23 - Acrimonie
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Acrimonie : amertume ou aigreur qui se caractérise par des gestes ou des propos violents.
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La Lance contre les Sabres, deux Reines, deux divinités, deux peuples.
La Reine d'Athénésis appuyait fermement contre les deux armes de sa sœur, qui quant à elle, l'observait avec un léger sourire aux bords des lèvres. De gestes fluides, elles se dégagèrent. La Reine de Némésia se replaça convenablement en adoptant par la suite une posture de combat, intiment différente de celle de Lee Chaewon.
— Tu n'as pas changé, Chaewon. Souffla-t-elle.
— Tu l'as trop fait. Elle répliqua.
— Mpff... Gloussa la femme aux cheveux noirs. J'ai dû m'adapter, contrairement aux imbéciles qui restent toujours les mêmes.
Ce fût au tour de sa sœur de rire.
— À croire que tu nous détestes à ce point.
— Je ne vous déteste pas. Vous me répugnez. Reprit-elle d'un ton posé. Vous et vos façons indignes de vivre. Pensais-tu pouvoir m'embobiner dans tes pensées ridicules ?
— Il faut croire que tu es née sous une différente lune, Sae Jin. Nous étions pourtant si proches, enfants.
— Proches ? Répéta-t-elle.
L'ombre de Némésis grandit subitement sous les regards des guerriers de part et d'autre de l'arène, qui se reculèrent soudainement. Elle gagnait en taille, en puissance et en haine : les yeux de la Reine étincelaient de cette même lueur bleu foncé qui se dégageait d'elle. L'aura de Lee Sae Jin se démultipliait au fur et à mesure qu'elle relevait le visage vers sa sœur, comme pour prouver d'une certaine façon que lui faire face était faire face à son ennemi juré.
A cet ennemi qu'était devenu sa sœur.
La divinité prenait forme, bougeant sous la brise des astres aux couleurs profondes, tel l'éclipse où la nuit dominait le jour pendant un temps que les Dieux accordaient.
— Nous n'étions proches que lorsque cela t'arrangeait, aucunement lorsque Père et Mère me frappaient.
— Ils essayaient simplement de te faire revenir à la raison. Répliqua-t-elle d'une voix forte. Tes pensées sont allées trop loin. A ce jour, cela ne nous a mené qu'à une guerre sans fin.
— Il n'y a guerre que lorsqu'il y a imperfection et insatisfaction d'un peuple. Pensais-tu que notre silence allait perdurer ?
Lee Chaewon eut un léger mouvement de recul face à la grandeur de Némésis. Sa colère était immense, elle surpassait chaque divinité de la Noblesse et de la Justice de loin. Le regard que lui offrait Sae Jin n'en demeurait pas moins intense : ses yeux d'un bleu sombre la fixaient à la puissance d'un besoin de vengeance inassouvi et vorace.
La Reine de Némésia était gangrénée par cela. Par cette envie morbide et vindicative, de faire vivre ce qu'elle avait vécu à sa propre famille, à son propre peuple. Némésis s'était nourrie d'elle, et l'avait elle-même nourri de cela. De cette future vengeance qu'elle lui avait promise alors qu'elle n'était qu'enfant.
Et Lee Chaewon le savait, que sa sœur n'était plus celle qu'elle avait connu. Elle avait tant changé. Elle s'était tant transformée au fil de ces années perdues. La Reine d'Athénésis n'en éprouvait que déception et remords, lorsqu'elle se rendait compte que sa sœur l'avait dépassé d'un côté ténébreux, mauvais.
— Je suis devenue ce que tu n'as jamais été, Chaewon. Reprit-elle pendant que les sabres de Némésis s'enflammaient d'une aura obscure. Une personne à part entière.
— Tu te considères encore humaine avec cette divinité que tu abrites ? Tu ne ressembles qu'à un amas de vengeance et de mal. La Reine d'Athénésis fit de même avec la Lance d'Athéna, qui s'éclaircissait.
— Les monstres n'existent que parce que l'humain l'a créé. L'aurais-tu oublié ? Ricana Sae Jin en plissant les yeux.
— Malheureux est un pays où règne un monstre.
— Malheureux est un pays où règne un humain. Lancèrent-elles en même temps.
Le contact de leurs armes avait émis une onde de choc : leurs auras se répulsaient violemment, d'une puissance si forte que les deux femmes tenaient difficilement l'une contre l'autre, à un mètre si cela n'était pas moins. Leurs yeux luisaient de deux couleurs bleues pourtant si opposées : un bleu azuré, clair comme le ciel d'un jour d'été, et d'un bleu foncé, sombre comme le ciel d'une nuit d'hiver.
Lee Sae Jin et Lee Chaewon se faisaient face autant que leur divinité. Némésis restait toujours plus grande que Athéna, la Reine aux cheveux blonds savait parfaitement qu'elle ne pouvait pas tuer sa sœur d'elle-même tant son euthymie surpassait celle de la Noblesse. Et il s'agissait là de la plus grande difficulté.
Parce que la clarté était toujours plus fragile que l'ombre.
