30 - Mansuétude

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Mansuétude : disposition d'esprit qui incline à une bonté indulgente.

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Un cri m'échappa et j'avais bêtement reculé, les yeux fermés, lorsque quelque chose explosa devant moi.

— Joyeux anniversaire Taehyung !

Lorsque je rouvris les paupières, je fis face à Hoseok, Jimin et Namjoon qui portaient des vêtements ridicules de couleurs pétantes ainsi que leurs visages joyeux, presque moqueurs. Les confettis des petites boîtes qu'ils tenaient entre leurs mains tombèrent au sol dans un silence, alors, un sourire se dessina sur mes lèvres et j'entrai dans ma maison en ricanant, timide.

— Merci.

— Ah ! Tu t'y attendais pas à celle-là, hein ! S'exclama Hoseok, visiblement fier.

— Bien sûr que si. Mentis-je en roulant les yeux.

— Menteur !

Nos rires s'envolaient dans la cuisine décorée de multiples ballons de toutes les couleurs, bleu, rouge, jaune, vert et violet, tandis que mes yeux se posèrent sur ma mère au loin, un grand sourire aux lèvres, puis sur ma sœur.

— Joyeux anniversaire mon cœur. Reprit-elle sous la musique qui commença, jouée par mon père, derrière le canapé du salon.

Un sourire, à nouveau.

— Merci maman.

— Alors ! Ton rencard s'est bien passé ? La voix de Jimin.

Mon visage s'empourpra à la suite de ses mots, je me tournai vers lui, les sourcils légèrement froncés.

— M-Mon rencard ?

— Ouais, tu nous as dit que tu allais voir quelqu'un, ah ! Rigola Namjoon en posant sa main sur mon épaule. Qui était-ce ?

— Tu nous dis jamais rien de toute façon ! Râla Hoseok.

— Ce n'était pas un rencard. Fis-je en leur tournant le dos.

— Tu rougis, Taehyung ! Gloussa mon ami blond tout en tirant une tête louche.

— Ce n'est pas vrai !

Je m'enfuis soudainement en courant vers l'escalier pour monter dans ma chambre, sous leurs rires moqueurs éternels. Un léger sourire au bord des lèvres, je me hâtai néanmoins de déposer mon sac pour retourner avec eux au rez-de-chaussée, sur cette fête surprise pour mon anniversaire qui était, malgré mes dires, inattendue. La porte s'ouvrit sous mes gestes et je pénétrai la pièce, m'avançant pour poser mes affaires à côté de mon bureau. Mon regard fût attiré sur une petite enveloppe sur le meuble, sur laquelle je reconnus l'écriture de ma mère, les lettres arrondies et les traits féminins.

— Taehyung ? Sa voix.

J'inclinai la tête pour l'apercevoir, dans l'encadrement de la porte.

— Oui ?

— Ta journée s'est bien passée ?

— Oui, très bien. J'ai travaillé avec Li Na, je ne sais pas si tu vois de qui il s'agit. C'est la nièce de Woon Ha.

— Woon Ha, la femme du fleuriste ?

— Oui. C'est avec sa nièce que j'étais, c'est pour cela que Jimin s'est moqué, tout à l'heure... Marmonnai-je, embarrassé.

— Tu n'es pas obligé de te justifier, Taehyung. Rit ma mère. Tu fais ce que tu veux, mais...

Elle s'approcha de moi.

— Je ne veux pas être grand-mère tout de suite.

Ma bouche s'entrouvrit et mes joues virèrent au rouge.

— Maman !

— Hop, la lettre tu la liras plus tard ! Gloussa-t-elle en embarquant l'enveloppe, ses cheveux noirs virevoltant tandis qu'elle s'en alla rapidement de ma chambre.

Le visage empourpré, ma mère disparut de ma vision dans un rire discret qui s'éteignait progressivement, accompagné des bruits de ses pas qui descendaient les escaliers. Après un léger soupir et sous les murmures des discussions d'en bas, je n'attendis pas plus pour descendre les marches, pour les rejoindre à mon tour.

Nous étions le 30 décembre, le jour de mon anniversaire. Ce jour-là, j'avais fêté mes vingt-et-un ans avec mes trois amis et ma famille, dans ma maison. Nous avions mangé mon plat préféré qu'étaient des onigiris au thon, avec quelques compléments que ma mère avait entièrement préparé pendant la journée où j'étais absent. Elle avait avoué que Hoseok l'avait beaucoup aidé, et qu'elle avait appris plein de secrets sur moi.

