32 - Doléance
- - - - -
Doléance : requête ou plainte qui traduit un état de souffrance.
- - - - -
Mes doigts glissaient entre ses mèches claires, les yeux rivés sur son visage endormi. Taehyung dormait paisiblement, son corps fin couvert par les draps blancs, seulement sa tête se trouvait en dehors. Les paupières closes, j'entendais ses souffles réguliers me prouver son sommeil tandis que je caressais promptement sa chevelure, l'esprit ailleurs.
Un léger soupir.
J'observais calmement mon index et mon pouce jouer avec ses cheveux légèrement ondulés et soigneux, si soigneux et brillants aux douces lueurs des rayons futiles qui traversaient la vitre. Puis je me levai silencieusement pour le laisser dormir.
Torse nu dans la chambre, je ramassais une veste au sol pour couvrir mes épaules. La température s'était anormalement rafraîchie. Et je la sentais. Sa colère, sa haine. Artémis faisait frémir l'entièreté de mon corps et je sentais son ardeur gelée contracter mes muscles. Je pris la décision de sortir de la chambre pour éviter de réveiller Taehyung, conscient de son important besoin de sommeil.
De nouveau dans le salon, je partis m'installer sur le canapé. Je rencontrai involontairement la matière froide du sofa dans un bruit lourd, même si je savais parfaitement ce qui m'attendait. Un soupir s'échappa de mes lèvres et je fermai les yeux, me concentrant, me concentrant jusqu'à arriver dans l'inconscient divin, face à la grandeur d'Artémis dont le regard déchaîné était planté sur moi.
La Déesse était bien plus grande qu'elle ne l'avait jamais été, plus forte, plus froide. L'ombre foncée s'approchait dangereusement d'un noir intense tant les ténèbres étaient puissants.
— Jungkook. Articula-t-elle froidement.
Je connaissais les raisons de sa colère.
— Artémis.
Un rire de sa part. Elle brûlait d'un gris sombre éternel, sa silhouette avait fini par se matérialiser, s'approchant de moi. A chaque pas la salle s'obscurcissait davantage dans un bruit de tambour. Ses cheveux noirs virevoltaient en arrière sous les souffles de son aura puissante.
— N'avais-je guère été claire, auparavant ?
— Doutez-vous encore de moi ?
Un autre rire, ses yeux se plissèrent. Artémis vint jusqu'à se placer devant ma silhouette, le regard défiant, énervée.
— Ton cœur a commencé à s'ouvrir à son euthymie. Je vois ton regard éclairci et ton corps détendu. Dois-je rappeler ce que Taehyung a fait à tes parents ?
— Dois-je rappeler ce que vous avez fait aux siens ?
Un coup de pression, intense. J'avais fini à genoux, le souffle court. Mes doigts s'ancrèrent violemment dans ma poitrine, sur mon cœur qui se serrait douloureusement.
— Reprends-tu mes décisions, misérable humain ? Je t'ai pourtant choisi pour ce désir de guerre que tu m'as promis.
— Je l'accomplirai, Artémis. Soufflai-je difficilement.
— Je ne t'accorderai aucune rédemption.
— Je le tuerai, Artémis.
— En es-tu sûr ? Tes gestes envers lui sont devenus bien trop doux.
— Je ne fais que tenir promesse envers sa mère.
Un rire, encore. Je relevai mes yeux vers elle, croisant son regard irrité aux lueurs mesquines.
— Ne tombe pas dans le piège de ces êtres ignorants. Ce ne sont que de simples prétextes pour assurer leur bonne foi et se montrer dignes lors de leur jugement.
— N'est-ce pas là le rôle d'une simple mère que de devoir prendre soin de son enfant ?
J'avais joué sur nos deux vécus. Artémis soupira.
— Lorsque son heure viendra, ne m'oblige pas à le tuer à ta place, Jungkook.
— Je le tuerai, Artémis. Avais-je répété.
— Je hais me répéter. Tiens-toi à la première promesse d'un Dieu à la place de celle d'une pauvre humaine.
