CHAPITRE 8

NOA

Quelques minutes avant le départ de Cole du bureau de James.

Je suis étendue sur le lit dans la pénombre de la chambre. La lune offrant une lumière naturellement agréable. Je fixe le plafond blanc, appréciant le silence qui enveloppe la pièce, m'isolant du brouhaha de la fête à l'étage inférieure. L'acouphène qui a envahi mes conduits auditifs se dissipe peu à peu. Je suis soulagée d'avoir pu quitter ce cirque bizarre et de mauvais goût. Je me demande toutefois quelle a été la raison de James qui l'a poussé à me retrancher dans mes quartiers.

Je n'ai même pas pris le temps de me changer, le besoin de retrouver mon calme après la vision d'horreur du démon m'a suffit à me jeter sur le lit. J'ai simplement retiré ces foutus escarpins qui menaient à mal mes pieds.

Je ferme doucement les paupières, mais c'est un vrai supplice. Les images que l'être démoniaque m'a fait voir plutôt tournent en boucle dans ma tête. Des corps mutilés et en sang, des cris hystériques à en faire perdre l'ouïe, des membres de l'anatomie humaine exposés un peu partout. Du feu, des êtres brulés vifs, des enveloppes humaines calcinées. J'ai l'impression que ces flammes brûlent à l'intérieur de mes entrailles et que j'en ressens leur chaleur intense. Je suis incapable de me défaire de ces scènes atroces. Je tente tant bien que mal de bifurquer vers d'autres souvenirs, mais mon cerveau s'entête à me repasser le film d'épouvante.

Aucun autre spectre avait tenter cette manoeuvre sur ma personne auparavant. Ce n'est pas plus mal, je ne veux plus jamais l'expérimenter.

Je devrai définitivement en parler à mon compagnon d'esprit dès que j'en aurai l'occasion.

Je me maudit de ne pas m'être risquée un peu plus dans ma tentative d'évasion. Maintenant, je suis de retour à la case départ, toujours prise dans les griffes de James. Il n'y a plus rien qui l'empêche de revenir me chercher pour m'envoyer dans une de ses chambre à la fin de cette soirée. Je tressaille à cette idée. Le viol n'avait jusque-là pas encore été une case cochée dans la liste de mes martyres.

J'ai cette envie d'expulser le contenu de mon estomac qui me parcourt le corps depuis que je suis seule. Incapable de mettre le doigt sur la raison de ce symptôme physique, je me tortille pour tenter de trouver une position plus confortable. La douleur dorsal que j'avais réussi à faire taire a resurgit de plus bel, il y a quelques instants.

Je suis sortie des méandres de mon esprit lorsque j'entends le bruit d'une poignée faire son mouvement d'ouverture. La porte grince légèrement. Quelqu'un est en train de pénétrer dans ma chambre. Est-ce déjà le moment de me rendre à mon ultime supplice ?

D'un coup, je me propulse hors de mon lit. Ma vision se brouille de points noirs. On en profite pour m'attraper par les cheveux et me forcer à m'agenouiller. Je ne peux distinguer mon agresseur.

J'espérais une sortie plus en douceur, disons-le.

On me met des menottes aux poignets derrière le dos, un bout de scotch sur la bouche et un sac en tissus noir sur la tête. Je tremble de peur, on ne me traite pas avec autant de hargne d'habitude. Je tente de rester calme et conditionne, une fois de plus, mon cerveau à ne pas céder à la panique. Ce mode opératoire n'est pas celui des hommes du vieux pervers.

M'a-t-il vendu ? Qui s'est acquis de ma personne ? Est-ce un kidnapping ? Est-ce une autre vie qui m'attends ? Ou Goodman agit-il de cette façon pour me terrifier en espérant un peu de coopération de ma part ? Je sors du déluge de questions qui assaille mon esprit alors que je sens un souffle près de mon oreille.

— Crie ou exprime un seul son et je te tranche la gorge d'une oreille à l'autre, exprime une voix basse, grave et placide qui m'est totalement inconnue.

Comment veut-il que je cries alors que le scotch m'empêche d'évacuer tout son de ma bouche et, par le fait même, m'indispose à respirer correctement.

