6 - Alacrité

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Alacrité : vivacité et enjouement.

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Tout le peuple était terrifié, malgré la sûreté qu'il avait dans l'enceinte du Royaume. Le silence était plombant, même si quelques murmures filaient dans l'air, Milya semblait vide, sans vie.

Les femmes, toutes assises contre les murs à rassurer leurs enfants, dont quelques-unes d'entre elles pleuraient leur maris partis défendre leurs vivres et leurs souverains à l'extérieur des murs, étaient dévastées.

Personne ne savait ce qu'il se passait dehors. C'était si calme, si pesant, tout le monde imaginait le pire ; les habitants et les autres qui se trouvaient en dehors du Palais étaient considérés comme morts.

 Espèce d'idiote ! S'écria un homme au loin. Pourquoi ne l'as-tu pas pris ?!

 Je suis désolée ! Elle pleurait en se cachant le visage.

 Mon pauvre enfant ! Comment as-tu pu le laisser dans son lit ?! Tu l'as abandonné ! 

Les habitants de Milya étaient rongés par le désespoir. Beaucoup se jetaient la faute, d'autres n'arrêtaient pas de crier leur tristesse. L'ambiance se trouvait si désagréable, certains se bouchaient les oreilles, se balançant de droite à gauche comme le feraient des fous.

Eux, là-bas, qui se moquaient des Libres, semblaient si coupables qu'ils ne cessaient de répéter "les Dieux se sont vengés sur nous, à cause de moi, à cause de moi.". Les plus jeunes, les enfants, paraissaient perdus dans l'incompréhension. Les plus âgés, étaient les plus calmes. Ils connaissaient l'histoire dès le début, mais aussi le bannissement des Libres qu'avaient décidé les Nobles et les Justes, sous le contrôle d'Aera. Ils avaient connu et vécu la guerre, le désarroi, la séparation parfois et les pleurs.

Car oui, les Fraternels étaient finalement plus victimes que les Libres eux-mêmes. Parce qu'ils avaient de la famille. Parce que certains étaient mariés entre eux. Certains avec même eu des enfants. La douleur qu'ils avaient ressenti face à la séparation de leur famille il y a moins d'une vingtaine d'années avait instauré une certaine haine envers la Noblesse. Mais de toute façon, la majorité était pauvre et n'avait strictement pas leur mot à dire, sous peine de mort, parfois.

 Jimin, attends-moi ! S'exclama Namjoon, évitant les personnes du mieux qu'il pouvait.

 Je crois que je les ai vu ! Ils sont sûrement près de la cour intérieure ! Répondit celui-ci, le regard fixé droit devant.

Les deux amis cherchaient depuis une vingtaine de minutes déjà la famille de Taehyung. Il devait être avec eux quelque part dans le palais.

 Madame Kim ! Jimin l'appela.

Il tenta de surpasser les gens de sa tête, mais sa petite taille ou du moins, légèrement inférieure à celle des autres, l'empêchait de voir clairement. Et même s'il y arrivait, son regard se butait à certaines choses qu'il ne supportait pas de voir ; les enfants qui pleurent, des personnes blessées.

À vrai dire, la foule était dense. Il ne pouvait pas marcher sans avoir à se cogner ou à pousser, leur provoquant des remarques parfois un peu déplacées.

 Madame Kim ! Ils arrivèrent finalement devant elle. Madame Kim, vous allez tous bien ?!

Elle était là, assise, dos contre le mur, ses yeux fixaient devant elle, vides. La sœur de Taehyung, était assise dans la même position, ses jambes étaient rapprochées à sa poitrine. Collée à sa mère, simplement elle avait posé sa tête sur son épaule, quelques de ses cheveux cachaient une partie de son visage. Mais on pouvait tout de même apercevoir ses yeux et joues rougies. Son père n'était pas là.

Elle ne répondit pas.

 Madame Kim ? Il tenta. Taehyung, il était parti vous chercher, i-il m'a dit... Non, il est parti vous chercher. Vous ne l'avez pas vu ?

Un silence.

 E-Et Hoseok l'avait suivi, aussi... Il avait dit de ne pas le laisser seul et il est parti. Vous ne les avez pa-

 Je suis désolée. Coupa la femme, le regard toujours baissé. Je suis désolée.

