16 - Rédemption
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Rédemption : rachat de l'Homme, souvent auprès d'une divinité.
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— Je refuse, Sae Jin. Pourquoi est-ce qu'il aurait le droit d'être ici ?
— Eh bien, je l'ai décidé.
— Il reste quelqu'un de la Noblesse. L'aurais-tu oublié ?
— Il est Prince. Comme toi.
Ses yeux fixés sur la jolie silhouette de la femme, le Prince d'Arthémia se tenait face à elle, les épaules droites, l'esprit méfiant.
Jungkook siffla.
— Il n'a rien d'un Prince.
— Il a leurs yeux. Elle contesta.
— Qui me dit que ce n'est pas pour pouvoir le tuer en douce ?
— Mpff... Elle gloussa. Penses-tu que je sois de ce genre-là ? C'est mal me connaître.
— Justement, je ne te connais pas assez pour comprendre tes décisions.
Son sourire s'agrandit légèrement.
Sae Jin observait le Prince Jeon d'une façon malicieuse, l'air joueur ; Jungkook avait froncé les sourcils en observant ses traits changer ainsi. La Reine ricana une seconde fois sous son air interrogateur.
— Oh, épargne-moi ce regard. Je ne le toucherai pas. Avait-elle soupiré malgré un rictus.
— Je ne te fais pas confiance.
— Eh bien, qu'il en soit ainsi ! Tu n'as qu'à l'inviter à dormir dans tes appartements si cela te fait plaisir. De toute façon, le Roi d'Arthémia a prévu de le tuer, et je n'ai aucun droit à le faire, et encore moins de mes propres mains.
— Pourquoi l'as-tu laissé prendre cette décision, Sae Jin ?
Elle soupira, une seconde fois, les paupières fermées.
— On ne va pas revenir un énième fois sur cela, Jungkook.
— J'ai le droit de savoir. Il insista.
— C'est un secret entre Roi et Reine. Se moqua-t-elle.
Le Prince avait brusquement attrapé son poignet, dont la main cachait en partie ses lèvres d'où s'envolaient ses ricanements. Lee Sae Jin avait écarquillé les yeux, un peu surprise, pas moins déçue. Elle aborda un air de biche qui ne fit pourtant pas flancher Jungkook, à la place, il avait même approché son visage proche du sien.
— Arrête de ricaner, et explique-moi la raison de vos cachoteries.
— Marions-nous et je te le dirais.
Elle avait lâché une légère plainte lorsqu'il avait serré son poignet entre ses doigts.
— Je n'ai aucun but à me marier avec toi. Réponds.
Elle soupira, à nouveau.
— Pourquoi est-ce que les hommes sont si violents ?
Ce fut à son tour de rire. Il avait lâché son poignet, pour la regarder de haut.
— Parce que tu n'es pas violente ? Il lança.
— Non, je suis douce...
Elle avait levé ses mains pour les poser de chaque côté du visage du Prince, qui la laissa faire, cependant. De ses pouces, elle caressa intiment ses pommettes de ses doigts, qui descendirent jusqu'à ses lèvres, et passèrent dessus d'une manière délicate, sensible.
Lentement, ses mains glissèrent sur sa nuque, elle s'approcha timidement de son visage neutre en collant sa poitrine contre son torse. L'odeur vanillée de la Reine se mélangea aux effluves de cèdre du Prince, deux parfums distincts qui résultaient d'une homogénéité exotique.
Alors qu'elle le fixait d'un air charmeur, Jungkook leva les yeux en apercevant deux silhouettes venir par ici, et attrapa les poignets de la Reine pour les baisser.
— Taehyung. Il appela.
Ce dernier avait levé le regard vers lui. Vers eux.
Sae Jin se tourna face à son majordome et la silhouette fine du jeune Prince héritier. Elle garda sa place devant le Prince d'Arthémia, les poignets bloqués dans les siens.
— Dors avec moi.
Le châtain écarquilla les yeux à l'entente de ces paroles soudaines ; ses joues s'empourprèrent à la suite lorsqu'il planta ses yeux dans ceux de Jungkook.
— Ça ne va pas ?
La Reine s'avança vers le garçon, qui était resté planté au milieu du couloir, un peu plus loin. Ses talons tapèrent sur le sol au fur et à mesure qu'elle s'approchait de lui, ses cheveux longs au creux de son dos.
— Dors avec moi, Taehyung. Elle répéta, un sourire aux lèvres.
— C'est pire, Sae Jin. La voix du Prince d'Arthémia s'était élevée.
— Eh bien, si tu ne veux pas qu'il dorme seul, il dormira avec moi. Elle avait répondu en entourant son bras des siens, se collant à lui.
— Dans ce cas, il dormira dans mon appartement.
Elle souffla par le nez.
— Tu es si indécis, j'en perds la tête, Jungkook.
— Parle plutôt pour toi, Sae Jin.
Le châtain fut surpris : ils se tutoyaient ? Enfin, cette pensée-là fut répondue à la suite. Ils devaient certainement se connaître depuis longtemps. Sans doute ne se vouvoyaient-ils qu'en public pour des raisons politiques.
Le Prince Jeon s'était à son tour approché des trois personnes : il tira Taehyung contre lui d'une manière presque violente ; Sae Jin avait lâché un cri de surprise. Elle fronça les sourcils en croisant les bras sur sa poitrine.
— Que fais-tu ?
Puis, Taehyung fût forcé à marcher sur la gauche, s'éloignant ainsi de la Reine et Seokjin. Un peu perdu, il suivait difficilement le rythme imposé par le Prince, trébuchant parfois.
