CHAPITRE 6
NOA
— Messieurs, s'exclame le bedonnant, dont la table basse sous ses pieds l'implore de la laisser en dehors de cette torture pesante.
Le grand salon devient tranquillement silencieux de conversation et les musiciens cessent de jouer leur mélodie. Tous regardent maintenant le maître de cirque attendant qu'il prononce son discours d'entrée en scène. J'évite de bouger, le moindre de mes mouvements pouvant être maintenant perçu par n'importe qui. Mon plan d'évasion et de répit s'envole.
— Vous me connaissez depuis des années et vous savez que j'adore les surprises, reprend-t-il d'une voix charmeuse remplie de certitude.
Je l'observe zieuter son auditoire en tournant sur lui-même. Des yeux plissés par la malveillance. Un sourire sadique lui pendant aux lèvres. Le mobilier en bois offrant des grincements d'avertissements qu'elle cédera s'il continue son manège. Il se délecte de faire durer le suspense. L'être fané s'exulte de cette autorité sur ceux qui lui mangent à présent dans la main pour pouvoir connaître son nouveau secret.
— Ce soir sera une Soirée des Anges qui s'imprimera dans votre esprit et qui, j'ose croire, sera un souvenir que vous apporterez avec vous dans votre tombe.
Quelques ricanements subtils se font entendre.
— Je suis de ceux qui aiment donner sans toutefois espérer trop recevoir ... Enfin un petit peu, continue-t-il.
La foule masculine s'exclame un peu plus.
De ceux qui aiment donner ... on repassera.
Je commence à appréhender son annonce. Le ton qu'il emprunte fait frémir mes membres. Est-ce que la menace de toute à l'heure était une promesse déguisée ? Il se retourne et son regard se fixe sur ma personne.
J'aurais dû tenter plus fort ma tentative d'évasion, finalement.
Puis, son oeillade glisse vers le reste de ses convives. Je l'étudie avec méfiance. Que prépare-t-il réellement ?
— J'adore vous voir vous tortillez sur vos chaises, impatient de connaître ce que je prépare. Rassurez-vous vous ne serez pas déçus, déclare-t-il sur un ton empreint de mesquineries.
— Doit-on préparer nos flingues ? se moque une voix grave au fond du salon.
— Peut-être ... mais pas pour moi, du moins, confirme-t-il.
La tension dans la salle devient palpable.
— Il y aura un peu plus d'action ce soir je vous le garanti, les âmes sensibles peuvent quitter dès maintenant, nous les humilierons plus tard, s'amuse le vieux.
— Allez Goodman, crache le morceau ! s'écrie une autre voix masculine à l'opposer de moi.
— Impatient ... c'est ce que je disais, répète James en étouffant un rire tandis que la foule s'esclaffe réellement. Vous êtes pour la plupart de bons clients, alors je vous offre, ce soir, l'opportunité d'entrer dans mon univers. Dans celui dont vous ne pouvez vous empêchez d'y plonger vos sales pattes empourprées. Le monde obscur tel que nous le connaissons a changé il y a bien des années pour s'assombrir un peu plus. Les démons nous ont rejoints et nous avons accueillis leur présence tels des dieux qui régissent un peuple. Nous sommes les maîtres chanteurs de ces nouvelles créatures qui sont aujourd'hui à nos pieds.
Il prend une pause dans son monologue, pour faire à nouveau, un tour lent sur lui-même.
S'il croit que tous les démons sont à leurs pieds, ils ont malheureusement tout faux.
Les hommes prennent plaisir depuis des décennies à franchir cette limite frêle qui nous sépare du monde de la mort éternelle. Sans ce soucier des conséquences et seulement pour s'enrichir. C'est à celui qui sera plus fort que son voisin. Pourtant, j'ai le sentiment que le vent tournera et chavirera en défaveur de l'humanité. Les hommes perdront, à quelque part dans cette histoire, cette poigne de fer qu'ils ont sur les démons. Ils jouent avec le feu, mais ils semblent avoir oublié que ce sont les flammes de l'Enfer avec lesquelles ils s'aventurent. Ils ne feront pas que se brûler, ils s'immoleront par un brasier ardent qu'ils auront eux-même créé.