Mais je ne voulais pas spécialement savoir lesquels Hoseok avait décidé de révéler, bien trop gêné de les entendre, peut-être même les découvrir, sans doute.

La soirée s'était très bien déroulée. Mes amis m'avaient offert beaucoup de cadeaux même si j'étais simplement heureux de leur présence. Nous avions ri jusqu'aux larmes, discuté, blagué entre nous sous les questionnements douteux de mes parents parfois, ma mère avait même dû forcer ma sœur à se boucher les oreilles sous les paroles de Jimin, notamment.

J'étais ravi.

A la fin, lorsque ma mère avait apporté le gâteau, tout était devenu silencieux dans ma tête, tellement silencieux, comme si ma conscience avait été transportée dans un autre endroit, paisible comme une sale blanche ou un jardin d'Eden. Comme si une voix lointaine me disait de profiter de cet instant, de ce dernier instant avec ma famille et mes amis. Je ne l'avais que partiellement écouté.

Parce que j'étais convaincu que cela n'allait pas être le dernier.

Puis, avant de souffler mes bougies, j'avais levé mon regard pour observer toutes les personnes à mes côtés, ma mère et ses yeux brillants, mon père et son sourire fier, ma soeur et son visage illuminé ainsi que mes amis. Jimin et ses yeux plissés, Namjoon et ses fossettes et Hoseok, son grand sourire accompagné d'un léger rire que je jugeais éternel.

M'étais-je trompé ?

Ce soir-là, des larmes avaient roulé sur mes joues.

Parce que je ne voulais pas qu'il soit le dernier.

Tout le monde était surpris de me voir pleurer, les larmes brillantes avec l'éclat des bougies. Je les avais bêtement essuyé à la hâte sous les exclamations de mes proches, pour souffler aussi vite les petites flammes. Leur surprise avait été remplacée par des cris de joie, et je m'étais rendu compte que je n'avais pas eu le temps de faire un vœu, bien trop gêné à ce qu'ils me voient pleurer le jour de mon anniversaire.

L'expression de ma mère avait changé. Le temps d'un court instant j'avais vu ses yeux embrumés, ses épaules légèrement baissées comme si, elle aussi, avait entendu cette voix, ce murmure désolé, cette mélopée désespérée d'un futur omineux.

Parce que cela ne pouvait pas être le dernier.

Après avoir longuement ouvert tous les cadeaux de tous, la soirée s'était calmement finie, mes amis étaient retournés chez eux et j'aidais ma mère à ranger la cuisine. Avec l'aide de ma sœur et mon père, le temps était passé relativement vite. En montant les escaliers, ma mère m'avait appelé pour me tendre cette même enveloppe.

— Bonne nuit mon coeur. Ne te couche pas trop tard. Avait-elle dit.

Une fois revenu dans ma chambre après m'être brossé les dents, je m'étais allongé dans mon lit en ouvrant la lettre qui était déjà ouverte, légèrement déchirée, mais je n'y avais pas fait spécialement attention. A la place, j'avais commencé à la lire.

" Mon cher Taehyung."

Un léger sourire.

" Joyeux anniversaire ! 21 ans déjà, que le temps passe vite... Je me souviens encore de ton petit corps de bébé que je tenais dans mes bras, désormais tu es devenu un jeune homme et tu m'as dépassé ! Enfin, quel plaisir d'être une mère et de voir son enfant aussi épanoui. Ton père et moi sommes très heureux de tes exploits dans tes études. Je suis certaine que tu as trouvé ta voie ainsi, tout en gardant tes bons amis de l'école primaire. Tu es très intelligent, et je suis aussi certaine que tu réussiras ta vie dans ce domaine-là."

Je m'installai sur le dos, la lettre levée au-dessus de ma tête.

" Maman est très fière de toi. Ta soeur aussi ! Ne lui dis pas, mais nous avons discuté ensemble et elle a aussi décidé de s'orienter vers les mêmes études que les tiennes ! Enfin, je pense qu'elle s'en sortirait mieux dans les lettres que les sciences... Je suppose que les cadets suivent systématiquement leurs aînés, n'est-ce-pas ?"

Un rire. Je tournai la page.

