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Enyo : Déesse des batailles et de la Guerre.

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Plus complexe que ce que j'avais imaginé.

Taehyung était la déité de la Noblesse et la Justice.

Et désormais, avec la présence d'Artémis, Héra contrôlait une partie de la Liberté.

[...]

Un souffle. Je m'habituais doucement à la force des Dieux. Tout s'engrenait dans mon esprit. Je ressentais la force de la Noblesse, de la Justice ainsi que celle de la Liberté se confronter au sein de ma tête, se disputant leurs euthymies. J'avais senti Némésis rejeter sa puissance, c'était sans aucun doute pour cela que Taehyung et Héra avaient auparavant rejeté la sienne.

Un combat de Dieux, un duel de déité.

Et Taehyung n'était que Prince.

Je n'avais pas le temps de m'attarder dessus. Je revins dans mon corps en reprenant conscience du déroulement du destin. Lorsque mes paupières s'ouvrirent, je fus surpris d'apercevoir tous les guerriers au sol, dont certains brûlaient sous l'aura d'Artémis.

Elle s'était démultipliée. Toute la zone était sombre, les ténèbres auxquels je m'étais habitué pendant longtemps s'étaient répandus au travers de Némésia. J'avais pris une partie du Royaume sous la gouverne de Héra et Artémis. Je ressentais tout, chaque présence, chaque être, les fleurs, les plantes, une encyclopédie des vivants au sein de mon crâne.

J'avais l'impression de tout savoir, de tout connaître et pourtant, j'étais sûr et certain que je ne contrôlais qu'une infime partie du Royaume, du Monde et de cet univers. Et je pouvais voir loin, beaucoup plus loin. Mon regard se faufilait entre les arbres et les hommes qui tombaient tous à genoux en ma présence.

Je volais. Ou du moins, j'étais devenu titanesque. Par dessus le feuillage des arbres de la forêt, je me déplaçais, mes pas étaient les tambours d'une musique affolante qui s'enjouait au rythme du temps. La Déesse Héra était puissante. Je voyais ainsi toutes les présences divines et mon aura écrasait violemment les autres, les humains, brûlant leur corps et réduisant en poussière leur si simple existence dénuée de sens.

Mes mains n'étaient que nuage et mes jambes une simple brume, mais je sentais au plus profond de moi que la puissance détenue était infinie. J'avais à mon contrôle toutes les divinités, le ciel était devenu un dôme doré où les oiseaux qui le traversaient s'embellissaient de cette même couleur.

Au loin, les montagnes, la cascade, tout apparaissait si proche et lointain à la fois. J'apercevais d'ici, un seul point lumineux aux lueurs du soleil d'or, le palais d'Aera, qui trônait en haut d'une colline d'immeubles anciens et historiques. La statue de Héra au sommet brillait, étincelait, illuminait de sa lumière flavescente les environs du Royaume de la Noblesse.

Mais je devais faire vite. Je n'avais pas le temps d'admirer les paysages ni la force de Héra. Némésis allait certainement reprendre le dessus dans peu de temps.

Ma concentration se renforça et je revins plus bas.

Un souffle, à nouveau.

Voilà.

Je discernais Athéna, la Déesse et son réceptacle se dirigeaient à vive allure vers nous. Je descendis plus bas encore, revenant à la hauteur des premières branches des arbres pour filer jusqu'à elle, esquivant sans peine chaque partie de la nature qui définissait la forêt.

A quelques mètres d'elles, je me redressai pour planter le sceptre de la divinité au sol, déracinant des dizaines d'arbres sous le choc de l'aura de la Déesse des Dieux, pour ne laisser qu'un espace suffisant, et mes yeux tombèrent dans ceux de Lee Chaewon.

Je l'observai de haut tandis qu'elle s'était arrêtée. A son tour et sous la force de Héra, elle tomba à genoux, le visage plissé et la main crispée au niveau de son cœur.

— Q-Qu'avez-vous fait ?!

Partez. La voix sombre d'Artémis résonna. Partez avant que je ne vous tue.

La jeune femme blonde serra les dents en posant sa paume sur le sol humide.

