27 - Acmé
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Acmé : le sommet de la puissance, summum.
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Puis, nous sursautons ensemble lorsqu'un sabre se planta dans les planches en bois, juste à côté de nous, à une dizaine de centimètres de sa tête.
Et lorsque la voix s'éleva, Taehyung avait écarquillé ses yeux.
— Je les ai trouvés !
Relevés ensemble sur les planches du ponton, le Roi Jeon avait placé son bras en diagonale devant mon corps. Mes yeux s'écarquillaient au fur et à mesure que la trentaine de bandits s'avançaient vers nous, d'autres, restaient aux alentours du lac pour nous empêcher une éventuelle fuite dans l'eau.
— Les voilà.
L'homme retira son sabre planté dans le bois d'un geste brusque. Ses mouvements n'étaient pas clairs, et étrangement insaisissables. Il tenait l'arme d'une façon que je n'avais jamais vu auparavant, comme si son premier souhait était justement d'emmêler nos pensées au travers de son comportement évasif.
Pourtant, il savait.
Ce n'était qu'en voyant ce sourire affreux sur ses lèvres abîmées, ou les cicatrices sur son visage creusé que son expérience se démarquait. Le Roi Jeon m'avait déjà prévenu qu'ils étaient aussi forts que lui, à la seule différence que les Dieux ne leur avaient aucunement accordé de pouvoirs.
Pourtant, nous le savions.
Il ressaisit son arme de ses cinq doigts, le bord des lèvres levé. Sa prestance était affolante. Je sentais Héra et Artémis nous entourer de leur aura, enveloppant nos deux corps ardemment et pacifiquement pour nous protéger.
— Taehyung.
Mon regard remonta se placer sur son visage, sur ses cheveux qu'il avait relevés en arrière, gouttant le long de sa nuque. Dos à moi, je voyais d'ici ses traits crispés. Il ne détachait pas ses yeux de l'homme en face, à quelques mètres seulement.
— Reste bien derrière moi.
— D-D'accord. Avais-je murmuré en retour.
Je me déplaçai légèrement pour être un peu plus derrière lui, la tête penchée sur le côté pour ne pas perdre de vue les autres hommes. Jungkook en profita pour se redresser face à eux.
— Pour combien tu nous le refiles, Jeon ?
Ils... Ils le connaissaient ?
— Vous n'aurez pas même une seule mèche de ses cheveux.
Artémis grandissait. Je sentais mon cœur peser plus lourd et mes membres s'engourdir au rythme des secondes passées. Des ombres affluaient déjà vers sa silhouette, les feuilles des arbres au loin se mirent à bouger vers nous, comme aspirées par la présence de sa divinité.
— Ah ouais ? Ricana le type.
— Dégagez avant que je ne vous tue.
Elle avait parlé à sa place. Le stress commençait à monter dans ma gorge.
— Même si on se le partage ?
Tout s'était passé en un éclair. Je n'avais à peine eu le temps de cligner les yeux que le Roi Jeon s'était armé d'un katana noir, noir d'une aura haineuse qui avait été contré par le sabre de l'homme en face de lui. Jungkook s'était aussitôt dégagé pour tenter un coup dans son ventre en tournoyant sur lui-même, mais le bandit s'était reculé pour l'éviter.
Un silence, le ciel s'était soudainement obscurci. J'entendis le cri des oiseaux disparaître, remplacés par un son lourd, cette même musique tambourinante dans ma tête qui ne semblait jamais vouloir s'arrêter.
Comme si les Dieux guidaient l'orchestre déjanté du destin.
J'avais senti que Héra et Artémis ne se battaient pas, ne se battaient plus. Comme ce que m'avait affirmé le Roi Jeon la veille, Enyo, celle que la Déesse des Dieux avait créée et pour laquelle elle s'était en partie transformée.
Le rythme des tambours s'accélérait au même rythme que les battements de mon coeur.
Comme s'ils donnaient les premiers coups d'archet d'une longue bataille.
La froideur d'Artémis se mélangeait avec la chaleur de Héra. Je pouvais voir les lueurs dorés fusionner avec l'ombre obscurcie, se joignant dans une danse ténébreuse et brillante à la fois. Au même moment, un rayon de soleil se dessina au travers des nuages sombres, pour éclairer nos deux silhouettes.
Comme si nous étions les acteurs d'une scène musicale.
L'eau étincelait sous la lumière d'or de l'astre tandis que la forêt, au loin, s'assombrissait de ténèbres. Les souffles venant des arbres étaient froids, ma peau frissonnait lorsque cette brise passait sur nos deux corps pour partir plus haut dans le ciel, se mêlant au vent du Sud.
