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Oracle : réponse, acte d'une divinité au fidèle qui le/la consultait, vénérait.

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Le Prince avançait calmement dans le long couloir du Palais, ses yeux étaient rivés devant eux. Il fixait la silhouette du châtain se faire emmener par les gardes, la tête baissée. Ses cheveux châtain clair reflétaient la lumière douce des lustres pendus lorsqu'il passait en dessous, il se distinguait parfaitement des couleurs assombries des hommes, de part sa tenue blanche autant que sa chevelure.

Le noiraud continuait son chemin, puis il s'arrêta en entendant son nom s'élever. Son corps s'inclina en arrière, et il remarqua Yoongi arriver vers lui, un sac à la main.

— Jungkook. Il appela. Où est Taehyung ? 

Les traits légèrement crispés, le jeune Libre continua de s'avancer jusqu'à lui d'une manière pressée. Il tenait dans sa main gauche un sac qui paraissait lourd à vue d'œil. Une fois seulement à sa hauteur, le Prince reprit.

— Que fais-tu ici ? 

Le médecin aperçut au loin la silhouette du jeune garçon. Lorsqu'il s'apprêta à l'appeler, le Prince d'Arthémia se mit entre eux deux. Le blond lui jeta un regard d'incompréhension, avant de reprendre après une légère hésitation.

— Je dois le voir avant de partir d'ici.

— Partir d'ici ? 

Il fronça les sourcils.

— Je viens avec vou-

— Tu ne viens pas avec nous. Tu restes ici. 

Yoongi entrouvrit sa bouche, son visage s'était tendu. Il se replaça convenablement bien qu'il était debout, en posant son sac au sol, devant ses pieds.

— Pardon ?

— Tu as très bien entendu. Jungkook laissa tomber, la voix monotone.

— Mais Taehyung a encore besoin de mes soins ! 

Le noiraud avait soupiré discrètement. Son regard se releva sur lui, avant qu'il ne se place sur une silhouette qui arriva vers eux. Le temps d'une courte seconde, un rictus était apparu sur ses lèvres.

— Que se passe-t-il ? 

Sae Jin marchait d'une manière féline, tout en remettant convenablement un gilet en soie mauve sur ses épaules nues, aidée par deux de ses gardes du corps. Lorsqu'elle arriva aux côtés de Jungkook, elle inclina son corps face au médecin, faisant virevolter quelques-unes de ses mèches qui retombaient sur son visage. Son léger sourire aux lèvres disparut vite.

Elle reprit.

— Eh bien, que fait-il ici ? Elle leva son visage vers le Prince. N'était-il pas convenu qu'il reste ici ? J'avais demandé que Seokjin s'occupe personnellement de Taehyung, cela n'a-t-il pas été annoncé ? 

Ce fût la douche froide pour Yoongi : Sae Jin replaça son regard sur lui. Les deux dirigeants l'observaient d'une façon purement moqueuse ; les coins de leur bouche étaient imperceptiblement levés, et dans leurs regards se discernaient quelque chose de plus obscur encore : ils avaient sans doute déjà échangé, probablement sur le fait que le blond devait rester ici, à Arthémia.

Alors, calmement, il baissa la tête.

— Bien. Je resterai ici. Puis-je tout de même lui adresser quelques mots ?

— Hélas, le Roi nous attend déjà dans le hall du palais. Nous sommes pressés. Jungkook répondit.

— Mais nous pouvons lui transmettre un message. Sae Jin ajouta.

Bon sang.

Le médecin les voyait, leurs côtés ténébreux rigoler juste derrière eux à haute voix, des ombres noires de ténèbres, de mal ; et ils étaient présents dans leurs yeux, dans leurs regards voués à ridiculiser Yoongi.

Jungkook et Sae Jin se tenaient droits, la tête haute, leurs visages exprimaient une arrogance ahurissante. Le blond savait qu'ils, enfin, que le Prince n'aimait pas forcément la jeune femme, même s'ils étaient complémentaires et sur les mêmes longueurs d'ondes. Les deux étaient les principaux rivaux des Libres même s'ils n'avaient pas les mêmes titres.