— Messieurs, ce soir, je vous offre une Intégration digne de ce nom, annonce-t-il en faisant une révérence.
Cet être qui régit ma vie est définitivement rempli de surprises. De toutes ses imprévisibilités, celles-ci surpasse toutes celles qu'il m'a fait vivre. Bien que je subisse tous ses sauts d'humeurs sans relâche, je ne me serais jamais doutée qu'il ferait de cet appel au Diable un spectacle au grand publique.
— À partir d'aujourd'hui ce sera chose commune lors des soirées des anges et vous pourrez repartir avec la créature dès la fin de la soirée. Si elle survit évidemment. Comme vous le savez je suis réputé pour mon taux de réussite dans la production de démon obéissant, affirme-t-il, fier comme un paon.
En plus, du champagne pendant qu'on invective un démon d'apporter le désastre, il veut en faire quelque chose de banal. J'aurai tout vu.
Il parle de ses magouilles comme si c'était une réelle entreprise blanche comme neige. Comme si faire subir une possession démoniaque à un être humain devenait un simple élevage dont nous sommes le bétail. Il est vrai que cette activité est très florissante pour James. Nombreux sont les chefs de gangs à lui tendre une liasse de billets en échange d'un spécimen. Par contre, je crois que l'essentiel a été oublié. Les démons sont des créatures dont les ficelles peuvent être facilement sectionnées. La jolie marionnette peut se métamorphoser en une bête abominable incoercible, tout ça en une fraction de seconde.
Le vieux se tourne vers la grande porte derrière lui.
— Qu'on apporte le nécessaire, ordonne-t-il.
Les deux grands panneaux s'ouvrent alors pour laisser entrer deux hommes et une femme. L'un d'eux sue déjà à grosse goûte comme si on l'avait contraint à venir ici. Il porte un habit de prêtre. À y voir son allure, on dirait presque un homme d'église de fortune, déniché je ne sais où. Les autres sont vêtus d'une toge blanche dont la capuche est rabattue sur leur tête dévoilant que très peu leurs traits faciaux. J'entrevois seulement leur bouche.
— Messieurs, je vous pries de laisser l'espace à mon équipe qui procédera au rituel. Si vous voulez bien dégager les canapés vers les murs et vous regroupez en cercle, invite-t-il ses convives.
Sans plus attendre les hommes s'affairent à la tâche. Les êtres de blanc vêtus s'activent à tracer un cercle et des symboles mystérieux sur le parquet à l'aide de sable blanc ou de sel. Le faux-prêtre s'éponge constamment le front avec un morceau de tissus qu'il a au préalable sorti de sa poche. Il récite à voix très basse ce que j'imagine être une prière pour sa propre âme.
Je me suis retirée de l'action, je préfère passer inaperçue dans ce genre de situation. Les hommes de la salle n'ont plus conscience de ma présence et j'en profite. Je reste là à les analyser, adossée au mur du foyer. Ma curiosité est suscitée sur ce qui se prépare. Bien que j'aie subi le rituel d'Intégration, je n'en connais pas pour autant ses préparatifs ni ce qui s'y passe réellement. Je n'en ai jamais été observatrice.
Goodman s'approche aux côtés de l'homme religieux observant les moindres faits et gestes des exécutants. Il pointe la pièce ici et là en donnant ce qui me semble être des instructions. Puis, le mafieux se dirige vers l'une des cages. Il n'y a eu aucune hésitation dans sa sélection, comme si le choix avait été fait à l'avance.
