🫀 Terminus
Sous des rayons du soleil qui caressent mon visage, je me redresse et étends mes bras vers le plafond, mais mes gestes sont brusquement interrompus par un rire soudain. Mes yeux, encore imprégnés de sommeil, se posent sur lui, assis dans le fauteuil. Son regard, à la fois perçant et calculateur, capture mon attention. Un sourire, teinté de malice, s'étire lentement sur ses lèvres. Je sens aussitôt que derrière cette expression se dessinent des desseins obscurs. Je pense qu'il me réserve des épisodes imprévisibles.
— Je ne sais vraiment pas quoi faire de toi, petite brebis.
— Qu'attendais-tu de ma part ? Je ne pouvais tout de même pas laisser Irina en plan.
Lucian se racle la gorge.
— Comment tu vas ?
— J'ai l'impression d'être devenue quelqu'un que je ne souhaitais pas être, avoué-je.
D'un geste de la main, il me fait signe de le rejoindre. Je hausse les épaules puis me lève pour m'installer sur ses genoux. Sa main effleure doucement ma joue avant de relever légèrement mon menton.
— Tu sais ce que j'admire en toi ? C'est la façon dont tu te dévoues pour aider les autres. Même si je désapprouve ton acte de vol, tu as porté secours à Irina, une bravoure que peu auraient osé démontrer.
— J'ai eu quelques hésitations, je l'avoue, mais malgré mes convictions, je ne suis pas encline à l'abandonner, surtout dans des moments aussi délicats.
Tandis qu'il place une main dans le creux de mon dos, y suscitant des frissons, ses lèvres effleurent les miennes avec une lenteur presque torturante. Décidant de m'emparer du baiser, j'écrase les miennes, voulant à tout prit le savourer. Il ne m'arrête pas, au contraire. Sa langue cherche à forcer la barrière pour s'entremêler à la mienne. D'un mouvement vif, je me positionne à califourchon sur lui. À travers son pantalon, je ressens la fermeté croissante de son membre. Ses mains se glissent, agrippant mes hanches, puis il me soulève en me murmurant de l'enlacer de mes jambes. Lucian nous conduit jusqu'au lit, où il me place avec une délicatesse pour se disposer entre mes cuisses.
Ses doigts s'aventurent avec enthousiasme, explorant chaque partie de mon corps. Un gémissement s'échappe de mes lèvres lorsque sa bouche se pose avec une tendre voracité sur mon cou, offert volontairement. Sa passion est palpable, une envie ardente que j'adorerais qu'il concrétise comme il l'a si bien fait ces derniers jours.
Je souhaite que ce moment puisse s'étendre à l'infini, qu'il me procure le bonheur tant désiré. Être à ses côtés, que ce soit de jour comme de nuit, est un privilège que j'apprécie infiniment. J'aimerais exprimer à quel point je suis comblée de l'avoir rencontré et que malgré mes erreurs passées, à présent, il n'y a que lui qui compte à mes yeux.
Lucian fait glisser ses baisers jusqu'à ma poitrine, mais pour une raison que j'ignore, s'arrête. Surprise, je relève la tête vers lui. La lueur d'excitation se lit dans la grisaille de ses pupilles. Je ne comprends pas pourquoi il ne continue pas.
— Même si l'envie de te prendre ici et maintenant me démange, va falloir que tu entendes qu'il y a des règles à respecter, gronde-t-il.
Un sentiment de frustration s'imprègne dans le creux de mon ventre, tandis que je le regarde se lever.
— Attends ! m'exclamé-je. Tu vas me laisser ainsi ? Tu n'es pas sérieux, Lucian !
— Bien sûr que si. Je t'ai accordé trop de liberté, et voilà où ça nous a conduits.
— Va au diable ! pesté-je.
Il éclate d'un rire sonore, puis se dirige vers le meuble où repose une petite boite.
— Habille-toi et remets ceci à Alek, exige Lucian.
— C'est à toi de t'en charger, après tout, c'est ton ami, pas le mien, m'irrité-je.
— Existe-t-il un jour où tu ne me casseras pas les couilles ?
Je lève les yeux au ciel puis me redresse pour lui faire face.
— Puis-je avoir connaissance du contenu ? m'enquiers-je par curiosité.
— Il s'agit d'une Rolex avec les initiales de ses parents décédés, confirme-t-il en haussant légèrement les épaules.
