78 - La lutte
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Le chemin du retour vers la ville ne fut pas silencieux comme Eowyn l'aurait préjugé malgré la tension palpable quand Din a lancé son chantage. Le Mandalorien et la Jedi ont discuté de la puissance de feu de la magistrate et d'un plan pour les prendre à revers. Et après avoir déposé Grogu au Razor Crest, par peur que les représailles des impériaux déchus ne le mettent en danger, Eowyn marche derrière eux, pensive.
Leur objectif premier est de remettre Grogu à un Jedi, mais Ahsoka n'était pas décidé à l'accepter. Elle a des raisons louables de refuser. Et elle avait aussi des raisons louables d'accepter le chantage de Din, ayant très clairement besoin d'aide pour faire tomber la magistrate et sauver ce village. D'après Ahsoka, c'est une ancienne impériale qui a détruit des dizaines de mondes quand l'Empire était au pouvoir. Eowyn l'avait deviné, il n'y a que les impériaux pour être aussi monstrueux avec leur peuple. Le problème est le suivant : Ahsoka acceptera-t-elle réellement d'entrainer Grogu une fois le village délivré ? Din a raison sur un point : ni lui ni elle ne vivra assez longtemps pour le protéger, si tant est qu'il ne la repousse pas le jour où elle lui avouera ce qu'elle est. Vont-ils repartir de cette planète avec ou sans sa petite grenouille ? Eowyn n'a pas le temps de se poser plus de questions que le crépuscule montre le bout de son nez au moment où ils atteignent les berges de la forêt entourant la forteresse.
— Vous libérerez les prisonniers à l'entrée de la villa pendant que je m'occuperais des gardes et des droïdes assassins, annonce Ahsoka alors que les murs anguleux de la ville s'aperçoivent à peine à travers la brume. Ensuite, j'irais destituer la magistrate.
Devant l'absence de suite d'instructions et de réponses à ces dernières, Eowyn hoche la tête. Elle a un regard pour Din qui semble déjà l'observer, bien que toujours incertaine qu'il la regarde réellement avec ce casque. Ce dernier vient poser une main sur son épaule.
— Je sais que tu sais te battre, mais reste près de moi. Ils ont des blasters.
Nouveau hochement de tête d'Eowyn. Elle a l'air à mille lieues de ce qui va se produire, comme embrumée par tout ce qu'elle a appris de la Force et d'Ahsoka. Elle baisse les yeux sur la hanche gauche de son compagnon de voyage où Grogu n'est pas installé dans son sac en bandoulière. Il faut qu'il soit formé, même si c'est pour mieux se cacher. Je n'aurais jamais survécu sans l'enseignement de Pylar.
— Tout va bien ? lui demande-t-il en se rapprochant.
Revenant à elle, elle lève son regard vers Din puis sourit instinctivement, sans pouvoir cacher sa fatigue psychologique.
— Oui. On a encore un travail à finir.
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Voler est probablement une des sensations qu'Eowyn avait le plus envie de connaître. Et maintenant que Din a mis en route son jetpack et la tient fermement par les hanches pendant qu'ils survolent les habitations pour rejoindre l'entrée de la villa, à environ quatre mètres du sol, elle se dit que c'est une sensation bien singulière qui serait sûrement plus agréable dans un contexte différent.
Au moment où ils atterrissent, Ahsoka a tenu sa promesse. Ni gardes ni droïdes ne sont là pour les empêcher de libérer les pauvres villageois. Mais c'est sans compter sur la clairvoyance des impériaux. Cinq gardes armés, probablement gardés en réserve, sortent de la seconde forteresse qui entoure la villa. Din sort son blaster et attrape la veste d'Eowyn pour se positionner devant elle.
— Reste derrière moi, lui ordonne-t-il alors que les tirs de blasters ricochent sur son beskar.
— Sûrement pas, s'agace Eowyn en se dégageant de sa poigne pour courir dans le tas.
— Eowyn, non !
Ayant eu un flash de son slalomme victorieux entre les tirs quelques millisecondes auparavant, elle les évite sans aucune difficulté, évitant par la même occasion ceux que Din tir lui aussi. Elle plonge sa main dans la poche interne de sa veste et déplie son couteau papillon en un rien de temps. Quand elle atteint le premier garde, elle effectue un saut avant de venir joindre ses pieds pour lui frapper en pleine poitrine, le projetant contre le mur avec suffisamment de force pour que son traumatisme crânien lui fasse perdre conscience. Bien vite, un blaster se pointe dans sa direction pendant que les autres sont concentrés sur l'homme en beskar qui ne tombe pas sous les tirs. Avant même que le garde ait pu appuyer sur la gâchette, elle attrape le bout du canon sur le côté et vient sectionner le doigt poser sur la détente. Le crie robotisé du garde cagoulé l'aurait fait rire tant il est ridicule, mais Eowyn est trop occupée à lui balancer son pied dans la tête pour s'octroyer un moment de plaisanterie.
