24. J'ai été si stupide de me comporter ainsi, pardonne-moi !
Je claquai la porte de ma chambre, avant de la verrouiller. Là, lorsque je fus sûre que personne ne pouvait me voir, j'éclatai en sanglots. Je titubai jusqu'à mon lit, et m'y effondrai en pleurant. Je ne voulais plus sortir de ma chambre, je ne voulais plus croiser cette vipère d'Adeline, ni ces courtisans odieux, ni même Guillaume ! Il avait promis de m'aider, de m'épauler durant cette soirée, mais n'avait rien fait ! Il m'avait laissée seule, à la merci de cette femme !
De violents sanglots me secouèrent. Je n'étais pas du tout à ma place ici. J'aurais dû le comprendre bien avant, mais j'avais cru à des illusions. Comment pouvais-je être à ma place dans ce monde de maîtresses prêtes à tout pour reprendre leur place, de courtisans imbus de leur rang, et d'étiquette, de convenances ?
Avec des gestes rageurs, j'ôtai les bijoux offerts par Guillaume, avant de défaire ma coiffure. Je tirai sur les pinces, m'arrachant des cheveux, mais finis par réussir à dérouler les tresses et mèches de cheveux. Les mains tremblantes, je me déshabillai, avant de jeter les vêtements dans un coin de la pièce. En chemise, je me blottis dans mon lit, de nouveau secouée par les pleurs. J'avais été si stupide, de penser pouvoir me mesurer à ces gens !
Je sursautai en entendant des coups frappés à ma porte, et vis la poignée s'abaisser dans le vide. La voix de Guillaume me parvint :
« - Lili, je t'en prie, ouvre !
- Non ! Va-t-en ! »
Ma voix se brisa sous le coup des sanglots. Il frappa de nouveau à la porte :
« - Lili, ouvre-moi !
- J'ai dit non ! »
Je ne voulais plus le voir. S'il avait tenu sa promesse, rien de tout cela ne serait arrivé ! Furieuse et blessée, je m'écriai :
« - Retourne avec cette Adeline et fiche-moi la paix ! »
Guillaume ne répondit pas. Mon cœur se brisa en comprenant qu'il était parti. De nouveau, j'éclatai en sanglots, et m'effondrai sur l'oreiller. J'aurais dû me douter que ce bonheur idyllique n'aurait pu durer. Il était prince, avait eu de nombreuses maîtresses. Il était évident que l'une d'entre elles allait tenter de le récupérer. Que pouvait-il bien me trouver, par rapport à toutes ces beautés expérimentées ? J'étouffai mes pleurs dans mon oreiller. Jamais je n'aurais dû m'attacher à lui, jamais je n'aurais dû écouter Betty ! J'aurais dû fuir lorsqu'il m'avait annoncé être prince !
Mais j'entendis soudain la porte s'ouvrir. Je relevai vivement la tête, avant d'écarquiller les yeux en voyant Guillaume, une clé dans la main. Celui-ci referma la porte, nous enfermant dans la pièce, avant de me regarder enfin. Ses yeux s'agrandirent lorsqu'il vit mon état. Lentement, il s'avança vers moi, les mains levées en signe d'apaisement. Mais je m'esquivai, me relevant en agrippant l'oreiller pour me réfugier à l'autre coin de la pièce.
Devant mon mouvement, il s'arrêta, et soupira, son regard cherchant le mien :
« - Lili, je t'en prie, écoute-moi... »
Je secouai la tête, des larmes roulant sur mes joues. Serrant l'oreiller contre mon ventre, je sanglotai :
« - Tout est sa faute, et la tienne ! Tu avais promis de m'aider, mais tu m'as laissée à côté de cette femme, et...
- Je ne pouvais pas savoir qu'elle allait se comporter comme ça ! »
Il soupira, et reprit en baissant la voix :
« - Lili, tout avait été clair entre Adeline et moi.
