🫀Confidentialité 2/2 - LUCIAN
Après une bonne soirée en perspective, je rentre dans la chambre afin de me reposer un peu. Je remarque immédiatement Tessa, affalée sur le matelas, la couette tirée sur sa tête. Un sourcil se lève et un soupir m'échappe. J'espère qu'elle ne pense pas qu'elle va roupiller dans le lit. Sans un mot, je me dirige vers la salle de bain.
L'eau chaude de la douche déferle sur moi, chassant les tensions de la journée. Je me savonne rapidement, laissant le flot ruisseler sur ma peau, avant de me sécher avec un geste énergique. En sortant, j'enfile un simple caleçon et délaisse l'attirail sophistiqué qui fait habituellement partie de mon allure.
— Dégage, lui lancé-je d'une voix autoritaire.
— Tu n'as qu'à dormir sur le tapis. À ce qu'il paraît, il est confortable.
Un petit rire nerveux s'échappe de ma gorge. Je prends alors un coussin et le lui balance dans la gueule. Tessa se redresse immédiatement, me dévisageant toujours avec ce même regard prêt à en découdre.
— Tu vas me tuer parce que je ne veux pas sortir du lit ? demande-t-elle ironiquement.
Je sens une bouffée de colère monter, un brasier qui menace de tout consumer. Encore une fois, cette petite conne ose me défier ouvertement, comme si elle n'avait aucune idée de la tempête qui gronde dans la pièce. Mon désir de lui faire du mal danse dans mes veines, mais en même temps, il y a cette attraction qui me pousse à l'imaginer sur ce lit, à la baiser de la manière la plus intense possible, à lui montrer qui est vraiment le patron. C'est un pouvoir que j'ai toujours possédé, un moyen de contrôle ultime que je pourrais sans effort exercer sur elle. Néanmoins, au lieu de succomber à mes instincts, je décide de la soulever sans ambages et de la jeter sur le fauteuil. Je m'installe ensuite dans les draps.
— Tu ne peux pas faire ça ! s'énerve-t-elle.
— Je vais me gêner, tiens.
— J'espère que tu vas mal dormir, connard.
— Bonne nuit, petite brebis, ricané-je.
— Je peux au moins avoir un oreiller ? soupire-t-elle.
— Comment dis-tu déjà... Va au diable, c'est ça ?
Je détourne mon regard pour ignorer ses supplications. Mon cœur est aussi froid que l'acier, mais il y a quelque chose qui s'ébranle. Peut-être est-ce la pitié ou peut-être une once de remords, mais je chasse ces pensées de ma tête. Plus jamais, personne ne réussira à m'atteindre. C'était la promesse que je lui avais faite avant qu'elle ne décède sous mes yeux.
Lorsque j'ouvre un peu les paupières, la lueur faible de mon téléphone éclaire la pièce. Il n'est que trois heures dix du matin. Je me redresse légèrement, puis passe mes mains à plusieurs reprises sur mon visage fatigué. Encore un satané cauchemar à la con. Je tente de chasser les images troublantes de mon crâne, mais un frisson d'angoisse persiste.
Soudain, mon cœur rate un battement. Tessa n'est pas là. La réalisation s'infiltre dans mon esprit comme un éclair, me faisant crisper la mâchoire. Je suis immédiatement envahi par un mélange de colère et de préoccupation. Les pensées sombres et inquiètes affluent alors que je considère la possibilité qu'elle puisse entreprendre quelque chose de dangereux.
Sans perdre un instant, je me redresse d'un seul coup, mes sens en alerte. Je m'habille à toute vitesse, l'adrénaline pulsant dans mes veines. Je glisse mon arme à l'arrière de mon pantalon afin de me préparer mentalement à tout incident. L'anxiété serre mon estomac alors que je m'approche de la porte. Chaque pas que je fais résonne, ce qui amplifie ce sentiment de danger imminent.
Alors que je suis sur le point de descendre les escaliers, je me fige. La voix d'Irina, teintée d'inquiétude et de confusion, parvient jusqu'à moi. J'écoute chaque syllabe pour chercher des indices sur ce qui se passe. La tension dans l'air est palpable et je retiens mon souffle, prêt à réagir en fonction de ce que je vais entendre.
— Je t'ai dit que je t'aiderais et j'ai bien l'intention de tenir parole, annonce Irina.
— C'est quoi ton plan, alors ?
— À vrai dire, je n'en ai pas vraiment. La maison est contournée d'immense mur habillé de barbelés. Au bout de la forêt se trouve un ravin et sans équipement, j'ai peur que tu n'y arrives pas. Sauf si tu es une excellente alpiniste.
— Et par les entrées principales ? N'est-ce pas un bon moyen de pouvoir s'échapper ?
— Je me suis posé la question. Le souci, c'est que les gardes ne laissent sortir que les chefs de famille ou leurs hommes de main. Nous pouvons quand même tester, mais il y a les chiens.
Les doigts crispés sur mon arme, je me retiens de ne pas lui loger une balle dans la tête. Même ici, elle me rend fou. Décidément, Tessa n'arrêtera jamais.
— Qui y'a-t-il avec eux ? demande Tessa, intriguée.
— Ils obéissent à Alek. Ce qui veut dire que s'il a ordonné que tu ne quittes pas les lieux, ils te boufferont pour avoir essayé. Du moins, c'est ce que Anastasia m'a fait comprendre au début de ma captivité.
— Alors, partons en voiture. Je suis convaincue qu'ils n'effectueront rien. Puis qui ne tente rien n'a rien.