— Je ne vous trahirai guère, Artémis.
— Tu mourras si tu oses.
— Je connais mes actes. Repris-je aussitôt face à son agacement. Ne me reprochez pas vos pensées. La vérité est autre.
— Je ressens les pulsations de ton cœur. Qu'adviendra-t-il si tu tombes amoureux ?
Mes yeux s'étaient baissés au sol tandis que je les avais calmement fermés.
— Ne méprenez pas la pitié et l'amour.
Un rire, une nouvelle fois.
— Mes actes nouveaux n'auront aucune importance sur l'avenir, ni le nôtre, ni le sien.
Un fin sourire s'était dessiné sur ses lèvres. La froideur de la divinité s'imprégna de mon corps et j'avais serré les dents. Je sentais cette même force tumultueuse contracter mes muscles et mes pensées s'y abandonner sans aucune résistance.
— Je ne vous décevrai pas, Artémis.
— Une guerre approche.
J'avais aussitôt relevé mon regard vers le sien.
— Une guerre ?
— Oui. Les dirigeants de la Noblesse et de la Justice ne s'avoueront jamais vaincus.
Elle me tourna le dos après avoir fermé les yeux.
— Pas avant l'avoir repris.
Son corps se mêla à l'ombre gris foncé pour qu'une partie n'y disparaisse doucement.
— Thémis n'a guère produit son jugement.
Puis, ses jambes se dissipèrent, son bassin, son ventre jusqu'à ses épaules. Son visage s'inclina une dernière fois vers moi lorsqu'elle prononça.
— Taehyung devra y mourir.
[...]
Lorsque mes paupières s'ouvrirent, mon regard se posa sur la cheminée, en face du canapé. Je passai alors frénétiquement mes mains sur mon visage, frottant mes yeux pour glisser mes doigts dans mes cheveux noirs. Puis, dans un élan involontaire, je plaçai alors mes mains devant mon visage pour les observer trembler.
Je sentais son euthymie glisser au travers de mes veines, bien qu'elle n'était que pensées, Artémis était l'une des Déesses les plus puissantes de ce monde. Je ne pouvais guère m'opposer à elle puisqu'elle me contrôlait entièrement. Mes gestes étaient les siens, mes pensées étaient les siennes, elle traçait son avenir et ses envies au travers de mon esprit et mon corps.
J'étais entièrement dévoué à elle. Je ne pouvais jamais m'y défaire.
Je serrai mes mains dans deux poings agités, les coudes posés sur mes cuisses entrouvertes. Les vagues d'un souvenir douloureux de mon enfance me firent frémir. Parce qu'Artémis me contrôlait, elle partageait ma vie, mes souvenirs et mon existence entière avec moi. Parce qu'elle était moi et que j'étais qu'une simple partie d'elle, parmi tous les humains auxquels des promesses lui avaient été accordées.
Pourtant je ne la détestais pas. Je ne pouvais pas la haïr, car ma colère était dévouée à ce qu'elle m'avait transmis : eux. La Noblesse, la Justice, et Taehyung.
La colère.
Comme si je ne pouvais vivre qu'au travers de cet état infernal et éternel.
Mes yeux se posèrent sur le livre posé sur la table basse, toujours ouvert à la page d'Artémis. Pris d'une pulsion soudaine, mes doigts l'attrapèrent pour le fermer aussitôt et le balancer en dehors de ma vue.
Parce qu'Artémis avait compris mes doutes, elle s'obligeait à me faire redevenir sien. Je ressentais sa haine s'emparer de mon corps, de cette même idéologie que je connaissais par cœur, à savoir, tuer. Tuer. Tuer. Je voulais tuer, les tuer, le tuer. Je tremblais. Je sentais la divinité grandir en moi et ses flammes brûler pacifiquement mon corps, comme si ce feu intense, si foncé et profond faisait partie de moi, comme si sa colère n'était que mienne.