Le visage de Namjoon et de Jimin se décomposaient peu à peu, lorsqu'ils virent la génitrice pleurer.

 Je suis désolée... Elle recouvra son visage de ses mains. Mon pauvre bébé...

Jimin apporta sa main à sa bouche, les yeux écarquillés.

 Le mur s'est effondré... il- Elle éclata en sanglot.

Jimin se retourna vers son ami, le visage déformé par le choc et la douleur. Il ne voulait pas croire cela. C'était impossible.

 M-Mais... et Hoseok, alors ? La femme se calma légèrement.

 J-Je... je ne sais p-pas, je ne l'ai pas croisé. 

Il tomba à genoux. Son regard était à la fois vide et rempli de tristesse. Il ne pouvait pas y croire. Il ne voulait pas y croire. Non, il n'y croirait pas. Ses yeux dévièrent le long du sol jusqu'à sa main, où, il y a à peine une heure, le poignet de Taehyung était.

Une nausée remonta soudainement à sa gorge, imaginant le corps écrasé sous une multitude de roches. Son visage parfait si angélique et sa peau légèrement basanée recouverts de sang. Ses membres meurtris et démolis, écrasés, déformés, cassés dans tous les sens. Ses cheveux si doux au contact de ses doigts salis par la poussière et les débris.

Toutes ces images, ces détails lui montaient au cerveau. Sa lèvre inférieure tremblait de dégoût et de peur, il avait l'impression que le poids de la terre s'était abattu sur ses épaules.

Et Hoseok, alors ? Où était-il ? Que lui était-il arrivé ? Peut-être se trouvait-il dans la salle ? Où est-ce qu'il pouvait être ?

Les bras de Namjoon l'accueillirent dans une douce étreinte.

Il y a une heure, il s'amusait avec Tae, Hobi, et lui. Il y a une heure, il était avec eux sans se soucier du moindre problème. Il y a une heure, Taehyung et Hoseok étaient vivants.

C'était il y a une seule et simple heure.

[...]


Il faisait toujours aussi froid, dans cette pièce sombre. Le corps du prisonnier ne cessait de trembloter depuis qu'il s'était réveillé. Il avait faim et soif, il avait mal partout cause du sol dur, mais il avait surtout très froid.

Il s'était recroquevillé sur lui-même, ses jambes étaient contre son torse, tenues par ses bras. Il soufflait par la bouche pour se réchauffer, et ses bras frottaient sans cesse les tibias dans des mouvements rapides et réguliers. Il était tellement gelé que finalement, il pensait même qu'il allait mourir de froid.

Taehyung ne savait pas quelle heure il était. Ni le jour. Il savait simplement qu'il se trouvait dans le pire endroit du monde où il pouvait être, et en plus, il ne savait pourquoi. Tout ce qu'il avait compris depuis le début, c'était que le beau Prince ne l'appréciait, mais alors pas du tout.

Il souffla. Ça ne servait à rien de relever le regard, tout ce qu'il voyait, c'était le noir. Il ne pouvait même pas marcher plus de trois mètres mais au moins, c'était assez pour atteindre le seau dans lequel il pouvait faire ses besoins. Il n'avait pas d'horloge, ni de réveil, rien. Il était dans une salle sombre, sans fenêtre, à attendre quelque chose dont il n'en savait rien arrive.

Et il souffla encore. Quand allait revenir Yoongi ? Et le Prince ? Il s'ennuyait ici mais, il préférait ça qu'être torturé. Sa famille lui manquait. Jimin lui manquait. Namjoon lui manquait. Hoseok lui manquait. Milya, sa maison, tout lui manquait.

Soudain, un bruit sourd retentit, le faisant sursauter et relever la tête vers la porte. Qu'est-ce que c'était ? Une détonation ? Un coup de feu ? Les yeux du prisonnier fixaient l'endroit vers l'entrée de la porte, et son rythme cardiaque s'accéléra lorsqu'il entendit des cliquetis, trahissant la présence de quelqu'un.

 Taehyung ? 

Il reconnut la voix du médecin, et soupira de soulagement en se détendant un peu.

