17 - Hybris

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Hybris : acte ou comportement considéré comme une offense aux Dieux.

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Les gens hurlaient à l'extérieur de la maison. J'étais perdu, et je ne voulais pas considérer mes pensées réelles sur cette situation désastreuse. Des guerriers sortaient en grand nombre des bâtiments principaux ainsi que du Palais au loin, les habitants du Royaume se défendaient avec de simples outils de jardinages, les femmes, avec des ciseaux de couture.

C'était la guerre.

Les cris avaient commencé il y a quelques heures déjà, j'étais resté dans mon lit en pensant en premier qu'il s'agissait d'un cauchemar. Et c'était le cas, d'une certaine façon : les gens se battaient dehors pour des causes que j'ignorais ou que je connaissais ; à vrai dire, je n'en savais rien. Mes parents m'avaient souvent parlé d'une tension entre les dirigeants et une partie du peuple.

La tension se parlait avec des gestes, aujourd'hui. Ce soir. Cette nuit.

Les guerriers ne semblaient vouloir épargner personne, ni les vieillards, ni les enfants. C'était pour cela que j'étais resté dans la maison à observer les gens par la fenêtre de la cuisine, en veillant à ce que je ne me fasse pas remarquer ; je ne voulais pas avoir le même sort que ceux des habitants.

Caché sous la table, j'observais principalement par la fenêtre de la cuisine, au-dessus du lavabo et du plan de cuisine. J'étais tétanisé. Des armes volaient dans tous les sens dehors, des flèches, des haches, des épées, tout : les gens se fonçaient dessus à tout va. Il s'agissait du spectacle le plus horrible auquel je n'avais jamais assisté.

La maison d'en face s'écroula soudainement à cause des flammes, puis, quelqu'un s'effondra contre la vitre, et laissa une traînée de sang en retombant au sol. J'avais plaqué mes deux mains sur ma bouche, les larmes aux yeux.

Où étaient mes parents ?

Les lumières étaient allumées, mais il n'y avait plus personne dans notre maison.

Sans doute mon père était parti aider l'une des deux parties de la guerre, ma mère était certainement partie avec lui pour l'aider, ou alors, ils s'étaient enfuis sans moi. Cette idée faisait souvent surface dans ma tête, mon besoin d'estime était au plus bas récemment. Ma mère m'avait giflé hier, en me hurlant que j'étais l'enfant le plus minable qui soit.

Mais je les aimais, car ils restaient mes parents.

Je n'avais ni frère et sœur, ni personne d'autres à part eux. Mon enfance avait été consacrée à des réunions interdites, avec des gens louches mais leurs paroles étaient différentes : ils discutaient de cette tension, entre les gens et les « bourges » -c'était comme cela que mes parents et les autres les appelaient-.

Nous étions au bas de l'échelle social. Je n'avais que six ans, pourtant ils m'avaient tout enseigné : l'injustice, la vie, la mort, les Rois, les guerriers, absolument tout sauf leur amour. J'avais perçu que mes parents étaient différents des autres lors d'une fête à un concours stupide à l'école. J'étais le premier, tous les parents félicitaient leurs enfants alors que certains n'étaient même pas sur le classement.

Mes parents n'étaient pas venus, ce jour-là.

Ma mère ne souriait jamais, mon père partait souvent à l'extérieur. J'avais tout de même quelques souvenirs, où ils fêtaient mon anniversaire à mes quatre ans, mais tout avait progressivement basculé. Je gardais néanmoins toujours cette image qu'ils avaient à cette époque-là, il n'y a pourtant que deux ans, où ma mère m'avait embrassé les joues, et mon père m'avait ébouriffé les cheveux.

Soudain, la porte s'ouvrit violemment.

J'avais sursauté en me tournant vers l'entrée ; les chaussures n'étaient pas celles de mon père, ni celles de ma mère. La personne s'avança dans notre maison, faisant grincer le vieux parquet sous ses pieds.

— Jungkook ? 

La voix d'une femme.

Timidement, je sortis de ma cachette, et rencontra le regard de la sœur de mon père. Elle n'afficha aucune émotion sur son visage lorsqu'elle m'aperçut, à la place, la femme me fit signe de la suivre d'un coup de tête.

Alors, je me dépêchai de la rejoindre à l'entrée, enfilai mes chaussures lorsqu'elle prononça.

 Ton père est mort. 

Dans cette nuit-là s'était déroulé le pire cauchemar.

Je n'avais pas spécialement d'accroche particulière avec mon père, mais il restait celui qui m'avait élevé, qui m'avait créé. Je n'avais rien ajouté. A la place, je suivis ma tante hors de ma maison, mon regard tomba dans celui d'un homme, armé d'une grande épée.

 Celui-là est un Libre, aussi. La voix de la femme s'était élevée.

L'homme dégaina son arme pendant que ma tante s'en allait sur la gauche sans me jeter un regard. Et moi, je restais là, à observer le type s'approcher de moi. Je n'arrivais plus à bouger. Mes membres ne répondaient plus. J'étais à la fois effrayé, paralysé, et d'une certaine façon je n'y croyais pas. Je n'étais pas dupe. Je savais que l'homme allait me tuer, j'allais mourir transpercé par cette longue épée aux mêmes couleurs grises de ses iris.

Lorsqu'il prit de l'élan avec son bras, une voix cria.

