Chapitre 27 : Un pas en avant, aucun retour en arrière
Une belle journée, peut être que ça l'était. Personne ne savait vraiment si une journée serait belle ou non, peu importe le temps annoncé, tout dépendait finalement des nous.
Aujourd'hui le temps est radieux. Un soleil de plomb, une lourdeur délectable dans l'air et une fraicheur dans les pièces aussi douce qu'une caresse. Oui, cette journée est tout bonnement merveilleuse. Le temps, comme depuis un moment, s'écoulait à un rythme différent. Un tempo lent, parfois ralentit par les événements, mais impossible de ne pas remarquer à quel point ils veulent stopper ce grossier personnage. Il ne fallait pas l'oublier, malgré les rires, les sourires, les baisers, leur temps à tous était compté.
Ce n'est pas pour autant qu'ils changent leurs habitudes, à quoi bon ? Quand on vit dans une prison, qu'il soit acharné ou fainéant, le temps vous aura tôt ou tard. C'est donc avec cette optique en tête que notre joyeux groupe profite de cette journée tous ensemble. Installés sur les bancs dans la cour, près des champs où Izuku travaille la semaine, on entend leur rire, les légères disputes pour une partie de carte perdue ou encore des gloussements. Ce groupe atypique est un très bon mélange entre idiotie, légèreté, crime oublié et amour partagé.
Assis à même le sol, l'un en face de l'autre, leurs jambes entremêlés, Keigo et Dabi se dévorent du regard. Un regard passionné, brûlant d'une lueur tendre. Le noiraud allume une énième cigarette, s'amusant à faire des cercle de fumée opaque. Le blond sourit, amusé de le voir essayer, en vain.
- Arrête de te moquer. Le prévient Dabi, trahit par un sourire apparaissant à la commissure de ses lèvres.
- Je sais que tu aimes ça. Il s'approche, écartant la cigarette de ses lèvres pour la remplacer par sa bouche, affamée. Le baiser est néanmoins discret et doux, car il n'oublie pas où il se trouve.
Près d'eux Yuga lit tranquillement un livre qu'il a emprunté plus tôt sachant pertinemment qu'il s'ennuierait à les regarder roucouler. Ce n'est pas insupportable à regarder, mais cela lui rappelle à quel point ses sentiments sont dangereux. Son amour est loin de lui et seul une nouvelle escapade nocturne pourra lui apporter l'affection qu'il espère tant.
Alors qu'il tourne une page sans réel intérêt il se voit obliger de se décaler, Shota s'asseyant près de lui. Ce n'est pas le français qui lui fait de l'œil mais bel et bien son voisin, assit près de lui, le regard bas, les mains crispées sur ses genoux. Tenko n'a toujours pas l'habitude de la foule, même après tant d'année passées dans cette prison, et se voir acculer par un groupe d'individu tous les jours n'est pas facile pour son anxiété. Il a commencé à faire des efforts, rassurant ses gardes du corps qui préfèrent cent fois plus faire les quatre cent coups ailleurs plutôt que d'être entourés de ces nouveaux compagnons. Néanmoins, il se retrouve seul dans un environnement trop rayonnant à ses yeux. Du moins jusqu'à ce que son regard ne croise celui de Shota. Que ses yeux sont réconfortants pour lui. Il ne sait pas quel est ce sentiment qui caresse son cœur chaque fois qu'il est en sa présence, mais il aime la façon dont le noiraud le désire, le couvre du regard. C'est nouveau, c'est excitant et surtout foutrement plaisant.
Il voit alors cette main plus grande que la sienne se déposer sur ses doigts, et il s'arrête net dans sa tremblote.
- Tu es sûr que ça va ? Lui demande le plus âgé en se penchant contre son oreille de sorte que seul lui puisse l'entendre.
Tenko se fige, sentant un délicieux frisson caresser sa chaire et hérisser ses poils. Que sa voix endormie est plaisante à entendre.
- Ca pourrait aller mieux, mais je vais bien. Il lui fait un misérable sourire quand leurs pupilles se croisent pour la seconde fois. Pourquoi faut-il qu'il se souvienne de la nuit dernière ? Après tout, comment ne pas s'en souvenir. Quelle nuit se fût. Il se souvient encore de chaque parcelle de peau dénudé, de chaque mouvement de ses mains sur sa virilité, de la sensation grisante de son corps contre le sien. Il n'avait rien connu de plus délectable jusqu'à ce soir où leur corps se sont entremêlés. Si on ne les avait pas surpris, jusqu'où seraient-ils allés ?
