Chapitre 23 : J'ai faim de toi
Jamais Izuku n'aurait imaginé pouvoir franchir les portes et les couloirs avec une telle fierté et une telle assurance. Il ne se considère pas encore en sécurité au point de sortir seul, mais il est actuellement sur un petit nuage qui le transporte à chaque pas qu'il effectue. Il ne tient pas le bras de Katsuki comme le ferait une groupie excité mais la façon dont sa main tient fermement la sienne prouve que les deux ont franchis une étape marquante.
La façon dont ils entrent dans la cafétéria, main dans la main, le regard fière et la tête haute, personne n'ose les défier du regard. Ils peuvent même s'installer sans encombre, l'un à côté de l'autre, profitant ainsi d'un bon repas tous ensemble. La nourriture de la prison n'est sûrement pas la meilleure, pourtant dans un moment comme celui-là c'est la meilleure du monde. Izuku rigole, écoutant les blagues de Denki qui s'en décroche la mâchoire de rire. Près de lui Yuga secoue la tête et Keigo hausse les épaules, le reste du groupe continuant de manger, fumer et jouer aux cartes. La table est plus bruyante que d'habitude, gênant presque le calme de certain résident, mais aucun ne bougera le petit doigts pour dire quelque chose et risquer une bagarre. D'ailleurs, Katsuki n'est pas le seul à assumer ses actes et ses choix. Dabi, son bras entourant les fines épaules de Keigo, l'embrasse soudainement à pleine bouche quand son regard croise celui brûlant de Enji, assis à une dizaine de tables d'eux. Il sert les poings mais ne fera rien de plus, se levant dans un vacarme horrible, ses sbires sur les talons. Oui, la prison commence peu à peu à devenir un nouveau foyer pour beaucoup, et Izuku commence à prendre ses marques de la meilleure des manières. Sa seconde famille, composée avant tout de prisonnier au passé sombre et au casier remplie, lui convient parfaitement. Se laissant couler contre l'épaule du blond, un sourire niais aux lèvres, il dévore son repas tout en écoutant les anecdotes autour de lui.
- T'endors pas en mangeant. Ronchonnant comme à son habitude, Katsuki baisse les yeux sur la petite larve au sourire niais qui a prit racine contre lui. Larve qui, sans grand étonnement de la part des autres, sourit grandement avant de se mettre encore plus à l'aise. Se pinçant l'arête du nez tout en baragouinant dans sa barbe, le yakuza tente de rester maître de ses émotions, partagé entre l'envie de le tuer sur place ou de le dévorer sur la table.
Malgré sa position plus que réconfortante, le vert décide de prendre ses distances pour ne pas l'incommoder davantage. Ce n'est pourtant pas au goût du blond qui hausse un sourcil, le remettant immédiatement contre lui, une main sur sa tempe. Ne pipant mot, Izuku se réinstalle confortablement, son repas maintenant terminé.
- Tu travailles cette après-midi ? Demande le plus petit, levant les yeux vers son interlocuteur.
- Comme tous les jours. Dit ce dernier sans détacher ses prunelles des siennes. Pourquoi ?
Izuku fait alors une moue adorable aux yeux de Katsuki.
- Je vais m'ennuyer sans toi. Il essaie de ne pas paraître pitoyable, mais à l'idée d'être éloigné du blond son cœur se serre. Outch !
Prenant ses joues dans ses mains pour les pincer tendrement, Katsuki sourit devant la tête horrible que tire Izuku, savourant au passage la douceur de sa peau. Stupide peau qui l'attire d'ailleurs.
- T'as un travail à c'que je sache, donc bosse et tu verras pas le temps passer. Il lâche enfin prise, sans pour autant retirer son demi-sourire. Il se baisse alors vers lui, chuchotant ces quelques mots dans son oreille. Et ce soir j'te ferais toutes les folies qu'tu veux. Se redressant tel un automate programmé, Izuku se retrouve raide comme un piqué, ses joues brûlantes et ses oreilles cramoisies, alors que toute l'attablé le regarde sans comprendre.
- Izuku, tu vas bien ? Demande innocemment Denki à l'autre bout.
- Oui, je vais travailler. Marchant bizarrement, des images plein la tête, il quitte la cafétéria en rêvant à moitié, ce qui a le don de faire rire Katsuki alors que les autres se posent mil et une question.
C'est d'ailleurs pendant ce moment de confusion qu'un individu que l'on pensait ne plus revoir resurgie de nulle part. Le très célèbre Frank, qui semble en redemander, approche la table à grande enjambé, aujourd'hui entouré de plus d'homme. Cela n'alerte pas Katsuki qui croise les bras, pas impressionné pour le moins du monde. Énervé de ne pas être pris au sérieux, ce dernier tape du poing sur la table. Eijiro et Hanta se lèvent comme un seul homme dans l'espoir de remettre ce salaud à sa place, mais le blond leur fait un signe pour les inciter à se rasseoir, chose qu'ils font malgré eux.
