiens, essaye de décrocher celle-ci de la branche.
Je suis son regard. L'arbre sur notre gauche est grand, il y a encore pleins de feuilles. Et certaines sont mortes, déchirées sur le trottoir, jonchent le sol un peu partout, aussi des bancs ou la petite station d'arrêt de bus.
— Euh... Je fais comment ? Je demande ?
— Non, essaye de refaire le même mouvement, faire signe qu'il vient jusqu'à toi. Me conseille maman, très sérieuse. Si c'est bien ce que je pense, tu dois avoir un alter identique à celui de ton père... ou alors c'est une autre hypothèse, c'est que ça obéit à tes demandes...
Concentrée, elle réfléchit mais pose ses yeux bleus dans les miens. Elle est super sérieuse et place en moi tout ses espoirs. Je respire un coup et j'étends mes bras vers l'arbre. Répétant le même geste que tout à l'heure, le vent change subitement de direction.
Pas une, mais sept feuilles foncent vers moi. Doucement, elles retombent par terre.
Mon coeur bat super vite. Je regarde immédiatement mes mains, j'entends ma mère pousser une exclamation, émerveillée. Je sens mes larmes monter à mes yeux et j'ai un grand sourire.
— J'ai... un alter !!
**
*
Je lis un livre. Je l'ai emprunté à la bibliothèque, il explique bien sur l'Histoire. Je trouve ça super intéressant. Enrichissant comme le mentionne le maître d'école. Je suis à ma deuxième année de l'enseignement primaire. Nous avons tous entre sept et huit ans. Moi j'en ai huit.
Le niveau a bien monté. Je me dois de suivre le rythme. Les notes c'est important, il y a aussi les impressions du maître d'école. Je commence déjà à avoir des lacunes dans une matière, mais j'arrive à peu près à m'en sortir. Et puis, j'ai une chic amie qui est très talentueuse, elle peut m'aider dans ce qui est dur pour moi. D'ailleurs, je dois avouer que récemment, elle m'évite.
Peut-être qu'elle est trop occupé dans ses devoirs. Ses parents sont très stricts, de ce qu'elle m'avait raconté... Elle m'avait même déconseillé à ce que je vienne chez elle un jour.
Oh et puis, honnêtement, un peu de calme me fait du bien. Depuis décembre, j'ai beaucoup de mal à dormir. Je vois des monstres la nuit. Ils me parlent, m'intimident. Mes parents disent que je fais des mauvais rêves mais... ils m'ont l'air si réels... ça me fait peur.
J'ai commencé à suivre les conseils de mon père. Ignorer les monstres, m'instaurer une bulle protectrice, remonter la couette jusqu'au dessus de ma tête, serrer mes peluches. Ce qui me trouble le plus, c'est leurs murmures. C'est incompréhensible. Je n'arrive à rien retenir. Et ça ricane, parfois.
Mon père me dit que je ne dois sous aucun prétexte, le raconter aux autres. Qu'on pourrait rire de moi, que je raconterais qu'une histoire de fantôme. Il n'a pas tord, c'est une histoire qui ne tient pas debout. Mais bon, parfois, je veux vraiment l'expliquer à mon amie. On se dit tout, pourtant. J'aime pas lui cacher un truc. Ce qui me dérange aussi, c'est que, depuis que je fais ces mauvais rêves, je me sens obligé de garder la porte ouverte de ma chambre. J'ai réussi à dormir sans lumière à mes cinq ans, je me sentirais gêné de devoir réclamer à ma mère de remettre une lampe de chevet.
— Sérieusement, elle bouquine ?
J'ignore les chuchotement, qui me sont destinés. Mes camarades de classe ne sont pas proches de moi. Et je ne les considères pas comme mes amis. Alors je me contente de rester dans mes trucs. J'ai une amie, une vraie, ça me suffit amplement. Ma mère me dit « mieux vaut être seul que mal accompagné ». Je trouve ça juste, mais avec Namiki, je ne suis pas seule.
Namiki est super populaire, aimée de tous. Et elle m'a incluse dans ses amis. Elle me dit que je suis sa meilleure amie, qu'elle peut tout me confier, qu'elle se sent bien avec moi...
— Elle se la joue intelligente la fille de héro.
Reste concentré. Ils peuvent dire ce qu'ils veulent, mais plus vite je révise, plus vite je serais tranquille à la maison... Et plus vite je pourrais jouer à ma console ! J'ai reçu il y a une semaine un Pokémon Diamant ! Je suis ultra impatiente de reprendre ma partie avec mon Tiplouf, mon Lixy et mon Etourmi !
— Mais eh, t'as entendu ? Lance un garçon en ricanant auprès de ses amis, gardant son ballon sous sous aisselle, son père est en arrêt maladie !
— Oh ouais ! Apparemment il est très fatigué, est incapable d'arrêter des vilains car sa santé se détériore ! Il a quoi déjà ?
— On s'en fout ! On sait juste qu'il est inutile comparé à All Might ! Lui, il ne s'est jamais affaibli ! Et l'autre se la frime car son père porte juste le titre de héro !
Cette critique passe mal. Je serre mon poing et je grince des dents. Ils font exprès de mentionner ces choses devant moi. Ils me provoquent, me ridiculise. Je n'aime pas du tout leur jeu. C'est bas. Mauvais. Dégueulasse.
De toute façon, ce qu'ils déballent, ils l'ont entendu à la télévision. Je ne dois pas rentrer dans leur jeu.
— Namiki traîne avec elle par pitié, tu savais ?
— Elle en a eu marre qu'elle soit bizarre, hein.
Je fronce des sourcils. De quoi ils parlent maintenant ? Ils parlent dans le dos de mon amie, là ? Mon coeur tambourine plus violemment dans ma poitrine. J'ai l'impression d'étouffer. Que l'ambiance est en train de basculer dans quelque chose de salé. J'ai un goût amer laissé dans ma bouche.
— En même temps, si elle veut gratter des points, elle veut que tout le monde l'aime. Namiki est ce genre de fille.
— Pouahhh, elle se sert des autres en gros ! Grimace un des garçons, outré.
Au même moment, la porte coulissante s'ouvre. La concernée vient d'arriver. Elle cligne innocemment des yeux, pas au courant des messes basses des garçons. Elle me fixe et me sourit gentiment, lisse sa jupe et s'approche de moi. Elle joint ses mains, devant son visage et ferme ses paupières.
— Excuse-moi Sawaka, je vais manger avec les autres copines! Tu ne m'en veux pas ?
— Non, tu fais ce que tu veux.
Sans hésitation, je lui répond ça. J'ai confiance en elle. Je ne vais pas non plus lui imposer quoi que ce soit, elle est libre de faire ce qu'elle veut – bien que au fond je me sens un peu triste de devoir encore manger seule. Namiki n'est pas le type de personne qui irait parler de moi derrière mon dos. Si elle traîne avec d'autre, c'est sûrement parce qu'elles ont un même intérêt. Ou autre chose.
Namiki bondit de joie et me fait un câlin. Sa queue remue dans l'air, exprimant son contentement. Son alter à elle c'est la mutation. Elle est mi-humaine et mi-rat. Avec des grandes oreilles rondes de rongeur, elle peut entendre de loin, elle a aussi un très bon flair. Cette année, ses parents l'ont emmené plus tôt chez le dentiste – parce que visiblement elle avait insisté ? Pour lui faire mettre son appareil dentaire. Ses deux dents a l'avant sont dérangeant pour elle. Bref, je ne connais pas tout les détails, mais en tout cas, c'est lourdingue un appareil dentaire ! Elle doit toujours faire attention à ses bagues, à ce qu'elle mange, de peur que ça se décolle à une de ses dents.
J'en ai parlé un jour à ma mère. Elle m'a dit que aller voir un dentiste est extrêmement coûtant, super cher. J'espère ne pas avoir de soucis avec mes dents moi... je dois faire attention à bien me brosser les dents, faire mes bains de bouche si j'ai un aphte.
...Tiens ?
— Tu t'es mit du parfum ? Je remarque, en haussant mes sourcils.
Ce matin Namiki ne s'en était pas mit. Elle est étonnée, recule légèrement, se retire de l'étreinte qu'elle me faisait.
— Euh, oui, depuis ce matin !
— Non, tu n'avais pas cette forte odeur.
Je m'abstiens de lui sortir que cette odeur pue. Je n'aime pas du tout. Autant j'ai déjà accompagné ma mère dans des parfumeries, il y a des parfums qui sentent très bon. Mais le sien ? Beurk. Cependant, je n'ai pas trop envie de lui dire en face que c'est mauvais. J'ai peur qu'elle le prenne mal.
