CHAPITRE 4

NOA

Le lendemain, les rayons chauds du soleil sur ma figure viennent me sortir du monde des songes. Je suis perdue, je me souviens à peine les événements de la nuit. Comme si mon cerveau avait décidé, pendant mon sommeil, de faire une vidange dans les informations qu'il contient. C'est un effet secondaire du Requiem. Je retrouverai probablement les données égarées de mon esprit dans quelques minutes. Toutefois, cela ne m'empêche pas de pester contre ma personne de m'être encore une fois endormie toute habillée de mes vêtements. Je n'ai pas tiré les rideaux et je détestes quand cela m'arrive. Les yeux à moitié ouvert, je balaye la pièce. Aucun autre humain à l'horizon.

Parfait ...

L'air frais du matin qui enveloppe ma chambre me fait frémir, me rappelant qu'aucun vêtement ne couvre mon haut de corps. La douleur vive qui naît dans mon dos lorsque j'essaie de me tourner, vient vite m'indiquer pourquoi je suis dans cet état. C'est telle une lame acérée qu'on traîne sur ma peau déjà lacérée. Je soupire profondément de frustration, le visage enfoncé dans mon matelas pour évacuer le mal. Mes péripéties des heures sombres se remettent en place une à une dans ma mémoire. J'ai réussi à survivre, une fois de plus, à ma nuit de torture.

Un jour de vie de plus ...

Un silence pesant règne dans la pièce ce qui me ramène à ce sentiment de solitude que je tente d'éviter depuis le premier jour de ma capture. Et encore une fois, il n'y a aucun individu pour me venir en aide afin d'y parvenir. Après tout ce temps, il devient évident que plus personne ne se soucie si je suis encore en vie.

Ma force intérieure s'est effritée cette nuit, comme à toutes les fois où je subis ces supplices. Laissant ainsi remonter à la surface ce qui reste de la petite fille fragile. Une poupée de porcelaine brisée dont j'ai de plus en plus de mal à recoller les morceaux lorsque je reviens de cette cave. Quelques pièces étant restées dans cette pièce lugubre, perdues à jamais. La noirceur s'empare de moi. Les émotions refoulées ressortent. Haine. Tristesse. Culpabilité. J'ai bien beau porter le masque de l'indifférence, mais lorsqu'il sort son fouet et m'entaille la peau, ma parure se craque et s'effondre à mes pieds. Je ne compte plus les fois où la torture a touchée mon corps, mais je tente toujours de me relever. Certes, cela ne se fait pas en quelques minutes. Au rythme de la guérison de mes blessures, je reconstruis les remparts autour de mon être afin de le fortifier à nouveau.

Bon sang que je donnerais tout, à ce moment, pour au moins entendre la voix du démon perturber ma conscience. Il est dans un profond sommeil n'entendant aucune des paroles que je hurle dans ma tête. Il a temporairement quitté mon esprit et ce jusqu'à ce que le vieux grisonnant décide de le faire revenir.

À partir de maintenant, je peux prédire que James ne prendra plus aucune chance. Ce sera le Requiem en injection à chacune de mes prochaines sorties, afin que cet incident ne se reproduise plus jamais. Les gardes m'attendront avec la seringue. J'espère vraiment, au fond de moi, que cette fameuse transaction aura lieu demain. Il faut que je sorte de cet enfer, quitte à en vivre un autre et à peut-être en mourir.

J'étouffe un rire jaune à cette pensée. J'ai vraiment besoin de changer d'air. Je me trouve ridicule d'avoir ces idées noires, je suis bien loin de la personne que j'étais. Je suis rendue bien bas. Espérer la mort. Pourquoi ? Je dois continuer de me battre, ces bouffons ne peuvent pas avoir raison de moi.

Je vais donc devoir m'armer de courage seule pour me botter les fesses. Un effort digne d'un super-héros. Je dois me sortir de ce tourbillon de noirceur et reprendre mes esprits. M'enfoncer dans la dépression ne me rendra pas ma liberté. Mes démons émotionnels qui torturent mon coeur à grand coup de lame, doivent se taire. Je n'ai pas l'intention de laisser gagner James Goodman dans cette bataille d'esprit. Ce sera lui ou moi qui prendra le dessus un jour ou l'autre. Je reste debout depuis cinq ans et ce n'est pas aujourd'hui que je compte fléchir les genoux.

Je regarde alors mon réveil qui indique 8h00 du matin.

Génial ! J'ai dormis trois heures ...