— R-Rendez-nous Kim Taehyung.

Un choc, plus intense. La terre s'était craquelée tout autour de nous.

JAMAIS. PARTEZ.

Elle avait gémi. Je pouvais voir Athéna se battre pour contrer l'aura de Héra. Ses deux lances repoussaient le sceptre de la Divinité qui s'abaissait vers elle, des étincelles dorées et bleues claires illuminaient l'endroit. Les feuilles et branches des arbres bougeaient sous le souffle et la nature s'embellissait de chaque côté.

Un choc, à nouveau.

Tout changea. J'avais senti quelque chose de nouveau s'initier dans mon corps.

Artémis et Héra ne devenaient qu'une.

Le sceptre devint soudainement noir, Héra s'était enflammée de ténèbres qui bougeaient férocement, se mélangeant et se rejetant simultanément avec l'aura d'Athéna. Les lueurs des divinités brillaient et cette fois, la nature périssait, se couvrant d'une obscurité avant de se réduire en poussière.

Mais Lee Chaewon résistait contre moi. Contre nous.

— J-Je ne partirai pas. Susurra-t-elle. Pas sans lui !

SILENCE.

Elle s'élevait.

IL M'APPARTIENT.

Une des deux lances d'Athéna craqua. Dans son aura bleue s'imprégnait celle de la nouvelle divinité, se faufilant dans les fissures jusqu'à la recouvrir entièrement de l'ombre gris foncé, avant qu'elle ne se brise en mille éclats. La Divinité replaça alors sa seconde arme à l'horizontale, qui tremblait sous l'ardeur des Dieux.

Lee Chaewon avait ses yeux plissés, ses ongles s'ancrèrent dans la terre tandis que ses cheveux virevoltaient dans tous les sens.

— V-Vous... Vous n'avez pas le droit. Souffla-t-elle, la voix faible.

Son visage se releva, ses yeux resplendissaient la couleur azurée d'Athéna.

— Vous n'avez pas le droit ! S'écria-t-elle soudainement.

Athéna reprenait de la vigueur, sa lance s'était renforcée et se relevait légèrement contre le sceptre de la Divinité, faisant trembler tout l'environnement sous la force démesurée des Dieux.

Puis, des pas.

Des halètements.

Sae Jin.

Je la sentais arriver.

Lorsque je levais les yeux, mon regard se faufila à nouveau à travers les arbres de l'immense forêt, passant entre les branches des arbres et les feuilles des buissons jusqu'à se planter dans celui de Sae Jin. Ses yeux de loups accentués par son maquillage, un fin sourire sur ses lèvres, ses mains étaient accrochées au pelage du grand loup noir.

Me voilà, Jungkook, sembla-t-elle dire.

— K-Kim Taehyung deviendra le Roi d'Aéra !

Elle inclina sa main sur la droite, son index et majeur levés. Je revins rapidement sur la silhouette de Lee Chaewon, et fus surpris de voir qu'Athéna résistait encore. Des souffles bleu azur aspiraient jusqu'à elle.

— J-Jamais il ne vous appartiendra !

Elle se relevait lentement.

Mais elle était faible.

Trop faible.

Son corps fût soudainement transpercé par le sabre de Némésis. Tout s'arrêta. La lance d'Athéna s'était brisée en mille morceaux à son tour.

— Ma chère sœur. Elle murmura. Je te libère.

— S-Sae... Sae Jin...

Et sa silhouette entière s'embrasa dans un hurlement strident, la flamme ne dura que quelques courtes secondes avant de se dissiper dans l'air. Sae Jin se tenait derrière elle, le regard serein. Ses cheveux noirs encadraient son visage éburnéen et impassible. Ses deux pieds retombèrent doucement au sol mais Némésis ne diminuait guère son éternel pouvoir.

Elle brûlait autour de Sae Jin.

Elle leva ses yeux dans les miens.

— Pars, Jungkook. Lança-t-elle. Partez avant qu'il ne soit trop tard.

Un choc, à nouveau. J'étais revenu dans mon corps brusquement. Quelques secondes passèrent dans un profond silence, pendant lesquelles je prenais conscience de ce qu'il venait de se passer.