— Tente quoi que ce soit et je te démembre dans cette pièce en profitant de ta chatte une dernière fois, continue-t-il.

J'écarquille les yeux devant tant d'agressivité. Je sens la pointe d'un métal froid parcourir le long de mon bras. J'en déduis que ce sera l'arme qu'il utilisera pour le faire. Je me raidis à l'idée qu'il l'enfonce dans ma chair.

Sans tarder, il m'impose de me lever. Il me soulève et me pose sur son épaule tel un sac à patate. Je ne tente pas de me débattre et ne fait aucun son. La menace de m'ouvrir le corps étant toujours présente.

Ou est-ce réellement mon échappatoire ?

Cette façon de faire m'indique clairement que tout cela est ma porte de sortie vers mon prochain enfer. Vivement qu'il soit un peu plus paisible et moins tortueux que le précédent. Ma petite joie est vite réduite à néant lorsque je me rends compte que l'on quitte littéralement la villa de mon enfer. Un pincement au coeur se fait sentir alors qu'on me dépose pied nue sur le pavé. La brise fraîche de l'extérieur se frappe sur mes bras dénudés par la robe que je porte.

Et si je me retrouvais dans une situation pire que celle du vieux grisonnant ?

Je n'ai pas le temps de cogiter sur la peine que je pourrai peut-être ressentir. J'entends l'ouverture d'une portière de voiture et on me pousse violemment à l'intérieur. Ma tête heurte quelque chose de dur. Je suis prise d'un vertige, je tente de me redresser lorsque la voiture démarre en trombe.

Dans une vaine tentative de me relever pour retrouver un peu de stabilité, j'essais de retirer le sac de jute qui couvre ma vision. J'entends le clic d'une arme. Je stoppe tous mouvements.

— Si tu retires ce sac de ta tête, tu n'aura pas la chance d'ouvrir les yeux, dit la voix masculine qui me harcèle depuis tout à l'heure.

Je parviens à me hisser en position assise et trouve appui sur l'une des portières. Ma frustration monte lorsque je sens un liquide chaud et épais descendre le long de ma tempe et près de ma paupière. La finesse qu'utilise ces hommes à mon égard est telle un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Le trajet dure plusieurs minutes, avant de s'arrêter brusquement. On m'extirpe de force de la voiture. Une fois de plus, je ne peux toucher terre. Je suis soulevée tel un poids plume par des bras d'une force herculéenne pour me rendre dans un endroit qui m'est encore inconnu.

Mon front dégouline de sueur et de sang, j'ai les symptômes d'un corps en sevrage, mais je n'en connais pas la cause. Pourtant, ma dernière dose ne remonte qu'à trois jours. Habituellement, plus de temps doit s'écouler pour que je commence à ressentir les effets du manque.

Je discerne à travers le voile obscur devant mes yeux les lueurs de l'aurore qui percent la nuit. Je n'aurai donc pas droit au sommeil. Malgré tout, mon corps se maintient en alerte.

Privée de vision, je me concentre sur mon ouïe et les sensations de mon corps. Je me sens descendre un escalier. On tourne à travers ce que j'imagine des couloirs. Puis, une porte en métal grince à son ouverture. Mes pieds retouchent le sol cette fois-ci gelé. La surface est lisse et douce au toucher.

Une main me force à m'asseoir sur une chaise que je suppose en métal, vu son contacte glacé sur ma peau. La porte se referme, mais je ne suis pas seule. Je sens la présence d'âmes humaines, mais je suis incapable d'en déduire le nombre.

On me retire enfin le couvre-chef que je portais depuis un nombre incalculable de temps. Je suis éblouie par la lumière artificielle et la pièce très blanche. Battant à plusieurs reprises des paupières afin de m'habituer à cette clarté soudaine, ma vue reste tout de même embrouillée. La douleur qui martèle mon crâne, n'aide en rien à reprendre mes esprits.

J'ai du mal à distinguer la silhouette postée devant moi. Cependant, je suis certaine que c'est celle d'un homme. Je baisse la tête et fixe le sol pour obliger, en vain, mes pupilles à se stabiliser afin qu'elles retrouvent leur netteté.