— Ah ? Parce que tu renifles les parfums des autres ? Me questionne t-elle avec une légère grimace.
J'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ? Pourquoi cette réaction qui se distingue par du dégoût ?
— L'air propage des odeurs, difficile de manquer au tien, je réplique, naturellement, en venant appuyer mon menton sur le creux de ma main droite.
Elle me fixe un moment. En silence. J'écarte vite le sujet, de manière peu subtil.
— Mais si tu aimes ton parfum, tant mieux ! Le plus important c'est que tu aimes ! Tu devrais aller rejoindre tes amies, elles doivent d'attendre !
— Oui, c'est vrai. Mais avant, j'ai une question...
— Oui ?
— Tu préfères quelle odeur en parfum ? M'interroge Namiki, très sérieuse.
Honnêtement ? Je n'en ai aucune idée ? Le gel douche et le shampoing me suffisent. Je réfléchis sérieusement à sa question.
— Euuhm... à base de fleurs ? Je pense ? Le thé vert aussi est pas mal.
— Merci Sawaka-chan !
Namiki me sourit et sort aussitôt en me faisant un signe bye-bye avec sa main. Je reste un peu confuse par ce qui vient de se passer. Je cligne des yeux, et, un des garçons du groupe qui parlaient de moi plus tôt s'approche de moi. Il rit, a les larmes aux yeux.
— Ahahah, Sawaka, vraiment, tu étais super, super drôle !
Hein ?
— Comment tu lui a dit qu'elle sentait fort ! Ahaha, je n'aurais jamais osé !
— Euh... C'était... méchant ? Je demande, un peu inquiète pour le coup.
Mochida me considère, est prit de court par ma question. Il hausse ses épaules, me sourit. Ça ne me paraît pas être de la moquerie, pour le coup. ...C'est nouveau. Ça me perturbe. Mon camarade de classe secoue sa tête. J'aperçois ses amis être choqués de voir qu'il vienne me parler.
— Non, au contraire, tu es toi-même !
— Euh... d'accord.
— En plus, c'est vrai quoi, elle puait !
Sans savoir quoi lui répondre, je détourne mes yeux de lui. Je fixe l'extérieur à travers la fenêtre, toujours sans bouger de ma chaise. Vraiment, je me sens mal à l'aise. Je ne saurais expliquer pourquoi. Le ciel est couvert aujourd'hui.
— Sawaka ? M'appelle Mochida.
Je le considère. Il me semble très sérieux encore une fois. On se connaît depuis la maternelle, on n'a jusque ici, pas réellement échangé. Après tout, il est toujours bien entouré.
— Je... fait attention à Namiki. Elle n'a de bonnes intentions avec toi. M'avoue t-il.
Je fronce des sourcils. Je me braque, ne voulant pas le croire.
— Pourquoi tu me sors ça ? Elle est mon amie.
— Une amie a raison de laisser une amie toute seule ? De la mettre à l'écart ?
— Je_...
Impossible de contredire. Ma voix se tait. De toute façon, je n'ai rien qui ne me vient à l'esprit. Je baisse les yeux. Je ne veux pas y croire. Elle a ses raisons. Mon coeur se tord douloureusement à ma poitrine et j'essaie de cacher ma grimace. Mochida se pince les lèvres, partageant ma peine sur ce coup.
— Je préférais t'en parler... avant que ça... ne s'empire. M'explique mon camarade de classe.
— Quelle idiote, souffle un de ses amis derrière lui en levant les yeux au ciel.
— Hé ! Ça ne se dit pas ! Lui gronde rapidement Mochida.
J'encaisse sans répondre à cette remarque. Je prenais sur moi.
— Elle ira pleurer chez elle tout à l'heure.
— Arrête !
— Non, j'irais jouer à ma DSi, à Pokémon Diamant. Je coupe, sèchement.
Namiki m'a sortit une fois que je devais éviter parler de jeux-vidéos devant les garçons. Qu'ils n'aimaient pas trop ça. Mais c'était plus fort que moi, ça m'a échappé. Iruma m'a trop agacé à se moquer de moi.
Tous ont des yeux ronds, me fixent. Je me lève de ma chaise, je range mes manuels dans mon sac à dos avec des designs de nuages. Je m'apprête à sortir de la classe, que Mochida m'interpelle, stupéfait.
— Toi aussi tu joues à ce jeu ?!
...Eh ?
Je me retourne, prise de court. Ses amis sont bouches-bées eux aussi.
— Tu collectionnes les cartes aussi ? Me demande Iruma, très intéressé. J'ai une rare, c'est un légendaire !
— J'ai réussi à attraper un pikachu dans le jeu ! Se vanta fièrement Mochida en plaçant ses mains sur ses hanches.
— De mon coté je galère avec un champion d'arène... Soupira un autre camarade de classe.
Abasourdie, je les écoutes. Je n'avais jamais eu ce genre d'attention, jusqu'à présent. Le fait que je partage leur centre d'intérêt a tout changé. Mon coeur bat plus vite dans ma poitrine, je dois rougir un peu même. Je n'ai pas le temps de m'adapter à ce changement là, moi...
D'un coté, ça me rend tellement contente. J'ai potentiellement des amis avec qui échanger sur ma passion. Ils sont tellement à fond, que ce serait mal de les fuir... Alors, j'ai fini par discuter avec eux. Ils m'ont même finis par m'inviter à manger avec eux, pour poursuivre notre longue conversation.
J'ai fini plus tard par me détacher d'eux pour un court instant. Je devais rendre un livre emprunter à la bibliothèque de l'école. Celle-ci se trouve pas loin de l'infirmerie et des toilettes. Quand j'y passais, j'ai cru reconnaître une silhouette familière. La porte était grande ouverte, car la dame de ménage a dû passer un coup rapide à la serpillière. Je reculais, jetant un coup d'oeil rapide à l'intérieur. Ça sent fort les produits ménagers. Il y a Namiki, et des filles de notre classe – et peut-être d'autres de la classe supérieure. Ça rigole bien.
Je voulais les laisser tranquille. Toutefois, au même moment, mon nom sortait de leur échange. Je m'arrête, je me colle contre le mur, je tends mon oreille. Oui, ce n'est pas bien d'écouter aux portes. Mais là... on parle de moi, j'ai bien le droit d'écouter ?
— Alors ? Ça avance avec Sawaka ?
— Ahhhh mais elle ! Je te promet, elle m'a humilié devant les garçons en pointant que mon parfum sentait mauvais !
Je l'ai humilié ? Ah bon ?
— Wouah, carrément ? Qu'est-ce qu'elle est dégueulasse de t'avoir fait ça !
— Ce manque de tact ! Pauvre Namiki-chan...
— Elle abuse vraiment ! Et dire que ça coûte cher ce parfum que tu as prit !
Ah ouais ? Je ne m'y connais pas dans cette matière...
— Je n'aime pas traîner avec elle, leur déclare Namiki en soupirant, ce qui me fend le coeur, on n'a rien en commun, un jour je voulais la maquiller et elle me refuse ! Je voulais aller danser avec elle en cours de sport, elle ne voulait pas, préférait plutôt aller jouer au foot !
— Argh, la nulle...
— Je lui ai même proposer qu'elle achète des bracelets pour qu'on soit assortie et elle ne voulait pas demander de l'argent à ses parents ! Alors que je sais que son père a de l'argent ! C'est un héro !
J'entends un mouvement de choc parmi ses amies. Je baisse les yeux, je fixe mes chaussures blanches d'intérieur. Je n'aime pas me maquiller, ce n'est pas mon truc, je préfère courir après un ballon que danser et j'aime encore moins réclamer de l'argent auprès de mes parents... C'est si mal d'être différente ?
— C'est un garçon manqué ? Interroge une fille que je ne connais pas.
— Elle pourrait mieux s'habiller, mais elle ne porte aucune marque connue, c'est comme si elle ne voulait pas montrer qu'elle est riche.
Riche ? On n'est pas riche chez moi. Mon père a même avoué une fois qu'il gagnait moins que All Might. Ma mère gagne le strict minimum pour entretenir la maison. Je ne veux pas embêter et puis depuis petite, on m'a bien apprit à ne pas trop réclamer. Je ne connais pas tout les détails concernant la gestion de l'argent, mais je sais une chose, c'est que mes parents ne sont pas de gros dépensiers.
— Et elle fait quoi en dehors de l'école ?
— Elle joue à des jeux vidéos, elle lit des livres mais sans histoire d'amour, et... ah mais je te jure, une fois, elle m'a demandé de jouer avec elle sous l'eau et sauter sur des flaques d'eaux ou dans de la gadoue ! Elle est folle !