Enfin, pour l'instant.

Mais là, il s'agissait d'une sorte de complicité sinistre : ils savaient très bien que Yoongi était le seul à tout connaître sur la santé du châtain, l'obliger à rester ici allait en faire subir les conséquences.

— Dites-lui de faire attention. Merci. 

Il se courba devant leurs corps, tandis que le Prince et la Reine s'étaient déjà retournés. Ils avaient repris leur chemin, suivi de près par les gardes de Sae Jin. Le regard posé sur leurs silhouettes, Yoongi resta ainsi, debout dans le long couloir, en se rendant à l'évidence qu'il n'avait pas même pu dire au revoir au jeune Prince héritier.

Il était certainement à le seul à le savoir, Taehyung n'était pas prêt pour cette guerre. Il n'était pas prêt à en être la raison, à porter toutes les responsabilités des morts qui allaient en suivre.

Voulaient-ils qu'il devienne fou, ou qu'il meure le plus rapidement possible ?

Du côté du jeune châtain, il arrivait enfin au hall de l'entrée du palais. Les deux hommes tenaient fermement ses bras mais Taehyung ne bronchait pas ; disons que, la dernière fois, il avait reçu un coup en plein dans sa mâchoire alors, il s'était intérieurement promis de ne plus jamais se débattre.

Lorsqu'il s'avança dans l'immense endroit, son regard divaguait sur les murs, sur le plafond et sur les lustres. C'était vraiment majestueux. Taehyung pouvait presque dire que le château d'Arthémia reflétait la personnalité du Prince : tout était si beau, sombre et élégant à la fois.

Les gens attendaient dans le hall. Le châtain ne tarda pas à remarquer que le Roi était entre eux. Il semblait parler de sa joie vis-à-vis d'être invité dans le Royaume de Némésia, tout en ne manquant pas de se vanter de ses richesses, de sa notoriété comme de sa puissance supérieure à la sienne. Ses yeux noirs se posèrent sur la silhouette du garçon, qui baissa les siens à la suite.

— Le voilà ! Il s'exclama.

Toute la foule se tourna alors vers lui, qui fût gêné d'être observé par cette cinquantaine de personnes. Heureusement, ils étaient moins que la veille, dans la salle du trône. Mais Taehyung avait bien remarqué qu'il s'agissait des plus hauts gradés dans la société des Libres ; leurs habits, leurs coupes de cheveux et leurs postures en témoignaient parfaitement.

Des murmures remplirent alors le hall. Il les sentait, tous ces regards portés sur sa silhouette fine. Les mains des deux hommes lâchèrent les bras du châtain. C'était encore plus embarrassant pour lui de se tenir devant eux, à la merci de leurs yeux dont une émotion étrange se discernait.

Le désir de représailles ; de le voir mort, afin d'accomplir leur victoire.

Le regard baissé sur ses pieds, il remarqua tout de même que la foule s'était inclinée face aux nouvelles personnes qui arrivaient, sur sa droite. Lorsqu'il releva sa tête, il aperçut du coin de l'œil les silhouettes des dirigeants, du Prince d'Arthémia et de la Reine de Némésia, s'avancer tout en discutant entre eux. Ils paraissaient ravis de quelque chose dont le châtain n'en savait strictement rien ; leurs sourires refoulaient une sorte de moquerie, d'autant plus exprimée par leurs yeux sombres.

Taehyung fût perturbé par la foule qui s'avançait, une fois les grandes portes ouvertes.

Où était Yoongi ?

Les hommes, placés à ses côtés ne bougeaient pas. Ils attendaient certainement la venue du Prince pour emmener le châtain à son tour. Soudainement, Jungkook planta son regard sur sa silhouette, Sae Jin ne tarda pas à faire de même.

