🖤 Tentative désespérée (1/2)

Quatre semaines se sont écoulées depuis notre captivité. Les garçons avaient tenté à plusieurs reprises de tâter le terrain pour une éventuelle libération, mais leurs approches étaient toujours repoussées par Irina et moi. Nos journées se déroulaient dans la monotonie télévisuelle, jusqu'à l'irruption d'Arleta, qui dissimulait des jeux de société sous son tablier. Cette femme est d'une douceur admirable.

À sept heures du matin, je me retrouve dans la piscine, à effectuer des longueurs. Un rituel autrefois partagé avec ma mère pendant de nos vacances en Bretagne, revient à ma mémoire. Des moments qui étaient synonymes de bonheur. Absorbée dans mes pensées, je ne remarque pas le temps passé. Cependant, lorsque ma tête émerge de l'eau pour regagner ma respiration, la silhouette de Lucian se dessine. Café à la main, cigarette à la bouche, nos regards se croisent, mais mes sourcils se haussent instinctivement. Même après plusieurs semaines, ses paroles prononcées résonnent douloureusement. Les cicatrices verbales perdurent bien au-delà des coups physiques.

— Puis-je avoir une discussion avec toi, Tatjana ? demande Tobias.

Je m'extirpe du bassin, prends la serviette posée sur le transat, puis me dirige vers lui. Derrière nous, j'entends le soupir de Lucian.

— Y a-t-il un problème ? l'interroge Tobias.

— Si tu n'avais pas ramené ton cul, il serait déjà éliminé depuis un moment.

Tobias rit nerveusement.

— Écoute-moi bien, Lucian. Ce n'est pas parce que tu es chez ton ami que cela te permet d'être intouchable, bien au contraire. Si l'envie me prend, d'un claquement de doigts, je peux te faire retourner en Allemagne. Donc, cesse de jouer les durs, car avec moi, cela ne fonctionne pas.

— Ça tombe bien, toi non plus, fulmine-t-il. Si j'ai la volonté de t'exploser la tête, je le ferai.

— Eh bien, qu'attends-tu alors ? Beaucoup de paroles et très peu d'actes. De toute manière, tu as toujours été ainsi.

— Papa, soufflé-je.

— Non ! s'énerve-t-il. J'en ai assez d'essuyer tes larmes à cause d'un connard comme lui. Ce n'est pas parce qu'il n'a jamais aimé qu'il a le droit de te briser. Je refuse de te voir périr. Il est temps, Tatjana, que tu passes à autre chose. Lucian ne t'apportera jamais rien de bon. Il n'a aucune décence et aucun sentiment. Il te fera souffrir toute ta vie. Est-ce vraiment ce que tu veux ?

Je retiens mon souffle, désemparée par ses paroles. Au fond de moi, je sais qu'il a raison, mais ne mérite-t-il pas qu'on le sauve lui aussi de son propre enfer ? Je suis consciente que Lucian a érigé une barricade autour de son cœur afin d'empêcher toute intrusion. Pourtant, j'avais réussi à commencer à entreprendre sa destruction. Malheureusement, je n'ai pas pu aller jusqu'au bout. Cela fait-il de lui un homme qu'on laisserait se noyer dans les ténèbres sans aucune main tendue ?

Une partie de moi le déteste pour tout ce qu'il représente, pour les souffrances qu'il a infligées, mais l'autre, le chérit tout autant, prisonnière d'une affection complexe. Perdue dans ce brouillard d'émotions contradictoires, je me demande s'il est possible de sauver quelqu'un qui semble s'être condamné lui-même.

— Qu'est-ce que tu y connais à l'amour ? hurle Lucian. À ce que je sache, ta femme s'est barrée parce que tu la violentais, et pas qu'une fois en plus. Moi, je n'ai jamais posé un doigt sur Tessa, jamais.

— Devrais-je te rappeler que tu as incité Otto et Eugen pour lui fracasser la tête ? rétorque Tobias. Tu as la mémoire courte.