...J'aime juste ces choses, pourquoi ça leur paraît si ridicule?
— Je l'ai vu l'autre jour faire du vélo ! Elle a un vélo d'occasion j'en suis sûre !
— J'attends juste lui soutirer ce que je veux, et puis... elle est sage et m'écoute, encore un peu plus, elle m'obéirait sans protester ! Leur révèle Namiki.
...C'est donc de ça, que Mochida me mettait en garde? Alors il avait entièrement raison depuis tout ce temps ? Depuis quand s'en était-il douté ? Qui d'autre était au courant ? J'ai l'impression d'avoir été utilisé. Que tout était un jeu, pour Namiki. Qu'elle jouait au shogi. Que j'étais un pion facile à prendre possession.
J'ai la haine. Ça me dégoûte. Je me dégoûte d'avoir voulu la croire.
— Vraiment, je ne sais pas pourquoi j'ai perdu à ton jeu Mi-chan, je ne l'ai jamais voulu l'approcher.
Si je n'avais pas surprit leur conversation, j'aurais été naïve. J'aurai cru dur comme fer que Namiki était sincèrement gentille avec moi. J'avais tord. Ne souhaitant rester plus longtemps sur place, je me rends vite à la bibliothèque, rendre le livre que j'ai emprunté, puis je vais en classe.
Les garçons ont vu ma tête. Ils avaient l'air désolé, heureusement, Mochida avait demandé à ses amis de ne pas venir me parler, pour me laisser un peu de temps tranquille. Pour cette décision, je leur en était reconnaissante. Ils me laissaient le libre arbitre. Si j'avais besoin de me changer les idées, j'avais le droit de les rejoindre ou de rester à ma place.
Exceptionnellement, je n'avais rien sortit de mon sac. J'attendais sur place. Je fulminais sérieusement. Mon pied tressautait sous la chaise, j'appuyais ma joue gauche sur la paume de ma main, je gardais un œil vers la porte grande ouverte. Et là, après quelques minutes, je vois cette fille revenir, toute lumineuse, avec une amie à elle, qui la complimente sur ses oreilles de souris, ou de rat, honnêtement, je m'en fiche. J'ai juste envie d'aller l'affronter, de mettre les choses à jour. D'être plus franches. Je l'apostrophe, Namiki me jauge et me sourit – faussement – je sens qu'elle veut m'éviter.
Car je la dérange avec son amie, hein ? Habituellement, je ne l'appelle jamais en présence de ses copines. Je la laisse venir me voir, pour ne pas la mettre mal à l'aise.
— Oui Sawaka ? Excuse-moi, mais je suis occupé avec Chi-
— Je m'en fiche.
Je me lève, je m'approche d'elle. Son amie se met entre nous, répète ce que me disait Namiki. Je l'ignore, je la pousse pour la mettre de coté.
Une fois, Namiki me disait qu'elle ne voulait pas que je vienne dans son cercle d'amis, de peur que je mette tout le monde mal à l'aise. Pour ne pas la froisser, j'obéissais, croyant naïvement à ses paroles qui m'indiquaient que j'étais sa meilleure amie, la meilleure de toute, qu'elle était plus elle même à mes cotés. Mensonges, hein ?
— Hé ! Arrête, tu lui fais peur_
— Est-ce que je suis ton amie ?! Ou juste un jouet, comme tu leur a balancé à tes copines tout à l'heure dans les toilettes ?! Je m'énerve, en tapant mes mains sur son bureau.
Tout le monde qui est présent dans la salle sont choqués. Tous les regards sont dirigés sur nous deux. Personne ne s'attendait à ce que j'aille prendre des directives pareilles, surtout que en général, je suis silencieuse, je reste dans mon coin, je ne m'exprime que très rarement. Les lumières de la classe sont allumées depuis les suspensions, ce qui nous éclaires davantage nos visages. Et là, je peux voir clairement de très près, l'expression de Namiki se décomposer.
Sans doute qu'elle ne s'attendait pas à ce que je la surprenne, elle et ses copines. Elle fronce des sourcils, mécontente. Elle se défend, hausse sa voix.
— Pardon ?! Après tout ce que j'ai fait pour toi ?! C'est comme ça tu me traites ?!
Elle joue la victime là ? Chiyo me pousse, me gronde méchamment.
— Tu ne manque pas de culot toi ! Namiki est super gentille avec toi et tu l'accuses de mentir ? Est-ce que tu as une preuve ?
— Ah ? Parce que t'as besoin de preuve, alors que tu es la première à tirer Namiki loin de moi ?
Tout sortait naturellement de ma bouche. Je ne réfléchissais même plus. Je relâchais simplement tout ce qui était vrai pour moi. Encore une fois, ça tire des grimaces. Je représente la méchante dans leur vie. Namiki soupire, hoquète, réussit à faire remonter ses larmes de crocodiles. Et là, j'ose même imaginer que les fois où elle pleurait, c'était pour obtenir mon attention.
À quel point j'étais stupide de la croire ? Je me déteste.
— J-J'étais ton amie, j'ai tout gardé pour moi, y comprit quand tu me racontais que tu avais parfois peur de ton père!
Des messes basses se propagent dans la classe. Quant à moi, j'ai la mauvaise impression que des mains se posent sur mes épaules, cherchent à m'enfoncer par terre. Mes pupilles se dilatent, ma gorge se noue.
— ...D'où tu te permet de sortir ça à voix haute ?
Ma voix tremble. Je ne la reconnais même plus. Je perd tout mon sang-froid, dès lors qu'elle a prononcé ce fait. Je serre mes poings. J'ai cru déceler un sourire caché à peine derrière ses mains qui sont posées sur son visage, pour recouvrir ses fausses larmes.
Les autres me posent des questions dont je ne veux pas répondre. Un ami est censé ne pas divulguer un secret. Et elle a brisé notre promesse là-dessus.
— Tu dis ça alors que tu sais très bien que tu as traîné avec les garçons plus tôt ; et qu'elle aime l'un d'entre eux ! Rajoute Chiyo, qui vient frotter le dos de son amie. Namiki, ne pleure pas... elle se joue de toi !
Non, elle ne me l'a jamais raconté. Les autres témoins échangent entre eux. Ils ont l'air de ne pas savoir qui pointer du doigt qui est en tord. Mais le peu que j'arrive à entendre, était que je suis la méchante. Il y en a plus d'un qui me commande à ce que je m'excuse sur le champ auprès de cette fille souris ou rat. Que ce n'est pas juste.
Namiki renifle, abaisse ses mains de son visage et me lance vaguement un rictus.
Je ne dois pas craquer. Mon coeur bat plus vite, mon sang est en train de bouillir.
— Mes parents savent une chose, c'est que ton père a épousé...
Ne craque pas.
— Une menteuse. Tu l'es aussi, hein ?
Mes jambes ont bougé. Je m'élance vers elle. Ma main se lève et s'abat violemment sur la joue de Namiki. Ça claque brutalement. Ça fait écho et tous ont un hoquet de surprise. Je respire fort, la pression monte en moi, je n'arrive plus à me calmer. Elle geint, cherche à se lever, mais je la pousse suffisamment fort, ce qui la fait tomber sur ses fesses. Son amie cherche à intervenir et je lui met un coup de coude au ventre.
Un coup que mon père m'a apprit.
Chiyo se laisse reculer par la douleur et tombe sur les genoux, tousse. Je me concentre de nouveau sur Namiki qui se met à trembler, tétanisée, elle garde une main sur sa joue rouge, marquée par la gifle que je lui ai mise. Je ne l'entends même plus, je crois qu'elle me demande de arrêter. Sauf que je n'en ai pas envie.
Elle a poussé le bouchon trop loin. Trop loin. Elle a franchit une limite qu'elle n'aurait pas dû dépasser avec moi.
Je me rappelle d'un point important qu'est de ne pas viser ses dents. Alors je met à frapper sur son visage. Elle couine, se met à hurler, à pleurer pour de vrai. Les autres sont effrayés, mais parmi eux, veulent m'arrêter, me toucher. La colère me guide, je n'arrive plus à me stopper. À mon tour, je me met à hurler, leur ordonner de ne pas venir.
Puis, surgit plusieurs éclats. Un fracas violent. Il y a des cries. Ça craque de partout. Des bruits de chaises ou de tables rencontrent le sol. Puis, des morceaux de verres parviennent jusqu'à moi. Ma respiration est saccadée. J'attrape la mèche de Namiki, je jette un coup d'oeil rapide sur ce qui est venu jusqu'à mes pieds. Un verre. J'aperçois mon reflet, en partie. Sauf qu'il y a un détail qui me préoccupe.