Parce qu'une personne aux bonnes intentions était toujours plus facile à manipuler que le manipulateur lui-même.
A nouveau, elles se reculèrent : mais Sae Jin était revenue en force en tournant sur la droite. Sa sœur l'avait contré sans peine, avant de lui asséner un coup de pied dans le ventre. La Reine de Némésia avait toussé en se replaçant correctement.
— Regarde-toi, Sae Jin. Némésis te consume petit à petit.
— Elle ne répond qu'à la colère qui me hurle de te tuer !
La lame du sabre lui avait effleuré le visage : Chaewon n'eut pas le temps de placer sa lance que sa sœur lui infligea une seconde coupure sur son ventre, qui fut néanmoins protégé par son armure dorée, où les effluves sombres y restèrent logés pendant quelques secondes.
— J'ai promis ma vie jusqu'au jour où je te tuerai, Chaewon. Et ce sera aujourd'hui.
— Ton esprit a été rongé par un désir vain. Laisse-moi abréger tes souffrances.
Une onde de choc, à nouveau, plus intense.
J'observais simplement du coin de l'œil Sae Jin pendant que je protégeais Ji Yeong qui restait derrière moi. Une des flèches d'Artémis se planta dans l'œil d'un guerrier. La divinité était déchaînée depuis l'instant où le Roi était mort. Enfin elle me complétait entièrement. Sa venue avait été semblable à une grande bouffée d'air frais, comme si finalement, j'avais atteint le summum d'une puissance endiablée et effroyable dont la force ne demandait qu'à être saisie.
Elle m'avait entièrement possédé le temps de plusieurs secondes, où ses pensées avaient envahies les miennes et son euthymie s'était imposé, celui de tuer, tuer le plus possible ces hommes venus reprendre ce que j'avais juré être mien.
Lui.
Taehyung s'était enfui grâce aux paroles de Ji Yeong. J'étais reconnaissant envers elle, sans doute lui-avait-elle menti sur certains aspects pour qu'il reste parmi nous, avec moi, au lieu de retourner dans sa contrée de Noble où sa vie promise allait être différente de ce qu'il pouvait imaginer. Je me doutais aussi qu'elle lui avait demandé de rester à mes côtés en jurant sa protection par mes gestes.
Je protégeais sa mère du mieux que je pouvais. Il fallait dire que sa trahison envers la Noblesse avait été dure à accepter de leur part, pourtant j'avais senti que Lee Chaewon ne paraissait pas réellement surprise. C'était ce qui me dérangeait. Elle ne pouvait pas le laisser partir sans aucune raison valable, ni sans avoir une quelconque idée derrière la tête. Elle avait vendu ses intentions par cela, mais quelles étaient-elles ?
Sae Jin, en revanche, n'avait pas spécialement l'air de s'en soucier. Nous étions aidés par ses hommes et les miens. Les guerriers de la Justice et la Noblesse partaient en vague, ordonné par leurs dirigeants respectifs, eux-mêmes sous les yeux de la divinité Athéna, aisément contrés par les guerriers Libres.
Mais tout paraissait suivre un fil de destin, déjà écrit, déjà tracé.
Tout paraissait se dérouler comme prévu.
Mais selon qui ? Qui détenait les fils ?
Lee Chaewon ou Lee Sae Jin ?
Quant à moi, j'avais repris le katana du Roi. Je restais légèrement en retrait pour surveiller les héritiers divins. J'avais remarqué que quelques-uns n'étaient plus ici, Artémis m'aidait à les localiser d'une certaine façon tout en me protégeant, puisque mes paupières restaient closes. Je me concentrais pour vérifier que Taehyung n'avait pas d'ennui de son côté.
— Ji Yeong. Je l'appelai en tournant la tête vers elle.
Elle leva la tête pour planter ses yeux dans les miens. L'air de son visage jonglait entre la terreur et l'acceptation, sa conscience semblait partagée par la peur et l'abandon.
«—Pourquoi n'es-tu pas partie avec lui ?
Son regard se baissa en même temps qu'elle se pinça la lèvre.
— Je sais que tu l'as choisi. Ta promesse envers le Roi d'Aera aurait pu se briser autrement. Continuai-je alors. Il n'est pas encore trop tard.
— Je sais. Elle laissa tomber d'une voix calme. Mais je ne peux plus regarder Taehyung dans les yeux. Pas après ce qu'il s'est passé. Plus après ce qu'il a vécu.
— Il a tenu jusqu'à aujourd'hui parce qu'il savait qu'il allait te revoir.
— Je sais. Ses deux mains remontèrent doucement sur ses bras. Mais je ne veux pas qu'il soit bercé par l'espoir de revenir à la maison. Je sais pertinemment que s'il était resté plus longtemps, je l'aurais supplié à ce qu'il revienne avec moi à Aera. Je sais pertinemment que j'allais briser cette promesse que j'ai fait à moi-même, celle qu'il ne tombe pas dans les mains des Nobles et de la Justice, juste parce que je voulais qu'il soit avec moi. T-Taehyung est mon fils, bien qu'il ne soit pas réellement mien. Je l'ai élevé, guéri, félicité. Est-ce que je mérite sincèrement d'être sa mère, Jungkook ?