Ma doléance n'aurait jamais pu naître, et jamais elle ne naîtra.
Puis, j'entendis une voix, sa voix s'éleva et traversa la porte de la chambre. Mon visage s'inclina aussitôt vers la source du bruit, mes yeux sévèrement planté sur la simple barrière en bois qui nous séparait. Mes pensées fusèrent sur ces mots, ses mots qu'elle ne cessait de prononcer dans ma tête.
Tue-le.
Un pas. Un deuxième. Mes mains tremblaient tant sa colère était puissante. Mais je m'arrêtai subitement lorsque la porte s'ouvrit timidement, et sa haine se volatilisa instantanément lorsque ses yeux d'un gris somptueux se posèrent sur moi.
— J-Jungkook...
Sa voix traversa mon corps, mon cœur, et me réchauffa aussitôt. La froideur intense d'Artémis fût remplacée par la douce chaleur de Héra que je ressentais d'ici.
— T-Tout va bien ?
Mes yeux s'écarquillèrent soudainement en comprenant. Taehyung avait sans doute perçu la colère d'Artémis puisqu'une partie d'elle était en lui. Il s'était certainement réveillé pour cette raison. Ce fût à ce moment que je l'aperçus, derrière lui, m'observer de ses yeux sombres. Je me figeai en remarquant son ombre entourer sa gorge et son regard se plisser.
— ...ne m'oblige pas à le tuer à ta place, Jungkook.
Tout se passa en un éclair. Je m'étais élancé pour ouvrir violemment la porte et attraper Taehyung pour le coller contre moi, à l'écart d'elle et de sa froideur maladive.
Parce que j'étais convaincu qu'elle pouvait le tuer à tout moment.
Il avait simplement échappé un simple couinement, mon bras bloquait ses épaules tandis que mes yeux étaient plantés dans ceux de la Divinité, qui disparût progressivement. Puis, tout se calma. Mes doigts étaient ancrés dans sa peau et je le gardais contre mon torse, lorsque je l'entendis murmurer.
— V-Vous... m'é-étouffez...
Je me séparai de lui et partis dans la cuisine sans lui jeter un regard. A la place, un soupir s'échappa de mes lèvres et je posai mes deux mains sur les bords du lavabo, les paupières fermées.
— Jungkook...
Un silence. J'entendais les pulsations de mon cœur se calmer.
— Ai-je fait quelque chose...? J-J'ai peut-être dormi trop longtemps...
Mon corps s'inclina face à lui et ce fût que maintenant que je le vis entièrement. Identique à la veille, je l'avais habillé d'un haut long et d'un sous-vêtement après l'avoir lavé. Ses cheveux clairs en bataille et ses yeux endormis me prouvèrent qu'Artémis l'avait sûrement tourmenté pendant son sommeil. Ses deux mains étaient accrochées au bord de son vêtement, un léger sourire prit place sur mes lèvres.
— Non, tout va bien. Retourne dormir si tu es fatigué.
— N-Non, je vais bien.
Je remarquai d'ici ses joues s'empourprer tandis que son regard descendit son mon corps. Il tourna aussitôt la tête sur le côté lorsque je vins vers lui, le regard planté sur le sien qu'il avait dévié vers la fenêtre. Je glissai ma main sur son cou pour attraper sa mâchoire entre mon index et mon pouce et le replaçai face au mien. Taehyung remonta timidement ses yeux dans les miens.
— As-tu bien dormi ?
— Oui, et vous ?
— Mh. Acquiesçai-je d'un simple fredonnement.
Mes lèvres se posèrent sur son front et mon autre main remonta sur son dos pour le coller contre moi. J'en profitai pour me réchauffer grâce à la chaleur agréable de son corps. Héra se mélangea avec Artémis et je sentis Enyo nous embaumer de son aura protectrice. Taehyung avait glissé ses mains sur mes omoplates et sa joue était collée contre le haut de mon torse.
— V-Vous êtes sûr que tout va bien ? Avait-il chuchoté contre ma peau.
— Oui.