— Allez, on se réveille ! susurre une voix masculine près de mon oreille.

Cette soudaine proximité et ce ton sadique me font sursauter. Je l'entend s'amuser de ma réaction à l'arrière. Cette voix ne m'est pas familière et ne ressemble en rien à celle qui m'a kidnappé plus tôt.

Je m'obstine à regarder le sol, je ne veux pas qu'ils perçoivent les émotions qui me traversent le corps. Toutefois, je ne peux éviter cette chaleur qui envahit mon être et fait perlé la sueur sur mon front. Je tente de régulariser ma respiration qui s'accélère malgré moi pour éviter de suffoquer grâce mon bâillon collé sur mes lèvres. Comme si ma chair m'envoyait des signaux d'avertissements. Ce n'est pas l'effet de l'appréhension d'une nouvelle torture, mais quelque chose de physique.

Une aiguille s'enfonce lentement dans la chair tendre de mon cou, les effets sur mon corps sont immédiats à mesure que l'on injecte le liquide. Cette sensation de bien-être est la même que lorsque la Dementia circule dans mes veines. J'en oublie ma peur et focus à le contenir puisqu'il est sur le point d'émerger.

Je ferme aussitôt les paupières. Il est hors de question que je laisse ces inconnus avoir accès à celui qui m'habite. Du moins, pas sans leur avoir donner du fil à retordre. Je veux profiter du fait qu'ils soient en terrain inconnu avec mon être pour les examiner à mon tour. C'est le démon qui m'a apprit cette méthode.

Je l'entends se réveiller. Cependant, la dose est bien trop insuffisante pour permettre à l'être maléfique de me léguer sa force. Il faudra procéder autrement et autant crever l'abcès tout de suite en lui avouant le merdier dans lequel nous sommes.

Salut Démon, commencé-je à demi-soulagée.

Pas de musique ! Est-ce que ça signifie que je peux étriper ce connard ? attaque-t-il comme si personne ne l'avait abordé.

Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, nous sommes dans une situation délicate, annoncé-je plus fermement.

Qu'est-ce que tu veux dire ? Quelle situation délicate ? Qu'est-ce que tu as encore fait ? Tu veux ma mort ? s'indigne-t-il en colère.

Descends d'un ton, tu veux ? Je n'ai rien pu faire, ces types m'ont kidnappé après la soirée. Je n'ai rien vu venir, me défends-je.

— Combien sont-ils ?

— Deux, je crois.

— Qui sont-ils ?

— Je n'en ai pas la moindre idée.

— Bon sang l'Humaine ! Concentres-toi, m'injure-t-il.

— Hey ! Le fantôme. Je fais ce que je peux. Je ne peux malheureusement pas voir au travers des matières. Ce n'est pas de ma faute si on te contrôle avec des claquements de doigts.

Le démon déteste que je l'appelle « le fantôme ». Il s'entête à dire que ce titre le diminue dans son rang hiérarchique, alors je l'utilise à mon avantage pour le ramener à l'ordre. C'est automatique, il flanche ou il mord. En espérant, qu'il reprenne ces esprits pour cette fois.

— Oh ! Ça va. Pas la peine de retourner le couteau dans la plaie, marmonne-t-il d'un ton railleur.

— Bon ! Maintenant, que j'ai toute ton attention, il faut établir une stratégie. Je n'ai aucune idée de ce qu'ils nous veulent et encore moins si nous nous en sortirons vivants.

— Je sens que ton corps est dans un sale état, il sera difficile de s'en servir.

Nous n'avons pas le temps d'élaborer quand je sens une touffe de mes cheveux dans une poigne ferme me faisant lever doucement la tête. Ce n'est pas rude, pour me faire mal. Au contraire, je dirais que le geste est plutôt clément.

J'ai besoin de voir à qui nous avons affaires, lance l'être démoniaque. Alors tu devras plonger dans leurs globes afin que je perçoive la fenêtre de leur âme. J'éviterai le scintillement de tes iris, mais ne provoque rien.