Ils arrivèrent jusqu'à lui.

— Allons-y.

— E-Excusez-moi, mon P-Prince... 

Sae Jin continua sa route ; ne restaient plus que Jungkook et Taehyung, ainsi que quelques gardes dans l'immense hall. Le Prince fixait à nouveau la silhouette de la Reine s'en aller tout en tournant son visage vers le jeune garçon à sa gauche, avant de finalement planter ses yeux dans les siens.

Le châtain bafouilla quelques mots, inquiet, avant de prononcer.

— E-Est-ce que vous avez vu Y-Yoongi ?

— Non. J'en ai conclu qu'il n'a pas voulu venir avec nous. 

Le cœur du châtain s'était presque arrêté de battre. La bouche légèrement entrouverte, les épaules du garçon se baissaient progressivement, tandis que le Prince le fixait, sans expression particulière.

Son cœur s'était serré. Le médecin lui avait pourtant dit qu'il allait le rejoindre, pourquoi n'était-il pas venu ? Inconsciemment, toute leur discussion repassa dans son esprit, qui finit par lui faire ravaler l'amertume au fond de sa gorge.

Yoongi restait un libre, après tout.

— Ne perdons pas plus de temps. J'espère que tu n'as pas oublié notre accord, Taehyung. 

Ses dents se serrèrent légèrement.

— N-Non.

— Redis-le. 

Alors que son regard s'était placé vers le couloir qui menait à la salle du trône et aux appartements de Yoongi, Taehyung remonta celui-ci pour qu'il se plante dans celui du Prince. Il n'était pas proche de lui, pourtant le châtain pouvait sentir d'ici son odeur de cèdre se dégager de sa silhouette masculine.

— M-Ma vie vous appartient. Avait-il prononcé, sous son léger rictus.

— Bien. Allons-y. 

[...]

— Nam, tu sais, toi, pourquoi Taehyung serait là-bas ? 

Jimin était accoudé à la même rembarre où Taehyung venait souvent, auparavant. Sur ce balcon qui donnait vu sur la mer au loin, et sur les petits villages, détruits, au bord de celle-ci. Mais quelques silhouettes minuscules qui formaient des points noirs étaient les charpentiers, maçons et autres, venus d'autres Royaumes pour les reconstruire.

— Je n'en sais rien, Jimin. Je comprends plus rien. 

Un souffle.

— Moi non plus. 

Les deux amis étaient de nouveau seuls. Sans Ji Yeong, sans Hyo et son père, sans Hoseok, et sans Taehyung. Ils n'avaient même pas pu retrouver Lili, sans doute partie aider au loin d'autres citoyens, ou alors nettoyer les rues dont l'odeur des cadavres rôdaient ; Milya avait été sévèrement touchée par l'assaut des Libres.

Jimin et Namjoon étaient restés ensemble depuis l'attaque. Ils ne s'étaient pas quitté une seule seconde, par peur de perdre l'autre, et de se retrouver seul. Le blondinet avait même fini par convaincre que Taehyung et Hoseok étaient encore vivants, cette idée qui s'était renforcée par la fameuse phrase de Ji Yeong qui avait ajouté une couche d'incompréhension et d'angoisse sur cette histoire.

— Comment vas-tu faire pour le reprendre des Libres d'Arthémia ?! Avait-elle hurlé.

De plus, elle avait été conviée à une réunion avec le Roi et la Reine de Milya. Les deux s'étaient rendu compte de quelque chose, sur laquelle il ne pouvait pas mettre d'idées claires : il se tramait une chose dont personne n'avait le contrôle, et dont très peu en avait conscience.

— B-Bon, dans tous les cas, c'est sûr que Taehyung est en vie. Mais p-pour Hoseok... Tu crois qu'il serait allé jusqu'à là-bas ? 

Jimin avait baissé son visage vers son ami, assis dos contre la rembarre. Il ne vît que ses cheveux bruns : sa tête était baissée, il était assis en tailleur, les mains sur ses jambes.

