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On nous avais nourri, habillé et éduqué sur ce qu'on avait oublié. La guerre faisait rage, et même si plusieurs pays étaient en jeu, il n'y avait que deux vrais blocs qui se faisaient face, l'Empire et la République de Troka. Les forces militaires n'étaient les mêmes, les idéologies non plus, et l'Empire perdait du terrain en ce moment. Il leur fallait des renforts, c'est ainsi que ... NOUS VOILA ! Nous aidions à la création de nouvelles armes de guerre.
Assigné dans un appartement militaire au dessus d'une pharmacie dès l'après midi passée, j'avais pris mes aises, comme me l'avait ordonné le général Panke. "On ne discute pas dans l'armée, on apprend à obéir aux ordres". Telle était la phrase que je me répétais comme un mantra en me demandant encore une fois à quoi servait bien toute cette mascarade.
J'avais été emballé par l'expérience, mais finalement, il ne s'agissait que de lire à voix haute une sorte de bout de parchemin en concentrant toute notre attention sur le premier souvenir que l'on avait à notre réveil. Evidemment, plus le temps passait, plus ce dernier disparaissait, alors Miss Brit (la scientifique chargée de plusieurs d'entre nous qui avaient choisis l'aventure) nous avait conseillé de le faire dès ce soir.
Nous avions été regroupé par unité de 6 ou 5 sous la garde d'un scientifique (ou une scientifique), qui devait nous observer jour après jour depuis le premier jour de l'expérience. Je ne lui faisais pas confiance, son air mielleux envers nous tous m'hérissait les poils. Les autres semblaient partager mon avis, mais devant leur sourire forcé face à elle, je n'arrivais pas non plus à leur accorder du crédit. Les hypocrites, très peu pour moi ... Il y avait 4 hommes dont 2 qui avaient passé la vingtaine (25 et 56), et 2 autres qui avaient encore des boutons sur la figure (vers 14 ans). La seconde femme était douce et effacée, elle s'était rappelé de son âge exact dès son réveil et n'avait pas honte de le dire : 43 ans. Tous les passages de la vie étaient représentés ... Eux aussi éprouvaient des doutes quant à la finalité de cette expérience ?
Le résultat escompté était plus proche de la foi que de la science, pensais-je en traficotant une mèche noire qui tombait sans cesse de sous mon béret.
De nombreux cultes et peuples vénéraient les esprits, maléfiques comme bénéfiques, et selon la déduction de l'unité, ce n'était pas pour rien. De plus, l'ennemi aurait également tenté des expériences du même type, cela cachait donc quelque chose.
Ils avaient récupéré d'anciennes incantations, avaient étudiés les lois et les conditions adaptées à la naissance de ces êtres surnaturels, et avaient réalisé de nombreux tests pour être fin prêts. Aujourd'hui, ils ne cherchaient qu'à réaliser ce rêve ... grâce à nous. Un peu trop jolie cette histoire mais bon, pouvais-je briser leur espoir de voir apparaître une créature mythique d'un claquement de doigts ?
- Je ne suis ni croyante, ni scientifique ! Protestais-je dans le vide en reportant mon attention sur le fameux bout de papier posé sur ma table de chevet.
Je sentis la fraîcheur dans mon dos, et m'aperçu que le soleil était en train de se coucher.
- Aller, vaux mieux le faire tout de suite ! Demain, j'irai visiter la ville tôt avant de me rendre au centre militaire.
La base scientifique était situé à l'Est d'une grande ville nommé Distene, en l'honneur d'une grande dame qui gouvernait autrefois le château perché au-dessus de la cité. Tous les volontaires s'étaient vu attribués un logement de fonction, les autres avaient trouvés par eux-même, avais-je supposé. Dans tous les cas, nous étions une vingtaine à vouloir aider l'armée qui nous avait sauvé.
Je me mis en tailleur au centre d'un pentacle, avec une sorte de fabrication grotesque d'une statue d'animal sans tête entre mes jambes, comme me l'avais indiqué Miss Brit, et lus attentivement le parchemin dans ma tête en me disant que c'était du grand n'importe quoi. La guerre était si désespérée qu'elle s'en remettait à la magie et aux légendes ?
- Alatys .... Nokuzo ...
Traduction ?
Je commença la première ligne, puis me rappela qu'il fallait me piquer le doigt pour offrir un peu de sang aux esprits avant le rituel. Tant pis, je n'ai presque rien dit, je vais recommencer.