J'avais contrôlé Héra et Artémis.

Non. Ce n'était pas elles.

Mon regard tomba sur les cadavres qui nous entouraient, puis se porta sur Taehyung, au sol, à mes pieds. Une nouvelle fois de ses cheveux disparaissait la couleur noire d'Artémis.

— Taehyung. Appelai-je. Partons d'ici.

Sans réponse et après un léger silence, je m'accroupissais pour que ma main touche son corps gelé. Un immense frisson me traversa lorsque j'aperçus qu'il ne respirait plus. Je le poussai sur le côté pour observer son visage terne et ses paupières légèrement entrouvertes.

— Taehyung !

Ma main s'échoua plusieurs fois sur sa joue gauche pendant qu'un de mes bras entoura son dos. Son cœur ne se limitait qu'à un seul battement toutes les six secondes, ses yeux étaient en arrière et ses lèvres bleues.

— Merde ! M'exclamai-je.

Artémis avait absorbé son énergie vitale en le contrôlant. C'était sans doute pour cela qu'il s'était évanoui un peu plus tôt. Alors, je m'empressai de l'allonger au sol sans cesser de l'appeler en tapotant son visage pâle.

— Taehyung, réveille-toi !

Artémis lui avait pris la presque totalité de sa vie.

— Putain ! Artémis ! Qu'est-ce que je peux fai-

Ma voix se coupa lorsqu'une idée traversa mon esprit. Mes yeux descendirent une nouvelle fois sur son visage pâle. Je pinçais son nez et posai brusquement mes lèvres contre les siennes pour souffler dans sa bouche, les paupières fermées. Je repris ma respiration, et recommençai une nouvelle fois, tenant son menton entre mes autres doigts.

Mais rien.

Aucun souffle.

— Taehyung, merde ! Réveille-toi !

Glissant mes doigts sur son cou, ma mâchoire se serra en remarquant que son pouls avait encore diminué, plus qu'il ne l'était déjà. L'autre se logea sous son haut une fois le vêtement retiré du pantalon, jusqu'à se placer sur son cœur.

Mon corps se figea.

Rien.

Plus rien.

— Putain ! Tae, réveille-toi ! Il faut qu'on part-

Ma voix se coupa une seconde fois en entendant des pas, sur la droite. Artémis m'embauma de son aura face au nouveau danger que j'avais immédiatement reconnu.

Chun Hee.

Je la sentais s'approcher lentement, douloureusement. Ses souffles rauques s'esquissaient entre les arbres sous le bruit constant de ses pas.

— L-Les...

Un silence.

— Les Dieux gouvernent notre monde et g-guident nos âmes vers la quiétude suprême.

J'avais senti, au plus profond de moi, mon corps et mon âme se bloquer.

— Nous vous prions de nous p-protéger des ténèbres, en instaurant en nous vos désirs judicieux et avertis.

Mon regard se bloqua sur sa silhouette, à droite.

— Que tes actes soient jugés par leur bonté et leur grâce.

Des pas, à nouveau. Sa chevelure rousse virevoltait sous l'aura de Thémis, ses doigts avaient tracé les lettres ἐξ ἀρχής* d'une couleur dorée, brillante dans l'ombre de la forêt de Némésia. Je pouvais voir d'ici le sang de son ventre qui avait taché ses vêtements blancs et coulait le long de ses jambes.

— Chaînes de la Justice divine...

Un silence.

— Entendez ma par-

Un bruit sourd, pendant lequel j'avais pu coller le corps de Taehyung contre le mien, la main sur sa nuque et son visage logé au creux de mon cou. Mes yeux s'étaient bloqués sur la silhouette de Ji Yeong, qui contrait la chaîne dorée avec le sceptre de Taehyung, avec lequel il s'était battu dans l'arène.

— J-Je ne vous laisserai pas reprendre mon fils ! Hurla-t-elle en se dégageant.

Chun Hee ne paraissait pas surprise. Elle observait avec dédain la mère du garçon entre mes bras sans pour autant bouger.

— Partez !