Il déverrouille l'une des prisons près de la fenêtre où je me tenais un peu plus tôt. L'ange à l'intérieur se met à crier de terreur. Elle se débat, son corps maigrichon ne lui est d'aucune utilité contre la prise féroce de mon possesseur. Il traîne la femme en direction de la zone sacrée avec une telle fermeté qu'elle a du mal à mettre un pied devant l'autre.
Arrivés près du lieu recouvert de symboles mythiques, le grisonnant jette la future torturée devant ceux en toge qui semblaient l'attendre. Aucun mot ne sort de leur cavité buccale. Armés de corde et d'un tissus, ils exécutent leur nouvelle tâche. La femme bâillonne celle en sanglot tandis que l'homme lui attache les poignets derrière le dos et les chevilles.
En espérant que tu y survives, ...
Mon palpitant se met à tambouriner ma poitrine. J'ai soudainement cette sensation de mon estomac qui se tord. Mon envie de satisfaire une curiosité malsaine est une bien belle illusion, mais ma conscience revient marteler mes principes pour me faire revenir à la réalité. Je suis sur le point de voir une femme dont le corps sera réduit en miettes. Je ne pourrai certainement pas lui venir en aide, son sort est scellé. La brume dans lequel s'enfonçait mes pensées se dissipe lorsque le mouvement des invités s'exécute plus près de moi.
La pièce maintenant désencombrée, les hommes se rassemblent lentement autour du cercle complété obstruant partiellement ma vision de la scène. Malgré moi, je défie les sensations de peur que mon corps exprime pour m'approcher. Mon besoin de satisfaire ma curiosité étant bien plus puissant.
J'évite d'être en première ligne, je ne veux certainement pas me faire remarquer. Je me positionne donc derrière deux vieilles connaissances, passablement costauds afin que leur sac de chair et d'os m'offrent une protection convenable en cas de débordement lors de la possession. Ils sont suffisamment distancés pour que j'aie tout de même une vue ouverte sur les prochains événements. Évidemment, je suis à l'opposer de James.
Les deux individus en blanc soulèvent l'ange tel un animal que l'on aurait attaché à une broche pour le faire tourner au-dessus d'un feu. Ils la dépose au centre du cercle, prenant soin de la positionner à genou. Elle est face à moi. Elle tremble de tous ses membres, elle est terrorisée. Je ressens sa terreur. Je la connais et je sais aussi la douleur qu'elle subira.
Suis-je réellement prête à revivre tout ça ?
Je sens très vite l'espace à l'arrière de mon enveloppe se combler, m'empêchant de rebrousser chemin. Je m'abstiens de regarder pour ne pas attirer l'attention, mais l'aura qui s'en dégage suinte la dangerosité. Je dégluti en gardant ma figure de marbre. Je ne peux pas céder à l'effroi. J'inspire profondément et j'expire, il faut que j'en fasse abstraction. Je dois me concentrer sur ce qui va se produire, au cas où je n'aurais pas déceler une combine insidieuse du vieux pervers.
Très vite, je sort de mes songes, car une voix près de l'anneau s'élève. Ce n'est pas celle de mon propriétaire, ce dernier s'est dissimulé dans l'amas de testostérone comme le vrai fuyard qu'il est. Mes pupilles se fixent plutôt sur le prêtre, un étrange livre rouge à la main, son autre paume tournée vers le sol. Il se tient à l'extérieur des symboles sacrés, derrière la sacrifié, et récite quelque chose dans une langue que je ne déchiffre pas.
— Daemones, nos audi [1], clame-t-il sur ton solennel.
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[1] « Démons, entendez-nous. »
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J'entends les sanglots étouffés de celle que l'on s'apprête à posséder, son faciès vise le sol.
— Hanc terram calcate ubi vita hominum viget. Ambulate toto orbe terrarum. Adiunge nos vitae procuratori. Dic te missum ab inferis tenentem coronam. Recipe iura tua in hoc sacrificio quod tibi humanitas offert [2], sermone le prêtre.
