26 - Vengeance éclairante

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À peine a-t-elle posé un pied à l'extérieur qu'elle se prend un coup de poing tellement violent qu'elle parcourt la moitié de la longueur de la taverne dans les airs. Son atterrissage dans la boue est loin d'être agréable, mais la chute aurait pu être plus rude.

- Karabast.

Elle n'a même pas le temps de se relever qu'on fait passer un fil plus fin que son annulaire autour de sa gorge. L'air lui manque déjà.

- Toi et ton maître pensiez pouvoir berner un Pyke ? Votre naïveté est désolante.

La voix est robotisée, mais c'est tout ce qu'elle arrive à percevoir. Elle est concentrée sur le fil qui lui coupe la respiration et cherche un moyen de se sortir de ce pétrin.

- Je te savais bonne combattante, j'ai entendu parler de toi jusque sur Oba Diah.

Elle se prend un violent coup dans le ventre, l'empêchant de se concentrer. Ses ongles essaient de s'emparer du câble qui enserre son cou mais son assaillant tire bien trop fort pour qu'elle réussisse quoi que ce soit.

- Cinq cents millions de crédits, n'est-ce donc pas suffisant pour les misérables de cette planète ?

Elle n'arrive même pas à voir ce qui se passe autour d'elle, elle se prend le plat d'un marteau épais en pleine tempe. Sonnée, elle ne semble plus en possession de ses moyens. Quels fourbes, attaquer sans s'annoncer, ce n'est pas digne.

- Il faut croire que non, vous êtes encore plus cupides que les plus riches mondes du Noyau.

Les forces lui manquent, elle sort d'un combat déjà épuisant, maintenant qu'il la prive d'air, les choses se sont corsées pour elle. Elle prend plusieurs coups dans le ventre, sa nuque est cisaillée. S'ils veulent, ils peuvent lui couper la tête en un rien de temps avec ce câble. Qu'est-ce qu'ils attendent ?

- Je vais te faire mal, vraiment très mal.

Il fait signe à son homme de main de relâcher sa prise sur le cou de sa victime qui la laisse tomber sans vergogne dans la boue. Elle peine énormément à reprendre son souffle, sa trachée n'avait jamais été écrasée de cette manière. Encore et toujours la faute de Wartob.

- Tu me supplieras de t'épargner.

Elle lève son visage vers le ciel, sans même se préoccuper des malfrats qui l'entourent. Elle ferme les yeux et se laisse envelopper par la Force qui semble de plus en plus facile à appeler, surtout depuis que l'enfant sensible à la Force est sur Ongarth. Un courant d'air s'enroule autour d'Eowyn. Pas le genre de bourrasque qu'elle connaît bien à Vogartha, quelque chose de calme, paisible. La douleur dans son cou, dans ses muscles, dans tous les endroits où elle a été frappée, battue, soumise, s'apaise progressivement. Son énergie, épuisée dans le dernier combat, lui revient petit à petit. Il suffit de laisser parler ce nigaud encore un peu. Elle a bien compris qu'il avait réussi à l'isoler dans une ruelle donnant sur un cul-de-sac, les échos de voix rebondissent sur les murs autour d'elle et montent vers le ciel.

- Mais tu vas mourir. Et je vais prendre plaisir à écraser un énième être inférieur.

Le Pyke sort un long blaster de son étui et le pointe sur l'esclave mal-en-point qui a désobéi aux ordres. Avant même qu'il ait pu placer son doigt sur la gâchette, Eowyn se relève et donne un coup dans le blaster qui laisse échapper un tir vers le ciel. Elle balance ensuite son pied en arrière pour dégager l'homme de main qui l'étranglait sans aucun fairplay. Elle fait un rapide état des lieux et réalise qu'ils sont cinq. Celui qu'elle vient de dégager, le Pyke qu'elle a désarçonné et trois autres en arrière qui gardent l'endroit, prêts à intervenir ou à repousser les passants curieux. Mais quels passants curieux auraient la stupidité de se balader la nuit dans la rue principale de Vogartha, lieu en proie à des vents si violents que rares sont les personnes qui ne finissent pas dans le creux inondé, ou le ravin en dehors de la saison des pluies.

Tout le monde est en alerte et pourtant confus de voir la victime se relever aussi vite et avec autant de force. Elle profite de ce moment d'indécision pour sortir son couteau papillon, qu'elle ouvre avec une grande rapidité, puis les menace avec sa petite lame.

- Votre combattant ne devait pas frapper trop fort si vous vouliez que je plie le genou durant le combat. Maintenant, je pense que vous avez retenu la leçon et que vous éviterez d'entourlouper des gens plus forts que vous.

- Plus fort que nous ? se moque aussitôt le Pyke. Rappelle-moi lequel de nous deux est esclave ?

- Je ne parlais pas en force politique, rétorque-t-elle en esquivant l'homme de main derrière elle qui tente à nouveau d'enrouler une corde autour de son cou.