— D'accord... Avait-il soufflé, pas réellement convaincu.
Nous restions ainsi pendant une courte minute avant de nous séparer. J'attrapai son bras pour l'obliger à venir dans la cuisine, et sortis la même nourriture que la veille avant de lancer, joueur.
— Cette fois, je dois m'assurer que tu manges réellement.
[...]
— Lève ton bras plus haut.
Un peu perdu, Taehyung exécuta mon conseil en levant le bâton plus en hauteur devant son torse. Ses deux mains serraient fermement l'arme que l'on avait désignée, et ses yeux revinrent se placer dans les miens à la suite.
— C'est mieux. Lançai-je dans un sourire.
— J-Je ne sais pas, Jungkook. C'est un peu inconfortable ainsi... Avoua-t-il, la mine déconfite.
— Tu t'y habitueras. Zeng te l'avais enseigné, non ? Ton arme doit être en diagonale devant ton corps.
— O-Oui.
— Bien qu'Héra te protège, il faut que tu saches contrer n'importe quelle attaque. Les coups d'épée, les lances, les flèches.
— Les flèches ?! S'exclama-t-il.
— Mh.
J'en profitai pour matérialiser l'arc noir et me reculai légèrement.
— Tu veux essayer ?
— N-Non, attendez ! Bafouilla Taehyung, agité.
Un léger soupir s'esquissa de mes lèvres. Mon regard se déplaça sur la surface du lac qui brillait aux rayons du soleil, et les quelques oiseaux sauvages qui glissaient sur l'eau. Nous étions revenus au lac pour nous entraîner. Artémis m'avait prévenu de la prochaine guerre alors je voulais que Taehyung soit prêt pour se battre. Bien qu'il n'avait pas plus posé de question, j'apercevais facilement ses doutes et son incompréhension qu'il ne souhait pas me montrer. Sans aucun doute avait-il perçu que quelque chose se tramait au travers de mon comportement.
Mes yeux revinrent sur sa silhouette. Habillé d'un haut blanc et d'un short beige, Taehyung essayait de reproduire mes gestes du mieux qu'il pouvait. Il levait et baissait son bâton, attentif, puis mon regard glissa sur son cou où j'aperçus quelques marques de nos ébats, la veille.
Je voulais l'entendre, encore, le voir, toujours plus, le sentir, le goûter, le toucher, l'embrasser. Je voulais que nos corps soient éternellement liés.
Je baissai mes yeux au sol, et remontais mon arc pour qu'il apparaisse dans ma vision.
Parce que je ne voulais plus que Taehyung meure.
Je serrai mes poings, les paupières closes.
Enfin, plus.
L'avais-je déjà réellement souhaité ?
J'ouvris mes yeux en ressentant sa présence, au loin. Je remontai légèrement mon visage pour apercevoir le cerf, de l'autre côté du lac, marcher pacifiquement avant de s'arrêter pour tourner la tête vers moi.
Qui étais-je devenu ?
Son brame résonna. Taehyung avait levé la tête vers lui, tout en s'approchant de moi pour venir se placer à ma gauche. L'animal vouait son cri célèbre tandis que nous l'observions, au bord du lac aux reflets aveuglants, puis des oiseaux s'envolèrent soudainement. Quelques plumes virevoltaient dans la brise légère qui traversa la forêt, se mêlant aux feuilles des arbres dans un sifflement discret.
— Oh ! Jungkook, regardez !
J'inclinai aussitôt le visage sur la gauche pour suivre son regard, qui avait fini par se poser sur un autre oiseau, de l'autre côté de la rive.
Un paon.
Il avançait calmement, ses plumes vertes et bleues se trémoussaient au rythme de ses pas lents.
L'emblème de Héra.
Mon regard se porta sur la droite.
Et l'emblème d'Artémis.
