Chapitre 18 : Une fin proche ?

Pour une longue journée, c'est effectivement une longue journée. Izuku se demande encore pourquoi il s'est levé ce matin. Dans tous les cas, on ne peut pas dire qu'il se soit levé à l'heure, et du bon pied. Il dort tellement mal ces derniers jours qu'il peine à se réveiller puisqu'il tente de grappiller des minutes de plus. Cela n'a pas l'effet escompté puisque, au final, il est de mauvaise humeur toute la journée, en plus d'être sur le qui-vive à chaque seconde. Si il faut résumer ce qui lui est arrivé aujourd'hui, cela risque d'être long. Pour commencer, après ce réveil laborieux, il a mit un temps fou à se préparer avec un délai si cours. Comme il a mit du temps, il a eu les restes pour déjeuner, ce qui l'a rendu grognon pour une bonne partie de la matinée. Mais ce n'est pas tout, l'après-midi il y a plut, et de ce fait c'était impossible de travailler aux champs, encore moins dans les serres puisque le vent était infernal. Le temps qu'il range ses affaires, il a loupé le repas du midi, et quand il a voulu se rendre à la bibliothèque, cette dernière était fermé. Là, il est bientôt l'heure du repas du soir, et il hésite à s'y rendre. La malchance le suit à la trace depuis qu'il a arrêté de fréquenter Katsuki, et il jure qu'il ne comprend pas pourquoi. Après tout, ce n'est pas sa faute si il ne parvient pas à lui faire confiance et qu'il a peur de cette liaison camouflé par un contrat sans nom.

Fermant les yeux pour mieux réfléchir, il se met vraiment à peser le pour et le contre, mais une journée entière sans un vrai repas dans l'estomac n'est pas préférable en prison. Heureusement, il est parvenu à trouver un endroit calme pour alléger son esprit et penser sereinement. Il n'a pas encore croisé le trio infernal, et peu de détenus pour dire vrai. Peut-être se fait-il des idées, mais il a l'impression d'être suivi depuis quelques jours. Maintenant qu'il est seul dans la cour, uniquement observé par un garde, il se demande si il ne devient pas fou. Cet endroit commence à le rendre chèvre, littéralement.

Désireux de se changer les idées, il fini par se décider et se rendre finalement au lunch. Un bon repas le mettra d'aplomb et de bonne humeur, c'est certain. Il ne lui faut pas beaucoup de temps pour s'y rendre, et c'est avec stupeur qu'il se rend compte du monde déjà présent. Il ne cherche pas à trouver quelqu'un, souhaitant simplement remplir son plateau. Ceci fait, il s'installe dans un coin de l'immense pièce, mangeant sans grand intérêt pour son repas. Autour de lui le brouhaha est omniprésent ce qui l'empêche bien évidemment de penser. C'est rare qu'il y ait une si bonne cohésion, surtout depuis ces derniers temps où les isolements et les bagarres font rages. Regardant autour de lui après des têtes connues, il capte un regard bleu perçant. Fumant une cigarette du bout des lèvres, Keigo à ses côtés, Dabi regarde Izuku d'un œil suspicieux. Distinguant son visage de loin ainsi que la table, le vert remarque alors que le fameux trio qui ne le lâche jamais d'une semelle est là, aux côtés des membres de Katsuki. Denki et Yuga parlent et rient sans regarder autour d'eux tout comme Keigo qui est plus occupé à somnoler qu'autre chose. L'ont-ils remarqués quand il est entré ? Lui-même ne les avait même pas vu en entrant. Il se tâte à les rejoindre, jouant avec ses baguettes, mais se ravise en voyant les larges épaules de Katsuki qui, heureusement, est de dos. Seul Dabi, sans émotion sur le visage, semble l'avoir remarqué.

