107 - Des amis ou des connaissances ?

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Eowyn sent sa conscience s'éveiller. Elle perçoit un plan dur sous elle mais se sent pour le moment incapable d'ouvrir les yeux, comme quand on se réveille d'un long sommeil. Cela lui est déjà arrivé plusieurs fois quand Wartob la forçait à travailler au garage et à enchaîner avec les combats sans prendre de repos. Une période florissante pour le tournoi de son esclavagiste qui venait d'introduire Eowyn dans les pools de combats et qui commençait à gagner. Elle avait tellement fait fureur auprès des spectateurs que Wartob a refusé de lui laisser du répit. Rien d'étonnant pour quelqu'un qui n'a jamais eu aucune considération pour son esclave.

La jeune femme sent quelque chose enserrer sa main, cela a le don de faciliter la phase suivante de son réveil. Elle ouvre finalement les yeux, difficilement. Sa vision est un peu floue par son réveil et la lumière des néons lui donnent envie de se rendormir, mais elle entend la voix du Mandalorien.

— Wynnie, comment tu te sens ?

Elle ne répond pas tout de suite et baisse son regard sur sa main. Elle constate que c'est celle de Din qui l'enserre.

— Tu m'entends ?

— Oui, articule-t-elle finalement avant de réaliser qu'elle se trouve dans le laboratoire et qu'un cathéter est à nouveau placé dans son bras.

Elle se relève à toute vitesse, ignorant le vertige qui l'assaille pour tenter de retirer le tube qui rejoint ses veines, mais Din l'en empêche en la forçant à rester allongée.

— Lâche-moi Din, lui ordonne-t-elle avec la nausée qui menace de se transformer en expectoration.

— Il faut que tu te reposes, insiste-t-il.

— LÂCHE-MOI.

Eowyn se dégage de sa poigne, arrache le cathéter et glisse de la table, du côté opposé où se trouve Din, pour se retrouver à quatre pattes sur le sol. Elle relâche la gerbe qu'elle ne peut pas contenir. Le Mandalorien contourne la table pour s'accroupir à côté d'elle mais Eowyn le repousse d'une main.

— Pourquoi m'as-tu ramené dans le laboratoire ? demande-t-elle avant de roter de mal-être.

— On ne savait pas quoi faire, tu avais perdu connaissance et tu commençais à convulser. C'était l'endroit le plus à même de t'aider.

Eowyn serre les dents en repensant à quel point ce laboratoire l'a fait souffrir en lui faisant revivre chaque instant de sa vie, encore et encore. Elle repense alors au dernier souvenir auquel elle a assisté. Ce couple de monarches cherchant une solution pour protéger leur fille. Moi. Je suis bien née sur Jovak. Je suis la fille des derniers dirigeants de mon peuple. Tout ce que Gideon a dit ou espérait était vrai. Eowyn relève la tête vers Din dont le visage est de nouveau caché par son casque.

— Où est Gideon ? demande-t-elle, essoufflée par son mal-être.

— En cellule.

— Il faut que je lui parle.

— Cela risque d'être difficile, il n'a pas dit un mot depuis que tu as coupé ses mains.

— S'il te plaît, Din.

Son ton suppliant et l'état dans lequel elle se trouve a tôt fait d'attendrir le Mandalorien qui hoche la tête et l'aide à se relever. Il place un bras sous ses aisselles pour l'aider à marcher mais elle refuse, lui intimant de simplement l'accompagner jusqu'aux cellules.

Une fois la porte ouverte, elle observe le Moff vaincu, assis sur la plateforme surélevée qui sert de banc et de lit à la fois, ses moignons bandés. Il regarde dans le vide. Eowyn s'approche pendant que Din reste en arrière, dans l'embouchure de la porte, au cas où sa tétanie ne soit qu'une façade pour tenter de s'échapper. Eowyn s'accroupit devant lui.

— Que m'avez-vous fait ? demande-t-elle d'une voix qu'elle souhaiterait pleine de colère mais qui s'avère n'être qu'emplie de fatigue. Vous savez ce qu'il m'arrive.

Le Moff ne la regarde même pas, elle n'est pas certaine qu'il se soit rendu compte de sa présence. Cela ne l'empêche pas de lui cogner ses phalanges sur la mâchoire. Din ne bronche pas quand il voit le Moff chuter de son banc.

— Dites-moi comment je fais pour contrôler ce que je vois !

Mais comme le lui a dit Din, pas un mot ne sort de sa bouche. Il reste prostré sur le sol, son regard plongé dans la texture du sol noir. Alors elle lui crache dessus avant de faire demi-tour et de quitter la cellule. Elle passe devant Din qui la regarde s'éloigner un instant avant de la rejoindre. Il attrape son poignet mais elle se dégage. Cela a pourtant l'effet escompté car elle arrête de marcher.