En utilisant un langage des plus colorés qui soit, je finis par réussir à m'extirper du lit. Je me dirige vers ma salle de bain, enlève le reste de mes vêtements et entre dans la luxueuse douche. Je compte sur l'eau cristalline pour me remettre sur pied en emportant mes maux avec elle, mais contrairement à l'idée de ce que je m'en faisais, elle n'est pas sans souffrance. J'étouffe des cris de douleur lorsque les gouttelettes ruissèlent le long de mon dos meurtri, mais je préfère ressentir ce nouveau supplice physique plutôt que les blessures qui mutilent mon âme. Le liquide, habituellement incolore, qui coule vers le siphon est teinté d'une couleur écarlate. J'accélère à me laver pour espérer retirer les souillures de mon être, mais je sors de la douche en vitesse incapable d'en supporter une seconde de plus.

Je dois maintenant m'occuper de ces écorchures que je n'ose regarder dans le miroir. Le reflet ne sera pas beau à voir. Il faut que je m'y résoude, il ne m'enverra personne pour me soigner de toute façon. J'attrape alors la petite trousse de premiers soins de mon armoire et commence à soigner les entailles du mieux que je peux.

Je ressors de la pièce quelques minutes plus tard, une serviette autour de mon corps, et des bandages de fortune collés sur le dos, afin de m'habiller. J'interromps ma démarche lorsque j'aperçois trois femmes entrer dans ma chambre. La notion de zone privée n'existe pas ici. On va et vient dans ma chambre comme si on était au supermarché. « Frapper avant d'entrer » s'est aussi volatilisé.

Elles entrent avec un support remplis de vêtements que je soupçonne être des robes. Elles s'installent, prenant bien soin de prendre tout l'espace libre sur mon bureau pour étaler leur attirail. Je les observe les sourcils froncés.

Faites comme chez vous !

Je revêts alors le masque invisible de la fille forte sur mon faciès, dont les coups durs de la bataille l'ont à peine amochés. J'aimerais qu'il y reste en permanence et cesse de retomber. Il est impératif qu'aucun individu dans ce manoir voit les voyants lumineux tels des panneaux publicitaires qui indique les faiblesses de mon être.

— Bonjour Mademoiselle Evans, me dit l'une d'entre-elle avec un sourire des plus chaleureux. Monsieur Goodman, nous a demandé de vous trouvez une tenue pour la soirée de demain.

C'est pas vrai ! ... Il me foutra donc jamais la paix.

— Il a déjà pré-choisi quelques modèle ... Attendez, je vous les montre, continue-t-elle.

Alors, il est vraiment sérieux ... Même après cette nuit ...

Je m'installe sur mon lit, toujours habillée de cette simple serviette puisqu'elles ne me laisseront pas le moment de revêtir quelque chose de plus décent. Leur temps est bien plus précieux que le mien. J'observe les robes que les dames ont en main. Je les balaie une à une de la main pour les refuser. Ce pervers a choisi des modèles tous plus provoquant les uns que les autres. Sans parler de ces couleurs beaucoup trop criardes qui me donnent envie de vomir.

— Dites-moi Madame Smith, vous n'avez pas quelques choses ... disons ... de plus raffiné. Ces robes ne me donnes pas du tout envie ..., déclaré-je en affichant une petite mine déçue pour amadouer la dame.

Un sourire chaleureux s'affiche à nouveau sur son visage. Cette dame émane la douceur des kilomètres à la ronde. Je me demande comment elle en est arrivée à travailler pour le vieux pervers. Elle est à l'opposé du tempérament de James. Grâce aux nombreuses visites qu'elle me rend pour m'habiller, nous avons réussi à bâtir une minuscule relation. Je peux lui faire confiance. Parfois, j'ai l'impression qu'elle me traite un peu comme sa propre fille.

— J'en ai camouflé une au travers, afin que Monsieur ne la voit pas. Elle est exactement selon vos goûts ... enfin j'espère, réplique-t-elle en enlevant une affreuse robe d'un cintre qui en cachait une autre.

Elle sort alors une magnifique robe bleue nuit échancrée sur l'un des côtés. Elle comporte un décolleté qui se termine probablement au bas de la poitrine et le dos est complètement couvert. En plein ce dont j'ai besoin, suite aux frasques de l'être fané. Sans oublier, qu'il ne faut pas trop en dévoilé lors de cette soirée. Après tout, elle sera rempli d'hommes et la luxure sera à son comble.