" Elle aussi est fière, autant que ton papa. Nous sommes tous très fiers de toi, Taehyung. Je suis sûre que tes amis aussi. Il est désormais temps que tu prennes confiance en toi ! Tu es très beau et très intelligent, que demander de plus ? Je suis certaine que beaucoup de personnes t'aiment en secret, alors qu'attends-tu !

Je plaisante. Prends ton temps, mon coeur. L'amour viendra lorsque tu t'y attendras le moins. Et je suis convaincue que tu choisiras la bonne personne pour toi, que ce soit une femme ou un homme, peu importe ! L'important est que tu vives ce bonheur au travers de cette jolie âme que tu auras trouvé."

Mes doigts se resserraient sur le papier blanc.

" Maman est très fière de toi. Je te souhaite de merveilleuses choses, mon coeur. Je suis certaine que tu t'en sortiras parfaitement."

J'avais remarqué que l'encre, au bas de la page, était nouvelle. Ma mère avait sans doute ajouté quelques mots.

" Taehyung, promets-moi que tu profiteras de ta vie jusqu'à la fin. Je t'aimerais jusqu'à mon dernier souffle."

Un silence, son dernier mot.

" Maman. "

[...]

— Taehyung.

Je fus réveillé par les appels de Jungkook et sa main secouant mon corps. Mes paupières s'ouvrirent calmement et je me confrontai aux rayons du soleil qui se couchait, au travers de la fenêtre de la chambre.

— Taehyung, réveille-toi. Il faut que tu manges.

Après un silence, je tournai légèrement la tête pour l'apercevoir, debout juste à côté de mon corps, l'air inquiet. Ses yeux noirs brillaient de cette lueur curieuse, vaguement intriguée.

— Jungkook...?

— Il faut que tu manges. Il est dix-neuf heures passées. Tu n'as rien mangé ce midi alors tu dois reprendre des forces. M'expliqua-t-il.

Un silence, à nouveau.

— Mh. Avais-je simplement fredonné.

Il se recula lorsque je me redressai lentement assis grâce à ma main, puis l'autre. Je glissai par la suite mes deux jambes hors de la couverture, l'esprit vaseux du sommeil proche, pour poser mes pieds nus sur le sol froid de la pièce. Je remarquai par la même occasion que je ne portais d'un simple haut long, qui couvrait mes cuisses : il avait sans doute changé mes habits avant que je ne m'endorme. Je ne savais même plus comment nous étions retournés jusqu'ici.

— Je me suis permis de te changer. Reprit-il.

Un frisson remonta le long de mon échine, mes doigts se serraient timidement sur mes jambes.

— D-D'accord.

Jungkook s'en alla sur la droite et j'en profitai pour remonter mon regard sur la fenêtre, observant les lueurs orangées des nuages qui partaient lentement sous la brise du Grand Sud. Puis, je me levai sur mes deux jambes, avant de m'incliner pour croiser le regard du Roi Jeon qui m'attendait, à l'entrée de la chambre. Je l'avais aussitôt baissé.

Quelques dizaines de secondes plus tard, j'étais assis sur une des chaises de la table rectangle de la cuisine. Trois petits sacs étaient posés sur le bois foncé, Jungkook était en train de s'essuyer les mains sur la petite serviette, le dos tourné.

— En rentrant, je suis passé voir Madame Zhang. Tu avais fait tomber ton plat au sol alors je lui ai demandé de m'en donner d'autres. Il se tourna. Prends-en autant que tu veux.

Un silence. Je n'avais pas bougé d'un millimètre.

— Taehyung.

Second.

— Taehyung, tout va bien ?

Une lueur.

— Je t'ai acheté des onigiris au thon. Je n'ai pas eu le temps d'en faire, désolée... Ricana ma mère, la mine un peu contrariée. Prends-en autant que tu veux.

Une main glissa sur mon épaule.

— Taehyung ?

Un sursaut. J'avais aussitôt relevé mon bras pour claquer sa main qui se trouvait sur mon épaule. Un profond silence s'installa dans la cuisine tandis que mes yeux s'étaient écarquillés, lorsque le Roi Jeon reprit la parole.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? Souffla-t-il, agacé.

— E-Excus-

— Et regarde moi quand je te parle.

Je m'enfonçais sur ma chaise, la tête baissée et les mains tremblantes.

— S-S'il-vous-plaît, ne me touchez pas.

Un léger soupir.