J'ouvre la boite, puis du bout des doigts, je caresse délicatement l'objet. Pendant quelques instants, je le contemple avec solennité. Dans mes souvenirs, une montre semblable appartenait à mon père, un cadeau que ma mère lui avait offert pour leur dixième anniversaire de mariage. Je ne suis pas certaine s'il l'a préservée, mais cela éveille en moi des sentiments particuliers. J'acquiesce d'un signe de tête puis me dirige dans la salle de bain.
Installée sur le tabouret de la cuisine, je porte mes lèvres à une tasse de thé brûlant, émanant encore de la vapeur. L'arôme exquis de la vanille parvient à titiller mes narines. Durant mon séjour en France, ma grand-mère avait l'habitude d'en préparer, arguant que cela la soulageait quand mon grand-père la contrariait. Un sourire se dessine sur mon visage en repensant à ce souvenir. Néanmoins, je reviens à la réalité lorsqu'Alek et Irina se joignent à nous.
— Vous avez bien dormi ? demande Irina.
— Très bien et vous ? répond Lucian.
Je me retourne et découvre les deux tourtereaux qui échangent des regards imprégnés de cette complicité que je pourrais aisément identifier. Je secoue discrètement la tête avant que mon attention ne se reporte sur Lucian où il se dirige vers le réfrigérateur pour en sortir un gâteau.
— Ouais, je sais ce que tu vas dire, Alek, mais tu sais à quel point je m'en tape, sourit Lucian.
Irina tire une bougie du tiroir, puis la place sur le saint-honoré. Lucian l'illumine d'une flamme naissante à l'aide de son briquet.
— Souffle à nouveau, s'amuse-t-elle.
Une atmosphère chaleureuse et intime se répand dans la pièce. En tant que spectatrice de cette scène, je ressens une pointe de nostalgie en me souvenant des moments similaires dans ma propre vie. Une émotion de solitude s'infiltre en moi, mais je le dissimule derrière un rictus, car je ne souhaite pas ternir cet instant de bonheur. Malgré cela, mon regard se voile, comme si une brume enveloppait mes sentiments. Une pensée singulière émerge dans ma mémoire : lors de mon dernier d'anniversaire, ma mère se trouvait hospitalisée.
Heureusement, le coup de coude de Lucian réprime mon chagrin et me tire de cette vague affective qui menace de me submerger à l'extérieur du bateau ténébreux. Je me lève, me dirige vers la chambre, puis prends le cadeau afin de pouvoir le remettre à Alek. Bien que je n'aie pas particulièrement d'affinité avec lui, j'aurais apprécié qu'on me donne un souvenir de Karine.
— Ceci est pour toi, confié-je. Bien que chacun d'entre nous porte un passé, Alek, il ne nous définit pas, bien au contraire. Je te souhaite un joyeux anniversaire.
Il plisse les yeux, manifestant une curiosité quant au contenu du paquet.
— Merci, Tessa, elle est très jolie. Tu as bon gout.
— Même si tu dois en posséder énormément, tu devrais regarder dans le cadran, celle-ci a quelque chose de particulier, souris-je.
Rapidement, je discerne l'émotion qui l'enveloppe. Une sensation capable, ne serait-ce que pour un court instant, de dissiper la douleur qui nous étreint. Alek se relève, puis vient tapoter doucement ma tête.
— Je vais commencer à t'apprécier finalement, confirme-t-il d'un ton jovial.
Un soupir m'échappe, suivi d'un roulement des yeux, sous le visage amusé de Lucian.
— Bon, ça devient trop sentimental là, lance mon acolyte. Comment va se passer la journée ?
— On va aller rendre visite à Célia, s'empresse de répondre Irina. Mais il va falloir élaborer un plan dans lequel vous avez tous un rôle à jouer, même si vous restez dans la voiture.
***
Nous avons atteint Taillan, une petite province constituée de maisons bourgeoises. Notre stationnement se trouve au bout d'une allée déserte, dépourvue de toute présence automobile. La tête appuyée contre la vitre, j'observe le ciel, dont la teinte nuageuse contribue à l'atmosphère morose qui règne. Depuis la veille, mes pensées errent, se demandant si la quête de vengeance pourrait être le remède à notre souffrance, une délivrance de cette emprise maléfique. Un soupir m'échappe où la voix d'Irina qui me ramène brusquement à la réalité.
— Es-tu certaine qu'elle est seule chez elle ? interroge-t-elle.