— Je sais pas. J'en sais rien, Jimin. Je sais pas ce qu'il se passe, mais j'ai surtout l'impression que plus on en sait, pire c'est. Tu ne penses pas ?

— Si, tu as raison. Mais au moins, ils sont en vie... J'ai envie de les retrouver. 

Le blondinet avait remonté son regard, qui s'était à nouveau placé dans sa main.

— Je l'ai promis, aussi.

— Ne pars pas d'ici, Chim. Tu sais très bien que c'est dangereux, en dehors du palais. Il y a des Libres partout, à chaque coin de rues, dans la forêt. Et je suis sûr qu'il en reste encore pas loin d'ici.

— Je sais bien, mais imagine que Hoseok soit justement dans la forêt, perdu au milieu de nulle part, ou je sais pas...

— Ce que je sais, c'est surtout que tu n'as aucun sens d'orientation. Alors déjà, si tu arrives à le trouver je te tire mon chapeau, mais si en plus vous revenez tous les deux ici, je te donnerai tous mes magazines porn-

— Hé ! 

Leurs rires s'élevaient soudainement.

Peu à peu, ils s'éteignirent.

Jimin soupira un peu. Le temps s'était drôlement rafraîchit, il avait plu cette nuit et ce matin encore. Mais le ciel s'était découvert, le soleil n'arrêtait pas de se cacher derrière les nuages comme si lui aussi, fuyait la réalité.

Ses yeux se baissèrent légèrement, venant observer la mer.

— Et si je te disais que, ce soir, je m'en vais d'ici pour les retrouver. Qu'est-ce que tu ferais ?

[...]

Installé dans le carrosse aux côtés du Prince et en face de la Reine, le regard de Taehyung était placé sur l'extérieur. Cela faisait déjà deux heures qu'ils étaient en route pour le Royaume de Némésia. Les paysages avaient déjà changé ; des sapins bordaient les routes, à leur pied se trouvaient des ronces dont les roses noires et rouges resplendissaient de couleurs sombres.

Quelquefois, l'épaule du châtain rencontrait celle du noiraud à cause des nids de poule et des bosses du chemin, même si Taehyung s'était presque collé à la paroi à sa gauche, il avait l'impression que le Prince se rapprochait discrètement de lui.

Et puis, le jeune garçon tentait à chaque fois d'étouffer ses soupirs d'angoisse, lorsqu'il se rendait à l'évidence qu'ils se dirigeaient tous à cet endroit, là où il allait se faire tuer. Pour un titre que lui-même ne connaissait pas. De plus, quand il s'était rendu compte que Yoongi n'allait pas venir avec eux alors qu'il lui avait promis de le rejoindre, le mettait dans une ambiance morose.

Taehyung n'avait pas même pu dire adieu à son ami, Hoseok.

Jungkook, à ses côtés, avait fermé les yeux. Il les ouvrait de temps en temps pour surveiller la Reine de Némésia et Seokjin. Mais à chaque fois qu'il posait son regard sur la silhouette de la jeune femme, il la voyait observer calmement le paysage, néanmoins avec un sourire en coin. Et c'était de ce sourire en coin qu'il se méfiait.

Bien qu'il avait quand même aperçu qu'elle ne possédait aucune arme sur elle, rien ne disait sûreté. La Reine avait de nombreux atouts, et l'un des meilleurs était son instinct, suivi de près par sa spontanéité. Elle était pour le moins surprenante, à vrai dire et il fallait être honnête ; Sae Jin était rusée. Très rusée.

Quant à elle, elle avait très bien vu que le Prince la surveillait. Et elle aussi, elle le regardait, à travers le reflet de la vitre. Elle observait silencieusement sa mâchoire tracée, son profil parfait et ses lèvres rebondies. Qu'il était beau, tout de même. Jungkook était d'une beauté à en couper le souffle.

