87 - Obsession
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Le chemin du retour s'est avéré moins compliqué qu'imaginé. Eowyn avait vraiment envie de crasher le Razor Crest. Cela l'a suffisamment motivé pour la faire courir jusqu'au vaisseau. Din sur ses talons, il lui rappelait la direction à suivre quand elle déviait d'elle-même. Une fois, elle s'est lancée dans un sprint phénoménal qu'il a eu du mal à suivre. Il ignorait qu'elle avait cette endurance, et cette vitesse. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'il la voit faire ce genre de choses surprenantes. Il ignore bien si c'est lié à son sang Khaalist, même s'il ne leur a jamais entendu une résistance physique pareille, ou à autre chose. Tout ce qu'il en retient, c'est qu'ils sont revenus au vaisseau bien plus vite qu'à l'aller. Ils arrivent désormais sur leur plateforme d'herbe.
Soudain, Eowyn s'arrête devant l'appareil. Cherchant à prévenir plutôt qu'à guérir, Din la rattrape et se positionne entre elle et le vaisseau, au cas où son envie de le faire crasher ne se serait pas évaporée après sa course. Il pose ses mains sur ses épaules par prudence.
— Je t'en prie, ne crash pas le vaisseau. Nous n'aurons pas d'autre moyen de locomotion.
Lui qui s'était exalté de cette course entre les arbres, le visage de sa compagne fait bien vite redescendre cette frénésie.
— Tout va bien ? lui demande-t-il en constatant ses traits redevenus amorphes, comme après sa crise de larmes.
Son regard converge vers lui et ses yeux s'embuent. Le Mandalorien ne saurait dire si son changement brusque d'humeur est lié à son état d'esprit global de ces derniers jours ou si c'est l'alcool qui la rend triste. Puis elle vient l'enlacer, en croisant ses bras dans le dos de son sauveur.
— Je suis désolée, Din.
Il ne l'entend pas sangloter, pourtant ses larmes coulent le long du beskar.
— Pour quoi est-ce que tu t'excuses, cette fois ?
Eowyn ne répond pas tout de suite. Il décide alors de venir caresser sa tête de sa main gantée, espérant que ça l'aidera à se confier, à l'apaiser.
— C'est ma faute si on a dû faire escale.
Le chasseur de prime fronce les sourcils sous son casque et baisse le regard au moment où sa mécanicienne lève son regard larmoyant vers lui.
— J'étais dépitée à l'idée qu'on allait repousser l'inévitable, c'est-à-dire le départ de Grogu. J'essayais de m'apaiser quand j'ai souhaité que quelque chose nous empêche d'aboutir à notre mission. C'est là que le vaisseau a fait un bruit étrange et que nous sommes sortis d'hyperespace, explique-t-elle en se remettant à pleurer. Tout est ma faute.
Devant sa superstition, Din ne peut s'empêcher de compatir.
— Tu crois donc que le vaisseau s'est cassé parce que tu l'as souhaité ? lui demande-t-il en essayant de cacher son amusement. Ça ne marche pas comme ça, une mécanicienne de talent comme toi devrait le savoir.
Elle essuie ses larmes d'un revers de manche. L'alcool a beau fait ressortir les vérités, le Mandalorien n'arrive pas à l'envisager. Pourtant, c'est la vérité. Les boosters horizontaux s'étaient désengrenés de leurs prises suite au déséquilibre intérieur d'Eowyn. Mais cela, elle ne peut pas lui avouer. Car cela serait lui avouer lui avoir menti tout ce temps sur ce qu'elle est. Et elle n'a pas bu assez pour en venir à lui avouer cela ce soir. Un secret à la fois.
— Je suis désolée d'avoir outrepassé tes ordres sur Corvus. Et je suis désolée de t'avoir vexé avec mes paroles. Je sais que tu essaies de me protéger.
Elle n'essaie pas de se justifier, alors qu'il sait très bien qu'elle a son propre argumentaire.
— Mais ? l'invite-t-il à poursuivre.
— Pas de mais.
— Bien sûr que si, rétorque-t-il en abaissant la trappe du vaisseau. Allons nous asseoir pour en discuter.
— Je veux juste être certaine que tu ne me congédieras pas quand on trouvera un Jedi pour former Grogu, lui explique-t-elle en allant s'installer devant la couchette de Din.
— Je n'ai pas prévu de te congédier. Et cela ne doit pas t'empêcher de me parler franchement. Je ne suis pas parfait. Moi aussi je commets des erreurs.
Elle s'assied devant la couchette, souffle un coup et ferme les yeux. Sa tête tourne, elle se sent fatiguée. La bière de Dob ne m'a jamais fait cet effet.
— On s'en fiche de ce que je pense.
— C'est faux, rétorque-t-il une nouvelle fois. J'aime connaître ton avis.
Elle rouvre les yeux. Din vacille un peu devant ses yeux mais ça n'a rien à voir avec un manque d'équilibre de sa part. Elle voit Grogu sortir de son sac en bandoulière pour rejoindre la couchette. Il s'allonge à même le drap sur lequel dort Din et ferme les yeux. Cette journée l'a épuisé.
— Me fais-tu confiance, Wynnie ?
Il attrape son menton qui fixe Grogu et oriente son attention sur lui. Son casque est tout près de son visage. Sans lui, elle pourrait sentir son souffle sur son visage.