Pendant quelques dizaines de secondes, les deux Princes marchaient d'un pas rapide, surtout pressé dans le long couloir des appartements royaux du Palais : le regard du châtain divaguait sur les décorations, les peintures et les toiles des murs et du plafond, les nombreux lustres violets et bleu marine qui laissaient traîner une lueur sombre, presque vespérale.
Ils arrivèrent face à une porte que Jungkook connaissait bien ; il venait généralement dormir ici, puisque c'était l'un de ses appartements dédiés. Il entra, suivi du jeune garçon, et claqua la porte derrière lui.
— Déshabille-toi.
Taehyung avait vivement relevé le visage vers lui.
— P-Pardon... ?
— J'ai dit déshabille-toi. On n'a pas le temps.
Jungkook s'était déjà dirigé vers une seconde pièce, sur la droite : il revint assez vite, avec de nouveaux vêtements. Il avait déjà enlevé sa veste, laissant apparaître son vêtement transparent à la vue du garçon, son torse musclé que le tissu moulait.
Le Prince leva les yeux vers lui.
— Enfile ça. Il faut qu'on se change pour passer inaperçu.
Le châtain avait attrapé les habits lancés, l'air inquiet et perdu. Il se tourna dans l'autre sens lorsque le noiraud commença à retirer son haut, les joues rouges.
— M-Mon Prince... Pour aller où ?
— À ton entraînement.
Ses yeux s'ouvrirent un peu plus.
Maintenant ?
— Oui, maintenant. Il ne nous reste que trois jours.
Taehyung avait commencé à déboutonner sa chemise, doucement, les mains tremblantes. Puis, doucement, il se retourna : Jungkook était torse nu, en train de déboutonner son pantalon. Le châtain s'était rapidement tourné dans l'autre sens, gêné.
— Que fais-tu ? Dépêche-toi. Le Prince lança à nouveau.
— O-Oui.
Alors, timidement, puis un peu plus serein, Taehyung s'empressa de retirer sa chemise, faisant glisser le vêtement sur ses bras, pour attraper les habits que le Prince d'Arthémia lui avait donné. Il enfila une tunique sombre bleu marine, et se dépêcha de retirer son pantalon à son tour après s'être aussi vêtu d'un gilet qui lui arrivait en dessous des genoux.
A la suite, il enfila le pantalon, mais son visage s'était à nouveau empourpré en remarquant qu'il était trop grand pour lui. Enfin, ce n'était pas si dérangeant en soi, mais il pouvait presque rentrer deux fois dedans.
D'un coup brusque, le Prince l'avait retourné face à lui d'une prise sur son épaule, le faisant sursauter. Ses yeux remontèrent se placer dans ses pupilles ténébreuses, qui le détaillaient silencieusement. Jungkook soupira en remarquant qu'il n'avait pas enlevé le ras-du-cou : il passa ses deux mains sur sa nuque, ses doigts frôlèrent sa peau délicatement, tout en défaisant le nœud.
Taehyung fixait le torse du Prince, le visage rouge d'embarras : et celui-ci vira encore plus au cramoisi lorsqu'il s'était collé à lui pour observer ce que faisaient ses mains, en murmurant un « putain de nœud ».
Il se recula une fois cela fini, et s'éloigna légèrement du corps du châtain pour observer à quoi il ressemblait ainsi. À nouveau, son regard se plaça sur le haut du pantalon, qu'il tenait avec ses deux mains.
— Le pantalon est trop grand ?
Les yeux du Prince Jeon se placèrent dans les siens.
— H-Hum... Un peu, o-oui.
— Je vais regarder s'il y en a des plus petits.
Taehyung laissa son regard placé sur sa silhouette lorsque Jungkook se dirigea à nouveau vers la pièce sur la gauche : quelques secondes passèrent, avant qu'il ne revienne avec deux autres pantalons.
— Essaye ça.
— M-Merci. Avait-il bafouillé en les prenant.
Il commença à baisser le sien, mais s'arrêta en remarquant que le Prince le fixait.
Jungkook fronça les sourcils en croisant son regard.
— Que fais-tu ? Dépêche-toi, nous n'avons pas assez de temps.
— E-Est-ce q-que vous p-pouvez vous... Enfin, v-vous retourner ?
Un silence, durant lequel les yeux du Prince d'Arthémia le fixaient d'un air agacé.
— P-Pardon. Taehyung avait bafouillé en se déshabillant à la va-vite.
Il retira le pantalon pour enfiler un deuxième rapidement : identique à l'autre, celui-ci était trop grand. Jungkook s'était approché pour le fermer à sa place, ses mains frôlant le ventre du châtain qui fût à nouveau gêné.
— Je n'ai jamais vu un corps d'homme aussi fin.
Taehyung avait vivement relevé son regard dans le sien, la bouche entrouverte, tandis que le Prince continuait à observer la fermeture du vêtement, en se rendant à l'évidence qu'il ne lui allait vraiment pas.
Parce que je n'ai pas beaucoup mangé, chez vous, pensa le châtain, à la fois triste et énervé de sa remarque. Peut-être ne voulait-il pas le dire d'une façon méchante, mais Taehyung l'avait mal pris. Très mal pris.
La mâchoire un peu crispée, il avait tourné la tête sur la droite, en observant du coin de l'œil le Prince s'affairer à trouver une solution pour que le vêtement ne retombe pas. Jungkook arrêta ses gestes en remarquant un changement d'ambiance soudain.
Mais il n'y fit pas vraiment attention.