- Visiblement pas ! Si tu savais combien je me suis sentie misérable à côté d'elle, à côté de tous, je... »
Brusquement, Guillaume fut devant moi, et me prit dans ses bras. Je n'eus pas la force de me débattre, lâchant l'oreiller pour m'agripper à sa veste en pleurant. Il me serra contre son cœur, appuyant son visage contre mes cheveux en soupirant :
« - Pardonne-moi, mon ange... J'avais tout mis au clair avec elle il y a bien longtemps, et... Je n'aurais jamais cru qu'elle se montrerait si mesquine... Et j'ai eu si peur que tu te sois brûlée... J'ai été si stupide de me comporter ainsi, pardonne-moi ! »
Il me caressa le crâne, se balançant sur ses jambes pour me bercer doucement :
« - J'ai conscience de m'être comporté comme un idiot, mais... Je pensais que si les courtisans te voyaient te débrouiller par toi-même, ils prendraient conscience des progrès que tu avais accomplis, de la magnifique personne que tu étais, et... J'ai été stupide. »
Stupéfaite, je balbutiai :
« - Alors... Tu ne m'as pas abandonnée ?
- Oh, mon ange... »
Guillaume me serra davantage contre lui :
« - Je suis désolé si c'est l'impression que tu as eue... Je voulais juste que tu leur prouves que tu pouvais te comporter comme eux... Et au lieu de cela, je t'ai livrée à l'une de mes anciennes maîtresses, je l'ai laissée t'humilier sans rien dire, et j'ai été le pire des hommes... »
Il prit mon visage entre ses mains pour essuyer tendrement mes larmes :
« - La soirée ne devait pas se passer comme cela... Je devais... Cela ne devait pas se dérouler ainsi. La situation est tout, sauf idéale... »
Je ne compris pas sa dernière phrase. Mais je laissai Guillaume embrasser mon front, et il murmura contre ma peau :
« - Tu aurais dû passer une très bonne soirée, puis... Non, il n'est pas trop tard ! »
Il me lâcha, avant de se diriger vers le tas de jupons, jupes et corsages. Je le vis les observer avec attention, puis soupirer :
« - Elle est tachée... »
Nerveusement, je triturai mes doigts, le regard baissé. Mais aussitôt, il revint devant moi, et prit mes mains pour les embrasser :
« - J'ai une idée, mon ange. »
Me lâchant, Guillaume s'empara d'une robe qui traînait sur une chaise, et m'aida à la passer. Certes, je n'avais ni jupons, ni corset, mais cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi libre.
Guillaume eut pour moi un regard satisfait, puis me prit par la main :
« - Viens. J'ai quelque chose à te montrer. »
Curieuse, je fronçai les sourcils, mais me laissai entraîner.
Il nous fit sortir de la chambre, puis me guida dans les couloirs. Même si je n'avais aucune idée d'où nous allions, je constatai avec soulagement que nous nous éloignions de la salle du banquet. Je n'avais envie de revoir personne, et surtout pas cette Adeline. Sa main dans la mienne, Guillaume finit par déboucher dans une sorte de salle de bal.
La pièce, vide, était tout de même éclairée par des flambeaux. Il y avait une estrade pour des musiciens, ainsi qu'un grand espace pour danser. Mais, sans s'arrêter, Guillaume m'entraîna jusqu'aux portes vitrées. Il en ouvrit une, puis me tira dehors, avant de la refermer. Là, il se plaça devant moi en souriant :
« - C'est là que j'avais prévu de t'emmener après le repas. Parce qu'il y a quelque chose que je voulais te montrer depuis longtemps. »
Avant que je ne puisse réagir, il s'écarta, et eut un geste de la main pour me montrer le ciel.
Ebahie, j'écarquillai les yeux devant la beauté du ciel étoilé. J'avais toujours adoré contempler les étoiles, mais jamais je n'avais eu une aussi belle vue. La voute étoilée scintillait de mille feux, et l'espace d'un instant, j'eus l'impression que ce n'était que pour moi. Une larme de joie roula sur ma joue, que je m'empressai d'essuyer. C'était sublime.
A mon oreille, Guillaume souffla :
« - Même si j'ai conscience de la soirée déplorable que tu as passée... »
Sa voix pleine d'hésitation me fit froncer les sourcils. Je me tournai vers lui. Et avant que je ne puisse réagir, il sortit quelque chose de sa poche, et mit un genou à terre.
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