Taehyung laissa un cri s'échapper de ses lèvres lorsque l'oiseau dévoila ses plumes en même temps que le soleil brilla de mille lueurs, illuminant les couleurs irisées de sa queue, bleu canard, vert émeraude, jaune, orangée et violine. Un souffle chaud frôla nos deux silhouettes tandis que le paon dévoilait ses couleurs tropicales sous le brame du cerf qui effleurait la surface scintillante du lac.
C'était majestueux.
Sous nos yeux émerveillés, les deux animaux s'étaient rejoints pour se courber respectueusement, face à face de deux emblèmes divins au cœur de la forêt Libre de la contrée Sud. Je sentais, d'une façon subtile, Enyo embaumer nos deux corps proches, un mélange d'amertume et de douceur qui résultait d'une homogénéité fantastique.
Je profitai de ce spectacle pour jeter un coup d'œil à Taehyung, sur ma gauche. Mes yeux trouvèrent les siens et je fus surpris de remarquer qu'il m'observait déjà. Comme dans mes attentes, il avait aussitôt tourné la tête sur le côté mais je l'avais rattrapé d'une prise sur sa mâchoire. Nos regards plongèrent une énième fois l'un dans l'autre, ses iris grises aux reflets céruléens s'illuminaient sous les couleurs du soleil, et ses joues prirent une teinte légèrement rosée.
— Taehyung.
— Jungkook. Avait-on prononcé en même temps.
Il empêcha un sourire se dessiner sur ses lèvres.
— Oui ?
— N-Non, je voulais juste-
Jungkook avait abaissé son visage à ma hauteur, et j'avais eu un léger mouvement de recul.
— H-Hum...
— Regarde-moi.
Sous mes joues rouges, je replaçai timidement mon regard dans le sien, un léger rire s'échappa de sa bouche.
— V-Vous vous moquez encore de moi...
— Oui. Affirma-t-il, enjoué.
Mes sourcils se froncèrent aussitôt tandis que ses yeux s'étaient intimement obscurcis. Puis, dans un élan soudain, le Roi Jeon posa chastement ses lèvres sur les miennes, une fois, une deuxième et la troisième dura plus longtemps. Mes doigts glissèrent sur son poignet tandis que ses mains partirent s'installer au bas de mon dos, les miennes avaient fini par se retrouver sur ses épaules et nos deux langues se rejoignirent.
— M-Mhh...
Sa salive était sucrée, ses lèvres si douces et nos langues dansaient ensemble, je sentais ses doigts s'ancrer dans ma taille tandis que les miennes s'accrochaient à ses épaules. Notre échange ne dura qu'une dizaine de secondes avant que je ne réfugie mon visage contre le haut de son torse, vaguement embarrassé par cet acte soudain.
Jungkook me laissa faire en posant sa joue contre le haut de mon crâne, l'une de ses mains remonta caresser doucement mon dos. Je sentais ses doigts frôler mon vêtement, ce qui me provoquait d'immenses frissons dans l'entièreté de mon corps.
Puis, il laissa un soupir briser le silence.
— Une guerre approche.
Un autre. Je me détachai de lui pour planter mes yeux dans les siens, intrigué par ses paroles soudaines.
— U-Une guerre ?
— Oui. Avoua-t-il. La Noblesse et la Justice n'abandonneront jamais. Ils essaieront une énième fois de te prendre de mes bras.
J'avais lentement baissé son visage.
— Mais je ne les laisserai pas faire. Parce que tu m'appartiens.
— Jungkook...
Je l'avais remonté. Mon regard tomba dans le sien.
— Si... S-Si les choses dégénèrent, n'hésitez pas à...
Une lueur.
— À-À me tuer.
Silence.
Je sentis l'ambiance devenir rapidement pesante, un nuage obscurcit le lac au même moment et ses yeux s'étaient plissés.
— Je te tuerai lorsque je le souhaiterai. Avait-il repris, le ton plus froid.
— M-Mais si-
— C'est à moi de décider.
J'avais aussitôt baissé mon regard sur son torse.
— Ni les dirigeants de la Noblesse, ni ceux de la Justice, et ni toi, Taehyung.
