25. Bon sang, comment n'ai-je pas pu le deviner avant...

« - Regarde, Juliette ! »

Bertrand pointa le doigt vers le poisson qui venait brusquement de sauter hors de l'eau. Aussitôt, ma fille bondit sur ses pieds et courut vers la mer. Mais elle s'arrêta à bonne distance des vagues pour sautiller sur place :

« - Je l'ai vu ! Je l'ai vu ! »

J'eus un sourire amusé, caressant doucement mon ventre. Je sentais de légers coups sous mes paumes, ce qui accentua mon sourire. Le blond tourna sa tête vers moi, tout en surveillant Juliette d'un œil attentif :

« - Comment vas-tu ?

- Bien, mais... Je me sens un peu faible. »

Il eut un regard désolé pour moi, et sursauta lorsque ma fille se jeta dans ses bras :

« - Je t'ai fait peur !

- Eh bien oui, ma puce. »

Il l'appelait lui aussi par mes mots affectueux, ce qui me faisait sourire. Elle eut un rire de joie avant de venir se blottir contre moi. Elle posa son oreille sur mon ventre plus que rond, ses beaux yeux verts grand ouverts :

« - Je l'entends ! »

Je caressai doucement ses cheveux bruns, passant mes doigts dans sa chevelure :

« - Et il va bientôt arriver, mon cœur... »

Cela m'angoissait. Je savais que j'allais bientôt accoucher, car cela faisait bientôt neuf mois que j'attendais mon enfant. Et cela faisait environ quatre mois que j'étais loin de Côme. Je rêvais souvent de lui, et me réveillait alors en sursaut, persuadée qu'il était à mes côtés, qu'il allait me rassurer comme il le faisait lorsque je faisais un cauchemar. Mais j'étais toujours seule. Au fil des mois, j'avais appris à ne plus pleurer dans ces moments-là. Je serrais alors Juliette contre moi, et me rendormais.

« - Maman, regarde ! »

Elle avait tracé des bonshommes dans le sable. J'aperçus une femme, deux hommes, et une petite fille. Je lui caressai les cheveux, et embrassai sa joue :

« - C'est beau, mon cœur.

- C'est moi, toi, papa et Bertrand ! »

Ma gorge se noua, mais je gardai mon sourire :

« - Je l'avais deviné.

- Tu sais quand il nous rejoindra ? »

Ses yeux verts si semblables à ceux de Côme me fixaient, interrogatifs. Je secouai la tête :

« - Non, je ne sais pas. »

Elle se retourna vers son dessin, la mine triste. Je croisai le regard empli de compassion de Bertrand, et il pressa sa petite épaule :

« - Ne t'inquiète pas, ton papa viendra un jour.

- C'est vrai ? »

Juliette avait une voix suppliante. Il eut un sourire affectueux :

« - Bien sûr. Il retrouvera ta maman, et toi.

- Et mon petit frère ! »

Il acquiesça :

« - Et ton petit frère. »

Il l'embrassa sur le front, avant de lui murmurer :

« - Que dirais-tu d'aller chercher des coquillages ?

- Oh oui ! »

Juliette frappa dans ses mains, puis se leva brusquement pour se diriger vers la mer.

Aussitôt, Bertrand se tourna vers moi, les yeux légèrement accusateurs :

« - Tu devrais lui dire la vérité. La laisser espérer que son père revienne... C'est presque cruel. »

Je ravalai la boule de tristesse qui se formait dans ma gorge en baissant les yeux. Je glissai nerveusement mes doigts dans le sable :

« - Je n'y arrive pas... Je ne peux pas lui dire que son père m'a bafouée, et que j'ai fuis !

- Et pourquoi pas ? Cela lui évitera de croire en vain que son père viendra. »

Je déglutis, fermant un instant les yeux :

« - Elle a une si bonne image de Côme, et... »

Je me tus aussitôt, plaquant mes mains sur la bouche, horrifiée. Jamais je n'avais prononcé son nom, malgré le fait que j'avais raconté mon histoire au blond. Lentement, Bertrand leva son regard vers le mien :

« - Côme ? »

Il comprit rapidement, aidé par mon air coupable, ainsi que par la ressemblance de Juliette avec son père. Il se passa une main stupéfaite sur le visage :

« - Bon sang, comment n'ai-je pas pu le deviner avant... »

Son regard croisa le mien. J'agrippai ses mains, les pressant contre mon cœur :

« - Je t'en prie, ne dis rien ! »

Son visage se fit hésitant :

« - Mais... C'est le prince...