— Mes recherches sont toujours fiables, moja slodka.
— Quand il faut y aller, il faut y aller, conclut-elle avant de s'éloigner.
Cette fois-ci, j'ai préféré rester dans la voiture. Mon rôle est simplement de jouer une femme kidnappée, marquée par la peur. Quant aux deux qui m'accompagnent, ils doivent revêtir la posture d'hommes menaçants, une tâche qui ne dévie pas de leur quotidien.
— Tiens c'est pour que tu la fermes, je trouve que tu parles trop, lance Alek avec ironie en me donnant un foulard.
— C'est très drôle, soupiré-je. Tu as avalé un clown ce matin ?
— Ce que j'ai mangé était bien meilleur, répond-il avec un clin d'œil.
Je réprime une nausée naissante, puis perçois distinctement le rire de Lucian avant qu'il ne saisisse mes poignets. Mon majeur levé et les sourcils légèrement froncés, je lui transmets un regard noir.
— Je dois te placer le foulard dans la bouche, affirme Lucian.
— Et si cela ne me convient pas ?
— Je pourrais te mettre autre chose, à toi de décider, petite brebis.
Je lui adresse un sourire timide, pendant qu'il insère le tissu avant de se détourner. Après une période qui semble interminable, Célia apparaît à la fenêtre, où elle scrute avidement les environs. Son regard finit par s'arrêter sur notre auto. Pour intensifier le drame, Lucian simule un geste menaçant dans lequel il évoque la détention d'une arme, tandis qu'Alek, imperturbable, observe. Les yeux de Célia s'écarquillent, son visage perdant de son assurance, au moment où je décide de jouer ma propre scène.
Je mime avec conviction une situation de capture, martelant contre la vitre de la voiture. Mes cris, perçants et déchirants, créent une cacophonie qui amplifie l'illusion d'un enlèvement brutal. Chaque hurlement insuffle un frisson d'effroi à Célia. Le tableau sombre se dessine et je persévère dans mon rôle sinistre, celui qui alimente la terreur qui s'insinue dans l'âme de cette femme. Prise de panique, elle referme précipitamment le rideau, tandis que Lucian me libère de mes liens.
— Tu m'épates de jour en jour, s'amuse-t-il.
— J'ai une question qui me taraude l'esprit, médité-je. Croyez-vous sincèrement qu'une vengeance puisse véritablement atténuer les douleurs de notre passé ?
— Tu demandes ça à deux criminels qui règlent certaines choses par la mort, comme si c'était normal ? ricane Alek. Personnellement, j'ai grandi de cette manière, pour moi, c'est un moyen comme un autre.
— Je suis consciente que cela ne me regarde pas, mais j'ai discerné les émotions manifestées lorsque je t'ai présenté la montre. Ayant moi-même éprouvé un sentiment similaire, j'ai rapidement déduit que la tragédie n'était pas simplement due à un malheureux concours de circonstances. Je ne suis pas informée quant au succès de tes efforts pour identifier les responsables, mais en cas de réussite ou si cela venait à se produire, ressentirais-tu un soulagement, Alek ? Penses-tu que tes tourments intérieurs s'envoleraient, te permettant de retrouver le sourire de cette existence ?
La tension pèse sur chaque instant comme une chape de plomb. Chaque regard échangé avec lui est chargé d'une signification que je peine à déchiffrer. Les mots restent en suspens dans l'air, prêts à éclater en une pluie d'étincelles. Mon souffle semble retenir une anxiété électrique et chaque battement de cœur résonne au même degré qu'un écho de l'attente qui s'étire.
— Effectivement, cela ne te concerne pas, mais d'une certaine manière, tu fais désormais partie de notre cercle, donc je vais te répondre. Si tu avais été témoin de ce que l'enfant de six ans a éprouvé, tu ne poserais pas la question. J'ai assisté à cette scène de manière impuissant. Nous avons été pris en otages par un chef de mafia, nous contraignant à vivre des événements qu'un gamin ne devrait pas expérimenter. J'ai commis mon premier meurtre, une femme, à l'âge de quatorze ans. Pendant de nombreuses années, j'ai cherché les responsables de ce carnage, en vain. Si demain je les avais en face de moi, je leur infligerais la même douleur que celle que j'ai endurée, Tessa.
