25 - La Force est avec elle

🪐

— Tu veux que je fasse quoi ? s'indigne Eowyn en tapant du poing sur le comptoir de la cantina.

— Je ne te demande vraiment pas grand-chose, s'exaspère Wartob en commençant à faire de grands gestes pour expliquer quelque chose qui ne nécessite pas de gesticuler autant.

— La dernière fois que j'ai perdu un combat, c'est parce que je manquais de technique, erreur que j'ai rapidement corrigée pour te permettre de gagner plus de crédits en augmentant ma cote, et maintenant tu veux que je fasse exprès de perdre ?

— Wynnie, est-ce que tu as bien entendu ce que j'ai dit ? J'ai dit que l'adversaire nous payait le quintuple de ce qu'on gagne quand tu mets un adversaire à terre.

— Mais j'en ai rien à faire ! T'as vu la taille de ce colosse ? s'exclame Eowyn en montrant l'hologramme matérialisant son concurrent. Si je me laisse frapper, il va repeindre le tatami avec ma chair et mon sang.

— Tu en fais vraiment une montagne. Tu ne saignes jamais en combat. En fait, je ne t'ai jamais vu saigner de ma vie.

— Est-ce que ça m'exempte de mourir pour autant ?! Je ne me laisserais pas faire, ça va pas.

— Et si je lui dis de ne pas taper trop fort ? Tu pourrais simuler ? Tout en rendant le combat divertissant évidemment.

— Non.

— Je te donnerais un pourcent de ce qu'ils me donneront.

Soudain appeler par l'argent et la possibilité de donner un coup de fouet à ses économies, elle y voit une opportunité.

— Quinze pourcents.

— Trois pourcents, pousse pas trop.

— Huit pourcents ou je ne combats pas. Je préfère recevoir mille coups de ton fouet électrique plutôt que de me faire tabasser pour moins de huit pourcents de ta prime.

Elle le voit grogner pendant qu'il réfléchit.

— D'accord, d'accord.

— Et je veux qu'il ne frappe pas trop fort.

— Très bien. Va te préparer maintenant.

À peine a-t-elle fini son temps de méditation que les spectateurs arrivent en masse. Beaucoup plus de monde que d'habitude. Le colosse qu'elle va affronter dépasse tout le monde d'au moins deux têtes. Elle inspire un grand coup avant de rejoindre Wartob, dans son coin de tatami.

— On s'est serré la main, il ne frappera pas trop fort.

— Rappelle-moi pourquoi j'ai accepté de faire ça ? lui demande-t-elle en déglutissant, cherchant à se donner un peu de courage.

— Huit pourcents, ma belle, lui insuffle-t-il un peu de détermination avant de chuchoter pour lui-même, et quatre-vingt-douze pourcents pour Wiwi, hehehe.

L'arbitre lui fait signe de rejoindre le centre du tatami, face à l'autre combattant. Elle lève la tête pour essayer de trouver son visage. Il faut que ce dernier se baisse pour qu'elle remarque que c'est un Dowutin. Eowyn n'en avait jamais vu de si grand. Les cornes qui dépassent de son menton et son épiderme épais, sans oublier ses griffes acérées, lui confèrent une apparence agressive.

Elle ne voit pas le Mandalorien s'installer un peu en retrait avec le berceau et l'enfant, de même qu'elle ne voit pas arriver le coup de poing de son opposant tant il est rapide. Elle vole dans les airs et part s'écraser à l'autre bout du tatami, au pied de Wartob.

— Allez, debout Wynnie ! On a dit un combat divertissant ! Il faut qu'il dure au moins cinq minutes.