J'avais senti ma gorge se bloquer sous la pression qu'il m'offrait. Ce n'était pas Artémis mais Jungkook, la personne à qui j'avais juré de donner ma vie. A cette personne dans la salle du trône qui n'était personne d'autre que l'ennemi de mon peuple. Au dirigeant de la Liberté.
Au Roi d'Arthémia.
Ma salive eut du mal à passer. Je ressentais cette même angoisse que j'avais ressenti lors de notre première rencontre dans la forêt, ce même effroi que celui de la salle du trône. Parce que je sentais mon corps trembler, mes organes bouillonner et mon esprit se figer dans cette idéologie néfaste que j'avais bien trop longtemps partagée.
La guerre.
Parce que j'étais le Prince de Aera et qu'il était le Roi d'Arthémia, nous étions ennemis. Parce que j'étais le dirigeant de la Noblesse et qu'il était le dirigeant de la Liberté, nous devions nous battre.
Parce que j'étais le réceptacle de Héra et qu'il était le réceptacle d'Artémis, nous devions protéger nos peuples et nos divinités respectives.
— Tu pourras toujours le tuer, aussi. Ce n'est pas parce que tu lui as promis ta vie ou je sais pas quoi que ce sera jamais l'inverse.
Les paroles de Zeng m'obligèrent à prendre une grande respiration. C'était vrai : je pouvais mourir, ou vivre. La décision ne lui appartenait pas vraiment.
Parce que c'était sa promesse, et non la mienne.
Mes yeux revinrent dans les siens.
Un profond silence s'installa entre nos deux silhouettes. Quelle était cette étrange impression ? Je ressentais nos deux rivalités se mêler, et je pouvais jurer voir Jungkook se replacer intimement, comme prêt à l'attaque.
Parce que si je le tuais, j'étais libre.
Une lueur.
Libre ?
Un choc, soudain. Mes yeux s'étaient écarquillés tandis que le katana noir avait violemment rencontré le bâton du sceptre doré. Ma seconde main dû attraper l'autre côté pour tenir sous sa force démesurée, et cette fois-ci, Héra et Artémis n'étaient pas complémentaires. Enyo n'était pas là. L'aura dorée se disputait avec l'aura gris foncé.
Je me reculais subitement et contrais de justesse sa dague dans un bruit d'acier, qui m'obligea à faire quelques pas en arrière. Jungkook resta à quelques mètres de moi et ses yeux n'avaient jamais été aussi sombres qu'auparavant. Je fis tourner le sceptre dans ma main et reproduis la même posture qu'avec Zeng, contrairement à lui, mon arme était placée derrière et la sienne était placée devant.
Ce fût que maintenant que je compris que Zeng m'avait enseigné sa posture de guerrier Noble, et non Libre. Parce qu'il avait été guerrier de la chambre royale de la Noblesse, il m'avait enseigné cette posture et non la leur.
Parce que, sans aucun doute avait-il jugé que cela allait être plus confortable ainsi.
Jungkook plia légèrement ses genoux. J'étais à l'affût et lui aussi. Mes doigts tenaient fermement l'arme et je sentais Héra m'embaumer de sa force. Je ne savais pas réellement quel était le message derrière cela, j'étais inquiet de comprendre que le Roi Jeon pouvait me tuer.
Puis, il avait disparu en l'espace d'une seule seconde. Mes paupières s'étaient écarquillées en apercevant que l'ombre foncée reproduisait la forme de sa silhouette.
Derrière.
Comme avec Zeng.
Un immense choc lorsque l'ardeur du katana rencontra brutalement le sceptre. Il s'était aussitôt dégagé et j'avais esquivé de justesse sa lame se planter dans mon ventre. Puis, je me baissai vivement lorsque sa dague arriva en pleine vitesse sur mon visage, et je me figeai en apercevant qu'elle avait coupé quelques mèches de cheveux qui retombèrent entre nos deux silhouettes.