— Tu as raison, conclut Irina.
Je secoue la tête et m'avance vers elles. Un sourire narquois se dessine sur mon visage.
— Et à trois heures du matin, tu comptais aller où ? Cueillir les fleurs du jardin ? fulminé-je.
À l'entente de ma voix, les deux filles se mettent à sursauter et me scrutent. Irina se fige, terrifiée d'avoir été surprise en pleine tentative d'évasion. Pourtant, ça m'importe peu puisque mon regard se verrouille dans le sien, celui qui fait naître en moi une putain de montagnes russes.
— Tu devrais rejoindre Aleksander, Irina, prononcé-je.
— OK, souffle-t-elle.
Elle s'avance légèrement, fixe Tessa une dernière fois avant de regagner les escaliers à une vitesse étonnante. Je lâche un soupir.
— Je t'écoute, explique-moi, m'impatienté-je.
— Hé bien, réfléchit-elle, tu as raison. Je souhaitais des roses, car je les trouve splendides. Je me suis dit que cela pourrait être agréable pour décorer la chambre où tu m'as faite prisonnière.
Je hausse les sourcils. Elle se fout vraiment de moi, ce n'est pas possible.
— Donc, toi, à trois heures du matin, tu veux prendre une caisse pour cueillir des putains fleurs ? Tu crois que j'ai « con » écrit en gros sur mon front ? m'énervé-je, exaspéré.
Un sourire malicieux se dessine sur sa bouche avant qu'elle ne réplique :
— Oui, d'ailleurs, il peine à s'effacer, visiblement.
Mon cerveau n'a pas le temps de faire un tour complet, que je la saisis par le bras pour la conduire jusqu'au garage. Si elle veut continuer à jouer, alors jouons.
— Lâche-moi ! Où est-ce que tu m'emmènes ? demande-t-elle d'une voix tremblante.
— Ferme -là ! lui ordonné-je d'un ton sévère.
Nous passons le seuil de la porte, juste en face des escaliers, pénétrant ainsi dans l'antre de Aleksander, où reposent toutes ses voitures et bécanes. À droite, huit véhicules alignés, un arsenal à gauche. Je me dirige vers une boîte murale, où chaque clé est distinctement identifiée par de petites étiquettes. Je choisis celle de la Ducati Panigale noire. J'ouvre le coffre, puis récupère la télécommande pour actionner l'entrée principale.
— Je ne veux pas chevaucher une moto à trois heures du matin ! proteste-t-elle.
— Mais pour cueillir des roses de merde, oui ? grincé-je des dents. Monte avant que je n'use de la force.
Mon sang bouillonne. J'essaie de maîtriser cette voix intérieure qui me susurre toujours la même chose : la tuer. Je prends sur moi et la pousse fermement. Tessa marmonne des paroles dans sa barbe avant de s'installer à l'arrière. Je démarre le moteur, le fais rugir, puis m'élance.
Sur la grande route, éclairée par de nombreux lampadaires, je file à toute allure. Le vent cingle mon visage et Tessa continue de crier, submergée par la peur, mais je ne ralentis pas. Je veux qu'elle comprenne, qu'elle réalise qu'elle n'a pas son mot à dire ici, que dans ce monde, elle n'est rien. Ses doigts se resserrent autour de mon abdomen, leur pression s'intensifiant à chaque virage effectué. Elle se rapproche un peu plus de moi, créant une proximité électrique qui fait naître en moi une certaine excitation.
Putain ! L'envie de gueuler, de frapper n'importe quoi pour apaiser mon cerveau en ébullition m'enveloppe. Je n'arrive plus à contrôler mes émotions. Je finis par m'arrêter au bord d'une falaise. Je descends et allume une clope. J'ai besoin d'oublier.
— Mais tu es complètement fou ! hurle-t-elle. Tu mériterais que je te tue !
Un rire m'échappe. Son corps tremble, elle peine à parler. Ses cheveux blonds virevoltent sous la brise qui nous enveloppe. Ses pas, hésitants, la mènent vers moi.
— Tu es vraiment un enfoiré, Lucian !
— C'est bon, tu as fini de pleurnicher ? m'exprimé-je d'un ton glacial.
— Que cherches-tu, bon sang ? À ce que je te déteste ? C'est déjà le cas, ne t'inquiète pas !
Ces mots me tirent une grimace. Je serre mes poings puis essaie de respirer calmement, mais Tessa continue de déverser sa rancœur. Soudain, je saisis mon arme et la lui balance aux pieds.
— Tue-moi, déclaré-je. Mais fais-le, car ta vie sera pire que l'enfer.
Cette emmerdeuse la ramasse immédiatement et la braque dans ma direction. Ses doigts peinent à se stabiliser, tremblant comme jamais. Des larmes commencent à sillonner ses joues rougies par la haine et le froid.
— Je le savais, rétorqué-je. Tu n'es qu'une putain de mauviette, Tessa. Ça m'étonne pas que tu sois seule ou encore que ton corps soit marqué. Qui aurait envie de toi ? Qui aurait le désir de te côtoyer ? Tu n'es rien, tu ne vaux rien. Si j'ai décidé de te garder en vie, c'est juste parce que tu nous sers de chienne, mais rien d'autre.
Tessa ferme les yeux puis finit par presser la détente. Un bruit assourdissant rompt le silence. Dès qu'elle les rouvre, ils s'écarquillent. Je n'avais pas chargé l'arme.
— Le compte à rebours a commencé, conclus-je.
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