19 - Prière à la Force
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— T'étais où ? lui aboie Wartob depuis un tabouret du bar au moment où elle pose un pied dans la taverne. Ça fait une heure que je t'attends. T'auras pas assez de temps de préparation avec tes batifolages.
Eowyn l'ignore et dépose son anorak sur le portemanteau, puis se dirige sur la droite du bar pour rejoindre l'escalier menant au sous-sol.
— Wynnie, je te parle ! lui crie Wartob qui a du mal à suivre sa cadence. Tu vas me faire perdre un paquet d'oseille ! Ta cote est super haute aujourd'hui, seuls les connaisseurs miseront sur toi et pas sur les trois gigolos contre qui tu vas concourir. J'ai entendu plein de trucs sur eux, il paraît qu'ils sont bons, mais on sait tous qu'ils ne le seront jamais autant que toi, sauf si tu te foires parce que tu n'as pas assez médité, ou j'sais pas trop ce que tu fais.
— La ferme Wartob !
Elle s'arrête dans les escaliers et vient appuyer son index sur le gros nez du Cloddogran.
— Aïe !
— Est-ce que je viens t'expliquer comment parier, espèce de sale rapace ? Non, alors laisse-moi gérer le tournoi, sauf si tu veux te battre à ma place.
Elle n'attend pas de réponse et termine de descendre les escaliers. Elle n'a même pas réagi au fait qu'elle affronterait trois individus en même temps. C'est la première fois qu'il lui fait ce coup-là. Wartob aime beaucoup trop tester les limites d'Eowyn. Un jour, il sera déçu quand elle perdra.
Au début, elle galérait un peu. Si elle avait une force de frappe plutôt impressionnante pour quelqu'un de sa carrure et de son âge, remercions la Force, niveau stratégie de combat, toute l'éducation était à faire. Elle n'a perdu que trois combats depuis qu'elle a commencé les tournois, et c'était parce que ses adversaires étaient plus futés qu'elle.
Elle rejoint un trou dans un mur de la salle de tournois, faisant deux fois la surface de la taverne et s'étendant même sous les rails de trains, et en sort des bandages humidifiés par les infiltrations d'eau. Eowyn les enroule autour de ses mains et poignets, puis autour de ses chevilles et de ses pieds qu'elle déchausse. Pendant qu'elle s'affaire, elle balaie la pièce du regard. Un tatami délimité par des cordages de seconde main fait à partir de draps tâchés, le tout collé à un mur dans lequel ont été volontairement creusé quelques trous hasardeux à utiliser durant les combats. De ridicules gradins sont installés tout autour avec une énorme urne trônant en face du tatami, et des parieurs. Et pourtant, personne ne s'est jamais jeté dessus pour y dérober les mises.
Une fois prête, elle détache la chaine à son oreille et sort la clé qu'elle cache dans ses sous-vêtements puis les met à l'abri dans le trou où elle a récupéré ses bandages. Elle se met en tailleur, pose ses mains sur ses genoux et ferme les yeux. Elle essaie de faire abstraction des spectateurs qui commencent à arriver, de leurs bruits de pas, de reniflement de leur nez congestionné, de toux productive et même de leur haleine alcoolisée. Tout finit par disparaître jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que le néant autour d'elle et une lumière qui l'illumine depuis l'au-delà. De petites étoiles brillent, comme si elle avait quitté Ongarth et qu'elle se trouvait dans l'espace.
— Pylar, Ezra, tout être sensible à la Force, vivant ou disparu, accordez-moi la possibilité de gagner mon combat et de me permettre de fermer l'affreux clapet de Wartob une bonne fois pour toutes.
Une douce mélodie lui répond, un courant d'air balaie ses cheveux. Une certaine sérénité l'emplit, ni trop faible ni trop forte. Elle revient progressivement à la réalité, les divers bruits et odeurs reviennent parasiter ses sens.
Ce combat ne sera pas du gâteau mais ne sera pas non plus un échec.
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