Contre toute attente, et malgré une haine viscérale contre ce porc mal luné, le blond reste calme, fumant calmement sa cigarette, combattant Frank du regard. Dans la pièce maintenant silencieuse, les mouches volent bruyamment, et les respiration se font silencieuses. Assisterons-nous aujourd'hui à un règlement de compte digne des plus grand film ?
- Oï, t'es dans le passage.
Sortant de nulle part, littéralement, Tenko pointe le bout de son nez, escorté par Chizome, portant son masque quand la foule est trop dense, et Jin, qui ne cesse de regarder à droite et à gauche. Le jeune chef ne comprend pas ce qu'il se passe, et son alliance avec Katsuki étant encore fraiche, il n'ose pas interférer dans ses duels mais là, il souhaite simplement s'asseoir à sa table. C'est alors que la scène qui se déroule à une vitesse inouïe, passe au ralentie dans la tête d'un certain dormeur qui est pourtant bien éveillé.
Frank saisit immédiatement la première chose qui lui passe sous la main, c'est à dire un plateau de repas vide. Comprenant plus vite que les autres ce qu'il va se passer, Shota bondit de son siège et se place devant Tenko pour faire barrière. C'est alors son avant-bras qui prend le plus de dégât tandis que le plus jeune regarde devant lui, perdu et fasciné. Lui qui a pour habitude d'avoir une vraie langue de vipère, s'abstient de tout commentaire en voyant le bras du plus âgé changer de couleur. Le noiraud n'est pas un bras droit dénué d'intelligence. Il a protégé ce dernier pour renforcer les liens entre leurs clans. Néanmoins, au vue de la haine qui se dégage de ses prunelles, et de son aura dévastatrice, Katsuki semble déceler autre chose. C'est rare de voir Shota prendre des initiatives, et encore plus quand il s'agit de quelqu'un qui ne fait pas parti du clan Bakugo.
- Va chercher les gardes ! Rugit Tenko à l'intention de Jin qui revient à lui, hoche la tête, et part dans la seconde. Pour le cas de Frank, pas besoin de s'affoler. Réagissant au quart de tour, Chizome l'a déjà immobilisé au sol, son regard de tueur en disant long sur son intention à son égard. Le chef aux cheveux bleus aide alors Shota à s'asseoir, alors que ce dernier n'est pas infirme, et reste près de lui en regardant son bras maintenant violet. Il a dû te casser quelque chose. Il regarde l'ecchymose qui ne cesse de grandir, et touche délicatement la zone sensible du bout des doigts alors qu'à table les autres sont déjà en train de jurer et de faire barrière aux sbires qui tentent de récupérer leur chef.
Sans grand étonnement les gardes emmènent Frank qui retourne de ce pas en isolement tandis que Shota est conduit à l'infirmerie, secondé par un Tenko plus que concerné. Arrivé à bon port le plus âgé est amené sur le lit, Tenko restant en retrait alors que Tamaki, un bénévole, arrive pour s'occuper de lui.
- Tu peux t'en aller maintenant. Comme le noiraud parle peu, sa voix est toujours rauque quand il s'exprime. N'étant pas habitué à une telle puissance vocale , Tenko frémit, mais secoue la tête, buté comme jamais. Fais comme tu veux.
- Je vais vous emmener faire une radio. Lui annonce d'une douce voix l'infirmier.
Tenko attend donc sagement et regarde sur l'horloge murale les minutes défiler, ses fesses bien vissées sur le tabouret très peu confortable. Il repense alors à ce qu'il s'est passé et à son manque de réaction. Il sait pourtant que la prison n'est pas une air de jeux et pourtant, il fait encore des erreurs. Impossible pour lui de faire la différence entre le vrai et le faux, impossible pour lui de s'imaginer la cruauté des autres. C'est vrai que lui-même n'est pas un saint mais quand-même, autant de violence pour si peu, la prison rend vraiment fou.
Sortant de ses pensées par le bruit des pas, Shota revient avec une atèle à son bras et un épais bandage sur ce dernier.
- Comme vous n'avez pas le droit de posséder des médicaments venez me voir deux fois par jour pour les antidouleurs et une fois par semaine pour la crème.
- Très bien, merci Tamaki.
- C'était avec plaisir. Faisant une petite courbette il s'empresse de partir sa phrase terminée.
- Alors ? Demande immédiatement Tenko quand Shota arrive à sa hauteur.
- Ce n'est pas cassé mais je dois éviter de trop l'utiliser, et je ne dois pas le retirer. Dit-il en montrant l'attirail. Je sens que je vais m'amuser.
Sur l'horloge sonne alors seize heure, et les deux détenus se regardent. Tenko baisse immédiatement les yeux face à ceux du plus âgés. Malgré son rang, impossible pour lui de plonger ses prunelles dans les siennes, elles sont trop intenses. Soupirant, et se frottant l'arrière du crâne devant une situation qui lui est familière, Shota fini par lui proposer quelque chose.
