La nuit s'installe autour de moi, comme une toile sombre qui enveloppe mes pensées tourmentées. Mon âme se trouve désormais prisonnière dans ce monde obscur qui a jalonné mon quotidien. J'aurais tant désiré clore mes jours loin de cette réalité qui a croisé mon chemin.

Ma mère, de son perchoir céleste, ne voit en moi qu'une fille défaillante, un être qui a trébuché sans réussir à se relever sous le poids des vagues. J'ai tenté, de toutes mes forces, de révéler la splendeur qui sommeille en moi, de lui montrer le côté lumineux de ma personne. Hélas, ses yeux ne perçoivent qu'une silhouette qui a tout gâché.

J'ai lutté contre le destin qui semblait me guider vers l'abîme. Mes efforts, aussi vaillants soient-ils, se sont soldés par un échec. À présent, je me trouve dans les tréfonds de mon existence, là où les ténèbres enroulent chaque battement affaibli de mon cœur.

Les larmes longent la chaleur de mes joues, témoins de ma souffrance. Mon corps, meurtri par les assauts répétitifs qu'il a subis ces dernières heures, combat pour sa survie. Fermant les yeux, je replonge dans le passé pour ranimer chaque moment partagé. Des sourires qui étiraient mes lèvres à la lueur éclatante de mon regard, captivé par lui. Chaque phrase, chaque bêtise, résonne dans ma mémoire. Celui qui m'avait tant aimé se tient maintenant devant moi, paré à m'arracher la vie, à démolir tout ce que j'avais édifié. La solitude me saisit, me laissant désemparée, sans repères. 

Suspendue en l'air, je peine à discerner où je me trouve. Des chaînes glaciales entravent mes bras, transformant mon corps en une vulgaire carcasse, exposée telle une pièce de viande prête à être sacrifiée. La salle elle-même émet une froideur oppressante, tandis que l'odeur métallique du sang empoisonne mes sens. À proximité de la porte d'entrée, des étagères dévoilent des feuilles, mais mes blessures m'empêchent de saisir leur signification. Sur ma droite, une table trône, ornée d'instruments cruels qui ont servi à me torturer, à extirper le dernier vestige d'espoir en moi. Mes tentatives pour me libérer de cette situation sont vaines. À la moindre secousse ou plainte, un coup violent me frappe, faisant naître un gémissement de terreur. 

Dans cet endroit, abandonné de tout secours, personne ne se soucie de ma disparition. Ai-je mérité cette destinée ? Les flammes dévorantes qui me consument semblent la réponse, la punition pour avoir blessé et trahi ceux qui comptaient à mes yeux. La douleur m'envahit de toutes parts, mes muscles luttent avec peine pour maintenir leur force défaillante. À cet instant, l'idée même de mettre fin à cette souffrance me hante, aspirant à rejoindre ma mère, là où je sens que je suis destinée à être.

Maman, que tu m'entendes ou non, je veux que tu saches que bientôt, nous serons réunies pour achever ce que nous avions longtemps rêvé, ensemble. Je suis consciente que tu as toujours nourri le désir d'avoir ton propre jardin, derrière notre immense maison de campagne. Je te promets que nous le créerons, que nous bâtirons ce rêve qui t'est si cher. Prochainement, je pourrai ressentir la chaleur de tes bras. J'attends avec impatience le moment où je pourrai te confier à quel point tu as été la meilleure mère du monde. Je t'aime.

Un sourire s'esquisse sur mon visage, mais le cauchemar, celui que j'avais tant redouté, se matérialise devant moi. Je suis contrainte de l'affronter, car tout semble arriver à sa conclusion ici. Je savais qu'il ne me laisserait pas indemne après tout ce que je lui avais infligé. J'en étais consciente, mais je n'aurais jamais imaginé qu'il me mènerait à une torture si horrible, au seuil de la mort. Ses doigts effleurent mon visage, puis il prodigue une série de baisers le long de mon cou pour s'achever sur ma poitrine. Je me sens dépourvue de toute force pour me battre et l'envie de me rebeller a déserté.

— Termine ce que tu as commencé, le supplié-je d'une voix tremblante.

— Très bientôt, mais avant, je veux que tu contemples ton malheur.