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[2] « Foulez cette contrée terrestre dont la vie humaine est florissante. Promenez-vous sur les sols de cette terre comme un être à part entière. Soyez des nôtres en tant que régisseur d'une vie. Proclamez-vous être envoyé par celui qui tient la couronne des enfers. Reprenez vos droits dans ce sacrifié que l'humanité vos offres. »
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— Daemones, nos audi, récitent les deux en toge dans un timbre de voix plus bas.
La tête de la femme est subitement envoyée vers l'arrière faisant craquer ses cervicales. Le rite satanique n'en est qu'à son début et j'écarquille déjà les yeux au son. Entendre sans ressentir est très différent. C'est macabre et tragique à la fois.
— Daemon, ingredere in unum quod tibi donum ex humanitate datum est propter aeternam in vita post mortem acceptam. Ne consumas animam illius, qui tibi involucro carnali offert. Utere ad satisfaciendum peccatis tuis.[3]
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[3] « Démon, entre dans celui qui t'es offert tel un cadeau de l'humanité pour l'accueil éternel dans la vie après la mort. Ne consume pas l'âme de celui qui t'offre son enveloppe charnelle. Sert-en afin d'assouvir tes péchés. »
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— Daemones, nos audi, poursuivent les deux costumés à nouveau avec cet fois-ci plus de variations vocales.
Quelques-uns se prêtent au jeu ont dirait.
Le silence s'abat dans la pièce. Puis, une brise venant de nul part se lève. J'appréhende la suite, mais mon inquiétude n'est que de courte durée, car je suis servie d'actions dont mon oeillade ne peut plus se défaire. Mes pieds sont soudés au plancher, me privant de prendre mes jambes à mon cou. Le corps de la femme se projette au sol vers l'arrière. Son anatomie commencent à faire des bruits anormaux. Comme des percussions lors d'un concert, ses os se brisent un à un, partant de ses fémurs jusqu'aux phalanges suivant un rythme constant. Aucun ne semble épargné. Ses articulations sont pliés dans des angles inimaginables tandis l'ange hurle le mal à travers son bâillon ses globes sortant presque de leur orbite.
J'ai à plusieurs reprises entendu un membre de l'anatomie humaine être fracturé, étant moi-même la responsable. Là, c'est autre chose. J'ai l'impression que le corps se rompt à en être réduit en poudre.
Des cris hystériques des autres anges se font soudainement entendre dans la pièce. Mes yeux sont rivés sur le corps qui continue de se plier comme des cure-dents qui se fracturent. J'ai l'impression de vivre chaque cassure sur mon propre corps. Mon cerveau s'affole, il ramène mes souvenirs de cette nuit de souffrance et de tourment. Mes propres os ont mal. Je suis prise de vertiges et mon estomac se retourne, je vais vomir. Je recule d'un pas et ferme les yeux. Mes mains sur mes oreilles, je tente de camoufler les bruits suraigus. Un énorme craquement atteint, en dépit de mes efforts, mes tympans. Sa colonne vertébrale vient de se rompre. Ça y est, j'ai atteint mon paroxysme. Je n'en peux plus, je doit sortir d'ici, car j'étouffe. L'air peine à entrer dans mes poumons. Je bouscule ceux qui se tiennent derrière sans vigilance. J'ai l'objectif de fuir ce théâtre d'horreur, quand une main s'enroule à mon poignet fermement.
— Pas si vite ma jolie. Je ne crois pas que ton maître serait d'avis à t'éviter ce charmant spectacle.
La voix grave qui me percute a exprimé ses mots comme si c'était une évidence. Comme si James Goodman était une connaissance de longue date et qu'elle était au courant de ses moindre faux plis disgracieux. J'oriente mon oeillade pour percevoir celui qui me retient prisonnière. Je reconnais le blond qui était à la fenêtre dans le hall. Il affiche un visage autoritaire et vicieux. À le voir me détailler, j'ose considérer qu'il ne sait pas vraiment qui je suis, hormis la présentation scénique de mon possesseur. Je plonge dans ses émeraudes qui dégagent une âme bien plus sombre et redoutable que je ne l'espérais. Ce ne sera clairement pas mon sauveur.