Elle se masse la mâchoire en s'asseyant avant de lui offrir un des regards les plus noirs de son existence. Il ne devait pas frapper trop fort. Le sol se met à trembler quand le Dowutin charge en direction d'Eowyn. Elle a tout juste le temps de faire une roulade sur le côté pour éviter de finir écraser sous l'énorme pied de son adversaire. Il arrache les cordages délimitant le tatami dans un cri de fureur. En tirant dessus, il arrache trois autres poteaux reliant les cordages et commence à jouer avec comme si c'était un fouet. Eowyn doit sauter dans tout le sens, multiplier les flips et salto pour éviter que les cordages ne lui cisaillent le corps en deux tant le Dowutin les manie avec vivacité. Bien trop rapidement assaillie de multiples coups qu'elle évite à chaque fois de justesse, elle ne perçoit pas en avance le bout d'un poteau qu'elle se prend sur la tempe. Elle part s'écraser contre le mur troué. Sa tête rebondie et fait même craqueler le calcaire. La poudre blanche qui s'en échappe lui tombe dans les yeux et floute sa vision. Je suis dans de beaux draps.

Wartob s'est encore une fois bien foutu d'elle, à sans cesse tester sa résistance et ses capacités en combat. La Mandalorien avait raison : un jour, un adversaire beaucoup plus fort qu'elle l'enverra dans le décor et elle ne verra pas venir le coup du lapin qui la tuera. Son adversaire n'a pas tenu parole, alors elle ne tiendra pas parole non plus.

Elle ferme les yeux un instant, puise au fond de la Force, la supplie de lui donner la capacité de se relever pour mieux décevoir tout le monde autour d'elle excepté elle-même. Une énergie à la fois douce et puissante l'envahit et elle rouvre les yeux.

Sa main arrête le poing du Dowutin qui arrivait à toute vitesse sur elle. Elle tourne lentement sa tête vers lui, pour lui laisser le temps de réaliser qu'il aurait dû frapper moins fort. Elle attrape une corde à ses genoux pendant qu'elle voit l'épiderme épais de son concurrent perdre en couleur. Elle repousse sa main, ainsi qui l'entièreté de son corps tout en faisant glisser la corde sous ses pieds. Elle tire dessus et il trébuche, il tombe sur le dos. Elle effectue un flip au-dessus de son large corps et entreprend de lui balancer un coup de pied dans les côtes qui le fait glisser jusqu'à son coach – ou son propriétaire, peu importe.

Elle soulève la corde de la même manière dont il s'amusait à essayer de la fouetter avec, un peu plus tôt. Le poteau au bout de la corde fait un arc de cercle à une vitesse phénoménale au-dessus d'Eowyn avant de venir s'écraser en pleine face de ce balourd qui n'a aucun fairplay, surtout quand il s'agit de le faire gagner, lui. Il tente de se relever, mais Eowyn entoure la corde autour de son cou et place même un pied dans le dos de son opposant pour être certain qu'elle y mettra le plus de force possible.

Le Dowutin se met à gémir et à gesticuler au moment où elle se met à compter. 1, 2, 3, 4... Elle tire un peu plus sur la corde, ce qui a le don de l'agiter encore plus. Tant mieux. Plus il gesticule, plus il s'épuise. Le manque d'air le rendra inconscient d'autant plus rapidement. Une fois les quinze secondes atteintes, il s'arrête de bouger, elle relâche sa prise. Son ventre se soulève à un rythme régulier, signifiant qu'il est encore vivant, mais la foule est bien trop happée par l'excitation et l'adrénaline de voir une jeune femme maigrelette mettre à terre un énorme Dowutin.

Eowyn se remet à respirer. Elle était restée en apnée depuis le moment où la Force a décidé d'être de son côté. Son regard se pose sur Wartob qui est plus que choqué. Elle ne saurait dire si c'est parce qu'elle a réussi à gagner face à un monstre pareil ou si c'est parce qu'elle vient de lui faire perdre énormément d'argent.

Soudain, toute la douleur qu'elle ne sentait pas se manifeste. Sa mâchoire la lance, son crâne vibre de lui-même et son dos semble avoir été réduit en bouilli. Elle s'adosse au mur dans lequel elle est rentrée un peu plus tôt et tente de faire taire la douleur. La voix du Mandalorien semble en avoir la capacité.

— C'était moins une.

Elle se tourne vers lui en ricanant. Il se tient derrière les limites du tatami, bien que les cordages ne soient plus en place.