Un silence, le bruit d'acier. Ji Yeong releva alors ses yeux brillants de larmes dans les miens. Elle sanglota en posant sa main sur sa bouche.
— J-Je veux déjà le revoir. Bafouilla-t-elle. Pourquoi lui ai-je dit de partir sans moi... ? Taehyung... T-Taehyung est mon fils. Oh, j'aurais t-tant aimé qu'il reste avec moi plus longtemps. J-J'aurais tant aimé le revoir à la maison. P-Pourquoi l'ai-je laissé p-partir ?
Elle s'effondra à genoux en pleurant à chaudes larmes, ses épaules tremblotaient au rythme de ses sanglots.
— J-Jungkook, je t'en supplie... Pleura-t-elle. P-Prends soin de lui. Reste avec lui, soigne ses blessures, fais-lui à m-manger. J-Je ne veux pas qu'il s-soit triste. Je veux qu'il soit heureux m-malgré tout ce qu'il a v-vécu. S'il-te-plaît...
Je vins jusqu'à elle, et m'abaissa à sa hauteur. Elle ne bougea pas, cependant.
— Ji Yeong. Je tuerai ton fils lorsqu'il deviendra Roi. Affirmai-je.
— J-Je sais. Reprit-elle en essuyant ses larmes, avant de planter son regard à nouveau dans le mien. Je d-devrais te détester pour cela. Je devrais t'en empêcher, p-peut-être même t-te tuer. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas faire ça. Ta m-mère m'en voudrait, sinon.
Je clos mes paupières un instant en soupirant, puis les rouvris à la suite pour observer silencieusement la guerre entre la Liberté, la Noblesse et la Justice, à ma gauche. Au centre de l'arène étaient Sae Jin et la Reine Lee Chaewon qui se battaient. Autour d'elles se trouvaient les guerriers, il y avait quelques dizaines de morts déjà qui jonchaient le sable tâché de sang, où leurs armes étaient tombées avec eux.
— Je resterai avec ton fils jusqu'à ce qu'il devienne Roi. Je laissai ces mots s'esquisser d'entre mes lèvres.
— M-Merci, Jungkook. Lança-t-elle dans un léger sourire.
— Jungkook. Artémis m'appela. Youn Ha et Min Ho sont à sa poursuite, avec une centaine de guerriers. Dépêche-toi.
Je me relevai subitement, puis inclinai mon corps vers les guerriers. Mes yeux se posèrent sur la silhouette de Sae Jin qui trancha subitement la gorge d'un homme qui s'était placé à côté d'elle, avant de se replacer convenablement.
Elles se firent une énième fois face, de loin, au milieu d'une foule de guerriers mélangés entre le blanc et le noir, le doré et le bleu foncé.
La Reine d'Athénésis posa ses deux mains paume contre paume devant son visage, je voyais d'ici Athéna grandir et s'armer d'une seconde lance aux couleurs azur et gris, ainsi que son aura refléter les rayons dorés de son armure sous la danse de ses cheveux blonds. Lorsqu'elle ouvrit ses paupières, ses yeux d'une teinte identique se plantèrent dans ceux de sa sœur, à plus d'une dizaine de mètres d'elle.
La même chose se passa pour Sae Jin. Des lueurs bleues et violettes plus sombres s'envolaient dans l'air au même rythme que Némésis grandissait, ses cheveux noirs virevoltaient en se mêlant à son aura tandis que les quatre bras de sa divinité s'armaient d'épées brûlantes d'une noirceur vindicative.
— Pars, Ji Yeong. Je ne peux te protéger davantage.
— N-Ne t'occupe pas de moi, Jungkook. Va r-rejoindre Taehyung au plus vite.
Mes yeux s'écarquillèrent légèrement face à ses paroles, j'avais de nouveau tourné la tête vers elle pour l'observer. Ses cheveux volaient en arrière dû au souffle émis par l'apparition des divinités ; pourtant Ji Yeong sembla paisible, comme si elle attendait son propre jugement.
— Si je pars, je ne pourrais plus te protéger.
— Je sais. Mais m-mon fils restera plus important que moi. C'est le rôle d'une mère.
Un flash, pendant lequel je revis la silhouette de ma mère se placer devant cet homme pour me protéger, me hurlant de partir le plus rapidement possible. A nouveau mes yeux se fermèrent un instant, je profitai de ce même moment pour prendre une grande respiration en me rendant à l'évidence que si je partais maintenant, Ji Yeong allait certainement mourir.
Je savais parfaitement qu'il allait se passer la même chose qu'entre Taehyung et moi, il s'agissait de sa faute si ma mère était morte, et il allait s'agir de la mienne si je partais. La différence était que je connaissais Ji Yeong depuis que j'étais enfant.
Ma mâchoire se serra doucement, alors que je prononçai.
— Merci pour tout, Ji Yeong.
— Non, ne me r-remercie pas. Souffla-t-elle avec un léger sourire. Prends soin de Taehyung.
Ses yeux brillaient d'une lueur éternellement chaleureuse, celle que j'avais toujours connu. Je cassai notre échange visuel en partant alors sur la droite, en laissant Ji Yeong dans la foule de guerriers qui s'entretuaient.