 Tu es réveillé. Continua-t-il. Tu vas mieux, aujourd'hui ? Tu as encore dormi.

 O-Oui, ça va un peu mieux... Affirma le garçon en regardant le blond s'approcher de lui.

 Tant mieux. Il faut que tu viennes avec moi.

 O-Où... ?

 Tu verras. J'ai convaincu le Prince à venir te chercher moi-même, il m'a donné 5 minutes avant que ce ne soient ses gardes qui te prennent de force, alors debout. Reprit Yoongi en se baissant pour détacher sa cheville.

Le châtain n'attendit pas plus longtemps avant de se lever, malgré son mal-être et son incompréhension. Il regardait son médecin lui enlever la menotte qui reliait son pied au mur, avant qu'il ne se relève devant lui en souriant légèrement.

 Ça va aller. Ne dis juste rien de... compromettant. 

Taehyung fronça les sourcils. Où allaient-ils ? À la place, Yoongi lui indiqua d'un coup de tête de le suivre, et il commença à marcher en boitant légèrement. Il n'avait plus de chaussures, et sa jambe lui faisait tout de même mal... Il ne savait même plus à quoi ressemblait actuellement, que ce soient ses habits ou son visage, car il était plongé dans le noir presque total. Et puis il n'y avait pas de miroir non plus.

Il suivit alors le blond un peu lentement, et, plissa les yeux lorsqu'il franchit la porte de son cachot. De gauche à droite, il observa ce qui l'entourait. Une prison. La porte qu'il venait de traverser paraissait tout de même plus importante ; elle était blindée, et placée tout au bout du long couloir, au milieu.

D'ailleurs, celui-ci était illuminé par des lanternes vieilles. De simples lanternes accrochées au mur. Taehyung en profitait pour regarder les alentours, confrontant son regard avec d'autres prisonniers qui se mirent à hurler d'un coup, passant leur bras à travers les barreaux pour essayer de l'attraper.

Le garçon sursauta face à ce soudain vacarme, tandis que Yoongi n'avait pas tellement l'air surpris. Les hommes étaient fous, balafrés, et couverts de saleté. Il n'était pas du tout rassuré. Leurs mains étaient sales, et tentaient de le toucher.

 Viens-là ! Viens-là !

 T'es mignon, approche ! Ils criaient en rigolant.

Les larmes lui montaient aux yeux. Ce n'était pas tellement qu'il n'était pas rassuré, il était mort de trouille. Les gens comme ça étaient enfermés dans les prisons les plus impénétrables, ou du moins ils étaient cachés au grand public. Taehyung n'avait jamais eu à faire avec eux.

— Bon courage ! L'un d'entre eux explosa de rire.

Yoongi comprit qu'il était un peu mal à l'aise, alors il se dépêcha d'avancer ; le garçon le suivait aussi rapidement. Arrivé à la fin du long couloir, les cris ne diminuaient pas mais semblaient plus lointain. Le Libre devant lui ouvrit une seconde porte, puis une troisième derrière celle-ci.

 À tout à l'heure si t'es pas mort d'ici là !

 Ouais !

 Adieu ! 

Et ils empruntèrent des escaliers qui menaient encore à une porte. Taehyung jeta un coup d'œil derrière lui, les portes se refermaient toutes seules dans un gros bruit d'acier.

Puis, après avoir monté la quarantaine de marches, Yoongi ouvrit une énième paroi en fer. Le garçon aux cheveux châtain plissa les yeux ; la luminosité était très forte, du moins, ses yeux s'étaient habitués au sombre.

Son pouls s'accéléra à la vue de l'immense endroit où il se trouvait. Il jeta un œil derrière lui, observant aussi les alentours où il était, les yeux écarquillés.

Il était enfermé dans la prison même du palais.

Dans la prison royale.

Son regard fit le tour, s'échouant sur tout ce qui l'entourait.

C'était très beau. Les murs étaient ornés de gravures, le sol était de marbre blanc avec des rayures gris clair, et des sortes de pierres ressemblantes au quartz, ainsi d'immenses voûtes donnaient sur un petit jardin dans lequel se trouvaient des multitudes de roses rouges, noires et blanches. La lumière du soleil reflétait sur la couleur blanche du marbre, le faisant briller de mille feux, comme des petits diamants.