— Jungkook ! 

Une femme s'était élancée sur le bras de l'homme en le retenant. Le visage de ma mère qui me hurlait de partir, couvert de larmes, ses sourcils froncés, sa longue robe noire et ses cheveux corbeau coiffés dans une queue de cheval défaite.

 Va-t'en ! Cours, dépêche-toi ! Elle cria.

De sa main, elle planta les ciseaux dans l'œil gris de l'homme qui geignit à la suite, lorsque l'épée traversa soudainement son corps. Elle n'avait pu que gémir alors que la lame était plantée au milieu de son ventre.

— Dégage, pétasse ! Avait crié l'homme.

Ma mère s'était écroulée au sol, sous mes yeux, tandis que le type avait placé une de ses mains sur son visage, l'autre retira l'arme du ventre dans un bruit mouillé, sournois, dégoûtant. Ma mère s'effondra sur le côté sans un mot, ma voix résonna timidement.

 Maman ? 

Elle ne répondit pas.

Je m'approchai lentement d'elle, le regard vide, et m'accroupis devant sa tête que je relevai pour observer ses yeux fermés, et un filet de sang qui sortait de sa bouche.

 Maman... ? 

Elle ne répondait plus.

De la colère. De la haine, de la rancœur, de la tristesse, du déni, de l'incompréhension, de la peine, tout, tous ces sentiments néfastes, ces émotions soudaines firent surface dans mon corps, dans ma tête, et tirèrent les traits de mon visage dans tous les sens. Mes yeux laissèrent tomber d'innombrables larmes sur son visage, ma mâchoire était serrée et mon cœur battait la chamade.

Je me relevai sur mes deux jambes après avoir doucement reposé la tête de ma mère, morte, sur le sol sale de la ruelle. L'homme à ma gauche continuait de gémir de douleur. Mais à ce moment-là, j'étais convaincu que la mienne était plus grande.

Mon cœur m'étouffait d'une amertume démesurée, autant que mon cerveau qui envoyait des signaux de détresse à tous mes membres, en criant deux seuls mots auxquels je n'arrivais guère à mettre de sens.

Tue-le.

Dans un élan soudain, j'attrapai la paire de ciseaux que ma mère tenait entre ses doigts, puis, après m'être incliné face à l'homme, je me jetai sur lui pour la planter à cet endroit, identique au mien, qui me faisait mal. Tellement mal.

Son cœur.

Plusieurs fois, les lames des ciseaux entraient et ressortaient dans sa peau, le sang giclait de partout mais je m'en moquais. J'avais besoin d'extérioriser cette peine, cette colère impulsive de mon corps qui ne pouvait s'exprimer que par des gestes violents, par une vengeance pure de ce qui était arrivée à ma mère.

L'homme s'écroula au sol, et je continuais de le poignarder quand bien même je savais qu'il était déjà mort. Je voulais atténuer cette douleur. Je voulais la faire disparaître et poignarder sans relâche cet homme se trouvait être une solution.

Plus la lame s'enfonçait, plus mon cœur s'allégeait. Mes lèvres s'entrouvrirent et des cris accompagnèrent mes gestes. Son œil gris qui était resté ouvert me hantait autant que je le trouvais magnifique. Ses reflets légèrement bleutés, ses yeux reflétaient la couleur clair et azurée du ciel, ombragé de quelques nuages.

Peu à peu, mes mouvements s'estompèrent. Ma respiration était saccadée, et lorsque je me rendis compte de ce que je venais de faire, mon cerveau se figea.

J'avais tué quelqu'un.

Peut-être.

Mais ma mère n'était pas revenue.

Les larmes déferlant sur mes joues, je me redressai de cet homme, et partis sur la gauche dans la ruelle devenue vide, où de multiples cadavres jonchaient la rue. Je reconnus certains. Quelques-uns étaient les amis de mes parents, et d'autres étaient les miens. Il y avait cette jolie fille que j'avais rencontré à l'école, avec qui je m'entendais bien, allongée sur le sol, ses beaux cheveux bruns étaient ensanglantés du cadavre de sa mère, à côté.

Alors, lentement, mes pas me guidèrent vers la forêt, à la fin de la rue.

Mes yeux jonglaient entre tous les morts sur la rue et la beauté du ciel sombre. Mais je la sentais encore, cette haine, cette peine qui pesait mon cœur. Elle avait toujours besoin d'être assouvie par des gestes violents, par des mots acrimonieux. Mes doigts tremblant étaient toujours serrés autour de la paire de ciseaux. J'avais encore ce besoin de tuer quelqu'un pour adoucir cette colère immense.

J'avais besoin de faire la guerre.

Arrivé au bout du chemin, je m'avançais dans cette forêt où j'avais l'habitude d'aller avec mes parents, avec ma mère qui m'apprenait les plantes médicinales, et mon père qui m'avait appris à chasser les lapins avec son arc.

J'avais besoin de tuer.

Mes jambes me guidèrent d'elles-mêmes vers un lieu particulier, que je considérais comme ma cachette, qui se trouvait derrière un tronc d'arbre couché au sol. Je croisais des cadavres, encore. J'entendais encore d'ici des gens se battre, des gens mourir.

J'avais besoin de violence, de me battre, de les tuer, encore, encore.

