Chapitre 31 : Un secret en cache un autre

Cela fait maintenant une heure qu'Izuku attend dans cette salle, le brouhaha de l'extérieur ne l'aide pas à faire le vide dans son esprit. Ce procès est autant un calvaire qu'une bénédiction pour lui. Entre les accusations qui l'assaillent, les preuves qui sont décortiquées dans les deux camps, et toutes ces entrées de témoins, le temps est long. Peut-être même trop long. On l'a convié dans cette salle, les menottes aux mains et les pieds liés, lui intimant d'attendre quelques minutes et pourtant, le tic-tac assourdissant de l'horloge témoigne que cela fait plus d'une heure qu'il attend, la tête en ébullition. On l'a abandonné ici, sans un mot de plus. Il attend sagement, les fourmis traversant son corps de temps à autre, alors que la fatigue est à deux doigts de l'avoir. Il est fatigué par toutes ces procédures, par ces heures de procès, par ces personnes qui le regardent comme un monstre. Comme si c'était lui l'ordure dans l'histoire. Ce satané Chisaki ne s'est même pas donné la peine de venir la première fois, esquivant aisément cette belle invitation en laissant son avocat le représenter. Le juge l'a t-il à la bonne ? Jamais on aurait accepté une pareille demande venant de sa part. Izuku n'est qu'un détenu, une racaille aux yeux de toutes ses personnes. 

Il n'est pas bête et sait parfaitement comment cela fonctionne dans ce milieu. Entre les pot-de-vin, le chantage et les passages sous le bureau, il existe moult façon de parvenir à ses fins. Il ne faut pas croire que la justice japonaise est exemplaire, grand dieu non. Pendant un temps les yakuzas eux-même savaient utiliser à bon escient leur statut. 

Soupirant une nouvelle fois il commence à s'impatienter. Il espère que c'est bon signe sinon le faire attendre aussi longtemps ne rimerait à rien. Quand il était à la barre pour donner sa version des faits, utilisant A plus B mais surtout, répétant sans faute le discours que Takafumi avait concocté pour lui, il se souvient du regard meurtrier de Chisaki. Il était là, dans son costume clinquant mais surtout hors de prix, une montre voyante au poignet, des chaussures divinement bien lustrées. Cet homme transpirait l'argent et le pouvoir. Son regard noir transperçait Izuku de par en par, mais c'était trop tard pour reculer. Après tout ce qu'il avait enduré pour parvenir jusqu'ici et voir cet homme au pied du mur, il n'allait pas tout abandonner pour un regard de tueur et des chaussures vernies. Izuku valait mieux que ça. 

Chaque mot qu'il a prononcé, chaque phrase qu'il a dit, tout a été décortiqué par les deux avocats de ce bourreau. L'accusant bien évidemment d'avoir orchestré ce vol, d'avoir engagé des personnes pour retenir Chisaki à son bureau mais surtout, d'avoir monté cette pièce de théâtre pour lui soutirer une compensation. En contre argument, l'avocat commis par le directeur avait plus d'un tour dans son sac. Il a contre-attaqué en utilisant le chantage ainsi que ces papiers frauduleux que Chisaki avait tendu à Izuku. Ruinant sa mère et son fils, les obligeant à vendre le peu de biens qu'ils possédaient tandis que Chisaki traînait cette pauvre famille à la ruine. Beaucoup voyait alors la raison du pourquoi Izuku se serait vengé sur ce dernier, mais là d'autre noms furent sortis. Ce cas n'était pas unique, et c'était comme si le PDG de Overhaul entreprise passait ses journées à écumer les hôpitaux à la recherche de ses victimes. 