Un rire court empreint de cynisme me fait dévier les globes oculaires de celui qui me retient. Je constate l'autre individu à ses côtés, celui dont le regard m'a captivé plus tôt. Il n'est pas focalisé sur nous, il fixe la prestation à laquelle tous les autres assistent. Les deux mains dans les poches, il montre un sourire sadique sur le coin de ses lèvres. Il est clairement en extase de ce qu'il voit.
Celui à la chevelure blonde me force à reprendre ma place à mon grand mécontentement.
— Contente-toi de regarder le spectacle, ma jolie, me murmure à l'oreille celui à l'allure de viking en relâchant son emprise.
Je sens les corps des deux gangsters se rapprocher et resserrer leur barricade.
C'est deux-là sont clairement de mèche. Alors lequel est le chef et lequel est le second.
Ils ne veulent clairement pas que je leur file entre les doigts pour une raison que j'ignore. Je suis forcée de rapporter ma vison sur le film épouvantable qui est en train de mal tourner. Le prêtre s'est remis à débiter des paroles incompréhensibles tandis que le corps se tortille toujours. Il est maintenant libéré de ses liens. Les cris de l'ange sont de plus en plus effacés. À mon avis, elle est sur le point de perdre ce combat opposant David contre Goliath. Goliath étant un phénomène empli de perfidie qui ne peut se matérialiser, donc difficile à abattre.
D'un mouvement brutal, le corps s'écrase en étoile, dos contre le sol. Quelques secondes plus tard, le torse de la possédée peu animé se cambre à un point où sa tête est soulevée, à l'envers. Ses yeux roulent vers l'arrière pour ne laisser que paraître le blanc de ses globes oculaires. Cette femme a clairement perdu la bataille et rendu l'âme. Le cadavre culbute à l'inverse brusquement. L'humanité a clairement quitté l'organisme en chair pour quelque chose de meilleur.
Les hommes sont à présent sur leurs gardes. Une main prête à saisir l'arme dissimulée dans leurs vêtements.
Ils savent.
Les paupières fermées se tenant tel un primate, l'enveloppe humaine fait des tours sur elle-même tout en reniflant. Son comportement est animal, me faisant penser à un inférieurs.
On les appelle de cette façon puisque ces humains ont perdu leur combat face à leur adversaire démoniaque. Ils deviennent des bêtes sauvages et n'ont d'autres choix que de vivre dans une cage. Ils sont relâchés seulement en cas de besoin lors d'une guerre. Ils sont assoiffés de violence et ne veulent faire que le chaos. Bon nombre d'entre-eux finissent d'une balle blanche entre les deux yeux, car il est impossible de les contrôler.
Le corps dénué d'humanité s'immobilise devant moi. Ses paupières s'ouvrent pour me fixer d'un regard qui dévoile l'Enfer. Mon coeur bat à tout rompre. Ses iris qui irradient maintenant une couleur jaune ne dit rien qui vaille. Je suis tétanisée. Le démon me fait voir l'autre monde à travers ses pupilles sombres et je n'en décèle que de la dévastation.
Le bâillon tombe de ses lèvres et il se met à crier dans une gamme si aiguë que les cordes vocales de l'ange n'aurait jamais pu l'emprunter. C'est strident au point de m'en faire saigner les tympans. Pourtant, celui qui me possède n'est pas en éveil, mon ouïe n'est alors pas en mesure de capter cette fréquence. Comment est-ce possible ? Je couvre mes oreilles et tombe à genou tellement la douleur est insupportable. Je cris à mesure que le son s'infiltre tel un million d'aiguilles dans mon cerveau. Mon corps s'est recroquevillé sur lui-même. J'ai la sensation que cela dure une éternité lorsque mon supplice cesse abruptement.