- Ne repense pas à la dernière fois... Il ne termine pas sa phrase, la laissant en suspens. Cela ne l'empêche pas de rester proche de lui, ses doigts s'entrelaçant aux siens. Pourquoi leur cœur battent-ils à l'unisson ? Quel est ce sentiment qui gonfle et gagne en intensité ? L'un contre l'autre, épaule contre épaule, cœur contre cœur, ils ferment leurs yeux sans un mot de plus.
- Qu'ils sont adorables. Yuga ne peut retenir ces mots et les laisse s'échapper de ses lèvres, ces derniers disparaissant dans le brouhaha des rires.
Et justement, ce léger brouhaha provient d'un peu plus loin, à un mètre ou deux. Izuku ne peut s'empêcher de rire aux éclats en voyant la moue déconfite de Katsuki. Cela fait trois fois d'affilés que le vert remporte les parties de carte.
- Bordel ! Le cendré balance les cartes d'un mouvement vif. Comment tu fais ?
Izuku le regarde, dépose les cartes avec délicatesse, et croise les jambes élégamment.
- C'est très simple, je compte les cartes. Il nargue Katsuki en souriant davantage, ce qui a le don de l'enrager encore plus. Ce n'est qu'une question de probabilité et de logique.
- J't'en foutrai d'la logique moi. Il reprend les cartes, les mettant soigneusement dans leur boite en carton amochée.
- On ne joue plus ? Demande innocemment le vert, s'asseyant près de lui.
- C'est très mauvais pour toi. Il range le paquet dans sa poche et fait mine de regarder au loin.
- Ne me dis pas que... Tu boudes ? Katsuki se retourne, le regarde droit dans les yeux et recommence son manège. Un vrai gamin.
- T'as dis quoi là ? Le blond a beau l'aimer, son côté susceptible ne peut supporter ces trois défaites, lui qui est pourtant si bon. Il aura beau essayer la technique de Izuku, il perdrait vite les pinceaux. Ce vert a un sacré cerveau.
Izuku, fier de l'avoir piqué là où il excelle, ne peut se retenir de lui offrir un léger baiser. À peine la sensation de ses lèvres sur les siennes, mais c'est assez pour lui ôter toute rage. À la place son sourire carnassier revient à vive allure et maintenant il n'a d'yeux que pour ses lèvres qu'il voudrait tant voir autour de lui.
- N'y pense même pas. Le prévient Izuku, connaissant parfaitement ce regard et ce qu'il sous-entend. Ce blond est un loup affamé.
- C'est toi qui y pense. Il s'approche de lui, ses mains prenant place sur les hanches du plus petit. Rien à faire des cartes ou de tout autre jeu débile. Là, tout de suite, il veut jouer avec son corps et rien d'autre. Le faire jouir, hurler de plaisir, pleurer de bonheur. Il n'existe rien de plus délicieux à contempler que son visage déformer par le plaisir qu'il lui fait ressentir. C'est bien plus jouissif que de remporter une partie de carte. Aller, viens avec moi dans ma cellule. Il accentue la pression de ses doigts, continuant de jouer de son regard.
Izuku se mord fortement la lèvre du bas, se retenant de l'embrasser sauvagement sur ce banc. Ce ne serait absolument pas convenable, et même si il a prit du poil de la bête depuis ces derniers jours, hors de question de perdre le peu de bienséance qui lui reste.
- Tu n'es donc jamais rassasié ? Lui demande Izuku en ignorant ses mains, se focalisant sur son regard rubis.
- De toi ? Jamais.
C'est franc, direct et beaucoup trop bon à entendre. Il se sent rougir jusqu'aux oreilles, ses joues le brûlant. Quel tact ! Il lui assène un petit coup sur son épaule en guise de piètre avertissement.
- Débile.
Les deux se mettent à rire, s'approchant pour s'offrir un second baiser. C'est un bien beau tableau, tout cet amour et ces marques d'affection. Justement, pour un certain blond, c'est beaucoup trop à supporter.