Que les Dieux te protègent.
[...]
J'étais à nouveau dans cette forêt, à courir entre des personnes pendues à des arbres, parfois je me cognais contre eux, contre des os, contre des corps en décomposition, et contre des corps encore chauds. J'en avais la nausée tellement l'odeur était répugnante, tellement la situation était horrible, tant je me sentais mal.
Par chance, il n'y avait pas de loups, ni de présences quelconques ou indésirables. Je n'avais croisé personnes à part des cadavres et des rats : dans les alentours du Royaume de Némésia régnait une ambiance aussi morbide que l'aura de la Reine Lee Sae Jin elle-même.
Cela faisait au moins dix minutes que je courais dans cette forêt sombre où le brouillard stagnait à hauteur de ma tête. Mes respirations étaient erratiques, mes poumons me brûlaient et mon cœur me faisait mal tant il battait fort et vite. De la salive s'échappait d'entre mes lèvres, ma vue était floutée par mes larmes.
Je voulais arrêter de partir, arrêter tout cela.
Et ce fût ce que je fis, peu à peu. Mes souffles étaient rauques et bruyants, je m'effondrais subitement sur mes genoux et je dus me rattraper de justesse avec mes mains pour que je ne finisse pas entièrement allongé sur le sol. Je suais, pleurais, bavais, saignais, j'avais chaud et froid, j'étais fatigué, j'avais mal, je me sentais mal.
Mon corps se redressa légèrement, j'avais fini par poser mes fesses sur mes chevilles.
— Q-Quelle vie de merde... Laissai-je échapper dans un léger rire désespéré.
J'étais seul, réellement seul, cette fois, dans une forêt immense qui semblait ne pas avoir de fin, ou alors était-ce moi qui ne courait pas aussi vite, ni assez loin que je pouvais penser. Je n'en pouvais plus, mes pensées étaient aussi embrouillées que ma vue et ma conscience aussi perdue que mon corps.
Mon esprit était flouté par la réalité comme si les Dieux m'avaient laissé dans ce voile de mensonge perfide, comme si je devais rester un humain ignorant malgré le poignard d'une vérité divine planté au milieu de mon cœur. Comme si quelque chose m'empêchait de tout savoir, de tout comprendre, comme si les ombres du haut de la caverne reflétaient le quotidien dans lequel j'avais été bercé depuis mon enfance.
Était-ce la vérité ? Ou une énième histoire ?
Je ne savais guère. J'avais comme conscience et compris que les Dieux parlaient sagement, mais mon cœur me mettait en garde ; quel était leur principe ? Pourquoi existaient-ils parmi nous pour causer la mort de tant d'humains ?
D'une manière lasse, je me relevai bêtement debout pour continuer à marcher. Je ne savais même pas où est-ce que j'allais, ni où est-ce que je devais aller. Je partais sur demande de ma mère, qui devait certainement être morte à l'heure qu'il est, par ma faute.
Je me mis à sangloter en pensant à elle, à ce qu'elle m'avait dit, à la vérité qu'elle avait prétendue être sur les Dieux et le monde, où demeurait une seule et unique question.
Pourquoi était-ce tombé sur moi ?
Héra m'avait choisi, pourquoi ? Je ne savais pas me battre, je ne savais pas comment faire pour régner sur un trône, je ne savais même pas comment me débrouiller seul, perdu au milieu de la forêt. J'étais incapable, trop maigre pour être un guerrier, trop stupide pour faire des choix, trop faible pour sauver mes proches. J'étais juste un désespéré qui ne faisait que perdre, qui ne faisait que pleurer, qui n'arrivait à rien.
Alors pourquoi moi ? Pourquoi m'avait-elle choisi ?
Pourquoi était-ce tombé sur moi ?
Je n'avais rien d'un Noble ni d'un héritier divin. Ma présence menait à la mort des autres, à la mort d'innocents, à la mort d'enfants. J'étais devenu réceptacle de ceux qui causaient la mort des humains ; sans doute étais-je manipulé à leur guise depuis le début.
— P-Pourquoi... Bafouillai-je soudainement. Pourquoi moi...
Puis, soudain, je m'arrêtais. Mes yeux s'étaient écarquillés face au grand silence qui régnait dans la forêt. J'essuyais rapidement mes larmes en me tournant dans l'autre sens, terrorisé à ce que je ressentais.
Qu'était-ce ?
Quelque chose arrivait. Ce n'était pas un humain, ni un animal. Ce ne semblait pas être une divinité non plus, mais un danger que je n'arrivais pas à discerner.
Je ne voyais rien avec la brume, je ne pouvais me fier qu'à mon ouïe.
J'entendais des bruits étranges qui s'avançait autour de moi. Cela m'entourait. Quelque chose crépitait.
Du feu. Il y avait du feu. Un incendie.
J'inclinai mon corps dans l'autre sens tout en m'avançant lentement. Je tentais de chasser la brume avec mes mains en vain, lorsque j'entendis du bruit derrière moi. Je n'eus à peine le temps de me retourner que j'esquivais soudainement une arme qui visait ma tête, avant de tomber à la renverse dans un léger cri.