Izuku ne se sent pas déstabilisé puisque, à sa manière, Dabi a toujours été correcte avec lui. C'est juste qu'il ne sait pas comment interpréter son regard indéchiffrable. Le pyromane a toujours été distant et impassible, mais en cet instant Izuku le remercie de ce regard qui le réconforte dans le fait que, au final, il n'est jamais vraiment seul.

Il se remet donc à manger avec un peu plus d'entrain, finissant pour une fois l'entièreté de son assiette ainsi que de son plateau. Une fois que le tout est vide, il se met à siroter son verre d'eau calmement, le tenant des deux mains et regardant les tables se vider peu à peu. Ne souhaitant pas se faire remarquer par le groupe de détenus, il décide de partir avant eux direction la salle de jeu déjà bien remplie. Il part se mettre dans un coin de la pièce, dérobant un livre abandonné sur une table. Note à lui-même, le ramener à la bibliothèque après sa lecture. Le sort s'acharnant sur lui, qu'elle n'est pas sa surprise de retrouver le groupe de yakuza quelques minutes plus tard. Bien dissimulé dans un coin, assis sur une vielle chaise branlante, il les regarde s'installer près du billard pour une partie endiablée. Le livre ne l'intéresse pas plus que de raison, et après une dizaine de page de tourner, il préfère cent fois plus les regarder s'amuser au loin. Keigo, Denki et Yuga ne sont plus là, sans doute à sa recherche. Il regarde donc Eijiro, Hanta, Dabi et Katsuki. C'est rare que le groupe ne soit pas au complet et il se demande une fraction de seconde où sont passés les deux autres. Oubliant ce pourquoi il est venu ici, c'est à dire du temps pour lui, il se met à rêvasser en regardant Katsuki se donner à fond. Voir sa musculature sous cet angle, son sourire de vainqueur et cette pellicule de sueur glisser sur son corps n'est pas désagréable. Izuku remercie le ciel d'être autant invisible. Même les autres groupes ne le remarquent pas, ou alors très peu. Il n'a beau ne plus être avec Katsuki, pour des raisons que très peu savent, il a tout de même était à lui. Ce serait un grand risque que de poser un doigt sur lui. Même le plus fou n'oserai pas.

Bien sûr, dans cette prison des fous il en existe, et pour cause. Les genoux repliés contre son torse, sa tête posée contre sa main, le vert ne voit pas le quatuor avancer vers lui, tout sourire. C'est uniquement quand il lui est impossible de voir devant lui qu'il regarde les quatre corps lui faisant barrage. Il reconnaît sans difficulté Frank, un détenu qu'il avait fini par oublier avec le temps. C'est ce même chauve balafré qui semblait trouver en lui un nouveau jouet intéressant à son arrivée avant qu'il ne termine dans les bras du blond. Il aurait dû se douter que l'information lui parviendrait jusqu'aux oreilles.

Ces trois sbires s'assoient autour d'eux, à bonne distance, alors que lui se met devant lui, sans aucune gêne. Il sourit de toutes ces dents, posant sa main sur sa cuisse sans aucune honte.

- Paraît que t'es enfin libre, bébé. Lui murmure le chauve en approchant son visage trop près du sien. Izuku est partagé entre l'envie de vomir pour l'haleine et l'envie de lui en mettre une pour l'avoir appelé "bébé".

- Hum. Se contente de dire Izuku sans vraiment prononcer un mot, préférant se contorsionner pour continuer d'observer le blond qui ne l'a toujours remarqué. Frank regarde derrière lui et grimace en voyant le yakuza au loin.

- Crois pas qu'il veuille encore de toi. Il t'a eu, il t'a jeté. Maintenant t'es à nous.

Izuku grimace à son tour, lui offrant le plus beau faux sourire qu'il ait en stock.

- Parce que tu crois avoir tes chances ? Frank fronce davantage les sourcils, rentrant dans le jeu du plus petit.

- J'aime ça, tu t'laisses pas faire. C'est encore plus amusant. Il enfonce ses doigts dans la chair de sa cuisse, souriant de plus belle en voyant la grimace sur le visage de Izuku. N'oublie pas qui je suis, petite merde. Tu me dois l'respect.