— Dommage. Sa voix gronda tel l'orage. J'aurais préféré éviter de tuer le Roi d'Arthémia pour l'avoir.
Un bruit lourd.
— Vous ne l'aurez pas. Jamais.
L'homme avait lâché un rire. Ses yeux transpiraient d'une joie étrange, comme s'il était conquis par le déroulement du futur combat entre lui et le Roi Jeon. Comme s'il savait qu'il n'allait pas perdre contre lui. Et cette idée me terrorisait.
Prémices.
Le katana s'échoua violemment contre la lame du sabre, l'homme tremblait sous la force d'Artémis, mais il n'avait pas l'air de s'en soucier. Ses yeux grands ouverts et son sourire en coin, le bandit reproduit les mêmes mouvements du Roi, à l'identique. Tournant sur lui-même de gestes fluides, Jungkook l'avait esquivé à son tour, avant de bloquer un nouveau coup venu de nulle part sur sa gauche.
Ils se dégagèrent. Mais l'homme revint à la charge : le Roi Jeon lui avait assené un coup de pied en plein dans son ventre pour l'obliger à reculer, en sachant pertinemment, sans doute, que j'étais juste derrière lui.
Jungkook ne voulait pas me mettre en danger, ni en s'avançant, ni en reculant. Il me protégeait tout en se battant, et je savais pertinemment qu'il ne pouvait pas se permettre de faire deux choses à la fois, au risque de mourir à ma place.
Alors, timidement, je pris la parole.
— J-Jungkook, je peux vous ai-
— Non. Coupa-t-il, la voix sèche. Ne te mêle pas à ça.
— Oh, c'est mignon ! S'exclama l'homme d'une voix puérile. Le Roi protège le Prince, quelle tragédie...
Des frémissements, dans l'eau.
— ... lorsqu'il mourra avant lui ! Avait-il ajouté, les yeux grands ouverts.
J'avais écarquillé les yeux en sentant quelque chose attraper ma cheville. Un souffle passa la barrière de mes lèvres lorsque je me fis tirer en arrière, un son suffisant pour que le Roi Jeon soit alerté. Il se tourna aussitôt pour m'apercevoir tomber à la renverse, s'élançant pour me rattraper. J'avais instantanément levé la main et le temps sembla passer au ralenti.
— Taehyung !
Nos doigts s'étaient simplement frôlés.
Et je fus brusquement attiré dans l'eau du lac, un bras passa autour de mon ventre pour me tirer en arrière. Il me bloquait sous la surface, à la fois pour m'empêcher de respirer mais aussi, pour que je ne puisse pas me détacher de lui. Parce que même si je me débattais violemment, mes gestes étaient ralentis par l'eau, et n'avaient par conséquent aucun effet sur lui.
Réfléchis, Taehyung.
Vite.
Une idée traversa mon esprit et j'ouvris mes yeux dans l'eau.
J'allais me noyer si je m'échappais de son emprise. Lui, savait nager.
Autant me laisser porter jusqu'à la rive.
Tandis qu'il me tirait toujours en arrière, mes doigts se détachèrent de son bras. Mes bras et mes jambes se laissèrent porter par l'homme, j'avais bloqué ma respiration et grâce à l'arrêt de mes gestes, j'allais économiser de l'oxygène.
Mes paupières devinrent closes, j'attendais qu'il s'approche suffisamment de la terre pour poser mes pieds au sol et ainsi, pouvoir me détacher de lui et me battre.
Encore un peu. Attends encore un peu.
J'entendais les murmures sourds de sa voix s'élevant au-dessus de la surface du lac, il était certainement en train de prévenir les autres hommes qu'il m'avait attrapé. Une toux. Je manquais d'air, j'avais beau ne pas bouger, le stress me rongeait de l'intérieur. Je devais prendre sur moi.
Allez, Taehyung.
Une lueur soudaine en même temps qu'un choc. Il était arrivé. Je sentais ses pieds taper contre la terre de la rive.
Encore quelques secondes.
DIx. Neuf. Huit.
Ma tête sortit de l'eau.
Sept. Six. Cinq.
Mon torse.
Quatre. Trois. Deux.
Mon bassin.
Un.
Maintenant.
Ma main gauche se leva par réflexe en dessous de mon menton, le majeur et l'index levés. Je sentais l'aura de Héra s'initier dans mon corps et l'homme m'avait aussitôt lâché, puis, dans ma main droite, le sceptre se matérialisa.