— D'accord.

Il se recula pour partir s'asseoir en face de moi, j'aperçus par la même occasion son corps du coin de l'œil. Le calme reprit place entre nous, Jungkook ne se servait pas et moi non plus. J'étais encore trop chamboulé par ce qu'il s'était passé plus tôt dans la journée. Je ne voulais pas qu'il me regarde mais pourtant, ses yeux ne se détachaient pas une seule seconde de ma silhouette.

— Taehyung, tu ne veux pas manger ?

Je mordis violemment ma lèvre inférieure.

— Réponds-moi quand je te pose une question.

— N-Non.

Un soupir, à nouveau.

— Tu n'as pas faim ?

— Non.

Silence. Mon corps tremblait et je sentais les larmes me monter aux yeux.

— Regarde-moi.

SIlence, encore une fois.

— S'il-te-plaît, Taehyung. Regarde-moi.

Une seconde passa, puis deux, et je remontai timidement mes yeux dans les siens. Jungkook avait posé ses deux coudes sur la table, les mains entrecroisées, visiblement inquiet et intrigué par mon comportement. Lorsque mon regard croisa le sien, j'avais aperçu les traits de son visage changer, se déformant en une sorte d'inquiétude mélangée avec de la colère et j'avais vraiment peur qu'il la ressente envers moi.

Mais l'intonation de sa phrase, remplie de mansuétude, me prouva le contraire.

— Que s'est-il passé avec eux ?

Ma respiration s'accéléra et j'avais senti la nausée remonter dans mon œsophage.

— I-Ils m'ont poignardé, m-mais je me s-suis battu.

— Dans la maison ?

— Oui. Acquiesçai-je.

Un silence, qui dura quelques secondes.

— I-Ils m'ont pris a-avec eux dans la c-calèche.

Mon cœur s'emballait dans ma poitrine.

— I-Ils m'ont...

— Ils t'ont touché ?

Je hochais doucement la tête, les lèvres tremblantes. Son regard s'était considérablement assombri, je voyais d'ici sa mâchoire serrée et ses sourcils arqués vers le bas. Il cassa notre échange visuel pour se lever, me laissant seul, assis sur une des chaises de la table. Je sentais Artémis me tétaniser sur place, une larme roula sur ma joue tandis que des sueurs froides faisaient frémir mon corps.

Jugeant le tout pour le tout, je me levai aussitôt sur mes jambes en m'approchant de lui, paniqué.

— J-Jungkook, je suis désolé... Bafouillai-je. J'ai essayé de m-me débattre mais je n'ai pas r-réussi. C-C'est ma faute s'ils-

— Taehyung.

Sa voix sèche, glaciale, m'obligea à prendre une grande respiration.

— P-Pardonnez-moi, j-je vous j-jure que j'ai v-voulu me battre ! M'exclamai-je aussitôt. J-Je ne voulais pas qu'ils me t-touchent ! J-Je-

— Taeh-

— J-Je suis encore t-trop faible, c-c'est entièrement ma faute ! Sanglotai-je en relevant mon visage vers lui. J-Je suis déso-

Une grande respiration en sentant ses bras m'entourer. Jungkook m'avait collé à lui, l'une de ses mains bloquait fermement mon visage contre le haut de son torse et l'autre, posée sur mon épaule. Les larmes se mirent à s'échapper en grand nombre de mes yeux. Non pas parce qu'il m'angoissait, ni même parce que ses mains me donnaient la nausée, mais parce qu'il s'agissait du contraire.

Parce que leurs mains étaient chaudes pourtant si froides, mais que les siennes étaient froides, pourtant si chaudes et agréables sur mon épiderme.

Son corps froid calmait mes angoisses. Mes doigts s'accrochèrent fermement à ses épaules et je pleurais contre lui.

— Je m'en veux. Souffla-t-il contre moi.

Savait-il que je m'en voulais aussi ?

— Mais ma culpabilité est légitime. Reprit Jungkook, doucement. Pas la tienne.

Un silence.

— Alors ne t'excuse pas, Taehyung.

Le visage enfoui contre son torse, mon corps était pris de sursaut, mais j'étais soulagé, tellement soulagé d'être contre lui. Non. Avec lui. Le Roi Jeon resserrait davantage son emprise sur moi tandis que mes ongles s'enfonçaient dans ma peau.

Je suis désolé, voulais-je dire à nouveau.