Quand ses yeux trouvèrent à nouveau les miens, je repris conscience, une nouvelle fois. Un court instant j'avais jeté un œil à son fils inerte, pour le relever avec moi.

— Partez ! Répéta Ji Yeong en pleurant. Sauve mon fils !

— Entendez ma parole. Souffla-t-elle.

J'avais tourné la tête et mon corps suivi le mouvement sous l'entente d'un bruit sanglant. Ma mâchoire se serra tandis que je partais en courant à vive allure dans la forêt sombre.

Artémis. Appelai-je.

Le corps de Taehyung était toujours aussi froid. Je ne sentais plus son organe vital, ni les souffles de sa respiration.

— Artémis !

Mon regard se focalisa sur la droite en apercevant la jument noire. Elle s'approchait à vive allure jusqu'à finalement s'arrêter à quelques mètres de là. Sous mon souffle régulier, j'arrivai devant et balançai le corps de Taehyung sur elle avant de grimper à mon tour.

Elle s'inclina aussi vite sur le côté pour reprendre sa course.

— Artémis ! Taehyung est presque mort, qu'avez-vous fait ?!

— Il n'est pas mort. Son âme subsiste.

— Son corps est gelé et il ne respire plus !

Un silence.

— Donne-lui ton sang, Jungkook.

Je tiquai. Mon regard se replaça sur lui, sur sa chevelure salie par la poussière et le sang. Je le décalai légèrement pour incliner son visage en hauteur grâce à une de mes mains sur sa nuque, l'autre occupée à le tenir contre moi.

— Putain. Sifflai-je en me rattrapant de justesse à Artémis lorsqu'elle sauta au-dessus d'un talus. Comment est-ce que je peux-...

Un silence, à nouveau, une idée avait traversé mon esprit.

Mes dents s'attaquèrent soudainement à mes lèvres. Je me déchirais une partie de ma lèvre inférieure, où le sang se mit à couler aussitôt. Comme un peu plus tôt, ma bouche se colla à la sienne et je poussai le liquide chaud avec ma langue jusqu'à la sienne. Le goût métallique s'installa aussitôt, se mélangeant au sucré de sa salive.

— Allez, avale. Soupirai-je contre lui.

Je recommençai sur le côté gauche de ma lèvre inférieure, m"incisant la chair puis collai mes lèvres aux siennes pour réitérer la même action. Ma langue glissait contre la sienne le plus loin possible pour le forcer à avaler, mais rien. Rien ne se passa. Taehyung était toujours inerte dans mes bras, la bouche simplement ensanglantée par le mien.

Sa tête pendait en arrière et ses bras des deux côtés de son corps. Je le replaçai correctement contre mon corps, calant sa tête au creux de mon cou.

— Taehyung, allez. Sifflai-je. Réveille-toi !

— Jungkook, sur la gauche. Des guerriers arrivent.

— Sae Jin s'en occupe, je lui fais confiance. Lançai-je sans accorder un seul regard à ma gauche, simplement focalisé sur lui. Ce n'est pas le plus important. Il ne se réveille pas !

— Cesse de t'inquiéter.

— Comment est-ce que je pourrais ne pas m'inquiéter ! M'exclamai-je. J'ai promis à Ji Yeong de-

— Il le sera le lendemain.

Un silence, le bruit des sabots contre le sol.

— Demain...? Répétai-je.

— Il n'est pas mort. Héra est toujours en lui.

Après un soupir de ma part, je n'ajoutai rien. Mes doigts s'étaient crispés sur son épaule, je le tenais fermement contre moi.

— D'accord. Partons d'ici le plus rapidement possible. Amenez-nous à Audra.

Sans réponse, Artémis reprit de la vitesse. Elle esquivait sans peine les arbres de la forêt, sautant au-dessus des buissons. Du coin de l'œil, j'avais aperçu à ma gauche des lueurs bleu foncé s'émanciper et j'entendais d'ici les cris des guerriers.

Sae Jin nous protégeait. Elle savait sans doute notre chemin, Némésis devait probablement l'aider sur la direction que nous prenions pour qu'elle tue les éventuelles gênes.