— Retire-le et essaye l'autre. Lui ordonna-t-il.
Sans aucune réponse, Taehyung se dépêcha d'exécuter sa demande : il se déshabilla, pour enfiler l'autre pantalon de gestes rapides, presque brusques.
— Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Il lança, la voix agacée.
— Rien.
Sans doute sa réponse fût crue : Jungkook lui avait attrapé violemment la gorge de sa main droite, le regard défiant. Le châtain ne put que comprendre son erreur, bien trop vite : les yeux du Prince étaient noirs de colère, son index et son pouce appuyaient sévèrement sur son cou, il entendait son sang pulser dans son crâne.
— Pour qui te prends-tu à me parler ainsi ? Avait-il articulé, froidement.
— P-Pard... P-Pardonnez-moi... Il s'excusa difficilement.
— Qu'est-ce qui me retiendrait de te tuer, maintenant ? Tu veux que je te poignarde ? Que je te viole sur ce putain de lit ? C'est ça que tu veux ?
Angoisse soudaine : Taehyung avait écarquillé les paupières, les larmes lui étaient rapidement montées aux yeux.
— On n'a pas le temps pour ces conneries, alors tu te dépêches.
Il l'avait balancé sur le sol : Taehyung avait geint en tombant par terre, la gorge serrée et les larmes sur le point de dévaler une énième fois ses joues. Les mains tremblantes, il attrapa le vêtement et se releva en vitesse.
Jungkook le fixait, les bras croisés et la mâchoire serrée. Il soupira en remarquant l'air angoissé sur le beau visage du châtain, qui tremblait des pieds jusqu'aux mains, le regard fuyant et paniqué.
— Calme-toi. Avait-il prononcé.
Un hoquet.
— Je t'ai dit de te calmer. Le Prince avait répété, la voix grinçante.
— O-Oui... P-Pardonnez-moi...
Les mains du garçon tremblaient encore plus, jusqu'à ce qu'il s'effondre sur le sol.
— Taehyung. Il appela.
Lorsqu'il s'était approché de lui, Taehyung avait esquissé un gémissement craintif : ses yeux étaient débordants de larmes, une nouvelle fois, ses lèvres tremblotaient. La terreur dans son regard avait percuté le Prince de plein fouet, qui laissa un silence, prenant le temps de prononcer.
— Calme-toi, je ne vais rien te faire.
Le regard apeuré du châtain, planté dans le sien, le fit soupirer.
— Je ne vais rien te faire. Il répéta. Il faut qu'on se dépêche.
Peu à peu, les tremblements du garçon s'estompèrent, sans pour autant s'arrêter totalement. Taehyung se releva sur ses jambes et enfila le second pantalon rapidement, mais cette fois-ci, le Prince ne s'était pas approché.
Il avait simplement prononcé.
— Il te va mieux ?
Aucune main sur son corps, Jungkook se tenait légèrement à distance, les bras croisés sur son pull noir, comme s'il avait perçu les craintes du garçon.
— O-Oui. M-Mais il est encore trop g-grand... Avait-il bafouillé.
— Je peux ?
Taehyung fût surpris : il remonta ses yeux dans ceux du noiraud, qui l'observait sérieusement. Alors, doucement, il commença à se détendre.
— Oui.
Puis, le Prince s'approcha à nouveau de lui : ses mains attrapèrent le pantalon et le serrèrent à la suite. Le châtain sentait ses mains fines et froides frôler son abdomen, en plus de son regard rivé vers son ventre. Mais il était un peu plus confiant. Pas forcément rassuré, mais plus serein face à la situation.
Jungkook s'affairait à rafistoler le vêtement pour qu'il lui convienne, sous ses yeux observateurs. Il tirait un peu dans tous les sens, faisant passer le bouton dans les boucles de ceinture du pantalon. Quelques dizaines secondes plus tard, il se recula de lui. Taehyung avait laissé tomber son haut sur son ventre.
— Maintiens-le, encore. Avait prononcé le Prince d'Arthémia. Que je voie ce que ça donne.
Alors, timidement, le châtain attrapa les bords du vêtement et le remonta pour faire apparaître son abdomen au regard sérieux du noiraud. Celui-ci s'approcha à nouveau en s'agenouillant.
Ses deux mains attrapèrent la taille du châtain, qui avait retenu de justesse un second hoquet. Les doigts gelés du Prince se faufilèrent entre sa peau et le tissu du pantalon, pour le remonter une fois de plus.
— Ça tient ? Il demanda.
Taehyung ne pouvait qu'apercevoir ses cheveux noir corbeau à la hauteur de son ventre.
— Oui.
Jungkook se releva sur ses deux jambes, avant qu'il ne parte vers la pièce sur la droite encore une fois, pour revenir avec deux grands tissus noirs. Il lui en tendit un, le regard planté dans le sien.
— Maintenant, écoute-moi bien. Quand on va sortir du Palais, tu ne diras rien. Tu ne lèveras pas le regard une seule fois, tu ne t'éloigneras pas une seule fois, et tu ne répondras pas une seule fois aux personnes que nous croiseront. C'est bien clair ?
— O-On va sortir du P-Palais... ? Taehyung prononça, inquiet.
— On n'a pas le choix. La personne qu'on va voir habite dans le Royaume, qui est à l'écart.
Le châtain baissa légèrement les yeux.
— Et si quelqu'un te touche, t'attrape, te traîne dans un endroit ou te fait n'importe quoi, tu cries. Je serai là. C'est bien compris ?
Doucement, il les remonta.
— Oui.
Sous un rire dans un souffle, Jungkook prononça.
