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RK est un vieux droïde astromécano de la série R5. Les R5 n'ont jamais disposé des capacités d'adaptation des R2 ou de la fiabilité des R4, c'est pour cette raison qu'ils sont le grand échec de le mégacorporation Industrial Automaton. De nombreuses rumeurs disent qu'ils ont tendance à développer une personnalité capricieuse et sont sujets à de nombreux dysfonctionnements. Mis à part les rebootages réguliers de RK, Wynnie ne lui a jamais trouvé une personnalité pouvant entraver son travail. Il est même plutôt fidèle au poste quand elle est de garde avec lui. Il est vrai qu'il lui arrive d'être maladroit, mais Wynnie l'apprécie énormément. Il l'écoute parler pendant des heures sans jamais l'interrompre. Il n'est pas très bavard, c'est vrai. C'est probablement pour cette raison qu'elle aime autant travailler avec lui.

Wynnie arrive dans le débarras de pièces détachées pour y trouver le droïde complètement éteint. Il a beau faire partie d'une série reniée par le monde des droïdes astromécano, il devait être flamboyant à sa sortie d'usine. Son corps entièrement blanc et les quelques touches d'orange et de vert, bien gaillardes, auraient donné envie à Wynnie de l'acheter à cette époque. La saleté en moins évidemment. Si on ne se basait que sur l'esthétique du premier coup d'œil, la série R5 n'aurait jamais fait un flop.

Elle sort un chiffon de sa poche pour essuyer sa tête pleine de poussière. Il n'y a qu'elle qui s'occupe vraiment de lui dans ce garage. Personne ne prend jamais la peine de nettoyer ses fusibles ou de graisser ses articulations. Les autres employés préfèrent les droïdes plus récents. Si on prenait un peu plus soin de lui, Wynnie est persuadée que ses excès de maladresse en seraient diminués.

— C'est pour ça que j'ai fait le travail toute seule, ce matin. T'étais caché ici, petit coquin.

Elle passe un rapide chiffon sur l'entièreté de son unité avant de venir ouvrir le panneau arrière. Wynnie lève les yeux au ciel quand elle réalise que plusieurs de ses boulons sont dévissés.

— Je suis sûre que c'est Nolan qui a fait exprès de te laisser dans cet état. Il savait que c'était moi qui te récupérerais, le bougre.

Elle attrape une petite clé dans sa panoplie de mécanicienne accrochée à sa ceinture et s'attèle à resserrer tout ce beau monde. Une fois la batterie bien fixée à sa prise, elle claque le panneau et appuie sur son bouton de démarrage. Le droïde s'anime en clignotant puis se redresse et pivote sa tête vers Wynnie.

— Crache le morceau, c'est Nolan ?

RK garde le silence et se contente de rouler jusqu'à la sortie du débarras. Wynnie lâche un soupir amusé avant de lui emboite le pas. C'est une raison supplémentaire pour laquelle elle aime ce droïde. Il est muet comme une tombe quand il s'agit de secrets, même quand ce sont des secrets qui lui portent préjudice, comme cela a été le cas à l'instant. Elle pourrait lui révéler avoir assassiné toute une famille d'Ewoks qu'il ne dirait rien à personne.

— Tu sais RK, s'il te maltraite, il faut que tu le dises, lui conseille-t-elle en espérant qu'il ne fera pas le sourd. Si quiconque te maltraite même. Je n'ai pas envie qu'on t'envoie à la casse pour tes multiples dysfonctionnements liés à une négligence de la part des autres employés. Je ne pense pas que tu veuilles finir en charpie de composants, si ?

Il lâche un micro-sifflement. Elle lui répond :

— S'ils appréciaient ta discrétion, tu ne crois pas qu'ils s'occuperaient de toi et ne travailleraient pas avec des modèles R4 plus récents ?

Ils débarquent tous les deux dans le centre de commande du garage où le droïde secrétaire lui tend une nouvelle tablette. RK ignore sa question et se dépêche de rejoindre la plateforme d'atterrissage pendant qu'elle prend des renseignements sur son nouveau client.

— Qu'est-ce qu'on a, CZ ?

Ce genre de droïde lui a toujours donné la chair de poule. Ils ressemblent à des insectes métalliques, de quoi donner des cauchemars aux enfants. Le droïde marmonne qu'une canonnière est sur le point de se poser sur sa plateforme et que son propriétaire n'a pas encore décliné les besoins en réparation du vaisseau.