J'ouvris les yeux en tournant sur le côté, pour rencontrer la personne qui m'avait porté qui m'observait en souriant, accompagné de quatre autres hommes. Ma bouche s'entrouvrit et je pris de grandes inspirations. Ma tête tournait légèrement, les extrémités de mon corps tremblaient et mon cœur semblait léger.
Concentre-toi, Taehyung.
Un souffle, à nouveau. Toutes les connaissances des combats que j'avais vu et vécu s'engrenaient dans ma tête, les silhouettes des quatre bandits se dessinaient dans ma vision, entourées par une tracée d'or.
— Combien on pourrait en tirer avec ces yeux, putain ! S'exclama l'un d'eux.
— Les yeux de la Noblesse. Ajouta un autre. Un vrai pactole, bordel.
Mes doigts se resserraient autour de l'arme. Je voyais du coin de l'oeil d'autres hommes arriver de mon côté, je n'avais pas eu le temps de voir si Jungkook s'en sortait. Mais il le devait.
Concentre-toi.
Je fis tourner l'arme dans ma main en me préparant à l'attaque. Je n'avais pas le droit à l'erreur. Il fallait que je me débrouille seul, cette fois. Enyo m'embaumait de cette impression étrange dans laquelle j'avais le sentiment d'être intouchable. J'apercevais que le sceptre avait changé, la pointe brillait d'une aura sombre.
Mon regard se plaça instantanément sur celui de droite qui s'élança.
Mon pied gauche se recula contrairement au droit, je m'étais baissé en levant le sceptre pour qu'il rencontre violemment le sabre de l'homme, qui se brisa sous l'ardeur de la divinité, avant que la pointe assombrie de l'arme ne tranche le torse entier du bandit. Mes yeux s'étaient écarquillés tandis que je me replaçai aussitôt, le regard fixé sur un autre en expirant mon souffle.
Je...
J-Je l'avais tué ?
— Putain... Souffla l'un des autres. Regarde-moi ça...
Les yeux des hommes se levaient de plus en plus en hauteur.
Qu'est-ce qu'il se passait ? Pourquoi est-ce que-
Un choc, soudainement.
Mes yeux fusèrent sur la silhouette de Jungkook, où j'aperçus les mêmes particularités apparaître de son côté. Nos auras devenaient plus sombres, brûlant ardemment au gré du vent qui soufflait dans l'endroit où nous étions. Les brises faisaient virevolter le feu de nos corps, de notre Divinité. Par la même occasion, je pouvais voir le ciel se briser et à la place, un dôme se matérialiser au-dessus des arbres, comme les débris d'un miroir qui reprenaient la perfection de l'objet poli, uni du reflet de l'autre.
A ce moment-là, j'avais conscience des états du Roi Jeon. Je m'initiais à la colère d'Artémis, sans doute s'initiait-il à la douceur de Héra. Je l'avais senti souffler silencieusement par la bouche.
Enyo était l'équilibre de nos deux Divinités, elle était nos deux euthymies assemblées.
Elle était nous, tout simplement.
Les flashs de sa vie passaient devant mes yeux. Je voyais sa mère, son père filer à la vitesse de cette musique qui s'affolait dans nos têtes, au rythme des tambours qui faisait battre mon cœur, des violons et violoncelles qui faisaient vibrer les veines de mon corps, au rythme des levées des Dieux qui nous faisaient vivre.
A droite. Mon bras s'était levé automatiquement, ou bien était-ce moi, je ne savais pas. J'avais l'impression d'être devenu le spectateur de mon propre orchestre, du théâtre dans lequel j'étais l'acteur principal. Comme si je maniais mon corps indifféremment de mes pensées, comme si j'avais atteint l'acmé d'une puissance jouissive.
Comme si j'étais devenu Dieu.
Mon corps suivait les mouvements de mes souvenirs, j'effectuais des gestes qui s'accordaient avec ceux du passé et d'une autre vie, d'autres vies, d'autres univers, d'autres mondes.
Et, voilà. J'aspirais totalement à Enyo, je ne voyais que lueurs dorées et ténèbres, je ne sentais que le chaud et le froid bousculer mon corps. Les mélanges d'Artémis et de Héra, je les ressentais. Leurs différences me faisaient frémir. Elle se complétaient.
Je voyais tout.
