Chapitre 28 : Le procès approche
Le bruit de la pluie battante fait ravage dehors. Sur les taules, sur le bois, sur les murs, on entend résonner jusqu'au tréfonds de la prison. Le vacarme à l'intérieur des cellules a cessés depuis quelque jours maintenant, car beaucoup n'apprécient pas quand les nuages s'assombrissent. Les sorties sont annulés, aucune possibilité de faire des exercices en extérieur et au final c'est un bon nombre d'activité qui sont mises à l'arrêt.
Takafumi observe la cour extérieur qui lui paraît bien morose aujourd'hui. Ce n'est pas la saison de la mousson, et aucun programme météo n'a annoncé pareille tempête, et pourtant l'île est en vigilance depuis une semaine maintenant. Cela concorde parfaitement avec son morale à lui. Serait-ce une coïncidence fortuite ? Il n'a pas l'habitude de croire à ce genre de chose, néanmoins son cerveau bourdonne tellement qu'il finirait presque par halluciner. Des mois maintenant qu'il planche sur le dossier Midoriya à s'en arracher les cheveux au grand damne de Yuga. C'est de loin l'affaire la plus complexe qu'il ait traité de toute sa carrière. Pour beaucoup il n'est qu'un simple directeur de prison, mais il a derrière lui des années de service aux côtés de la police. Son but à lui n'a jamais été de punir les détenus, même si certain finissent dans le couloir de la mort. Il a toujours pris soin d'étudier chaque dossier d'admission, donnant bel et bien un nom, un visage, à ce numéro de cellule écrit noir sur blanc. Takafumi est professionnel mais avant tout humain.
Le cas de Midoriya l'a tout de suite intrigué, sachant que Overhaul entreprise revient de manière régulière dans les dossier de ses détenus. Malheureusement, chaque issue fut la même pour eux : la mort. C'est pourtant ce qu'il pensait jusqu'à ce fameux lundi. Comment a-t-il pu oublier Adam ? C'est extrêmement rare d'avoir des détenus étrangers, mais il en a quelques uns qui résident de manière régulière au Japon. Adam et Izuku n'ont pas le même parcours de vie, encore moins la même raison qui les ont conduit en prison, mais le même nom est inscrit dans leur dossier : Overhaul entreprise. Cette coïncidence est trop grande, trop récurrente. Chisaki est un homme bien puissant, peut être même trop. Takafumi viendrait même à regretter l'époque où Etat et yakuzas se serraient les coudes. Voir des gens comme Chisaki prendre le pouvoir, retourner des cerveaux, donner des pots de vin, ça le dégoûte au plus haut point. Mais sa haine et sa rage ne viendront pas à bout de lui. C'est pour ça que cette magnifique coïncidence doit être creusé le plus possible.
Alors qu'il se tient droit, les mains dans le dos, regardant au loin comme si il pouvait voir à travers ces rideaux d'eau, Shoto fait entrer Adam et Izuku dans la pièce, les deux n'étant au courant de rien.
- Tu peux disposer, Shoto.
La porte se referme, et comme un seul homme ils regardent cet homme à la posture imposante, mais aux épaules abattue.
- Si je vous aie fait venir dans mon bureau ce n'est pas pour une quelconque remontrance alors détendez vous. Cela a l'effet escompté car tout deux se sentent moins tendue, s'échangeant quelques regards d'incompréhension. Cela fait maintenant des mois que j'étudie ton dossier Izuku, car ton cas m'a interpellé dès ton premier jour. Takafumi parle en continue, regardant inlassablement au loin. Adam et toi avez une similitude qui me laisse à croire que votre détention ici n'a pas lieu d'être.
Les deux jeunes hommes, mués comme des carpes, ne savent quoi dire. Takafumi choisit ce moment pour les regarder tour à tour.
- Si vous êtes ici, c'est uniquement une question d'argent et de détournement.
- Pardon ? S'esclaffe l'étranger, se penchant en avant comme si il avait mal entendu.
- C'est peut être difficile à croire, mais c'est bien vrai. Vous n'êtes pas mes premiers détenus, et encore moins mes derniers, mais cela fait trop de fois que ce nom apparaît. Il lance alors leurs dossiers et ils lisent ce nom "Kai Chisaki". Cela fait des années que je reçois dans ma prison des hommes avec ce nom gravé sur leur dossier. Je suis certain de ne pas être le seul, mais moi j'ai décidé de mener mon enquête. Il tourne les pages, et d'autres noms s'additionnent aux précédents. Le juge Tomura Shigaraki, l'avocate Himiko Toga ainsi que Kai Chisaki ont fait un marché. Himiko fait en sorte de créer une défense bancale au possible, Tomura choisi alors de les condamner à la peine de prison peu importe l'implication de l'accusé, et Chisaki les paye en conséquence. Ceci fait, puisque vous ne pouvez plus le payer, Chisaki vous prend vos biens, saisie vos maisons, et en prime ses deux acolytes corrompus grossissent leurs comptes en banque soigneusement caché dans un autre pays.