— Ne me parle pas de ce jour-là, crache-t-il. Vous m'avez fait passer tous les deux pour un monstre tandis que depuis le début, j'avais raison. Tout ce que j'ai dit à Tessa avant sa trahison, je le pensais. Alors, que vous me croyiez ou non, je m'en fous.

L'amour, ce sentiment éphémère, se révèle être une force implacable. Il peut perdurer des années tout comme s'évanouir en quelques jours, mais à la fin, le résultat reste inchangé : la déception.

— La rancœur ne t'amènera nulle part. Tu ne modifieras pas le cours des choses, sache-le.

— Occupe-toi de ta vie, Tobias, continue à être un fils de pute, mais ne viens pas t'immiscer dans la mienne, car tu ne me connais pas.

Lucian me lance un dernier regard puis s'en va. Je me retourne vers mon père, fronce les sourcils, et hausse les épaules avec perplexité.

— Si tu ne l'appréciais pas, il serait déjà loin de ce monde, soupire-t-il.

— La violence n'est pas la solution, rétorqué-je en roulant des yeux. Pourquoi voulais-tu me parler ?

— Eh bien, je... euh, bredouille-t-il. Depuis que je suis ici, je me suis attaché à Arleta. Je la trouve remarquable. J'ai réellement le pressentiment que je pourrais passer le reste de mes jours avec quelqu'un comme elle.

— Je suis ravie pour toi, mais je ne comprends pas pourquoi tu me l'avoues.

— J'adorerais obtenir ta bénédiction, Tatjana. Je sais que tu pourrais croire que j'oublie Karine, mais loin de là, elle a et aura toujours une place prépondérante dans mon cœur. Cependant, je voudrais pouvoir reprendre le cours de mon existence, apprendre à apprécier une autre femme.

Une légère grimace esquisse mes lèvres, non pas par opposition à cette idée, bien au contraire, mais plutôt par la pensée poignante de ma mère. Elle évoquait Tobias comme son premier amour, celui qu'elle chérissait plus que sa propre vie, et aujourd'hui, cet homme aspire à explorer de nouveaux horizons. Involontairement, je pressens qu'un jour ou l'autre, il oubliera son visage et n'entendra plus son doux rire. Distraitement, j'essuie une larme qui trace son chemin sur mes joues, puis je m'avance vers la maison. Mais avant de franchir le seuil, je me retourne vers Tobias.

— Ne lui brise pas le cœur comme tu l'as effectué avec maman. Arleta mérite d'être heureuse. Efforce-toi de devenir quelqu'un de bien si tu tiens réellement à ce qu'elle fasse partie de ta vie.

***

Je ferme les yeux et laisse ruisseler l'eau chaude sur ma peau. Par moments, l'envie de retourner en Allemagne ou même au Nevada pour me ressourcer me traverse l'esprit, mais je suis prise au piège, incapable de m'échapper, telle une prisonnière dont la seule vue se résume aux barreaux de sa cellule. Je secoue la tête dans l'espoir de chasser ces pensées, mais malgré tous mes efforts, elles persistent. Chaque pas que je fais semble m'enfoncer davantage.

Après de longues minutes, je finis par sortir de la douche, espérant que cette journée sera meilleure que les précédentes. Un instant de répit ne serait pas de refus. J'opte pour un cargo beige et un t-shirt noir, enfile mes baskets, puis coiffe rapidement mes cheveux en chignon négligé. Cependant, perdue dans mes pensées, je reviens brusquement à la réalité lorsqu'un cri retentit. Je me précipite à l'extérieur et, stupéfaite, découvre Andréa à terre. Un léger sourire se dessine sur mon visage face à cette vision qui, je dois l'admettre, apaise quelque peu ma colère.

— Espèce de grosse pute !

— La seule pute ici, c'est toi ! hurle Irina. Comment oses-tu draguer un homme déjà pris ?