Mes yeux. Ont-ils toujours été si clairs ?
— A-A-Appelez la maîtresse !!!
Un camarade de classe prend la fuite, accompagné des autres. Je les regardent s'en ailler. Puis, je considère derrière moi. Toutes les fenêtres ont explosés, il y a pleins de morceaux de verres éparpillés, certaines tables sont par terre, avec les chaises. Des trousses aussi, avec les fournitures scolaires. Les rideaux volent légèrement, au rythme du vent, qui est irrégulier.
— J-Je suis désolé ! L-Lâche-moi.. j-je ne recommencerais plus !
D'une voix blanche, Namiki me parle. Je la regarde. Elle est pâle, a un œil violet par rapport à l'autre et du sang glisse le long d'une de ses narines.
...J'ai fait tout ça ?
Je la relâche et elle tombe sur les genoux. Chiyo tremble, recule, garde ses fesses par terre à coté. Elle claque des dents, secoue sa tête, me traite de vilain et ma jambe se lève. Encore une technique que mon papa m'a apprit. Mon pied rencontre le visage de l'amie de la fille rat. Je l'assomme, j'ignore totalement qu'elle s'est cognée contre le pied d'une table.
— T'es vraiment effrayante !!!! C'est pour ça que je ne veux pas traîner avec toi !
Ma respiration se bloque pour quelques secondes. Je pivote ma tête, j'ancre mes yeux dans ceux de Namiki. Elle tressaille et s'appuie contre le mur. Ses jambes tremblent, sa poitrine se lève et j'abaisse très vite. Je me penche, j'attrape une règle d'un de mes camarades de classe et je m'abaisse, à son niveau. Je tend la règle. Le bout touche le menton de cette fausse amie qui relève directement son visage, de peur que je ne la frappe de nouveau.
— Pendant un instant, j'étais prête à m'excuser pour ce que j'ai fait. Je murmure plus à moi-même. Mais tu as encore la force de parler Namiki...
Elle est figée, ses pupilles ont rétrécis, ses yeux sont embrumés de larmes. Bizarrement, je ne me sens pas désolé pour elle. Mon coeur est en feu, ma gorge aussi. Dans ma tête, j'ai des sales images, qui n'attendent que je m'exécute pour la faire plus pleurer. Mais ce ne serait pas juste.
— Un ami ne révèle pas un secret en public. Et surtout moins devrait insulter la famille.
Je baisse la tête. J'essaie de me calmer. Ça bouillonne trop en moins, ça me donne mal à ma tête. J'ai activé mon alter sans m'en rendre compte, je me sens toute fatigué.
Je sais que quand papa m'entraîne avec mon alter, j'ai tendance à super vite me fatiguer. Ça me donne sommeil.
— Mais merci.
— U-Uh... ?
Je relève ma tête, sérieuse. Je la vois de nouveau tressaillir.
— Merci d'avoir été franche avec tes copines, que j'ai pu l'apprendre de moi-même, j'aurai pu souffrir plus.
Plus jamais. Je ne veux plus revivre ça. Ou pire. Je ne veux pas recevoir de coup de couteau comme ça. Quitte à ne pas avoir d'ami, je me sentirais mieux.
Mochida tire la maîtresse à l'intérieur de la classe. Elle pousse un cri, horrifiée.
— Mais tu sais quoi Namiki ? N'insulte plus jamais ma famille. Car si tu recommences... euh...
Je réfléchissais en même temps que l'adulte me saisit violemment par le bras, me forçant à lâcher la règle de ma main.
— Tu n'oserais même plus me regarder en face. Je lui balance, avant d'être emmené hors de la pièce.
Les autres se trouvent derrière les autres adultes. Ils ont l'air de me voir comme un danger public. Je ne les regardent pas, je préfère les ignorer. Vu comment la maîtresse me tient fermement, me force à la suivre jusqu'au bureau du proviseur, je m'attends à subir le plus gros sermons de ma vie.
Honnêtement, je n'ai pas peur. Parce que j'estime avoir eu raison d'avoir mit les points au clair avec cette fille. Pour le coup, je suis sûre qu'on me fichera la paix.
La femme toque à la porte et me pousse à l'intérieur, abrège ce qu'il s'est passé ; que j'ai commis une grosse faute, intimidation auprès d'une de mes camarades, que j'ai utilisé mon alter et que j'ai blessé, violenté des camarades de classe. Que c'est tout à fait intolérable, du jamais vu dans l'enceinte de cet établissement. Très vite, l'homme fait un bond sur son siège, réajuste ses lunettes, demande à voir les dégâts.
Très vite, alors qu'on m'avait ordonné d'attendre sur une chaise, face au grand bureau de bois du proviseur, ce dernier revint, blanc comme un linge. Il pose ses yeux sur moi, me dévisage, attrape son téléphone posé sur un socle, compose un numéro et aussitôt, je capte qui il appelle. Je serre ma salopette bleu, je grimace en baissant ma tête.
Quelle sale journée...
— Bien, en attendant que ta mère vienne, tu vas me rédiger une lettre d'excuse pour tes camarades de classe Namiki Yoshiko et Chiyo Kita !
— Non.
Il est choqué.
Il commence à pleuvoir dehors. Des gouttes de pluie viennent se cogner contre la fenêtre, ça vient faire écho dans la grande pièce qui a bien des décors anciens. Très sincèrement, on dirait la même odeur que chez mes grands-parents ; le vieux.
— Pardon, tu as dit quoi ? C'est qui, qui commande ici ?
— Vous. Je réponds, calmement.
— Alors_...
— Mais je ne ferais aucune lettre d'excuse pour ces filles. Donnez moi des devoirs plutôt.
Je me fichais pertinemment quelle punition recevoir. Du moment que ça ne reliait pas à ces filles. Le proviseur ne partage pas du tout mon avis et met à plat violemment contre son bureau. Je mentirais si je dis ne pas avoir sursauter. Je baisse les yeux, je n'ose pas l'affronter. C'est vrai qu'il est un peu effrayant le directeur, comme l'ont chuchoté les autres.
La pluie devient plus forte. Les sons de l'horloge en bois résonne dans la pièce, en dépit de l'atmosphère qui devient de plus en plus lourde, pesante. Je fuis le regard de l'adulte qui me foudroie du regard.
— Que tu le veuilles ou non, tu as blessé volontairement ces filles, c'est un acte dangereux, tu sais pertinemment que l'usage de l'alter est strictement interdit à l'école, jeune fille ! On te ne l'a jamais dit ?! Ou pas suffisamment ?! En agissant ainsi, tu te comportes comme un vilain !
Je serre davantage mon pantalon. Il sait mettre une sacrée pression, je me sens devenir toute petite, je me fais violence pour ne pas répondre à ce qu'il me dit. Aussi pour ne pas pleurer.
Je suis fatigué et je veux dormir. Ma tête me fait mal.
— Tu as vu les dégâts que tu nous as causés ?! Ça va coûter cher ! Tu devrais avoir honte de ton attitude ! Me sermonne t-il de plus belle. Alors fais-moi le plaisir d'écrire la lettre !
Je garde toujours le silence. Je ne cède pas. Ma tête tourne, au fur et à mesure qu'il me fait une leçon de morale. Je finis par lui avouer que j'ai mal à la tête, que ce serait bien qu'il parle moins fort car mes oreilles font aussi mal.
En même temps, le mois dernier, on m'a emmené à l'hôpital, j'avais de temps en temps mal aux oreilles. J'ai eu quoi comme maladie, déjà ? C'est quoi le terme que les médecins ont employé ? J'ai oublié. C'est un nom compliqué, je crois ? En tout cas, même aller sous la douche me faisait mal aux oreilles. J'étais hypersensible aux sons, autour de moi. Heureusement, ça s'est vite réglé, je n'ai plus de soucis.
Mais bon, là, comme il me hurle dessus, ça amplifie ma douleur à la tête. Maman, c'est quand que tu arrives ? C'est long...
— Oh, tu as mal à la tête ? Vraiment ? Tu crois que je vais croire à ton mensonge ?
Je fronce des sourcils. Je lève ma tête, je lui fais face, je met de coté tout sentiment d'infériorité.
— Je ne mens pas !
— Quelqu'un qui utilise son alter pour blesser son entourage, attaquer des innocents, je trouve que c'est largement suffisant pour ne pas croire à ce que tu dis !
Pourquoi personne ne veux me croire !?
— Je n'ai pas voulu utiliser mon alter ! J'insiste vivement. Ce qui est vrai, je n'ai pas voulu en faire usage.