Quelques minutes plus tard, j'arrivais enfin à la cachette. Je glissais sur les fesses sous le grand tronc d'arbre couché au sol, et restais ainsi, assis en tailleur, pour observer calmement la paire de ciseaux ensanglantée.

Peu à peu, je la remontais jusqu'à la placer sur ma gorge, et me mis à appuyer la lame contre ma peau. Je l'enfonçais encore plus en geignant, avant de lâcher.

 Ça fait mal. Comment les gens peuvent faire ça ? 

Un peu triste, je restais ainsi, à faire rebondir la pointe de la lame sur mes cuisses en m'instruisant de cette douleur ridicule pour faire passer la mienne, logée dans mon thorax. Peu à peu, je me mis à tracer des traits, lorsque ma main monta trop en hauteur, j'avais évité de justesse que la lame se plante dans ma cuisse.

 Je veux tuer quelqu'un. 

Les larmes me montèrent aux yeux, peu à peu, sans même que je ne m'en rende compte.

 J'ai tué quelqu'un. 

Elles tombèrent sur mes cuisses.

 Ma mère est morte. Mon père est mort. Je veux tuer quelqu'un. Je veux tuer, pour calmer cette douleur, là, dans mon cœur. Murmurai-je à moi-même.

Un sanglot.

 Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas souffrir... Je ne veux plus avoir mal. S'il-vous-plaît... Je veux tuer pour atténuer ce qui me fait mal. 

Dans un élan soudain, je m'étais relevé debout, mon corps était pris dans une détermination soudaine et mes yeux hurlaient de colère. Mes deux mains attrapèrent alors la paire de ciseaux, la lame tournée vers mon ventre. Mes bras tremblaient, mon regard était planté sur l'arme tandis que je pris de l'élan.

Mes deux bras se levèrent, et la lame se planta dans mon ventre. Une fois, deux fois, sous mes gémissements de douleur. Une troisième fois, une quatrième fois et pourtant, bien que cela me faisait mal, cela n'atténuait pas cette douleur dans mon cœur.

 Je veux tuer ! Je veux tuer ! 

Je crachai du sang, et releva l'arme en hauteur.

 Je veux tuer ! Criai-je en me plantant la lame. Je ne veux plus avoir mal ! Je veux tuer ! 

Je faillis perdre connaissance, mes jambes me lâchèrent soudainement ; j'étais tombé à genoux. Mes mains étaient tremblantes, la douleur terrible dans mon ventre ne changeait rien de cette dans mon cœur.

Mes parents sont morts.

Je relevai la lame à nouveau.

Ma mère est morte.

Et je la plantai dans ma cuisse, avant de la retirer, les dents serrées.

Mon père est mort.

Et je la plantai dans l'autre.

 Je veux tuer ! 

Lorsque soudain, alors que la lame se tenait devant mon cœur, cette fois, quelque chose m'avait retenu. Ce n'était pas une main, ce n'était pas un manque de force de ma part. C'était autre chose. Une ombre, qui se transforma peu à peu en une main fine.

Celle d'une femme.

 J'ai entendu tes prières. 

Trop occupé à reprendre mon souffle, je me mis à tousser du liquide rougeâtre, qui traversa la main de la femme.

 Je peux t'aider. Promets-moi ta vie et je t'accorderai ma puissance. Avait-elle prononcé.

 Q-Qui êtes-vous... ? 

Un silence, pendant lequel quelque chose embauma mon corps, d'une douleur encore plus terrible qui me fit hurler. Mes deux bras se placèrent sur mon ventre, et je me tordis dans tous les sens. Cette douleur était pire que celle de mon ventre, pire que celle de mon cœur et je fus presque même reconnaissant de la vivre. De la subir. Elle atténuait l'autre, et me la faisait oublier d'une certaine façon.

 J-Je vous promets ma vie... Avais-je bafouillé.

Soudain, quelque chose d'autre, me figea. J'étais dans une salle blanche, vide, debout, en face d'une personne gigantesque qui m'observait d'un regard nonchalant. La femme avait des traits différents que ceux que j'avais. Des yeux tombant et des cheveux lisses. Il se dégageait d'elle une puissance extraordinaire.

Mes pensées étaient floues. Je n'arrivais plus à discerner quoique ce soit ; puis elle leva la main. L'ombre se répandit sur le sol blanc où j'étais d'une lueur obscure, et lorsqu'elle m'atteignit, mon âme me quitta un instant.

Tuer.

Tuer.

Tuer.

Tu tueras.

Tu les tueras.

J'avais fini sur les genoux, la bouche grande ouverte où l'ombre s'enfonçait, ainsi que dans la blessure de mon ventre. Elle entrait dans mon corps d'une façon désagréable, comme si elle s'imprégnait totalement de moi.

Tu tueras.

Des mots se répétaient dans ma tête, et peu à peu, ils apparurent comme étant la vérité, un but ultime, une manière de pensée suprême.

L'euthymie.

Tandis qu'elle se mit à rire, la femme se plaça devant moi, ses yeux plantés dans les miens, elle prononça.

 Tu es réceptacle d'une divinité. Tu es mien. Avait-elle dit. Fais une promesse, et je serai là pour t'accorder ma puissance. 

Elle continua, face à mes yeux terrorisés.

 Ton hybris te condamnera à un supplice éternel. 

Puis, un flash.

 Taehyung. 