Assit à terre, non loin d'Eijiro et Hanta, Denki fulmine intérieurement. Qu'il aimerait avoir le cran de faire comme eux et de se laisser aller auprès de ses amants. Voir tout ces couples roucouler devant tout le monde le met dans un état que lui même ne sait comment définir. Colère ou jalousie, c'est difficile à expliquer. Même si beaucoup se doute pour Eijiro et Hanta, peu de personne ne semble faire le lien avec Denki, et au fond ce n'est peut-être pas plus mal. Il n'a jamais été confronté à la dure réalité car très vite le duo d'ami s'est focalisé sur lui, lui faisant aisément comprendre leurs intentions. Ils ont toujours tout fait ensemble, que ce soit le travail ou leur relation, mais c'est bien la première fois qu'ils sont autant attaché à quelqu'un, encore plus un homme. Denki est tellement différent de leur précédente rencontre. Ils ne sauraient l'expliquer, mais il est bien plus qu'une drogue pour eux. Le blond lui-même est effrayé par ce sentiment gagnant de plus en plus de place dans sa poitrine. C'est fou comme l'amour peut être effrayant. C'est sans nulle doute ce côté imprévisible qui rend l'amour sournois et de ce fait, qui voudrait se risquer à aimer ?
N'en pouvant plus de les regarder, Denki prend une décision qui ne lui ressemble guère. Il se lève et d'un pas décidé s'approche de ses amants qui discutent de tout, et notamment de rien. Ils se retournent comme un seul homme, un magnifique sourire aux lèvres.
- Oui ? Demande bêtement Eijiro en penchant la tête sur le côté, le soleil l'empêchant de bien voir le visage de Denki. Ce dernier fronce les sourcils, regardant le sol avec grande intention. Denki ?
Et là, devant des paires de tête confuses, il s'assoit sur les genoux de ses amants, s'étalant de tout son long. Eijiro regarde Hanta, et inversement, avant de rire doucement. Le blond préfère déposer son bras sur ses yeux pour éviter de rougir.
- Enfin ! Hurle Katsuki bien fort. J'ai cru que tu le f'rai jamais.
Certains rigolent discrètement tandis que d'autres sourient grandement, heureux pour lui. Dabi quant à lui fronce les sourcils, pivotant sa tête lentement.
- T'en as de la chance dis moi, deux pour le prix d'un. Keigo le frappe méchamment, secouant la tête, mais cela ne fait ni chaud ni froid à notre tête brûlé qui continue de fumer sa cigarette.
- Vos gueules. Ronchonne Denki en se retournant, enfouissant son visage dans le ventre de Hanta qui le cajole gentiment.
- Félicitation. Dit Izuku avec un sourire franc et des yeux pétillants. Vous êtes vraiment mignons tous les trois. Il ne peut s'empêcher de les complimenter, aimant de plus en plus l'évolution de son groupe.
- Haha merci. Eijiro passe une main dans sa nuque, devenant bizarrement gêné et légèrement excité de l'initiative de leur... Petit ami ? Il le cajole à son tour, ne pouvant se retenir de penser à ce soir.
De son côté Katsuki les regarde du coin de l'oeil non sans échanger quelques regards furtifs avec ses hommes. C'est bien la première fois qu'ils sont autant attachés à quelqu'un et pour cause, jamais une femme n'a passé la porte de leur repaire à Tokyo, alors les voir aussi attaché à un homme... Il se demande à son tour où toutes ces histoires sentimentales vont les mener ? Il le sait au fond de lui, des pertes seront à déplorer.
- Bon. Claquant son livre avec fracas sur le banc, tout le monde se retourne vers Yuga. Vos effusions d'amour me mettent mal à l'aise. Il se lève, dépoussière ses genoux et salut le groupe. À mon tour de retrouver mon homme, si vous voulez bien m'excuser. Sur ces belles paroles chacun se regarde, semblant comprendre. C'est Denki qui se relève d'un coup, regardant Yuga au loin.
- Ton homme ? Quel homme ?! Hurle t-il au français qui ne trouve rien de mieux à faire qu'un magnifique doigt d'honneur par dessus son épaule. C'est pas comme ça que ça marche ! Il se lève en catimini, prêt à le poursuivre dans toute la prison pour savoir. Reviens ici !
- Attendez moi ! Izuku, curieux comme toujours, se lève à vitesse grand V pour suivre ce duo déjà bien loin et connaître les petits secrets de notre français.
Le trio laisse derrière eux un groupe d'homme hilare, Tenko lui-même se sentant assez à l'aise pour échapper un son.
- Quel groupe atypique. Murmure t-il pour lui, et dans le fond, il n'avait pas tout à fait tord.
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Bonjour ~
Très heureuse de vous retrouver pour la suite de cette histoire ! Cette dernière se terminera en 33 chapitres plus un épilogue, et j'ai très hâte de la terminer pour passer à la suivante ^^
J'espère que ce chapitre vous aura plu et restez aux aguets, de futur OS et chapitres vont arriver !
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