— Allons-y.
[...]
Nous étions dans une sorte de forêt sombre, très sombre, où la brume stagnait à la hauteur de nos têtes. Comme convenu, mon regard était baissé, de toute façon je ne voyais pas grand-chose avec la capuche de la cape, qui retombait jusqu'à mon nez.
Je suivais le Prince Jeon à la trace : ma main était agrippée à la manche de sa cape timidement, même si c'était lui qui me l'avait demandé, c'était assez embarrassant de se tenir à lui de cette façon. Enfin, il m'avait tout de même dit d'abandonner mon titre au Palais le temps du déplacement, je me demandais s'il avait laissé le sien là-bas, aussi.
Nous marchions côte à côte, bien que ses pas étaient plus rapides que les miens je ne voulais pas le perdre. Car non seulement cet endroit était terrifiant, mais en plus de ça il y avait des gens au bord du chemin, qui demandaient des choses étranges. Des cheveux, de l'argent, de la viande putréfiée et même des yeux.
J'avais commencé à comprendre pourquoi le Prince Jeon semblait si tendu à l'idée de devoir sortir du Palais, bien que le voyage en carrosse m'avait déjà plongé dans cette ambiance sinistre qu'était le Royaume de Némésia.
Nous étions sur un chemin en terre, recouvert partiellement d'épines de roses et de feuilles mortes qui craquaient sous nos pas. Il faisait froid. Glacial, même, alors que nous étions au mois de juin. Il devait être aux alentours de 23h, peut-être minuit, à vrai dire la notion du temps m'avait été enlevée depuis longtemps déjà.
Mes doigts qui tenaient la cape du Prince Jeon tremblaient à cause de la température. Je voulais les entourer de la chaleur de ma paume, mais si je le lâchais, seuls les Dieux savaient ce qu'allaient faire les personnes étranges sur les bords du chemin.
— Eh, mon garçon...
Quelqu'un m'avait attrapé le bras ; j'eus un sursaut accompagné d'un léger cri, ce qui avait immédiatement alarmé le Prince. Il avait dégainé une arme ; seul le bruit d'acier s'était élevé, suivi d'un déglutissement.
— Ne le touchez pas.
Puis, quelques secondes plus tard, nous étions déjà repartis. Calmement, je m'étais même encore plus rapproché du Prince. Les bras tremblants, je tenais fermement le tissu de sa cape, l'esprit évasif.
Il faisait nuit noire. J'avais même l'impression que le Prince avançait à l'aveugle dans la forêt mais cette idée m'apparaissait tout de même idiote. Les yeux rivés sur le sol, je trébuchais parfois face aux racines soudaines des arbres, ou bien des gros cailloux. Parfois même, il y avait des os, je ne voulais pas savoir de quoi ils venaient.
— On arrive bientôt. Il murmura.
J'avais bêtement fredonné un « oui » qui fût certainement inaudible. Nous marchions encore trois bonnes minutes sur le sol rugueux du chemin, avant que nous n'arrivions sur un sol en pierre, je me fis la remarque qu'il s'agissait presque du même que celui du pont menant au Palais que nous avions traversé.
Puis, un énorme sursaut lorsque quelqu'un se mit à crier sur la gauche. J'avais même lâché par mégarde la cape du Prince ; comme s'il l'avait prédit, sa main m'avait rattrapé de justesse. Il me tira vers lui quand la personne qui hurlait sembla venir vers nous, criant des choses incompréhensibles.
La curiosité me titillait de lever la tête pour voir de quoi il s'agissait, mais le Prince m'avait mis en garde pour mes yeux ; ils étaient gris et non noirs comme l'étaient ceux des autres. Alors je gardais le visage baissé, les lèvres tremblotantes.
Il me tira pour avancer : nous continuons notre chemin, empruntant des ruelles assez sombres dans ce qu'il semblait être le Royaume de Némésia : c'était terne, triste, et sale. Une odeur terrible de cadavre rodait dans les rues, je tenais d'une main la cape du Prince et l'autre était placée sur mon nez, pour empêcher les effluves pénétrer mes narines.
Puis, il s'arrêta. Je fis de même, le cœur battant à m'en rompre les côtes, jusqu'à ce que quelqu'un prenne la parole.
— Qui es-tu ?
— C'est moi.
La voix du Prince avait résonné, suivi d'un silence. Puis, le bruit d'une porte qui s'ouvre : il me fit entrer dans un endroit faiblement éclairé, qui sentait la paille : certainement une grange.
— Où est Zeng ?
— Là-bas. Qui est avec toi ?
— Ce ne sont pas tes affaires. Il siffla tout en me tirant vers la gauche.
Quelques secondes plus tard, il s'arrêta à nouveau, puis me tira, et s'arrêta encore.
— Zeng ?
Un silence.
Ses doigts relevèrent légèrement mon visage.
— Reste là, Taehyung. Ne bouge pas. On fait comme on a dit, tu cries si quelqu'un te touche.
Je hochais maladroitement la tête, à nouveau, puis il partit. Je ne pus qu'entendre le bruit de ses pas s'éloigner, avant que le silence, un silence lourd, ne plane. Mes doigts étaient accrochés entre eux, bien qu'il faisait un peu plus chaud ici, la température ne devait pas dépasser les 10 degrés.
Une minute passa. Puis deux.
Lorsque soudainement, des voix féminines s'approchèrent de moi.
— Mais non ! Elles riaient.
— Si, je te jure ! C'était n'importe quoi !
