30 - Adieu Ongarth
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Quand elle descend les marches de l'escalier pour rejoindre le rez de chaussé de la taverne, la première chose qu'Eowyn voit est l'imposant corps de Dob attablé et pleurant à chaudes larmes devant un verre de sa bière artisanale. Le bruit de ses béquilles sur le plancher grinçant du lieu attire le regard du Besalisk qui se lève en butant dans la table, reversant son verre de bière. Il se précipite vers Eowyn et l'enlace avec vigueur.
— J'étouffe Dob, lui fait-elle savoir alors que la boîte en fer dans son baluchon lui rentre dans le dos par la force de leur accolade.
— P'rdon p'tite Wynnie. J'suis juste content que t'en sois sortie.
— Merci Dob.
Elle pose son baluchon sur une table, baluchon qu'elle a rempli un peu plus tôt, son seul bagage. Qu'y a-t-elle mit ? Ses lunettes de mécanicienne ainsi que son soudeur portatif, sa trousse d'outils ainsi que sa boîte à crédits et à objets de valeur contenant, entre autres choses, son couteau papillon et le sabre laser de feu le Jedi Pylar.
Elle demande à Dob de prendre une chaise au moment où Wartob remonte du sous-sol. Elle ne lui adresse aucun regard et se concentre sur le Besalisk.
— Dob, je vais quitter la planète.
— J'suis au courant. J'tais là quand le Mandalorien a acheté ta liberté. J'sais que c'est mieux pour toi qu'tu partes, mais j'peux pas m'empêcher d'être triste. T'vas me manquer, p'tite.
Wartob renifle derrière eux. Il s'envoie un verre de spotchka mais reste en retrait. Eowyn vient enlacer le gros nounours qu'est Dob, accroche son baluchon dans son dos et s'empare de ses béquilles. Ses pas l'emmènent au portemanteau où elle récupère son anorak. Au moment de sortir, Wartob prend la parole :
— Tu pourrais me remercier pour le logement et les repas gratuits, pour toutes les techniques de combat que tu as apprises et pour tous les crédits que tu as économisés. Tu ne les as même pas utilisés, en fin de compte.
Eowyn sent parfaitement son haleine alcoolisée de là où elle se trouve.
— Tu pourrais me remercier pour tous les crédits que je t'ai fait gagner, tant au garage qu'avec les combats. Ah non, c'est vrai. Remercier, c'est pour les gens honnêtes qui ne font pas en sorte que leur esclave se fasse démonter pour toujours plus d'argent. Tu m'as traité de menteuse, regarde-toi avant d'insulter les gens.
Et elle quitte la cantina, en espérant que si elle doit un jour y revenir, Wartob sera mort ou exilé.
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— Comment ça, tu démissionnes ?
Eowyn ne répond rien, elle se contente de regarder sa jambe plâtrée en espérant que Loria comprendra qu'il est temps pour elle de quitter les lieux.
— J'ai été affranchie, Loria.
La Twi'lek écarquille grands ses yeux. Elle est sur le cul, les larmes lui montent aux yeux.
— C'est merveilleux Wynnie.
Loria quitte son comptoir pour venir poser ses mains sur les joues de sa petite protégée.
— Je ne veux pas savoir comment tu as réussi à payer Wartob, je suis certaine que c'est parce que tu as réussi à amadouer ce Mandalorien, comme tous les autres clients, mais sache que je suis extrêmement heureuse pour toi, et fière d'avoir eu une mécanicienne aussi douée dans mon établissement.
— Malgré ma tendance à retenir les clients plus d'une rotation pour mon plaisir de les écouter parler de leur vie toujours plus palpitante que la mienne ?
— Malgré ça, oui.
Eowyn sent à nouveau les larmes lui monter aux yeux face au visage humide de son amie jaune.
— Je te remercie d'avoir toujours été là pour moi quand j'en avais besoin.
— Et moi je te remercie d'avoir été le rayon d'optimisme de ce garage. On aurait tous pété une durit sans ta bonne humeur et tes blagues.
Eowyn sourit en retour à son amie avant de l'enlacer. Quitter Ongarth est bien plus difficile qu'elle ne l'aurait cru. Dob, Loria. Ils sont sa famille, c'est toujours difficile de quitter sa famille. Mais l'enfant finit toujours par quitter le domaine parental pour faire sa vie, un jour ou l'autre. Ce jour est arrivé.
Elle s'éloigne doucement de la Twi'lek puis prend la direction de la plateforme où est garé le Razor Crest. Son client, nouvellement son sauveur, accompagné du berceau à répulseurs contenant l'enfant sensible à la Force, l'attend devant la trappe de son vaisseau.
— Tu as pu dire au revoir à tout le monde ?
— Je crois que oui.
Le destin se décide à lui rappeler qu'il lui manque encore une personne à qui dire au revoir quand les sifflements de RK vrillent sur les murs circulaires de la plateforme. Eowyn se retourne pile au moment où l'astromécano rentre dans sa jambe plâtrée.
— RK, comment ai-je pu t'oublier, ricane-t-elle en se penchant vers lui sans pouvoir s'accroupir à cause de son plâtre.
Le droïde lui répond avec des sifflements si aigus que n'importe quelle communication en serait brouillée.
— Ça va, ça va, je suis un peu dans la pâtée à cause des stims qu'on m'a donnés pour la douleur. Tu ne peux pas me reprocher d'avoir la mémoire qui flanche.
Soudain, ses sifflements deviennent des bruits électroniques lents et graves, puis il sort son bras mécanique tenant une boîte en fer. Celle qui contient des larmes de Tiga. Il la lui tend.
— Toi aussi tu vas me manquer, petit étourdi d'astromécano. Merci pour les larmes de Tiga.
Il se rapproche un peu plus d'elle et son bras mécanique s'accroche à son pantalon. Elle pose une main sur son unité centrale lui servant de tête et dépose un baiser sur sa carcasse après avoir essuyé la poussière.
— Peut-être à une prochaine, RK. Et ne te laisse plus maltraiter par les autres mécaniciens, à commencer par ce crétin de Nolan.
Il se recule pour laisser sa collègue monter à bord de ce qui réalisera son rêve : quitter Ongarth et voyager.
La trappe du vaisseau se ferme, le Mandalorien l'invite à monter dans le cockpit.
— Je vais t'aider à monter, ce n'est pas évident avec un plâtre. Tu peux laisser tes béquilles en bas, tu pourras te tenir aux parois en haut.
Il lui tend une main depuis l'étage du dessus, son casque reflète les lumières de son vaisseau, les lumières qui vont illuminer la vie d'Eowyn.
— Quel est ton nom, Mandalorien ?
Elle attrape sa main et avec un peu d'effort, il l'a fait monter.
— Tu n'aimes pas m'appeler Mandalorien ? se moque-t-il en ricanant.
— J'aime juste savoir avec qui je traite, lui sourit-elle en retour.
Il tient sa main pour l'aider à rejoindre l'un des sièges passages où l'enfant est déjà installé.
— Je m'appelle Din Djarin.
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