Je replaçai une nouvelle fois Taehyung contre mon corps en repensant à sa mère. Si Ji Yeong n'était pas venue à temps, nous serions certainement mort à l'heure qu'il est. La Justice était différente de la Noblesse, puisqu'elle s'était davantage renforcée suite à la guerre de la Liberté, qui avait été la raison de la création de nouvelles lois, et le regain de règles contre les Libres.

Thémis était sans doute encore plus puissante qu'Athéna. Ses chaînes d'or étaient impossibles à contrer en tant que réceptacle de divinité. Les humains n'étaient pas touchés par cela, en revanche.

Ji Yeong s'était sacrifiée.

Je clos mes paupières quelques courtes secondes.

Je tiendrai ma promesse, Ji Yeong. Je te le promets sur ma vie.

Je prendrai soin de ton fils jusqu'à ce qu'il devienne Roi.

[...]

— M-Maman...

Les larmes roulant sur mes joues, je secouais doucement le corps de ma mère endormie dans son lit. Mes doigts étaient crispés sur la couverture et mon corps tremblait.

— Maman, r-réveille-toi...

— Mmh... Souffla-t-elle. Taehyung...? C'est toi ?

— O-Oui. J'ai fait un cauchemar. R-Réveille-toi s'il-te-plaît...

— D'accord, d'accord...

Elle se redressa lentement afin d'allumer la petite lampe à côté du lit, sur la table de nuit. Une source de lumière illumina la chambre, ma mère se frotta les yeux avant de poser son regard sur ma silhouette.

Ses yeux s'écarquillèrent subitement.

— T-Taehyung...?

Un silence, le bruit de mes sanglots.

— Maman, je ne s-sais pas ce qu'il m'arrive...

La lueur terrorisée dans son regard m'effrayait encore plus.

— Taehyung...

Un silence, les battements rapides de mon cœur.

— Taehyung !

L'engouement de mes respirations. 

TAEHYUNG.

Je me réveillai en sursaut. J'étais assis dans un lit, dans une chambre inconnue très lumineuse. Vêtu d'un simple haut blanc et en sueur, mes yeux cherchaient une quelconque présence lorsque la porte s'ouvrit violemment.

— Taehyung !

Ma respiration saccadée, la silhouette du Roi Jeon.

— Majesté...

— Tu es réveillé.

Il semblait rassuré.

— Q-Que s'est-il passé ? Je crois que j-j'ai perdu connaissance...

— Oui. Tu t'es évanoui.

Une lueur soudaine.

— L-La... La guerre ! Est-elle terminée ? Est-ce que vous avez réussi ? Et L-Lee Sae Jin ?!

— Elle n'est pas terminée. M'expliqua-t-il d'un ton plus posé, ce qui me calma à mon tour. En revanche, nous sommes partis de Nemesia. Il reposa son dos contre le mur, en face du lit. Artémis nous a guidé jusqu'ici, par chance nous n'avons croisé personne. Mais les temps sont incertains. Il suffit qu'un héritier divin fasse appel à la Noblesse pour te retrouver.

Mes yeux restaient bloqués dans les siens.

— L-Lee Chaewon... Est-ce qu'elle a-

— Sae Jin l'a tuée.

Mes épaules se baissèrent, j'avais senti mon cœur rater un battement.

— Elle est... morte ?

— A priori.

Un silence, à nouveau. Il prit le temps de refermer la porte avec sa main gauche, sans se tourner.

— J-Je me suis évanoui, et que s'est-il pass-

— Oui. Artémis t'a possédé et... Il cassa notre échange visuel. Je n'aurais pas dû faire ça. J'ai pensé qu'il s'agissait de la meilleure des idées puisque tu ne te battais pas réellement. Enfin bon. Il replaça son regard dans le mien. Tu t'es révei-...

Un silence.

Il fronça les sourcils.

— Pourquoi pleures-tu ?

Mes yeux s'écarquillaient. Je remontais bêtement mes mains à mon visage pour constater qu'en effet, les larmes roulaient le long de mes joues jusqu'à s'échouer sur les draps.

— P-Pardonnez-moi, je... J-Je ne sais pas pourqu-...

Un hoquet.