Je rouvris les yeux pour faire face à la pointe d'un sceptre, tenu par un homme plus âgé que moi. A la vue de ses habits, je me doutais qu'il s'agissait d'un guerrier de la Noblesse. Mais il n'était pas seul. Il y avait une autre personne qui arrivait derrière lui. Je fus surpris d'apercevoir une jeune fille à la peau plus foncée, où de ses mains s'échappaient des flammes.
— V-Vous ête-... Lançai-je.
— Kim Taehyung, nous vous avons retrouvé ! S'exclama la jeune femme.
— Mon Prince. Je suis heureux de vous revoir.
L'homme se recula pour s'agenouiller devant moi. Des dizaines de guerriers arrivèrent derrière lui, derrière elle.
— V-Vous...
— Je me nomme Min Ho, un héritier de la Déesse Héra.
— Je suis Youn Ha, l'héritière de la déesse Hestia. Ajouta-t-elle.
— Mon Prince, il faut partir au plus vite. Quelque chose rôde ici.
— Oui. Je sens une autre présence proche de nous. Continua la jeune fille.
— M-Mais je-...
Puis soudain, la nausée remonta dans mon œsophage. Non, ce n'était pas cela. Je me penchais vivement sur le côté en ayant des sueurs froides, mes mains glissèrent sur ma gorge et je toussais. Quelque chose remontait dans ma gorge, dans ma tête. Je me sentais mal, j'avais l'impression de surchauffer, mes pensées se brouillaient d'une colère soudaine.
Venge-toi.
Qu'était-ce ?
Mon peuple.
La forêt me donnait ce même ressenti étrange d'un danger imminent et invisible lorsque je l'observais. J'avais l'impression de suffoquer, de pouvoir m'évanouir à tout moment en sentant quelque chose grandir en moi.
— M-Mon Princ-...
— Taisez-vous ! Hurla une voix dans ma tête.
Ils l'avaient entendu ; ils s'étaient replacés en posture de défense.
Qu'est-ce qu'il se passait ? J'avais envie de tuer, soudainement. J'avais envie de les tuer, de me venger alors qu'ils ne m'avaient rien fait. De détruire leurs âmes, d'écraser leurs corps pour les faire redevenir poussière : je voulais les voir morts, couverts de sang et d'une noirceur à laquelle je n'arrivais pas à mettre de sens.
Involontairement, je me relevai sur mes jambes. Je n'arrivais pas à contrôler mon corps.
— J-Je ne s-sais pas ce qu'il se pass... Bafouillai-je face à leur regard.
Et puis, soudain, le vide dans mon esprit dans un lourd battement de cœur. Je venais de tomber dans une salle blanche, mes yeux fusèrent autour de moi, sur le sol qui devenait progressivement bleu foncé, très foncé, jusqu'à devenir noir. Je remontai mon visage sous une angoisse progressive, pour tomber des nues.
C'était Némésis.
Elle s'imprégnait de moi, de Héra, de ma conscience, de mes pensées, de mon euthymie. J'avais deux divinités en moi. Le doré de Héra noircissait progressivement, elle avait levé ses deux mains pour venir les regarder d'elle-même sans pour autant sembler craintive d'un quelconque changement.
— H-Héra... ! Qu'est-ce q-qu'il se passe... ? Ma voix résonna dans l'espace.
Elle ne me répondit pas. La divinité avait calmement replacé ses bras le long de son corps au fur et à mesure qu'ils devenaient noirs, jusqu'à imprégner ses épaules, son cou, et mon teint devint livide lorsque son visage devint aussi noir que sa chevelure autrefois dorée, et que ses yeux avaient viré au bleu foncé.
Tout changeait. J'avais l'impression de flotter sur un nuage, de partir de mon corps, d'être devenu une autre personne. Un désir plus fort, plus obscur faisait bouillir mon être. Quelque chose de sombre, de mauvais. Une haine m'embauma d'une force désespérée et infernale. J'étais revenu dans mon corps, mais je ne contrôlais plus rien. Ni le sceptre aux couleurs ébènes qui était apparu dans ma main, ni le sabre dans l'autre, ni mes gestes face aux deux héritiers divins.
— M-Mon Prince ! V-Vous...
Je ne pouvais pas parler. Je n'arrivais plus à parler. Némésis m'avait possédé ; je n'arrivais plus à me contrôler, pourtant c'était moi, ou plutôt, c'était mon corps qui bougeait sous mes gestes acrimonieux. J'avais cette impression de m'être abandonné à mon désespoir qui avait grandi durant ces derniers jours, qui s'étaient accumulés pour devenir un enfer.
Les guerriers aux alentours étaient tous tombés au sol : les ronces noires grimpaient sur leurs corps, s'enfonçaient dans leurs orifices et ressortaient par leurs yeux. Ils disparaissaient peu à peu dans la terre alors que certains gémissaient encore. Ils devenaient ces roses noirs et rouges et ces tas de ronces autour des sapins.
Némésis se nourrissait de leur énergie vitale. La déesse se nourrissait des humains.