Je ne réponds rien et me prépare à exécuter mon acte. Malgré le peu de drogue que mon corps a reçu, je suis submergée par cette invincibilité que l'être diabolique me procure lorsqu'il m'assiste dans mes pensées. Ma vulnérabilité s'envole et mes idées insidieuses prennent le dessus.

Mon mouvement de tête est stoppé lorsque celle-ci rencontre le dossier de l'assise. Mon faciès est maintenu dans cette position, pointé vers le ciel. Sans attendre, j'ouvre mes paupières, celui à la chevelure brune est à quelques centimètres de mon visage. Je rencontre ses iris d'un bleu qui me rappelle les profondeurs de l'océan et j'y entrevois une étincelle de surprise, il ne s'attendait pas à cette intrusion.

Wow ! Quel canon ! Tu veux vraiment partir d'ici ? s'exclame-t-il plus enjoué que je ne l'avais jamais entendu.

Oublie tes pensées lubriques et trouves-nous un moyen pour nous sortir de cette merde.

Mon acuité visuelle ayant retrouver sa normalité. Je fixe les pupilles sombres qui me surplombent. Elle ne me transmettent rien d'autre que de la dangerosité. J'entends mon démon s'exulter, sans savoir réellement quel en est le motif.

J'admets que celui dont j'ai croisé le regard à la Soirée des Anges est une descendance qui ne peut venir que des dieux. Il est définitivement sexy.

Et voilà je me met à parler comme l'être maléfique maintenant !

Mais son aura insuffle plutôt celle d'un prince de l'enfer. Prêt à tout pour obtenir ce qu'il veut. Ses pores de peaux dégagent « torture et envie de meurtre. »

— Qui appelles-tu le prince de l'enfer ? Dois-je te rappeler que c'est moi le seul prince ici ? m'interrompt mon compagne d'âme.

Je suis surprise d'entendre qu'il ait réussi à intercepter l'une de mes pensés.

— Personne, laisses tomber.

Regarde-toi, ma jolie. Tu fais peine à voir, murmure le brun en longeant ma mâchoire du bout de son doigt.

La peau qui habille mon enveloppe humaine se recouvre de petites perles de chair. Un frisson me parcourt l'échine et je tente de le camoufler.

Comment mon corps peut-il réagir ainsi, dans cette situation merdique ?

Il m'engouffre dans son regard. Je le vois utiliser ces écarteurs sur mes portes d'aciers pour se frayer un chemin vers mon âme. Je lutte à les maintenir closes tandis que la voix de l'autre rugit à travers mon esprit.

— Tu dois résister, petite, sinon nous sommes réellement foutus.

— J'essaie, mais tu vois l'arme qu'il utilise. Une vrai torture.

— Il est très fort, mais ta détermination doit l'être encore plus.

Je me recentre vers le but de cette joute visuelle. Cet homme ne connaîtra pas les mirages qui tapissent mon esprit. Il aura beau être le plus bel apollon, c'est moi qui ait l'avantage. Nous sommes inconnus pour lui.

Un rictus méprisant se trace sur mon visage, malgré la bande collante qui recouvre mes lèvres. Je fronce les sourcils et lui envoi un oeillade qui se veut rempli de volonté à oser me défier. Il se rétracte enfin, poussant, à l'aide de sa main, mon crâne à se remettre en alignement avec le reste de mon corps.

J'observe maintenant l'individu en face de moi, le blond qui m'a forcé à regarder le supplice de l'Intégration. Contrairement à son accoutrement de la soirée, il expose maintenant deux armes de chaque côté de ses flancs, maintenues par des bandelettes de cuir qui remontent à ses épaules. Les manches de sa chemise blanche sont relevées jusqu'à ses coudes dévoilant de nombreux dessins noirs. Je peux finalement distinguer ce qu'il expose sur le côté gauche de son crâne. Un loup d'un bleu qui exprime la royauté en position assise. Il hurle sans sa pleine lune et n'a pas son apparence originelle. Il est plutôt constitué de formes rondes et pointues, ce qui s'apparente le plus à un tribal.