Que m'arrivait-il ? Pourquoi est-ce que je pleurais soudainement ?

Le Roi Jeon s'approcha de moi mais je n'y fis pas spécialement attention. A la place, j'essuyais d'une manière ridicule et au plus vite les gouttes salées qui dévalaient mon visage.

— Excusez-moi, j-je ne sais pas ce qui me prend...

Je clos mes paupières en passant mes doigts sur mes yeux, lorsque deux bras m'encerclaient soudainement.

— Ne t'excuse pas, c'est ma faute, Taehyung. Souffla-t-il. Je n'aurais pas dû invoquer Héra, ni même te donner mon sang.

Pourquoi paraissait-il aussi différent ?

Mes mains bloquées entre ses clavicules et mon corps, je n'osais pas bouger. Ses paumes gelées sur le haut de ma taille, sa joue était contre mon crâne et je me demandais sincèrement s'il avait eu peur pour moi. La chaleur timide de son corps se mélangea à la mienne, ma respiration finit par se calmer.

Son odeur masculine enivrait mon cerveau rapidement, alors je repris.

— Ai-je dormi longtemps ? Bafouillai-je contre lui.

— Non. Cela fait seulement un jour. Répondit-il en se reculant. Au départ, j'ai pensé que tu étais mort. Artémis a pris la presque totalité de ton énergie vitale en contrôlant Héra, c'était une immense erreur de ma part.

Il releva ses yeux dans les miens.

— Pardonne-moi, Taehyung.

Un silence.

Mes yeux s'étaient imperceptiblement écarquillés. Son visage restait on-ne-peut-plus sérieux, je pouvais même jurer que ses joues s'étaient légèrement empourprées. Ses cheveux légèrement en bataille et son visage étaient encore mouillés, il ne portait qu'un simple haut avec un pantalon. Sans doute était-il en train de prendre sa douche lorsque je m'étais réveillé.

Mes yeux balayèrent l'endroit. Une grande fenêtre à gauche qui donnait vue sur un petit jardin entouré par un mur en pierre, une porte en face du lit qui s'agissait peut-être de la salle de bain et à côté, une seconde porte en bois.

— Où sommes-nous...?

— Dans une maison un peu écartée du village d'Audra, au Sud de la contrée Libre. Je connais cet endroit. Il y a un lac non loin d'ici, bordé par la forêt. M'expliqua-t-il. Je suis déjà venu plusieurs fois avec Zeng auparavant. Les Nobles n'y sont jamais venus, enfin pour l'instant.

Il inclina son visage vers la fenêtre.

— J'ai vécu une partie de mon adolescence ici. Il n'y a rien à craindre dans les environs, à part peut-être les animaux sauvages, des ours et renards, entre autres. Néanmoins il y a quelques bandits qui rôdent dans la forêt, alors je préférerai que tu restes ici.

— Vous...

— Je les tuerai s'ils s'approchent trop, n'hésite pas à me le signaler. Et puis, en dehors de la maison il y a un restaurant et les gens n'ont jamais vu de personne aux yeux gris et à la chevelure claire. Je te conseille de ne pas sortir seul et-...

— V-Vous allez bien, Majesté...?

Il arrêta de parler, puis tourna son visage face à moi.

— Pardon ?

— Pourquoi est-ce que vous vous... Enfin, v-vous avez l'air d'être inquiet.

Il soupira silencieusement, posant l'une de ses mains derrière son dos, l'autre restait en haut de ses cuisses.

— J'ai promis à ta mère de prendre soin de toi. Avoua-t-il.

— Vous l'avez revue ? Est-ce qu'elle va-

Je me coupai en remarquant son visage redevenu impassible. Tourné vers la fenêtre, sa mâchoire était légèrement serrée et ses yeux baissés au sol.

— Oh... J-Je vois.

Mes épaules se baissèrent à nouveau.

Elle était sans doute morte.

Une vague de frissons fit frémir mon corps. Je remontais timidement la couverture sur mon corps, les yeux embrumés d'un voile de tristesse. Je sentais une nouvelle fois les larmes monter.

— Ji Yeong s'est sacrifiée.