Habillé d'un pantalon noir fluide, un vêtement noir en dentelle et transparent, aux motifs de fleur de lys qui grimpait jusqu'à son cou. Une veste de la même couleur couvrait ses épaules. Il était Prince, et cela se discernait facilement. Ses cheveux sombres retombaient sur son regard, sa peau ivoirienne où ses lèvres roses ressortaient de ce magnifique tableau noir et blanc.

Et Taehyung l'était tout autant.

À vrai dire, et même si elle savait qu'il était mignon, elle n'avait pas imaginé à ce point. Et ses yeux gris, oh, ses yeux si clairs, si beaux, si précieux, elle voulait les contempler pendant des heures. Des petits diamants, des perles. Oui, c'était cela. Ils avaient des magnifiques yeux argentés, aux légers reflets céruléens.

De temps en temps, elle lui lançait des regards qui ne duraient guère longtemps ; il avait la tête baissée, les mains entrecroisées. Il était mignon, ainsi.

Mais il paraissait si petit pour porter le poids d'un Royaume aussi immense.

Le trajet dura quelques heures, comme prévu. Jungkook avait fini par regarder, à son tour, les paysages changeants. Ils se transformaient en un royaume plus sombre encore. La brume brouillait la vue à l'extérieur du carrosse, il voyait tout de même les soldats mais cela devenait de plus en plus difficile d'apercevoir les sapins qui longeaient la route.

Des roses fanées bordaient celle-ci, dont les ronces noires faisaient régner un tout autre univers : la mort. Une couche d'épines vert foncé couvrait en partie le sol du chemin, le Prince savait éperdument que la Reine ne prenait pas en compte l'esthétique extérieur de son Royaume : maintes et maintes fois il était venu et cela n'avait jamais changé.

Le pire était même à venir.

Taehyung, de son côté, avait même fini par s'endormir, sa tête reposait sur la paroi du carrosse à sa gauche, qui rebondissait de temps en temps à cause des bosses et des trous de la route.

Le soleil était assombri par les nombreux nuages qui gouvernaient le ciel, et à l'intérieur du carrosse régnait le silence. Lee Sae Jin observait calmement le jeune châtain se reposer. Un sourire tracé sur ses lèvres mauves, ses mains étaient placées sur le tissu de sa robe qui recouvrait ses cuisses.

La Reine riva son regard sur le Prince, qui la regardait déjà. Son sourire s'élargit subitement.

— Qu'y a-t-il ? 

Il revint placer ses yeux sur l'extérieur.

— Rien. Tout est calme. Peut-être un peu trop, même.

— Ne vous inquiétez pas, nous allons bientôt arriver. Elle gloussa. Dans une dizaine de minutes, si ce n'est pas moins. 

Taehyung sortait peu à peu de son sommeil léger à l'entente de leur conversation. Ses paupières papillonnèrent pour venir se placer dans ceux de la Reine de Némésia et il se redressa soudainement, se replaçant convenablement sur le coussin du banc. Le châtain se racla discrètement la gorge, ses doigts s'entrecroisèrent à nouveau et il inclina son visage pour observer ce qu'il se passait dehors.

Son cœur rata un battement, tandis que Jungkook serra la mâchoire.

Des corps étaient pendus aux arbres morts ; des squelettes, des corps en décomposition où des corbeaux picoraient dans la chair, et des gens récents.

La nausée remonta vivement dans son œsophage, le jeune garçon avait replacé son regard à l'intérieur du carrosse, sur la Reine, justement. Quant à elle, elle observait le paysage macabre sans vraiment s'en soucier. Le Prince d'Arthémia la regardait aussi.

Puis, Taehyung tourna la tête au même moment que Jungkook : leurs regards s'étaient plantés simultanément l'un dans l'autre, et restèrent accrochés. Le noiraud en profita pour admirer ses iris grises, et rattrapa son visage de ses doigts pour le forcer à rester dans la même position lorsque Taehyung s'apprêta à se retourner.