Mon corps dansait sur les notes endiablées de la musique, j'avais compris que nos deux êtres s'enjouaient identiquement. Nous ne faisions qu'un, et nous nous battions à deux. Etrange. C'était étrange et plaisant à la fois. Cette force qui nous embaumait semblait infinie.
A gauche. Le sceptre avait tourné dans ma main avant de trancher la gorge d'un homme, puis bloquer le sabre d'un autre qui venait trop près de moi. J'assennais un coup de talon dans le visage d'un bandit, puis bloquait subitement une autre lame, avant de me dégager pour planter la pointe de mon arme dans son cœur.
Un souffle, une respiration.
Je m'essuyais d'un revers de main le sang qui avait giclé sur ma joue, avant de prendre la même position que le Roi Jeon, à quelques dizaines de mètres de moi. Il s'avançait. Il avait réussi à faire reculer les bandits du ponton, Jungkook combattait à merveille plusieurs hommes à la fois, sans s'être fait toucher une seule fois.
Des pas. Derrière.
En me tournant, j'avais esquivé de justesse une dague en direction de mon visage. La lame n'avait que frôlé ma joue, je m'étais aussitôt baissé pour éviter le nouveau coup puis me dégageai de l'homme. Tout en m'élançant vers sa silhouette, mes doigts s'étaient resserrés autour du sceptre.
Je l'avais levé à la suite, puis le repris fermement pour tourner sur la gauche. L'ombre l'avait touché au niveau du visage. L'homme avait geint en plaquant une main sur son œil gauche, l'autre, se planta dans les miens.
— Petit con... Je vais te tuer ! S'exclama-t-il.
J'avais simplement reculé en plaçant mon pied derrière l'autre pour l'esquiver, le sceptre cogna violemment l'arrière de sa tête. Sous un nouveau cri de douleur, mon corps s'avançait de lui-même, les deux mains levées tenant l'arme.
Un choc.
J'avais fini à genoux en revenant dans mon corps. Tout retomba. Ma respiration était saccadée, et ce fût seulement maintenant que je me rendis compte du sang qui coulait de ma bouche et que mes membres tremblaient.
J'avais geint. Ma main s'accrocha sur mon ventre. Quelque chose s'était brisé en moi. Je ne savais guère s'il s'agissait d'un os, ou les touches d'un piano de la musique. Mais la souffrance m'obligea à prendre de grandes respirations, elle grandissait dans tout mon être.
Les doigts se resserrant sur la terre de la rive, j'avais vu le sceptre quitter ma main, disparaissant comme une flamme qui s'éteignait. Mon visage se releva lentement vers l'homme, le dernier homme qui se tenait devant moi, debout entre les cadavres des autres.
Je suais. J'avais chaud. Beaucoup trop chaud. Mes souffles étaient rauques et douloureux.
— ...p-pas capable de tuer le dernier, hein ?
Il boitait en s'approchant de moi, le sang coulait abondamment de son visage. Un rire franchit ses lèvres, il explosa de rire face à mon air dépité, en me rendant à l'évidence que je ne pouvais plus me battre. Mon corps n'avait pas supporté la puissance de Enyo. J'étais faible. Trop faible pour cela.
Il releva brusquement ma tête vers lui d'une prise sur mes joues. Je me confrontai à un air enjoué, son œil droit était crevé, une large coupure partiellement cachée par la grande quantité de sang qui s'y échappait, descendant le long de son visage.
— D-Donne-moi ton œil gauche, petit con. Ricana-t-il. Donne-le-moi.
— Taehyung !
La voix du Roi Jeon.
L'homme avait habilement tourné la lame de sa dague vers mon visage.
— Putain... Ouais.
Son rire me terrorisait. Il plaqua son arme contre ma joue, un sourire aux lèvres, avant de s'abaisser à ma hauteur. Le type me donna un coup dans le ventre soudain, ce qui m'avait coûté un gémissement de douleur.
— Ça te fait mal ? Un rire, à nouveau. Ça fait mal, hein ?!
La pointe de sa dague appuyait sur ma paupière inférieure. Il ricanait en observant mes yeux, son haleine fétide tapait contre mon visage tant il était proche. Mon corps tanguait d'avant en arrière, j'étais au bord de perdre connaissance.
— Hein ? Ça fait mal ?!
J'entendais de loin Jungkook se battre contre d'autres hommes.
— Putain, j-je veux te baiser...
Je perdais la tête. Mon esprit n'était pas clair, je n'arrivais pas même à assimiler ce que l'homme disait tant la souffrance dans mon ventre était grande. Puis, je crachais soudainement du sang en me penchant en avant, la respiration courte.
