7. Là est ta place, ordure.
Nerveusement, je faisais les cent pas dans ma chambre. Trois jours étaient passés, et je n'étais pas sorti de la pièce. Je ne pensais qu'à Lili. A Lili et à mon baiser. Je m'en voulais énormément d'avoir ainsi profité de son état de faiblesse et de bouleversement, mais je ne regrettais pas d'avoir pu goûter enfin à ses lèvres. J'étais terriblement partagé entre le remord et l'impatience de l'embrasser de nouveau.
Mais pour l'embrasser de nouveau, encore fallait-il la revoir. Et je n'avais pas osé retourner dans la taverne. J'avais trop peur qu'elle me renvoie. Et elle aurait toutes les raisons de le faire après mon comportement impardonnable. Je me passai une main sur la figure, avant de soupirer. J'allais tout de même y retourner. Et si elle me renvoyait... Je tenterais de me rattraper. Peu importait comment.
Mais avant de la retrouver, j'avais quelque chose à accomplir. Je devais la venger. Jamais ce Jean n'aurait dû poser les mains sur elle. Et il allait le regretter. Déterminé, je m'emparai d'un poignard, posé sur ma pile de vêtements miteux. Je vérifiai du pouce s'il était bien affuté, avant de m'habiller, satisfait. Lili n'aurait plus jamais peur de ce minable.
Une heure après, j'étais posté dans une ruelle sale et malodorante. Dissimulé dans l'ombre d'un porche, j'attendais Jean. Mes hommes, qui l'avaient suivi sur mes ordres, m'avaient rapporté qu'il passait tous les soirs par cette petite rue isolée. Il était toujours seul. Et cela m'arrangeait grandement.
Pour l'instant seul, je sortis mon poignard, passant machinalement mon pouce sur la lame. J'étais presque impatient de la plonger dans le corps de cette ordure. Patient, je vis quelques personnes éméchées passer, mais aucune n'était Jean. Mais ce n'était pas grave, je pouvais l'attendre toute la nuit s'il le fallait.
Un sifflement joyeux retint mon attention. Ce minable sifflotait toujours en rentrant chez lui. Comme s'il avait déjà oublié qu'il avait tenté d'abuser d'une jeune femme il y avait seulement trois jours de cela. Cette mélodie attisa la haine et la rage en moi. Il méritait vraiment la mort. Peut-être que Lili n'était pas la première femme à tomber entre ses griffes. Si c'était le cas, elles seraient elles aussi vengées.
Je le vis s'approcher inconsciemment de moi, son visage éclairé rarement par les quelques lumières provenant des fenêtres des bâtiments. Mais lui ne me voyait pas. Je le laissai me dépasser légèrement, avant de sortir de l'ombre. Vérifiant que personne ne nous voyait, je l'attirai à moi en plaquant une main sur sa bouche. De l'autre, je lui mis le poignard sur le cou en sifflant :
« - Un seul mot et tu es mort. »
A la vérité, son sort était déjà scellé. Mais je n'étais pas contre quelques précautions.
Le sentir trembler de terreur contre moi me fit ressentir un plaisir infini. Ainsi, il avait peur ? Ce minable avait peur ? Eh bien il avait raison. Le cœur vide de regrets, je lui murmurai à l'oreille, m'amusant à promener ma lame le long de son cou :
« - T'es-tu déjà imaginé ce que pouvait ressentir une femme lorsque l'on tente d'abuser d'elle ? Oh non, bien sûr que non. Tu t'en fiches. »
Ma voix se fit frémissante de colère lorsque je lui déclarai :
« - Mais jamais tu n'aurais dû toucher à Lili. Tu as commis la pire erreur de ta vie. Alors... »
J'écartai mon arme de son cou, pour la plonger vivement dans son dos. Le hurlement de cette ordure fut étouffé par ma main. Et je lui soufflai à l'oreille :
« - Cela, c'est pour avoir osé l'approcher. »
Une deuxième fois, je le poignardai dans le dos, avant de déclarer :
« - Cela, c'est pour avoir osé la toucher. »
Ses tremblements avaient redoublé d'intensité, tandis qu'il pleurait et gémissait de douleur. Implacable, je lui murmurai :
« - Et cela... C'est pour avoir voulu abuser d'elle. »
Je plaçai la lame sous son oreille gauche, et d'un geste assuré et froid, je l'enfonçai dans son cou pour l'égorger consciencieusement.