Je hoche la tête en regardant Madame Smith, lui signifiant qu'elle a visé juste. Je peux toujours compter sur elle pour m'habiller lors des soirées organisées par le mafieux. S'il n'en tenait qu'à James, je serais toujours qu'à moitié vêtue comme si j'allais faire les trottoirs.

Je m'avance vers la robe. Madame Smith me demande d'aller l'enfiler afin de voir si elle doit l'ajuster. Je me précipite alors vers la salle de bain.

Plusieurs minutes plus tard, les trois femmes quittent mes appartements me laissant seule de nouveau. La housse suspendue à la porte de mon placard. Je la regarde, un sourire malicieux accroché à la figure.

James va faire un arrêt cardiaque lorsqu'il verra que je n'ai pas choisi l'une de ses robes, et en espérant qu'il en meurt ... Heureusement que je ne le verrai qu'à la soirée.

__

Dans le jet privé en direction de Miami, 17h00.

Le fameux jour est arrivé. La Soirée des Anges est dans quelques heures. On dirait bien que je n'y échapperai pas. Je suis étendue sur le canapé du jet à écouter le son qui vient à mes oreilles. Regardant un point imaginaire au plafond, je mime les paroles de Burn the House Down de AJR avec mes lippes.

L'hôtesse de l'air vient nous aviser de notre arrivée imminente. Je me sens d'une humeur massacrante. L'inconfort que je ressens des blessures n'aident en rien. Même si je continue de les soigner, malgré le peu de moyens que j'ai, la douleur est toujours aussi vive. J'ai envie d'exploser la tête d'un des messieurs pas commodes que j'ai en face de moi, tout comme j'ai envie de sauter de cette avion.

Je suis toutefois soulagée de l'absence de Goodman. Il était partie la veille préférant faire le trajet en voiture. Je me retrouve donc seule avec deux de ces hommes de main, armés jusqu'aux dents, pour ce court voyage.

J'ai de plus en plus de mal à camoufler les émotions négatives qui se sont emparées de moi depuis hier. La journée précédente avait été longue dans ce silence de mort. Tout ce que je désire maintenant, c'est que cet abîme cesse au plus vite. J'ai soif de provoquer le Diable au point qu'il vienne me chercher avant d'assister à cette foutue soirée. Je prie aujourd'hui mon destin pour que mon histoire prenne un nouveau tournant, sinon je ne donne plus cher de ma peau. Je dois l'avouer, bien que je fais front depuis cinq ans au mafieux, je commence à fatiguer.

Je sens soudainement l'avion entamer sa descente et, quelques instants plus tard, les secousses de l'atterrissage, signe que nous sommes arrivés.

Le pied à l'extérieur de l'avion, la nostalgie s'empare de moi. Cela fait presque cinq ans que je n'ai plus mit les pieds dans ma ville natale. J'adorais cette ville. J'aimerais ne pas la quitter de sitôt. Je ferme les yeux pour apprécier un peu plus ce sentiment d'être enfin de retour à la maison. La douce brise qui fait virevolter les mèches de mes longs cheveux bruns me remplit soudainement d'un bien-être que j'ai longtemps oublié. L'odeur salin de l'océan vient caresser mes narines m'éveillant la tonne de souvenirs qui sommeillaient en moi. Des pensées que j'ai dû enfouir pour me permettre de survivre et d'avancer pour me sortir de ce merdier. Me réfugier dans le passé ne m'était d'aucune utilité dans ma situation.

Miami ... mon ancienne maison ...

Ma contemplation est malheureusement de courte durée. L'un des soldats de James prend bien soin de me rappeler la raison pour laquelle je suis ici et il le fait avec cette délicatesse que lui seul sait employer. Tel un rhinocéros qui fonce sur son ennemi, il m'attrape par le poignet et me jette sur la banquette arrière de la voiture, comme si je n'était qu'un vulgaire objet.

À présent coincée entre les deux colosses, nous roulons vers une destination qui m'est inconnu à ce jour. Je peux à peine bouger. Il m'est impossible de contempler le paysage de ma ville, car je dois impérativement regarder vers l'avant. Si j'ai le malheur de tourner mon visage vers l'une des fenêtres de l'habitacle, une gifle d'une violence, dont je ne veux m'imaginer, m'attend au détour. Je l'ai expérimenté bien des fois, or aujourd'hui je n'en éprouve aucun désir. Le tiraillement que j'endure sous le poids de mon corps appuyé sur le siège me suffit amplement à me rappeler l'existence que je mène.