— Urgh... A-Ah...
— Regarde-moi, salope ! Hurla-t-il en empoignant mes cheveux. Ouais... T-Tu veux que je te baise, hein ?
Il jeta brusquement mon corps au sol. Mon crâne tapa contre la terre. L'une de mes mains se posa sur l'herbe humide et je tentais de me relever, mais mon élan fût à nouveau coupé par ce frisson de douleur venu de mes côtes. Je me mis à hacher l'air comme un désespéré, la bouche grande ouverte et le sang coulant de mes lèvres.
— Putain, te tortille pas comme ça...
Mes yeux s'écarquillèrent et un cri de douleur s'esquissa de ma gorge lorsqu'il me mit un coup de pied dans mon ventre. Les dents serrées, j'avais entendu l'homme s'agenouiller proche de mon visage, avant qu'il ne plaque ma tête contre la terre. Ses doigts sales frôlèrent mon oeil gauche, et j'attrapai vivement son poignet en les sentant s'enfoncer dans mon crâne.
— Donne-moi ton putain d'oeil !
En résistant du mieux que je pouvais, je tournai soudainement sur la gauche pour qu'il arrête ses gestes.
— Donne-moi ton œil ! Hurla-t-il.
Bats-toi, Taehyung.
La voix de ma mère.
Taehyung. Relève-toi. Tu peux le faire.
Je serrai les dents, ma main gauche se relevait timidement vers mon visage.
Taehyung, vas-y.
Tue-le.
Mes yeux s'ouvrirent. Héra m'embaumait. Je ne savais pas quand est-ce que j'avais fini debout sur mes deux jambes, mais j'avais senti une force, une force immense, l'infini des Dieux, s'initier dans mon esprit et dans mon corps.
Non, ce n'était pas ça.
J'avais les Dieux à mon contrôle. Je sentais Artémis proche de moi, et Enyo, la Déesse que Héra avait créé à elle-même en fusionnant avec la divinité de Jungkook. A cet instant, j'avais conscience que je pouvais les contrôler, tous. Je ressentais les mouvements exécutés par le corps du Roi Jeon, et ceux, plus lointain, des dirigeants Nobles.
Jusqu'où s'étendait Héra ?
Une nouvelle arme, plus grande, plus lourde se matérialisa dans ma main droite. Puis, à la seconde même où mes yeux se plantèrent sur la silhouette de l'homme, j'avais senti un son lourd, profond. Comme le bruit d'une explosion, comme le son d'un tambour, quelque chose avait vibré en moi.
Des lueurs dorées se dessinaient autour de mon corps, mes jambes, mes mains et mes doigts, pour laisser apparaître une armure d'or qui me couvrait entièrement. Je sentais Athéna se prêter au combat, Artémis m'embellir de sa colère et de son désir de tuer, Némésis par son désir de vengeance, Héra guérir mes blessures et Enyo embraser mon être entier.
J'étais protégé par les Dieux.
Je m'avançai. La terre sur laquelle je marchais s'embellissait de nature, fleurs et herbes se mirent à pousser soudainement au rythme de mes pas. J'avais senti les souffles de la forêt me rejoindre.
La musique s'enjoua. J'entendais ces sonorités de Milya, les instruments coréens, puis remplacés par les violons, piano, sous le rythme constant du tambour auxquels mes pas s'accordaient.
Athéna.
Un coup. Enyo s'était armée de sa lance.
Artémis.
Second. Armée de son arc et embrasé par le désir de tuer.
Némésis.
Troisième. Deux nouveaux bras armés de ses sabres, conquise par le désir de vengeance.
Héra.
Quatrième. Protégé par son aura douce, guéri par sa puissance.
Enyo.
Cinquième. Tous mes sens s'éveillaient.
— P-Putain... C'est quoi ce bordel ?!
L'homme reculait, la main plaquée sur son œil.
— Par la Reine des Dieux, tu seras sacrifié. Tu tomberas sous la puissance divine, ton corps deviendra cendres et ton âme perdura dans l'enfer.
— Attend-
Un geste fluide, mon corps avait tourné et la pointe du sceptre s'enfonça dans son cœur. Mes doigts tremblaient, je repris alors grâce à ma seconde main appui pour que l'homme tombe au sol.
Un bruit sourd, à nouveau.
La lance d'Athéna, la flèche d'Artémis, les sabres de Némésis, toutes les armes des Divinités se plantèrent dans son corps, les lueurs de chaque divinité se mêlaient comme le tutti de l'orchestre, avant qu'il ne s'embrase. Le feu brûla sous ses hurlements de douleurs pendant quelques courtes secondes avant de disparaître, emportant chaque arme avec lui.