Je le laissai retomber au sol comme une vulgaire poupée de chiffon, et essuyai le poignard sur sa chemise. Satisfait, j'eus un dernier regard méprisant pour le corps, avant d'ôter ma veste tachée de sang et de la jeter sur le corps. Je crachai sur le cadavre de cette ordure, murmurant avec un certain plaisir :
« - Là est ta place, ordure. Dans la saleté et parmi les ordures. »
Je vérifiai que je n'étais pas taché, puis m'éloignai rapidement. Lili était vengée.
Je cachai l'arme dans ma botte, avant de mettre mes mains dans mes poches et de siffloter, l'âme plus légère. Maintenant, je pouvais retourner la voir. Je ne mis pas longtemps à retrouver la taverne. A la lumière d'un lampadaire, je vérifiai que j'étais présentable, et me recoiffai nerveusement. Puis, je poussai la porte.
Malgré l'heure avancée, la taverne était à moitié remplie d'ivrognes en quête d'un dernier verre. Ecœuré par tout cet alcool, je m'avançai vers le comptoir, cherchant Lili dans la foule. Mais la seule personne que je reconnus fut Betty. Dès que celle-ci me vit, elle écarquilla les yeux, avant de se précipiter vers moi pour m'agripper par le bras. Elle me traîna jusqu'à un coin plus calme, et eut pour moi un regard si sombre que je crus qu'elle allait m'éclater la tête contre le mur :
« - Comment avez-vous pu laisser Lili ainsi ?! Après l'avoir rassurée après ce qu'elle a vécu, vous êtes parti comme ça ! Mais... Mais vous êtes un monstre ! »
Elle frappa mon torse, avant de pointer un doigt furieux vers moi :
« - Vous auriez pu rester, la seconder toute la nuit ! Et ne me dîtes pas qu'elle ne vous intéresse pas, je ne vous croirais pas. Alors pourquoi êtes-vous parti nom de Dieu ?! »
Je compris avec un temps de retard que Lili ne semblait pas lui avoir parlé de mon baiser. Et pour une raison inconnue, je sentis mon cœur se réchauffer, un peu comme si elle ne me rejetait pas. Si vraiment elle m'avait détesté, elle en aurait bien sûr parlé à sa plus proche amie, Betty.
Alors je retins un sourire pour secouer la tête :
« - J'étais... Furieux après cet homme. Et j'ai crains de ne pas pouvoir me contrôler, et de soit m'emporter, soit...
- Soit quoi ?! »
Betty eut un regard peu amène pour moi qui m'enjoignit clairement à continuer. Alors je décidai de lui avouer :
« - Je... En réalité... Je l'ai embrassée. »
La bouche de Betty s'entrouvrit de stupeur. Amusé de sa réaction, je murmurai :
« - C'est pour cela que je suis parti. Je ne supportais pas d'avoir... Profité en quelque sorte de Lili. Elle était terrifiée après ce que ce... Cet homme lui avait fait, et... Et j'avais profité de sa faiblesse pour l'embrasser. »
Betty cligna des paupières, avant de souffler :
« - Vous... Vous avez embrassé Lili ? »
Elle changea soudain d'expression. Son visage afficha une mine joyeuse, et elle sautilla sur place, comme surexcitée :
« - Oh, Seigneur ! Enfin, je me demandais combien de temps vous alliez vous tourner autour comme ça ! Enfin vous avez osé ! J'avais bien vu qu'elle vous plaisait, Lili, et vous étiez le premier homme aussi respectueux et sincère à l'approcher. Je l'ai su dès le début ! »
Sa dernière phrase me fit tiquer, mais je restai muet. Oh non, je n'étais pas sincère lors de notre première rencontre. Et je ne l'étais toujours pas. Mais il était hors de question que je l'avoue. Alors j'étirai un sourire crispé, et acquiesçai :
« - Oui, je... Je l'ai fait, mais... J'ai eu peur de sa réaction, alors... J'ai préféré la laisser seule.
- Mais vous êtes complètement stupide ! »
Elle me frappa encore une fois :
« - Elle avait besoin de vous, et vous êtes parti après l'avoir embrassée ! Mais quel nigaud ! Dire qu'à cause de vous et de votre lâcheté, ça fait trois jours que ma Lili désespère seule chez elle... »
Mon cœur se serra de peine. Trois jours ? Je pensais qu'il n'y avait que moi qui était dans un tel état ! En croisant mon regard, Betty eut un air intelligent :
« - Bien sûr, vous ne pensiez pas que Lili aussi... Elle en pinçait pour vous. Eh bien, quelle paire de bêtas... Bon, allez, attendez-moi jusqu'à la fermeture. Il est temps de réparer votre erreur, gros nigaud ! »
***********
Hey !
Bon, eh bien le problème "Jean" est réglé...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top