Il s'approcha un peu plus de Yoongi lorsqu'il croisa le regard d'autres personnes qui le fixaient déjà. Il était très mal à l'aise et surtout complètement perdu. Il ne savait pas ce qui lui arrivait, il ne savait même pas quoi penser. Les gens, qui avaient l'air plutôt très aisés, s'écartaient à la venue des deux garçons, mais leurs regards restaient sur la silhouette du châtain.

 C'est lui ? Murmura une femme aux cheveux ébènes.

 Oui, c'est Kim Taehyung.

 C'est Kim Taehyung. 

Les chuchotements n'étaient pas discrets et ne cessaient pas. Pourtant, Yoongi avait l'air de s'en moquer totalement. Il ne les regardait même pas. Le prisonnier baissa la tête, essayant de se faire discret, mais les paroles de son médecin lui revinrent en tête.

 Je sais déjà comment tu t'appelles, à vrai dire et pour rien te cacher, tout le Royaume sait déjà qui tu es, Kim Taehyung.

Il arrêta sa contemplation du Palais lorsqu'ils arrivèrent devant une immense porte noire, où se trouvaient deux gardes qui se dirigèrent soudainement vers eux. Le châtain eu un mouvement de recul mais fut vite rattraper par Yoongi qui lui emprisonnait le bras.

 Ça va aller Taehyung. Normalement, ils ne devraient pas te faire de mal. Je serai là, aussi. 

Normalement, retint Taehyung.

Il se laissa faire, observant les hommes à la carrure imposante lui mettre des menottes aux mains, laissées à l'avant de son corps, ce qui lui permettait de les voir. Il regarda Yoongi, avant que les gardiens n'ouvrissent les portes.

La bouche du prisonnier s'entrouvrit, en même temps que ses yeux s'ouvrirent brusquement. Un des hommes le força à avancer et il pénétra dans la salle, où était disposé sur le sol un grand tapis rouge, qui menait à deux trônes. Des chaises se trouvaient tout le long et des deux côtés, qui étaient occupées par des personnes, bien souvent des hommes.

La pièce était baignée de lumière grâce aux vitres gigantesques, semblables à celles des églises, mais elles étaient blanches, sans aucune couleur. Les murs étaient de pierres brutes beiges, mais le sol restait toujours en marbre, marquant la prolongation du chemin du Palais.

Le châtain avança sans un mot, le cœur battant à tout rompre, et son regard se figea lorsqu'il croisa celui du noiraud, assis sur le trône au centre. Même de loin, il remarqua son air hautain sur sa personne, le jugeant totalement.

Le garde derrière lui le poussa à avancer plus vite, et, arrivé à une certaine distance un peu plus proche, il le força à s'agenouiller.

Son cœur battait à s'en briser les côtes, son sang affluait tellement dans son cerveau que sa tête bourdonnait. Il n'osa pas remonter la tête, car il sentait le regard horriblement brûlant qu'avait le Prince sur son corps. Ses yeux fixaient durement le sol, il mordait sa lèvre si fort pour ne pas pleurer, qu'il commençait à sentir le goût du sang dans sa bouche.

 Kim Taehyung. 

La voix du noiraud résonna dans la salle. Elle était froide, intimidante, et grave. Bon dieu, le châtain ne voulait qu'une seule chose, s'enfuir le plus loin possible. Il se trouvait à Arthémia, dans la salle du trône, en face du Prince des Libres.

Mais qu'est-ce qu'il fichait là ?!

 Le minimum serait de me regarder lorsque je te parle. 

Taehyung commença à trembler. Sa tête se releva tout doucement, et ses yeux se plantèrent dans ceux du Prince.

Il était si proche. Il était si beau.

 Bien. Fit l'homme à côté de lui, sur le second trône. Nous pouvons donc enfin commencer. D'où viens-tu ?

— J-Je viens d-de Milya. Répondit Taehyung d'une petite voix.

 Vraiment ? Souffla le Prince en haussant un sourcil.

 Jungkook. Coupa l'homme, qui reçut un regard noir du noiraud. Donc, tu viens de Milya.

 H-Hm... O-Oui, je-

 Je ne t'ai pas demandé de parler. Trancha-t-il.

