3. Ils vivent ensemble et ils ont un chien (aww!)
Aujourd’hui Jeonghan n’avait rien envie de faire. C’était souvent le cas mais aujourd’hui plus que d’habitude.
Il était un peu démoralisé, à vrai dire. Peut-être que c’était dû à la pluie qui ne cessait de tomber depuis son réveil ou alors c’était les cris des voisins qui se disputaient encore pour quelque chose d’insignifiant.
Si seulement je travaillais… il n’aurait pas fait grand-chose de sa journée mais il l’aurait fait ailleurs qu’ici, au moins.
« Je hais les vacances… »
Il se coucha au sol, au milieu de son salon et soupira. Il tourna la tête vers sa terrasse ; l’eau l’avait trempé, heureusement qu’il avait rentré ses plantes la vieille (sinon il les aurait probablement laissé se noyer à cause de sa flemme).
Son téléphone vibra, rajoutant plus de bruit à son environnement et il fronça les sourcils.
Qui pouvait bien oser le déranger dans son désespoir ?
[Hé hyung ! On sort au karaoké ce soir, tu viens ?]>
Lee Seokmin ne contactait Jeonghan que pour deux choses : des appels au secours (« comment on fait des pâtes, hyung ? » « Quelle ampoule je devrais acheter pour mon salon ? » « Tu connais un bon toiletteur pour chien ? » « Tu sais comment faire disparaitre un corps ? ») ou des invitations pour faire un karaoké.
Ils se connaissaient depuis le lycée et, bien qu’ils n’eussent pas intégré la même licence, étaient allés à la même université. Ils en avaient vécu des choses ensemble. Ils ne se voyaient plus souvent mais ce n’était pas grave ; l’important était que Seokmin n’oublie pas de l’inviter à son mariage quand cela se fera.
<[Quelle heure ?]
[20h. Joshua hyung et Seungkwan viennent aussi.]>
<[OK. Je serai là à 20h15]
[OK :D]>
Ah, un smiley sourire. Comme celui de… Mr. Choi.
Jeonghan soupira.
Cela faisait une semaine que l’homme lui revenait sans cesse en tête. Il le revoyait à la laverie automatique sous les petites lumières chaudes de la guirlande, ses doux cheveux retombant sur son front et son air enjoué… la manière dont son visage était proche du sien quand ils lisaient ensemble.
Jeonghan grimaça. Il pouvait sentir ses oreilles chauffer.
« Arrête de penser à lui. » ronchonna-t-il en se redressant. Il devait trouver une tenue pour ce soir.
∘◦❁◦∘
Quand on est salarié ou étudiant, ce qui est bien, c’est qu’il y a toujours un moment où on peut souffler. La fin de la journée, les weekends, les vacances ; toujours un moment ou on peut mettre sur pause sa vie professionnelle. Pourtant, il y a une catégorie de personne qui n’est jamais tranquille.
C’est celle à laquelle appartient Kwon Mina.
Celle des harcelés.
Mina n’était pas bien différente de ses camarades. Elle pouvait se fondre dans la masse tant elle était banale. Malgré cela, ils avaient décidé qu’elle n’était pas normale et qu’elle méritait de souffrir ; de voir son repas renversé, sa table de cours vandalisée, son casier forcé, ses vêtements étrangement coupés…
Et tout ça pour quelque chose qui n’avait rien à voir avec elle. Tout ça parce que son père était un détenu.
Mina étudiait dans une école prestigieuse mais ce n’était pas grâce à ses parents.
Sa mère, la personne qui subvenait initialement aux besoins de sa famille, était décédée peu avant sa naissance et son père, un pauvre poissonnier, avait dû se résoudre à pratiquer des activités illégales pour prendre soin de ses enfants. Et c’est quand tout commençait à aller mieux, que la police avait débarqué chez eux pour l’emporter loin de ses enfants.
Mina étudiait dans une école prestigieuse parce que son frère, qui était revenu à la maison après douze ans de vie à la capitale pour prendre soin d’elle, s’était avéré assez aisé pour le lui offrir.
Elle avait été si heureuse quand il lui avait ramené son uniforme et qu’elle avait vu le logo sur la veste. Elle avait été si heureuse quand elle avait rigolé pour la première fois avec quelqu’un de sa classe. Elle avait été si heureuse quand ses camarades de classe s’étaient extasiés devant la longueur de ses cheveux.
Elle l’avait été tellement moins quand l’un d’entre eux lui avait demandé bien fort si son père était bel et bien ce criminel dont avait parlé les médias deux mois plus tôt.
C’est ce jour-là, alors que son habituel sourire joyeux s’était évanoui, que ceux qu’elle croyait ses amis avaient décidé qu’elle serait leur souffre-douleur.
