13. Il faut la tuer !
Tenant fermement la main de Lili, je me plantai devant la porte menant aux appartements de mon père. Les gardes s'inclinèrent devant nous, et je leur demandai :
« - Y a-t-il quelqu'un avec mon père ?
- Des gardes, Votre Altesse. »
J'acquiesçai, avant de pousser la porte. Je sentis Lili se crisper, alors embrassai sa main :
« - Tout va bien se passer. »
Elle murmura quelque chose d'inintelligible, mais me laissa l'entraîner vers la chambre de mon père. Les gardes postés devant s'inclinèrent, avant de m'ouvrir la porte.
Je tirai Lili à ma suite, et la porte se referma derrière nous. L'odeur pestilentielle avait disparu, sûrement grâce aux fenêtres ouvertes. Mon père semblait dormir, perdu au milieu de son grand lit. Je pressai les doigts de Lili, avant de la lâcher pour m'avancer vers Edmond. Mais à peine avais-je fait quelques pas qu'il ouvrit les yeux.
Il porta son regard sur moi, avant de regarder derrière moi. Aussitôt, son visage se modifia. Ses traits bouffis se creusèrent de rage, et il s'écria :
« - Il faut la tuer ! La tuer ! Elle est comme cette catin ! Tue-la, Guillaume ! »
Il essaya de se redresser, mais retomba sur sa couche avec un grognement de douleur. Stupéfait, je me retournai vers Lili. Elle s'était reculée, les yeux écarquillés. Et je lisais dans son regard qu'elle était terrifiée de l'accès de colère de mon père. Aussitôt, je pris son visage entre mes mains :
« - Je... Je suis désolé Lili, je... Tu devrais sortir.
- Tue-la ! Elle sera comme cette catin, cette putain ! »
Lili eut un hoquet face à tant de violence. Et je sentis mon cœur se serrer de rage. De quel droit se permettait-il de parler ainsi d'elle ? Je crispai mes doigts sur sa peau, avant de lui souffler :
« - Tu m'attends dehors ?
- D'accord.
- Je ferai vite. Promis. »
Sans réfléchir, je pressai furieusement mes lèvres sur les siennes, avant d'entrouvrir ses lèvres de ma langue. Lili m'enlaça rapidement, répondant timidement à mes baisers. Un grondement de mon père me fit revenir au présent. Je déposai un dernier baiser sur les lèvres de ma brune, avant de la pousser vers la porte.
Je refermai le battant sur elle, avant de me retourner pour toiser Edmond :
« - Lili n'est pas la femme que vous m'avez ordonné de tuer.
- Si, c'est elle, elle est comme elle ! Il faut la tuer, comme cette catin ! »
Furieux, je m'avançai vers le lit, et empoignai le col de mon père pour le comprimer. Mes yeux plantés dans les siens, j'articulai lentement en compressant sa gorge :
« - Il est hors de question qu'une autre personne que moi ne touche à Lili. Et il est hors de question qu'elle meure. Elle n'est pas la manipulatrice que vous m'aviez ordonné de tuer.
- Si, c'est elle ! Il faut la tuer !
- Jamais. Je ne laisserai rien lui arriver ! »
Je compris soudain, en me voyant défendre Lili si ardemment, que je disais vrai. Jamais je ne laisserais quelque chose lui arriver parce que jamais je ne pourrais rien plus vivre sans elle. Armand avait raison. J'étais tombé amoureux d'elle.
J'entendis la poignée de la porte s'abaisser, alors relâchai vivement Edmond, et reculai de quelques pas. La porte s'ouvrit, et se referma derrière Armand. Celui-ci m'interrogea du regard, et s'approcha de son père lorsqu'il s'écria :
« - Elle va tout détruire ! Tout ce que j'ai mis si longtemps à construire, elle détruira tout ! »
Armand se rapprocha de moi, les traits soudainement tirés :
« - Pourquoi est-il comme ça ? Penses-tu que... Que ce soit la maladie qui le rende aussi... Fou ? »
A ces mots, j'eus l'impression d'entrevoir la lumière. Fou ? C'était peut-être la solution... Si tous le pensaient fou, alors ce que dirait Edmond n'aurait aucune importance. Notamment s'il disait qu'il fallait tuer Lili.
Alors je pris une expression désolée :
« - Je suis navré Armand, je pense que... Tu as raison. »
Mon frère adoptif soupira, mais finit par hocher la tête :
« - Je m'y étais préparé... »
Sans réfléchir, je le pris un instant dans mes bras, et le serrai contre moi :
« - Je suis désolé...