Le trajet en voiture s'étend sur plusieurs minutes. Suffisamment long pour m'engourdir tous les membres pris en étau. Je continue de regarder un point imaginaire en essayant d'oublier les douleurs de mon corps. Mes pensées divaguent, en passant par la soirée que je suis sur le point de vivre et mon espoir de pouvoir en échapper.

Je suis tirée de mes réflexions lorsque le véhicule s'arrête devant une somptueuse villa italienne. De couleur ivoire, elle repose sur une grande allée de pavé d'un brun-orangé. Une fontaine en marbre trône au centre, imposant aux voitures à longer sa forme en mouvement circulaire.

On me fait signe de sortir du véhicule. L'un des hommes prend mon bagage dans le coffre de la voiture. Une immense porte acajou se dresse devant moi. Sans plus attendre, l'autre homme de main m'empoigne le biceps pour me forcer à le suivre. À l'intérieur, je n'ai pas l'occasion d'observer mon nouvel environnement. Il m'impose de monter l'escalier menant au deuxième étage à un rythme que j'ai du mal à suivre.

Très bien, je découvrirai tout ça plus tard alors !

Après quelques foulés, nous nous arrêtons devant une porte blanche. L'homme vêtue de noir l'ouvre et me pousse à y entrer sans délicatesse. L'autre baraqué me lance mes affaires en visant mon faciès. Je les attrape de justesse.

Mon corps est déjà bien assez abîmé, pas la peine d'en rajouter.

— Tu as deux heures pour te préparer, grogne ce dernier.

Il claque la porte et j'entend le verrou. Les habitudes ne changent pas, même en étant à Miami.

Je fais le tour de ce qui sera mon repère pour quelques heures. Je pose la housse de ma robe et mon sac sur le grand lit puis me dirige vers la fenêtre. Je ne porte aucune attention aux détails de la chambre, car je n'y resterai, selon moi, que très peu de temps. Ce sera Boston à nouveau ou un nouvel enfer dès le lendemain.

Je suis attirée comme un aimant vers l'immense baie vitrée. Des palmiers se dressent sur le paysage verdoyant de la cour extérieure. Le ciel menace de se décharger sur nos têtes à tout moment. D'ici, on ne voit pas la mer. Ce détail me manque. Je tente tout de même de photographier quelques images dans ma mémoire. Je m'imagine briser cette fenêtre pour aller fouler l'herbe d'un vert profond de mes pieds nus.

L'extérieur me manque.

Même si j'ai l'occasion d'y aller lors de mes missions, ça ne dure jamais bien longtemps. Il est difficile d'en profiter lorsque vous avez un compteur au dessus de la tête. Il faut toujours faire au plus vite depuis cinq ans et je n'ai pas le temps de reprendre mon souffle. Je suis épuisée. J'aimerais que le décompte se mette sur pause, l'espace d'un instant, afin de me libérer de mon calvaire. Je ne veux pas abandonner, ma conscience me dicte de continuer à me battre malgré tout.

J'ai espoir qu'un jour je serai délivrée.

La nostalgie d'avoir foulé à nouveau ce territoire ne m'a pas quittée depuis que je suis descendue de cet avion maudit. Les souvenirs heureux, comme les plus douloureux, repassent tel un film dans ma tête.

J'ai toujours été une guerrière face à la vie. Les épreuves, je les affrontes de front, mais mon cerveau s'entête à s'engouffrer dans la noirceur depuis quelques jours. Revenir dans cette ville me rappelle un événement en particulier. La mort de ma mère. Ce qui n'aide en rien à me sortir de cette torpeur.

Ma génitrice s'était battue et était restée digne jusqu'à la fin. Elle avait peut-être perdu le combat contre sa maladie, mais elle ne s'en était pas pour le moins apitoyée sur son pauvre sort. Avant de partir, ses douces paroles avaient remplit ma jauge de courage afin que je puisse passer à travers les épreuves que j'affronterai dans ma vie. J'étais effondrée à l'intérieur, mais je m'efforçais à la rassurer devant son imminent départ. Je n'avais que 12 ans.