Je recommença tout le processus, pas très à l'aise, puis laissa la statue devenir de plus en plus écarlate au fur et a mesure que je lisais l'incantation et que le bois aspirait mes gouttes de sang, devenant assez confiante en moi. Lorsque je finis, il faisait nuit, je conclus en faisant un signe de la croix sur mon front de mon propre chef, me moquant de leur expérience un peu trop spiritualiste pour moi.
- Aller, au dodo, demain je vais être puni pour ne pas avoir suivi les instructions à la lettre ... mais bon, je pense que je n'étais pas fan des règles dans mon passé déjà.
J'éteignis la lumière et me coucha sous les couvertures.
- Est-ce que ce sera le jeune et mignon stagiaire de Miss Brit qui me corrigera ? Hmmm .... quel doux rêve !
***
La première chose que je sentis en me réveillant me picota le nez, comme de la paille qui me chatouillerait sournoisement. Je me gratta d'une main, chassant cette impression, mais elle revint à la charge, cette fois avec un poids supplémentaire sur ma poitrine. Ne pouvant ignorer cela, ce n'était plus une impression, j'ouvris les yeux pour les poser sur ..... un adorable chaton entièrement noir avec une tache blanche sur l'œil.
- Oooooh ! Mais que t'es beau toi ! M'exclamais-je en me redressant doucement, un peu plus fort que prévu.
Je crus qu'il allait partir, mais il me fixa d'un œil étrange, comme s'il était curieux, et s'assit docilement sur mes genoux. Cependant, lorsque je tendis la main pour le caresser, il grogna. Un chat, c'est pas un chien, non ? Puis je me frappa moi-même pour cette réflexion très intelligente dès le matin. Le chaton me regardait toujours, patient, je me sentis mal sous ce regard intense.
- Alors mon minou, qu'est-ce que tu fais ici ?
- C'est plutôt à moi de te demander ça, humaine. Et ne me touche plus jamais.
Je sursauta et me frotta les yeux avant de les reposer sur un chaton absolument normal devant moi.
- Ouh là, je crois que j'ai mal dormi moi .... Je rêve, c'est sûr.
- J'aimerais bien, dit le chaton plus trop normal maintenant. Mais avant, explique moi ce qu'il se passe idiote !
Attend attend attend .... je viens de me faire insulter par un chaton là ?! Et comment ... comment il parle lui ? Je me tourna vers le cercle d'incantation que je n'avais pas effacé hier soir. Ce serait ....
- Es-tu un esprit ?
- Je ... commença-t-il sans pouvoir continuer.
- C'est pas vrai ! Alors ça marche vraiment ce truc de magicien ??? Mais ... un esprit peut donc ressembler à un chat banal ? M'exclamais-je en un flot continu de paroles sans que ledit esprit puisse placer un seul mot.
Je continuais ainsi, cette fois en l'examinant sous toutes les coutures, je l'attrapais même par les pattes pour le soulever et l'observer en entier. Le chaton n'arrêtait pas de vouloir parler mais j'étais bien trop excité. C'est pas très intelligent de ma part ... Mais il s'est passé tellement de choses depuis hier. Et ça ... ça dépasse toute logique !
- Un mâle donc ? T'a pas l'air de pouvoir donner un coup de main pour la guerre toi ... pensais-je à voix haute.
- Je ... JE T'AI DIT DE NE PAS ME TOUCHER ! Cria-t-il avant de s'échapper de mes mains et de me jeter un regard noir.
Il se réfugia dans un coin de la pièce, et un soupçon de remord me traversa l'esprit ... Mince, j'ai peut être été emporté par mon enthousiasme ...
Le chaton, alors si mignon, même en étant en colère, commença à grandir. J'ouvris des yeux énormes sur sa peau qui se déchirait, son poil qui disparaissait et sur l'ombre menaçante qui l'entoura peu après. A travers cette sorte de voile, je le vis se redresser et se métamorphoser dans un horrible bruit de succion, jusqu'à ce qu'en face de moi, apparaisse une silhouette humaine à genoux.
Aussitôt toute gaieté disparue de mon esprit, c'était comme s'il avait aspiré ma bonne humeur et, avec elle, mon immaturité de ce matin. Il fit d'un coup beaucoup plus froid que la normale, et lorsque des yeux félins se posèrent sur moi, j'entendis alors mon cœur battre à mes oreilles.
- Qui es-tu ? Et qu'es-tu ? Dis-je en avalant de travers ma salive.
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