[Prologue]
Une longue et paisible nuit berçait la petite ville canadienne de Nestintrunk. C'était un endroit calme et isolé, presque oublié de tous et il était certain que jamais vous ne le verrez sur une carte du Canada. C'était un lieu presque interdit tant il regorgeait de mystères.
Et des mystères, cette commune en avait connu. Des histoires de meurtres, d'enlèvements, de fantômes, de suicides, de monstres dans la forêt qui n'était qu'à un ou deux kilomètres de la ville. Pourtant, Nestintrunk était encore habité. Les prix des habitations n'étaient pas très élevées et le voisinage était bienveillant, ce qui permettait de vivre dans la tranquilité jusqu'à sa mort. Il y avait aussi deux cimetières : un à l'entrée et un à la sortie, qui clôturait la ville.
Les personnes qui vivaient et évoluaient à Nestintrunk étaient considérées comme folles, étranges, bizarres ou même psycothiques. A vrai dire, on interdisait les enfants de s'approcher de la petite ville, bien qu'en apparence, elle n'avait rien qui puisse laisser transparaître son passé particulièrement sombre et glauque.
On ne sut jamais si Nestintrunk était hanté. On racontait toujours des légendes et des mythes comme quoi, ceux qui y habitaient était des démons partisants de Satan et du Diable lui-même, mais ce n'était que des paroles en l'air et des bobards. Les habitants de la commune se défendaient du plus qu'ils pouvaient face à ces mensonges que racontaient les villages aux alentours, en vain malheureusement, car l'histoire était ancré dans la tête de ceux qui l'avaient entendue. Cette petite ville était condamnée à errer dans l'image d'un endroit dangereux, effrayant et désagréable, tout comme ses occupants.
Les foyers de Nestintrunk n'étaient pas tous éteints à cett heure tardive- 23:46 -et fort heureusement, car la ville présumée hantée était un vrai lieu terrifiant dans la nuit totale.
En cet instant, il y avait encore une maison où les lumières éclairaient la rue dans laquelle était construite. La Comely Street. Une petite rue qui ne regroupait pas plus de huit maisons.
Ce logis, tout aussi étrange que l'histoire de Nestintrunk, les habitants l'appelaient la O-House.
C'était un endroit farfelu, vivant, même un peu fou parfois. Ses occupants, les O-Housiens, étaient, cependant, des gens fort admirables et gentils. Ils vivaient dans cette ville, comme toutes les autres personnes. Mais tout de même, c'était un lieu qui restait curieux.
La porte s'ouvrit lentement, dans un grincement timide, puis une forme humaine sortit de la demeure. Les lumières des réverbères tombaient sur son visage et sa silhouette de jeune femme. L'inconnue commença à parcourir les dalles qui marquaient l'allée de la maison puis, s'arrêta brusquement, comme si elle avait entendu un bruit suspect.
Elle finit par s'asseoir en tailleurs sur le sol glacé, dans un silence complet, et se mit à observer la rue vide et plongée dans le noir. Ses yeux clairvoyants parvinrent à distinguer le contour des maisons voisines et, après avoir lâché un profond baillement, elle finit par lever la tête-qui était encore engourdie de sommeil-vers le lune.
L'éclairage des lampadaires l'aveuglèrent et elle ferma les yeux, déjà bien affaiblie, puis l'intensité de la lumière diminua lentement, permettant ainsi à la demoiselle d'ouvrir ses yeux. C'était une jeune femme d'à peine vingt ans, plutôt petite, châtaine aux cheveux coupés aux épaules et aux yeux bleus. Elle était vêtue d'un simple sweat gris trop grand pour elle, ce qui mettait plus en valeur sa taille d'un mètre soixante-deux. Elle posa ses mains face contre le sol, derrière elle pour incliner son corps vers l'arrière pour réussir à examiner les étoiles qui apparaissaient dans le ciel depuis à peine une heure et demi.
On appelait cette fille Olive Rainbow. Elle avait dix-huit ans.
Une bourrasque de vent soudaine la fit frémir et elle se mit à grelotter, malgré elle et malgré son pull confortable et chaud. Elle se frotta les yeux et resta un instant la main sur le visage avant de la reposer au sol. Dieu que l'insomnie était pénible, des fois !
Un mal de tête commença à lui ronger le crâne, dans toute la lenteur possible pour que la jeune femme puisse bien ressentir la douleur- sûrement causé par la fatigue- lui avait expliqué son médecin. Il lui a aussi dit qu'il fallait qu'elle prenne une tisane où elle glisserait un ou deux comprimés de somnifères pour qu'elle arrive à dormir plus de neuf heures sans se réveiller en sursaut, encore à cause d'un cauchemar récurrent, comme chaque nuit.