— Même si je sais que contre moi, tu ne représentes rien, ton chien ne m'intéresse pas, c'est Lucian que je veux, rit Andréa. Je l'ai juste utilisé pour le rendre jaloux donc arrête d'aboyer.

Je secoue la tête face à ces inepties. Apparemment, cette nana n'est pas prête à abandonner, et cela m'agace au plus haut point. Rien que l'idée de l'imaginer poser ses mains sur lui, effleurer son torse, ou même presser ses lèvres contre celles de Lucian me fait perdre patience. J'espère sincèrement qu'elle partira bientôt, car je ne lui donne pas longtemps si elle persiste à jouer les séductrices.

— Tu es bien trop stupide si tu penses être à la hauteur d'une des femmes qui habite là, contredit Alek. Personne ne veut d'une pute, sache-le. Tu es chez moi. En plus de ne pas être la bienvenue, estime-toi heureuse que le chien te laisse dormir ici. Et pour finir, relève-toi, tu fais peine à voir.

Alors qu'il se trouve à quelques marches en dessous de moi, je m'approche de lui pour tapoter doucement le sommet du crâne.

— Finalement, tu te révèles être un connard plutôt, sympathique. Je commence à bien t'apprécier, souris-je.

— Ne me fais pas regretter de t'avoir compté parmi les femmes qui vivent ici.

Comme à son habitude, Alek soupire, ce qui me tire un rire. Malgré la carapace qu'il s'est forgée, je crois sincèrement que c'est un homme bon, doté de valeurs. Autrement, il m'aurait éliminée depuis longtemps. Les cicatrices du passé ont parfois le pouvoir de transformer quelqu'un en une personne empreinte de compassion. J'espère juste qu'il ne fera jamais de mal à Irina, car je peux lui assurer que je le retrouverai et détruirai sa vie. Enfin, à moins qu'il ne me torture d'abord, mais cela n'est qu'un détail.

— Ôte-toi de mon chemin, la tueuse de bébés, souffle Andréa en me bousculant.

Sans même prendre le temps de réfléchir, je saisis fermement sa chevelure et la presse violemment contre le mur. Le regard éteint, le cœur battant à tout rompre, j'enclos mes doigts autour de son cou, serre un peu plus chaque seconde écoulée. À ce moment-là, je ne retiens plus rien. Mon corps n'est plus soumis à la raison, mais consumé par une rage dévorante. Comment peut-elle me dire cela sans le moindre remords ? Alors que mes larmes sillonnent mes joues, l'unique pensée qui m'envahit est celle de mettre fin à son quotidien.

— Un mot de plus qui s'échappe de ta vulgaire bouche, et je te jure que ta vie deviendra pire que l'enfer, vociféré-je. Ai-je été suffisamment clair ? Il serait prudent de ne jamais explorer la noirceur qui sommeille en moi si tu tiens à continuer de respirer cet air.

Andréa déglutit péniblement, une légère lueur de peur traversant ses pupilles azur. Je me recule pour la lâcher tandis qu'elle s'empresse de partir. Alors qu'Irina se dirige vers la cuisine, je me retourne et croise le visage fermé de Lucian. Les poings serrés, je le toise amèrement. L'homme que j'ai autrefois aimé a disparu. Celui qui se tient en face de moi n'est plus qu'une coquille vide.

— Combien de temps vas-tu demeurer les bras croisés à contempler les gens me manquer de respect ? m'agacé-je.

— Pour quel motif ? N'a-t-elle pas raison après tout ? Tu es sortie alors que tu devais rester ici. Tu as mis en danger notre enfant et, par tes erreurs, tu l'as perdu. Tu mérites tout ce qui t'arrive.

Ma main, prête à s'abattre sur la joue de Lucian, suspend son geste lorsque la voix d'Irina résonne comme écho dans mon cœur.

— Tessa ! Non. Tu vaux mieux que ça. Ne le laisse pas t'atteindre, ça n'en vaut pas la peine.