Je me réveillai en sursaut, dans une pièce faiblement éclairée par les lueurs du soleil, dans un lit, sous une épaisse couverture. Mon regard se plaça sur la silhouette du Prince Jeon, devant moi. Ses yeux sombres, qui semblaient dépourvus d'une quelconque émotion m'observaient calmement.

Il se tenait debout, devant le lit, une main placée sur son abdomen.

 Réveille-toi. On va bientôt déjeuner, en bas. Il ajouta.

Un peu perdu, mes lèvres s'entrouvrirent en vain. A la place, il reprit.

 J'ai laissé des habits sur la commode. Je t'attends, fais vite. 

Puis, le Prince d'Arthémia quitta la chambre sans attendre. La porte se referma derrière sa silhouette : il était parti.

Calmement, je reprenais mes esprits, je posai une de mes mains derrière mon dos pour me relever assis. Puis, je me relevai peu à peu, tout en surveillant la porte, comme s'il pouvait revenir ici à tout moment.

Un rêve ?

Non.

C'était plus réaliste.

Mes yeux balayèrent un court instant la pièce dans lequel je me trouvais, sur les murs beiges où les moulures encadraient les toiles du plafond, sur le grand tapis bleu qui recouvrait une grande partie du sol. Les fenêtres à ma droite, où les rideaux étaient tirés sur le côté, laissaient passer une lumière discrète, faiblarde. 

Je me relevai debout, somnolent, et pris les vêtements posés comme il avait dit, avant d'enfiler chaque bout de tissu rapidement. Habillé, mes yeux se placèrent sur une autre pièce à ma droite, puis ils revinrent sur la porte de la chambre, où le Prince était parti.

Avais-je rêvé du passé du Prince ?

Je m'avançai vers la pièce, sur la droite, pour remarquer qu'il s'agissait d'une salle de bain. Une baignoire au centre, des étagères, des lavabos, et un miroir.

Avait-il vraiment vécu ça ?

Et mes yeux se plantèrent dans les miens.

Ils étaient gris.

Je revus l'homme armé un court instant.

J'avais flanché en arrière, puis mes épaules s'étaient baissées, tandis que je m'observais à travers le reflet, en me rendant à l'évidence qu'ils avaient tous raison depuis le début. Mes yeux n'étaient plus marrons, ils s'étaient transformés en un gris clair aux reflets azurs que je n'avais jamais vu de ma vie.

Mes yeux étaient semblables à ceux de l'homme, dans ce rêve étrange. A cet homme qui avait tué sa mère.

Puis, ils descendirent sur mes cernes, sur mes joues un peu creusées, mes lèvres gercées, jusqu'à finir observer mon corps maigre bien que des vêtements le cachaient de mon regard attristé. Ce fût lorsque je remontais mon haut que j'aperçus mon ventre. J'avais perdu du poids. Mes côtes se voyaient un peu plus qu'avant, je n'avais pas non plus la peau sur les os, mais je n'avais jamais été aussi fin de ma vie.

Le Prince avait raison.

Timidement, je rebaissai le vêtement pour qu'il recouvre mon ventre, mes doigts s'étaient légèrement serrés au bord du tissu.

 Taehyung. 

Un sursaut.

Mes yeux revinrent dans les miens, puis dans ceux d'une ombre, qui prenait petit à petit l'apparence d'une femme, que je reconnus. C'était elle que j'avais vu dans la salle blanche.

Héra.

 M'entends-tu ? 

Un silence ; ma bouche s'entrouvrit légèrement.

 O-Oui...

 C'est la première fois que nous nous parlons, n'est-ce-pas ?

 O-Oui. Enfin, j-je crois... 

Un sourire se dessina sur ses lèvres ternes.

Elle était immense. De ce que je pouvais me souvenir, elles avaient les mêmes traits européens que la déesse Artémis dans le rêve. Un nez fin et droit, une peau terne, des yeux tombants.

 Tu n'as pas l'air en forme. Elle reprit.

 H-Hum... J'ai f-fait un rêve étrange.

 Tu as rêvé du passé de Jungkook. Je le sais. 

Un court silence, durant lequel ma bouche s'était à nouveau entrouverte.

 A-Alors, tout ce qui s'est passé e-est vrai ?

 Oui. Jungkook a perdu ses parents. Artémis est venue le voir ce jour-là.

— L'homme a-avait des yeux gris.

— Oui. Il s'agissait d'un soldat de la Noblesse. 

Un frisson.

 Pourquoi ai-je rêvé de ça ?

 Je l'ai décidé.

 C'est vous ?

 Oui. Qu'en as-tu pensé ? 

Ma bouche s'entrouvrit, je l'observais d'un regard presque effaré tandis qu'elle me regardait d'un air intrigué, comme intéressée par mes prochains propos.

 J-Je... Enfin, c'est horrible. Ce qu'il s'est p-passé est horrible. La souffrance dans son cœur, je l'ai ressentie. J'étais à sa place. Et puis, lorsqu'il s'est... Ma gorge se serra. Lorsqu'il s'est p-poignardé... Une de mes mains s'accrocha à mon vêtement, sur mon ventre. J-J'ai cru mourir un instant.

 Artémis a une immense rancœur envers toi, Taehyung. L'euthymie qu'elle a transmise à Jungkook, elle se l'est aussi transmise dû à sa promesse. Au fur et à mesure qu'il a grandi avec elle, Artémis s'est imprégnée de cette colère. Ce désir de tuer, de torturer les autres pour atténuer sa douleur.

