15 - Une histoire de culture
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Eowyn aurait préféré laisser Belokwa au sommet du temple, voire même le pousser dans le cratère elle-même, pour à la fois le faire payer d'avoir travaillé pour l'Empire et abréger ses souffrances, mais elle se devait de respecter sa volonté de rester en vie pour mieux se punir. Elle n'eut pas à beaucoup insister auprès de l'autre Mandalorien, il était du même avis.
La descente fut plus laborieuse que l'ascension. Belokwa n'était plus qu'une loque, il avait perdu ses forces à cause de la déshydratation et Eowyn fut obligée de le porter sur son dos. C'était bien trop dangereux de le laisser descendre par ses propres moyens, il se serait brisé les os en bas dès qu'il aurait eu une faiblesse dans les muscles. Ce genre de chute ne pardonne pas.
Personne n'a dit un mot du trajet, du début de la descente jusqu'au village de Belokwa. Ce n'est que lorsque ce dernier descendit du train, une fois à destination, qu'il se tourna vers Eowyn une dernière fois.
— Je te remercie de la sollicitude que tu m'as portée durant toutes ces années mais maintenant, il est temps que tu te concentres sur quelque chose qui en vaut réellement la peine.
Cette phrase a résonné en elle tout le trajet en train. Désormais, il ne leur reste que quelques minutes avant d'arriver à Vogartha. Ses yeux sont accrochés solidement au berceau volant et à son occupant.
— Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? demande-t-elle en ne quittant pas le petit du regard.
— Je ne sais pas vraiment. C'était la seule piste que j'avais. Les Mandaloriens sont doués pour se cacher depuis la Grande Purge.
— Qu'est-ce qui s'est passé, exactement ?
Elle demande de manière automatique, sa curiosité l'emporte sur la lassitude de cette aventure qui est un énième échec. Elle se sent vide, frustrée que le résultat ne soit pas celui attendu, bien qu'elle s'en soit doutée.
— Quelques années avant la bataille qui a détruit la première Étoile Noire...
— Attends, quoi ? Il y a eu une deuxième Étoile de la Mort ?
Elle qui fait tellement d'efforts pour se tenir au courant, c'est raté. Il hoche la tête au moment où le train a un soubresaut, son casque cogne la paroi.
— Les Mandaloriens étaient en guerre contre l'Empire. Nous nous sommes rebellés contre l'oppression mais nous avons fini par perdre.
— C'est là que l'Empire vous a pris votre beskar ?
— C'est ça. Puis ils se sont mis à nous traquer.
Eowyn pince ses lèvres entre elles.
— Que des connards, ces partisans de l'Empire.
Le Mandalorien ne pipe mot. Il n'a pas besoin de dire quoi que ce soit pour en déduire qu'il est du même avis. Autant l'Empire n'a pas rendu la vie infernale à Eowyn, autant il a quand même fait énormément de mal dans la galaxie. Il suffit de voir ce que sont devenus les Mandaloriens et les Jedi. Les uns ont été obligés de se cacher, les autres ne sont désormais plus qu'une légende pour une grande partie de la galaxie.
— Je suis désolé que tu aies gâché tes jours de congé.
Elle, qui regardait le vide, relève rapidement son regard.
— Ne le sois pas, j'ai enfin eu l'histoire de Belokwa que j'essaie de connaître depuis des années. Ça m'a été plus profitable qu'à toi.
— Pourquoi tu t'intéresses autant à la vie des gens ?
Eowyn se tourne alors vers le petit hublot qui donne sur un ravin inondé.
— Ce n'est pas tant la vie des gens qui m'intéresse. Enfin si, bien sûr que ça m'intéresse, mais ce que j'essaie de faire, c'est de retracer l'histoire.
La pluie dégouline sur la vitre.
— J'essaie de me cultiver, tu vois ? En apprendre le plus possible sur ce qui précède l'instant présent. La République des Jedi, la Guerre des Clones, tout ce que l'Empire a essayé d'enfouir, de détruire. Les planètes qu'il a anéanties, les cultures qu'il a englouties, les croyances qu'il a éteintes.