Pour défendre l'acte de Izuku, ce vol n'était qu'une coïncidence pure puisque les deux personnes qu'il a aidé ce soir là n'étaient autres que deux autres victimes de ce serpent qui avaient choisi de le dépouiller pour rembourser leurs dettes et ainsi se venger de cet homme. Cette coïncidence fortuite a bien évidemment divisé le jury, puisqu'il y avait ceux qui croyait en la version d'Izuku et les autres qui voyait bien son jeu d'acteur. Tout cela s'est passé en plusieurs heures de procès car bien sûr il y avait toutes les preuves à passer au crible, les vidéos de surveillance, les paroles du directeur sur le comportement d'Izuku en prison ainsi que quelques témoins qui avait pour habitude de le voir dans le quartier. Tout accusait Izuku mais au final, Chisaki était autant dans la boue que lui. 

Au final, ce n'était qu'un procès entre deux classes différentes : les pauvres et les riches. Maintenant, Izuku va savoir si le jury sait faire la part des choses, mais il sait qu'il y a une infime partie de lui qui pense à sa déchéance. 

- Izuku ? Le sortant de ses pensées, son avocat se tient devant lui, les mains jointes. Nous allons regagner la salle. Le verdict va être annoncée. 

Sur le chemin du retour, la boule au ventre à l'idée de subir encore des accusations, il apprend que le jury a dû refaire plusieurs votes car il était impossible pour eux de se décider. Voilà pourquoi il a attendu aussi longtemps dans cette pièce. C'est bon signe, du moins, il espère. 

Ils regagnent tous la salle, chacun regagnant sa place. Takafumi fait un signe à Izuku, et ce dernier peine à lui rendre un sourire. 

- Levez-vous. Tous se lèvent, Izuku a les mains moites. Jury, votre verdict. Les yeux d'Izuku passe du juge au jury. 

- Nous déclarons l'accusé... 

- Pas si vite ! Les portes de la salle s'ouvre à la volée, faisant sursauter tout le monde. Izuku regarde derrière lui, ne comprenant pas ce qu'il se passe. 

Une femme pénètre les lieux, magnifiquement vêtue d'un costume sombre, la veste reposée sur ses épaules. On entend ses talons raisonner alors qu'elle arrive à la hauteur du vert. Près d'elle six hommes eux aussi portant des costumes sombres. Elle baisse littéralement les yeux sur le bouclé, haussant un sourcil. 

- Je me porte garant pour ce jeune homme. 

Tous se regardent tandis que le juge perd de sa superbe. Il réajuste son col, suant à grosse goutte. Il avale sa salive de travers et tente d'essuyer son front avec sa courte manche. 

- Madame Bakugo, nous ne vous attendions pas à ce procès... Il tire de plus en plus sur son col, regardant le jury en quête d'aide. 

- Je sais bien. J'ai tardé car j'avais une affaire urgente à régler mais maintenant je suis pleinement libre. Elle s'installe sur une chaise, croisant les jambes avec élégance. 

- Hum... Vous me prenez de court. Dit le juge en souriant piteusement. 

- Vraiment ? Elle sourit grandement alors qu'un silence s'en suit.

- Vous souhaitez donc plaider la cause de Monsieur Midoriya ici présent ? Dit-il pour briser la glace.

Elle baisse ses lunettes de soleil, regardant pour la énième fois Izuku qui ne sait plus où se mettre.

- Oui, c'est bien cela. Après tout, on ne peut pas dire que notre cher Chisaki me porte dans son cœur. Ce sera à charge de revanche. Les deux se fusillent du regard tandis que les avocats de ce dernier retourne les dossiers sur leur bureau, cherchant un prétexte pour faire sortir cette gêneuse. 

Tout le monde, mise à part notre brocoli, connait cette femme. À la tête du clan Bakugo depuis le décès de son mari, Mitsuki est devenu l'une des premières femmes de yakuza à prendre du pouvoir et à tenir tête face aux autres chefs de clan. Créant de jour en jour un faussé immense entre elle et ses ennemis, œuvrant pour la paix mais surtout l'égalité, elle a drastiquement changé les mœurs. Arrêtant l'argent sale et incitant au respect, elle est autant crainte qu'admiré. Son fils, Katsuki, a eu le malheur de tremper dans le trafic de drogue, souillant le nom du clan, et cela n'est absolument pas passer. Peu connue pour être une mère aimante, car c'était une qualité que possédait son mari, elle ne pouvait laisser passer une telle chose, fils ou non. Mais une question était sur toutes les lèvres : que faisait-elle ici ? 

