Chapitre 19 : Cœur isolé
Izuku ne sait pas depuis combien de temps il est entre ces quatre murs. Cette pièce est tellement exiguë, plongée dans un noir intense, qu'il peine à réfléchir sainement. À vue de nez, et aux nombres de repas qu'il a reçu, il dirait trois jours. Ce n'est pas bien long, c'est un fait, mais en isolement le temps s'écoule différemment. Il paraît plus long la nuit, et extrêmement court le jour. Par la petite fenêtre, beaucoup trop haute pour lui, il voit de temps en temps le soleil passer les épais barreaux pour balayer sa cellule. Il ne sait toujours pas de quoi on l'accuse puisqu'il est totalement innocent. La seule et unique chose qui rythme ses journées c'est le bruit du vent dans les fissures, et les coups portés au mur près de son lit fortuite. Son voisin ne hurle pas contrairement aux autres dans les cellules avoisinantes, mais il tape aux murs avant de se coucher, quand les gardiens ne font pas attention, et le matin à l'approche du déjeuner. Les cloisons sont trop épaisses pour espérer commencer une conversation alors le vert lui répond par de petit coup. Il ne peut pas taper fort au risque de se casser un os, et ce n'est pas le moment.
Pour cette troisième journée déjà bien entamée, Izuku est assis aux pieds de son lit, regardant en l'air en direction du seul et unique puits de lumière. Pensif, la vieille couverture autour de son corps, il serre ses jambes à l'aide de ses bras, rapprochant son corps le plus possible. Il tente de se réchauffer comme il peut, ne faisant même pas attention à son repas qui attend au pas de la porte. Une bouillasse grise, une cuillère rouillé et un verre ébréchée, il n'y a pas à dire en isolement les conditions sont drastiques. Il n'a pas à se plaindre, il aurait pu mal tomber et finir dans les bras de Frank. Heureusement pour lui, il est plutôt bien parti. Il lui faut encore attendre quelques heures, dans le pire des cas quelques jours, mais rien de bien dramatique. Après tout, il n'a rien fait pour arriver ici, si ce n'est avoir la langue bien pendue.
Levant les yeux encore plus haut, pensant à ses amis de l'autre côté, il a un petit pincement au cœur. Mon dieu, ce qu'ils peuvent lui manquer. Les bêtises de Denki, les remarques acerbes de Keigo, le regard glacial de Dabi, la galanterie de Yuga, mais surtout les yeux perçant de Katsuki. Que Dieu lui en soit témoin, penser à Katsuki lui retourne les tripes. Ce salaud de blond tatoué à l'extrême lui manque atrocement. L'amour qui lui porte, à la fois incommensurable et impossible à nommer, tente par tous les moyens de l'amener à lui, même dans un moment comme celui-là. Jurant et tapant du poing contre le sol, il retient avec rage ses larmes de couler, l'émotion submergeant son corps. Il commence à devenir sensible, et cette solitude le met à l'épreuve. S'isoler de son plein grés tout en étant entouré n'est pas la même chose qu'être seul sans croiser personne.
Se faufilant dans le vieux drap du mieux qu'il peut, cachant son corps le plus possible, il baisse rageusement son pantalon pour dévoiler sa verge au repos. Lui-même ne sait pas ce qui lui prend, mais la frustration gagne beaucoup trop de terrain à son goût, et le seul moyen de la faire partir est de soulager son corps. N'ayant pas l'habitude de faire ce genre de chose, il est d'abord décontenancé, perdu entre gêne et curiosité. Seul c'est plus complexe de créer une ambiance. Allongé sur le dos, fermant les yeux, une image lui vient en tête tandis qu'il caresse avec douceur son sexe mou. Un torse imberbe et dur, des tatouages exotiques, des cheveux blonds rebelles, des hanches étroites, il ouvre brusquement les yeux en comprenant qui il dessine dans son esprit. Katsuki, encore et toujours. Malheureusement pour lui, émoustillé par ce début de spectacle prometteur, son sexe commence à se tendre tout doucement, signe que le blond ne le laisse pas indifférent. Comprenant que c'est sa seule issue, il referme les paupières et instantanément, l'image du blond à peine peinte refait surface. Cette fois-ci, les traits se dessinent plus franchement. Son sexe épais et long, ses cuisses fermes et musclées, ses mollets, ses fines chevilles, les tatouages sur ses pieds, tout prend un sens. Son visage implacable mais soucieux, sa mâchoire carrée, ses yeux carmins malicieux, son sourire espiègles, et cette langue taquine et chaude. Katsuki est définitivement le plus bel homme qu'il lui est été donné de voir. En plus d'un caractère de chien et d'une gueule d'ange, c'est un corps de dieu qu'il possède et Izuku le connaît sur le bout des doigts.