Leurs rires se hissaient dans l'endroit où j'étais, je fis de mon mieux pour paraître le plus petit possible, avant qu'une d'entre elles ne dise.
— Attends, c'est qui lui ?
Mon visage s'abaissa encore plus.
— Bonsoir ? Vous venez faire quoi ici, Monsieur ? Elle lança, l'air agacée.
Je ne répondis pas.
— Ce serait sympa de répond-...
Un bruit soudain.
— Ne le touchez pas.
Je fus rassuré en entendant la voix du Prince, timidement, je tendais ma main pour attraper le tissu de son vêtement, lorsque la sienne attrapa mon poignet, et il me tira pour avancer.
— Beau gosse ! Elle siffla en gloussant.
— Revenez quand vous voulez, il y aura toujours des chambres en haut !
— On vous attendra là-bas ! Elles hurlèrent de rire.
Le Prince Jeon me tira vers un autre endroit, je faillis tomber au sol lorsqu'une poutre apparue devant mes pieds. Je l'avais esquivé de justesse, tandis qu'il continuait à me traîner je-ne-sais-où.
— On est arrivés.
Puis, il me fit entrer dans un endroit, plus froid, qui sembla plus grand, aussi.
— C'est lui ?
— Oui.
La voix d'un vieil homme.
— Tu vas me dire qui c'est à la fin, Jungkook ?
— S'il-vous-plaît. J'ai besoin de vous.
Un ricanement.
— Il n'y a que lorsque tu me vouvoies qu'il y a un problème.
— Retire ta cape, Taehyung.
Lentement, mes doigts placés sur les côtés retirèrent la capuche, révélant ma chevelure, et je croisais le regard d'un homme qui avait les yeux écarquillés. Sa mâchoire se serra, il jeta un regard au Prince.
— Tu te fous de moi, Jungkook ? T'as ramené un Noble et tu me demandes de l'entraîner ?
— Il est le Prince héritier d'Aera.
Tout se passa en un éclair : j'avais à peine eu le temps de cligner des yeux, d'apercevoir le Prince Jeon se faire violemment pousser sur le côté que je me retrouvai au sol, une lame appuyant sur ma gorge. Je n'avais pas même pu prendre une grande respiration, l'homme avait placé sa main sur ma bouche et mon nez, m'empêchant de respirer.
Je n'avais pu que gémir, encore plus en sentant la lame s'enfoncer dans ma gorge ; mes mains sur ses poignets n'arrivaient pas même à bloquer l'appui de ses bras sur mon corps, qui continuaient de m'étouffer.
— J'pourrais le tuer et lui crever ses yeux de merde. Peut-être même lui arracher la peau et la donner à bouffer à mes chiens. Il se tourna. Tu me prends pour qui, putain ?
Le Prince Jeon toussa un instant, avant de prononcer.
— J'ai besoin de toi. Il faut que tu l'entraînes, il va se battre contre le Roi dans trois jours.
Un gémissement, plus prononcé : il enfonçait encore le couteau dans ma gorge, je n'arrivais pas à respirer à cause de sa paume.
— Je vais le tuer. Je vais le tuer !
Soudain, un flash. Je roulai sur le côté pour tousser tout en essayant de reprendre ma respiration. Ma main se plaça sur mon cou où le liquide chaud, mon sang, sortait d'une plaie plus grande que la précédente.
La respiration rauque, mes yeux se déplacèrent sur le côté pour apercevoir le Prince, debout, où une ombre tenait l'homme à la gorge contre la porte que nous avions traversé. Le Prince Jeon me lança un regard, et lança.
— Debout, Taehyung.
— Putain, il t'a promis sa vie, hein ? L'homme ricana. Artémis est en colère, où c'est toi qui l'e-... Il geint.
— Je ne voulais pas en venir à la violence pour te demander un service.
L'ombre avait lâché le corps de l'homme, qui resta sur ses deux jambes malgré une quinte de toux.
— Je suis content de te revoir, Zeng.
— Moi non, gamin. Putain... Il râla. J'avais oublié que t'avais reçu les accords d'une Déesse de merde... Désolé Artémis si tu m'écoutes. J'en ai rien à branler de vos trucs divins de merde.
L'homme se déplaça vers la droite, où étaient disposées des armes.
Il reprit.
— Mais tu t'adresses à la mauvais personne, Jungkook. J'entraîne plus personne maintenant. Et encore moins ces connards de Nobles. Sérieux, pourquoi tu l'as amené ? Tu sais très bien ce qu'il s'est passé pourtant.
— Ça marche pour moi aussi, tu sais. Il m'incita à venir proche de lui d'un coup de main. Les Nobles ne sont pas les bienvenus ici, mais celui-là est différent.
— Parce qu'il est le futur Roi ? Il va prendre la place de celui qui a laissé des connards tuer ma femme ? Putain... Il siffla, le dos tourné. Tu me casses les couilles, Jungkook. Tu me casses les couilles.
— Taehyung n'a jamais su qu'il était Noble, et encore moins Prince héritier. Je fus surpris lorsqu'il prononça ces paroles. Il n'a rien vécu de tel.
Un silence.
— S'il-te-plaît. Je ne savais pas à qui d'autre m'adresser. J'ai hérité de tes cours pour en arriver là-...
— Oh, commence pas à me sortir des belles phrases de poètes de merde. J'en ai rien à foutre. Cassez-vous de là.
Un autre silence, je me trouvais aux côtés du Prince d'Arthémia, la main placée sur mon cou, bien que ma blessure ne semblait plus, d'une façon étrange, saigner. J'avais retiré ma main pour observer tout de même une tâche rougeâtre sur ma paume ; et c'était d'autant plus troublant de ne plus ressentir de douleur au niveau de mon cou.
