Epilogue
- Cinq ans plus tard , Tokyo -
Ce serait mentir que de dire que les années qui ont suivis sont vites passées, bien au contraire. Aux yeux d'Izuku ces années ont étés les plus longues de toute son existence. Le retour à la réalité ne l'a pas aidé. Ce n'est pas aisé de revenir à une vie "normale" après quelques mois passés derrière les barreaux. Le plus difficile est de retrouver un travail, ce qui n'est pas simple avec un casier judiciaire. Il avait beau être innocent, ce n'est pas ce qui plaidait en sa faveur. L'argent qu'il avait gagné lui a permis de changer d'appartement, trouvant un petit nid douillet parfait dans la capitale. Il a pu offrir à sa mère la tombe qu'elle mérite, non sans remarquer les fleurs déposées sur cette dernière. Mitsuki avait dû passer plus d'une fois durant son séjour, ce qui rassura le vert.
Il mit plus de sept mois avant de trouver le job parfait : un mi-temps chez une fleuriste. Ce n'était pas le style de boutique qui courait les rues au Japon alors il en était très fier. Une vieille dame tenait la boutique, et Izuku était son seul employé. Cette femme avait un grand cœur et portait une affection toute particulière quant aux pâtisseries aux fruits. Ils avaient pris pour habitude de faire une petite pause l'après-midi, discutant de tout mais surtout de rien autour d'une part de gâteau. C'est également elle qui mit le doigt sur quelque chose qui tracassait Izuku : son amant. Heureusement que cette femme avait un esprit ouvert mais surtout, d'excellent conseil.
Et oui, ils ne s'étaient pas promis d'avenir, encore moins un amour idyllique mais, contre toute attente, Izuku reçu une lettre dans son nouvel appartement avec un tampon bien spécifique. Expédié directement depuis le Phoenix avec son prénom gribouillé salement. En ouvrant sa boite aux lettres il fut d'abord surpris avant d'arborer un sourire niais, que Katsuki aurait sans nulle doute pincé. Ce jour là il avait fini plus tôt et rien de tel que de rentrer au chaud chez soit avec un temps aussi pluvieux.
Il a grimpé les marches de son immeuble à vitesse grand V, serrant la lettre humide contre son torse. À peine rentré chez lui, son sac par terre et ses chaussures envoyées valdingué, il s'est jeté sur le divan en déchirant le papier de l'enveloppe. La lettre était un peu froissé, avec quelques ratures ici et là. Il n'a pas revu Katsuki depuis sa sortie et n'a parlé avec personne en rapport avec la prison. Même si il pensait à ses amis, son amant, son passé en ces lieux, en son fort intérieur il essayait peut-être d'oublier. C'est le mot : oublier. Oublier ces moments de tendresses, d'amour. Oublier ces moments d'amusement, de franche rigolade. Oublier à quel point il s'est senti vivant avec eux, avec lui. Ceci était une erreur de parcours qu'il n'avait en aucun cas prédit. Dans sa tête tout était tracé, et jamais il n'aurait imaginé tomber amoureux. Ce sentiment était profond, fort, et malheureusement très malicieux. Il avait eut Izuku par surprise et c'était si bon, si chaud, impossible pour lui de refuser cette chaleur. Après tant de temps dans une solitude profonde, lui qui pleurait encore sa mère, il avait accepté l'arrangement de Katsuki dans le seul but de s'en sortir et n'aurait jamais imaginé pareil retournement de situation.
Secouant la tête il reporte son attention sur le morceau de papier et commence sa lecture.
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Izuku,
Ça fait longtemps, hein ? J'suis pas doué pour cette merde, mais Yuga m'a bassiné pour le faire et Denki a dit que ça te ferait plaisir, alors voilà. Je sais pas si la lettre arrivera chez toi, parce que j'ai pas ton adresse. C'est pas comme si on s'était promis quelque chose mais... Ouais, j'espère quand même que tu l'auras.