— Il la ressent t-toujours ?

 Oui. Avait-elle répondu. Puisqu'il ne t'a pas encore tué. 

Mes yeux s'écarquillèrent soudainement.

 Il ne ressentira plus cette douleur quand il m'aura tué ?

 Penses-tu que la douleur d'avoir perdu ses parents s'atténuera lorsqu'il t'aura tué, Taehyung ? 

Un silence, pendant lequel j'observais un air désintéressé de la Déesse déformer peu à peu ses traits.

 J-Je... Je ne sais pas.

 S'il tuait tes parents, tes amis et tout ceux que tu aimes, le tuer te soulagerais-tu ?

 J-Je ne veux pas tuer quelqu'un... Je préférerai qu'il me tue.

 C'est ce qu'il fera. Elle commença à disparaître.

 A-Attendez... 

Elle revint.

 E-Est-ce que c-c'est vous... C'est v-vous qui m'avez r-réellement choisi ?

 Oui. Elle hocha la tête.

 Pourquoi ? Depuis q-quand...

— J'ai toujours été là, Taehyung. Je ne peux apparaître seulement lorsque tu fais une promesse. Tu as promis sur ta vie, alors, je suis là.

 H-Hier, c'était vous ?

 Oui. Je t'ai protégé. 

Son aura m'entoura subitement ; il s'agissait de la même sensation que j'avais pu ressentir dans la salle blanche, la veille. Je me sentais bien, rassuré, en sureté, ici.

 Taehyung. Elle m'appela, à nouveau. Jungkook t'attend. Va manger.

 O-Oui. 

Elle disparût soudainement : mes yeux se déplacèrent alors dans les miens. D'une façon étrange, je me sentais mieux maintenant. Rassuré. J'avais une déesse qui me protégeait, qui m'écoutait. Elle semblait neutre, ni même affolée du fait que j'avais promis ma vie au Prince d'Arthémia.

Je sortais de mes pensées : il m'attendait. Alors, je fis volte-face, et me dirigeai d'un pas rapide vers la porte de ma chambre. Juste avant de sortir, j'avais lancé un dernier regard vers la salle de bain.

La porte s'ouvrit par mes gestes : il n'y avait personne.

 Mon Prince... E-Est-ce que je peux venir... ?

 Entre. Je t'attendais. 

Le Prince Jeon sortit de la salle de bain, sa tenue lui allait divinement bien. Ses cheveux étaient légèrement ondulés, qui laissaient toujours apparaître une partie de son front. Il déposa quelque chose sur la table basse devant les canapés, avant de se tourner vers moi.

 Que fais-tu ? Entre. Il répéta.

 O-Oui, excusez-moi... 

Je refermai la porte derrière ma silhouette, le visage un peu baissé. Ce n'était que maintenant que je me souvenais de ce qu'il s'était passé un peu plus tôt. La Déesse Artémis m'avait accordé des souvenirs de son passé. De moments terribles où il avait perdu ses parents.

Les traits de mon visage retombèrent, tandis qu'un grand frisson traversa la totalité de mon corps.

 On va déjeuner en bas. Il reprit.

Je m'avançai un peu plus dans la grande chambre, et relevai mon visage lorsque ses pieds apparurent devant les miens.

 Tu as mal mis tes vêtements. N'as-tu donc jamais porté ce genre d'habits ? Il siffla, légèrement agacé.

Mes joues s'empourprèrent à la suite de ses paroles.

 A-Ah... E-Excusez-moi, je me s-suis habillé rapidement. 

Ses mains soulevèrent soudainement les bords de mon haut ; ma bouche s'entrouvrit même si j'avais levé mes bras en l'air pour qu'il retire le vêtement. J'étais de nouveau torse nu devant lui, mais son regard ne semblait pas spécialement intéressé par mon corps, ce qui me rassura un peu.

Il tourna le vêtement dans tous les sens, avant de me le redonner.

 Tu l'as mis à l'envers, non,  je ne sais même pas comment tu as fait pour le mettre de cette façon. 

Ses paroles me firent rougir encore plus.

 P-Pardonnez-moi...

 Remets-le. Il m'ordonna.

J'enfilai alors à nouveau le vêtement, d'une façon plus sereine cette fois-ci. Ses yeux m'observaient, concentrés par mes gestes. Puis, mes bras revinrent le long de mon corps, pendant que les siens revinrent se placer sur celui-ci.

Ses mains s'agitèrent pour relever le col, remettre correctement quelques détails, avant qu'il ne replace ses yeux dans les miens. Pendant quelques secondes il resta ainsi à me regarder d'un air une nouvelle fois inconnu. Mon cœur rata un battement lorsqu'il glissa sa main gauche sur ma joue, et qu'il caressa mes cernes de son pouce d'une manière délicate.

Je me doutais qu'il observait mes iris, encore une fois. Mes pensées fusèrent sur le rêve, sur ces souvenirs étranges. Des multiples questions traversèrent mon esprit à ce moment-là : revoyait-il l'homme armé ? Que regardait-il, réellement ? Son passé, ou moi ?

Son autre main s'était levée sur mon cou : mon cœur rata un second battement tandis que ses doigts entourèrent ma gorge sans efforcer un quelconque appui. Il les laissa ainsi, je sentais mon sang pulser dans mon cerveau si fort, si rapidement. Ses yeux étaient toujours plantés dans les miens.