— Que vois-tu ? lui demande alors Din en gardant ses distances devant les réactions de défense de sa protégée.

Le visage d'Eowyn devient livide et elle baisse les yeux.

— Tu sais que tu peux tout me dire, l'incite-t-il à se confier. Je comprends que tu ne m'aies pas dit que tu étais une Sensitive. Tu cherchais à te protéger et je ne te blâme en rien pour ce secret, mais maintenant que je sais cela, je pense t'avoir prouvé que ça ne changeait rien à notre relation. Tu peux me parler, Eowyn.

Il se rapproche doucement d'elle et pose prudemment une main sur son épaule.

— Nous sommes des amis. En tout cas, je te considère comme tel.

Eowyn a un micro-sourire réflexe, plus lassée qu'autre chose.

— Et toi, tu vas me parler de ce que tu as fait quand Grogu est parti ?

— De quoi est-ce que tu parles ?

— De ton casque. Tu as enlevé ton casque.

Il y a un bref moment de flottement durant lequel le silence est presque désagréable pour chacun d'eux, mais Din reprend :

— Ne change pas de sujet.

— Je veux savoir.

Son regard est pesant, comme il l'a rarement vu. Din a l'impression qu'elle serait capable de le frapper si elle n'a pas de réponse à sa question.

— Je veux savoir pourquoi tu l'as enlevé pour lui et pas pour moi.

S'il ne portait pas son casque, Eowyn aurait pu le voir froncer les sourcils. Il s'apprête à lui répondre mais elle le devance.

— Je ne prétends pas mériter que tu brises ton crédo pour assouvir ma curiosité mais il est aussi important pour moi de pouvoir voir avec qui je voyage et à qui je fais confiance. Un visage, c'est plus qu'une identité. C'est un moyen de savoir à qui on a affaire, de mieux le comprendre. Une voix, des paroles et des actes ne suffisent pas à savoir ce qui se passe dans la tête des gens. L'expression du visage, c'est un pan de notre personnalité. Et de savoir que tu as été capable de le montrer à Grogu pour des adieux alors que j'en avais besoin pour mieux te faire confiance, ça m'agace. En fait, ça me met en rogne. Je suis trop fatiguée pour te le montrer explicitement, mais je suis en rogne.

Un nouveau moment silencieux prend place, laissant le Mandalorien assimiler ce que vient de lui avouer cette jeune femme qu'il a affranchie. Cela laisse suffisamment de temps à Eowyn pour enchaîner.

— Je sais que tu es vexé que je ne t'ai pas parlé de ma nature de Sensitive. Je le sens dans la Force, Din. Comprends bien que tu aurais eu plus de chance que je t'en parle si tu m'avais fait cette faveur.

— Je pensais que... c'était simplement pour ta satisfaction personnelle.

Eowyn a un sourire triste.

— Cela prouve que nous ne nous connaissons pas tant que ça, en fait. Ma nature curieuse est ce qui m'a incité à t'aider dans ta mission de trouver Belokwa, c'est certain. Je ne nierai pas qu'elle peut parfois me porter préjudice. Mais n'ai-je pas bravé cette partie de ma personnalité pour t'aider dans ta mission ? N'ai-je pas été une bonne compagne de voyage malgré quelques accrochages inévitables ?

Elle voit la visière du casque se baisser vers le sol. Elle se décide finalement à répondre à la question qu'il lui a posée.

— Je vois des souvenirs, pour répondre à ta question. Des souvenirs qui ne sont pas les miens.

Il relève la tête vers elle.

— Gideon m'a appris que les Khaalists avaient une mémoire collective. J'ignore si tu le savais.

— Je le savais.

Eowyn pince ses lèvres entre elles en serrant les dents. Bien, encore une chose dont il ne m'a pas parlé.

— Et pendant mon séjour dans le laboratoire, ils ont utilisé une technologie pour fouiller dans ma mémoire. Il ignorait si je possédais une mémoire collective étant donné que j'ai vécu toute ma vie sur Ongarth, bien qu'il semble que je sois née sur la planète de mon peuple, mais il l'espérait. Il espérait que je sois la fille des derniers monarches de mon peuple et qu'on m'ait transmis la mémoire de ma famille, ou je ne sais pas quoi exactement. Il cherchait quelque chose dans cette mémoire, mais ils n'ont rien trouvé. Je n'ai fait que revivre ma vie en boucle, jusqu'au souvenir le plus lointain que je possède. Et depuis que je suis sorti de ma propre mémoire, je vois des choses qui se superposent à ce qui m'arrive à l'instant t.

— Et tu perds connaissance à chaque fois, termine-t-il son explication. Je vois.

Eowyn lâche un pouffement qu'elle ne souhaite même pas dissimuler. J'en doute.

— Maintenant que ta curiosité est assouvie, je crois qu'il est temps que nos chemins se séparent.

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