Le ciel s'était assombri. Le souffle qui s'émanait de la forêt était froid et j'avais remarqué que la presque totalité des animaux avaient disparu. Les derniers s'enfuyaient d'ici au plus vite.
Un nouveau bruit, plus sourd, je m'étais dégagé de lui puis contrai à nouveau la lame tranchante de son arme. Je ne pouvais pas simplement me défendre. Je savais pertinemment que si cela continuait ainsi, la victoire allait être sienne. Alors, dans un élan soudain, mon pied s'était posé devant et j'avais perçu la surprise dans son regard. Jungkook se recula vivement et je me redressai face à lui, à cinq mètres si ce n'était pas moins.
Un léger sourire déforma ses lèvres.
Qu'il était beau, ainsi. Ses cheveux noirs virevoltaient sous le feu sombre de sa divinité, ses yeux abritaient cette même couleur gris foncé. Ses simples vêtements, qui se trouvaient être un haut et un pantalon noir bougeaient dans tous les sens.
Puis, lorsque je vis Artémis prendre forme au-dessus de lui, je ne tardai pas à faire de même avec Héra. Je la ressentais grandir et s'armer de son sceptre doré, son aura aux mêmes lueurs me protégeait tandis qu'en face, ce fût un arc noir, où une flèche se matérialisa progressivement.
C'était la première fois. Le premier véritable duel entre nous.
D'une certaine façon, savoir qu'il acceptait de se battre contre moi alors qu'il avait juré ma protection m'enchantait. Peut-être qu'il estimait nécessaire un apprentissage plus complexe, mais aussi, d'une certaine façon, il savait que j'avais déjà beaucoup appris.
Parce qu'il m'avait vu me battre, parce qu'il avait senti mes gestes au travers des siens.
Et je voulais lui prouver. Que j'avais appris. Que j'étais devenu plus fort. Que je pouvais me battre contre lui.
Jungkook avait sans doute perçu mes compétences au travers de nos moments passés ensemble. Il avait entendu mes convictions, mes doutes, mes envies et mes peurs. Parce que nous avions appris l'un sur l'autre, cela rendait ce combat plus intéressant.
Je profitai de cet instant pour clore mes paupières.
Parce qu'il m'estimait rival, désormais.
Je ressentais la force de Héra contracter mes muscles délicatement, et lorsque je rouvris les yeux, Jungkook m'attendait.
Un silence.
Et nous nous élancions en même temps.
- - - - - - - - - -
Bonjour, j'espère que vous allez bien !
Voilà la suite, excusez-moi d'avoir tardé. Je n'ai plus du tout le temps d'écrire en ce moment, je suis occupée à tenir le rythme des cours de mon BTS et sans vous mentir, je galère.
Que pensez-vous de ce chapitre ?
La réaction d'Artémis vis-à-vis du comportement de Jungkook à l'égard de Taehyung, et cette fameuse guerre qui approche ?
J'ai super hâte de vous partager la suite. D'anciens et très récents personnages vont faire leur retour très bientôt, Taehyung n'a pas fini d'avoir des surprises. De plus, il ne doit rester qu'une dizaine de chapitres avant la fin. L'histoire se terminera autour des 40-45 chapitres si tout va bien.
La fin mijote dans ma tête depuis le début, je pense que vous allez être surpris- mais, je n'en dis pas plus !
Sinon, j'ai énormément apprécié écrire la rivalité finale entre Taehyung et Jungkook vers la fin du chapitre. Car n'oublions pas qui ils sont réellement, Jungkook est le Roi de la Liberté et Taehyung, le Prince de la Noblesse. J'ai trouvé légitime qu'ils se reposent les bonnes questions.
Selon vous, qui va gagner ce combat ?
Je vous laisse donc sur cette fin de chapitre, et je vous dis à très vite pour la suite qui j'espère, sera postée dimanche prochain. Comme je vous l'ai dit, je ne trouve presque plus de temps pour écrire et je ne veux pas négliger mes études.
Voilà, sur ce, prenez soin de vous d'ici là !
<3
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top