Le châtain baissa la tête, honteux et horriblement agacé. Surtout que le regard insistant du Prince n'arrêtait de le perturber au plus haut point. Il se sentait tellement minuscule, à cet instant, comme face à une divinité.

Sans doute elle.

 Dis-moi, Taehyung. Continua l'homme. Pourquoi penses-tu avoir été arrêté ? Et par nous, le Royaume d'Arthémia, pour un simple et pauvre jeune homme comme toi ?

Il fronça les sourcils. Non mais, pour qui se prenait-il ? -le Roi, peut-être- D'autant plus que le Prince sembla plus agacé que lui par sa réplique.

 J-Je n'en sais rien. Répondit alors le prisonnier, un peu plus confiant. Je ne sais même pas ce que je fais ici, je suis un simple et pauvre jeune homme qui vivait avec sa famille. Je suis un fraternel qui n'a rien demandé.

 Tais-toi, insolent. Rétorqua-t-il, alors que ledit Jungkook avait un rictus sur le bord des lèvres. Tu ne connais donc rien à ton sujet.

 Parce que je devrais connaître quelqu-... 

Il reçut un coup en plein visage par le pied d'un des gardes à côté de lui, ce qui le fit basculer sur le côté assez brutalement. Il grimaça en sentant sa mâchoire lui piquer, avant d'entendre un rire venant de devant.

 Bien, bien, bien. Sourit l'homme. On va te soumettre à un petit interrogatoire, Taehyung. Rien de bien méchant. 

Le châtain n'était pas vraiment rassuré par ces paroles. Il remonta le regard vers les deux Libres qui se trouvaient devant lui. Celui assis à côté se leva, et marcha lentement, sous les regards que toute la salle lui offrait. Le silence régnait, personne n'osait émettre le moindre bruit.

Il s'empara d'une épée qu'un des serviteurs, disposé à côté, lui présentait sur une sorte de coussin noir. Le vieil homme s'approcha du châtain sans le regarder, ses yeux étaient sur la surface luisante de l'arme qu'il tenait à l'horizontale de ses deux mains.

Taehyung l'observait venir vers lui, et il eut un sursaut lorsque l'épée arriva juste en dessous de son menton. Il leva légèrement sa tête par pur réflexe, alors qu'il sentait le bout toucher la peau de sa gorge. Les larmes lui montaient aux yeux, il commençait à avoir des sueurs froides.

— Dis-moi, Taehyung. As-tu peur de la douleur ? 

Il était paralysé, il ne pouvait pas répondre. Ses poumons se gonflaient si vite que ses souffles étaient irréguliers, ses lèvres tremblaient malgré qu'elles soient collées entre elles. Il sentit soudainement la pointe de l'arme appuyer un peu plus sur sa pomme d'Adam, lui coûtant un avalement qui le fit grimacer.

 Répond. Ordonna l'homme.

— Oui.

 Oui ? Et de la mort ? Répéta-t-il, en appuyant encore plus la lame sur sa gorge.

Les yeux du châtain lâchèrent soudainement des larmes, qui roulaient sur ses joues. Il sentait la pointe de l'épée lui séparer la peau en deux d'une manière terriblement lente, que son corps en fut pris de spasmes, provoquant le saignement de la blessure qui commençait à s'installer.

 O-Oui. 

Le Libre devant lui lâcha un rire, en enlevant l'arme sous son menton. Il lui tourna le dos et se dirigea derrière lui, comme s'il voulait l'analyser. Le Prince, dont ses yeux avaient observé la scène sans louper une seule seconde, était enjoué.

Étrangement enjoué.

Le beau jeune homme avait posé son coude sur le côté de son siège majestueux, et sa tête reposait sur le dos de sa main. Ses jambes étaient entrecroisées, sa posture dégageait une aura si intimidante que le prisonnier ne put s'empêcher de baisser le regard.

 Bien. Reprit l'autre. Taehyung. Que faisais-tu à Milya ? 

L'appelé se pinça la lèvre, avant de répondre.

 Je vivais.

 Avec ta mère ?

 O-Oui. Il se mit à douter, se retournant pour l'observer. Pourquoi me d-demand-...