Y'a pas grand chose qui a changé ici, j'sais pas si ça t'intéresse d'ailleurs. Peut-être que t'en as rien à foutre. Après tout, ça fait déjà cinq ans qu'on s'est quittés. J'trouve que ça fait bizarre de t'envoyer ça en plus. Fin bref, beaucoup ont déjà quittés la prison, surtout ceux que tu connaissais. Yuga et Denki sont les seuls à être restés, pour l'instant. J'sais pas c'qu'ils ont foutus mais bordel ça m'fait chier pour eux. J'sais qu'c'était tes meilleurs potes mais ils étaient pas si tristes. T'imagine pas la gueule d'Eijiro et Hanta, impossible de les réconforter. Je les ai entendus préparer une connerie et j'veux pas en être mêlé. Ils sont sortis avant moi ces connards, comme Shota d'ailleurs. Dabi a préféré faire le con pour sortir en même temps que Keigo, il trouvait ça romantique, j'trouve ça débile mais question d'point d'vue. On est plus qu'trois et j'sais pas trop ce que me réserve ma mère.
D'ailleurs, tu t'souviens de notre dernière nuit ? Bordel, j'y pense chaque jour. J'sais bien que c'était un adieu, j'suis pas con, mais je peux pas m'dire qu'après tout ce temps tu m'ai oublié parce que moi non. Comment je pourrais ? Ma mère parle tout le temps de toi et c'est grâce à elle si je sais comment tu vas. Elle est revenu comme une fleur du jour au lendemain, comme si c'était pas elle qui me maintenait ici. Cette vieille peau fait la fière mais putain j'te connais moi aussi ! J'suis sûr que t'as changé mais que t'ai resté le même, avec tes pulls trop larges et ton pantalon trop long. J'me souviens d'ta tenue quand t'es partie. J'étais à la fenêtre comme un con amoureux alors que toi tu t'barrais dans cette caisse. J'peux pas t'en vouloir. Si je t'avais pas menacé, on se serait jamais rapproché. Tu as beau m'avoir dit "je t'aime" c'est normal de vouloir recommencer une vie après la prison. J't'avais prévenu, j'suis un yakuza et ce genre de merde c'est mon quotidien. Pourtant, c'est moi qui vient vers toi la queue entre les jambes.
Tu m'manques, Deku. Ça m'crève de l'dire, mais putain tu m'manques. Ta voix, tes yeux, tes manières, ton corps, ta chaleur, bordel j'deviens fleur bleue mais c'est vrai. T'as peut-être quelqu'un maintenant, et c'est ça qui m'fait chier. Te savoir dans les bras de quelqu'un d'autre ça me bouffe de l'intérieur. J'suis pas du genre jaloux mais avec toi, j'peux pas m'en empêcher. Je t'aime Deku, putain de brocoli. Tu m'as pourris le cœur avec tes yeux larmoyants et tes belles paroles.
J'sais pas quand tu recevras la lettre, normalement j'passe bientôt à la barre. Jeudi j'crois. Si ça s'passe bien, je serais sortie mardi prochain et putain ça m'donne envie d'enfourcher ma bécane et de venir direct te voir.
Pense à moi, le nerd.
Katsuki
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Izuku, une main sur la poitrine, se retient comme il peut de pleurer. Katsuki, son Katsuki à qui il pense chaque jour depuis cinq ans lui a envoyé une lettre. Il lui a littéralement déclaré sa flamme, avec ses mots bourrus, mais il l'a fait. Izuku essuie ses joues avec son pull trop large, rigolant à travers ses larmes, il est prévisible ou alors le blond le connait toujours si bien. Il rigole doucement, son corps secoué par des pleurs qui redoublent. Il a été con, beaucoup trop con, car il a joué au con. Il ne pouvait pas continuer à fricoter avec son amant, restant ainsi trop proche de la justice. Le vert essuie ses larmes, déposant la précieuse lettre sur la table basse. Les bras croisés sur le torse, il se rapproche de la fenêtre où un torrent s'abat sur la ville.
