60 - Bo-Katan

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Eowyn n'arrive pas à croire à ce qui se passe. Elle est assise à la même table que Bo-Katan, la célèbre guerrière Mandalorienne qui a sauvé sa planète des Sith qui s'étaient emparés du pouvoir. Elle se rappelle que Belokwa a parlé de cet évènement, quand elle est arrivée avec Din pour lui demander des informations sur les siens. Eowyn a entendu plusieurs histoires au sujet de cette femme, plusieurs avis tranchés sur son cas. Elle doit lutter de toutes ses forces pour ne pas lui poser un milliard de questions au moment où leurs boissons sont servies.

La jeune femme ne cesse de dévisager cette légende. Qui aurait cru que je rencontrerais un membre important de la Guerre des Clones, et pas simplement l'intermédiaire d'un intermédiaire. Elle a d'ailleurs toujours rêvé de rencontrer un vrai Clone. Malheureusement, ils sont tous morts depuis des années à cause de leur cycle de croissance accéléré. En réalité, elle n'a qu'une seule question dans sa liste qui mérite une réponse.

— Pourquoi me regardes-tu de cette manière ? l'interroge la fameuse Bo-Katan, ses cheveux roux retenus par un bandeau gris.

Eowyn sent tous les regards sur elle et commence à se sentir mal à l'aise. Il faut que je saisisse ma chance.

— J'ai entendu des histoires sur vous, dont une dont vous partager la tête d'affiche avec une connaissance commune. Sabine Wren.

Le regard de Bo-Katan s'illumine.

— Tu connais Sabine ?

Eowyn hoche la tête.

— Je l'ai rencontré avant la chute de l'Empire, avant même la Bataille de Yavin. Son vaisseau s'est craché sur ma planète. Elle travaillait pour la Rébellion avec un Jedi. Ezra Bridger.

— Je connais Ezra.

— Je... Je voulais savoir si vous les aviez vu, dernièrement ? Je n'ai plus de nouvelles d'eux depuis... très longtemps.

Elle sent Din s'agiter sur son siège. Il a reconnu le nom d'Ezra. La rousse secoue la tête d'un air désolé.

— Moi non plus, je n'ai plus de nouvelles d'eux depuis un moment. Je suis désolée.

Eowyn hoche la tête avec déception. Qui ne tente rien n'a rien. Elle se plonge dans ses pensées. Elle n'avait pas repensé à cette équipe de rebelles depuis qu'elle a reçu le dernier message de Garazeb. Ce dernier message qui laissait entendre qu'elle ne reverrait jamais Ezra, et avait aussi peu de chance de revoir Zeb ou Sabine. La galaxie est tellement vaste. Sans coordonnées pour communiquer, quelles sont les chances qu'elle les retrouve ? Maintenant qu'elle a quitté Ongarth, qu'est-ce qui la retient de les chercher ? D'essayer de savoir si Ezra a survécu à son plan pour sauver Lothal ?

— Tu étais très attachée à eux ? la questionne soudainement la seconde Mandalorienne en face d'elle.

Eowyn croise alors le regard de limbe de la jeune femme présentant deux tresses qui se croisent sur son front. Son regard est compatissant.

— Plus que je ne le devrais, je le crains.

— Je peux peut-être t'aider à penser à autre chose, lui sourit-elle avec beaucoup de charme sans qu'Eowyn y comprenne les allusions, si vous restez un peu dans le coin.

— Koska, ce n'est pas le moment, la sermonne l'homme du groupe qui a une cicatrice sous son oeil droit.

Ladite Koska lève les yeux au ciel.

— Si on ne peut même plus s'amuser.

— Il a raison, intervient Bo-Katan, nous avons à faire. Ce verre n'est pas qu'un verre de courtoisie.

Elle se tourne vers Din pendant qu'Eowyn dévisage Koska qui la regarde avec beaucoup d'intensité.

— Trask est une base de marché noir, reprend la guerrière. Ils stockent des armes qui ont été volés et revendus par les pilleurs de Mandalore. Mais nous saisissons ces armes et nous nous en servons pour reconquérir notre monde. Quand ce sera fait, nous mettrons un nouveau Mandalorien sur le trône.

— Cette planète est maudite, répond Din. Tous ceux qui y vont meurent. Quand l'Empire a renoncé à la contrôler, il a empêché les autres de le faire.

— Ne croit pas tout ce que tu entends. Nos ennemis veulent nous diviser, mais les Mandaloriens sont plus forts ensemble.

Eowyn fronce les sourcils aux mots de Bo-Katan.

— Comment ? demande-t-elle finalement.

Tous les regards convergent vers elle.

— Comment quoi ?

— Comment vous pourriez être plus forts ensemble alors que mon ami, ici présent, pense que vous êtes des usurpateurs car vous avez enlevé votre masque ?

La confusion s'installe à la table. Eowyn commence à se sentir bête de mettre la pagaille entre eux, mais la vérité est tout ce qui compte. S'ils ne sont pas capables de se reconnaître entre eux, comment pourraient-ils combattre côte à côte et se considérer comme un peuple uni ?