Le petit lâche un bruit qui attire le regard des deux individus. Il est descendu de son berceau et a posé ses mains sur la jambe d'Eowyn. Elle ne peut s'empêcher de sourire au moment où le Mandalorien lui somme de la laisser tranquille.
— Tout va bien, il ne me dérange plus.
Elle sent son regard interrogateur, elle se sent obligée de développer.
— Depuis que j'ai compris que c'était un Sensitif, je n'ai plus de problème avec lui.
— Tu crois aux Jedi ?
— Tu poses la question comme si tu n'y croyais pas toi-même.
Il lâche un petit rire.
— Je sais que mon peuple et les Jedi ont été en conflit, il y a bien longtemps. J'ai conscience de leur existence. Ce dont j'ai encore du mal, c'est de croire en leur capacité, leurs pouvoirs. Tout ce qui fait que les gens avaient de l'espoir en les voyant, avant l'Empire.
Eowyn lève un sourcil.
— Il a pourtant dû faire des trucs impressionnants pour que cette armurière te dise qu'il est de la même trempe que les Jedi, ajoute-t-elle en montrant la créature de son menton.
Il a un regard pour ce dernier.
— C'est vrai, il m'a sauvé la vie plusieurs fois.
Eowyn sourit instantanément.
— C'est pour ça que, où que tu ailles, il te suit ?
Il hoche la tête. Elle se sent attendrie par leur relation qui lui paraissait étrange à première vue. Au début, on aurait dit que le petit était sa créature de compagnie, puis qu'il avait été kidnappé et maintenant, on dirait simplement une relation de protection mutuelle. Elle aurait aimé que quelqu'un la protège de cette manière. Les gens qui auraient pu, un tant soit peu, avoir ce comportement avec elle sont morts ou à des années-lumière. Il faut croire qu'elle est destinée à se débrouiller seule pour le restant de sa vie. Ce n'est pas pour autant que le petit doit lui aussi rester loin des personnes qui peuvent le chérir.
— Je peux essayer de joindre un contact. Ce n'est pas le plus serviable ni le plus sympa, mais il a des relations dans toute la galaxie, il est toujours au courant de tout. Il y a moyen qu'il connaisse quelques Mandaloriens, et dans le cas contraire, qu'il connaisse d'autres personnes qui en connaissent.
Une micro-vague dans la Force lui fait savoir que le Mandalorien retrouve un brin d'espoir.
— Tu voudras une autre histoire en échange ?
Eowyn éclate de rire.
— Faudrait me payer la première, déjà.
Le client rit à son tour.
— On verra si j'arrive à le contacter, déjà, poursuit-elle en sachant très bien que ce ne sera pas une partie de plaisir. Normalement, il ne devrait pas y avoir de problème, la récolte d'algues commence après-demain, il ne résistera pas à l'appel. Il faudra simplement que tu renouvelles le paiement de la plateforme.
— Ce n'est pas un problème.
— Je n'en doute pas, ricane-t-elle.
Le train s'arrête enfin à la gare de Vogartha, si on peut appeler ça une gare. Les trois passagers descendent pour être accueillis par la pluie qui est plutôt légère, cette fois. La nuit est sur le point de tomber. Son regard est attiré par le fusil du Mandalorien qui pendouille dans son dos.
— Ton fusil en a pris un coup, lui fait-elle remarquer.
— En effet, j'ai sous-estimé la chaleur qu'il ferait.
— Je t'avais prévenu.
Elle tilte à ses propres mots.
— Enfin, je vous avais prévenu, se corrige-t-elle en réalisant qu'elle le tutoie depuis qu'ils sont revenus de la Triade.
Il ne semble pas remarquer, ou alors il s'en fiche.
— Je peux vous le réparer.
— Contre une histoire ? demande-t-il avec un ton moqueur dans la voix.
Elle croise les bras en riant.
— Non, le rapport temps de travail sur prix ne serait pas rentable pour vous. Je vous le fais gratis.
Il hoche finalement la tête en détachant la sangle de son fusil.
— Ne me le rends pas dans un état pire, l'avertit-il.
— Je ne fais jamais de promesse, même si je sais que je les tiendrais.
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