— Je donnerais ma vie pour toi, Din Djarin, lui annonce-t-elle avec sincérité.
Surpris par cette réponse qui n'est ni un « oui » ni un « non », elle surenchaine :
— Je veux juste que... tu arrêtes de me considérer comme une enfant. Je suis peut-être jeune, plus jeune que toi pour sûr, mais je suis loin d'être une gamine. Et je sais que tu le sais.
Eowyn commence à avoir chaud. Le froid extérieur n'inhibe plus le catabolisme de son corps et elle a chaud.
— Je sais que tu n'es pas une enfant mais...
— Non, pas de mais.
Elle qui ne voulait plus parler, elle a finalement des choses à dire. Elle pose sa main sur le beskar qui protège sa poitrine et le pousse en arrière. Il tombe sur ses coudes au moment où la jeune femme se lève et se positionne au-dessus de lui, un peu chancelante. Se savoir avoir le dessus sur lui la satisfait, lui qui ne la traite pas en égale. Pas complètement. Et cette chaleur dans son corps. Ras-le-bol de cette injustice.
— Que fais-tu ?
— Tu me rend dingue, lui révèle-t-elle en articulant chaque syllabe, avec ton casque, foutu Mandalorien.
— Eowyn, non, la prévient-elle en tentant de reculer en glissant sur le sol.
— Je ne te l'enlèverais pas, rassure-toi, lui assure-t-elle en fermant la couchette où Grogu dort avant de s'asseoir en tailleur devant lui, pas en ayant les yeux ouverts.
La jeune femme attrape l'un des bandeaux de sa robe, suffisamment épais, et l'en arrache, laissant un petit trou dans sa tunique rose au niveau de sa clavicule. Dès lors, elle positionne le bandeau sur ses yeux et le noue maladroitement autour de sa tête.
— Offre-moi la possibilité de voir ton visage, l'implore-t-elle presque en venant poser ses mains de chaque côté de son casque, de me l'imaginer au moins.
À son grand étonnement, il ne cherche pas à l'en dissuader quand elle soulève son casque. Cette simple action a le don de déboussoler l'Ongarthienne qui pensait qu'il ferait tout pour l'en empêcher. Le casque lui échappe des mains et le contact du beskar avec le sol fait bruir un bref écho qui lui arrache un frisson.
Elle reste un instant dans le noir, ses yeux fermés malgré le bandeau sur ses yeux. Ses mains se mettent à trembler, bien que ce soit dur de faire la différence entre l'alcool et l'émotion, probablement un peu des deux.
— C'est donc ce qui te dérange le plus, constate Din d'une voix qui lui semble si étrangère malgré la simple absence d'interface entre ce qui sort de sa bouche et ce qui arrive à ses oreilles.
— Ça m'obsède, lui avoue-t-elle en sentant l'émotion la prendre à nouveau.
Elle avance sa main vers lui, ou tout du moins elle a l'impression d'aller dans sa direction, espérant poser sa paume sur sa joue afin d'en deviner les traits. Din attrape sa main et l'oriente un peu plus vers sa droite à elle. Elle entend ses bottes crisser contre le sol en métal puis sa main touche une peau. Une peau piquante.
— Es-tu humain ? demande-t-elle.
— Je le suis.
Elle vient poser sa deuxième main sur son autre joue et commence à tâtonner son visage. Ses pommettes, son nez, le contour de ses yeux, son menton. Elle n'ose pas s'aventurer sur ses lèvres.
— Quel âge as-tu ?
Elle l'entend rire, un rire à la fois identique et différent de quand il rit avec son casque.
— Je vais te laisser avec tes préjugés, cette fois-ci.
Elle fronce les sourcils sous son bandeau.
— Tu sais que je sais compter hein ? lui rappelle-t-elle, indisposée à accepter cela comme réponse. Tu as dit avoir vécu la Guerre des Clones quand tu étais enfant, donc tu as un minimum de trente-cinq ans. Mais je sais que tu es plus vieux.
— Alors tu resteras dans l'incertitude, lui assure-t-il en venant à son tour poser ses mains gantées sur ses joues.
Un nouveau frisson la parcourt.
— Ta curiosité est-elle assouvie ?
Son cœur tambourine fortement dans sa poitrine.
— Non.
Elle se penche un peu plus en avant, comptant sur sa proprioception pour trouver un endroit précis sur son visage. Ses lèvres. Mais les choses ne se passent pas comme prévu. En fait, elle ouvre les yeux. Elle est couchée sur la couchette de Din, Grogu dort à côté d'elle. Le mal de crâne est acerbe et ses souvenirs flous. Elle ne saurait dire si les choses se sont passées ainsi ou si tout ne s'est joué que dans sa tête.
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Hellooooo !
Aujourd'hui, je m'adresse à vous en dehors des commentaires car je suis à la fois fière et insatisfaite de ce chapitre. Je le trouve vachement bien MAIS j'ai l'impression qu'il manque un truc ou qu'il y a un truc en trop ! Je n'arrive absolument pas à mettre la main dessus et c'est très frustrant car j'aimerais vraiment qu'il ne me laisse pas un goût d'inachevé (je sais que la perfection n'existe pas...).
Aujourd'hui, j'ai sincèrement besoin de votre avis, qu'il soit positif ou négatif !
Merci par avance !
Eléa <3
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