— Je sais que la Purge vous a divisé, que vous avez dû vous cacher. Je comprends que vous souhaitiez reconquérir votre planète, celle que l'Empire vous a injustement fait déserter. Mais... Comment est-ce que vous pourriez y arriver alors que le credo est différent entre les diverses factions de votre peuple ? J'ignore si le système de maison et de clan existe toujours aujourd'hui, mais c'était déjà voué à l'échec. Un peuple divisé en maison et en clan, même s'il se clame haut et fort Mandalorien, reste un peuple divisé.

Le second Mandalorien prend la parole, un peu échauffé par celles d'Eowyn.

— Ce sont nos traditions qui le veulent, jeune fille. Te crois-tu donc supérieure, à parler de choses dont tu ne sais visiblement rien ?

Eowyn se raidit. Elle sait qu'elle a touché une corde sensible, très sensible. Elle essaie du plus profond de son être de ne pas porter de jugement sur ce peuple et leurs coutumes, mais plus elle en apprend sur les Mandaloriens, plus elle réalise qu'ils ont une vision archaïque des choses. L'ancienne Duchesse de Mandalore durant la Guerre des Clones, Satine Kryze, et soeur de Bo-Katan, l'avait très bien compris. Mais quand des idéaux pareils sont aussi profondément ancrés dans les moeurs, cela n'est pas étonnant que la guerre civile ait éclaté sur Mandalore à la même période.

— Je ne suis pas et ne me sens pas supérieure, je relate simplement des faits, se défend-elle, prête à soutenir sa vision comme eux-mêmes le font. Mandalore est entrée en guerre civile alors qu'une guerre galactique faisait rage à l'extérieur de votre planète. Vous étiez censé être un pays neutre mais vous vous êtes écorchés entre vous comme des bêtes sauvages, tout ça parce que certains d'entre vous cherchaient à être pacifistes et à s'éloigner des pratiques guerrières violentes de vos fameuses traditions. Vous n'êtes même pas capables de respecter les différentes convictions de chacun au sein de votre peuple, comment pourriez-vous vous entendre à nouveau une fois Mandalore reconquit ? Tout le monde n'est pas né pour faire la guerre, et tout le monde n'a pas envie de la faire. Vous êtes à l'origine de votre propre extinction.

— Comment est-ce que tu sais tout ça ? l'interroge Din qui est aussi impressionné que gêné par toutes les connaissances qu'elle a de son peuple.

— Ça suffit ! s'agace l'homme en se levant de table promptement. Je ne laisserais pas une gamine née après l'avènement de l'Empire m'expliquer une guerre à laquelle j'ai participé.

Face au manque de bonne foi de ce Mandalorien, elle comprend qu'il est inutile de continuer à argumenter, de la même manière qu'il est impossible de le faire avec Din. Ce sont vraiment tous les mêmes.

— Une réaction aussi violente à de simples explications véridiques ne fait que prouver que j'ai raison, ne peut s'empêcher d'ajouter la mécanicienne dont le regard croise celui amusé de Koska.

— Eowyn, arrête.

Elle tourne sa tête vers Din. Son casque ne saurait lui montrer autre chose que de la neutralité, elle ne peut donc pas se baser sur les traits de son visage pour savoir s'il est en colère ou embarrassé.

— Ax, va faire un tour, lui ordonne Bo-Katan alors que Koska lâche un petit rire.

— Je l'adore, s'exclame la jeune femme en avalant son bol de chaudrée.

Ledit Ax piétinne le sol de mécontentement puis se dirige vers l'extérieur de la cantina. Eowyn fait glisser son regard sur Bo-Katan. Elle a un rictus.

— Tu parles comme une politicienne.

Eowyn lève un regard. Elle est piquée dans son ego.

— Si les politiciens avaient ne serait-ce qu'un dixième de mon honnêteté, le monde serait sûrement moins pourri.

— Sûrement. Maintenant, est-ce qu'on peut reprendre notre discussion loin des accusations et des jugements ?

Impressionnée par le calme de la célèbre Dame Bo-Katan, elle comprend pourquoi c'est elle qui a été à la tête de Mandalore aussi longtemps.

— Nous aimerions que vous nous aidiez, ou tout du moins toi, continue-t-elle avant de s'adresser à Eowyn. Nous ne te forcerons pas à nous suivre, bien évidemment. Mandalore est notre mère-patrie.

Le sauveur d'Eowyn baisse son regard sur l'enfant qui a assisté à la conversation sans broncher.

— Ça ne fait pas partie de nos plans. On m'a chargé de remettre cet enfant aux Jedi.

Bo-Katan a une brève contraction des traits de son visage avant de sourire, amusée.

— Qu'est-ce que tu sais des Jedi ?

— Eowyn m'a raconté quelques choses sur leurs comptes. Elle connaît deux Jedi mais aucun ne peut nous aider.

— Et pourquoi ça ?

Eowyn soupire en revoyant le visage d'Ezra et Pylar dans ses souvenirs.

— Ezra a disparu après la libération de Lothal, et le second Jedi est mort devant mes yeux.

Bo-Katan la dévisage, comme si elle essayait de la sonder.

— J'espérais que tu m'aiderais, au nom du credo.

La rousse échange un regard avec Koska. Aucune des deux ne laisse rien transparaître. Finalement, Bo-Katan répond :

— Il y en a un que je peux te présenter, mais il faut que tu nous aides à remplir une mission.

Eowyn fronce les sourcils.

— Quelle mission ?

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