Elle plante son couteau dans sa cuisse avant de passer derrière lui et de placer sa lame sous sa gorge.

- Je l'égorge si vous ne me laissez pas passer.

- En serais-tu réellement capable ?

La question résonne dans sa tête. Elle aimerait dire que non, qu'elle n'en est pas capable, mais elle a été tellement abusée dans sa vie, faire du mal à ceux qui lui font du mal ne serait que le retour à l'envoyeur, la justice.

- Prenez-vous en à vous-même. C'est votre faute si j'ai décidé de ne pas me laisser marcher sur les pieds. Votre gars aurait respecté le marché, je me serais laissée faire.

- Quel marché ? Je ne comprends même pas de quoi tu parles.

Eowyn fronce les sourcils.

- Wartob a dit que si je perdais, votre combattant ne frapperait pas trop fort.

- Le deal était que tu perdais et que je vous payais grassement pour cette défaite. Rien de plus, rien de moins.

Le cœur d'Eowyn s'emballe. Non, il n'aurait pas osé. Bien sûr qu'il aurait osé. C'est Wartob. Le plus minable des Cloddograns.

Elle sent son prisonnier gigoter sous ses bras et l'instant d'après, elle se prend quelque chose dans les côtes qui l'électrifie. Son sang semble se transformer en des gerbes d'éclairs, elle ne peut retenir un cri. Elle se relève au plus vite et entame un combat rapproché avec ses assaillants. Elle ne se laisse pas abattre, elle rend les coups avec tellement plus de puissance, animée par la colère d'avoir à nouveau été le jouet de son esclavagiste. Quand elle voit une ouverture pour quitter ce cul-de-sac et retourner à la taverne afin de se réfugier derrière l'imposant Dob, elle ne perd pas une seconde et s'élance. Elle est à deux doigts de tourner au coin de la rue quand quelque chose lui transperce l'épaule et qu'un liquide chaud glisse entre sa peau et ses vêtements. Elle est brusquement tirée en arrière et finit une nouvelle fois dans la boue.

Deux des hommes de main lui maintiennent les bras dont la mobilisation de l'un se répercute dans son épaule plus que douloureuse et lui arrache un râle. Un troisième homme attrape son pied gauche et le maintien bien étendu et immobile.

- Sais-tu ce qui arrive à un rat Womp quand une de ses pattes est cassée ou coupée ?

Eowyn ne répond pas mais gémit à cause de la douleur. Elle l'empêche de quémander de l'aide à la Force. Elle va peut-être finalement mourir. Elle avait un peu d'espoir dans ce combat qui tourne finalement à son désavantage. Peut-être que si je n'avais pas sorti les armes la première, ils ne l'auraient pas fait ensuite. Elle réfléchit deux secondes à sa réflexion. Quelle naïveté. La seconde qui suit, le Pyke lui brise le genou avec sa botte en métal.

- Il couine en suppliant celui qui le persécute de l'achever. Car un rat Womp sans ce qui lui permet de fuir dans les égouts de Tatooïne, c'est une proie facile qui préfère mourir plutôt qu'essayer de survivre.

- Sale fils de Hutt, je vais te massacrer !

Eowyn n'a jamais ressenti la douleur physique avec une telle intensité. D'ordinaire, la Force se donne bien la peine de l'anesthésier, ou de la soigner plus rapidement que les espèces intelligentes non sensibles. Il faut croire qu'elle l'a trop sollicité ces derniers temps, ou peut-être n'arrive-t-elle pas à se concentrer assez avec cette foutue douleur.

Sa colère est telle qu'elle sent une chaleur étrangère la parcourir. Le vent devient violent, même au sein de cette ruelle peu exposée. Elle ressent un lien avec plusieurs de choses : des cailloux, des morceaux de taules gisant au sol, des speeders garés et attachés dans l'allée principale. Elle semble vouloir balancer tout cela sur ses assaillants, mais vouloir est un grand mot. Elle a l'impression d'être enfermée dans un corps qu'elle ne contrôle plus. Elle ne réalise même pas que ses pupilles, d'ordinaire d'un mauve doux collant parfaitement avec le côté lumineux de la Force, commence à tirer sur le rose-orangé. Avant qu'elle n'ait pu faire quoi que ce soit, les deux hommes de main du Pyke maintenant ses bras s'effondrent, et elle avec eux. Allongée dans la boue, encore confuse de cette énergie dans son corps, dont elle devine l'origine, elle entend vaguement quelques tirs de blaster. Elle perçoit l'aura apaisante de l'enfant au moment où le Mandalorien se penche au-dessus d'elle en murmurant des mots qu'elle n'entend pas. Elle ne sent pas non plus ses yeux se fermer. Elle semble dériver, partir loin, sans être certaine de réussir à revenir après s'être ouverte au côté obscur.

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