Chapitre 16 : Des sentiments ?
Izuku est, pour la énième fois de la semaine, encore en train de regarder son entourage en étant dans tout ses états. Depuis l'épisode du cauchemar inavoué, impossible pour lui de dormir sur ses deux oreilles, et encore moins d'offrir à Katsuki son "dû". Son manque de fatigue additionné à son humeur changeante et à sa manie d'esquiver le blond, ce dernier commence sérieusement à en avoir ras le bol. Aujourd'hui encore, après avoir terminé son travail à l'usine, Katsuki pensait retrouver Izuku dans sa cellule ou à la bibliothèque, comme d'habitude, mais ça n'a pas été le cas. Le vert est dans sa propre cellule, enfermé sur lui-même, muet comme une carpe. Comme il garde tout pour lui, et n'aide pas le blond avec son mutisme soudain, Katsuki ne sait pas quoi faire pour l'aider ou quand bien même il essaierai, il voit bien que Izuku ne semble pas prêt à en parler. C'est bien ça le problème des deux amants. La communication, qu'ils soient amants, amis, ou peu importe, ils l'ont négligés dès le début, creusant ainsi un fossé de doute, d'angoisse et de non-dit. Izuku ne veut pas devenir une gêne pour Katsuki, et encore moins être traité de gamin, c'est pourquoi il garde ses histoires pour lui. Ce processus n'arrange pas la situation qui risque de s'aggraver, et pour cause.
Le yakuza est actuellement dans la salle de jeu, là où lui et ses compères se retrouvent souvent pour rigoler et faire passer le temps. Il n'est pourtant pas là dans ce même but. Il rumine dans son coin, jouant de sa main droite sur la table, tout en faisant tourner son briquet dans sa main gauche. Le regard dur, les yeux envoyant des éclairs à quiconque ose le regarder, il est très clairement dans un état de rage et de frustration extrême. Après avoir regoûté au plaisir de la chaire, il est difficile pour lui de garder son calme plus d'une semaine, surtout en voyant passer ce fichu cul devant lui plus d'une fois par jour. Ne sachant pas que c'est ses angoisses qui travaillent Izuku, Katsuki se fait un film monumental. Pour lui, cela ne fait aucun doute, le vert s'est trouvé quelqu'un d'autre. L'idée ne plaît pas au blond, loin de là. Savoir que le vert, que son nerd batifole avec un autre pendant que lui garde son fluide dans ses couilles depuis une putain de semaine, cela l'enrage comme jamais. Si ça continue, ses bourses vont virer au violet à son plus grand malheur. Ce n'est pas le sexe en soit qui le manque, car se branler il le faisait déjà avant. C'est le sexe avec Izuku qui lui manque. Il sait pertinemment qu'ils ont franchis plus d'une barrière, franchissant le point de non-retour. Coucher avec une femme, il pourrait. Toucher un autre homme, pourquoi pas. Mais son esprits ne serait pas en adéquation avec son cœur. Ce fichu organe qu'il a tenté maintes et maintes fois de faire taire. L'impassible, le redoutable et l'explosif Katsuki Bakugo est tombé amoureux de ce nerd aux yeux innocents. Si son clan l'apprenait, il en prendrait pour son grade, il en est certain. Il ne sait pas encore comment agir ni même réagir face à ce sentiment, alors pour l'instant il fait comme d'habitude. Il joue l'innocent et ne change en rien sa façon d'être car au fond, il en a toujours été ainsi et il ne sait pas faire autrement. Jouer à l'amoureux transit, dîner aux chandelles et autre connerie, en prison ou ailleurs il ne sera jamais comme ça.
Soufflant bruyamment, il regarde autour de lui pour se distraire. Ses compagnons sont au travail, et lui il est là, tel un minable à ruminer sa colère pour un nerd qui ne la mérite même pas. Claquant du poing sur la table, il se lève d'un bond non sans ranger son briquet dans sa poche. Il fait résonner ses pieds en les claquant avec force sur le sol, marchant d'un air déterminé. Il ne part pas en direction de sa cellule, mais bel et bien vers celle de Izuku. Il doit encore être en train de chialer comme depuis quelques jours déjà. Si il ne voulait pas être malheureux, il n'avait qu'à pas aller voir ailleurs. Katsuki devrait pourtant le savoir qu'en prison, c'est ainsi que les choses se font. Jamais il n'aurait imaginé Izuku faire de même.
Arrivé dans le couloir fatidique, il pénètre dans les quartiers sans oublier de dévisager quiconque le regarde de travers. Cela a l'effet escompté puisque tous baissent les yeux à son arrivé. Il se dirige directement chez Izuku, faisant reculer le peu de détenus près de la fameuse cellule. Tous savent ce qu'il va se passer, et de loin ils regardent le blond disparaître de leur champ de vision. Pauvre Izuku, se disent-ils.
