17. Tu vas t'enlever tout de suite de la tête cette idée stupide !
Je croisais et décroisais mes mains, m'ennuyant à mourir. Côme était parti se promener avec Juliette dans le château, car la famille royale était partie dans une seconde résidence Et à cause de ma fausse maladie, je devais rester au lit. Je passai une main sur mon ventre arrondi. Cela se voyait que j'étais enceinte, si on avait l'œil averti. J'eus un énième soupir, et entendis la porte s'ouvrir.
« - Alors comme ça, tu es malade ?
- Eglantine ! »
Sans réfléchir, je repoussai les couvertures et courus me jeter dans ses bras :
« - Tu m'as tellement manquée ! Tu étais où ?
- C'est que tu m'as l'air alitée, toi ! »
Je relevai le visage vers elle, et murmurai :
« - Je n'en peux plus, Eglantine... »
J'éclatai en sanglots entre ses bras. Aussitôt, elle me serra contre elle en soufflant :
« - Oh, Titania... Ne pleure pas.
- Si je lui dis, il... Il va me jeter dehors, et je ne reverrais plus jamais Juliette, et...
- Et rien du tout. Calme-toi, et explique-moi tout. »
Je reniflai, et m'écartai d'elle pour me réfugier dans mon lit. Elle vint s'allonger à mes côtés, et me prit dans ses bras :
« - Dis-moi ce qu'il y a.
- Je suis enceinte, et Côme n'en veut pas ! »
Elle s'écarta pour s'agenouiller sur le lit, l'air ravi :
« - Tu attends un deuxième enfant ? Mais c'est génial !
- Mais tu n'as pas entendu ?! Il n'en veut pas ! »
Elle eut un air sévère pour moi, et je me recroquevillai en l'écoutant :
« - Et je peux savoir qui t'as mis ces bêtises dans la tête ? Si tu voyais comment il te regarde, tu ne dirais jamais ça. Il est fou de toi, Titania, alors bien sûr que si, il veut cet enfant !
- Mais je lui en ai parlé, et... Il m'a demandé « pourquoi » je lui demandais ça... Je n'ai pas eu le courage de lui avouer !
- Titania ! »
Elle semblait choquée. Ses yeux grands ouverts me fixaient, stupéfaits :
« - Mais... Il te l'a dit... De face, comme je te parle, qu'il ne voulait pas de votre enfant ?
- Non, mais... Il n'avait pas l'air heureux ! Il aurait pu me dire que c'était ce qu'il souhaitait le plus, ou... Ou je ne sais pas ! Mais pas ça ! »
Un sanglot me coupa la parole, mais je continuai vaillamment :
« - J'en ai assez de devoir prétexter que je suis malade pour expliquer mes sauts d'humeur, de devoir rester allongée le matin alors que je n'ai qu'une envie, c'est d'aller vomir... J'aimerais tellement qu'il me soutienne, mais je sais très bien qu'il ne le fera pas parce qu'il ne veut pas de cet enfant ! »
Elle me laissa tranquillement finir, l'air exaspérée, puis m'assena brutalement :
« - Alors tu vas bien m'écouter Titania. Tu vas t'enlever tout de suite de la tête cette idée stupide ! Nous allons passer un bon moment ensemble, puis quand ton Côme viendra te voir, tu lui diras tout. Tu lui confieras tes peines, tes craintes, et il te consolera comme il l'a toujours fait. Et puis, pendant un peu moins de neuf mois, il sera avec toi, t'épaulera et t'aimera comme il n'a jamais cessé de le faire ! Mais je veux que tu arrêtes de penser qu'il ne voudra pas de votre enfant. Il est fou de toi, bon sang ! »
J'ouvris la bouche de surprise devant sa tirade. Elle semblait tellement sûre d'elle ! Je bafouillai, le cœur gonflé d'espoir :
« - Vraiment ? Tu... Tu crois qu'il ne m'en voudra pas ?
- Titania, gronda-t-elle.