 Tu n'as plus de blessure. As-tu parlé avec Héra ? 

Un frisson.

 O-Oui.

 Tant mieux. Tu seras en pleine forme, ce soir. Avait-il prononcé d'un ton légèrement amusé, presque joueur. Allons-y. 

Ses mains quittèrent mon corps, il se tourna alors vers la porte, et l'ouvrit.

— A-Attendez... Avais-je bêtement prononcé.

Il s'inclina face à moi. Je pris ce temps pour l'admirer ; ses yeux, ses longs cils, son nez droit, ses lèvres roses, sa peau éburnéenne. Il était magnifique. Ses habits toujours aussi sombres, sa chemise qui moulait ses muscles et son pantalon fluide qui marquait sa taille fine.

— Qu'est-ce qu'il y a, Taehyung ? Il ajouta.

Sa voix me sortit de mes songes.

 J'ai rêvé de vous, cette nuit. 

Il fronça les sourcils, et se tourna totalement face à moi.

— Moi aussi. Avait-il dit, à son tour.

Mes yeux s'écarquillèrent légèrement, tandis que les siens m'observaient de son éternelle manière calme et autoritaire. Son regard paraissait à la fois intrigué et désintéressé, un peu comme Héra, un peu plus tôt.

Le Prince Jeon avait reçu des accords divins si jeune, son enfance avait été consacrée à ça. Le Prince Jeon était un enfant des Dieux.

Sans doute Artémis l'avait élevé.

 J'ai rêvé de ton enfance. De ta mère, ton père et ta sœur. Continua-t-il tout en croisant ses bras. J'ai vu à travers tes yeux.

 J-J'ai vu à travers les vôtres. Avais-je ajouté à mon tour, tandis s'approcha de moi. Vos souvenirs où vous étiez enfant, lors de la g-guerre.

 Ah ? As-tu vu l'homme tuer ma mère ? 

Ma bouche s'entrouvrit ; mes yeux s'étaient plantés sur le sol.

 Tu as vu ses yeux gris ? Son épée ? Il lança.

Il reprit face à mon silence.

 Tu as vu ma mère mourir devant mes yeux ? 

Mes lèvres se mirent à trembler.

 Tu m'as vu essayer d'atténuer la douleur ? 

Il faisait référence au moment où il s'était poignardé.

Il s'était approché de moi, pour placer son index sur mon cœur. Je remontai alors bêtement mon regard pour qu'il se place dans le sien. La colère dans ses yeux m'obligea à prendre une grande respiration, tandis que je reculai peu à peu alors qu'il avançait en ma direction.

 Tu m'a entendu supplier ?

 Oui. 

Il lâcha un léger rire dans un souffle. Ses yeux s'étaient légèrement plissés, les coins de ses lèvres doucement étirés.

 En as-tu parlé avec Héra ? 

Sa question me surprit un peu : le Prince Jeon s'était arrêté au milieu de la pièce.

 O-Oui.

 Qu'a-t-elle dit ?

 Héra m'a e-expliqué d'une certaine façon, q-que vous ne souffririez plus une fois que vous m'auriez tué. 

Un court silence, pendant lequel il m'observait d'un regard presque surpris.

 Vraiment ? Il avait ricané.

 E-Est-ce que j-je peux vous poser une q-question... ? 

Il acquiesça d'un léger fredonnement.

 Q-Quand vous observez mes yeux... V-Vous le revoyez ? 

Un silence, à nouveau.

 Oui. 

Le Prince s'approcha de moi : l'arrière de mes genoux rencontra le matelas : mon cœur rata un battement pendant que le Prince Jeon me poussa avec son doigt pour que je finisse assis sur son lit. Le stress me prit à la gorge en repassant dans mon esprit ce qu'il avait prononcé hier, en me menaçant.

Il attrapa une nouvelle fois mon menton entre ses doigts, pour relever mon visage. Il contempla mes iris, je m'en doutais. Cette même lueur curieuse logée dans ses yeux sombres qui les faisait briller, comme si ses yeux reflétaient les étoiles sur un fond noir, une nuit constellée d'une multitude de diamants.

Sa seconde main se faufila dans mes cheveux, qu'il dégagea de mon front.

 Je revois cet homme qui a tué ma mère. Ses yeux gris sont semblables aux tiens. Même s'ils restent différents. 

Différents ?

 Tes yeux reflètent ton innocence. Les siens étaient perfides.

 V-Vous allez vraiment... me t-tuer ?

 Oui. 

Mes yeux s'embrumèrent ; son air était sérieux, sans une once d'un quelconque amusement.

 J-Je ne veux p-pas mourir... Avais-je bafouillé.

 Je m'en moque ouvertement. Il siffla. Penses-tu que ma mère le voulait ? Mon père ? Mon peuple

Ses doigts avaient sévèrement agrippé ma mâchoire, son index et son pouce sur mes joues.

 Te rends-tu compte de ma patience, celle de ne pas te tuer maintenant ? De t'étrangler sur ce lit ? 

J'avais perçu que ses yeux étaient devenus gris. Gris foncé. J'avais comme compris que ce n'était pas lui qui parlait, mais elle. Artémis. Comme si elle avait totalement pris possession de son réceptacle, comme si elle avait totalement pris possession du Prince Jeon, là, maintenant.