Katsuki s'approche du lit tremblotant, et sans aucune tact, il arrache l'épaisse couette au corps tremblant. Il récolte un visage baigné de larme, tordu de douleur. Izuku, ne s'attendant pas à la visite du blond, peine à se débarrasser de ses larmes. Il vient définitivement de se faire prendre, et il sait qu'il doit des explications à son amant.
- Alors ça va ? Tu t'es bien foutu de ma gueule ? Ne comprenant pas ces accusations, le vert ne peut que regarder Katsuki avec des yeux ronds, ce qui agace encore plus le yakuza. Te fous pas d'ma gueule putain ! Il hurle, balançant son pied dans une pile de livre qui s'étale sur le sol. Izuku s'apprête à la ramasser, sans comprendre le comportement excessif de Katsuki, mais se fait remettre à sa place. Je t'interdis de bouger ! Il agrippe son bras et lance le pauvre corps affaiblie contre le matelas. Maintenant que t'as pris goût à la queue tu vas voir ailleurs ? L'accuse t-il sans le lâcher des yeux.
- Quoi ? Répond bêtement Izuku en fronçant les sourcils. Mais c'est faux !
- Comme si j'allais te croire ! Tu m'évites comme la peste, et dès que j'te touche, tu t'casses. Il fini par le lâcher, se rendant compte de sa poigne peut-être un peu trop ferme pour le fin corps qu'il possède.
- Mais, c'est pas ça. Dit piteusement le plus petit des deux.
- Alors c'est quoi merde ? Parle ! Il continue de hurler, car la situation l'agace au plus haut point, et que dans cette situation il ne sait pas faire autrement si ce n'est faire exploser sa colère.
- Je peux pas te le dire. Dit Izuku d'une petite voix.
- Comment ça tu peux pas ? Il revient vers lui, plaquant férocement sa main sur sa nuque. Izuku ressent une vive douleur, mais ne se plaint pas. C'est qui ?
Izuku baisse les yeux, ce qui n'aide pas Katsuki à se calmer. Il commence à voir rouge, et regarder Izuku dans un tel état sans savoir le pourquoi du comment l'agace autant que cela lui fait de la peine. Il presse donc plus fort sur sa gorge, comme si les mots allaient sortir ainsi plus facilement de sa jolie bouche. Il voit alors de nouvelles larmes apparaître aux coins de ses yeux, ainsi que son cou se colorer d'une couleur rouge sang. Izuku grimace, mais continue de se laisser faire, abattu. Katsuki, ne voulant surtout pas en arriver là, lâche sa proie et recule de quelque pas. Izuku plaque sa main sur sa gorge endoloris et tousse fortement, essayant de reprendre son souffle.
- Pourquoi tu t'es laissé faire ? Demande Katsuki, perdu.
- Je... Je préfère souffrir de ta main. Articule difficilement le vert. Plutôt que celle d'un autre.
Katsuki se mord violemment la lèvre, regardant ailleurs.
- Alors pourquoi tu m'évites autant si tu m'adore à c'point ? Izuku baisse une nouvelle fois le regard, continuant de masser sa gorge sèche.
- Je ne sais pas. Je... Je suis perdu.
- T'as pas à être perdu. S'empresse de contre-attaquer le blond en revenant vers le vert.
- Je suis pas comme toi ! Hurle à son tour Izuku. J'ai un cœur qui bat, et des sentiments. Je ne peux pas faire semblant.
- Tu insinue que JE fais semblant ? Demande le yakuza en accentuant bien le "je". C'est pas moi qui fait le trouillard en me fuyant depuis une semaine.
- Je ne peux pas faire autrement figure toi. Quand je suis avec toi, c'est bizarre.
- Bizarre ? Répète bêtement le blond.
- Hum. Se contente de dire Izuku en hochant la tête. Mes réactions, mes envies. Tout est bizarre. Je n'ai jamais ressentie ça. J'ai peur.
Katsuki recule encore, collant son dos contre le mur glacé. Il a besoin de prendre ses distances avec le vert.
- Tu as peur de moi ? Continue t-il de demander, ne souhaitant qu'une seule chose, comprendre.
- En partie. Izuku recule également, utilisant la couette comme barrière. Ce n'est pas ton caractère, enfin... C'est peut-être ton environnement, l'endroit qui m'entoure. Puis... Il baisse les yeux, regardant ses orteils. Tu viens de m'étrangler, Katsuki.
Le blond mord sa lèvre à sang, ses poings devenant d'un blanc immaculé. Pourquoi cette situation le fait à ce point chier ? Serait-ce parce qu'il a l'impression qu'il va perdre le vert ?
- Ce n'était pas voulu. Dit-il pour sa défense. J'étais énervé et...
- Katsuki. Commence doucement Izuku. Tu m'as étranglé. Ce n'est pas parce que je me suis laissé faire que je cautionne ça. Cela ne faisait pas partie du contrat. Tu t'en souviens, n'est-ce pas ? Mon corps contre ta protection. J'ai de la chance d'être tombé sur un détenu comme toi, car je sais que tu es clément avec moi, mais j'ai l'impression...