Une minute passa dans un silence brisé par mes sanglots. Artémis s'était aussi calmée, je ne ressentais que de la rancoeur envers eux, non envers moi et cela me rassurait. Je voulais qu'il me guérisse de leur toucher gras, qu'il remplace leur chaleur ignoble par sa douce froideur. Je voulais qu'il me possède entièrement pour me faire oublier cela.

Une seconde minute passa, avant que je me recule de force de ses bras. Jungkook relâcha doucement son emprise, et tandis qu'il posa son regard toujours inquiet sur moi, mes deux mains s'accrochèrent à sa nuque et je sautais sur ses lèvres. Pas moins surpris, il eut un léger mouvement de recul mais j'insistai ardemment, jusqu'à ce qu'il attrape fermement ma taille de ses dix doigts gelés.

Nos bouches s'entrouvrirent et nos langues s'étaient aussitôt rejointes, mêlant nos salives dans une danse endiablée. Corps l'un contre l'autre, Jungkook s'avança pour que le mien rencontre brutalement la table sous un gémissement de ma part. Il se baissa pour attraper mes cuisses, me souleva pour me poser dessus, alors mes jambes s'entourèrent timidement autour de son bassin.

Puis, lorsqu'il glissa l'une de ses paumes sur ma cuisse, j'avais senti un frisson descendre le long de ma colonne vertébrale.

Non.

J'attrapai aussitôt son poignet.

Leurs mains étaient chaudes. Les siennes sont froides.

Et je gardai sa main sur ma jambe.

Oublie leur toucher et concentre-toi sur le sien.

Sa bouche descendit sur ma mâchoire avant qu'il ne plonge son visage dans mon cou, ses lèvres embrassaient ma peau même si je sentais qu'il se retenait d'aller trop vite. Trop brusquement. Mes doigts se faufilèrent dans ses cheveux et je soupirai son prénom tandis qu'il dévorait mon épiderme : il mordait, léchait, embrassait et suçotait ma peau. Je sentais mon âme partir et venir, le corps en ébullition contre le sien, Jungkook gardait ses mains à leur place sans trop les bouger, certainement par peur de raviver ces souvenirs terribles.

Au contraire, je voulais qu'il me les fasse oublier.

— J-Jungkook... Bafouillai-je contre lui, avant de retenir un cri lorsqu'il croqua mon épaule. M-Mhh...

Il ne se gêna pas à tirer le vêtement pour laisser plus de place à ses lèvres, qui descendirent sur ma clavicule sous mes soupirs devenus plus bruyants, avant qu'un nouveau cri ne s'échappe de mes lèvres. Puis, il s'arrêta aussitôt en revenant face à moi, l'air inquiet.

— Excuse-moi, je ne t'ai pas-...

— Non... Non... Lançai-je en reprenant ma respiration. A-Au contraire...

Mes yeux vitreux plantés dans les siens, Jungkook m'observa un instant en silence, avant que mon front ne retombe sur son épaule. Mes souffles s'envolaient dans la cuisine. J'étais si bien contre lui. Je me sentais en sécurité avec lui, renforcée par Enyo qui sublimait notre aura. Le Roi Jeon remonta ses deux mains sur mon visage qu'il redressa face à lui, pour que ses yeux noirs ne plongent dans les miens, gris et brumeux d'un proche cauchemar, et j'avais perçu dans son regard qu'il n'était pas le seul à s'en vouloir autant.

Son air avait changé. Mélange entre colère et inquiétude, Jungkook paraissait pourtant soulagé que je sois là, avec lui.

Depuis quand me regardait-il ainsi ?

Il caressa intimement mes pommettes de ses deux pouces comme si ma peau était de porcelaine, aussi fragile que mon esprit. Puis, lorsqu'il posa ses lèvres sur mon front, j'avais senti une vague de chaleur réchauffer l'entièreté de mon corps. Il embrassa ma tempe, pour descendre sur ma pommette, ma joue et enfin, il trouva mes lèvres gelées. Sa bouche resta contre la mienne, avant qu'il ne se recule pour m'embrasser à nouveau et que nos langues se rejoignent.

Mes mains remontèrent timidement sur son torse et je l'avais senti se rapprocher, nos bassins contre, ses paumes encadrant mon visage, avant que l'une d'entre elle ne descende sur ma taille qu'il agrippa fermement.

