97 - Evasion

🪐

— C'est étrange, dit l'un des scientifiques de Gideon, on ne va pas au-delà de sa mémoire à elle.

— Est-ce que tu penses que c'est parce qu'on ne lui a fait aucun partage ?

— Si ce que le Moff a dit est vrai, il est totalement possible qu'elle n'ait reçu aucun partage. Le premier était effectué à leur dixième année dans leur coutume, et elle n'était encore qu'un bambin au moment de l'attaque de Jovak.

— Mais peut-être que dans la panique, quelqu'un lui a fait un partage ?

Les deux collègues se toisent, les sourcils froncés, incertains de la bonne réponse. Mais ce qui est certain, c'est qu'ils ne font que la faire tourner en boucle. Aucune faille pour rejoindre une quelconque mémoire ancienne. Et le problème principal, c'est que cette nouvelle technologie d'extraction de mémoire n'est très certainement pas adaptée aux Khaalists. D'ordinaire, ils l'utilisent pour avoir accès à des informations de nombreux citoyens républicains qui peuvent servir les intérêts de l'Empire. Quand ce dispositif a été créé, il n'a jamais été question de le calibrer pour des Khaalists puisqu'il y avait une chance infime que l'un d'eux ait survécu. Nombre des leurs ont été traqués dans le reste de la galaxie, restant une menace avec leur impressionnante mémoire collective. L'Empire ne pouvait se permettre de laisser la colère d'un peuple aussi dangereux mettre en péril sa gouvernance. Et pourtant, elle est là.

— Je crains la réponse du Moff, avoue l'un d'eux. La dernière fois qu'un officier n'a pas eu le résultat escompté, on n'a plus jamais entendu parler de lui.

— Tu parles d'Okai Morla ? On m'a dit qu'il a été transféré.

— Non, non. J'ai quelques contacts dans le réseau impérial et je peux te dire qu'il a simplement disparu.

Leurs inquiétudes sont vite masquées par une nouvelle qui pointe le bout de son nez. Eowyn se met à convulser sur sa table. Les menottes à ses mains sont très certainement la seule raison pour laquelle elle n'en tombe pas, mais ses secousses violentes font rebondir sa tête sur le dossier.

— Qu'est-ce qui lui arrive ?

— Son activité cérébrale est anormale, constate son collègue. Elle va probablement nous lâcher si on continue.

— Le Moff nous a ordonné de trouver quelque chose, insiste le deuxième. On ne peut pas la déconnecter.

— Si elle meure, on aura aucune possibilité de trouver quoi que ce soit.

Le plus raisonnable des deux arrête immédiatement l'extraction. Le bruit de la machine se calme mais Eowyn ne cesse pas pour autant de gigoter dans tous les sens.

— Elle continue de convulser ! annonce le premier scientifique.

— Il faut la mettre dans la cuve à bacta, annonce le deuxième. Administre-lui un anti-épileptique pour qu'on la transporte sans difficulté.

Le premier homme, moins maître de ses émotions que son collègue, s'exécute sans discuter. Eowyn commence à se calmer pendant que le deuxième rapproche la cuve à bacta.

— Est-ce qu'une simple injection de bacta ne suffirait pas si c'est un problème neurologique ? demande le plus craintif des deux.

— On va faire les deux. Mieux vaut jouer la prudence. Si elle meure, le Moff ne fera qu'une bouchée de nous.

Sa gorge est sèche quand Eowyn reprend conscience. Ses oreilles sont bouchées et elle se sent flotter, mais pas d'une manière agréable. Quand son niveau d'éveil est à son maximum, elle ouvre enfin les yeux. Elle s'attendait presque à revivre un nouveau souvenir, celui de sa noyade entre autre. C'est celui qui se prête le mieux à la sensation d'immersion qu'elle ressent dans cette cuve remplie de liquide qui pique ses yeux, à la seule différence que ses poumons ne sont pas en feu car un masque à oxygène l'empêche de se noyer. Elle voit son environnement, un peu déformé par le liquide et le verre de la cuve, qu'elle reconnaît sans difficulté : le laboratoire impérial.

— Darson, elle est réveillée.

L'un des deux hommes qui étaient présents pendant le monologue du Moff se poste devant la cuve pour l'observer et pose ses mains sur ses hanches.

— Tu vois, je t'avais dit que ça fonctionnerait. Le bacta, c'est vraiment miraculeux.

Leurs voix sont atténuées par le bacta autour d'elle, mais Eowyn les entends tout de même. Elle regarde un instant son corps. Elle est encore habillée de ses vêtements, ce qui signifie qu'ils n'ont pas eu le temps de la conditionner avant de la mettre dans la cuve. Et surtout, elle n'est plus entravée par les menottes qu'elle avait sur la table.