- Vous êtes sérieux ? Hurle Adam, les larmes aux yeux. C'est moi qui ait attaqué cet homme en justice ! Il nous a proposé une assurance, il est venu vers nous en nous proposant une protection en cas d'impayé. Il nous l'a fait à l'envers et nous a abandonné, ma femme et moi.
- Avais-tu au moins une preuve écrite de cet arrangement ?
- Bien évidemment ! Nous avons donnés toutes les preuves, les enregistrements de nos appels. On m'a fait passer pour un menteur et un voleur. Ma belle famille ne veut même plus que j'approche Yumi. Il baisse la tête, s'essuyant brièvement les yeux. J'avais trouvé ça bizarre qu'une agence de recouvrement propose ce type d'aide mais nous étions dans un gouffre financier.
Takafumi s'approche pour lui offrir une brève caresse sur l'épaule.
- Tu n'as pas à t'en vouloir. Tu voulais simplement aider ta belle famille et offrir à ta femme un toit sur la tête. Adam relève le visage, ce dernier déformé par la douleur qu'il ressent. C'est bien plus qu'une erreur judiciaire, et tes preuves nous seront bien utiles pour la contre-attaque.
Il lui offre un mouchoir, car c'est la seule chose qu'il peut faire pour lui, mais n'en oublie pas Izuku qui, à son grand étonnement, est bien silencieux.
- Izuku ? L'appelle Takafumi, confus. Il aperçoit le visage d'Izuku rapidement, et ne parvient pas à déchiffrer ce regard. Son expression est froide au possible. Izuku ?!
- Heu... Oui ? Pardon, j'étais... perdu. Le directeur fronce les sourcils avant de secouer la tête.
- C'est compréhensible, c'est beaucoup d'informations à assimiler. Ton cas à toi est différent n'est-ce pas ? Le vert regarde Takafumi droit dans les yeux et pendant une fraction de seconde le plus âgé a senti un frisson glacial le parcourir.
- Oui... Ma mère a été hospitalisé pendant un moment. J'ai dû arrêter mes études pour payer les frais d'hospitalisation, le loyer, les factures. Je ne suis pas parvenu à honorer toutes les demandes et même avec deux emploie je n'aurais pas pu. J'ai donc demandé à ma banque, mais ils ont refusés de m'accorder un emprunt et c'est à ce moment là que j'ai reçu un coup de fil de Overhaul entreprise. Ils m'ont proposés de m'aider et de payer tout les frais contre une somme dérisoire par mois en contrepartie.
- Et cela n'a pas duré, c'est ça ?
La gorge de Izuku se noue, mais aucune larme ne dévalent ses joues.
- Les premiers mois, oui, mais très vite la somme demandée a augmenté, au point que ça devenait plus chers de les payer eux. J'ai voulu résilier ce contrat, mais ils m'ont dit que ce n'était pas possible. J'ai donc fini avec une énorme dette. Je commençais à devenir mauvais au travail, et on m'a gentiment conseillé de faire mes cartons. Je ne savais pas que Overhaul entreprise avait un tel pouvoir, car ils ont fini par me prendre l'argent à la source, et pendant ce temps les frais d'hospitalisation n'ont pas été payés. J'avais tellement de chose en tête que j'ai oublié pourquoi je faisais cela : pour ma mère. Il prend de lui même un mouchoir avant que les larmes ne coulent. Elle est morte peu de temps après, dans notre appartement. Elle ne pouvait pas rester trop longtemps sans soin et de tout manière je n'avais pas d'argent, elle n'aurait pas pu retourner à l'hôpital. À peine quelques jours après son enterrement, j'ai reçu une lettre et j'ai été expulsé. J'ai mit des mois à me reconstruire et je n'ai jamais, jamais aidé pour ce cambriolage. J'ai toujours eu le cœur sur la main, mes intentions n'étaient pas mauvaises.
- Izuku, calme toi, je te crois. Lui dit Takafumi le plus sincèrement possible. Tu as été victime d'un coup monté. Tu étais un témoin potentiel, il fallait te faire taire.
- Cet homme est un enfoiré. Vocifère Adam. Les familles, les personnes âgés, les personnes malades, il n'a donc aucune once de morale ?
