Chapitre 5 : Manger ou être mangé

Izuku sent le coussin moelleux sous sa tête et ne peut s'empêcher de rouler dans l'épaisse couette pour savourer l'espace de quelque instant la chaleur ambiante. Il ne se souvient pas être allé dans sa cellule, mais peu importe, ce n'est pas le plus important. C'est comme si, pendant sa sieste, sa cellule était devenu plus accueillante, et c'est ça qui le fait sourire dans son rêve. Il quitte peu à peu le sommeil, après une sieste réparatrice, et se sent remis sur pied. Il tâte les environs, en quête de plus de couette. Il touche alors un coussin plus ferme que le sien, au courbe bien particulière, mais au toucher agréablement doux. Il presse le dit coussin à la texture discutable, et reçoit en retour un claquement de langue sarcastique.

- Fais comme chez toi surtout.

Cette voix, puissante mais follement énervante, n'appartient qu'à une seule personne. Il ouvre les yeux d'un seul coup, sans réfléchir, et se surprend lui-même. Il a la tête dans un coussin qui n'était pas le sien, son corps recouvert par une couette aux couleurs vives, tandis que sa main droite a toujours en sa possession la chose suspect qui n'est autre que le pectoral de Katsuki alors que ce dernier lit une revue sans grand intérêt. Il retire immédiatement sa main, ses joues virant aux rouges tandis qu'il sent son sang se glacer dans son corps. Le blond a les jambes croisées, le dos posé contre le mur, alors qu'il dépose la revue sur sa table de chevet, dévisageant le vert près de lui.

- Tu ronfles pas, mais tu gigotes. Il s'approche de lui pour mettre son visage à sa hauteur, ancrant ses yeux dans les siens. C'est putain d'énervant.

Izuku recule, plaquant son corps tremblant contre le mur froid, essayant par tous les moyens de réfléchir à une possible fuite tandis qu'il se sent pris en étau par le corps du blond qui continue son chemin, se rapprochant dangereusement du sien. Izuku perd toutes ses couleurs quand une main se pose sur sa gorge, l'obligeant à regarder son assaillant.

- Pourquoi vous m'avez enlevé ? Parvient à articuler le plus jeune. Les doigts de Katsuki faillirent se resserrer d'un coup sur sa gorge, mais il se retient de justesse, ne voulant pas abîmer sa trouvaille.

- Je ne t'ai pas enlevé, mais trouvé. Désormais, tu m'appartiens. Il sourit de toutes ses dents, léchant ses lèvres avec une envie grandissante dans le regard.

Une fois de plus, Izuku est perdu. Quelle heure est-il ? Que fait-il ici ? Beaucoup de questions sans réponses qui le font se sentir encore plus mal qu'il ne l'est déjà.

- Je ne suis pas un objet, je n'appartiens à personne. Cette réponse additionnée au ton font grimacer le chef de gang qui ne trouve rien de mieux si ce n'est lancer le vert sur son lit, pour le plaquer avec son corps et ainsi l'empêcher à la fois de parler et de bouger.

- Fais gaffe à tes paroles, j'ai pas l'air comme ça mais tu ferais bien de réfléchir avant de parler. Tu risques de m'énerver et crois-moi, tu ne veux pas me voir énervé. Izuku ravale sa salive en entendant ce ton glaçant. Le blond n'a pas l'air de vouloir discuter ou rire, il a tout autre chose en tête.

- Je veux simplement retourner dans ma cellule.

- Seul ? Demande Katsuki en riant doucement. Tu n'as aucune chance dans ce bloc. T'auras à peine quitté mon lit, qu'un autre te mettra le grappin dessus. Izuku regarde la porte de la cellule ouverte alors qu'un rideau est rabattu, laissant une vue sur les autres détenus présent dehors. Il n'est pas dans son bloc, il est donc en mauvaise posture.

- Ramenez moi dans ma cellule dans ce cas. Dit-il en évitant de justesse de faire entrechoquer leur bassin. Quelle position humiliante pour lui. Se retrouver ainsi, les bras ballants, il déteste ça.