— J'ai de l'argent, des ressources et tout ce que tu veux en échange. J'ai vraiment besoin de toi. Il continuait leur discussion.
— Et tu vas me ramener ma femme ? Non. Alors dégage.
— Zeng, s'il se fait tuer sur la place dans trois jours, ce sera la guerre.
— J'en ai rien à foutre de votre guerre de merde.
— Je te donne tout ce que tu veux. Tout. Je t'en supplie, Zeng. J'ai besoin de toi.
Un énième soupir.
Mes yeux observaient calmement le visage du Prince, son air sérieux et suppliant à la fois que je n'avais jamais vu auparavant. Pourtant il ne semblait pas si différent.
Ses yeux sombres étaient rivés sur le vieil homme, ses sourcils étaient légèrement levés : il était si beau ainsi. Je n'avais jamais vu ses yeux qui paraissaient aussi doux sur ce visage pourtant si joli.
— J'veux qu'on me foute la paix. L'homme grogna.
— Je te ferai construire un Palais le plus loin possible des autres, si c'est ce que tu veux.
— Je veux qu'on me foute la paix, maintenant.
— On partira dès que tu l'auras entraîné.
Il jura, encore.
— Tu me fais chier, Jungkook. Putain, tu me casses les couilles. Tu viens vraiment ici, pour me demander d'entraîner ton copain le futur Prince des Nobles ? Il se tourna en prononçant ces mots.
— Oui. Le Prince avait répondu.
Un duel de regards soudain. Les yeux de l'homme jonglaient entre les miens et ceux du Prince, avant qu'il ne laisse un énorme soupir s'échapper de sa bouche. Le vieil homme se déplaça sur la gauche, pour ainsi laisser mon regard se poser sur les multiples armes disposées sur la table.
— D'accord. Si j'accepte, c'est parce que c'est toi. Mais à une condition. Tu dis à tous tes potes que c'est le dernier entraînement que je fais à quelqu'un, parce que vous me cassez tous les couilles à venir me voir. Et si ce gamin de merde meurt pendant mes entraînements, ce sera pas de ma faute. C'est clair ?
— Merci, Zeng.
Il remonta son regard noir dans le mien, et roula des yeux.
— Choisis ton arme, gamin.
Alors, guidé par le Prince Jeon, je m'avançai timidement pour observer toutes les différentes armes, des sabres, épées, katanas, arc, des chaînes, des couteaux, et plein d'autres auxquelles j'ignorais totalement le nom.
Mes yeux divaguèrent sur l'une qui me porta le plus d'attention.
— J-Je peux prendre c-celle-là ?
— Un putain de sceptre, tu te fous de ma gueule ?
Soudainement gêné, je tournai la tête vers le Prince, pour l'apercevoir rouler des yeux.
— C'est l'arme des Nobles. Putain, je les déteste. Y'en a plein d'autres, mais il fallait qu'il prenne celle-là. Non mais, le retour aux sources. T'es vraiment sûr qu'il en savait rien, Jungkook ? Un silence alors que le Prince Jeon hocha la tête, il me jeta un regard noir. Tu commences déjà à me péter les couilles, gosse de merde.
Le visage cramoisi, je bafouillais des mots qui n'avaient aucun sens, avant qu'il ne dise.
— Ramène-toi, que je vois à peu près comment tu te démerdes. Putain... Putain de gosse de merde.
J'exécutai ses paroles à la va-vite, déposant la cape au même endroit où étaient les armes, puis mes doigts attrapèrent timidement le sceptre, posé contre le mur, qui semblait presque faire ma taille. Je m'avançai pour aller au centre de la grande pièce.
Le regard du Prince Jeon était rivé sur ma silhouette.
— Allez, approche.
Après un léger moment pendant lequel il m'observait, il reprit.
— Tu vas faire du jardinage ou tu veux te battre ? On va pas planter des carottes. Tiens ton arme mieux que ça. Les deux mains, l'arme en diagonale. Il illustra ses paroles avec ses gestes, son bâton. Ou d'une main, sur le côté.
Essayant de reproduire les positions de ses mains, le Prince soupira en s'approchant de moi. Il attrapa le sceptre pour me le placer correctement entre mes dix doigts : ses mains gelées guidèrent les miennes, il me lança un regard qui m'apparut étrangement amusé en regardant ma posture à la fin.
Son sourire avait vite disparu : ses yeux se replacèrent sur le vieil homme, qui m'attendait en baillant. Puis, il baissa légèrement son visage pour mieux m'observer.
— T'as pas perdu la main, Jungkook.
Mes doigts se resserrèrent sur l'arme lorsqu'il s'approcha de moi.
— J'vais pas passer par quatre chemins. J'en ai rien à branler si ça te vexe, Jungkook. Il reprit. Les Libres sont malins et utilisent des techniques fourbes. Il commença à m'expliquer, en faisant tourner son bâton dans ses mains. Déjà, ils aiment attaquer par derrière.
Je ne l'avais pas même aperçu s'approcher de moi : la pointe du bâton était posée contre le bas de mon dos. Je m'inclinai rapidement : il était désormais contre ma gorge.
— Le truc de base que t'as pas l'air de connaître. Te retourne pas quand ça commence comme ça. Faut que tu t'éloignes ou que tu bloques l'arme avant qu'elle te touche.
Mes yeux plantés dans ceux de l'homme, il continua.
— Tes yeux doivent regarder les pieds en priorité. C'est ça qui te montre ce que va faire ton adversaire.