 Qu'est-ce qui me retiendrait de le faire, Taehyung ? Ta vie m'appartient. Elle continuait. Tu m'appartiens. 

Alors, je prononçai.

 V-Vous êtes un monstre. 

L'ombre était sortie de son corps. Elle était là. Artémis se tenait derrière le Prince. Elle était grande, immense, et son aura m'écrasait totalement. Ses yeux gris foncé me tétanisaient tant la colère se discernait. Ses ongles acérés étaient juste à côté de mon visage, les mains de la femme tremblaient mais elles ne m'atteignaient guère.

La Déesse ne pouvait pas me tuer à ce moment, parce que le Prince Jeon avait repris le dessus.

 Penses-tu qu'ils se soient excusés de m'en avoir fait devenir un ? 

Sa voix calme me rassura soudainement. Artémis disparaissait peu à peu.

Ne restaient plus que nous deux, presque en face à face même si le Prince était debout, moi assis sur son lit. Nos yeux étaient plantés les uns dans les autres, j'avais l'impression de revivre le même échange visuel dans la forêt quand il m'avait retrouvé.

Nous étions si différents. Si opposés et pourtant, je n'étais pas le soleil bien qu'il était la lune. Je n'étais pas le bien même s'il était le mal. Nous étions simplement deux étoiles contraires, contraintes par le Temps. Par la Justice.

Par les Dieux.

 Je te tuerai lorsque j'en aurais pleinement l'occasion. Il reprit, calmement. Allons-y. Sae Jin nous attend. 

[...]

Arrivés dans une pièce immense, où la hauteur sous plafond l'était tout autant, le Prince Jeon et moi avons continué notre chemin pour pénétrer dans un espace plus petit, pas moins magnifique. Il y avait une grande table au milieu de la pièce, avec des multitudes de plats posés sur celle-ci : des fruits, des gâteaux, des viennoiseries, de la viande, des légumes, plein de nourriture dont les effluves me tordaient le ventre.

Avant qu'il ne me quitte, le Prince avait murmuré une simple phrase qui m'avait fait presque rougir.

 La Reine a préparé cela pour toi. N'oublie pas de la remercier. 

Lee Sae Jin était déjà installée sur cette grande table, où Seokjin était à côté d'elle. Ils discutaient ensemble, avant qu'elle ne tourne la tête pour nous apercevoir. Elle se leva après une légère exclamation.

 Vous voilà !

 B-Bonjour, Majesté. Lançai-je lorsqu'elle s'approcha.

 Bonjour, Taehyung. Avait-elle dit en souriant. Je t'ai préparé un vrai festin. Sers-toi autant que tu veux ! Elle s'exclama.

Je la détaillai rapidement : elle s'était à nouveau vêtue d'une robe, un autre corset pourpre qui faisait ressortir sa poitrine. Des bijoux, colliers autour de son cou, des bagues sur ses mains fines, et des longues boucles d'oreilles de rubis l'embellissaient encore plus. Elle était maquillée, un trait rouge qui marquait la continuité de ses longs cils noirs ; un rouge à lèvre vermillon.

Ses cheveux étaient détachés, quelques mèches étaient relevées par un peigne sur le haut de son crâne. Plus je l'observais, plus je la trouvais jolie. Ses yeux noirs se trouvaient tant envoutant.

 Taehyung. 

La voix du Prince, cette fois, m'avait à nouveau fait sortir de mes pensées.

 Je ne sais pas à quoi tu penses, mais cesse donc de rester au beau milieu de la salle à regarder Sae Jin, tu veux bien ? Il laissa tomber, irrité.

 O-Oui, h-hum... Pardonnez-moi. 

Je m'avançai après un silence gênant entre nous, pour partir m'asseoir là où Seokjin m'attendait -il m'avait fait signe-. Lorsque j'arrivai à sa hauteur, il lança.

 Bonjour, Kim Taehyung.

 Bonjour, Seokjin. Avais-je répondu avec un léger sourire.

 Vous allez bien ? Avez-vous bien dormi ?

 Oui, merci. Et vous ? 

S'entama alors une courte discussion entre moi et le majordome Seokjin, pendant laquelle j'avais remarqué que le Prince Jeon nous écoutait de loin. Son regard était toujours placé sur ma silhouette, jusqu'à ce que la Reine l'interpellât.

 Sa Majesté la Reine a prévu de nombreuses choses pour vous, aujourd'hui.

 A-Ah oui... ? Je continuais, un peu perdu.

 Taehyung. Le Prince m'appela en venant. Va manger au lieu de parler. 

La bouche entrouverte, mes yeux jonglèrent entre Seokjin et la silhouette du Prince Jeon.

— O-Oui, excusez-moi... Murmurai-je.

Alors, bêtement, je commençais à prendre un peu de nourriture avec les ustensiles mis à disposition pour se servir, sous les regards du Prince d'Arthémia, ainsi que celui de Seokjin. Lee Sae Jin était à côté du Prince, je la voyais seulement du coin de l'œil, un peu vexée, lorsqu'elle reprit sa discussion avec le Prince.

Le majordome m'intima à m'asseoir sur le siège précieux : je le fis à la suite, un peu perdu. L'odeur de la nourriture enivrait mes narines d'un supplice terrible, mais je n'osais pas réellement manger. Parce que les dirigeants discutaient sur la gauche, mais aussi parce que le Roi venait d'entrer dans la salle.