Mes membres tremblent et une souffrance m'empêche de trouver le souffle. Devant moi, ses yeux illuminés par la haine me scrutent sans relâche. Je voudrais comprendre, partager avec lui le déchirement qui me ronge. Lucian, muré dans son mutisme quotidien, m'abandonne, seule face à l'agonie. À lutter pour un amour que le destin refuse.

Les larmes, symboles de ma détresse, tracent des sentiers sur mes joues. Mon être, fragile, se fissure. Irina, témoin de ma douleur, tend sa main secourable, puis me guide dans la salle de repos. Ensemble, nous avançons, mais notre progression est interrompue lorsque le poignet d'Irina est capturé par Alek. Mon regard, muet, transmet ma résignation à Irina, afin de lui signifier que je l'attendrai, condamnée à contempler à l'écroulement de ma vie, comme un château de cartes.

Effondrée sur le canapé, mes paumes recouvrent mes yeux, plongeant dans le noir complet. Un cri retenu étouffe en moi. Si seulement Lucian pouvait s'ouvrir, partager ses sentiments, amorcer une conversation, je tirais un trait sur notre relation, souffrir pendant d'interminables mois, mais revenir plus forte.

Maman, as-tu connu une douleur aussi profonde ? Comment as-tu pu résister si longtemps ?

Pendant d'importantes minutes, je reste ici, perdue dans mes pensées. Les échos des pas résonnent sur le carrelage et parviennent à m'échapper de la solitude. Peu à peu, la silhouette d'Irina se dessine. Elle s'assoit à mes côtés.

— J'hésite entre lui arracher la tête ou le cœur, râlé-je. Depuis des jours, j'encaisse, mais là, j'arrive à bout et je sens que je vais craquer.

— Je ne comprends pas comment tu peux aimer un mec pareil. Je le pensais moins mauvais en découvrant ce qu'avait fait ton père, mais mon estime a de nouveau chuté.

— Au final, je suis exactement comme ma mère. Pendant des années, elle est restée avec Tobias, à endurer les coups et les insultes. Pourtant, Karine m'a toujours avoué qu'elle le chérissait d'une passion sincère.

— Sois fière de lui ressembler, je suis certaine que c'était une femme incroyable. Tout comme toi. Lucian n'est pas Tobias, sache-le.

Elle était véritablement exceptionnelle, cette femme extraordinaire qui a consacré son existence à la mienne. À chaque salaire, elle ne visait pas son bonheur personnel, mais le mien. Chaque soir, avant que je m'endorme, elle prenait soin de déposer un doux baiser sur mon front, son sourire apaisant faisant en sorte que mes cauchemars ne soient pas effrayants.

— Malgré tout, il a pris la décision de tuer sa sœur pour me sauver, ris-je nerveusement.

— Il a cherché à préserver la vie de sa propre fille, tout parent aurait agi ainsi dans ce monde de criminels. Mais là, n'est pas le sujet.

— Je souhaite que Lucian endure autant de souffrance que celle que je supporte, pour qu'il comprenne la douleur qui m'enserre.

Un sourire malicieux se dessine sur les lèvres d'Irina. Encore une idée dangereuse comme d'habitude, où l'on risque de rencontrer des problèmes.

— Tu n'as jamais désiré qu'il se mette à la place de ses victimes, pour que Lucian ressente le mal qu'il inflige ?

— Bien sûr, mais du haut de mon mètre soixante, tu veux que j'opère quoi sur lui ?

Au moment où Irina s'apprête à répondre, un bruit sourd émane de la table de billard. Elle me fait signe de nous taire. Lentement, nous nous redressons, laissant toutefois le haut de nos têtes et nos yeux dépasser du canapé. Otto et Julian s'embrassent comme deux amoureux éperdus. La brune se racle la gorge pour attirer leur attention. Ils interrompent leurs ébats et tournent leurs visages vers nous. Gêné, Otto recule précipitamment, heurtant une chaise de la table de poker. Un regard complice est échangé entre nous, signifiant que nous avons la même idée. Alors qu'Otto s'apprête à partir, je l'interpelle dans notre langue natale :

— Je vois que vous vous amusez.