— Sédate-là, qu'on la remette sur la table pour reprendre l'extraction.

Eowyn relève la tête à toute vitesse pour toiser ses ennemis. Non, je ne retournerai pas dans ma tête. Au moment où elle voit l'un des deux hommes appuyer sur le bouton, elle a un regard pour son bras gauche qui contient toujours un cathéter. Elle l'arrache à toute vitesse avant de dévisager les deux hommes. Elle voudrait leur parler, leur dire d'arrêter, mais sa gorge est tellement sèche. Elle ne sait même pas s'ils l'entendront à travers le bacta.

— Elle a enlevé son cathéter, commence à paniquer le plus anxieux.

— Injecte directement dans le bacta, ça passera à travers de sa peau.

Eowyn fronce les sourcils. Je les hais. Elle place sa main face aux deux scientifiques et fait appel à la Force. Les deux hommes sont alors attirés vers elle, comme magnétisés contre la cuve. Leur visage est écrasé contre le verre.

— Non, je vous en prie ! la supplie celui qui aurait très certainement dû choisir un avenir professionnel un peu moins dangereux.

Mais Eowyn n'en a que faire de ses supplications. Elle fait un geste d'avant en arrière, à plusieurs reprises, avec son bras. Les deux hommes se décollent puis sont réattirrés contre la cuve avec beaucoup de force. Suffisamment fort pour qu'à l'endroit où commence à apparaître des plaies sanguinolentes, leur front notamment, le verre de la cuve laisse apparaître des fissures. Eowyn pousse son bras un peu plus loin, au point de toucher le verre, envoyant les hommes encore plus loin eux aussi, et cette fois, les supplications sont doubles.

— Pitié !

Pas de pitié. Eowyn attire son bras à elle. Les deux hommes fusent à toute vitesse contre la cuve. Leur crâne se brise dans la même symphonie que la cuve et le bacta se déverse sur eux. Eowyn glisse avec, sortant enfin de son premier niveau de prison.

Le liquide gluant a recouvert la majeure partie du sol du laboratoire, se mélange au sang de ceux qui ont eu la mauvaise idée, pour l'Empire, de la mettre à l'intérieur et ne recouvre désormais plus que les pieds d'Eowyn au lieu de l'immerger toute entière. Elle arrache le respirateur pour enfin respirer de l'air moins pur en oxygène, moins asséchant, puis inspire profondément. Elle baisse le regard sur les deux cadavres à ses pieds. Elle n'est même pas triste de savoir qu'elle a tué des gens. Des gens mauvais.

— On récolte ce que l'on sème, espèce de tas de merde de Bantha.

Eowyn prend une nouvelle inspiration et ferme les yeux. Elle tente alors de reconstituer le plan qu'elle avait mis au point avant qu'on ne la plonge dans ses souvenirs. D'abord, aucune alarme de déclenchée. Cela veut dire que personne ne sait que je suis libre. Me trimballer en vêtements trempés de bacta suffira à attirer l'œil, il faut que je me change. Ensuite, je dois trouver la localisation de Grogu. Gideon a dit qu'il était dans l'aile est, mais je ne vais pas fouiller toutes les cellules, cela prendrait un temps fou. Je ne suis pas une professionnelle des logiciels impériaux, mais je devrais pouvoir fouiller dans leur registre de prisonniers. Elle regarde les deux hommes au sol et pose son regard sur leur cylindre d'identification. Elle s'en empare immédiatement et regarde les alentours une nouvelle fois. Elle voit plusieurs tenues blanches de techniciens scientifiques accrochées au mur. Enfin, une fois que je sais exactement dans quelle cellule il est, déguisée en scientifique, je me faufilerai jusqu'à lui. Il faudra que je le cache. Eowyn regarde une nouvelle fois autour d'elle mais ne trouve rien qui l'inspire suffisamment pour parfaire cette partie de son plan. Bon, j'aviserais quand j'y serais. Je feindrai de devoir l'emmener au laboratoire pour des analyses. Et une fois que je l'aurai, je n'aurai plus qu'à rejoindre le garage des vaisseaux. Il faudra que je trouve un autre vaisseau que les TIE car ils n'ont pas d'hyperdrive. Et je compte sur Grogu pour avoir une telle valeur à leurs yeux que l'Empire n'osera jamais nous détruire en plein vide.

Et si sur le chemin vers le hangar je me retrouve face à une force armée, je les tuerai tous. Jusqu'au dernier.

🪐

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top