Mon regard s'était baissé, je tentais une nouvelle fois de me faire le plus petit possible pour qu'il ne me remarque pas. Mais c'était vain : parce que j'étais le seul habillé en blanc, ici, ses yeux s'étaient directement posés sur ma silhouette.

Il s'avança devant toutes les personnes qui se courbaient devant lui, pour venir jusqu'au Prince Jeon, qui lui avait simplement jeté un regard ennuyé.

 Bonjour, Jungkook.

 Bonjour, Majesté. Avait-il répondu, en s'inclinant.

Plusieurs questions trottaient dans ma tête. Je me souvenais encore parfaitement de ce rêve étrange du passé du Prince Jeon, une des choses qui m'apparut incompréhensible était le fait qu'il n'avait pas « totalement » les accords divins de Artémis. Cela voulait dire que le Roi les avait ? Je l'avais vu plusieurs fois, mais je ne ressentais pas vraiment la même chose qu'avec le Prince.

Dans ce cas, pourquoi était-il Prince, et non Roi ? Peut-être qu'il s'agissait de l'une des contraintes pour les accords divins ? Non, cela ne menait à rien. Artémis voulait absolument me tuer, si elle le pouvait elle l'aurait fait ; cela voulait dire qu'elle n'était pas sous une quelconque règle du registre divin.

Cela ne pouvait pas être une promesse. Du respect, alors ? Je ne savais pas si le Roi était quelqu'un de sa famille, ce n'était pas son père, peut-être son oncle ? Yoongi serait son cousin ?

Peut-être était-il trop jeune pour accéder au trône, tout simplement. Et le Roi l'avait mis sous sa garde en le prônant Prince. Oui, c'était sûrement ça.

 Taehyung, trésor. 

La voix de la Reine me fit sursauter. Je m'inclinai face à elle, sur la gauche.

 Tu n'as pas faim ?

 S-Si, excusez-moi. J'étais dans mes p-pensées. Lui répondis-je en souriant.

J'attrapai alors bêtement la fourchette d'une main, pour la planter dans un morceau de fruit. Puis, lorsque mes dents se plantèrent dedans, les larmes me montèrent aux yeux sans même que je ne m'en rende compte. Je mâchai la nourriture, repris une seconde bouchée, puis une autre et encore une autre. Mes gestes étaient devenus hâtifs, j'avalai la nourriture délicieuse autant que je le pouvais.

C'était si bon. Je n'avais pas eu de repas comme celui-ci depuis plus d'une semaine.

Je reniflai tout en mangeant des gâteaux dont la pâte croustillait, des fruits qui croquaient sous mes dents, leur goût était exquis. Une explosion de saveur dans ma bouche, qui faisait grogner mon estomac.

Le Prince Jeon s'assit en face de moi ; je sentais son regard persistant sur ma personne. Le Roi était parti sur la droite, se placer aux côtés de la Reine. Sous ses yeux observateurs, mes gestes s'étaient un peu ralentis même si j'apportais autant de nourriture à mes lèvres que je pouvais sans que cela paraisse malpoli.

Du coin de l'œil, j'avais vu le Prince d'Arthémia se servir à son tour. Je remontai timidement le visage vers lui, pour le regarder prendre plusieurs morceaux de fruits, avant qu'il ne remonte son regard dans le mien. L'échange n'avait duré qu'une seconde à peine ; il avait incliné son visage vers la gauche.

 Majesté ! Majesté ! 

Un homme essoufflé était entré dans la salle : il s'inclina rapidement avait de dire.

 Tous les prisonniers d'Arthémia ont été retrouvés morts dans la prison royale, cette nuit. V-Votre fils, Yoongi, fait partie des victimes. 

Mes yeux s'étaient écarquillés face à ses propos, ils fusèrent directement dans ceux du Prince qui s'élevèrent un peu plus haut. L'ombre, Héra, avait sorti une dague dorée que je voyais : elle s'était penchée au-dessus de moi, pour couper un fil entre Artémis et elle, qui nous reliait, le Prince Jeon et moi.

Lorsque la lame brisa le lien, un haut le cœur m'obligea à me pencher sur le côté pour vomir. Toutes mes forces semblaient m'avoir soudainement quittées, cependant, j'avais eu ce sentiment étrange d'être libéré d'un poids immense.

La promesse que j'avais faite au Prince venait d'être brisée.








« Hybris. »










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Bonjour !

Déjà au chapitre 17!

Qu'en pensez-vous pour l'instant ? Les choses se mettent en place petit à petit. Je suis contente du déroulement, alors j'espère que cela vous plaît aussi ! Bien sûr, si vous avez des questions,  n'hésitez pas à les partager!

Pourquoi la promesse a été brisée, d'après vous ? (ce n'est pas une question piège -malheureusement-)
Comment Jungkook va faire pour le garder avec lui ? Est-ce que Taehyung va tenter quelque chose ?

Ohlala, j'ai super hâte de vous partager la suite.

/!\ Je vais bientôt changer le rythme de publication. Le prochain chapitre sera bien entendu posté mercredi, mais ils seront bientôt réduit à un chapitre par semaine.

Sur ce, prenez soin de vous et à très vite !





<3

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