- Je sais, mais je t'en supplie, reste avec moi ! Je ne supporterai pas qu'il m'enlève ma Juliette ! Des larmes emplirent mes yeux, roulant sur mes joues tandis que mon cœur se serrait douloureusement. Je sais qu'il le fera, parce qu'il a sûrement déjà installé sa maîtresse, et je ne veux pas être séparée de ma fille ! C'est tout ce qui me reste de ce bonheur éphémère ! Je l'aime plus que tout au monde, je ne veux pas la quitter !

- Titania, calme-toi ! »

Il pressa mes mains, avant de les lâcher pour essuyer mes joues :

« - Tu sais très bien que je ne veux que ton bonheur et celui de Juliette.

- Mais tu avais l'air hésitant, et je ne veux pas que...

- Que rien, me coupa-t-il. Je ne peux pas alerter le prince après ce qu'il t'a fait. Son regard se fit dur. C'est inadmissible d'abandonner une femme enceinte et avec un enfant, tout cela pour aller s'encanailler avec la maîtresse de son frère ! Ses yeux bleus se firent plus doux. Je te respecte, Titania, pour ton courage et ton amour. Je ne peux t'enlever Juliette, et tu le sais. Tu es mon amie la plus chère.

- Toi aussi, Bertrand... Je suis désolée d'avoir douté de toi. »

Il secoua la tête, puis embrassa mon front :

« - C'est moi qui suis désolé de t'avoir effrayée. »

J'eus un sourire infiniment rassuré, me détournant pour essuyer mes joues. Mais en reportant mon attention vers la mer, je ne vis pas Juliette.

Aussitôt, les battements de mon cœur s'emballèrent. Je me levai brusquement, soutenant mon ventre à deux mains, criant d'une voix paniquée :

« - Juliette ! »

Bertrand se retourna, avant de se lever pour joindre sa voix à la mienne :

« - Juliette ! Où es-tu ?

- Elle n'est plus là ! sanglotai-je. »

Les pires hypothèses se bousculaient dans mon esprit. La mer l'avait emportée ! Je me précipitai vers les vagues, hurlant son prénom, des larmes dévalant mes joues. Je ne pouvais pas l'avoir perdue ! Pas elle, pas ma fille ! Je fis à peine attention au liquide chaud qui coulait entre mes cuisses, criant encore et encore le prénom de ma fille en crispant mes mains sur mon ventre.

Soudain, Bertrand s'écria derrière moi :

« - Titania ! Elle est là ! »

Je me retournai aussitôt, pour la voir accrochée à sa main. Je me précipitai vers elle pour l'arracher au blond afin de la serrer contre moi en sanglotant. Je balbutiai :

« - Ne me refais plus jamais cette peur !

- Je suis désolée maman... Je voulais aller voir derrière les rochers... »

Ses petites mains s'accrochèrent à mes hanches. Je l'écartai de moi pour vérifier si elle n'était pas blessée, mais elle n'avait rien. Je la repris dans mes bras :

« - J'ai eu si peur... »

Elle s'écarta de moi pour couvrir mon visage de baisers enfantins :

« - Je suis désolée, je ne le ferai plus, maman ! »

Je pris sa figure entre mes mains pour embrasser son front, rassurée. Mais alors que je me redressai, une vive douleur me fit crisper mes mains sur mon ventre. Aussitôt, Bertrand me saisit par la taille :

« - Titania ! Qu'y a-t-il ?! »

Je ne me souvenais que trop de ces douleurs. Je me raccrochai à sa veste, de nouveau paniquée :

« - Je vais accoucher ! »



************

Hey !

Il fallait bien que Bertrand découvre la vérité ! ^^ Et pour le deuxième enfant, sur quoi pariez-vous ?


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top