Je relève mon haut de corps. Ma vision trouble de perles salées s'éclaircit à mesure que les secondes passent. J'épie mon entourage. Personne d'autre ne semble avoir été affecté par cette attaque. Tous donnent l'impression de n'avoir entendu qu'un cri humain normal.
Un acouphène désagréable envahi mon conduit auditif. Lorsque j'essaie de me relever, mon équilibre imputé m'impose de rester dans ma position agenouillée. Plusieurs questions trottent dans ma tête, mais je n'ai pas le luxe de temps d'élucider le mystère plus longtemps, la créature fonce vers moi d'un pas lent et menaçant. Mes yeux rivés sur les siens, je suis à nouveau soudée, incapable de bouger.
Si ce n'est pas le Diable que j'ai devant moi, c'est certainement un démon aussi puissant que le mien.
Un instant plus tard, les deux hommes devant moi se font écarter d'un revers de la main par la chose que je ne sais plus comment décrire. Il avait été si facile pour elle de renverser la protection humaine que je m'étais pourtant assurée d'avoir.
Malheureusement, ce soir, je suis sans défense. Mes propres poings ne viendront pas à mon secours. Je me glisse vers l'arrière pour remettre de la distance entre ma vie et cette être maléfique, mais je me heurte à de la chair humaine. L'individu fait un pas de plus. Mes paupière maintenant clause pour me couper des abominations qu'il me fait voir, j'entends un bruit assourdissant qui explose le suspense de la pièce.
Un coup de feu.
Mes pupilles toujours dans l'obscurité, j'hésite à leur faire voir à nouveau la lumière.
Lorsque je me décide enfin, j'y vois une dépouille gisant sur le parquet, une balle entre les orbites et une ombre s'échappant par l'orifice. Je reste là à regarder celui ou celle qui me terrorisait, il y a un instant. Une marre de sang s'étale autour de son crâne. Je me demande qu'elle était la raison de cette attaque non-préméditée. Pourquoi le démon m'a-t-il fait voir ces monstruosités ? Comme s'il savait qui se cachait aux côtés de mon âme.
Je reviens à la réalité lorsque le corps féminin est traîné par deux sbires laissant une traînée d'hémoglobine derrière eux. Je me relève tentant de voiler mon corps ébranlé d'une couche d'indifférence. J'époussette d'une main mon postérieur et reprend ma route à l'aveuglette vers la salle de bain. J'ai clairement besoin de me rafraîchir.
Dans ma course, je remarque qu'aucun malfrat se montre curieux à mon égard. Les conversations ont déjà repris entre petits groupes. L'ambiance est revenue à celle du début de soirée. Aucune réaction vis-à-vis cette débandade. Rien de spécial ne s'est produit pour ces hommes. Aucun mort.
Quant aux deux gangsters à qui je me suis heurtée, ils sont à l'opposé de la salle avec nul autre que l'hôte de ce fiasco. Leur échange ne donne pas l'impression de tourner en faveur du vieux débris. James étale une figure dure et semble sur le point d'exploser. Le brun affiche toujours ce foutu rictus sadique. Il fait un signe de tête à son coéquipier qui affiche une mine tout aussi extatique. Le trio se dirige vers une pièce fermée, Goodman s'arrêtant juste avant de passer le cadre pour s'adresser à son garde. La porte se referme.
Au même moment, une main me saisit le bras. Je sursaute discrètement et reporte mon attention sur celui à qui appartient cette paluche. Un autre homme de main du vieux.
— Mademoiselle Evans, Monsieur Goodman requiert que vous regagnez votre chambre, déclare-t-il d'une voix posée, mais glaciale.
Je ne me fais pas prier, j'aspire plus que tout à quitter ce cirque. Au rythme du soldat, je le suis sans broncher. Nous quittons la réception pour retrouver mon repère.
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Salut !
Assez macabre comme cérémonie, vous ne trouvez pas ?
Que prévoyez-vous pour la suite ?
À bientôt !
Raven 💛
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