Imaginant sans mal Katsuki dans les positions les plus obscènes, sur le dos les jambes grandes ouvertes ou bien debout sa main sur son sexe, Izuku tient maintenant un sexe fièrement dressé entre ses doigts. Mordant plus fortement sa lèvre, il commence des mouvements de va-et-vient francs et secs, ne cherchant plus après la délicatesse ou la patience, car le sang dans ses veines bouillent et que ses bourses vont exploser. La délivrance guide ses pas et fait aller son imagination débordante de créativité. C'est uniquement après que la sueur s'est mise à couler, et que son esprit commence à s'embrumer, qu'il comprend qu'il ne tiendra pas aussi longtemps qu'il espérait. Pressant le poing, augmentant la cadence, il retient un cri puissant quand son liquide chaud macule le drap. Il lui faudra quelque coup de poignée en plus pour venir à bout de la dernière goutte. Il essuie sa main salie sur le drap et fait la moue en s'imaginant dormir dans le même drap ce soir.
La main sur le front, maintenant assis en travers du lit, il reprend doucement son souffle. Maintenant que la frustration n'est plus, et que les minutes défilent, c'est ses vieux démons qui refont surface, hantant ses pensées à la place du beau blond. Fichu esprit fragile ! À ce stade, il ne teindra pas une semaine entre ces quatre murs, il deviendra dingue avant.
Se rongeant les ongles, l'esprit à mil à l'heure, c'est le cliquetis des clés qui le sort de sa torpeur. Les bras croisés, repoussant du pied un plateau repas plein, Shoto fait son entrée en fusillant Izuku des yeux qui ravalent difficilement sa salive.
- Tu n'as pas mangé. C'est plus une constatation qu'une question, ce qui ne présage rien de bon pour lui. Repoussant discrètement le drap humide, il fait mine de rien. Bon, je n'ai pas toute la journée moi. Suis-moi. Reculant de quelques pas pour lui laisser l'espace nécessaire pour sortir, le vert est dubitatif.
- Te suivre ? Demande t-il, penchant sa tête de côté tel un petit chiot apeuré.
- Ouais, tu sors de l'isolement, tu as fait tes trois jours. C'est ce dont tu avais besoin pour réfléchir à tes conneries. Izuku baisse immédiatement les yeux. Aller, commence pas à faire ton gamin et sors d'ici. Dit-il en haussant le ton, le visage toujours aussi blasé.
Trainant des pieds, surtout blessé par les mots du gardien que par l'envie de rester, Izuku suit docilement Shoto sans menotte car il n'est pas assez bête pour essayer quelque chose qui lui ferait prendre un risque plus gros qu'une bagarre. En chemin il regarde autour de lui ce long tunnel semblable au couloir de la mort. Noirceur, couleur terne, silence entrecoupé de cris déchirant, voilà l'une des nombreuses facettes de la prison qu'il aurait aimé ne jamais connaître. Poussé par l'envie de quitter les lieux, il ignore volontairement les appelles autour de lui, pressant le pas derrière le gardien bicolore. Enfin sortie, la lumière agresse immédiatement sa rétine. Blanc pur, jaune puissant, le soleil ne lui a jamais paru aussi dévastateur quand cet instant. Chaud et réconfortant, il lui apporte la chaleur dont il avait besoin. Malgré le froid mordant, ce simple rayon lui suffit à aller mieux.
Izuku regarde enfin autre chose que ses pieds et se rend compte que la prison est étrangement calme. Au vue du soleil orangé, il comprend que les détenues sont aux douches ou à la salle de jeu, et que bientôt se sera l'heure du repas, d'où ce silence théâtrale. Longeant les couloirs, il reconnaît son bloc et à presque un immense sourire en arrivant devant sa cellule qui, à son plus grand étonnement, lui a atrocement manquée. Il rentre sans faire d'histoire et ne dit rien quand Shoto ferme sa cellule à clé.
- C'est pas contre toi, mais même si t'as passé quelques jours là-bas, le retour à la réalité peut être brusque. Mieux vaut éviter le contact pour aujourd'hui. Il range les clé dans sa poche et le regarde de biais. On t'apportera ton repas en cellule.
Hochant simplement la tête Izuku le regarde partir tout en s'asseyant sur son lit. Il en crierai de joie en sentant les draps et le matelas moelleux, trois jours c'est beaucoup trop. Il fini par se laisser tomber à la renverse, souriant tel un damné. Il ferme les yeux, pensant immédiatement à Katsuki, mais cette fois-ci il ne les ouvre pas. C'est avec un sourire dévoilant toutes ses dents qu'il glisse sous les draps, fourrant sa main dans son pantalon. Il a le temps de se faire une petite gâterie avant que les autres ne reviennent. Il a hâte de revoir son yakuza, car malgré son désir brûlant, le temps est venu de discuter et de mettre les choses au claire. Alors avant la dispute, autant partir quelque seconde au septième ciel. Il en a grandement besoin.
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Un chapitre plus court qui sert de transition car la suite s'annonce corsée !
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