- Comme je peux pas travailler je risque de m'ennuyer, tu viens me tenir compagnie ? Relevant immédiatement la tête, Tenko la secoue sans dire un mot, bouillonnant de joie à l'intérieur de lui.
C'est donc côte à côte que les deux hommes quittent l'infirmerie pour rejoindre leur quartier, sans s'échanger un mot, se demandant ce qu'ils vont trouver pour tuer le temps sachant qu'ils n'ont rien à se dire et que c'est la première fois qu'ils sont si proches.
La journée est passée relativement vite aux yeux de beaucoup, mais pas assez aux yeux de certain, notamment pour notre duo atypique. Attirant les regards tout au long de la journée, Tenko et Shota ont fini par trouver des sujets intéressants sur lesquels discuter. Enfin, intéressants, surtout pour eux. Sans se souvenir du pourquoi du comment, ils se sont rendus compte qu'ils partagent la même passion : les chats !
Ce sujet pourtant anodin leur a permit de trouver matière à discuter et bizarrement, la journée a découlée plus vite qu'à l'accoutumé. Enfin, il reste encore une atmosphère palpable, dérangeante mais pas incommodante, qui les empêche d'être eux-mêmes. C'est pourquoi, quand ils ont eu fini de parler, le silence pesant est malgré lui revenu. Fort heureusement, après le repas englouti, dont l'absence de certain s'est faite remarqué, Shota a décidé de s'éclipser pour prendre une douche nocturne. Seul moyen pour lui de respirer un peu après cette journée éprouvante autant mentalement que physiquement, mais surtout de pouvoir se laver dans le calme. Avec son atèle au bras ce n'est pas chose aisée, mais autant essayer.
Enfin nu, il rejoint les douches avec hâte, pressé de sentir l'eau couler sur sa peau. Il ressent alors la pression quitter ses épaules au moment même où le liquide le touche, ruisselant sur sa peau parsemé de cicatrice et de tatouage. Rien de tel qu'un moment pareil pour aller mieux. Du moins, après une bonne paire de minute, son silence et son calme sont perturbés par une personne qu'il ne pensait par revoir de si tôt.
- Shota ?
Une petite voix fluette, légèrement endormie, se fait entendre dans son dos. Il se retourne alors vers ce son qui se répercute sur les murs pour atteindre ses oreilles. Dans l'encadrement des douches communes, un corps fin et élancé se tient là, debout, et entièrement nu. Une peau claire, blanche comme la porcelaine, un vrai appel à la luxure pour le noiraud, friand des belles peaux. De légère entailles au niveau des jambes, quelques cicatrices sur les bras, mais dans la tête de Shota tout s'éteint. Il a devant lui le plus beau tableau, la plus belle œuvre d'art qui lui est été donné de contempler. Cette œuvre encore inachevé l'appelle. Il n'a envie que d'une seule chose, d'étreindre ce corps qui lui crie de le dévorer.
Le temps s'arrête et il continue son ascension, passant des genoux aux cuisses, à ces reins, à ce sexe au repos qu'il a envie de voir s'animer, à ce ventre qu'il souhaite embrasser, à ces tétons rosés qu'il veut malmener, à ce cou qu'il souhaite mordiller, à cette paire de lèvres qu'il souhaite enflammer, et à ces yeux dans lesquels il souhaite se noyer. La chaleur commence enfin à monter, et alors que Shota le dévore littéralement des yeux, Tenko est un peu perdue, n'ayant jamais connu un tel regard prédateur sur son corps menu. Il place alors ses mains sur son sexe qui semble tressaillir d'envie, et ne peut que baisser les yeux. Il est désormais la proie du plus âgé qui n'a qu'une seule idée en tête : le faire sien.
S'approchant de lui sans parler, leur respiration haletante d'envie, Tenko recule un peu, un frisson parcourant son échine. Tous deux comprennent que cette atmosphère pesante n'était que l'attirance qu'ils essayaient en vain de dissimuler. Pour Shota c'est nouveau et inédit, de désirer un homme aussi ardemment, mais au vue des rougeurs sur les joues de Tenko, ce dernier semble encore cacher quelque chose.
Quand leur respiration finissent par se mêler entre elles, ils savent que le baiser n'est que le prémisse d'un combat déloyale. La main valide de Shota touche l'épaule dénudée de Tenko, et un courant électrique les transperce. Ils se rapprochent encore, et leurs lèvres se frôlent.
Le baiser n'aura pourtant pas lieu. Arrêté en plein milieu et sans s'éloigner, ils regardent le second duo qui vient de pénétrer les douches. Les quatre hommes se regardent en chien de faïence tandis que les atmosphères se brisent une à une.
Izuku regarde Tenko, Katsuki regarde Shota, et plusieurs mouches volent.
Non sincèrement, le noiraud se dit que la prochaine fois, il ira dormir à la même heure que les autres, ça lui évitera les explications qui vont lui donner la migraine.
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J'avais laissé des petits indices, c'est un ship plutôt intéressant je trouve ^^
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