Arrête de le reluquer et concentre-toi, ordonne l'esprit.

Dois-je te rappeler tes paroles concernant l'autre malfrat ? Je ne fais qu'évaluer nos adversaires.

Le gangster me dévisage de son regard sombre. Soit il m'a prise sur le fait lors de mon tour d'observation, soit ma désobéissance ne lui plait clairement pas.

À examiner leur attitude respective, j'en revient à ma question d'il y a quelques heures.

Lequel est le boss ? Lequel est le sbire ?

— Voyons voir si le vieux Goodman nous a tous embobinés, intervient celui posté derrière.

— Je ne vois pas en quoi ce petit bout de chair nous sera utile s'il n'y a pas de démon à l'intérieur, rétorque celui coiffé d'un chignon en retirant une clope de son paquet et l'allumant.

Petit bout de chair ... Attends de voir ce que je te ferai une fois les menottes enlevées ... Tu vas mordre la poussière, connard.

— Allons Nick, ne soit pas aussi dramatique. Je suis persuadé que cette jolie créature nous cache sa véritable nature. Et je te garantis qu'elle la criera sur tous les toits lorsque j'en aurai fini avec elle.

Et ils seront surpris de voir le chaos que je sèmerai sur mon passage, intervient le démon.

Nick ne réponds rien, se contentant de me scruter pour déceler le moindre de mes mouvements. Je ne bouge pas d'un poil, si ce n'est mes orbes qui parcourent la pièce à toute vitesse à la recherche d'un moyen quelconque pour me sortir de ce pétrin. Néanmoins, je constate que l'allure des hommes semble décontractée par rapport à la situation. J'en déduis que cela doit faire partie de leur quotidien ... torturer des gens.

— Commençons par la manière douce, d'abord, continue l'intonation grave à l'arrière.

Je note une pointe d'amusement. Le brun me contourne et s'arrête devant moi. Il s'abaisse et prend entre deux doigts le bout de scotch. D'un trait, il le retire. Une brûlure immerge sur cette zone fragile de ma figure, j'exécute un clignement des yeux pour éviter la larme de dévaler ma joue. Je peux enfin inspirer profondément, remplissant mes poumons d'oxygène qui ne demandaient que ça.

Celui aux yeux saphirs approche à quelque centimètre de ma figure et je peux sentir son parfum empreint de virilité. Je le toise toujours comme si j'y étais indifférente. Lui, me fait découvrir sa curiosité malsaine qu'il éprouve. Comme si j'étais son nouveau sujet d'expérience.

— Alors, ma jolie, dit-nous qui tu es et donnes-moi accès à ton démon, dit le brun d'une voix remplie de charme.

Je ne peux pas nier qu'il sait ce qu'il veut. Il ne tourne pas autour du pot et va droit au but. Par contre, je n'ai pas envie de lui donner ce qu'il veut sur un plateau d'argent. Le trophée en or massif que je suis a besoin d'un peu plus de dévotion.

Mes lèvres restent scellées et je détourne la tête de son oeillade inquisitrice. Je ferme les yeux pour essayer de regagner un peu de paix intérieur pour ne pas attiser les braises de ma rage et faire vriller celui qui se prétend être un prince démon à l'intérieur.

— Très bien. Puisque tu ne veux pas parler, alors autant s'amuser un peu, reprend-t-il avec ce ton sadique comme si chaque mot criait torture.

Il passe à nouveau derrière moi, je perçois le son d'un briquet et d'une cigarette qui se fait allumer.

— Tu veux commencer par quoi, la feu ou la balle, questionne cette même voix qui ne s'adresse pas à moi cette fois-ci.

— C'est toi le patron, lâche Nick sur un rire moqueur.

Alors le blondinet est l'homme de main ...

Il semble bien s'amuser de cette conjoncture. Une ombre s'approche à nouveau de mon oreille et me murmure :

— Toujours pas changé d'avis ?