Il se recula.
— Jungkook, je suppose que tu vas engager quelqu'un pour tuer le Roi ?
— Oui.
— Donc il doit juste survivre le temps de, c'est ça ?
— Oui.
Un soupir.
— Ok. Écoute-moi bien, gosse de merde. Si tu fais qu'encaisser les coups, le Roi va se douter de quelque chose. Alors il va non seulement falloir que tu apprennes à te défendre, mais en plus à attaquer sans te faire planter.
Mes doigts se serrèrent.
Attaquer ?
— Aujourd'hui, on va voir les trucs de base de défense. Demain, l'attaque. Et le dernier jour, on va faire les deux. C'est bien clair ?
— O-Oui.
Un léger ricanement.
— C'est parti.
[...]
Yoongi s'avançait calmement dans les couloirs sombres du château, après avoir quitté ses appartements. Ses yeux baissés au sol par habitude, observaient d'une manière las le marbre. Il était perdu dans ses pensées ; à vrai dire, son esprit se concentrait uniquement sur Taehyung.
Le jeune garçon était parti dans le Royaume le plus sinistre des Libres. Le médecin en voulait énormément à Jungkook et Sae Jin, du fait qu'ils l'aient obligé à rester ici. Quand bien même Seokjin se débrouillait en termes de médecine, Yoongi était de loin le plus qualifié, en plus de ses connaissances exactes sur la santé du châtain.
Il se dirigeait vers une salle particulière, qui était située vers l'entrée du Palais. C'était là où arrivaient les courriers, les colis et nombreux envois des personnes extérieures. Il venait généralement là-bas puisque c'était lui qui s'occupait en majeure partie de la réception des lettres.
Il arriva proche de la salle du trône. Le château était quasiment vide depuis que le Roi et le Prince étaient partis. Ils avaient pris avec eux la plupart des soldats les plus compétents, ce qui était plutôt logique : ils devaient les protéger des bandits qui rôdaient sur la longue route entre Arthémia et Némésia.
Yoongi marcha jusqu'à la salle, puis il passa devant le couloir où était la prison royale. Alors qu'il avait tourné la tête simplement pour observer sans réelle attention, il s'arrêta au milieu du chemin.
La porte se referma dans un bruit lourd.
Quelqu'un était entré, ou sorti mais il n'avait aperçu personne. Alors, il s'approcha de la porte calmement. Sans doute était-ce un garde venu pour une quelconque raison, mais il était presque 2h du matin.
Il arriva jusqu'à celle-ci. Sa main attrapa la poignée qu'il tira à la suite, son regard se posa sur les nombreuses marches qui descendaient jusqu'à la seconde porte. Son pied s'avança, puis l'autre, et il se mit à descendre le long escalier en béton, pour atteindre le second accès.
Il l'ouvrit aussi, tandis que la lourde porte se referma dans un bruit sourd derrière lui.
Lorsqu'il posa le pied dans la prison, son esprit se figea.
Il y avait du sang, partout.
Yoongi tourna la tête des deux côtés, pour apercevoir tous les prisonniers morts, certains agonisaient encore, badigeonnant dans le sang et les organes des cadavres à côté d'eux. L'odeur qui se dégageait n'était pas forte ; cela datait de peu. Ils s'étaient tous fait tuer il y a peu de temps.
Ses yeux se relevèrent instantanément vers la porte au loin. Le médecin se dépêcha d'y aller, il s'était mis à courir pour arriver plus vite. Ses mains se posèrent sur la barrière en métal, quel fût son choc en remarquant qu'elle était ouverte.
Et il se figea à nouveau, en voyant l'ami de Taehyung, au sol.
— Hoseo-...
Un coup sur la tête : le corps du médecin s'effondra, tombant ainsi dans la mare de sang, tandis que son esprit s'en alla dans l'inconscience la plus profonde.
[...]
Quelques heures plus tard, j'étais au sol, la respiration courte.
— Il résiste plutôt bien. Tu l'as entraîné à quoi, Jungkook ?
La bouche ensanglantée et le bras placé sur mon ventre, j'étais au bord de l'évanouissement. Une nouvelle fois, tout mon corps était douloureux, je pouvais jurer avoir un os cassé. Mes poumons me brûlaient à chaque respiration, de mon nez s'échappait une quantité effroyable de sang.
— Allez, debout.
La respiration rauque, je me tournai sur le côté, pour cracher du sang. A l'aide de mon bras tremblant, je me relevai péniblement debout, et attrapai de justesse l'arme qu'il m'avait une énième fois lancé.
— Tiens-la bien. Plie les genoux, serre les fesses.
En une fraction de seconde, encore.
— Trop lent.
Il était arrivé derrière moi. Mais cette fois-ci, je m'étais légèrement tourné, la pointe du sceptre avait touché le bâton qui lui servait d'arme. Et à nouveau, il dégagea l'arme avec un sourire aux lèvres en murmurant un « pas mal », me donna un coup dans le ventre, sous le menton, et un autre coup dans le ventre.
Je m'écroulai alors sur les genoux, la main sur ma gorge, en toussant.
— Tes pronostics ? La voix du Prince.
— Il commence à apprendre. Zeng avait répondu. Mais bon, il crèvera quand même en deux secondes.
Un soupir, puis un deuxième. J'ignorais lequel était celui du Prince Jeon.
— Allez, debout. On recommence.
— J-Je... je ne peux p-pas...
— Hein ? Qu'est-ce qu'il dit encore, lui ? Il releva la tête. Jungkook, j'peux savoir ce qu'il fout, ton pote le Noble ?