Il s'est juste, activé tout seul. À cause... de ma colère ? Il a réagit en fonction de mes émotions ?
— Il n'empêche que tu aurais pu tuer un de tes camarades de classe ! Tu aurais fait quoi après ça, hein ?! Comment aurais-tu assumé cette responsabilité ?! Ça, ce sont des actes de vilains !
...Vilain ? Moi ? Je ne suis pas comme eux ! Je veux devenir un héro.
Inutile de argumenter avec lui. Après tout, les adultes croient qu'ils ont raison. Encore une fois, il m'explique que je dois rédiger une lettre d'excuse aux filles. Pour que je puisse limiter d'autres problèmes. Le proviseur vient de me disposer une feuille, un stylo et me demande de faire tout au propre. Il joint ses mains, me tourne le dos, projette son regard sur un cadre de photo. De sa famille, je suppose ? Je m'en fiche.
Tout ça, m'agace. Pourquoi je devrais m'excuser auprès des réelles menteuses ? Ce sont elles qui sont en tord. Elles n'ont eu ce qu'elles méritaient ! Puisqu'il me voit comme la plus grande perturbatrice, j'opte sur l'option pour qu'il regrette de m'imposer ses choix. Maman m'a toujours dit d'agir comme bon me semblait. Je ne vais pas m'en priver aujourd'hui !
Je bouge ma main gauche, en direction du mur, très brièvement. La feuille, le stylo, ainsi que quelques matériels lui appartenant, s'envolent, se cognent contre le meuble situé sur ma gauche. Le proviseur sursaute, fait volte-face, scandalisé. Insolente, comme je ne l'ai jamais été à l'école, je lui démontre en penchant ma tête sur le coté, très sérieuse :
— Là, j'ai utilisé volontairement mon alter.
Il rougit et je devine que je vais pas tarder à regretter d'avoir agit de la sorte. Je baisse immédiatement mes yeux, je lève légèrement ma main et je ronge un ongle au hasard. Sa voix se penche dans les graves. Son discours – monologue plutôt, me paraît interminable. Il compte achever quand sa dernière phrase ?
Ma tête tourne. Je devrais me divertir sur autre chose ? Je lui demande plutôt de quoi faire mes devoirs – ou dessiner. Il refuse sèchement, et je me rends compte que j'ai franchis les limites de sa patience. Je me réduis vite en silence, c'était plus sage...
Il me dévisage tout le long de l'attente. C'était malaisant. Dès que ça toque à la porte, je ressens enfin, un sentiment de libération.
— Ah, enfin vous voilà, madame Sawaka ! Entrez je vous prie !
Il est impatient, se lève, fait signe à ma mère de rentrer. Elle s'exécute en s'inclinant poliment, prend place sur la chaise qui est à coté de moi, pose son sac à main marron à ses pieds. Je sens son regard inquiet dirigé vers moi puis, se focalise sur le directeur.
— Je pense que vous avez eu le temps d'apercevoir l'état d'une salle de classe en particulier, commence t-il, sur un ton lourd, en joignant ses mains sur le bureau, assit de nouveau sur son siège en cuir qui grince sous son poids.
— En effet. Répond simplement ma mère.
— Vous a t-on expliquer le problème en lui-même ?
Mon coeur se remet à battre violemment contre ma poitrine. Ça m'oppresse encore plus cette situation. Car au final, il a convoqué ma maman. Elle a dû partir plus tôt du travail à cause de moi. Je lui cause des problèmes.
— Oui. Répond t-elle, ce qui est court pour moi.
— Et sachez qu'après une leçon de morale, votre fille, refuse catégoriquement de rédiger une lettre d'excuse auprès des filles qu'elle a violenté !
— Oh, vraiment ?
Elle feint l'étonnement.
— Exactement ! Et de plus, elle se permet de faire de nouveau usage de son alter en renvoyant le matériel sous mes yeux !
— Oh mon dieu !
— Oui !
...Pourquoi j'ai l'impression de ma maman s'en fiche ? Je lève mes yeux, je la regarde. Je sais reconnaître quand elle joue la comédie. Quand j'étais petite, parfois j'étais avec elle, là où elle travaille. Elle a toujours affaire à des clients parfois... spéciaux. Elle sait super vite s'adapter. Et n'importe où elle va, ma mère a toujours la tête haute, déborde de confiance, ne se laisse jamais être écrasé par qui que ce soit.
Elle est mon héro, l'image de ce que je veux ressembler plus tard.
— Par conséquent, j'exigerais qu'elle fasse réellement une_
— Monsieur le directeur, êtes-vous en train d'imposer une punition à ma fille, alors que j'ai tout les droits de la punir sévèrement avec mon mari ? Lui coupe maman, avec un sourire.
— Madame, deux filles ont été brutalement frappé et_
— Et aucune ne s'est retrouvée sans grosse blessure sévère. Tranche ma mère de nouveau, très sérieuse. Je peux dédommager pour votre classe, quitte à payer les frais d'hospitalisation de ces filles. Mais si ma fille estime ne pas vouloir écrire de lettre, c'est qu'il y a une raison.
Un blanc s'installe dans la pièce. J'écarquille mes yeux, sans voix. L'homme en face de maman se décompose sur place, absolument pas prêt à digérer ce qu'elle venait de lui cracher au visage.
— M-Mais_
— Vous avez déjà vu ma fille dans votre bureau, avant ? Je ne le crois pas. A t-elle déjà eu une punition auparavant ? Avait-elle été retenu une seule fois par la maîtresse ? Non plus. Réfléchissez, il y a dû avoir un incident, ce qui explique pourquoi ma fille a commit un tel acte.
— Les victimes aussi, ont un dossier vierge. S'impose le directeur, plus durement.
— Et ? Creusez un peu plus. Des filles sages qui se mettent à se bagarrer, c'est qu'il y a quelque chose.
Il soupire, agacé.
— La maîtresse m'a expliqué qu'un élève, a avoué que votre fille a frappé en premier. C'est amplement suffisant. Vous devriez mieux éduquer votre enfant, d'autant plus que votre mari a une réputation importante_
— Vous insinuez que mon éducation et celle de mon mari est défaillant ? Demande sèchement ma mère, le visage assombrit. Ce n'est pas anodin qu'un enfant perd contrôle de son alter. C'est courant.
— Là, n'est pas la raison ! Elle a utilisé son alter pour saccager une salle de classe, a intimidé et blessé ses camarades ! Sa conduite est dangereuse, vous devriez plutôt vous inquiéter de ce qu'elle est en train de devenir, là !
J'ai un pincement au coeur. Je baisse ma tête.
— Elle devient ce qu'elle a envie de devenir, je ne vois pas où est le problème.
— Madame Sawaka, c'est un acte de VILAIN ! Elle se comporte comme un VILAIN ! Inquiétez vous vraiment pour ce qu'elle vient de faire ! Soyez responsable !
— Si c'était le cas, je pense que votre bureau aurait été sans dessus dessous.
Je me retiens de rigoler, sur ce coup-là. Je me mord les joues. Le proviseur est ahuri, choqué d'entendre de tels propos.
— Oui, ma fille a fait des dégâts. Mais tout aurait pu être pire. Comme je vous l'ais dit, je paierais le nécessaire. Inutile de rajouter plus, car du peu que j'entends de votre bouche, ça me met hors de moi.
Ma mère lance un regard noir au proviseur. L'intonation de sa voix vrille aux graves.
— Je ne supporterais pas d'entendre de votre bouche une fois de plus, que vous insultez ma fille de vilain. Ne vous inquiétez pas pour votre établissement, mon mari se chargera d'envoyer des bons avis sur vos sermons auprès des enfants. Sur ce, au revoir. Elle se lève, récupère son sac et le passe au-dessus de son épaule et me tend sa main. Lily, viens.
Je m'exécute sans broncher. Nous sortions rapidement de cette pièce étouffante, laissant derrière nous cet homme bouche-bée. Maman ne me parle pas, tout le long du couloir, jusqu'à la sortie de l'école. Je remarque la salle de classe depuis l'extérieur. Les fenêtres sont mortes. J'ai fait exploser ça, avec le vent ? C'est... effrayant et impressionnant. Pendant que maman me tire avec elle, je remarque plusieurs élèves nous voir ensemble, chuchoter entre eux, effrayés.
On arrive au parking, on monte dans la voiture. Je m'attache avec la ceinture de sécurité. Ma mère insère les clés dans son véhicule, les tournes, ça réveille la machine, ça vrombit. Elle allume le lecteur de CD, ça joue l'une de ses chansons préférées. Elle adore ce qui touche le rock, et moi aussi. Aussitôt, elle lâche un long soupir, se masse entre les yeux, au-dessus de son nez.