La seule personne qui lui parlait encore, c’était une élève d’un niveau supérieur avec qui elle mangeait. Et c’était grâce à cette même personne qu’elle avait trouvé son petit coin de paradis : l’infirmerie.
Mr. Yoon, l’infirmier était assez gentil pour la laisser rester mais elle ne devait pas trop faire de bruit.
Et pour une raison inconnue, il y avait un certain sens du devoir envers lui qui s’était développé en elle.
C’est pourquoi, quand elle le vit au loin, assis au sol et complétement bourré par un froid glacial, elle laissa tomber l’idée de rentrer vite chez elle pour raccompagner l’homme jusque chez lui.
« Monsieur Yoon ? »
∘◦❁◦∘
« Hyung ! »
Seokmin lui sauta dessus.
« Hyung ! »
L’imita Seungkwan.
Jeonghan sentit son vieux dos craquer.
« Vous voulez ma mort ! » accusa-t-il en se redressant.
Le duo ricana. Quelqu’un posa sa main sur son épaule.
« Au moins, ils ne t’ont pas sauté dessus en même temps.
- Hong Joshua.
- Yoon Jeonghan. »
L’infirmier sourit. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas vu son meilleur-ami.
Ils échangèrent une rapide accolade puis Seokmin les poussa vers le bâtiment qui abritait le karaoké.
« Bonsoir messieurs. Vous désirez une salle pour combien de temps ? » demanda la réceptionniste en souriant poliment.
Jeonghan leva les yeux vers le panneau présentant les tarifs. Les prix avaient augmenté depuis la dernière fois…
« Disons une heu—
- Trois ! » le coupa Seungkwan « L’un de nous viendra régler la différence si on décide de rester plus longtemps. »
Jeonghan aimait chanter. Il adorait ça, même ! Mais trois heures… avec ces énergumènes ? Cela serait à coup sûr une épreuve.
« Ils ont rénové les salles ! » s’extasia Joshua en caressant le nouveau canapé en simili-cuire. « J’adore cette couleur… »
Seungkwan ricana. « Résiste à la tentation, hyung. Mettre de l’argent de côté pour les études de ta fille est plus important qu’un nouveau canapé.
- C’est une drôle d’obsession quand-même. » commenta Seokmin. Jeonghan hocha la tête.
« Digne d’une femme au foyer riche dans un drama. N’est-ce pas, ajumma ? »
Il esquiva de peu la tape de Joshua et se laissa tomber sur le canapé.
« Bon, qui commence ? »
Seokmin se jeta sur l’album et l’éplucha rapidement avant de se saisir aussi rapidement de la télécommande.
« J’adore cette chanson ! » annonça-t-il.
Ils avaient tous fait partie de la chorale de leur lycée ; ils étaient tous des chanteurs et les écouter chanter était toujours un plaisir. Et Jeonghan, était fan de ballade, avait ressenti tant de bonheur quand l’écran du karaoké avait pris cette couleur violette associée aux ballades.
Dommage que cela n’avait pas duré longtemps.
Les premières notes avaient résonné dans la pièce et Jeonghan avait pris une douche froide.
Pas cette chanson… Je hais cette chanson. Foutu chanson.
Il n’était pas un grand buveur. Il n’était pas particulièrement fan de l’alcool mais en buvait quand-même juste assez pour paraitre chic (aux mariages) ou détendu (aux fêtes).
Mais, suite à l’interprétation de Seokmin et parce qu’il n’avait plus le cœur à chanter mais voulait tout de même s’occuper, il avait enchainé les verres et la jeune femme qui ramenait sans cesse de nouvelles bouteilles n’aida pas.
Et donc, au bout des cinq heures passées au karaoké, il était complétement bourré.
Joshua était rapidement parti rapidement car sa fille s’était réveillée et refusait, d’après la baby-sitter, de retourner se coucher sans son père. Seokmin, un Seungkwan coincé sous le bras, avait appelé un taxi pour qu’ils puissent rentrer chez eux.
« On peut demander au taxi de faire un détour pour te ramener si tu veux.
- Nan, ça va aller. Je préfére marcher. » avait-il répondu, la bouche pâteuse. « J’habite vraiment pas loin. Dépêchez-vous de rentrer, vous avez l’air claqué.
- OK… Bonne nuit, hyung.
- Toi aussi, Minnie. »
Jeonghan attendit que le taxi soit hors de portée de vue pour s’assoir au bord du trottoir.
Il soupira. Cette soirée ne s’était pas déroulée comme prévue.
Sa soirée avait été gâchée pour quelque chose d’aussi bête qu’une chanson. Tout ça parce qu’il n’arrivait toujours pas à digérer la rupture avec son ex.
Je me lève dans cinq minutes, pensa-t-il en posant son menton sur ses genoux. Cinq petites minutes…
« Monsieur Yoon ? »
Hé merde, il manquait plus que ça.
