Tendrement, j'écartai quelques mèches de cheveux du visage de Lili. Elle était profondément endormie, allongée sur sa couche. J'avais déniché une couverture, que j'avais étendue sur son corps. Et depuis, je l'observais, assis à côté d'elle. Elle était si belle, je ne me lassais pas de la contempler. Son nez était continuellement plissé dans une moue que je trouvais adorable. Parfois, Lili remuait, avant de laisser échapper un léger ronflement paisible.

Soudain, je la vis se retourner, le visage tordu dans une moue de douleur. Et elle eut un gémissement douloureux. Elle cauchemardait. Aussitôt, je me rapprochai d'elle, et pris doucement sa main dans la mienne. Ses doigts se crispèrent sur les miens, et je vis Lili ouvrir légèrement les yeux. Elle murmura quelque chose que je ne compris pas, avant de se rendormir, nos mains liées en poing près de sa bouche.

Attendri, je décidai de me coucher auprès d'elle. La couche était étroite, m'obligeant à me coller presque contre Lili. Nos mains liées m'empêchaient de trouver une position confortable, mais j'étais habitué à cause de mes missions à dormir dans des endroits inconfortables. Alors, le regard fixé sur Lili, je détendis mon corps, me préparant à accueillir le sommeil. Et, bercé par la respiration profonde et régulière de ma brune, je m'endormis rapidement.

Lorsque je me réveillai, j'étais allongé sur le dos. Je clignai des paupières, encore un peu endormi, avant d'étirer un sourire. Lili était blottie dans mes bras, ses mains agrippée à ma veste. Et mes bras étaient refermés autour d'elle tandis que je la serrai contre moi, nos jambes entremêlées. J'adorais cette position. J'adore la sentir ainsi contre moi. Je passai doucement ma main dans ses cheveux dénoués, savourant cette sensation délicieuse.

Et je sentis Lili remuer contre moi. Ses mains desserrèrent leur étreinte sur mes vêtements, tandis que ses jambes bougeaient lentement, se frottant aux miennes. Elle releva lentement la tête, ses yeux verts entrouverts :

« - Qu'est-ce que... »

Sa voix était incertaine, et elle bâilla, cachant sa bouche de sa main. Amusé, je dégageai son visage, repoussant quelques mèches brunes derrière son oreille. Et je vis ses yeux s'agrandir de surprise :

« - Guillaume ? »

C'était la première fois qu'elle m'appelait par mon prénom. Ravi, j'acquiesçai. Et aussitôt, Lili s'écarta de moi comme si j'étais brûlant. Elle se releva avec des gestes précipités, avant de se diriger vers la fenêtre pour en ouvrir les volets. Volets bien inutiles, car ils laissaient passer bien plus de jour qu'ils n'en cachaient.

Nerveusement, Lili se recoiffa sommairement, se rinça la bouche à l'eau claire, et se vêtit d'une robe de chambre rapiécée. La voir dans un accoutrement si pauvre me serra encore une fois le cœur. Elle méritait tellement d'être logée, habillée comme une reine ! En soupirant, je me levai à mon tour tandis qu'elle me demandait d'un ton gêné :

« - Depuis combien de temps es-tu réveillé ?

- Depuis peu de temps. Je n'ai pas voulu te réveiller. »

Elle acquiesça avec un geste saccadé de la tête :

« - Je vois, je... As-tu faim ? Parce que je vais préparer à manger, et même si je n'ai pas grand-chose, je peux trouver quelque chose qui te plaira, et... »

Elle se troubla en me voyant me rapprocher, et finit sa phrase dans un murmure incompréhensible. Je pris son visage entre mes mains pour embrasser son front :

« - Ce sera parfait, Lili. Ne t'inquiète surtout pas. »

Je déposai fugacement mes lèvres sur les siennes, avant de la lâcher. Elle se racla la gorge, avant de soupirer :

« - Mais... Tu vis au palais, alors tu dois être habitué à bien plus, et...

- Et rien. Je t'en prie, Lili, ne t'inquiète pas. Je suis très bien ici, avec toi. »

Lentement, un léger sourire étira ses lèvres, et Lili finit par relever son visage vers le mien :

« - D'accord. Je te crois.

- Et tu as intérêt, plaisantai-je. »

Comme je l'espérais, Lili pouffa de rire, avant de se détourner pour faire chauffer une sorte de bouilloire dans la cheminée, après avoir fait brûler des brindilles. Elle ouvrit un misérable placard, et en sortit une miche de pain, ainsi qu'une poignée de feuilles. Ralentissant ses gestes, elle déposa le pain sur la cheminée, puis déposa les feuilles dans la bouilloire.