— Sérieusement, il s'est passé quoi, Lily ?
Ma voix est basse. Car j'ai honte de lui causer autant de soucis. Et si, elle aussi, ne me croit pas, finalement ?
— Euh... tu sais... Namiki ?
— Oui, ton amie ? Se rappelle t-elle très vite.
— Elle... m'a menti. Elle parlait dans mon dos. Se moquait de moi... se servait de moi et...
— Et ?
Je déglutis, je triture mes doigts. J'ai encore très mal à ma tête. Mieux vaut être honnête avec ma mère. Elle le mérite, je lui dois bien ça...
— Elle t'a insulté.
— C'est donc pour ça que tu as frappé ?
J'acquiesce doucement. Ma mère esquisse un petit sourire.
— Juste pour ça ?
— Je ne supporte pas qu'on insulte ceux que j'aime. Toi encore plus, maman...
Elle est étonnée. Elle est émue, me caresse les cheveux.
— Lily, quoi qu'il arrive, reste toi-même. Je ne veux que ton bonheur. Personne n'a le droit de diriger ta vie. Si tu estimes que tu dois te battre, fais-le. Appuie ma mère. Je sais que tu n'es pas du genre à aimer tabasser qui que ce soit, sans aucune raison. Tu n'es ni un monstre, ni un vilain. Un alter, ça s'apprend à se maîtriser.
— Hmmoui...
J'ai le moral à zéro, alors qu'elle est bienveillante. Veut me rassurer.
— Et puis, tu rencontreras plus tard une vraie amie ou ami !
— Je préfère ne pas en avoir...
Maman a l'air stupéfaite. Je baisse la tête de nouveau, je m'appuie contre la vitre. Je suis fatigué.
— Ne te braque pas là-dessus Lily. De vrais amis, ça se compte sur les doigts. Ce n'est qu'une question avant que tu trouves la bonne personne...
— Un ami ça ne trahie pas une promesse. Je m'entête. Et ça traite mieux que ça. Je préfère rester seule que d'avoir encore mal.
Sans avoir tout les détails en mains, ma mère n'insiste pas. Elle arrête de me caresser les cheveux.
— Bon... ce soir, je nous ramènes un hamburger. Je te ramène à la maison, je discuterais avec ton père, tu ne retourneras pas à l'école demain, OK ?
— Ok...
La voiture se met à bouger. Les pneus se mettent à rouler et maman est en train de conduire. Je me laisse vite m'endormir, en écoutant la musique, en plus de la pluie qui tombe. Ça me détend.
J'émerge doucement d'un long sommeil. Oh... ma chambre a une drôle de couleur. Je me redresse sur les coudes, remarquant que je me trouvais être sur mon lit, dans ma chambre. Il pleut encore un peu dehors, je peux l'entendre avec les gouttes venir taper contre ma fenêtre. Je vois encore flou, je frotte une de mes paupières. Mon corps est encore tout mou, j'ai encore un peu envie de dormir, mais mon estomac en a décidé le contraire.
Depuis combien de temps je n'ai pas aussi bien dormi ? Je n'ai pas entendu les étranges voix, cette fois-ci. Parce qu'il fait jour, peut-être ? Je ne sais pas trop. Doucement, je tourne ma tête. Le soleil se couche, je l'aperçois à travers ma fenêtre. Le ciel a des couleurs chaudes et il pleut en même temps. Il y a même un grand halo au loin, qui englobe le soleil. Avec les effets de l'eau, ça rend juste beau.
Je demeure silencieuse, admirative devant ce magnifique spectacle. C'est beau. C'est doré.
Ça hurle, de l'autre coté, ce qui me retire de ma contemplation. Maman ? Je me force à quitter le matelas tout chaud, je me dirige vers la porte, en chaussettes. Quelque chose tombe derrière moi, je me retourne. Ah, Kuro est tombé ! Sans réfléchir, je me dépêche de remettre ma peluche chat noir sur mon lit, je le borde avec la couverture, à coté de sa sœur Katty.
Qu'importe quel âge j'ai ou j'aurais, j'aimerais toujours les peluches. C'est trop mignon. C'est précieux. Je ne demande qu'un jour, ça puisse parler ou bouger, ça doit être super chouette !
Maintenant, je vais vite sortir, dans le couloir. Les voix sont plus proches. J'avance, je passe vers la cuisine et j'aperçois ma mère, avec un inconnu. Je plisse mes yeux, cet homme a l'air pas content.
— Où que tu sois, tu me dois du fric ! Exige l'inconnu.
— Si j'ai coupé les ponts avec toi, c'est pour ne plus rien te devoir, dégage de ma maison ou je te jure que je vais te démonter la gueule ! Menace ma mère.
Je me raidis. Entendre ma mère parler comme ça, m'effraie un peu. Elle est très en colère. Je n'ose pas venir interrompre, je reste dans mon coin, pas très à l'aise. C'est qui ce monsieur imposant ? Il a des yeux très noir. Un peu rouge, il a mal dormit ? Il porte un grand et large pull gris foncé, je crois même apercevoir un design de... bières ? Il a un double menton, des cheveux rasés, des sourcils épais.
D'où maman le connaît ?
— T'fous pas de ma gueule Elsa, t'as fuit la baraque avec ce putain de pacotille de héro ! Et tu te caches ici, hein !? T'as pondu un gosse !? La vie est belle, hein ?! Mais tu crois que t'as le droit de vivre ces choses après ce que t'as branlé ?!
— J'ai largement le droit à ma nouvelle vie, toi tu peux rester croupir de la merde que tu t'es mise !
— Ah ! Mais regarde-toi, t'as prit la grosse tête, hein !!?
Il se met à rire grossièrement.
— Mais tu sais quoi, tout ce que tu possèdes, je l'obtiendrais.
— Tu n'auras rien tant que je serais vivante. Grogne ma mère. Fous-moi le putain de camp d'ici !
Il est bizarre, cet homme. Vraiment trop bizarre. Je penche timidement ma tête sur le coté, j'essaye d'examiner davantage qui il est. Je ne l'ai jamais vu ici. Ni sur une photo de famille. Ma mère ne m'a jamais parlé de lui, ni mon père. Alors c'est qui ? Un client de maman ? Non, personne n'a son adresse. Et puis, il l'appelle par son prénom, c'est signe qu'ils se connaissent depuis longtemps.
D'ailleurs, le prénom de ma mère est issu de la France. Apparemment, elle est née dans ce pays, puis, a déménagé au Japon. Il lui a fallu un bon moment avant d'obtenir une identité japonaise. Je ne connais personne de sa famille, de son coté à elle. Ma mère m'a raconté qu'une fois, ils n'existaient plus dans sa vie. Je ne sais pas toujours comment le prendre, sa réponse.
Soudain, le regard de cet homme rencontre le mien et je sursaute sur place. Ils ont bougé si rapidement ! Ses pupilles ont grossis ! Comme dans des films d'horreurs ! Je m'empresse de vite me cacher derrière le mur, même si, par curiosité, je reste encore un peu visible, car je veux savoir qui est cet inconnu que ma mère connaît.
J'ai comme un mauvais pressentiment, dont la façon qu'il me reluque...
— Ah. Une fille.
Ma mère bouge sa tête, se retourne rapidement et a l'air choqué de me voir debout, en train de les épier. Oups... ? Je n'aurais pas dû ?
— Ne t'avise même pas à lui parler, de la toucher. Vocifère ma mère, extrêmement furieuse.
— Elle te ressemble bien. Quoique, en meilleure santé et bien gâtée. Ricane l'homme, mais de quoi ils parlent ? Il connaît ma mère depuis petite ?
— Ce ne sont plus tes affaires !
Elle le pousse violemment, lui somme de ne plus remettre les pieds dans cette maison, qu'elle appellerait les flics si jamais il s'abstient à rester ici.
— Très bien, je m'en vais ! Mais par contre, quoi que tu fasses...
Je sors timidement de ma soit-disant cachette. Je suis leur progression, en restant bien en retrait, mes mains près de ma poitrine. L'étrange homme a un grand sourire, bouge sa main, me fait signe.
J'ai un frisson désagréable qui se propage tout le long de mon dos.
— Enchanté petite ! Je suis... Ton oncle !!
...Mon oncle ?
Ma mère claque brutalement la porte d'entrée, ferme avec un verrou, halète, cogne son poing contre le mur sur sa droite. Je sursaute et recule immédiatement. C'est la première fois que je vois ma mère dans cet état. J'ai peur. Je n'ose même pas l'appeler. J'ai vu quelque chose que je n'aurais pas dû ? Ma mère tremble, se laisse glisser et tombe par terre.