Si Mr. Choi apprenait qu’il s’était fait chopper par des élèves complétement bourré, il perdrait son travail.
« Monsieur Yoon, vous dormez ?
- N-non. » il se redressa « Je prends une pause, ma ballade du soir m’a épuisé. » mentit-il. Il jeta un coup d’œil à l’étudiante pour voir si elle le croyait. « Ah, Kwon Mina. C’est toi. »
OK. Fausse alerte. Sa carrière était sauve.
« Aide-moi à me lever, s’il-te-plait. » Elle le saisit sous le bras et tira de toutes ses forces. « Super, merci. »
Avant qu’elle ne puisse s’écarter, il attrapa habilement l’arrière sa manche pour la maintenir en place.
« Je te préviens, si tu dis à qui que ce soit que tu m’as vu dans cet état, je te balance au conseil disciplinaire. » Menaça-t-il. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas fait ça mais il trouva s’en être bien sorti.
Cependant, elle ne réagît pas du tout comme il s’attendait. Au contraire, elle rigola.
« Vous êtes chou. » dit-elle en arrangeant son manteau. « Allez, venez je vous ramène chez vous.
- Quoi ?
- Vous avez vu votre joli minois ? Qui sait ce qui pourrait vous arriver ! »
Quoi ? Quoi ?? Quoi ???
« Je refuse— »
Il manqua de trébucher et elle le rattrapa de justesse.
« Bon, d’accord… » céda-t-il.
Quand il avait dit à Seokmin qu’il ne vivait pas loin, ce n’était pas un mensonge. Ils marchaient depuis cinq minutes et il pouvait déjà apercevoir son immeuble.
« Pourquoi vous avez bu comme ça ? Vous êtes médecin, vous savez que c’est dangereux.
- Je ne suis pas médecin… Et puis j’aurai pas bu si Seokmin n’avait pas chanté cette stupide chanson. »
Mina fronça les sourcils.
« Ça me parait léger comme raison. »
Jeonghan l’imita.
« C’est la chanson que chantait tout le temps ce sa— quelqu’un.
- Rupture difficile, je vois. Je ne pensais pas que quelqu’un comme vous pouvait être célibataire. » elle s’arrêta pour prendre sa respiration. La pente qui menait aux bâtiments résidentiels était plus raide qu’elle ne le paraissait. « Mais bon… vous ne devriez pas boire à cause d’un salaud (« langage, mademoiselle Kwon »), au contraire, vous devriez lui montrer à quel point vous êtes mieux sans lui. Imaginez que ce soit lui qui vous avait trouvé comme ça, vous auriez eu honte. Alors que si vous vous croisez alors que vous êtes bien habillez, mettre de vous-même et heureux, c’est lui qui aura honte. Il se sentira même bête d’avoir—
- Coucher avec la voisine.
- Oh wow… ouais, OK. Il se sentira bête d’avoir couché avec la voisine. »
Jeonghan pinça doucement l’étudiante à l’épaule.
« Arrête de dire des gros mots.
- J’ai juste répété ce que vous avez dit ! » s’offusqua-t-elle .
« C’est pas une raison !
- Yah ! »
Il lui tapa le haut de la tête.
« ‘‘Yah !’’ ?! Respecte tes ainés ! »
Elle fit la moue.
« Vous êtes pas drôle. Si vous continuez, je vous abandonne l—
- Infirmier Yoon ? »
Le duo se tourna vers la nouvelle voix.
Choi Seungcheol se tenait en haut de la pente, les bras croisés sur son torse et l’air mécontent. Son chien, une grosse bête poilue qui fit grimacer Jeonghan, aboya une fois, tirant avec impatience sur sa laisse.
« P-proviseur Choi ! » dirent en même temps l’infirmier et la lycéenne.
L’homme fronça encore plus les sourcils quand il se rendit compte que la jeune femme qui accompagnait son voisin était plutôt une jeune fille.
Il franchit les quelques mètres qui le séparaient des deux et attrapa le bras de Jeonghan qui grimaça.
« Monsieur Yoon ne se sent pas bien, monsieur Choi. » expliqua Mina en grimaçant sous la violence du proviseur. Elle savait qu’il se faisait des idées.
« Vous ne devriez pas ramener un homme chez lui, jeune fille. Rentrez chez vous, je m’occupe de monsieur Yoon. »
Elle hésita à répliquer mais opta pour un retrait stratégique. Elle salua les deux hommes et repartit rapidement en direction de chez elle.
« On rentre. » entendit-t-elle avant de définitivement descendre la pente.
Il faut que je dise ce qui vient de se passer à Bora !
Coucou ! J'espère que ce chapitre vous a plu. Bora est l'amie que Mina a emmené à l'infirmerie au premier chapitre. Elle a la langue bien pendue et c'est probablement de sa faute si toutes les rumeurs circulent.
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