Devait-il parler de son secret à Katsuki ? Ou devait-il garder cela pour lui, jusque dans la tombe ? C'est un cruel dilemme qu'il n'aurait jamais eu si le blond ne l'avait pas recontacté. Il ne doit en parler à personne car personne ne comprendrait. Ce n'est pas lui qui a commencé cette danse, c'est Chisaki. Ce salaud l'a mené lui et sa mère à la ruine. Par sa faute impossible pour lui de sauver sa mère et de payer ses soins. Impossible de lui offrir un enterrement digne de ce nom. Et ça, c'était inconcevable aux yeux du vert. Il ne pouvait digérer cela mais comment un adolescent comme lui aurait pu faire quelque chose ? Il était sans le sous, travaillant au conbini de temps à autre, arrêtant ses études par manque d'argent et peinait à se nourrir arrivé à la fin du mois. Izuku n'avait plus rien, si ce n'est un goût amer de vengeance en travers de la gorge, et c'était amplement suffisant. C'est cette envie de voir cet homme au plus bas qui le maintenait la tête hors de l'eau. Il aurait pu lâcher prise bien avant, mais hors de question de laisser l'esprit de sa mère endeuillé.
C'est donc lui qui a planifié le cambriolage, engageant trois personnes dont une qui devait le retenir au bureau assez longtemps pour leur permettre de tout mettre en place. Le butin des trois voleurs étaient les objets de valeur de Chisaki, celui de Izuku était la prison. Il voulait faire plonger ce PDG et le seul moyen pour lui était de jouer le garçon crédule, débile au possible, voir même complètement à l'ouest. C'était évident que Chisaki n'en était pas à son coup d'essaie avec lui et le seul moyen d'attirer la lumière sur cet homme était de commencer quelque part. Bien évidemment, Izuku devait rester en vie et là était la partie la plus complexe. Katsuki tombait à pique, et le vert, à ce moment là, était prêt à tout. Son plan s'est déroulé à la perfection. Attirant le directeur lui-même à se pencher sur son dossier, et ainsi à créer un fil conducteur parfait pour conduire Chisaki à sa propre perte. Izuku avait obtenu vengeance, envoyant ce monstre à la prison mais surtout, obtenant justice pour sa mère, lui, ainsi que toutes les autres victimes. Si quelqu'un venait à l'apprendre, comprendrait-il ? Le vert n'avait pas planifié les à côtés. Son amitié avec Keigo, Yuga et Denki lui avait énormément apporté et son amour pour Katsuki l'avait poussé vers le haut, et pourtant il savait que tout ceci était éphémère. Il s'était fait avoir à son propre jeu, oubliant bien vite que son cœur, malgré cet rancœur, battait toujours.
Il est sorti de ses pensées par une sonnerie, celle de sa porte d'entrée. Jusqu'à preuve du contraire il n'attend personne, encore moins par un temps pareil. Il se dirige pourtant d'un pas décidé vers la dite porte et l'ouvre, préparant sa phrase. Néanmoins ses mots restent coincés dans sa gorge.
Devant lui, vêtu d'un costume bordeaux d'où s'échappent des tatouages sur son torse, les cheveux coiffés en arrière et légèrement humide, se tient un Katsuki au souffle court, portant sous le bras un casque de moto. Il replace des mèches rebelles et Izuku regarde cette main gantée fourragé dans cette tignasse qui lui a tant manqué. Les deux hommes se regardent droit dans les yeux, sans un mot. Katsuki est toujours sur le palier, Izuku se tient là, le regardant inlassablement. L'un d'eux prend l'initiative, n'en pouvant plus de se retenir.
Attrapant la nuque d'Izuku, Katsuki sépare l'espace entre eux en scellant ses lèvres aux siennes. Il laisse tomber son casque dans un énorme bruit et referme la porte de son autre main libre. Très vite leurs lèvres se retrouvent et leurs mains retrouvent leur place sur leur corps. Celles d'Izuku dans les cheveux de Katsuki, et celles de Katsuki sur le magnifique postérieur du vert.
- Tu m'as manqué. Murmure le blond contre les lèvres de son brocoli, son front reposé sur le sien. Ça, dit il en le regardant droit dans les yeux, ça m'a manqué.
- Mais tu es... Commence Izuku en essayant de comprendre, son souffle court dû au baiser fougueux.
- Sorti, ouais, depuis quelques heures. Sourit le blond en l'enlaçant contre lui.
- Seulement quelques heures ? Mais... Il se retourne et regarde la table basse, là où trône la fameuse missive. On est mardi. Dit-il en souriant.
- Surprise ?