— M-Maman ?
Elle m'inquiète. Je m'approche jusqu'à la porte d'entrée, je la vois totalement triste. Elle serre des dents. Elle me secoue sa tête, ses courts cheveux bleus suivent le mouvement.
— Je...pensais refaire ma vie, ici...
— C'est...vrai ce qu'il a dit ? Il est mon oncle ? Je lui demande doucement, en posant mes genoux au sol.
— Lily... promets-moi une chose...
Attentive, je la regarde. Elle plonge ses yeux bleus foncés dans les miens.
— Ne traîne jamais avec ton oncle. Évite-le le plus possible.
— Pourquoi ? Je questionne.
— Mon frère est... pas quelqu'un de fréquentable. Il est... elle semble réfléchir à des mots faciles pour moi, mauvais. Très méchant.
— D'accord.
Je hoche ma tête, je ne pousse pas mes questions plus loin. Si maman me dit qu'il est méchant, je ferais tout pour l'éviter le plus possible ! Elle me sourit, me prend dans ses bras. Je me laisse faire. Au même moment, la poignée de porte s'agite et avec ma mère, on sursaute.
Il est revenu ?!
— Ehhhh ?? Pourquoi la porte est coincée ???? C'est une farce ????
C'est papa !
— A-Attend Ace, je vais t'ouvrir !
— Oui s'il te plaît ! M'oblige pas à dormir devant la porte, sur un paillasson invisible ! Implore t-il.
Alors que maman se relevait, tenait la serrure dans sa main, elle ne bouge plus. Elle lève ses yeux au plafond, réfléchit intensément.
— Chéééééééérie, tu n'es quand même pas en train d'y penser ???! S'indigne mon père, de l'autre coté de la porte.
— Ca se tente.
— Tu sais, je peux toujours sauter sur le balcon, ce n'est pas parce que je suis toujours en arrêt maladie que je n'ai pas le droit d'utiliser mon alter !
— Ahh, je ne te permet pas de donner des idées à ta fille, si vous entrez tous deux par effraction, qu'est-ce qu'on va penser de vous deux ?!
Je penche ma tête sur le coté, mes cheveux suivent le mouvement, je souris.
— Je peux ?? Ce serait trop trop cool ! Les héros font ça !
— Ton papa, t'apprendra ma puce ! Lance mon père, il a l'air très enthousiaste.
— Sûrement pas !!! Proteste maman, scandalisée.
Je rigole et ma mère ouvre à mon père.
Peu après, je regarde la télévision, il y a un dessin animé que j'adore. Mes parents discutent derrière le comptoir. Je ne prête aucune attention à eux, je suis trop concentré sur l'héroïne sorcière qui utilise sa baguette magique en forme de coeur, qui chantonne « Sugar Rune ». Mon père s'approche de moi, s'accroupit, je le fixe, il a l'air très sérieux. Ses yeux bleus sont baignés par le coucher du soleil, c'est beau.
— Lily... Est-ce que tu es d'accord si on te fait changer d'école ?
Ma réponse sort naturellement, je ne réfléchis même pas.
— Oui.
— Il y a une chose, que je ne t'ai jamais enseigné concernant ton alter qui est similaire au mien.
Je l'écoute attentivement. Tout ce qu'il peut me dire, sont vraies. Bien que parfois, il peut me faire peur, mon père est quelqu'un de bien et ne veut que mon bien.
— Nos alters sont plus violents en fonction de notre émotion. Si tu es en colère, il faut te retenir. Du mieux que tu le peux. Tu as eu beaucoup de chance, un peu plus, tu aurais pu plonger dans le coma ces filles, ou pire, les tuer.
Je me raidis. Ma respiration se coupe et j'ai du mal à avaler cette annonce. Oui, je ne les aimes pas. Mais je ne souhaite pas non plus leur mort !
...Je ne suis pas un vilain. Je ne suis pas une tueuse. Je ne veux pas être une méchante.
...Je suis en train de le devenir ?
— Lily, je ne suis pas en train de t'accuser, ni en train de te traiter comme un monstre, m'arrête mon père, comme s'il arrive à lire dans mes pensées. De plus, du peu que je te vois faire, tu utilises ton alter pour jouer, te défendre, pas pour blesser quiconque. Tu rends le vent ton allié, ton bouclier, pas une arme.
Ma respiration revient à la normale. C'est vrai, que papa me grondait l'autre jour car je suis plus en train de jouer avec le vent que à lancer des attaques comme lui sait bien le faire...
— Une vie, c'est important. Se faire respecter est différent. Il faut savoir jongler.
— Et... je m'y prends comment ? Je lui demande, incertaine.
— C'est à toi de trouver la réponse.
Je gonfle mes joues. Il ne pourrait pas m'éclaircir un peu plus ?!
— Bon, comme ça, c'est décidé. Glousse t-il en se relevant.
Je baisse ma tête.
— Papa ? Je l'appelle timidement.
— Oui ?
Je me mords les lèvres.
— Mon alter... a fait beaucoup de dégât, et j'ai blessé du monde ? Des personnes que je n'ai pas vu ?
Du peu que je me souviens, c'est flou. Il y avait des personnes qui ont voulu m'éloigner de Namiki. Quand j'ai crié, plus personne ne s'est approché de moi. Mon père a un triste sourire. Est-ce que maman a oublié de me dire quelque chose, aussi ?
— Oui. Tu as égratigné tes camarades de classe. Ce n'est pas très profonds, mais c'est plus comme des coupures.
— ...Le vent peut blesser, alors...
— Le vent peut devenir une arme redoutable, tout dépend de la façon on l'utilise, Lily. Me révèle papa. Moi aussi, quand je dois arrêter un vilain, je suis obligé de le faire saigner avec mon alter. Certains ne s'arrêtent pas et ne capitulent pas facilement, on est contraint d'employer la force.
— Je vois...
Doucement, je retourne mes mains. Je les fixes.
Je peux faire du mal. Blesser ou tuer quelqu'un. Ça ne me réjouit pas du tout. Au contraire, ça commence à me faire peur. Est-ce que un jour, je serais capable de contrôler mon alter, comme mon père ? Je ferme mes yeux. Je veux devenir un héro, je ne dois pas avoir peur de mes pouvoirs, enfin !
Mon père me prend dans ses bras, j'ouvre immédiatement mes yeux. Il me caresse les cheveux. Son parfum m'apaise un peu.
— Je sais, c'est dur. Mais ne t'en fais pas. Tu sauras gérer ton pouvoir. Je te le promet.
— Bon, je prépare les hamburgers maison ! Interrompt maman, motivée, derrière nous.
Papa me relâche et on se tourne en même temps, on lève nos points, nos yeux brillent. On adore les hamburgers.
— Hamburger !!! On crie ensemble.
— Allez mettre la table en attendant, vous deux. Rit doucement ma mère, en attrapant son tablier « best mommy » qui est suspendu depuis un crochet sur le mur.
On obéit.
**
*
Non.
Non.
Pourquoi?
POURQUOI?
Une poutre vient d'écraser ma mère !!!
J'essaye de pousser cette lourde poutre en bois. Je n'y arrive pas. Ça ne décolle pas du sol, rah ! Il y a de la fumée partout, l'alarme incendie résonne dans tout l'immeuble, des tuyaux se sont percés, il y a des fuites d'eau partout. Des débris partout. Des morceaux de verres, des meubles sont écrasés.
Si seulement, j'avais pu prédire que ce que j'apercevais de loin était une attaque de vilains, bon sang !! Si j'avais pu réagir plus tôt, ma mère n'aurait pas bondit, ne m'aurait pas plaqué au sol et ne se serait jamais prit cette poutre !
Mes larmes ne cessent de couler à flot sur mes joues. Ma respiration est saccadée. Je sens des douleurs sur mes mains, au fur et à mesure que j'appuie sur le bois. Je crois que je suis en train de m'enfoncer des échardes. Les jambes de ma mère sont littéralement écrabouillés sous ce débris. Elle ne bouge plus. Elle ne respire pas beaucoup.
— Ton...père va...arriver...
— E-Economise ton souffle, maman !
Je n'arrive plus à réfléchir normalement. Ma voix est cassée. Je me sens totalement inutile, je n'arrive même pas à déplacer cette poutre ! Et la fumée se propage de plus en plus, ça devient compliqué de respirer normalement !
— C'est donc là, où il vit, Skyfall ?
— Je suis un peu déçu, moi qui pensait qu'il aurait une si belle baraque...