Un silence.

— Quand tu t'es évanoui, Chun Hee est arrivée. Elle m'a empêché de bouger et ta mère s'est interposée entre elle et nous. Si elle n'était pas venu, nous serions morts. C'est grâce à elle si j'ai réussi à partir loin avec toi.

— Non... J-Je n'ai pas réussi à me battre. Je levai le visage vers le Roi. C'est ma faute, Majesté ! Ne vous excusez pas, si j'avais fui plus loin et si j'avais pu me battre contre Némésis, j-je... Nous aurions mieux réussi ! A-Alors...

Je sortis rapidement du lit, si vite que le Roi me rattrapa de justesse par une prise sur mon bras, pour que je ne m'effondre pas au sol.

— Taehyu-

Mais je tirai brusquement mon bras de sa main et m'agenouillai devant lui, posant mon front sur mes mains, au sol.

— Je suis désolé, Majesté ! J-J'aurais dû faire mieux, j'aurais pu faire tellement mieux... Je n'ai pas battu le Roi, c-c'est ma faute si Némésis m'a possédé. J-Je suis désolé.

Mes doigts griffèrent le sol.

— C-C'est ma faute si ma mère est morte... Je relevai la tête vers lui. Je suis désolé ! S'il-vous-plaît, pardonnez-mo-

— Taehyung.

Mon regard tomba dans le sien. L'obscurité dans ses yeux m'obligea à baisser les miens instantanément. Mes sanglots faisaient sursauter mon corps et les larmes roulaient à nouveau le long de mon visage. Je reniflai bêtement, les doigts accrochés entre eux.

— Ne m'appelle plus Majesté. J'ai abandonné mon titre en arrivant ici.

Je fus surpris d'entendre ces paroles.

— Alors abandonne le tien.

— Mais j-je...

— C'est le dernier ordre que je te donne en tant que Roi d'Arthémia.

Je remontai timidement mes yeux dans les siens.

— Mais...

— Ce sera plus facile pour nous de communiquer ici. Et puis, si tu m'appelles Majesté dans les rues, les gens vont se douter de notre véritable identité.

Après un léger silence, je repris la parole.

— C-Comment dois-je vous appeler, alors...?

Il sourit.

— Appelle-moi Jungkook.

Mon visage rougit brusquement. Je baissai lamentablement la tête mais il la releva vers lui. Assis sur le lit, le Roi Jeon avait écarté ses jambes, les coudes posés sur ses cuisses dont l'une de ses mains tenait mon visage vers lui. Ses doigts remontèrent légèrement pour coincer mes joues entre son index et son majeur.

— M-Majes-

— Jungkook. Coupa-t-il.

— J-Jung-... kook... Bafouillai-je.

Les coins de ses lèvres s'étaient étirés. Son regard descendit lentement le long de mon visage, passant de mes yeux jusqu'à mes lèvres. Mes joues me brûlaient et il devait certainement les voir.

Puis, après un silence, il clôt ses paupières en soupirant.

— Repose-toi encore aujourd'hui. Fit-il en relâchant sa prise. Demain, je t'entraînerai au bord du lac.

Il se releva tandis que je restais assis sur le parquet de la chambre, le visage cramoisi. Lorsqu'il se tourna pour m'observer un instant, j'étais relevé à mon tour et m'assis rapidement sur le lit pour finalement glisser sous la couverture.

— Dors bien. A demain.

* « ce qui est, ce qui sera, ce qui fut » en grec ancien.

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Bonsoir, je vous souhaite une bonne année au passage !

J'espère que votre réveillon s'est bien passé !

Que pensez-vous de la suite ? Du déroulement de l'histoire ? Du pouvoir que détient Héra ? De la nouvelle Déesse, Enyo ? Vous en apprendrez un peu plus sur elle dans le prochain chapitre lors des entraînements de Taehyung !

Je vous conseille de retenir l'information sur le lac...

Sur ce, si vous n'avez pas de questions, je vous laisse sur cette fin de chapitre plus calme que les autres et vous dis à la semaine prochaine, un jour plus tôt mais la même heure, pour la suite !

Prenez soin de vous !

<3