— Il te supplie. J'ai eu le droit à ça aussi.
Un soupir, à nouveau.
— Il est quelle heure ? Demanda le Prince.
— 4h passées.
— Taehyung. On va rentrer. C'est bientôt l'heure des rondes des gardes du Palais.
— Tu m'as dit pour combien de jour ?
J'entendis seulement des froissements de tissus.
— Trois.
— Putain, c'est vraiment mal parti. Zeng laissa tomber.
Je reçus quelque chose sur mon dos, mon esprit divagua sur la cape, certainement, que le Prince m'avait sans doute lancé. Alors, une nouvelle fois, je posai mes mains sur le sol, et m'élevai, les jambes tremblantes, pour arriver debout, dans les vapes.
— T'avais duré moins longtemps la première fois, Jungkook. Se moqua le vieil homme.
— Je n'étais qu'enfant, aussi. Celui-ci rétorqua, agacé.
— L'âge, ça change rien. Y'a que les cons qui se vexent et qui utilisent cette excuse.
— Il faut dire que tu étais plus jeune aussi à cette époque, moins coincé au niveau des articulations.
— Espèce de petit con !
Je fis deux pas, pour arriver devant la porte. Le sang s'échappait de ma bouche, j'étais presque plié en deux, les bras sur mon ventre.
— On se voit demain.
— Putain, j'avais oublié... Ramène-moi une bouteille d'alcool. Sae Jin doit avoir du bon vin, la connaissant.
— J'essaierai. La main du Prince se posa sur mon dos. On y va.
J'avais à peine pu poser mon pied devant l'autre : mon corps s'écroula au sol. J'étais exténué.
Après un léger silence, la voix du Prince.
— Zeng ?
— C'est hors de question.
[...]
Le Prince observait calmement le corps du châtain dans le lit, les yeux fermés, la bouche légèrement entrouverte. Les bras croisés et les sourcils arqués, Jungkook se tenait devant le matelas, à regarder Taehyung se reposer en silence.
Après un léger soupir, il se dirigea vers la porte sur la droite, pour revenir dans la chambre principale. Ses jambes le guidèrent vers la salle de bain : une fois entré, il prit quelques secondes pour observer les vêtements noirs et les vêtements blancs disposés sur la grande étagère sur la gauche, juste devant la baignoire placée au milieu.
Ses mains attrapèrent rapidement quelques habits, puis il sortit de la pièce. Les yeux placés devant lui, il marcha jusqu'à la porte en face : une nouvelle fois il pénétra la pièce, qui était plus petite que la principale, mais aussi équipée. Un grand lit, des grandes fenêtres ; les chambres étaient jumelles, simplement séparée par un mur.
La Reine Sae Jin avait la chance de posséder plusieurs appartements dans son Palais. Des appartements qui détenaient en général plusieurs chambres, une grande salle de bain et des coins d'eaux respectifs avec des toilettes. Elle avait réservé une des plus spacieuses à Jungkook.
L'entrée était au milieu : la vue principale était une grande pièce, un lit sur la gauche avec un canapé en face. Sur la droite, une salle de bain avec baignoire. Sur la gauche, une seconde porte qui menait à une deuxième chambre, un peu plus petite mais avec les mêmes accommodations : petite salle d'eau, toilettes, comme elle était plus petite il n'y avait pas de canapé.
Jungkook s'avança jusqu'au lit, et posa les vêtements sur la commode devant celui-ci. Après un nouveau coup d'œil sur le corps endormi de Taehyung, le Prince Jeon se dirigea vers la porte, la mâchoire crispée.
D'un geste maîtrisé, ses doigts prirent avec eux la clé, et il verrouilla la porte derrière lui. Le noiraud lâcha un second soupir, avant de retirer son haut. Torse nu, il se dirigea à nouveau vers la salle de bain, la main sur le bas de son abdomen.
Son regard traîna sur son reflet dans le miroir, un sourire se dessina sur ses lèvres.
— Calmez-vous, Artémis.
— Tue-le, maintenant.
Il laissa un soupir s'échapper de ses lèvres.
— Cela n'aurait aucun sens. Soyez patiente.
— Je t'ai choisi par ton désir de guerre.
— Vous avez instauré votre euthymie en moi. Il contesta.
— Tu m'as appelée, priée, suppliée après avoir perdu tes parents.
Il remonta son regard dans celui de la femme, qu'il voyait à travers le miroir.
— Je le tuerai. Pourquoi doutez-vous ?
— Parce que tu restes un humain. Ton cœur est noir, mais il pourra toujours s'éclaircir.
— Qu'est-ce que vous insinuez ?
— Ta colère augmente. L'aurais-tu décelé ?
Un souffle dans un rire.
— Il n'y a rien d'autre que de la haine.
— Ne me fais pas regretter mon choix. Je ne t'accorderai aucune rédemption. Je te tuerai.
À nouveau, il laissa un faible ricanement s'échapper de sa bouche : ses yeux se plissèrent légèrement, avant qu'il ne dise.
— Je le tuerai.
La femme avait ri, à nouveau. Plus fort, encore, son rire résonnait dans sa tête.
— Je le tuerai.
- - - - - - - - - -
Bonjour !
J'espère que ce chapitre vous aura plu! Début de l'entraînement de Taehyung qui se fera sur plusieurs chapitres. Si vous avez des questions, remarques, n'hésitez pas à les partager, j'y répondrai avec grand plaisir !
Sur ce, je vous dis à très vite pour la suite!
Prenez soins de vous!
<3
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