31 - La Voie de Mandalore

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La première chose qui a émerveillé la jeune femme nouvellement libre quand elle a pu quitter Ongarth, c'est d'enfin avoir la possibilité de voir l'espace. Ce vide intersidéral parsemé de points lumineux. Eowyn n'en a été que plus ennivrée quand elle a pu constater que c'est à cela que ressemble la Force quand elle arrive à se la visualiser. Parce que la Force a beau être quelque chose d'invisible à l'oeil, ce n'est pas pour autant que chacun ne s'en fait pas sa propre allégorie. Et quand le Mandalorien a lancé l'hyperpropulsion du Razor Crest, ressentir toute cette vitesse au sein du camaïeu de bleu des couloirs de l'hyperespace a été la cerise sur le gâteau. Jamais elle n'avait vu pareille splendeur.

— Ferme la bouche, tu vas gober des mouches, lui conseille Din en la regardant contempler l'hyperespace.

— C'est absolument magnifique, se contente-t-elle de répondre en ignorant sa pique. Je suis prête à gober des mouches pour pouvoir continuer à regarder.

— Ce ne sera pas nécessaire, ricane-t-il en appuyant sur un bouton de son tableau de bord puis de quitter son siège. On en a pour plus de dix heures de trajet, tu as faim ?

Eowyn doit y mettre une certaine volonté pour détourner le regard de l'hyperespace. Quand ses yeux tombent sur le Mandalorien qui lui tend la main, elle la prend, lui permettant de s'appuyer sur son pied valide.

— En effet, j'ai un petit creux.

— Je vais t'aider à descendre.

Les deux adultes arrivent en haut de l'échelle menant au cockpit, l'enfant qui est en bas les regarde en gazouillant. Il tend les bras vers le haut, leur faisant comprendre qu'il aimerait les rejoindre. Eowyn descend en première, tenant la main de Din afin d'avoir toujours un point d'accroche au cas où elle raterait une marche avec son pied dans le plâtre. Le Mandalorien la rejoint dans les secondes qui suivent.

Les trois voyageurs s'installent sur des caisses en métal à même la passerelle inférieure du vaisseau. Eowyn garde sa jambe plâtrée étendue et grignote alors quelques tranches de bacons de cochon globe. Le petit vert lui déguste une sorte de bouillasse qui fait grimacer Eowyn au moment où il l'avale.

Le repas est silencieux. Son sauveur se contente de vérifier les armes dissimulées dans ses gantelets.

— Tu ne manges pas avec nous ?

Il relève la tête avant de la secouer.

— Je mangerais plus tard.

— Pourquoi repousser à plus tard ce qu'on peut faire maintenant ?

Sa visière la cible, elle sait qu'il la regarde.

— Je ne peux pas enlever mon casque.

Eowyn fronce les sourcils.

— Pourquoi ?

— C'est ce que veut le credo.

Elle fronce d'autant plus les sourcils avant d'arracher un morceau de son bacon avec ses dents. À bien y réfléchir, il est vrai que la jeune affranchie ne l'a jamais vu enlever son casque, pas même à la Triade alors que la chaleur a dû le faire suer à grosses gouttes. Ce qu'elle ne comprend pas, c'est pourquoi accepte-t-il de s'infliger une telle restriction. Avoir des principes est tout ce qu'il y a de respectable, Eowyn le comprend probablement mieux que personne, mais de là à s'imposer quelque chose qui induit des restrictions sociales, de par l'absence d'appréhension des réactions du visage, elle ne peut que se demander l'intérêt. Est-ce pour pouvoir mieux passer inaperçu le jour où tout le monde se ligue contre lui, afin que l'ignorance des traits de son visage lui permet d'enlever son casque pour mieux s'échapper ? Eowyn ne voit que cette raison qui pourrait pousser le Mandalorien à garder son casque en permanence. Comment fait-il s'il tombe amoureux et qu'il ne peut embrasser la personne qu'il aime ?

— Pose tes questions, je te sens bouillir, l'invite-t-il en essuyant la bouche du bambin qui vient de finir son repas.

— Pourquoi est-ce que le credo veut que tu gardes ton casque ? Belokwa ne portait pas son casque en permanence.

— Tu as dit qu'il avait abandonné le credo. C'est probablement pour ça qu'il ne le portait pas tout le temps.