— Ce n'est pas ce que tu crois, répond Otto.

— Et que penses-tu que Lucian dirait ?

— Tu es une traîtresse, il ne t'écoutera pas, maugrée-t-il.

— Alors, demandons-lui directement.

Je me redresse avec un léger sourire aux lèvres, puis m'avance. Du côté des garçons, leur expression se décompose. Je suis consciente que ce n'est pas la meilleure chose à opérer, que je ne devrais pas agir ainsi, mais c'est la seule option pour que je puisse aller jusqu'au bout de mes réflexions. C'est douloureux de lui dire cela, car malgré ce qu'il m'a fait, je sais qu'il était contraint par les circonstances.

— Tu devrais avoir honte, crache Julian. Ne sois pas étonnée que les gens te détestent.

— Oh, j'ai l'habitude, ce n'est pas grave. Sinon, pour éviter tout malentendu, nous pouvons nous mettre d'accord et Lucian n'en saura rien. Ton secret sera le mien.

Julian observe Otto avec désapprobation, pendant qu'Otto baisse le regard. Brûlant de colère, son compagnon quitte le sous-sol.

— Je suis désolée de devoir t'infliger ça et loin de moi l'idée de détruire ta relation, mais j'ai besoin de ton assistance. Tu as une dette envers moi. Je veux juste que tu étourdisses Lucian pour pouvoir me l'amener dans la salle de torture.

— Tu m'expliques ? s'impatiente Irina qui ne comprend rien à la situation.

— Il va nous aider à assommer Lucian, puis l'emmener dans la pièce de supplice, affirmé-je.

— Il accepte sans broncher ? s'étonne-t-elle.

Je hausse les épaules et ris nerveusement.

— Eh bien, il ne m'a pas encore donné de réponse, mais je présume que c'est positif, commenté-je.

— Tu m'envoies directement au purgatoire, Tessa, mais je l'approuverai, toutefois, tu auras mon sang sur les mains si je meurs, et je te promets que je ferai en sorte que tu puisses me rejoindre rapidement. Tu penses avoir le monopole sur moi parce que tu sais très bien que Lucian me tuera si je te touche, mais fais attention à toi, conclut Otto.

Nous mettons minutieusement en place notre stratégie, et une fois chaque détail ajusté, Otto peste en remontant les escaliers. Nous le suivons silencieusement. Lucian est assis sur une chaise haute dans la cuisine. Personne d'autre n'est présent. Dans une ambiance tendue, Otto saisit son arme dissimulée dans son dos et l'abat sur la tempe de Lucian.

Je suis pleinement consciente que cette décision n'est pas des plus judicieuses, mais le désespoir me pousse à agir. Mon cœur est déchiré, mon âme blessée, et je ne peux plus supporter l'indifférence de Lucian. Depuis des semaines, il m'empêche de parler, m'observe avec une haine tenace. Je suis effondrée, et il semble insensible à ma détresse. Peut-être que de cette manière, il pourra enfin percevoir la douleur qui me consume.

— Ihr seid wirklich Scheiße ! s'insurge Otto. (Vous êtes vraiment des merdes)

Le corps inconscient de Lucian bascule sur le côté, mais son homme de main le rattrape aussitôt. Il le traîne dans la salle préparée, puis l'attache avec une corde sans perdre de temps. Andréa, que je n'avais pas remarquée jusque-là, découvre la scène et se met à hurler d'effroi. Si nous ne nous dépêchons pas, nous risquons une nouvelle fois d'attirer des ennuis. Bien qu'Irina et moi soyons habituées à ce genre de situation, je ne suis pas certaine que Lucian ou Alek apprécieront.

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