67 - Nevarro

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L'arrivée sur Nevarro a pas mal secoué le Razor Crest. Elle ignore bien si c'est lié à une atmosphère particulière ou une gravité différente, mais le vaisseau a fait un tintamarre, comme on en entend rarement, dès qu'il a entamé sa descente dans l'exosphère. L'atterrissage à l'entrée de la ville s'est fait autant en douceur qu'il était possible de le faire, toute la carlingue vibrant sous le joug d'un moteur qui a été noyé. Et pour appuyer le manque de moyens du mécanicien de Trask, la trappe arrière ne s'ouvre qu'en parallèle du sol. Eowyn et Din, ce dernier tenant l'enfant dans ses bras, s'échangent un regard. Un regard malheureux pour Eowyn, même si elle devine bien la lassitude de son compagnon de voyage. Ils sont obligés de se laisser tomber depuis la trappe pour rejoindre la terre ferme.

— Eh bien, il semblerait que quelqu'un ait besoin de réparations, constate un homme à la peau noire et à la barbe blanche.

Il est accompagné d'une femme brune, sacrément musclée. Ils se rapprochent des nouveaux venus avec un sourire agréable. Din et l'homme se saluent, s'attrapent l'avant-bras avec un enjouement contenu.

— Est-ce que j'ai encore du crédit ici ? les interroge-t-il.

— Oh, je crois qu'on peut te faire confiance. Pas vrai marshal ?

— Oui, ça devrait pouvoir s'arranger, se moque la femme avec un sourire.

Eowyn est restée en retrait et ne sait pas bien où se mettre. Elle n'a pourtant jamais eu de problème pour être avenante, surtout sur Ongarth. Même avec Din, quand il est arrivé à Vogartha, elle n'a eu aucun problème à faire ses blagues à deux balles et à lui parler comme elle le ferait avec n'importe qui de son entourage. Ici, c'est le terrain du Mandalorien. Il connaît du monde sur cette planète, ce qui est loin d'être son cas. Eowyn connaît l'histoire de Din sur cette terre volcanique, comment il a récupéré l'enfant et rien de plus. Elle ne sait pas à quel moment elle doit se présenter.

Comme s'il lisait dans ses pensées, Din tourne sa visière vers elle.

— Je vous présente Eowyn. Elle voyage avec nous depuis peu.

— Bienvenue à Nevarro City, jeune fille, l'accueille l'homme habillé d'une longue tunique surmonté d'un élégant et long manteau. Je suis Greef Karga, et voici la marshal Cara Dune.

Elle serre la main des deux amis de Din avec un sourire.

— Ravie de vous connaître.

— Je vais confier ton vaisseau à mes meilleurs techniciens, ne t'en fait pas.

Eowyn fronce les sourcils quand il appelle deux mécaniciens travaillant déjà sur quelque chose.

— Réparez le vaisseau de cet homme. Je veux qu'il soit comme neuf.

— Ce ne sera pas nécessaire, s'interpose la jeune femme avec un sourire navré. Din m'a engagé pour réparer son vaisseau, je suis tout à fait compétente, j'ai juste besoin de moyens.

— Que dis-tu ? demande Greef qui lance un regard frustré au casqué en secouant la tête. Hors de question, tu vas venir déjeuner avec nous.

Wynnie hausse les sourcils de surprise. Elle est d'autant plus grande que Din ne réagit pas à l'ordre qu'il vient de lui donner. L'homme bien heureux vient prendre dans ses bras le petit qui gazouille avec plaisir. Cara Dune sourit toujours autant. Eowyn en est assez perturbée. Pourquoi tout le monde semble heureux ?

— Il a raison, Wynnie, ajoute son compagnon de voyage en entourant ses épaules avec son bras. Je pense qu'on a bien mérité un déjeuner. Tu es libre avant tout, ne l'oublie pas.

— C'est la marshal qui offre le repas, annonce joyeusement Greef en sautillant presque en direction de l'allée centrale de la ville.