Si seulement il avait connaissance de mes terreurs, s'il était en mesure de comprendre cette peur constante qui m'assaille à chaque ouverture des yeux, il appréhenderait ce sentiment dévastateur qui me tourmente. Malgré mes tentatives pour nager vers la surface aussi loin que possible, il semble que mon souffle se coupe, m'empêchant de respirer.
Deux trajectoires particulières, deux passés opposés, et assurément des douleurs différentes, mais ce que je retiens, c'est que nous portons tous une histoire qui nous a métamorphosés, qui nous a meurtris, et qu'il est difficile d'effacer, même avec toute la richesse du monde.
J'aurais souhaité pouvoir lui confier que, bien que je ne puisse approuver leurs actes, une part de moi comprend leur démarche. Cependant, je me trouve contrainte de sceller une nouvelle fois mes lèvres, car aujourd'hui, Tatjana n'est plus. Égarée dans mes souvenirs, je regagne le présent lorsque je distingue Irina.
— Alors ? interroge Alek. Cela a fonctionné ?
Un léger sourire se dessine sur son visage.
— Rendez-nous à vingt heures, sur le terrain vague d'Eysines, conclut-elle.
***
Assise sur le canapé, mes pensées se replient sur la capture des deux femmes. Comme l'avait prédit Irina, tout s'est déroulé à la perfection. Elles se sont présentées, et sans délai, les hommes d'Alek les ont appréhendées pour les jeter dans un fourgon. Leur destination probable : la Pologne. Un haussement de sourcils esquissé, je me redresse quand Irina suggère de commander des pizzas. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres lorsque je constate que je n'avais pas savouré ce plat depuis longtemps. La dernière fois remonte à l'époque où ma mère, épuisée, m'en avait acheté, souhaitant égayer mon quotidien. Je me souviens encore de son rire et de ses yeux pétillants, car tout ce qu'elle désirait était de me rendre heureuse, une émotion qu'elle n'avait que rarement connue dans sa vie.
Tandis que tous se retrouvent dans le salon, je m'éclipse discrètement vers la salle de bain. Là, sous le flux d'eau apaisant, je prends une profonde inspiration et libère toute la souffrance accumulée ces derniers jours. Les images persistantes, inscrites dans ma mémoire, refusent de se dissiper. Je peine à assimiler la réalité de mes actions. Après tout, c'est moi qui ai amorcé le processus du meurtre d'Emeline. Posant ma tête contre le mur, je ferme les yeux quelques instants, tentant de me convaincre que tout ira bien, que je ne suis pas une mauvaise personne. Cependant, ma descente aux enfers a entamé son implacable cours.
Revêtue d'un pyjama en soie blanc agrémenté de motifs en forme de cœurs, je prends place à côté d'Irina qui esquisse un léger sourire. Sur la table basse, plusieurs cartons sont disposés et sans délai, je m'empare d'une part de pizza. L'exquis parfum du fromage et du saumon réveille avec délice mes papilles gustatives.
— Et si nous jouons à une partie de vérité ou tu bois ? suggéré-je.
— Tu n'en as pas marre de picoler ? rétorque Lucian.
— Et toi, tu n'en as pas assez de voler des vies ? souris-je.
Il lève les yeux au ciel puis émet un soupir. Je réprime un rire puis observe Irina se redresser et prendre une bouteille avec quatre verres dans le meuble noir. Elle pose le tout sur la table et frappe des mains à plusieurs reprises. Son enthousiasme rappelle le mien lorsque je me plonge dans l'écriture de mes livres.
— Qui souhaite débuter ? demande Irina.
J'examine immédiatement chaque personne présente. Cependant, nul ne manifeste le désir de s'engager en premier.
— Bon vu que personne ne se décide, je vais commencer, reprend-elle. Lucian ? Parmi toutes celles avec qui tu as couché, est-ce que Tessa est ton meilleur coup ?
Les yeux écarquillés, je frôle l'étouffement et la scrute de la tête jusqu'aux pieds. Elle aurait pu entamer la conversation par un autre sujet, voire demander à son compagnon, mais apparemment, pas du tout. En ce qui concerne ce dernier, ses pupilles sombres la fixent, comme s'il avait l'intention de lui subtiliser son cœur.
— C'est la seule pour qui j'ai des sentiments, ça te suffit comme réponse ? souffle-t-il.