Rigolant de plus belle ensemble ils s'embrassent de nouveau, se dirigeant vers le divan où ils se laissent choir. Katsuki aperçoit sa lettre du coin de l'œil, son visage fourré dans la nuque du vert. Il sourit contre sa peau qu'il embrasse, savourant le contact qui lui a tant manqué. Son odeur, présente absolument partout autour d'eux, lui a atrocement manqué.
Faisant tomber sa chemise au sol, ses chaussures la rejoignent alors qu'il surplombe Izuku de tout son soul.
- Attend, parvient à articuler le vert entre deux baisers, posant sa main sur son torse d'où la chemise est légèrement déboutonné, on ne devrait pas discuter d'abord ? Enfin... Il regarde la lettre et Katsuki l'imite.
- Tu l'as lu ? Izuku hoche la tête. C'est le principal. Là tu vois, j'suis parvenu à échapper à ma mère et à venir jusqu'à toi. Après cinq putain d'années sans te toucher tu peux pas me demander de regarder le buffet sans y toucher sous prétexte que tu veuilles discuter. Il l'embrasse brièvement. On a tout le temps devant nous, non ? Izuku sourit, passant ses mains dans son dos. Alors là, tu vois, il descend ses mains sur son ventre, on va profiter de nos retrouvailles, je vais te faire jouir comme jamais et après, tu pourras me parler pendant que je dormirais.
Izuku rigole, l'humour du blond l'ayant énormément manqué.
- Je peux au moins dire quelque chose ? Demande le vert en embrassant ses lèvres.
- Dit toujours. Chuchote le blond contre son oreille.
- Bon retour à la maison, Katchan.
Les deux se regardent, rigolant une nouvelle fois, et se laissent aller l'un contre l'autre, faisant voler les vêtements dans la pièce tandis que les baisers se font plus pressés.
Katsuki avait raison. Ils ont tout le temps devant eux pour discuter et rattraper le temps perdu, mais une chose n'attend pas, leur amour. Et ça, personne ne pouvait leur dérober.
Fin
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Clap de fin, bonjour chers lecteurs !
Voici donc l'épilogue et ma seconde histoire terminée en quatre ans, que je suis productive ! Cette histoire n'est pas la plus réussie, ni la plus parfaite, mais j'espère au moins qu'elle vous aura ne serait-ce que fait sourire. C'était un challenge à écrire mais un vrai plaisir à publier. Je suis partie d'une envie, d'une petite idée, et j'en ai créée une histoire partant dans tout les sens mais j'en suis contente. Comme l'idée de base était la prison je ne partirai pas dans une suite ou des bonus avec la vie extérieur sinon je risque de continuer l'histoire et non, il faut y mettre un point final ! J'imagine sans difficulté Eijiro et Hanta faire tout leur possible pour obtenir la libération de Denki tandis que Yuga profitera de sa solitude pour élire domicile dans les quartiers du directeur. Après tout, ce qui se passe au Phoenix reste au Phoenix. Ce n'est pas Shoto qui irait s'en plaindre ! Pour Keigo et Dabi, une vie on the road, car c'est clairement ce qui leur correspond. Pas de contrainte, jusque eux et une voiture, ce qui est amplement suffisant. Pour Shota et Tomura, une petite alliance entre les deux clans, n'en déplaisent aux membres, les deux sont littéralement collés l'un à l'autre, Shota étant particulièrement chat avec lui.
Et pour terminer, je vois parfaitement Izuku et Katsuki vivre leur petit quotidien. Une histoire qui pourrait s'appeler "Le yakuza et le fleuriste" et franchement ce serait bien. Avec leur petit nid douillet, leur chez eux, remplie de plante avec une odeur de sucre et de plat mijoté le tout accompagné d'une bibliothèque pour Izuku alors que Katsuki serait le "bad boy" de l'histoire. Ils pourraient profiter des premières fois du nerd pour énormément de chose et ce serait un chapitre, un moment de leur vie.
Sincèrement ? Ne me tentez pas, je pourrais aisément écrire une "suite" et franchement, j'en serais capable. Une histoire plus douce, laissant le passé dans le passé pour profiter du présent.
Ne me tentez pas.
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