Wynnie se met à réfléchir. En effet, Belokwa lui avait raconté qu'il l'avait abandonné, alors qu'il avait bu l'alcool le plus fort de la cantina.

— Mais je connais une Mandalorienne qui ne mettait pas son casque tout le temps non plus.

— Tu connais une Mandalorienne ? l'interroge Din Djarin avec une voix qui trahit de la surprise.

Eowyn réalise alors ce qu'elle vient de dire et se fige. Elle s'empresse de se justifier.

— Je connaissais... je n'ai plus de nouvelle depuis plus de dix ans. Je ne sais pas où elle est et je ne sais pas comment la contacter, essaie-t-elle de se défendre. Je l'aurais contacté elle, et non Tikala, si j'avais pu. Je le jure.

L'homme en armure soupire.

— Je te crois. Ça commence simplement à être frustrant de savoir que tu connais plusieurs personnes que j'ai besoin de trouver, mais qu'elles soient aussi inaccessibles.

Eowyn baisse les yeux avec une mine désolée. Il est vrai que pour une ancienne esclave, elle connaît plutôt pas mal de Jedi et de Mandaloriens. La coïncidence avec les recherches de Din est assez troublante.

— Sabine ne m'aimait pas beaucoup, je crois. Mais elle avait une armure mandalorienne absolument magnifique. Pas aussi scintillante que la tienne, mais colorée à souhait. Peut-être que tu l'as déjà rencontré ?

— Je ne crois pas. Je me souviendrais d'une armure pareille.

Eowyn hoche la tête en regardant dans le vide.

— Ça ne me dit toujours pas pourquoi elle ne mettait pas son casque constamment alors que toi, tu ne peux pas l'enlever.

Le Mandalorien s'assied à son tour sur une caisse en métal puis pose le petit sur ses cuisses.

— Je suis la Voie de Madalore, elle impose de toujours porter son armure en présence d'êtres vivants. Les Mandaloriens qui ne suivent pas ses directives ne sont que des marginaux. Ce ne sont pas de vrais Mandaloriens.

Elle lève son regard de l'enfant pour le poser sur le casque. Un casque qu'il n'enlèvera jamais. Wynnie ne sait pas quoi lui répondre pour le contredire. Sabine était une Mandalorienne de sang noble, appartenant à une maison puissante de Mandalore. Ezra lui a raconté tout ce qu'il savait de l'histoire de Sabine, à l'époque où ils ont séjourné sur Ongarth. Cela contraste énormément avec ce que lui dit son sauveur. Mais quoi que je dise, il est persuadé qu'il suit la bonne voie.

— Tu n'es pas convaincue, constate-t-il.

— Je pense surtout que je ne suis pas une Mandalorienne, que je ne connais pas votre culture autant que j'aimerais et que je n'ai aucun droit de juger ou de contester tes principes, bien que je ne les comprenne pas tout à fait. Outre ma curiosité à l'idée de savoir quel est le visage de l'homme qui m'a sauvé d'une vie d'esclavage, je trouve ça dommage de porter un casque sans relâche alors que tu pourrais profiter de la sensation du soleil sur ta peau ou de pouvoir sentir une caresse sur ta joue de l'adorable enfant que tu as dans les bras. Mais ce n'est que mon avis.

À ce moment-là, Eowyn aimerait voir son expression. S'il a été ému par ce qu'elle pense de sa tradition, s'il est exaspéré par son ignorance. Le fait qu'il ne lui réponde pas ne l'aide pas, au timbre de sa voix, à savoir ce qu'il pense. Elle a peur de l'avoir vexé pour avoir eu une opinion sur une coutume qu'elle ne connaît pas et qu'elle n'approuve pas. Finalement, c'est une voix posée qui sort de sa bouche :

— J'apprécie ta retenue et je respecte ta pensée.

Sa voix était bien plus douce que ce à quoi Wynnie s'attendait. Elle sourit.

— Et je respecte la tienne.

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Comme promis, le 1er chapitre de ce nouveau tome aujourd'hui !

Je vous annonce que j'ai prévu environ 80 chapitres pour ce tome (fourchette entre 75 et 85). Tous des chapitres pas très longs car je me suis rendu compte que je préférerais les chapitres rapides à lire (et à écrire ahah).

Voilà j'espère que ce 1er chapitre n'est pas trop décevant !

On se retrouve mercredi pour la suite !

Que la Force soit avec vous ✨️

Eléa ❤️

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