- Ce n'est rien. Ne t'inquiète pas. Cela fait quelques années que j'ai envisagé cette hypothèse. »
J'entendis Edmond recommencer à vociférer. Aussitôt, j'écartai Armand de moi pour croiser son regard :
« - Il faudrait que tu préviennes les gardes que... De l'état de ton père. Afin qu'ils ne lui obéissent plus.
- Tu as raison, je n'y avais pas pensé. Je... J'y vais. »
Armand sembla fuir de la pièce. Resté seul avec Edmond, je le toisai avec colère et mépris :
« - Jamais je ne vous laisserai faire du mal à Lili. Vous n'êtes qu'un fou. »
Je sortis à mon tour de la chambre, et refermai la porte sur ses hurlements de colère.
Le cœur battant, je m'empressai de m'éloigner de la pièce, ayant l'impression d'étouffer. Et dans l'antichambre, je me retrouvai soudain au milieu de jeunes femmes. Elles attendaient visiblement Armand, qui était occupé à parler aux gardes présents. Mais je vis plusieurs de ces aristocrates m'adresser des regards aguicheurs. Dans le temps, je leur aurais souri, puis me serais dirigé vers elle pour leur conter fleurette.
Mais là, je cherchai Lili du regard, et l'aperçus dans un coin, à l'écart. Aussitôt, j'écartai les jeunes femmes qui s'étaient avancées jusqu'à moi, et me précipitai vers elle. Lili releva la tête en m'entendant, et se jeta dans mes bras en tremblant. Je la serrai contre moi de toutes mes forces, et lui murmurai :
« - Je suis désolé, je... Je ne pensais pas qu'il allait réagir comme cela. Pardonne-moi, je...
- Ce n'est pas ta faute, Guillaume... »
Je pris son visage entre mes mains pour l'embrasser tendrement, le cœur battant de mes sentiments pour elle. Oh oui, je l'aimais.
« - Eh bien, on ne me présente pas ? »
Je m'écartai de Lili en reconnaissant la voix d'Armand. Celui-ci s'était posté à nos côtés, le regard de nouveau pétillant d'excitation. Je vis Lili rougir, alors repris sa main pour la présenter :
« - Armand... Voici Lili. Lili, voici Armand, mon frère.
- Je suis enchanté de vous connaître ! Non, je suis ravi ! »
Armand s'empressa de prendre Lili dans ses bras pour la serrer contre lui :
« - Si vous saviez ! Vous êtes la première femme dont me parle Guillaume ! »
Il la relâcha pour embrasser ses deux joues avec emphase, avant de se reculer pour l'examiner à bout de bras :
« - Mais vous êtes ravissante ! Seigneur, Guillaume vous a bien trouvée ! »
Il la lâcha pour frapper mon épaule :
« - Petit chanceux !
- Petit ? »
Je me redressai pour le dominer de ma hauteur, faisant pouffer Lili de rire. Aussitôt, Armand eut un sourire éblouissant :
« - Et en plus, elle est adorable ! Eh bien, Lili, je déclare qu'en temps que futur roi, vous êtes la bienvenue dans ce château. »
Lili s'empourpra avec force, avant d'acquiescer :
« - Oh, c'est... Je vous remercie Votre Altesse...
- Oh non, pas de ça entre nous ! Appelez-moi Armand, et je vous appellerai Lili ! C'est comme si vous étiez déjà de la famille ! »
Je ne pus me retenir de sourire devant la bonne humeur de mon frère. Il était adorable, j'étais sûr que Lili lui plairait immédiatement.
Mais rapidement, Armand frappa dans ses mains :
« - Bon, même si j'aimerais beaucoup rester avec vous Lili et faire votre connaissance... J'ai des obligations. J'espère vous revoir bientôt ! »
Il la reprit dans ses bras pour embrasser sa joue, et m'ébouriffa les cheveux avant de s'éloigner.
Et Lili se tourna vers moi avec un sourire rayonnant :
« - Il est... Adorable !
- Il sera ravi de l'entendre, crois-moi. »
J'enlaçai ses épaules pour la ramener vers moi, et embrassai son front. L'entrevue avec mon père s'était mal passée, mais cela m'importait peu. Edmond était totalement fou, et m'aurait fait tuer Lili pour rien. Elle était totalement innocente.
************
Hey !
Tout ne s'est pas passé comme prévu... Mais il fallait s'y attendre hein ^^
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top