 Silence. Coupa-t-il. Et, est-ce que tu sais pourquoi tu as les cheveux châtains, si tu viens d'un Juste et d'une semi-Libre ? 

Le garçon ne comprenait plus ce que disait l'homme désormais à côté de lui. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il connaissait son père et la situation de sa mère. Alors pourquoi lui avait-il demandé s'il vivait avec elle... ? Et puis, ses cheveux, il n'en savait trop rien.

 I-Il doit, enfin i-il doit sûrement a-avoir quelqu'un de ma f-famille de la N-Noblesse... je ne sais p-pas.. Répondit alors le garçon, avant qu'une pensée ne traverse son esprit subitement. M-Mon grand-père, il est N-Nobl-

 Bien sûr. Son ton était ironique. Tu mens. 

Un frisson parcourut le corps de Taehyung.

 M-Mais non... c'est mon grand-père, il a é-été tué par-

 Silence. Coupa-t-il brusquement. Tu mens. Et tu sais ce qu'on fait au menteur ? 

Il revint face à lui, à un mètre si ce n'était pas moins.

 On leur coupe la langue. 

Ses doigts parcouraient la lame, du manche jusqu'à la pointe, avant que son regard ne se plante dans celui perdu du prisonnier, qui ne comprenait plus rien. Lorsqu'il se déplaça à nouveau derrière lui, Taehyung dévia ses yeux vers ceux du Prince qui le regardait déjà. Son regard était neutre, toujours aussi hautain envers sa personne.

Ses cheveux se firent brusquement attrapés par la main de l'autre, et il lui tira brutalement la tête en arrière, avant qu'il ne sente la lame tranchante sur son cou, et rentrer dans la coupure qu'il avait déjà.

Des tremblements prirent contrôle de son corps, ses mains s'accrochaient entre elles et des larmes recommençaient à couler sur son beau visage. Il commença à geindre en sentant l'épée s'enfoncer dans sa gorge, alors qu'il entendit des pas derrière lui venir.

 Mon père. 

Cette voix, le châtain la connaissait. Il se surprit à reconnaître Yoongi, alors qu'il ne l'avait entendu qu'à peine trois fois.

 Qu'as-tu à m'interrompre, fils ? Ne vois-tu pas que je suis occupé avec cette vermine ?

 Je suis désolé, Père. Mais il y a urgence. Un jeune homme inconnu a été aperçu non loin des frontières du Royaume. Et d'après les gardes, il ne s'agit pas d'un Libre. 

L'emprise qu'avait la main sur les cheveux du châtain disparue d'un coup, et la tête du garçon bascula en avant, et il toussa en grimaçant.

 Jungkook. Tu m'avais dit que personne ne vous avait suivi.

 Personne ne nous a suivi, mes gardes me l'avaient confirmé. Répondit le noiraud en se levant.

Tous les regards se dirigèrent instantanément vers Taehyung, qui se remettait à peine de la brutalité que l'homme lui avait imposée. Il regardait les trois hommes d'un regard qui paraissait tellement petit, comme s'il était soumis face à eux. Ce qui n'était pas vraiment faux.

 Qui était avec toi ? Lança le père de Yoongi.

 I-Il n'y avait personne avec moi... 

L'homme détourna le regard du garçon et commença à partir de la salle, accompagné du jeune médecin qui lui donna un regard désolé et rempli de compassion. Taehyung fronça les sourcils, et un frisson le traversa d'un coup lorsqu'il entendit la voix du Roi s'élever.

 Jungkook, occupe-toi de lui. 

Et il vit un sourire prendre possession des lèvres du Prince, alors que ses yeux s'étaient plantés dans les siens. L'aura intimidante du noiraud l'écrasait totalement lorsqu'il s'approcha de lui, contrastant avec les corps des personnes qui étaient dans la salle en train de partir, les laissant ainsi presque seul à seul.

 Enfin, nous nous retrouvons. 



Profond silence.





Alacrité.





 Kim Taehyung. 








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Coucou !

Je reprends les publications de l'histoire en corrigeant et améliorant l'écriture.

Excusez-moi de l'attente, mais j'estime qu'elle méritait plus de temps!

Je vous dis à très vite pour la suite, prenez soins de vous!
À bientôt :>

<3

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