Izuku baisse les yeux sur sa cuisse qui, à coup sûre, va être marquée pendant quelques jours. Il mort fortement sa langue pour ne pas répliquer, sachant qu'il doit choisir ses mots avec délicatesse en présence d'un rustre tel que Frank. Il pourrait hurler, ça il y pense fortement. Se débattre, lui cracher au visage, mais au fond cela ne lui apportera que des ennuies. Demander de l'aide à Katsuki ? Il ne veut surtout pas revenir dans ses bras et prétexter qu'il ne sait pas se protéger tout seul. Merde, cela ne doit pas être si compliqué, après tout. Préférant user de diplomatie, même si il sait de source sûre que Frank ne sait pas ce que le mot "diplomatie" veut dire, il décide d'entrer dans son jeu, espérant trouver une faille pour s'enfuir.

- C'est vrai, tu n'as pas tord. Devant le visage choqué du balafré, qui ne s'attendait pas à une telle soumission, Izuku poursuit sur sa lancée. Dis moi ce que tu peux m'apporter que Katsuki lui, ne peut pas ?

Il sourit, Frank aussi, et il desserre sa prise de sa cuisse, caressant la peau à travers le tissu. Izuku sent la bille lui monter à la gorge et réprimande un air de dégoût profond. Il faut jouer le personnage jusqu'au bout.

- J'pense que ma grosse bite suffit à ta question. Les trois sbires s'esclaffent, et Frank également. Izuku évite de justesse de rire, ayant déjà vu Frank nu au moment de la douche, il sait pertinemment que c'est l'une des nombreuses choses qu'il devrait envier à Katsuki, et de loin.

- Ah oui ?

- Ouais. Dit-il en mettant sa main sur son engin, fière de lui. Avec moi, tu grimperas au rideau à chaque coup. Izuku se mord furieusement les joues pour ne pas rire et mon dieu, ce n'est pas facile. Il le pensait bête, mais pas con à ce point.

- Et tu penses pouvoir me prouver ça quand ? Izuku se penche volontairement vers lui, bloquant sa respiration pour ne pas ingérer son haleine putride, tandis que Frank lorgne sur lui telle une bête assoiffée et en manque.

- Qu'est-ce que tu dis de maintenant ? Il lui agrippe la nuque avec force et sans prévenir, plaque rudement ses lèvres sur les siennes.

C'est à ce moment que Izuku sent tout son repas remonter ses intestins ainsi que sa gorge, et qu'il se retient tant bien que mal pour ne pas vomir dans la bouche de cet ignoble connard. Sa force est telle que, malgré ses bras et ses coups sur son torse, Izuku ne parvient pas à reculer pour se dégager de sa prise. Ses mains sont alors maintenus par l'un des sbires qui rigolent dans son dos, et c'est assez pour que le vert commence à voir flou, sentant l'un de ses pires cauchemars arriver. Autour d'eux, à cause du monde et du bruit, personne ne fait attention à ce qu'il se passe, au plus grand damne de Izuku qui ne serait pas contre un peu d'aide. Sentir la langue rugueuse et épaisse de Frank forcer la barrière de ses lèvres est la goutte de trop.

Volontairement, il le laisse s'immiscer dans sa bouche, se retenant plusieurs fois de vomir, et au moment où il sent sa chance à porté de main, il referme violemment et avec puissance sa bouche contre le muscle spongieux du balafré. Reculant à toute vitesse, il se lève, faisant tomber sa chaise et Izuku à la renverse. Il maintient sa bouche et du sang commence à s'écouler de ses lèvres. Son regard change du tout au tout, et il devient aussi furieux qu'un animal en cage.