Je m'attendais à toutes les réactions, sauf à celle-ci. Mon regard demeure rivé sur lui, impossible de m'en détourner. J'aurais souhaité pouvoir lui confier qu'une partie de moi l'est également, que son discours résonne de bon cœur en moi, lui qui a toujours veillé à ce que je ne perce pas sa carapace. Néanmoins, une autre réalité persiste : si seulement il connaissait ma véritable nature, de telles paroles ne verraient pas le jour et seraient englouties par les enfers. Je m'efforce de sourire pour dissimuler ma douleur intérieure.
— C'est bien plus que ce que je demandais, donc oui ça me suffit amplement, réagit Irina en pouffant.
— Tessa, me lance Lucian, à ton tour. Quelle est l'origine de ta cicatrice entre les seins ?
Surprise, je garde mes lèvres closes pendant quelques instants. Il a vraiment ce talent pour introduire des sujets délicats et briser l'ambiance, c'est incroyable. Je passe une main dans mes cheveux, puis réfléchis à la meilleure façon de répondre. Bien que l'envie de tout révéler immédiatement me démange, je me rends compte qu'il est crucial de détourner l'attention sans mentionner Tobias.
— Hmm, marmonné-je. À l'âge de quatre ans, j'ai subi une transplantation cardiaque. Enfin, je vais t'épargner les détails, tu es suffisamment calé sur le sujet.
Je perçois l'intensité de son regard qui me dévisage avec une telle acuité que je perds mes moyens. Mon cœur s'emballe, battant plus rapidement que la normale et mes mains deviennent moites. Je tente un léger sourire, bien que je sois consciente de ses pensées. Lucian ne se contentera pas de demi-vérités, il persévérera jusqu'à découvrir tout.
— Irina, déclaré-je pour changer de sujet, cite-moi une chose que tu détestes chez Alek.
— À vrai dire, je n'en ai aucune idée, mais si je devais absolument donner une réponse alors je dirais...Quand il fume beaucoup trop. Il pourrit ses poumons et je n'aime pas trop ça.
Alors que son compagnon s'apprête à allumer une cigarette, il se ravise immédiatement sous le regard amusé de Lucian, qui, lui, n'hésite pas à s'octroyer le plaisir d'inhaler de la nicotine.
— Alek qui est à l'origine de ma tentative de meurtre ? questionne Irina.
— Je n'y répondrais pas, déclare-t-il d'un ton autoritaire.
Il se sert un verre puis l'ingurgite d'un trait.
— Tu es vraiment nul, soufflé-je.
— C'est ton jeu qui est claqué, Tessa. Moi je vais aller me coucher.
Les traits de son visage se tordent, tandis que ses mains sont crispées. Alek soupire puis se dirige vers sa chambre.
— Bon, je crois que je l'ai fâché, affirme Irina.
— Penses-tu réellement qu'il allait te le dire ? rit Lucian.
— Qui ne tente rien n'a rien. Tôt ou tard, j'aurais ma réponse, mais pas ce soir.
En fin de compte, cette séance a pris une tournure différente de celle que j'aurais escomptée. Je me relève et me dirige vers la chambre. Demain, nous entamerons le voyage de retour en Pologne afin que Lucian puisse récupérer les cœurs des deux femmes.
Allongée dans les draps, j'observe Lucian se dévêtir et prendre place à mes côtés. Mon regard scrute le sien, sombre et mystérieux, qui suscite une inquiétude grandissante en moi. Ses doigts amorcent lentement des caresses sous mon haut, mais alors qu'il effleure la cicatrice qui marque ma peau, son visage prend immédiatement une gravité particulière.
— Je veux connaître la vérité, demande-t-il d'une voix ferme.
Mes pensées traduisent mes hésitations, mais dans le but de l'amadouer, je choisis de monter sur son torse. Mes lèvres tracent un chemin sur son cou avant de se poser délicatement sur les siennes. Un frisson me traverse lorsque ses mains s'agrippent à mes hanches.
— Même si l'envie de te prendre me séduit, ça ne fonctionne pas ainsi, fulmine-t-il.
Contrariée, je me retire de sa proximité et m'assois au bord du lit.
— À l'âge de quatre ans, avoué-je, j'ai eu un grave accident, incitant mes parents, dans un geste de désarroi, à déployer tous les moyens pour préserver ma vie. Face à des ressources financières limitées, ils ont discrètement sollicité l'aide d'un médecin clandestin pour réaliser l'opération qui m'a pourvue du cœur que je porte aujourd'hui.
Une vérité dissimulée au cœur d'une tromperie, dans l'espoir que les secrets demeurent à jamais enfouis.
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