Le bras de Din effectue une petite pression sur ses épaules pour l'inviter à avancer, et ce qu'elle constate la laisse totalement bouche bée. Les rues sont vivantes, et pas simplement parce que c'est une rue de commerce. Les gens sourient, ils discutent sans se hurler dessus ou se battre. Personne n'est ivre. On est bien loin de ce qu'elle a connu sur Ongarth. Les gens sont heureux, pas comme sur Trask où la racaille sévit. Personne n'a peur, ils ne craignent rien. Pas comme à Mos Pelgo. Cela est trop nouveau pour Eowyn, elle n'arrive même pas à se réjouir pour eux tant c'est... trop beau pour être vrai ?

— Cette ville... tout le monde est heureux, ne peut s'empêcher de dire la mécanicienne.

— En effet, reprend Greef en caressant la tête de l'enfant, je me suis plongée dans les tâches administratives et la marshal Dune s'est chargée de faire le ménage dans toute la ville. Il n'y a plus aucune raison d'avoir peur ou de mendier de la nourriture ou de l'argent dans les rues. Nevarro est sauve.

Le groupe pénètre dans la cantina de la ville et ils prennent un table pour quatre. Il n'y a pas grand monde, probablement sont-ils tous dehors à flâner dans les rues. Greef continue de chouchouter l'enfant comme un père gaga au moment où les assiettes sont servies. L'odeur était déjà alléchante, mais le goût et la texture en bouche ont tôt fait de faire plier les dernières réticences d'Eowyn.

— Est-ce qu'on peut rester sur cette planète ? demande-t-elle finalement, gémissant presque devant la bonne nourriture qu'elle n'a pas mangé depuis son dernier repas servi par Dob.

Din lâche un rire qui devient vite contagieux. Je pourrais vivre ici.

— Comment as-tu fini par voyager avec cette tête de mule ? l'interroge ensuite la marshal.

— Din m'a affranchi, se contente-t-elle de répondre en enfournant une nouvelle bouchée de son repas. Il m'a proposé d'être la mécanicienne du Razor Crest.

Dune offre un regard interrogateur au Mandalorien sans qu'Eowyn ne s'en rende compte, le casqué lui fait un signe de tête insinuant que c'est une longue histoire.

— Tu as pourtant l'air de ne pas avoir mangé depuis un moment, constate Greef Karga avant de se lancer dans une boutade. Est-ce que tu la traites bien au moins ?

Piquée avant même que Din ne le soit, elle relève brusquement la tête et se dépêche d'avaler sa bouchée.

— Il m'a sauvé la vie et me traite merveilleusement bien.

Son regard est noir pour l'homme qui tient l'enfant. Karga s'arrête dans son chouchoutage, son expression étant devenue bien moins fanfaronne. Din est obligé de poser une main sur son épaule.

— Tout va bien, Eowyn. Greef me taquine juste.

On taquine quand on sait de quoi on parle, aurait-elle voulu ajouter. Mais ne voulant pas gâcher davantage l'ambiance, cela semble être devenu une habitude pour elle maintenant, elle décide de baisser son regard sur son repas qui ne lui semble plus aussi appétissant.

— Je suis désolé si je t'ai vexé.

Elle repousse doucement son assiette et s'enfonce dans son siège en espérant disparaître. Il me présente ses amis et je donne l'impression d'être une gamine susceptible, c'est pathétique.

— Je suis désolée d'avoir réagi comme ça.

— Ne t'excuse pas. Tu as dû vivre suffisamment de choses horribles pour protéger celui qui t'a affranchi. Je peux comprendre ça.

— Je pense avoir quelqu'un chose pour te remonter le moral, jeune fille, annonce la marshal avec un énième sourire radieux.

Intriguée, elle fait passer son regard sur chacune des personnes présentes à sa table. Greef a retrouvé sa bonne humeur et Din... et bien c'est Din.

— Vous avez des larmes de Tiga ? demande Wynnie en espérant presque que cela soit ça.

— C'est mieux que de la nourriture, ajoute Greef en ayant compris ce que compte faire la marshal.

Eowyn fronce les sourcils. Qui a-t-il de mieux que de la nourriture ? Cara Dune se lève et les invite tous à la suivre.

— J'imagine que tu n'as jamais été à l'école ?

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