Je ne cille pas. Ce n'est pas dans mes plans de tout déballer à mon nouveau propriétaire sur de simples menaces, pas tant que je ne connaîtrai celui qui se cache derrière ces desseins de tortures. On m'a soutiré les informations de force la dernière fois, je n'ai pas l'intention de commettre la même erreur. Le démon m'a fait construire cette armure que je revêts maintenant avec facilité. Celle qui ne démontre rien, l'impassibilité pure.

Tu peux me torturer autant que tu veux, aucun mot ne sortira de ma bouche.

Mes longs cheveux sont à nouveau agrippés pour incliner doucement ma tête sur le côté afin de dévoiler la peau de mon cou. Dans un autre contexte, cela aurait pu être sensuel. Je m'égare, malheureusement.

Je fixe celui à la chemise blanche qui m'observe. Je lui retourne son rictus sadique. Il se redresse et son sourire s'efface.

— C'est dommage. Ta peau me donne très envie d'y mordre à pleines dents, susurre le brun sur un ton rempli de luxure à mon oreille. Mais pour l'instant je vais me contenter de faire ça.

Le bout brûlant de la clope à la base de mes cheveux, derrière mon oreille, m'oblige à sceller mes paupières et contracter mes mâchoires au point de m'en briser les dents. Je serre subtilement mes poings tremblants pour contenir la souffrance.

Putain de merde, m'écrié-je à travers mon esprit.

Ne tente rien et focus sur ton avantage, réplique le démon. Tu dois te battre afin de continuer de mener cette danse.

Ma rage monte d'un cran, j'essais de contrôler ma respiration afin de ne pas leur faire paraître l'état dans lequel je suis et exposer le démon. La maîtrise de soi est la clé dans ce genre de contexte.

Sur quel espèce de sadique viens-je de tomber ?

— Toujours rien ? Tu es certaine ? m'interroge-t-il d'une voix qui se veut pleine d'innocence.

Il relâche mes cheveux. J'ouvre les yeux pour constater que le bourreau me fait maintenant face. Les effets de la brûlure se dissipent à mesure que ma colère grimpe devant son air suffisant. Son veston retiré, il roule ses manches de chemise à la manière du blond pour exposer ses encres noires. Mes yeux sont attirés sur un motif de couleur bleu, le même tatouage que celui au chignon exhibe sur son crâne.

— On va accélérer les choses puisque je n'ai pas tout mon temps à t'accorder, menace-t-il, me forçant à abandonner mon étude de celui qui tente de me faire cracher le morceau.

Je suis prête à toute éventualité, même à mourir s'il le faut. J'apporterai le secret dans mon cercueil. Il est hors de question que je me laisse faire. J'ai ce regain de détermination qui me pousse à combattre de plus bel ceux qui intentent à ma vie.

Sans prévenir, il m'empoigne à la gorge et me plaque contre le mur derrière, renversant la chaise au passage. Je pousse un petit gémissement de douleur lorsque mon dos percute le béton. Son étau n'est pas refermé au point d'entraver ma respiration. Je le regarde avec toute la haine que je contiens depuis des années. Il me retourne mes hostilités en tirant une taffe.

Je vois que tu es en train de le percer, constate l'être diabolique fièrement, comme un professeur qui regarde son apprenti.

On dirait que la patience est son vilain défaut, ça me fait penser à quelqu'un, réponds-je.

J'affiche un petit sourire narquois et ça ne plait pas à mon tortionnaire. Il retire son emprise de mon corps et recule d'un pas. C'est à ce moment que je constate sa grandeur, ma tête lui arrive tout juste sous le menton. Je suis obligée d'incliner mon visage vers le haut pour poursuivre la lutte visuel.

— Tu veux jouer à ça et bien, on va jouer, ajoute-t-il en soufflant la fumé de sa clope vers le haut.

Il retire un pistolet qu'il maintenait à l'arrière de son pantalon et me vise. Il enclenche la sécurité, prêt à tirer.

Je déteste les armes ...

Je ne bronche pas et j'affiche toujours cette petite victoire sur mon visage.

— Tire, chuchoté-je sur un ton rempli de provocation.

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Salut !

Alors Cole Lockwood qui kidnappe Noa ... ce n'est pas un tendre...

Qu'est-ce qui attend Noa ?

À bientôt !

Raven 💛

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