J'avais soupiré.

Je n'avais jamais ressenti ces émotions avec une personne. Cette impression de faire qu'un et de sécurité embaumaient mon être entier. Je me doutais que Enyo était en partie responsable, mais il y avait quelque chose d'autre sur laquelle je n'arrivais pas à mettre de mots. Je ne la qualifierais guère d'amour ou d'une simple envie, c'était plus profond.

Qu'était-ce ?

Lorsque nos lèvres étaient collées, que nos langues glissaient ensemble et que nos salives se mélangeaient, j'avais l'impression de revivre. Que Jungkook était mon oxygène et l'antidote de tous mes traumatismes. Que son corps calmait mes angoisses. Que son esprit était lié avec le mien. Que nous ne faisions qu'un.

Et je savais qu'il s'agissait de l'identique pour lui.

Sa bouche glissa sur ma mâchoire, mais je la ramenais contre la mienne en entourant sa nuque de mes bras. Je ne voulais pas qu'il me lâche. Je voulais être contre lui. Avec lui. Pour l'éternité.

Ses dix doigts s'ancrèrent dans ma taille et j'avais gémis, collant mon torse contre le sien et resserrant davantage mes jambes autour de son corps. On s'embrasait. Entièrement. Et j'aimais cela autant que lui. J'entendais ses grognements qu'il souhaitait garder discrets, son visage qui se penchait pour plus de friction entre nous et ses mains qui me gardaient contre son torse.

Après plus d'une dizaine de secondes, nous nous séparions à bout de souffle. Il reposa doucement son front contre le mien, nos souffles se mélangeaient, tapant sur nos lèvres respectives.

— Taehyung. Appela-t-il.

J'avais simplement fredonné en réponse.

— As-tu déjà couché avec un homme ?

Pour le moins surpris, je relevai aussitôt la tête pour lui faire face, la bouche entrouverte et les joues roses. Je trouvai cette expression semblable sur son visage qu'il avait reculé, mais il paraissait intéressé par ce que j'allais répondre. Je me pinçais les lèvres en baissant le regard.

— N-Non. Avais-je soufflé.

— Avec une femme ?

Un léger silence.

— N-Non, je n'ai rien fait avec quelqu'un. Avouai-je d'une petite voix. Et puis, j-je n'aime pas vraiment les femmes.

Un second silence, le bruit de nos respirations.

— E-Et vous ?

— Moi non plus.

J'écarquillai les yeux en remontant le visage vers lui.

— V-Vous n'avez jam-

— Non. Il affirma. Ni avec un homme, ni avec une femme. Parce que je n'ai jamais eu le temps de m'y intéresser.

Il garda ses yeux dans les miens.

— Parce que je n'ai vécu que dans la guerre, j'ai passé mon temps à combattre. Continua-t-il. Enfin, même si la relation que j'ai avec Sae Jin peut te faire penser le contraire, je n'ai jamais accepté une seule demande d'elle.

— O-Oh... Laissai-je tomber, surpris.

— Pourtant, avec toi, j'ai l'impression de tout savoir. Tout vient naturellement. Ressens-tu la même chose ?

— Oui. Acquiesçai-je en hochant la tête, un peu plus serein. Je ressens tout contre vous.

Un court silence.

— Mais à vrai dire, h-hum... Lorsque je me suis réveillé a-avec la Reine Lee Sae Jin, j-je pensais que vous étiez énervé envers moi p-parce que j'avais dormi avec elle.

— Non. Ce n'était pas envers toi, mais plutôt envers elle. Jungkook m'expliqua. Parce que j'estime que tu m'appartiens entièrement.

Mes joues s'empourprèrent aussitôt et j'avais baissé le regard sur son torse, avant qu'il ne dévie sur le côté, à ma droite. Nos corps toujours collés, les mains du Roi Jeon n'avaient pas bougé de ma taille et les miennes étaient elles aussi restées à leur place, sur ses épaules.

— V-Vous étiez jaloux...? Murmurai-je, le visage rouge.

— Est-ce que cela t'intéresse réellement ? Soupira-t-il, vaguement gêné.

— N-Non ! Ce n'était p-pas ce que-

Un léger rire s'échappa de ses lèvres.

— Ne vous moquez pas ! M'exclamai-je aussitôt, les sourcils légèrement arqués vers le bas.