- Qu'on a fait le tour ? Fini Katsuki pour lui.
Malgré la stupéfaction de Izuku, il hoche tristement la tête. Il a passé une semaine à ruminer dans son coin, se posant mil et une question, et il sait que ce n'est jamais facile à dire, mais il le faut bien. Leurs sentiments n'ont pas lieu d'être entre ces murs. Même si les mots sont difficiles à manipuler, ils le sont encore plus à formuler.
- Ce n'était qu'un contrat, après tout. Ici, c'est la prison, ce n'est pas comme si nous étions amoureux.
Cette phrase, prononcé sans arrière pensé, fait malgré tout réfléchir les deux amants. Amoureux. Voilà un terme qui leur est inconnu, et qui pourtant, leur semble bien familier. L'étaient-ils ?
- T'as raison. Katsuki croise les bras, regardant dehors le peu de détenus qu'il reste. Certains jouent aux cartes, d'autres discutent. C'est vrai qu'ici, ils sont des détenus, des criminels. Rien ne peut se passer comme si ils étaient à l'extérieur. Le contrat n'avait pas de duré ou de close, mais ça m'fait chier d'y mettre fin si vite.
- Je sais... Pourtant cela fait déjà plusieurs mois que je suis ici. Tous deux regardent "dehors", comme si ils regardaient derrière eux. La rencontre dans les douches, leur premier baiser, leur premier câlin, leur première fois. Tu sais ce que je regrette le plus ? Demande Izuku sans le regarder.
- Quoi ?
- De ne jamais t'avoir offert mon corps comme je l'aurais aimé. Il regarde alors Katsuki droit dans les yeux, un fin sourire sincère sur le visage, tandis que ses yeux laissent s'échapper de fine goutte salé. Tu m'as fait découvrir bien des choses, et saches que je t'en suis reconnaissant. Merci, Katsuki.
Il tend alors sa main, sans pouvoir arrêter ses larmes de couler. Son visage souriant, torturé par la douleur, son cou encore rougis. Katsuki regarde cette main, sachant pertinemment ce qu'elle signifie, ce que cela signifie si il la saisie. Malgré tout, malgré ces longues minutes, il entrelace ses doigts à ceux de Izuku et tire sur son bras avec toute la force qu'il possède. Il encercle maladroitement ce corps qu'il a tant de fois vu nu, recouvert de morsure et de suçon, et il se saisie de son visage. Il glisse ses doigts sous son menton et avec une tendresse infime, il dépose ses lèvres ensanglantées contre celles de Izuku. Un simple contact doux, un baiser au goût salé, rien de plus. Ce baiser scelle la fin du contrat liant Katsuki et Izuku. Par peur de voir leurs sentiments les briser, ils préfèrent rompre tout contact, au prix de leur cœur. Tout aurait été plus simple ailleurs, car ensemble ils auraient pu refaçonner un monde avec des "si", mais ils sont Katsuki et Izuku, des détenus sans importance dans la société.
- Tu vas m'manquer, sale nerd. Marmonne Katsuki dans son cou, resserrant encore une fois sa prise sur ses reins.
- Toi aussi, Katchan. Ils s'offrent un dernier baiser tendre, comme des amoureux transit, et finissent enfin par se séparer.
Izuku regarde Katsuki avec amour, car c'est exactement de cette manière qu'il le regarde actuellement, alors que ce dernier s'écarte avec difficulté. Le vert regarde le blond s'éloigner, puis sortir de sa cellule sans se retourner, par peur de faire demi-tour et de regretter. Ils savent tous deux que tout le monde aura vent de leur "séparation" d'ici peu, et que l'un comme l'autre devront être sur leur garde. Pas question de s'éloigner pour autant, mais dorénavant, Izuku est de nouveau sur le marché et ça, beaucoup de lions vont le lorgner de loin, tandis que d'autre ne se gêneront pas pour le clamer. Ne l'oublions pas, ici c'est la jungle.
Que va-t-il arriver à notre biche maintenant qu'elle n'est plus protégée par son fauve ? Peut-être qu'après tout, mieux vaut affirmer son amour et en payer le prix plutôt que de laisser derrière nous une personne pour laquelle nous arracherions volontairement notre cœur. Car au final, la douleur est plus supportable que celle de voir la personne que l'on aime souffrir. Mais ça, ils le découvriront bien plus tard, de la pire des manières. Izuku a perdu son seul moyen de rester en vie, et ça, Katsuki le sait pertinemment. Il aura beau garder un œil sur lui, son cœur a beau lui appartenir, ils ne sont plus liés.
Comment leurs compagnons prendront la nouvelle ? Cela aussi, c'est une autre histoire car évidemment, certains verront là une chance en or d'atteindre le grand et effroyable Katsuki Bakugo.
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Et oui, tout n'est pas tout beau et tout rose, ce qui veut donc dire que la suite promet d'être assez sombre ><
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