S'approchant avec les yeux noirs, il assène un énorme coup de pied dans le ventre de Izuku qui se tord immédiatement de douleur. Le bruit et la bagarre attire des regards, mais aussi les gardes qui, depuis le poste de contrôle voient la scène se dérouler et envoient des hommes. Le poste étant loin, ils ne seront pas présents dans la seconde et Izuku ne risque pas de tenir aussi longtemps. C'est sans compter sur un sauveur qui voit rouge en comprenant que l'homme à terre n'est autre que son ancien amant.

N'écoutant pas ses propres hommes, il bondit par dessus le billard et accourt vers Frank. Il lui assène un premier coup en plein dans le nez, dans le but de lui fracturer, et un autre dans le menton pour le sonner. Pendant ce temps Izuku est à terre et les sbires en profitent pour le terminer. Eijiro, Hanta et Dabi comprennent qu'ils doivent sauver la mise puisque seul, Katsuki n'arrivera à rien, et que les autres détenus ne souhaitent pas s'en mêler pour ne pas finir en isolement.

Protégeant son visage de ses bras, Izuku sent les coups partir. Ses côtes, son dos, ses jambes, ses parties génitales, rien n'est épargné et il souffre le martyre. Cachant sa tête tant bien que mal, il ne voit pas le blond s'acharner sur Frank, maintenant au sol. Son visage commence à se tuméfier et si il continue dans cette lancée, il finira par le tuer. Hanta et Eijiro s'en prennent alors aux sbires pendant que Dabi retient Katsuki pour lui éviter le pire.

- Je vais le buter, ce fils de chien. Laisse moi le finir ! Il hurle à plein poumon, son visage tordu par la colère et une rage dévastatrice. Voir Izuku au sol, le visage tordue de peur, cela l'a complètement fait vriller. Putain qu'il est con de l'avoir ignoré alors qu'il savait parfaitement qu'il était là. Si il n'avait pas joué au débile, Izuku serait actuellement près de lui à rire gorge déployée, et non au sol à se faire tabasser.

Au même moment, dans la cohue intégrale, plusieurs gardes font leur entrée dans la salle, usant de bâton et de bouclier pour séparer les détenus. Katsuki est prit à parti par trois gardes, Hanta, Eijiro et Dabi reculent la queue entre les jambes, les mains en l'air, Frank est secouru par une équipe de soin, les sbires sont aux abonnés absents et Izuku, lui ne bouge pas. Au sol, du sang sur ses vêtements, le corps grelottant, il est incapable de se relever, la peur le maintenant sur le carrelage. Katsuki regarde, impuissant, l'homme qu'il aime dans la douleur absolue.

- Debout. Lui hurle un garde près de lui. Lève-toi !

Ne parvenant pas à bouger ses muscles, partagé entre peur et douleur, il est soulevé comme un mal propre par deux gardes au regard dur. Il n'est absolument pas traité comme Frank alors que son état est tout aussi accablant. Au contraire, même si ses jambes ne parviennent pas à le maintenir debout, il est trainé à bout de bras en dehors de la pièce.

Katsuki se débat, ne souhaitant que le rejoindre. Il veut le rassurer, l'embrasser. Tous ces putains de sentiments se déchaînent en lui et il est complètement submergés par ces derniers. Ne pouvant que regarder Izuku se faire emmener, il ne sait pas quel sort lui est réservé alors que, selon le blond, il est clairement la victime dans cette bagarre chaotique. Ce dernier s'en veut de ne pas être parvenu à le protéger, préférant s'acharner sur ce porc dégueulasse. Si il avait mit son ego de côté, il aurait fait la part des choses et aurait utilisé son corps pour faire barrière mais non, il a foncé dans le tas sans penser à protéger Izuku. Il s'en veut d'avoir été si bête. Il s'en veut de l'avoir laissé partir. Il s'en veut de ne pas dire à voir haute combien il l'aime.

Tout ce qu'il souhaite désormais, c'est le prendre dans ses bras, et l'emmener loin de cette prison maudite. Il ferme les yeux rageusement, et espère le revoir au plus vite.

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