Et elle me donnait leur énergie.
Ma vision changea brutalement. Tout le décor se transforma dans un rouge sang, je voyais mes doigts autour des deux armes devenir ténébreux. Puis, soudain, j'avais planté le sceptre dans le corps de l'homme alors qu'il avait lâché le sien comme pour prouver son innocence. Tombé à la renverse, il se débattit pour chasser les ronces qui l'emportèrent dans le sol alors que je me tournai face à la jeune fille.
Pars ! Avais-je envie de hurler.
Je sentais l'ardeur du feu qu'elle poussa contre moi, et des larmes couler sur mon visage. Mais tout était flou : mon sceptre avait été remplacé par des sabres, qui hachait inconcevablement les flammes rougeâtres et ignorait ses cris de supplice et d'incompréhension face à mon comportement.
Ce n'est pas moi ! Criai-je sans voix.
Puis, un des sabres se planta dans son corps, et l'autre de même, pour ressortir et se planter à nouveau sous ses yeux terrorisés qui perdaient la lueur de vie. Je sentais l'ardeur des flammes mélangées à celle d'une colère intense diminuer au rythme de mes coup de poignards sur sa poitrine.
Je n'entendais que mes respirations bruyantes jusqu'à ce que je revienne dans mon corps, avant de vomir sur le côté en pleurant. Mes mains appuyaient sur les épines des ronces, je me redressai en arrière pour observer mes mains couvertes de sang, et aperçus le visage de la fille partir dans la terre sous les ronces affreuses.
Je levai la tête en sanglotant, complètement perdu, quand soudainement, je me penchai en avant pour cracher. C'était horrible, désagréable et douloureux . L'ombre de Némésis sortait de ma bouche lentement, jusqu'à ce que je m'écroule sur la rose de la jeune fille.
Ma respiration était erratique, je tentais de me relever d'elle pour apercevoir l'ombre se changer en bête. Némésis reprenait sa forme de loup à deux mètres, ses yeux bleu foncé bloqués dans les miens d'où se formait le reste de son corps. L'aura du loup virevoltait sous une brise, un souffle qui venait de la forêt au loin, qui sortait du sol, des roses noires et pourpres.
Je tâtonnais bêtement mon environnement. Mes mains appuyaient sur les épines alors que je m'éloignais de la bête.
Némésis m'avait poussé à les tuer.
Je me tournai dans l'autre sens en m'écroulant sur le tas de ronces du corps de Min Ho. Mes doigts s'enroulèrent autour du sceptre que je tentais de retirer de la terre en tirant désespérément dessus, avant que le loup ne plante ses dents dans mon épaule.
Je hurlais de douleur en sentant sa mâchoire se serrer, enfonçant ses crocs profondément dans ma peau, la douleur des brûlures de mes bras me lançaient aussi, tout, absolument tout tournait au cauchemar. Mes hurlements s'accentuaient quand le loup se mit à bouger pour me déchiqueter, je sentais Héra venir et partir de mon corps qui surchauffait sous l'angoisse et l'incompréhension.
Qu'est-ce que je faisais ? Qu'est-ce que je pouvais faire ?
Je suffoquais. J'allais mourir. Mes mains lâchaient peu à peu l'emprise autour du bâton du sceptre en m'abandonnant à la souffrance de toutes mes blessures. Ma tête pendait en avant, puis en arrière sous les gestes du loup qui me tirait dans tous les sens.
Non, je ne voulais pas mourir. Pas maintenant.
Némésis allait me tuer si je ne faisais rien.
Héra.
Héra, aidez-moi.
N'importe qui.
Une reprise de conscience soudaine.
Ma mère. Le Roi Jeon. Artémis.
Mes propres paroles résonnèrent dans ma tête dans un silence soudain.
Héra, je promets ma vie au Roi Jeon et à Artémis.
Un souffle.
Mes yeux s'entrouvrirent en sentant une force divine revenir dans mon corps, qui m'embauma. D'un geste brusque, le sceptre avait fini entre mes doigts et j'étais debout après m'être dégagé du loup. Mes yeux étaient figés sur la bête, je ne voyais plus rien autour sauf elle, tandis que des mains douces frôlèrent mes blessures, qui se refermaient lentement.
Un souffle, à nouveau.
Artémis. Jeon Jungkook. Je vous demande à nouveau grâce en échange de ma vie.
Un battement de cœur, lourd. Je me rattrapai de justesse sur la crinière de la jument, les yeux imperceptiblement écarquillés. Ma mâchoire se serra tandis que la création d'Artémis s'arrêta peu à peu dans la forêt sous les craquements des ronces mortes.
— Jungkook. Elle appela.
— Oui. Retrouvez-le, Artémis. Les guerriers de la Noblesse sont sûrement à se-...
— Non. Ils sont morts. Némésis les a tués.
Un choc, mes yeux se levèrent instantanément vers la forêt.
— Némésis ?
— Elle l'a possédé. Il se bat contre elle.
— Mais Sae Jin est encore avec Lee Chaewon ! M'exclamai-je.