- Parce qu'en plus, tu te crois en mesure de négocier ? Qu'est-ce que je gagne en échange ? Izuku regarde le plafond, le trouvant soudainement plus intéressant. C'est bien ce que j'me disais.

- C'est votre faute. Dit-il en ignorant continuellement le regard de braise. Vous m'avez amené ici sans mon consentement et maintenant, je suis piégé.

Katsuki fait claquer sa langue contre son palais, quittant enfin le corps du vert pour le laisser respirer. À la place, il se met devant la porte ouverte, allumant une cigarette. Il regarde en bas, alors qu'à l'étage en dessous, certains semblent être en pleine discussion mouvementée.

- Tu as raison. Il relâche la fumée par le nez, continuant de regarder partout sauf sur son lit. Il ne sait pas vraiment dans quel but il l'a amené ici, si ce n'est avec une petite idée très intéressante. Du moins, de son point de vue.

- On dirait que tu n'es pas beaucoup apprécié ici. Reprend-il doucement. Les murs parlent et ont des oreilles. En quelque jours, pas mal d'homme t'ont repérés. Katsuki passe une main dans ses cheveux, les rabattant en arrière. T'as pas la gueule d'un voleur et au fond, ton histoire je m'en fous. Entre ses murs, tu peux oublier qui tu étais. Par contre, les gars comme toi ne font pas long feu. Il pose son dos contre les barreaux, regardant le vert trembler sur sa couette. Tu traînes avec Denki et les deux autres, tu sais ce qu'ils font. Il écrase la cigarette contre le mur, laissant le mégot tomber au sol. Ça fait longtemps que je n'ai pas eu quelqu'un dans mon pieu. Il laisse planer l'information, tout en avançant d'un pas décidé vers le lit. Il se penche, et regarde le vert droit dans les yeux. Si tu veux rester en vie, donne moi ton corps.

Izuku devient blanc comme linge, le sang quittant ses veines. La chose qu'il redoute le plus lui arrive en ce moment même, alors que c'est la dernière personne qu'il souhaite qui vient lui proposer ça. Il ne connaît pas cet homme, qui il est et pourquoi il est là. Il ne se voit pas donner son corps, et faire avec lui des choses sexuelles. Katsuki est clairement un homme qui n'a rien de doux et de sensuel. Une aura bestial et dominatrice se dégage de lui, ce qui n'a rien à voir avec ce que recherche Izuku. Il ne s'est jamais imaginé dans une prison, alors dans les bras d'un homme, c'est encore plus absurde.

- Tu sembles avoir perdu ta langue. Il agrippe son menton pour l'obliger à le regarder. Ses yeux, c'est encore plus dissuasif que ses paroles. Il a des yeux assassins. Ils ont beaux être uniques à regarder, ils font également très peurs. Je sais même pas pourquoi t'hésites. Moi au moins, j'te le propose. Puis, regarde ce cher Denki, il s'en sort pas si mal.

Izuku, l'espace d'un instant, se surprend à hésiter. Car au fond, il a plus à gagner qu'à perdre. Se faire violer par un porc dans un recoin sombre ou pouvoir le faire avec une once de consentement ? Izuku voit là, non pas une question de morale, mais une opportunité à saisir. Katsuki est chef de gang, et il semble avoir du pouvoir entre ses murs, même peut-être un peu de bon sens. Izuku n'a pas le physique, mais il a une tête qui fonctionne à mil à l'heure. Il est un fin observateur doué avec les mots, alors peut-être peut-il retourner la situation à son avantage ? Il est vrai que son voisin de cellule semble avoir trouvé chaussure à son pied, et il ne semble pas s'en plaindre. Ici, il n'est pas question de sexualité ou de genre, c'est un échange de bon procédé. Le vert est un jeune homme sans histoire, et il veut continuer à l'être, quitte à bafouer ses principes et à devenir ce qu'il a toujours détesté. Est-ce que cela fait de lui quelqu'un d'horrible et de dégoûtant ? Peut-être aux yeux de certain, mais ils ne sont pas dans cette prison, à compter les heures qui leur restent, comme le fait Izuku. Ils ne peuvent pas comprendre.

Il prend donc une inspiration profonde, et prend la peine de regarder le blond dans les yeux pour lui dire sa réponse.