- Si vous condamnez Izuku, lui refusant ainsi le droit de sortir alors que ce garçon est innocent, vous entendrez parler de moi. Elle dépose sa main sur la table, faisant claquer ses ongles dessus. Elle regarde ainsi l'homme tenant le verdict dans ses mains, et ce dernier sent son âme se faire aspirer par ses yeux rouges sang. 

- Nous... Nous déclarons l'accusé... Il regarde Izuku, puis Mitsuki, et abdique. Non coupable. 

Dans le dos du vert Takafumi ne peut s'empêcher un petit cri de victoire tandis qu'il tape dans ses mains, son avocat lui tapotant l'épaule tout sourire. Izuku n'en croit pas ses oreilles alors que ces dernières se mettent à bourdonner. Chisaki tape du point sur la table, alors que ses avocats le retiennent, lui qui semble vouloir se jeter sur Izuku. 

- Quant aux chefs d'accusation porté à l'attention de Monsieur Chisaki, nous le déclarons coupable d'arnaque envers autrui, d'abus de confiance et de faiblesse, d'escroquerie, de détournement d'argent et de biens ainsi que de pot-de-vin. 

Un énorme silence s'en suit alors que le juge fait claquer son marteau, faisant trembler la salle. 

- Monsieur Chisaki, vous êtes condamné à une réclusion criminelle de 25 ans avec l'obligation de rendre les biens ainsi que l'argent que vous avez dérober à vos victimes. Votre peine ne pourra être réduite et vous ne pourrez faire appel avant d'avoir purgé vos dix premières années. Le marteau claque deux fois tandis que tous sont stupéfaits. L'audience est terminée. 

Le juge s'empresse de quitter la salle, car beaucoup savent que ce moment lui a sans doute coûté sa carrière. Deux policiers s'approchent donc de Chisaki qui, complètement sonné, se laisse mettre les menottes. Il disparaît sans un mot par une porte arrière tandis que les deux avocats quittent les lieux, sans plus de cérémonie. 

Izuku se fait secouer par Takafumi qui, oubliant un instant son statut, ne peut contenir sa joie plus longtemps. 

- Tu as gagné Izuku, tu entends ? Tu as gagné ! 

Réalisant enfin la situation, mettant bout à bout les paroles prononcés, il sourit étrangement mais rejoint Takafumi dans cette euphorie. 

- Je vais pouvoir sortir ? Demande t-il, de légère larmes aux coins des yeux. 

- Dès demain matin. Sourit grandement Takafumi. Ce soir est ta dernière nuit en cellule. 

Alors que les deux hommes fêtent le moment, Mitsuki esquisse un sourire au coin des lèvres, regagnant le couloir pour disparaître discrètement avec ses hommes. Mais Izuku ne l'entend pas de cette oreille. Il s'excuse auprès du directeur et s'empresse de sortir, un policier lui ayant retirer ses menottes. 

- Attendez ! Hurle-t-il en levant la main pour se faire remarquer. Les hommes se retournent, et l'un d'eux fait signe à la cheffe. 

- Oui ? Demande t-elle en croisant les bras. 

- Pourquoi vous... Commence t-il essoufflé. 

- Pourquoi me suis-je déplacé expressément pour te défendre ? Izuku hoche timidement la tête. 

Elle le regarde quelques secondes tandis que son regard, imperceptible à travers ses lunettes de soleil, s'attendrie. Ce visage lui rappelle tant de souvenir. Malgré le brouhaha autour d'eux ils parviennent à discuter. 