Le pouce et l'index sur les joues du châtain, son attention était portée sur la couleur resplendissante du gris. Plus il les regardait, plus il avait envie de les regarder. C'était étrange, et enivrant, d'observer ces iris. Grises, pâles et foncées à la fois, des reflets d'aigue-marine et d'argent. Majestueuses. Elles étaient tout simplement magnifiques.

Le jeune Prince avait agrippé son poignet mais Jungkook s'en moquait ; perdu et surtout gêné, Taehyung lança un regard à l'homme placé aux côtés de la Reine, mais la voix du Libre s'était élevée dans l'habitacle.

— Regarde-moi. 

Il replaça ses yeux dans les siens, ses joues s'empourprèrent davantage, lorsqu'un ton plus féminin se hissa dans le carrosse, à son tour.

— Lâchez-le. Vous voyez bien qu'il est mal à l'aise... Avait-elle murmuré dans un semblant de surprise.

— Ne vous l'avais-je pas déjà dit ? Il appartient à moi, pas à vous. Jungkook répondit au tac à tac, un sourcil arqué.

Sae Jin était devenue silencieuse, la mâchoire serrée.

— Ici, dans mon Royaume, il détient le même titre que le vôtre. Je refuse que vous le traitiez de cette façon. 

La main du Prince avait glissé sur sa nuque, son visage s'était automatiquement baissé. Ses doigts si froids lui provoquaient des frissons dans tout son corps. Sa respiration s'était déjà accélérée à cause d'une angoisse soudaine.

— Nous sommes les invités. Les titres n'importent guère.

— Je reste la Reine.

— Et je reste celui à qui il appartient. 

L'ambiance avait rapidement dégénéré. L'homme à côté de la Reine s'était même replacé sur le siège ; et Jungkook lui jetait de temps en temps des regards, comme pour vérifier qu'il reste bien à sa place.

— Eh bien, qu'il le dise lui-même. Laissa-t-elle échapper.

Un immense frisson, suivi d'un coup de pression tout aussi intense.

Toute l'attention du carrosse s'était placée sur lui ; Taehyung avait pourtant déjà baissé le regard, mais cela ne lui semblait pas même suffisant pour se faire plus petit qu'eux. Sa promesse, mais surtout les paroles du Prince d'Arthémia lui revinrent en tête comme une douche gelée.

Plusieurs fois il l'avait dit, mais aucune fois n'avait été si intense à prononcer. La réalité des paroles furent brusques : oui, c'était vrai. Il lui appartenait. Il devait lui appartenir pour sauver son ami. C'était malsain, pervers. Mais Hoseok devait vivre, parce qu'il navait rien à voir avec cette histoire. Au contraire, il était même venu jusqu'à Arthémia pour le sauver, Taehyung se devait de lui rendre ça, au moins.

Alors, timidement, il prononça.

— J-Je... J-J'appartiens au P-Prince d'Arthémia. 

Soudain, c'était autre chose qui avait pris place.

De la colère. Une colère surnaturelle, presque divine, mais qui était surpassée aussi par un profond dédain, de la fierté démesurée.

C'était eux.

— Plus pour longtemps. Sae Jin souffla.

— Sae J-

— Ma Reine. 

Jungkook s'était presque levé, mais la voix d'un soldat l'avait coupé dans son élan. Cependant, la femme était restée à sa place, sans s'être reculée ni même avoir simplement réagi. Un sourire placé sur ses lèvres, son regard transperçait le Prince d'Arthémia d'une provoque inouïe.
« Vas-y, attaque-moi », ses yeux criaient.

Le châtain se demandait comment faisait-il pour ne pas craquer face à ce regard troublant. Les yeux plissés, les coins de ses lèvres étaient finement étirés. Elle souffla par le nez comme si elle avait gagné son pari.

— Que se passe-t-il ? Elle lança.

— Nous arrivons. Nous passerons les portes du Palais dans deux minutes. Prévint un garde, en dehors du carrosse.