- Les gens comme lui ne sont motivés que par deux choses, Adam : le pouvoir et l'argent. Cet pourriture, nous la tenons. J'ai un ami dans la police qui va pouvoir nous aider à monter un dossier. Je ne vous promet pas la liberté, mais de l'espoir.
- Monsieur Hishimoto, votre rendez-vous est arrivé. Hurle Shoto de l'autre côté de la porte.
- Merci Shoto, fais le patienter un instant. Il s'installe à son bureau, reprenant les dossiers en main.
- Vous pensez vraiment pouvoir le faire plonger ? Demande Izuku d'une voix fébrile.
- J'ai énormément de carte en main, alors dormez sur vos deux oreilles, reposez vous. Je reviendrais vers vous dans les prochains jours.
Les deux détenus s'empressent de se lever, malgré leur force diminué par ce rendez-vous fort en émotion, car ils comprennent la situation. Plus le temps passe, plus Chisaki leur échappe et le directeur a encore du pain sur la planche. Adam est le premier à sortir, il a sans nulle doute besoin d'être seul, alors que Izuku tarde un peu, regardant Takafumi qui a déjà le regard ailleurs.
- Merci, directeur. Dit-il dans l'embrasure de la porte. Merci. Le concerné n'a pas le temps de répondre que Izuku laisse place à un homme trempé, sa veste en cuire dégoulinant.
- Et bien, si tu m'avais dis que tu étais si occupé, je serais resté chez moi. Il dépose son parapluie près de la porte, frottant ses épaules. Surtout par un temps pareil.
- Yagi, mon ami, désolé de te déranger pendant ta retraite. Il se font une accolade et rigole légèrement.
- Ah, ne me fait pas cette tête alors que ton regard dit tout le contraire. Qui étaient ces deux hommes dans ton bureau ?
- Cela concerne ce dont on a parlé par téléphone, tu t'en souviens ? Ils s'installent tout deux au bureau, Takafumi sortant deux verres de son tiroir. Drôle d'endroit pour cacher de l'alcool, pense Yagi sans dire un mot.
- Pour qui me prends-tu ? Je suis vieux, pas sénile. Il prend le verre avec plaisir, le bourbon réchauffant divinement bien sa gorge sèche. Cela faisait longtemps. Dit-il, nostalgique.
- Hum ? Takafumi regarde le verre, puis Yagi, et comprend. On avait l'habitude de boire du bourbon ensemble. Il y a des choses qui ne changent pas. Ils boivent chacun plusieurs gorgées, leur nez dirigés vers la fenêtre, songeurs.
- Alors, cette affaire ? Demande le blond au bout de quelques minutes.
- Elle est cornélienne, et nous risquons de perdre des plumes.
- Ah ! S'exclame Yagi en terminant cul-sec. Je ne suis plus à ça près. J'ai perdu ma femme il y a des années, alors si je dois encore perdre une plume ou deux, quelle différence ?
- Je ne dirais pas que l'on risque nos vies, mais c'est tout comme. Il ressort les deux dossiers rangés plus tôt, et le blond ne tarde pas à les feuilleter dans un silence pesant. L'orage se met à craquer dehors, il fera mauvais jusque tard.
- Bon, je ne dirais pas que tu manques de preuve, mais ta défense reste maigre et bancale, et ton chef d'accusation est à définir. Tu t'attaque à un juge haut placé, une avocate renommé et un patron avec des liasses de billet à la place des mains. Je crois bien que je vais y laisser mon plumeau.
Les deux hommes éclatent de rire, sans nulle doute le stress accumulé à la pression qui retombe de revoir un vieil ami.
- C'est tes blagues qui vont me tuer. Dit Takafumi entre deux toussotements.
- Tu ne peux nier que cela t'avais manqué. Ils se sourient, non sans se resservir mutuellement un second verre, car la soirée risque d'être longue. Bon, par où on commence ?
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Bonjour, ou bonsoir chers lecteurs !
J'espère que cette histoire vous avez manqué ? Je termine doucement mais sûrement, je corrige, je peaufine et hop, je vous sors un chapitre à la volée ! La partie sérieuse est vraiment cruciale pour l'histoire, et je commence à grincer des dents tellement ça devient compliqué pour moi...
En tout cas, j'ai vraiment hâte de terminer The Sweet Prisoner, car j'ai vraiment envie de retourner vers ce que j'aime faire : le threesome, le fantastique et les mondes nouveaux. Je prends toujours plus de plaisir quand l'histoire sort complètement de mon imagination car il n'y a aucune barrière si ce n'est ce que moi j'impose !
En tout cas, sachez qu'il reste 5 chapitres et un épilogue avant la fin, et franchement je suis tout de même fière de ce que j'ai écrit, et j'espère que vous le serez aussi ^^
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