- D'accord... J'arrête. »
Je me mordillai la lèvre, et sentis soudain un énorme poids se retirer de mes épaules. Pourquoi avais-je douté de lui ? Je me frottai les yeux, et soufflai :
« - J'ai été horrible... Je ne lui ai même pas fait confiance ! Je suis si pitoyable !
- Titania, arrête. Ce n'est pas bon pour ton enfant. »
Je reniflai, et la serrai brusquement dans mes bras :
« - Eglantine, je t'adore ! Sans toi, je serais restée à me morfondre dans mon lit, et...
- Et tu te tais. Arrête de parler, tu vas dire des bêtises. »
Mais son ton amusé adoucissait la brutalité de ses paroles. J'embrassai sa joue en soufflant :
« - Je suis tellement contente de t'avoir près de moi...
- Et moi donc ! »
J'entendis soudain derrière moi :
« - Elantine ! »
Je vis mon amie sourire, et elle se redressa, les poings sur les hanches :
« - Mais qui voilà ? Serait-ce ma petite Juliette ?
- Oui ! »
Eglantine se leva pour accueillir ma fille dans ses bras, qui lui demanda :
« - Tu as un cadeau pour moi ?
- Juliette, voyons ! »
C'était Côme qui venait de parler, apparaissant dans l'encadrement de la porte. Il croisa mon regard, et une bouffée de remord m'envahit. Je me levai brusquement pour courir vers lui et me jeter dans ses bras. Il me serra contre lui avec un souffle inquiet, et me demanda :
« - Titania, tu vas bien ? »
Je relevai la tête vers lui pour qu'il puisse lire sur mes lèvres :
« - Oui. Je t'aime, Côme. »
Un magnifique sourire étira ses lèvres, et il m'embrassa doucement. Je m'agrippai à sa veste, savourant la douceur de ses baisers. Mais une petite voix s'écria derrière nous :
« - Beurk ! Elantine, rega'de pas ! »
Un rire m'échappa, et je me retournai pour voir Juliette, le visage caché dans la jupe de la rousse, qui m'adressa un clin d'œil lourd de sens. Je me sentis rougir, et soupirai d'amusement en voyant le petit chapeau de ma fille :
« - Oh, Eglantine... Encore un chapeau ?
- Ce n'est pas ma faute, elle a une tête ravissante ! »
Elle prit Juliette entre ses bras pour que je puisse admirer le couvre-chef rose, qui soulignait la couleur de ses cheveux. Côme enlaça ma taille en déclarant :
« - C'est très beau. Merci.
- Oh, de rien, c'est un plaisir de couvrir ma petite filleule de cadeaux ! »
Un rire m'échappa. J'étais bien plus heureuse depuis qu'elle était là, et qu'elle avait dissipé mes craintes.
..................................................................................................................
Restée un instant seule, je réfléchissais à la meilleure façon d'amener le sujet avec Côme. Je ne pouvais pas lui dire directement que j'attendais un autre enfant ! Alors je devais trouver une façon d'en parler... Je sentis soudain deux bras enlacer ma taille, et les battements de mon cœur s'accélérèrent. Je me tendis, mais me retournai pour me blottir contre lui. Il embrassa mes cheveux en soupirant :
« - Je suis ravi de voir que tu vas m-mieux. »
Je caressai son dos pour lui signifier que j'avais entendu. J'avais été si stupide de ne rien lui dire... J'inspirai profondément, mais alors que je m'écartai pour tout lui avouer, une petite voix se fit entendre :
« - On peut sortir ? »
Je me retournai vers Juliette, qui avait ses grands yeux interrogatifs fixés sur nous. J'allais devoir remettre mes aveux à plus tard... Je vins m'accroupir devant elle en m'efforçant de sourire :
« - Dans les jardins ?
- Oh oui !
- C'est d'accord, mon cœur. »
Elle noua ses petits bras autour de mon cou pour que je la soulève, ce que je fis en souriant. Puis, je me tournai vers Côme, la mine radieuse :
« - Es-tu tenté par une petite promenade ? »
J'allais bien trouver le temps de tout lui dire après.
***********
Hey ! Heureusement qu'Eglantine est là, non ? ^^
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top