- J'accepte.

Dans un premier temps, le blond est surpris de la réponse rapide et concise, mais ne s'en formalise pas, puisqu'il a enfin réussi à obtenir ce qu'il voulait. Intérieurement, il jubile tel un gosse devant son nouveau jouet, mais face à Izuku il ne montre rien si ce n'est l'esquisse d'un sourire. Il pose sa grande main sur l'épaule du vert, un faux sourire sur le visage.

- Sage décision. Il baisse les yeux sur la montre qu'il possède et qui orne son poignet, puis il soupire à son tour. Tu as dormis longtemps, c'est bientôt l'heure de bouffer. J'vais pas avoir le temps de profiter longtemps mais bon, pas grave.

Sans prévenir, il bifurque sa main dans la nuque du vert, et l'amène d'un coup sec vers lui, plaquant ses lèvres contre les siennes. Le contact de lèvre masculine est inédit pour Izuku. Il n'a pas vraiment le temps de s'y habituer, ou de repousser le détenteur de cette bouche, que les deux mains puissantes du détenu se posent sur les hanches du plus petit, pour ainsi plaquer leurs corps l'un contre l'autre. Izuku ouvre les yeux en grand, ne lâchant pas du regard les pupilles rouges sangs qui le foudroient pendant le baiser. Pas de sentiment ou de sensualité, simplement de la possessivité, de la bestialité, tout ce que détestent le vert. Il a le malheur de laisser échapper un gémissement, non de plaisir, mais bel et bien d'autre chose. Les deux mains ont trouvées place sur les fesses pleines du vert, fesses qui aguichent le blond depuis qui les a vus nues sous les douches. Katsuki n'est pas gay, c'est ce qu'il se répète en boucle dans sa tête. C'est seulement et uniquement le manque de contact physique qui se fait ressentir.

Après un baiser basé uniquement sur la pression de leurs lèvres, Katsuki exige plus. Il grogne en mordant la lèvre inférieur de Izuku, la faisant saigner au passage. Ce dernier encaisse la douleur en entrouvrant les lèvres pour se laisser dominer, à la fois par le blond qui le presse contre son corps musclé, mais également par ce muscle chaud et humide qui se fraie un chemin dans sa cavité sans aucun mal. Izuku expérimente son premier baiser de la pire des manière, et il ne sait plus si il a honte ou peur. Il préfère ne pas penser à la suite des événements pour essayer surtout de profiter de ce moment même si au fond de lui, c'est la bataille dans sa tête.

La langue de Katsuki prend vite possession de la bouche de Izuku, entremêlant son muscle à celui du plus petit pour le goûter en profondeur. Ce baiser est chaud, et extrêmement humide. Des détenus auraient pus les voir, mais aucun ne sont assez suicidaires pour déranger le boss en ce moment. Le bruit de leurs bouches et celui des gémissements de Izuku se font entendre entre les murs de brique. Izuku, qui jusque là avait les bras ballant, se met à se réveiller petit à petit et vient saisir les bras de Katsuki, serrant ses muscles entre ses doigts pour tenter de se raccrocher à quelque chose. Pour un premier baiser, il aurait pu connaître mieux, mais c'est que ce blond est fichtrement doué. La lucidité quitte son corps, tout comme le bon sens et la raison, et il se laisse faire jusqu'au bout, dégustant avec plaisir ce goût de tabac et de bonbon à la menthe.

Quand la pliure de ses genoux rencontre le bord du lit, et qu'ils viennent par s'échouer tous deux sur le matelas, leurs esprits semblent se reprendre. Katsuki encadre le visage de Izuku de ses mains, évitant de coller leurs corps ensemble, alors que le vert passe mainte et mainte fois sa main dans sa chevelure rebelle. Ils ont le souffle court, les idées en vrac.