Puis, Lili se retourna vers moi, gênée :

« - Veux-tu... Du pain ? Je n'ai rien pour manger avec, mais...

- Ça me va. »

J'avais répondu rapidement, pour éviter de la gêner davantage. Mais plus je restais là, dans cette bâtisse délabrée, et plus j'avais envie d'emmener Lili au palais et de la couvrir de richesses. Je crispai mes poings tandis qu'elle se détournait pour verser le thé dans deux tasses ébréchées, et pour couper de grossières tranches de pain.

Cette pauvreté me serrait le cœur, et me rendait fou de rage. Si sa véritable mère avait été assez riche pour lui laisser une chaîne et un médaillon en or, pourquoi n'avait-elle également pas gardé Lili ? Quelle mère était assez cruelle pour abandonner ainsi sa fille ? Je revins au présent lorsque Lili me tendit une tasse :

« - Tiens. J'espère qu'il n'est pas trop... Trop fade pour toi...

- Ça ira, ne t'inquiète pas. »

Elle eut un sourire timide, avant de prendre sa tasse et de retourner s'asseoir sur sa paillasse :

« - Si tu veux du pain, n'hésite pas à en prendre.

- Bien sûr. »

A la vérité, je n'osais pas lui retirer ses maigres rations de nourriture. Si je prenais une tranche de pain, j'aurais l'impression de l'affamer. Alors, malgré la faim que je ressentais, je vins m'asseoir à ses côtés pour siroter mon thé. Il était fade, presque amer, mais je ne dis rien, me contentant d'étirer un sourire rassurant dès que Lili tournait son regard vert vers moi.

Après un instant de silence, j'eus le plaisir de voir Lili se rapprocher lentement de moi. Sa tasse à la main, elle finit par se nicher contre mon flanc, les joues rouges. Sans rien dire, je l'enlaçai, et embrassai ses cheveux. Aussitôt, elle se détendit, et je l'entendis me murmurer :

« - Tu ne travailles pas ?

- Pas aujourd'hui. »

Je m'en voulais de lui mentir ainsi. Presque tout ce qu'elle savait de moi était un mensonge. En soupirant, je déposai mes lèvres sur sa tempe :

« - Et toi ?

- Je commence à quatre heures. Betty vient me chercher. »

Lili déposa sa tasse vide à même le sol, et se blottit plus contre moi. Aussitôt, je posai également ma tasse, elle aussi vide, et la serrai contre moi, passant une main dans ses cheveux :

« - Lili... Aimerais-tu visiter un jour le château ? »

Elle se tourna vers moi, les yeux écarquillés :

« - Moi ? Mais... Enfin... »

Elle se passa une main sur la nuque, avant de se relever pour déposer les deux tasses sur la cheminées. Lili était dos à moi, mais je pouvais tout de même sentir sa nervosité. Doucement, je me levai et vins la rejoindre. Je pris sa main dans la mienne pour la tourner vers moi :

« - Lili, regarde-moi. »

Lentement, elle releva ses beaux yeux vers moi et balbutia :

« - Mais je n'aurais pas ma place là-bas...

- Je t'interdis de le penser ! »

Je pris son visage entre mes mains pour coller mon front au sien :

« - Lili, tu es une jeune femme incroyable. Alors je ne veux pas que tu t'imagines cela, d'accord. Mais si tu ne veux pas, alors je n'insiste pas. »

Elle baissa les yeux, avant de murmurer :

« - Ce n'est pas ça, c'est que... J'ai l'impression de...

- De ? »

Brusquement, Lili m'enlaça, se serrant contre moi pour avouer :

« - J'ai l'impression de ne pas être assez bien pour toi. D'être trop pauvre, pas assez belle, trop stupide, trop...

- Eh, Lili... Ma Lili, regarde-moi. »

Je l'enlaçai, avant d'enrouler mes doigts autour de son menton pour lui faire relever la tête :

« - A mes yeux, tu es parfaite. Et c'est tout ce qui compte, d'accord ? Peu importe ce que peuvent penser les autres. Je m'en fiche. Je te trouve parfaite. »

Je la vis déglutir nerveusement, mais elle finit par acquiescer avec un sourire timide, avant de déposer un léger baiser sur ma joue :

« - C'est... C'est aussi ce que je pense de toi. »

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Hey !

Je les trouve teeeeellement mignons tous les deux !! (Ui, je fangirl sur ma propre histoire, et alors ? xD)