Des voix qui me sont totalement inconnus sont tout près. Mes oreilles bourdonnent. Je cherche des yeux d'où ça vient.
— Ooooh !! S'extasie une voix plus féminine. Qu'elle est mignonne, cette petite fille ! De si beaux yeux ! Je n'en ai jamais vus de si beaux ! Je n'en ai pas dans ma collection !
...H-Hein ? Une collection de yeux... ?
Vilain... Des vilains sont là, tout près. Je me met à trembler.
— Lily...va t'en... murmure faiblement maman.
— NAN ! Je ne veux pas ! Je ne veux pas te laisser ici !!! Je me met à hurler, paniqué.
Mon coeur s'affole. Ma gorge me brûle, mes yeux aussi. Ma tête tourne.
— C'est sa famille, tu crois ?
La femme interroge son allié. Je pousse pitoyablement la poutre, sans réussite. Je regarde désespérément vers la source du bruit. À travers l'épaisse fumée qui dégage dans l'air, j'entraperçois des orbes jaunes, intenses. Au lieu d'un fond blanc comme on a, ils sont noirs.
Il me fait peur. Je me sens paralysé, je n'arrive plus à bouger d'un pouce. Je tremble encore plus, je transpire à grosse goutte.
— Probablement, répond l'homme. Et All Might ? Il va venir ?
— Vu leur dernier échange, je pense que le numéro un en a rien à foutre de Skyfall. Il a d'autre chats à fouetter, si tu vois ce que je veux dire. Ricane la femme.
Des pas. Ça s'approche de nous. Soudain, avant même que ça ne vienne à notre niveau, il y a une grande bourrasque de vent, qui repousse les vilains plus loin. Je reconnais cette voix, parmi toutes. La fumée se dissipe facilement, plus rapidement depuis que mon père vient enfin d'arriver.
Il halète, le vent soulève ses courtes mèches. Ses bottes noires claquent contre le parquet fissuré de partout, écrase des morceaux de verres. Il a les poings serrés, me lance un regard. J'arrive à lire qu'il est extrêmement inquiet pour moi et maman.
— J'arrive_ !
— C'est ta famille ? Rigole la vilain.
Mon père serre des dents. Il grimace, fronce des sourcils, lance un regard meurtrier en direction de ses ennemis.
— Non, vous vous en prenez à des innocents !
Je sais qu'il dit ça pour nous protéger. Les héros qui ont une famille sont plus faciles à cibler. Papa me l'a apprit. Le voir ici me rassure énormément. Il est fort, il va pouvoir les battre et sauver maman ! Il lève son bras gauche, la poutre qui a écrasée ma mère s'éloigne, s'écrase, roule puis s'arrête plus loin. Immédiatement, je me met à tirer ma mère vers l'arrière.
Elle est lourde ! Mes muscles me font trop mal, je n'arrive pas à reculer ! Ma mère saigne au niveau de la tête, elle s'est prit un sale coup plus tôt. Si tout va bien, elle a juste perdu connaissance, pas vrai ? Elle va se réveiller ! Je glisse, le sol est mouillé à cause de l'eau qui fuit. Je tombe sur les fesses.
Je tousse, ça sent mauvais par ici, c'est quoi cette mauvaise odeur ? On dirait des produits chimiques ! Je tourne ma tête. Ici... c'était là où ma mère rangeait ses produits ménagers... ma main se met à brûler, je couine de douleur et je me crispe. Le vent souffle plus fort. J'aperçois mon père former son dragon de vent, qu'il chevauche. Il attaque les vilains depuis les airs, utilise son poing, pousse des cris de rages.
Je n'ai pas le temps de voir d'avantage que, le vilain se trouve derrière lui, le saisit par le cou.
Quant à moi, il y a des grognements, pas loin. Je pivote ma tête. Il y a des claquement répétitifs qui me rend anxieuse. Il y a du mouvement, derrière les débris. Il y a... une main squelettique qui s'agrippe en haut du tas de bois. Je tressaille. Lentement, progressivement, la chose de relève.
Un crâne. Des os. Ça mouve, ça grogne, ça se lève tout seul. Et il n'est pas seul. Il y en a beaucoup.
Beaucoup de squelettes vont, en direction de mon père. Je blêmis, je tremble sur place, en tenant contre moi, les épaules de ma mère qui ne réagit pas du tout. Elle dort.
Oui, elle dort. C'est certain.
Le vilain qui tient mon père, resserre sa prise. Mon père perd ses couleurs. Son dragon disparaît.
Non, pitié, pitié.......
Ses bras lâchent, ils suspendent dans le vide. Le vilain le tient toujours, suspendu dans les airs. Je ne sais pas comment il fait.
Ma vision se trouble. Mes oreilles bourdonnent toujours, l'alarme incendie est toujours active, ça me perce les tympans.. je me sens toute fatigué...
— On l'a enfin. Déclare le vilain dans les airs.
L'odeur qui rôde autour de moi devient plus forte. Je perds toute mon énergie. Puis je m'écroule, mes yeux se ferment.
Ma tête tourne. Mais je trouve l'air plus agréable ? Ça sent mieux. Mes paupières sont lourdes. Je m'oblige à les ouvrir tout de même. Le plafond est blanc. Il y a un son répétitif à coté de moi, c'est pénible... je pivote ma tête. Où je suis ? C'est quoi cette drôle de machine qui est reliée à un fil ? Pourquoi je suis allongé ? Ce n'est pas confortable, c'est pas moelleux, ce n'est pas mon lit.
Je note la présence de bandages sur mes mains. Je porte une drôle de tenue, qui me rappelle l'hôpital, où j'étais opéré pour mon problème aux oreilles il y a longtemps. Tout est blanc, si maculé.
Je grimace. Je sens maintenant une présence sur ma bouche, jusqu'au nez, comme un masque. Je fronce des sourcils, je me redresse vivement et je tire, cette drôle de muselière, hors de moi. J'halète, le drôle de masque tombe sur mes cuisses, recouverte d'un drap jaune canard. Ça échappe un bruit, comme de l'air comprimé... ou je ne sais quoi ?
— ...La petite a de la chance, un peu plus, et ça l'entraînait à la mort, avec cette intoxication au monoxyde de carbone !
— Oui, les secours ont été très efficace.
Ça sent le médicament, le propre. Je bouge doucement du lit. Et ma mère ? Et mon père ? Où ils sont ? La porte est grande ouverte, j'entends les adultes discuter entre eux. La lumière à l'extérieur m'aveugle un peu. Je crois que mes yeux ne sont pas encore habitués.
Le sol bouge, remonte jusqu'à moi. Les murs sont en vagues, le plafond veut m'écraser. Ma tête tourne encore. J'ai mal. Je place mes mains sur ma tête.
J'ai mal.
— Nous sommes rassurés de savoir que cette petite a encore de la famille !
De quoi ils parlent ? Mes oreilles bourdonnent. Mon coeur me fait mal.
— Mais c'est tout à fait normal. Il s'agit de ma nièce, après tout...
Je respire un grand coup et j'expire. Je descends une main et je serre mon pendentif que mes parents m'ont fabriqué. J'espère que mon père va bien. Qu'il s'en ait sortit. Et que ma mère s'est enfin réveillé. Les médecins ont du tout faire pour la guérir.
Je n'attends qu'une chose, c'est de retrouver une vie normale, auprès d'eux.
— Ne vous en faites pas, je me chargerais de cette petite, je la chérirais. La malheureuse, a dû avoir tellement peur...
Des gens entrent. Je relève ma tête. Une infirmière s'étonne de me voir réveillé. Une d'elle s'approche vite, pour vérifier si je vais bien. Elle me pose des questions banales. Puis, elle me sourit tendrement, l'autre, qui a une tête de chien ferme ses yeux, se montre tout aussi gentille. Elle me désigne une personne, qui entre à son tour.
J'écarquille mes yeux, je reconnais cette personne. Ce visage, plus particulièrement.
— En attendant que nous occupons de ta mère, m'évoque l'infirmière sur ma gauche, tu vas aller héberger chez ton oncle !
Il me sourit. Je frissonne.
Ma mère m'a dit de ne pas le voir. Ni de traîner avec lui.
Et moi, je ne veux pas être loin de ma mère. Elle m'attend. Mon oncle ferme ses yeux, se montre tout doux, chose qu'il n'avait pas montré quand il avait parlé avec ma mère, la première fois que je l'ai vu.
— Nous allons rattraper tout le temps perdu, ensemble, Lily ! Bonne nouvelle, n'est-ce pas ?
Fin de la partie I Origins - Lily Sawaka
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