— Ne l'as-tu guère remarqué ? Lee Sae Jin ne se bat qu'avec une partie de sa divinité. Némésis s'occupe du Royaume et elle a placé une partie d'elle dans Taehyung pour le tuer.
Un léger ricanement.
C'était donc elle qui maniait les fils du destin. Tout était prévu depuis le début : la mort du Roi par sa sœur, la venue de la Noblesse et de la Justice n'était qu'un prétexte pour que Sae Jin tue Taehyung en douce.
Putain.
Elle avait attendu le moment idéal pour qu'il soit trop blessé pour pouvoir guérir sans aide, pour que Némésis le pénètre afin qu'il guérisse. Elle avait prévu que sa mère soit là, pour qu'elle le tue une fois qu'il se soit enfui.
— Jungkook, il va mourir.
— Je sais. Dépêchons-nous de le rejoindre.
— Que vas-tu faire ? »
Ma mâchoire se serra.
— Je vais faire ce qu'elle a prévu que je fasse depuis le début. Je vous fais confiance, Artémis. Amenez-moi jusqu'à lui.
Après un léger silence, la jument se remit en route dans un rythme plus rapide. Ses sabots tapaient contre le sol dans un bruit lourd, comme les tambours d'un orchestre où la musique s'enjouait progressivement. Mes paupières se refermèrent doucement, et la concentration se plaça dans mon esprit. Mes lèvres s'entrouvrirent pour laisser passer un léger souffle, puis, je rouvris les yeux lorsque j'arrivai dans le subconscient divin.
J'étais debout. Directement face à elle.
Sae Jin se tenait juste en face de moi, à une dizaine de mètres si ce n'était pas moins. Ses yeux sombres posés sur ma silhouette, elle m'observait d'un regard enjoué comme si elle avait perçu que j'avais finalement compris ses plans. Elle pencha légèrement la tête sur le côté en remarquant mon air irrité, puis des ricanements s'échappa de ses lèvres.
— Je t'avais dit que j'allais le posséder entièrement, corps et âme. Tu ne m'as pas prise au sérieux. Qui penses-tu que je sois devenue, Jungkook ? Me croyais-tu aussi stupide pour le laisser partir sans rien faire ?
— Tu as dépassé mes attentes, Sae Jin. Soufflai-je.
— N'est-ce-pas ? Ricana-t-elle d'une voix enfantine, presque malicieuse.
Je m'approchai d'elle, les yeux plantés dans les siens.
— Pensais-tu que l'enjeu était entre ma stupide sœur et moi ? Regarde, je te parle en me battant contre elle. S'il s'agissait réellement de cela, je l'aurais tué depuis longtemps. Elle ricana à nouveau. Mais, je veux m'amuser. Je veux voir le désespoir sur des visages, le plus possible, et sur le tien, Jungkook.
Les Dieux instauraient l'euthymie dans leur réceptacle.
Elle tenait mon regard sans aucune peine, son sourire s'agrandissait au fur et à mesure que la distance entre nous se réduisait. Ses yeux bleu marine papillonnaient doucement, je voyais des marques de ronces le long de son corps, sur ses bras, ses clavicules et son cou.
Némésis rongeait la sienne.
— Que vas-tu faire, maintenant ? Je peux le tuer à tout moment.
— Sae Jin. Lançai-je en arrivant devant elle.
Elle coinça sa lèvre entre ses dents, son air changea pour transformer son visage en une expression plus aguicheuse.
— Epouse-moi.
Elle resta silencieuse pendant plusieurs secondes, avant que ses joues ne prennent une teinte rosée et qu'elle n'entrouvrit la bouche. Ses sourcils s'arquèrent légèrement vers le bas, je revus un court instant la jeune fille blonde et faible que j'avais rencontré dans la forêt : ses grands yeux de biches, ses lèvres rebondies et sa peau pâle.
— J-Jungkook... ? Bafouilla-t-elle. Que dis-tu...
— Marions-nous, Sae Jin. Je répétai sous ses yeux écarquillés. Laisse-moi Taehyung.
— J-Je ne te crois pas. Répliqua-t-elle en croisant ses bras. Tu cherches juste un moyen p-pou-...
— Je le promets sur ma vie. Je t'épouserai si tu me laisses la vie de Taehyung entre mes mains.
Sae Jin avait le visage rouge d'embarras, qu'elle s'empressa de cacher de ses mains. Elle resta silencieuse quelques secondes, pendant lesquelles j'observais silencieusement les marques noires d'épines de roses s'effacer de son corps, comme si un court instant, l'acrimonie de Némésis l'avait quitté.
— D'accord. Je te le laisse. Murmura-t-elle. Rejoins-le vite, il est proche de la frontière du Royaume.
Lorsqu'elle se tourna dans l'autre sens, elle était apparue une nouvelle fois, à côté d'elle. Cette jeune enfant blonde qui marchait à l'opposé cette fois, qui semblait si petite et tellement fragile. Partiellement protégée par la Déesse de la Vengeance qui avait corrompu ce désir profond de représailles enfantines envers sa sœur.
Ce sentiment de protection n'était que prétexte.