Faisant face à cet air joueur, mon visage entier vira au rouge, que j'empressai de cacher de mes mains. Jungkook m'en empêcha assez vite en attrapant mes deux poignets, pour approcher son visage proche du mien.

— Oui. J'étais jaloux. Finit-il par dire. Parce que tu m'appartiens, comme je te l'ai déjà dit.

Mes yeux se plantèrent dans les siens, noirs et amusés, profonds et joueurs. Je me noyais dans ses yeux sombres qui brillaient de mille éclats sous la faible lumière de la cuisine. Pendant plusieurs secondes on s'observait mutuellement, la respiration devenue calme même si j'étais encore plongé dans cette atmosphère brûlante d'Enyo et du Roi Jeon. Parce que ses yeux abritaient cette même lueur de désir, remplis de cette envie luxurieuse.

Au rythme du temps qui s'écoulait, Jungkook s'était néanmoins reculé après avoir relâché son emprise sur mes bras. Il prononça.

— Tu devrais manger, Taehyung. Reprit-il en s'écartant de la table, le regard ailleurs.

Un peu étonné, mes paupières s'étaient entrouvertes.

— V-Vous ne voulez pas...

Je me coupai aussitôt lorsqu'il fronça les sourcils, les bras désormais croisés sur son torse. Je descendis rapidement de la table en lui tournant le dos pour attraper l'un des petits sacs.

A quoi pensais-je ?!

Fouillant à la recherche d'onigiris au thon, je fus pris d'un sursaut en sentant un corps se coller à mon dos, sa main glissa sur mon ventre alors je me redressai aussitôt en bafouillant son prénom. Mon visage vira au cramoisi en sentant ses lèvres embrasser ma nuque, et lâchai un soupir lorsqu'il entoura ma gorge de sa main.

— Finis donc ta phrase.

Mon corps s'embrasa face à sa voix suave. Je sentais mon âme me quitter.

— N-Non, j-je-

— Finis ta phrase, j'ai dit.

— M-Majes-

— Jungkook. Coupa-t-il aussitôt, embrassant mon épaule.

Sa main descendit sur ma cuisse pour glisser sous mon vêtement. Je sentais la fraîcheur de ses doigts et de sa paume caresser ma peau et je retins un gémissement lorsqu'il frôla ma taille. Ma respiration s'emballa autant que mon cœur, je sentais mes sens s'émoustiller sous l'aura de Enyo qui nous embaumait.

— Dis-moi ce que tu veux, Tae. Murmura-t-il contre ma peau.

J'étais ensorcelé par sa voix.

— J-Je vous...

Un léger rire.

— Tu me veux, mh ? Cela n'a pas changé ?

— J-Je vous en supplie... Murmurai-je tandis qu'il embrassa ma joue. Je veux que vous r-remplaciez leur mains sur mon c-corps par les vôtres.



Un silence, brisé par mes soupirs, cette fois.














— S'il s'agit de ce que tu souhaites.




















Sa voix.























— Guide mes mains sur ton corps et apprends-moi à faire l'amour, Taehyung.





























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Bonsoir à tous et à toutes ! J'espère que vous allez bien.

Petites explications pour la raison de mon retard et de ma future absence : je retourne bientôt en Nouvelle-Calédonie pour mes études. 26 heures de vol. 10h de décalage horaire. Autant vous dire qu'à l'arrivée, donc vendredi matin, je ne serai pas toute fraîche...

Je ne publierai donc pas de chapitre samedi prochain ! Je vous tiens au courant sur Wattpad et Instagram (qui est _mizutk) de mes avancées et des updates pour The Throne. Je m'excuse donc d'avance pour le futur retard du chapitre 31 (petit spoil : il sera dénommé « Eurythmie ». À vous de chercher pourquoi 🤭)

Que pensez-vous de la suite ? La relation de Jungkook et Taehyung qui évolue assez vite, je pense que vous l'avez compris, le prochain se portera sur le premier "lemon" entre eux. Je tiens à préciser que Jungkook sera attentif à ses réactions pour comprendre son corps, Enyo mais aussi pour guérir ses traumatismes récents.

Voilà, je vous remercie de lire cette histoire ! Elle va bientôt dépasser les 2k vues et je trouve ça incroyable. Alors merci beaucoup !

Je vous dis à bientôt pour la suite, surtout prenez soin de vous et couvrez-vous avec ce froid !

















<3

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