Un troisième garde s'écroule quand il reçoit un tir du blaster de Din en pleine poitrine au même moment où Eowyn plante son couteau papillon dans les cervicales d'un quatrième. Le cinquième - constatant que si cinq d'entre eux n'ont pas réussi à tuer les deux acolytes, lui seul n'y arrivera pas non plus - prend ses jambes à son cou en se faufilant entre les maisons des villageois tapis chez eux.
— Eowyn ! tonne Din qui se rapproche d'elle avec une démarche emplie de colère. Tu as perdu la tête ?!
— Ce n'est pas le moment, Din. Libérons ces pauvres gens.
Avant même qu'il n'ait le temps de contester ou de continuer son sermon, Eowyn se dirige vers le poteau de l'homme qui l'a imploré la veille, alors qu'ils venaient d'arriver sur cette planète de malheur.
— Tu aurais pu te faire tuer, lui rappelle-t-il en aidant le pauvre homme à descendre de sa plateforme.
— Ce n'est pas le cas.
— Mais ça aurait pu être le cas.
— Mais ce n'est pas le cas ! s'exclame Eowyn sans pouvoir cacher son agacement. Je ne suis pas sans défense comme Grogu, Din. J'ai survécu sans toi pendant vingt-trois ans, au milieu de truands qui ont tenté d'abuser de moi ou de me tabasser. Je suis toujours debout.
Le silence qui prend place laisse flotter une atmosphère difficile à décrire, comme ambivalente. Din n'ignore pas les conditions de vie rudes sur Ongarth, mais il ne s'attendait pas pour autant à ce qu'elles aient été aussi difficiles pour sa seconde protégée. Elle avait beau être esclave, exploitée et maltraitée, le Cloddogran cupide qui lui servait d'esclavagiste savait protéger sa poule aux oeufs d'or. Pas complètement, il faut croire.
Bien vite, son altercation avec les Pykes, après son dernier combat contre leur Dowutin, s'impose à elle. Comment ils ont cassé sa jambe et ont transpercé son thorax avec un harpon. Si le Mandalorien n'était pas intervenu, elle serait morte. Mais elle décide d'ignorer ce souvenir, n'étant ni le lieu ni le moment pour s'excuser de ses paroles dont elle ignore si elles sont vexantes pour Din à cause de ce foutu casque, et à quel point elles le sont.
Une fois tous les habitants libérés de leurs entraves, le villageois qui les a mis en garde à leur arrivée dans la ville se joint à eux pour les remercier d'un hochement de tête. Eowyn regarde Din accepter une poignée de main bien que son casque soit tourné vers elle. J'ai merdé, encore une fois. Il pense devoir me protéger car je lui cache pourquoi je suis capable de me défendre.
Soudain, une brise légère soulève ses cheveux, provenant de sa droite.
— Attention derrière vous ! crie le villageois.
Din se retourne à la vitesse de la lumière. Difficile d'être aussi rapide pour un être vivant, sauf pour Eowyn. À peine avait-elle senti cette brise qu'elle avait déplié son couteau et l'avait déjà lancé dans la direction du souffle, sans même voir une quelconque cible. Apparaît alors la tête d'un droïde assassin, sur le toit d'une habitation derrière Din. Le tir de son blaster passe au-dessus de la tête du robot car la lame d'Eowyn y est déjà encastrée et l'a désactivé.
Tous surpris par cette rapidité, les villageois se tournent vers elle avec des visages impressionnés. Sauf celui de Din qui est encore et toujours caché par son casque. L'homme vient alors serrer la main d'Eowyn, à son tour.
— Merci énormément, madame.
Les autres villageois suivent leur aîné, viennent l'entourer pour la remercier, la bénir, louer sa force et sa bonté. Leurs mains viennent serrer les siennes, toucher ses épaules, son dos. L'impression est étrange pour Eowyn, pas désagréable mais étrange. Et ce n'est pas le visage toujours caché du Mandalorien, tiré par l'inquiétude, qui n'enlèvera à sa compagne de voyage sa première victoire personnelle sur ce qu'il reste de l'Empire.
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