Pourquoi l'ai-je embrassé ? Se demande Katsuki en regardant le visage rougie de Izuku alors que ses yeux deviennent larmoyant. Ce n'est pas une obligation, mais il en a eu envie, sur le coup cela paraissait banal, voir même normal après ce qu'il lui a dit, mais maintenant cela semble absurde. La situation aurait pu être encore plus gênante si Izuku n'avait pas prit les devant, offrant à Katsuki un petit baiser sur ses lèvres humides. Il baisse les yeux pour regarder Izuku, et louche sur ses lèvres purpurines mais aussi sur la marque de morsure qu'il a fait. Il se baisse pour lécher le sang séché, et vient même suçoter cette lèvre meurtrie. Devient-il accro à un homme seulement avec un baiser ridicule ? Nan, ce n'est pas lui, décidément pas lui. Enchaîner les conquêtes, prendre violemment sa partenaire sur son bureau et ne jamais la rappeler, ça c'est sa façon de faire. Il ne sait pas pourquoi il s'est cassé la tête à lui proposer cet arrangement, puisque dans tous les cas, il l'aurait eu dans sa couchette. Katsuki n'est pas un négociateur, mais un fonceur.

Il se décolle du vert pour s'éviter une nouvelle fois un moment gênant pour lui, et se reprend. Il remet ses vêtements en état, et dit d'un ton froid.

- Lève-toi.

Izuku s'exécute, perdu. Le Katsuki qui l'embrassait avec passion n'est sûrement pas celui qui se tient devant lui actuellement. Il voit dans ses yeux un éclair indéchirable mais bien différent de maintenant.

- On doit aller bouffer, passe devant. Plusieurs fois, le blond joue avec son paquet de cigarette dans sa main, évitant par tous les moyens de regarder le vert, la nervosité se voyant sur son visage. Izuku préfère ne pas attiser la colère déjà présente chez lui et passe devant le blond sans un mot.

Dans les couloirs, les autres détenus se forment déjà en file indienne direction la cafétéria tandis que sur le chemin, Izuku se retrouve pressé entre un homme aux épaules carrées devant lui, et Katsuki juste derrière. Ils ne sont pas encore dans les couloirs communs, et ne font que quitter le bloc pour l'instant, mais Izuku a soudainement un mauvais pressentiment. Il pourrait penser qu'il est fou ou sur le qui-vive avec tout ce qu'il lui arrive ces derniers temps, mais il sait ce qu'il ressent. Quelqu'un le regarde et il le sent. Les événements s'enchaînent si vite depuis qu'il est ici que désormais, il n'arrive pas à être serein. On l'agresse, on le pousse, il accepte l'offre d'un parfait inconnu, il se fait embrasser par un homme et maintenant, il devrait agir normalement comme si tout ceci était normal ? Plus facile à dire qu'à faire.

Après plusieurs longues minutes à faire des petits pas, ils atteignent enfin les portes de la cafétéria, juste après avoir passé le portique, mais cette impression d'être observé ne le quitte toujours pas.

Il n'a pas le temps de réagir qu'un homme surgit de nulle part, l'agrippant par la main, le forçant à sortir de la file. Le brouhaha mêlé au monde qui s'agglutinent font que Izuku perd de vue Katsuki qui à son tour ne voit plus ce fichu brocoli devant lui. Toujours traîné de force, Izuku se braque en essayant de récupérer son bras mais c'est peine perdu, du moins jusqu'à ce que l'inconnu s'arrête en plein milieu de la foule. Comprenant que quelque chose ne va pas, les détenus autour s'éloignent et Izuku se retrouve ainsi dans une situation burlesque.

L'homme au visage défiguré le tenant par la main droite se retourne vers lui, tandis que son autre main valide se fait attraper par Katsuki qui sort de la foule, le visage crispé.

- Tu fous quoi putain ? Grogne t-il vers Izuku. Il comprend la situation en voyant le vert inexpressif, le regardant comme son sauveur. Il avance à grande enjambée et pose sa main sur celle de l'homme sans nez, une veine apparaissant sur son front. Lâche-le.

Un énorme blanc suit durant lequel aucun ne parlent, préférant se foudroyer du regard, jusqu'à ce qu'un des détenus dans la foule ne hurle bien fort.

- Baston !

Une fois de plus, les gardes ne sont pas là et Izuku commence sérieusement à se demander où il a bien pu atterrir.

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Haha, j'ai bien rigolé en le corrigeant parce que je ne me souvenais plus de ce baiser torride ^^

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