- J'ai connu ta mère, commence t-elle en pinçant ses lèvres, Inko était une femme au grand cœur mais surtout une femme très anxieuse. Nous nous sommes connus quelques années avant que je ne rencontre mon mari. Je ne voulais pas lui causer plus de tord alors je me suis éloigné d'elle quand je suis tombé enceinte. Nous nous sommes envoyés quelques lettres après nos accouchement respectifs. Et pendant toutes ces années, nous avons arrêtés de discuter. J'ai pourtant reçu deux lettres du jour au lendemain. Elle lève la main. Une première quand mon mari est décédé et une seconde peu de temps avant qu'Inko le rejoigne. Elle a passé une grande partie de sa vie à s'inquiéter pour les autres, et son seul souhait était que son fils trouve une voie juste. Elle pose une main sur l'épaule d'Izuku et lui offre un sourire qui n'est pas sans rappeler celui de Katsuki. Quand j'ai appris que mon fils fréquentait un Izuku Midoriya, il ne m'a pas fallut longtemps pour comprendre. Je n'ai pas été une amie exemplaire de son vivant, alors je lui dois au moins ça. 

Izuku parait touché, mais aussi dévasté par cet aveu. Qui était Mistuki pour sa mère ? Comment se sont-elles connus ? Pourquoi se sont-elles séparées ? Aurait-il connu Katsuki si elles étaient restés amies ? Ces révélations l'attriste autant que cela lui réchauffe le cœur. 

Sa mère a toujours été une femme réservée, attentionnée et aimante, alors savoir que même en sentant sa fin approché elle a pensé à lui, cela le chamboule au plus au point. Lui qui n'a toujours pas fait son deuil et qui vit avec ce manque dans son être, repense tout à coup au visage de sa mère. Sa façon de l'appeler "mon poussin", ses attentions quand il rentrait tard de l'école, ses anniversaires sans amis mais toujours avec sa mère et son unique cadeau soigneusement choisi. Izuku avait eu la mère la plus aimante et la plus incroyable. Se coupant en deux pour les autres mais n'oubliant jamais son fils. Travaillant d'arrache pied pour payer les factures mais n'hésitant jamais à lui acheter un petit quelque chose chaque fin de mois pour le voir sourire. Jusqu'à son dernier souffle, jusqu'à son dernier regard envers lui, sa mère l'avait profondément aimé et ça Izuku le savait. Il savait tout ce que sa mère avait enduré, subit, pour lui offrir la vie qu'ils avaient. Mère célibataire, travaillant dans deux endroits différents, portant sur ses épaules son Izuku, son monde, elle était et sera toujours son héroïne dans son cœur. 

En plongeant son regard dans le sien, Izuku et Mistuki se comprennent. L'un comme l'autre n'ont pas le temps discuter davantage mais une promesse se fait silencieusement. Celle de se revoir et de faire ensemble le deuil de cette femme qu'ils ont aimés. 

Ils se quittent dans un silence, Izuku regarde ses pieds, les larmes dévalant ses joues. Toute cette amertume, cette colère qu'il a retenu ces derniers mois, explose silencieusement en une vague de larme. Takafumi apparaît à ses côtés, regardant au loin, et frotte doucement le dos d'Izuku. 

- Viens, Izuku. Il faut préparer ta sortie. 

Il l'accompagne machinalement, regardant ses pieds continuellement. Ce soir sera sa dernière nuit dans la prison du Phoenix et par conséquent, ses derniers instant avec Katsuki. Demain, Izuku sortira et le blond restera. 

_____

Savez-vous que j'ai pleuré en rédigeant le paragraphe sur la mère d'Izuku ? Je pense sérieusement que cette femme est une héroïne aux de son fils et elle mérite amplement sa place sur le podium des héros. Il n'existe pas deux mamans comme elle dans l'univers de MHA et je trouve qu'il fallait lui rendre hommage ! 

J'espère que vous êtes prêt car le prochain chapitre sera la dernière nuit de Katsuki et Izuku avant l'épilogue !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top