Je ferme alors les yeux pour me remémorer ses traits faciaux. Je revois son dernier sourire avant que l'on se quitte à jamais. Avec le temps, la fissure profonde de mon coeur, que son absence avait créée, s'est colmatée. Le manque est toujours aussi présent, mais il se fait de plus en plus vivable. Toutefois, aujourd'hui, j'ai le coeur lourd à l'idée qu'elle ne peut plus être à mes côtés. J'ai les larmes qui menacent de dévaler mes joues. Je me demande ce qu'elle peut bien penser de sa fille en me regardant du haut de son nuage. Elle serait bien déçu de voir ma dégringolade. Ma dignité en a prit un sacré coup.

Désolé maman ...

Au même moment, une lueur de l'astre solaire se faufile à travers le ciel grisonnant et vient directement m'envelopper de sa chaleur. J'ai l'impression que c'est ma maman, comme si mes pensées l'avait fait revenir. Je ne crois pas nécessairement aux divinités, bien que j'aille un démon qui partage mes idées, mais j'accueille cette manifestation de la nature. C'est comme si elle était près de moi. Un petit sourire apparaît sur mes lèvres.

Elle ne m'a peut-être pas abandonnée après tout.

Je m'imprègne de l'énergie qui émane du rayon solaire. Je dois à tout prix me déshabiller de cette déchéance qui m'est collée à la peau et revêtir la Noa qui se trouve auprès de mon démon. Celle dont l'invincibilité relative circule dans ses veines.

Je me dirige d'un pas décidé vers la salle de bain. Au lavabo, je m'asperge d'eau glacée comme dernière tentative pour obliger mon cerveau à chasser l'obscurité dans lequel il s'enfouit. J'ai un nouveau combat à mener ce soir et je n'ai pas l'intention de me laisser faire. Ces hommes n'auront pas droit à mon corps comme une poupée gonflable pour soulager leurs envies malsaines.

Je constate mon reflet dans le miroir. Ce n'est pas la plus belle vision que j'ai eu de moi-même. J'ai des valises sous les yeux et les marques des doigts de James sont encore bien visibles sur mon cou. Heureusement que le maquillage existe. Je saute dans la petite douche et me savonne en vitesse. Abréger mes souffrances sont les mots d'ordre depuis cette nuit de torture. Je me dépêche de sortir pour m'entourer de la serviette blanche qui m'attend sur la vanité. Une fois dans la chambre, je reprends la trousse que j'avais déposé dans mon sac et je tente de remettre des bandages pour éviter que les blessures ne tachent ma robe de soirée. En retirant la serviette, je constate les traces encore rouges vives qui ont imprégnées le tissus. Mes lésions ne sont pas prêtes de se refermer. Je me fous de ce détail et passe à mon habillement. J'enfile des sous-vêtements et ma robe puis, me dirige vers le miroir de la salle de bain pour passer au maquillage et à la coiffure.

Je prends soin de camoufler les marques non-désirées sur mon épiderme pâle à l'aide de fard et de poudre. Je me fais des yeux charbonneux pour mettre en valeur le vert naturellement éclatant de mes iris. Je teinte mes lèvres d'un rosé subtile. Je coiffe mes longs cheveux bruns en les ondulant légèrement et je les laisse retomber. Mes cheveux détachés camoufleront mes écorchures au cas où les bandages ne suffisent plus. Je renvois un côté de ma chevelure soyeuse vers l'arrière pour laisser à la vue mon oreille qui porte plusieurs bijoux.

Une fois préparée, je contemple le reflet de ma silhouette au travers du grand miroir qui se trouve près du lit. On y voit que du feu, aucune marque n'est apparente. Ma silhouette mince et mes longues jambes sont mises en valeur grâce à la robe. Mes yeux affichent un regard perçant. Retrouver cette image de moi m'apporte un peu de réconfort. Je reprend possession de cette femme fatale que j'incarne depuis mon départ du monde « normal ». Il faut l'admettre Mère Nature m'a bien gâté niveau physique.

Je me sens à nouveau un peu plus confiante qu'à mon arrivée. Il me reste qu'à me convaincre que je peux enfiler le masque de l'indifférence pour la soirée. Les émotions se bousculent à l'intérieur de mon âme. Elles veulent toutes être en première ligne, mais je dois me résoudre à les dissimuler. Cette soirée peut être toute aussi dangereuse pour ces filles emprisonnées que pour moi. Il me faut rester en alerte.

J'enfile mes escarpins pour la touche finale et j'attends patiemment qu'on ouvre cette porte.

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Hey !

Un nouveau chapitre qui s'ajoute ! Qu'en pensez-vous ?

Qu'est-ce que cette soirée réserve à Noa ?

À bientôt !

Raven 💛

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