— Super, encore un saligot à qui je vais devoir expliquer que le garage n'est pas une station balnéaire.

Elle s'empare de la tablette pour voir ce que l'antenne de détection a pu récupérer comme informations sur ce vaisseau, tout en se dirigeant vers son lieu de travail. Une canonnière à doubles réacteurs et deux canons laser antérieurs de quatrième génération. Rares ont été les fois où Wynnie s'est retrouvée face à des vaisseaux de cet acabit, et le voir de ses propres yeux ne fait que renforcer son malaise.

RK est déjà présent au moment où le vaisseau se pose sur la plateforme. Les gouttelettes de pluie sont propulsées contre les murs circulaires du lieu d'atterrissage. Il laisse échapper les vapeurs de surchauffe avant que la trappe arrière ne s'abaisse. Un homme avec une armure brillante et surmontée d'un casque, accompagnée d'un berceau à répulseurs, en sort et vient se positionner devant la jeune femme.

Wynnie a déjà vu ce genre d'armure mandalorienne, mais elle n'en avait jamais vu une aussi étincelante. Elle fait grimper son regard jusqu'à la visière du casque.

— Je ne sais pas pour qui vous vous prenez, soupire la mécanicienne en regardant une nouvelle fois sa tablette, mais tout le monde sait que les vaisseaux avec un armement comme le vôtre ne sont pas admis dans ce genre d'établissement. Et d'après la première analyse qu'on a faite de votre vaisseau, vous n'avez rien à faire réparer donc si vous voulez bien débarrasser le plancher et aller séjourner dans l'astroport de Gerdyn, ce serait un gain de temps administratif pour tout le monde. C'est la ville d'à côté, vous pourrez y faire votre plein d'essence.

— J'aurais besoin de séjourner ici, insiste-t-il d'une voix probablement rendue plus grave par son casque.

— Ouais, bah moi j'ai besoin d'un sacré nombre de crédits et pour autant, je n'insiste pas auprès de ma boss pour qu'elle me fasse une fleur.

— Je peux payer l'occupation de votre plateforme.

— J'espère que vous avez beaucoup d'argent, alors.

Loria lui a rappelé, pas plus tard qu'il y a quelques dizaines de minutes, qu'elle n'aimait pas que les clients séjournent au-delà d'une rotation à cause des impôts qui augmentent drastiquement. Et à moins qu'il soit prêt à payer plus que les intérêts de base, elle a bien l'intention de suivre les demandes de sa cheffe. Si ça peut lui rapporter des larmes de Tiga gratuites, elle ne va pas s'en priver.

— Est-ce que ça suffirait pour les deux jours à venir ? Je payerai plus si j'ai besoin de rester plus longtemps.

Il lui tend une bourse qui est déjà plus volumineuse que celle que lui a donnée son dernier client et l'ouvre pour y découvrir des crédits en or. Beaucoup de crédits en or. Wynnie ne peut s'empêcher d'ouvrir la bouche de stupéfaction.

— Je comprends mieux pourquoi votre vaisseau a un armement aussi conséquent.

Elle fait glisser son regard de la bourse vers le Mandalorien, puis vers le berceau qui flotte à côté de lui. Une petite créature verte avec de longues oreilles pointues la regarde. Elle s'apprête à se reconcentrer sur l'homme en armure, mais le regard du petit est intense. Elle a l'impression qu'il essaie de lui dire quelque chose. Une aura envahissante l'entoure.

— Est-ce que ça vous convient ?

Il lui faut une volonté de fer pour s'arracher au regard hypnotisant de la petite créature.

— Si on vient me demander pourquoi votre vaisseau stationne de cette manière, je dirais que vous avez menacé de me tuer.

Elle tente de percer la vitre de son casque pour essayer de trouver les yeux de son interlocuteur, en vain. Elle n'est pas très à l'aise avec ce genre d'individu qui cache leur visage. Difficile d'anticiper leurs réactions et surtout, difficile de savoir s'ils sourient à ses blagues. Après quelques secondes de silence où elle a l'impression qu'il va lui reprendre la bourse des mains pour aller stationner à Gerdyn, il lui répond :

— Ce ne serait pas la première fois qu'on essaie de m'arrêter.

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