Olive n'entendit pas la porte claquer derrière elle et elle ne sentit pas qu'une autre personne s'approchait d'elle, trop occupée à rêvasser entre les constellations et les comètes. Un jeune homme élancé s'assit à ses côtés et regarda fixement le visage de la châtaine qui elle, n'était nullement gênée de la présence du nouvel arrivant, ni par sa manie à observer les gens ainsi.
- Olive, déclara t-il d'un ton rauque.
Cette fois, la jeune femme quitta ses pensées et tourna la tête vers l'individu- qu'elle connaissait bien, même trop bien -qui la dévisageait avec une certaine expression d'inquiétude sur son visage pâle à en faire peur. Elle lui adressa un petit sourire et hocha la tête :
- Bonjour Lawliet.
Le jeune homme cligna des yeux avec difficulté. Il n'arrivait presque pas à rester éveillé et il se demandait comment est-ce que la châtaine faisait, elle, pour ne jamais être fatiguée.
- Cauchemar ?, demanda t-il en hésitant longuement sur la formulation de ce mot.
Olive le détailla- comme à chaque fois qu'il venait la rejoindre-du regard. Lawliet était un jeune homme de teint pâle, avec une tignasse brune hirsute qui dévalait sa nuque, des yeux sombres dont lesquels elle pouvait se noyer, d'énormes cernes noires en-dessous de ceux-ci, un nez droit et fin, et enfin, une fine bouche avec des lèvres blanches mais légèrement roses à cause du froid.
Il portait un long t-shirt blanc et un jean bleu simple mais trop grand pour lui. Et comme elle, il n'avait ni chaussettes, ni chaussures à ses pieds.
Oui, Lawliet était vraiment beau, mais ça, Olive le lui avait déjà répété.
En constatant qu'elle l'examinait attentivement, il esquissa un sourire.
- Je me sens observé, fit-il en couvant la châtaine d'un regard doux.
- C'est parce que tu l'es, lui répondit-elle en plantant ses yeux pétillants de malice dans les siens.
- Je suis ravi d'avoir l'honneur d'être étudié par une si belle lady, murmura t-il en se penchant sur elle pour déposer un baiser sur sa joue.
Olive sourit de plus belle.
- Je suis donc une lady, maintenant ?
- Ce surnom ne te plaît pas ? Je le trouve coquet et distingué, s'excusa t-il d'une voix profondément désolée alors que la jeune femme éclatait de rire.
- Non, je le trouve superbe ! Mais je suis loin d'être une lady, soupira t-elle en se grattant la nuque, gênée par ses pensées toujours négatives.
Lawliet lui prit la main et l'attira contre lui.
- Tu sais, je te trouve vraiment brave d'aller t'asseoir dehors malgré le froid, lui souffla t-il avec sincérité, tu n'es pas frigorifiée ?
Olive fixait toujours le ciel et les millions d'étoiles mais elle répondit :
- Si, je le suis.
- Alors pourquoi t'infliges-tu cela chaque nuit ?, continua le jeune homme d'une voix hésitante.
Olive quitta son observation pour se concentrer sur Lawliet. Elle était allongée sur ses jambes et elle était si bien installée qu'elle aurait pu s'endormir. Enfin, si elle n'était pas insomniaque.
- Je n'ai pas le choix, il faut que je prenne l'air ou je suffoque, répliqua t-elle un peu trop froidement pour que sa réponse ne soit que la pure vérité.
Lawliet soupira et posa ses lèvres sur les siennes avant de l'embrasser. Quand il recula son visage, il put voir que les joues d'Olive avaient tiré sur le rose bonbon.
- Viens me voir dans ce cas, je suis toujours là, proposa t-il en souriant.
Olive lui rendit ce sourire.
- Je t'aime, tu le sais ça ?
Lawliet la laissa se relever et elle se blottit dans ses bras. Oh comme son étreinte était rassurante...Olive aurait tout donné pour rester ici toute sa vie.
- Je t'aime encore plus, lui murmura le brun en calant sa tête dans le cou de la jeune femme, et c'est pour ça que j'aimerais que tu me préviennes si tu veux aller dehors.
- Même s'il fait nuit et moins quatre degrés ?, s'enquit t-elle d'une petite voix.
Lawliet ferma les yeux.
- Même s'il fait nuit et moins quatre degrés, répondit-il, sûr de lui.
Ils s'enlacèrent encore longtemps, dans le noir, sous la lumière des lampadaires qui jouait un contraste entre le t-shirt blanc de L Lawliet et le sweat sombre d'Olive Rainbow.
Mais ils ne savaient pas que, plus loin dans la rue, cachée dans une haie, on les observait.
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