— J'avoue, c'était moins une. J'aurais pu le tuer.

Il secoue doucement la tête pour montrer son désaccord.

— Combien de combat comme celui-ci devras-tu subir avant que les traumatismes crâniens à répétition ne te tuent ?

— Une dizaine, je dirais.

— Ce n'est pas une plaisanterie.

Elle inspire profondément, cherchant encore à stabiliser sa respiration. L'apnée pendant un combat, ce n'est pas le top.

— Je n'ai pas le choix, Mando.

— Moi je l'ai.

Elle lève un sourcil tout en se levant.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? Tu veux te battre à ma place ? se moque-t-elle en se rapprochant de lui pour caresser les oreilles de l'enfant qui tend ses bras vers elle.

— Combien veut Wartob pour ton affranchissement ?

Elle s'immobilise puis dévisage son client.

— Tu n'as pas assez sur toi. N'importe qui se baladant avec autant de crédits sur lui se ferait sauter dessus et égorger en moins de temps qu'il ne faut pour dire « Karabast ».

— Combien ?

— WYNNIE ! hurle Wartob qui semble avoir repris contenance maintenant que le public a quitté les lieux.

Elle lève les yeux au ciel et lui fait signe d'attendre une minute. Elle se retourne et baisse le regard pour tomber sur Wartob qui piétine le sol en beuglant.

— TU AS GAGNÉ, ESPÈCE DE SALE MENTEUSE !

— Ce n'est pas moi qui aie menti, c'est l'adversaire.

— TU VIENS DE ME FAIRE PERDRE CINQ CENTS MILLIONS DE CREDITS !

— Et moi, je viens de te faire économiser une combattante que tu ne retrouveras jamais. Il n'y est pas allé de mainmorte, tu l'as bien vu ! Tu perds cinq cents millions de crédits ? Tu les récupèreras au fil des combats. Si je m'étais laissé faire, je serais morte ! Il n'aurait pas pris la peine de me laisser inconsciente, Wartob, il m'aurait purement et simplement buté. Mais de rien, je t'en prie.

— Espèce de sale petite ingrate, continue-t-il de pester.

— Je ne voulais pas leur donner ce qu'ils voulaient parce que je n'ai jamais perdu un combat en six ans. Tu m'enlèves déjà ma liberté, tu ne m'enlèveras pas ma fierté. Tu me fais déjà faire bien trop de choses qui ne devraient pas exister !

— Tu es mon esclave, les esclaves font ce que leur maître leur dit de faire, rétorque-t-il sans pour autant calmer la combattante.

— Et bien j'ai en assez ! J'en ai ras-le-bol de faire toutes tes basses besognes ! Aller chercher les taxes chez les habitants récalcitrants, réparer des vaisseaux dont l'argent te revient puis me faire taper sur la figure et taper sur la figure d'abrutis pour que l'argent du garage me revienne, c'est scandaleux ! Immoral ! Tu es une ordure Wartob. Un gros tas de merde de Bantha, paresseux et cupide, égocentrique et abjecte. Ta vie est misérable, pathétique, et le seul moyen que tu as trouvé pour la rendre un peu moins infâme à vivre, c'est de rendre celle d'une gamine, que tu as enlevé à ses parents, plus infernale que la tienne. Ce n'est même plus de la colère ou du mépris que j'éprouve quand tu es dans les parages, c'est de la haine. De la haine profonde. Je te hais si fort !

Le silence lui répond. Wartob a arrêté de jouer aux capricieux et même le Mandalorien ne cherche pas à s'immiscer dans le conflit. Il a compris qu'il n'avait pas à intervenir. Sentant qu'elle risque d'exploser si elle ne s'éloigne pas de lui au plus vite, elle tourne les talons en laissant un Wartob muet. Elle passe à côté du Mandalorien et du berceau sans s'arrêter et remonte à l'étage de la cantina pour quitter les lieux, le vent l'accueillant avec fermeté mais sans être accompagné de sa fidèle acolyte, la pluie.

🪐

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top