Un souffle, une lueur.
— Taehyung.
J'ouvris mes yeux.
J'étais dans la salle blanche. Héra se tenait devant moi.
— Je t'ai guéri. Ton corps ne supportera guère l'acmé de ma puissance une seconde fois.
Elle plaque ses mains devant sa poitrine, les paupières closes. Ses cheveux dorés se mirent à virevolter autour de son visage.
— Que l'infini divin te protège. Souffla-t-elle.
— Taehyung !
Un souffle, à nouveau. J'étais revenu dans mon corps, sur la rive du lac. J'inclinai mon corps en arrière pour apercevoir Jungkook courir vers moi.
— J-Jungkook...
Les larmes me montèrent soudainement aux yeux en me rendant compte que j'avais réussi. J'avais battu les hommes, et j'avais survécu grâce à l'aide des Dieux. Alors, à mon tour, mes jambes s'avancèrent jusqu'à ce que je cours vers lui, peu de temps après, ses bras m'avaient aussitôt encerclé et mes mains s'accrochèrent à son dos.
Il me serra doucement, sa joue contre mon crâne.
— Tu as réussi. Tu t'es battu.
Le visage contre son torse nu, le Roi Jeon me tenait fermement contre lui, avant qu'il ne se détache subitement.
— Tu n'as rien ?
Ses mains remontèrent sur mes joues, mon cou, pour qu'il ne tâte un peu partout sur mon corps, mon dos, mon ventre, ma taille, avant de finalement se replacer sur les deux côtés de mon visage.
— N-Non, je n'ai rien...
— Il ne t'a pas touché ?
— Non, ç-ça va...
Son regard descendit sur ma bouche.
— Tu saignes. Taehyung, tu es sûr qu-
— Ah ! M'exclamai-je aussitôt. Héra m'a dit que-...
Mes sourcils se froncèrent.
— E-Elle m'a dit que...
Que m'avait-elle dit ?
Un immense frisson traversa mon corps.
Non, je ne pouvais pas l'avoir oublié. Elle venait tout juste de...
— M-Majes- Jungkook ! Bafouillai-je. Héra m'a prévenu de quelque chose, mais j-je ne sais plus ! Pourtant e-elle vient tout juste de me...
— Respire, Taehyung.
— N-Non ! Je vous j-jure ! Elle vient de-
— Taehyung.
Un silence, ma respiration.
Je me confrontai à son visage soulagé, ses yeux sombres et les coins de ses lèvres doucement étirés. Au même moment, le brame du cerf avait retenti au cœur de la forêt, le souffle des arbres passa sur nos deux corps encore mouillés, ce qui me fit frissonner.
— Ce n'est pas grave. Tu t'en rappelleras. Reprit-il. Tu t'es très bien battu, Taehyung. Je suis fier de toi.
Mes yeux se baissèrent en sentant mes joues s'empourprer.
— Regarde-moi.
Ma bouche s'entrouvrit et j'avais bêtement tourné la tête sur le côté lorsque Jungkook remonta mon visage vers lui. Les sourcils légèrement froncés, je sentais parfaitement que mes joues étaient rouges de gêne mais aussi qu'il l'avait remarqué.
— Pourquoi rougis-tu ? Demanda-t-il soudainement, un peu perplexe.
— J-Je ne rougis pas. Répondis-je aussitôt en évitant son regard.
— Regarde-moi, j'ai dit. Grommela-t-il. Taehyung.
Lorsque mes yeux se plantèrent dans les siens, Jungkook avait imperceptiblement souri.
— Voilà. Murmura-t-il. C'est bien.
Un silence, la brise qui frôla nos corps.
— Rentrons.
[...]
Bonsoir ! J'espère que vous avez passé une belle semaine.
Voilà la suite, qui j'espère vous aura plu. Vous en savez désormais un peu plus sur le pouvoir que détient Enyo (qui je le rappelle, est la Déesse des batailles mais aussi la fusion de Héra et Artémis !).
Que pensez-vous de la dernière scène avec Taehyung ?
Si vous avez des questions, remarques ou quoique ce soit, n'hésitez pas à en faire part. J'y répondrai avec grand plaisir !
Sur ce, je vous dis à la semaine pour la suite, prenez soin de vous d'ici là -nous accueillerons un nouvel arrivant, tenez-vous prêt(e)s !-
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