Je revins soudainement dans mon corps en entendant Artémis m'appeler. Mes doigts s'agrippèrent fermement à la crinière de la jument à robe noire qui s'avançait à vive allure entre les sapins de la forêt de Némésia. Les ronces aux bords des arbres disparaissaient peu à peu, pour laisser les fleurs de chrysanthèmes se dévoiler à la soudaine lumière du ciel bleu.
— Nous y sommes. Prévint-elle.
Lorsqu'elle s'arrêta, j'avais déjà aperçu la silhouette de Taehyung au loin, assis contre un arbre dont l'écorce devenait plus claire. Les fleurs se mirent à pousser soudainement autour de lui alors qu'il était recroquevillé sur lui-même, mes yeux s'écarquillèrent en apercevant sa chevelure noire redevenir châtain clair.
— Taehyung. Appelai-je.
Il releva soudainement la tête vers moi. Il pleurait encore.
Je descendis de la bête et commençai à marcher rapidement vers lui tout en observant les alentours : des chrysanthèmes poussaient un peu partout et je savais quelle était leur signification. Des gens étaient morts ici. Mon visage se tourna sur la droite pour observer un sceptre disparaître aux lueurs du jour, lorsque je tombai brusquement à la renverse.
— Q-Que fais-tu ?! M'exclamai-je soudainement en me relevant.
Taehyung s'était jeté sur moi, ses bras entouraient fermement mon corps et son visage était contre mon torse. Il sursautait au rythme de ses sanglots pendant que je me redressai assis, perturbé par ses gestes soudains.
— Taehyung. Lançai-je à nouveau, sans aucune réponse. Taehyung !
Il releva bêtement la tête pour m'observer de ses yeux aux reflets gris bleuté. Je me mordis l'intérieur de la joue en regardant silencieusement ses larmes couler une énième fois sur ses joues rebondies.
Assis sur mes cuisses, il avait néanmoins gardé ses mains sur mes épaules et j'avais remarqué qu'il était reconnaissant de voir quelqu'un en vie à ses côtés. Ma main gauche remonta sur son visage pour se placer sous son menton, le pouce sur sa joue. Je pris la peine d'admirer ses iris somptueuses qui m'appartenait réellement, une seconde fois.
— P-Pardo-... p-pardonnez-moi. Bafouilla-t-il.
Je retins un ricanement au fond de ma gorge et dus détourner le regard pour qu'il ne s'échappe pas. Mes yeux se posèrent alors sur l'environnement, sur les fleurs qui reflétaient les rayons du soleil. Némésis s'était calmée, j'avais réussi à ce que Sae Jin ne lui succombe pas totalement.
Un soupir, je serrais les dents lorsque Taehyung replaça son visage sur mon torse.
— N'en profite pas ! M'écriai-je, soudainement gêné.
— P-Pardonnez-moi ! Répondit-il en se détachant.
— Relève-toi. Ordonnai-je, les sourcils froncés.
— O-Oui... Il marmonna en pleurant.
Il exécuta mes paroles, je fis de même peu de temps après pour tapoter mon corps afin de chasser les quelques feuilles et épines accrochées à mes habits. Mon regard revint se placer dans celui du jeune Prince, tandis que mes bras se croisèrent sur mon torse.
— Ne pleure plus.
— O-Oui, p-pardonnez-moi...
Je soufflai en remarquant que ma remarque avait fait l'effet inverse, avant de me tourner dans l'autre sens pour voir que Artémis était partie. Mes yeux grimpèrent jusqu'au ciel, lorsque je repris mes esprits.
La guerre n'était pas terminée. Les guerriers de la Noblesse et de la Justice étaient toujours là. Il fallait partir au plus vite pour éviter les risques, à ce que Taehyung se fasse retrouver. Retourner à Arthémia ne sera qu'une immense erreur, rester ici ne rimait à rien.
— Taehyung.
— Majesté... Avait-on lancé en même temps.
Mes yeux s'étaient imperceptiblement écarquillés en entendant le titre qu'il m'avait attribué, celui que je portais, désormais. Ses yeux gris brillaient aux rayons du soleil, une brise passa au même moment, faisant bouger timidement ses cheveux clairs.
— Partons d'ici. Avais-je fini par prononcer.
Il secoua la tête pour acquiescer, tandis que je tournai la mienne à l'opposé pour jeter un dernier regard vers le Royaume de Némésia, en repensant à sa mère.
Je resterai avec Taehyung jusqu'à ce qu'il devienne Roi, Ji Yeong.
Je vous le promets.
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Bonsoir, excusez-moi du retard !
Que pensez-vous de la suite ?
J'ai super hâte de vous poster les prochains chapitres, la relation entre Taehyung et Jungkook va s'intensifier au rythme de la guerre -je vous le dis d'avance, il y aura des combats dans le prochain chapitre, plutôt focalisés sur Taehyung et Jungkook avec leur Déesse respective-.
L'action ne s'arrêtera pas de si tôt. Et du côté de Sae Jin non plus!
Voilà, je vous remercie de lire cette histoire, et vous souhaite une belle soirée.
Je vous dis à mercredi 28/12 pour la suite.
Prenez soin de vous !
<3
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