Et à ce même moment, le sol devint plus rugueux. Les roues du carrosse rebondissaient sur le sol en pierre, très certainement, de la route menant au château. Les arbres à l'extérieur avaient disparu ; ils étaient sur le pont de l'entrée principale.

Le noiraud s'était replacé sur le siège, mais le regard de Taehyung restait planté sur sa main, placée devant son ventre, dont les doigts été agrippés à sa taille. Il la retira délicatement tout en frôlant son abdomen, ce qui lui provoqua de légers frémissements.

Quelques minutes passèrent dans le plus lourd des silences ; et puis, quelqu'un ouvrit la portière une fois que le carrosse fût arrêté. Sae Jin fût la première à sortir, suivi de Taehyung, de Seokjin et enfin de Jungkook. Tous les quatre furent accueillis par des cinquantaine de gardes, certains s'étaient même courbés devant le châtain qui fût pour le moins surpris.

Le Roi aussi, sortit d'un autre carrosse, un peu plus loin.

— Bienvenu à Némésia ! Avaient-ils tous prononcés, la voix forte. Bon retour, Majesté ! 

C'était la toute première fois que Taehyung assistait au retour d'une Reine dans son Royaume, il était émerveillé par tous ces gens qui s'étaient courbés devant elle.

La cour intérieure était plutôt grande, et décorée de dizaine et dizaine de lanternes, sur lesquelles étaient marqués des symboles anciens, où était inscrit juste en dessous « Némésis ». Leurs couleurs violettes ajoutaient une couche d'ambiance mystérieuse au Palais ; la brume stagnait en dehors, sur le pont, et cachait la vue au loin.

Il faisait déjà nuit.

Le château, construit tout autour de la place, Taehyung pouvait jurer avoir vu ce genre d'architecture dans les pays européens, plutôt. Les murs en pierre où des lierres et ronces grimpaient ainsi que les grandes fenêtres en vitraux ressemblaient fortement au château d'Arthémia, mais quelque chose était intimement différent.

L'ambiance était éthérée.

Il y avait quelque chose d'autre, ici. Taehyung le ressentait, et Jungkook le semblait aussi ; il avait placé ses orbes sévères sur la Reine, cependant, c'était plus comme s'il fixait une entité supérieure à elle que la jeune femme.

Le châtain n'avait pas senti cette même prestance au Royaume d'Arthémia mais, ce sentiment d'infériorité avait fait surface un court instant lorsqu'il avait rencontré le Prince en dehors, la première fois, dans la forêt. C'était ce qui le perturbait.

Mais cette fois, la Reine avait l'air d'obtenir quelque chose de plus.

Un titre ? Non, bien plus que ça.

Elle semblait avoir reçu l'accord éthéré d'une Déesse.

L'oracle.

— Accueillez donc les invités. Prononça-t-elle.

Des lueurs violettes et bleu foncé s'échappaient de sa silhouette, de ses yeux. Oui, elle était chez elle, ici. Dans ce Royaume, dans la cour de ce château. Aux côtés d'une personne céleste, qu'on ne pouvait pas même définir. Soudainement, de la musique. Des violons, des voix.

— Entrons. 

Les doigts tenant le tissu de sa robe, elle s'inclina face aux jeunes Princes. Ses yeux sombres, plantés dans ceux du châtain, papillonnèrent plusieurs fois de suite, avant qu'elle ne dise.

— Que la fête commence. 

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Coucou !

Enfin la suite... Ce chapitre me paraît assez long et ennuyant, c'est peut-être le cas pour vous aussi mais il était nécessaire pour la suite !

Le prochain sera mieux, la fameuse célébration de la trouvaille du jeune Prince.

Les amis, n'hésitez pas à me suivre sur instagram ( _mizutk, celui réservé pour l'écriture), je préviens en premier là-bas s'il y a du retard et lorsque les chapitres sont publiés !

Je vous souhaite une bonne journée, et je vous dis mercredi !

Prenez soin de vous !

<3