16. Jurez-moi que vous ne direz rien à Côme.
Lorsque le médecin entra dans la pièce, j'avais cessé de pleurer, et l'attendais, adossée aux oreillers. Côme voulut le suivre, mais l'homme s'excusa :
« - Votre Majesté, je préfèrerais rester seul avec votre femme. »
Mon brun semblait indécis. Je lui adressai un sourire qui se voulait rassurant, qui le fit sourire à son tour, et après un dernier regard tendre et inquiet, il quitta la pièce.
Le médecin vint vers moi, se plaçant près du lit :
« - De quoi souffrez-vous, je vous prie ?
- Rien, ce n'est rien, répondis-je trop rapidement. »
Quoique... Peut-être pourrait-il m'éclairer sur mon état ? Je triturai nerveusement mes doigts devant son regard inquisiteur, et finir par marmonner :
« - Jurez-moi que vous ne direz rien à Côme.
- Si votre état est grave, je dois malheureusement en avertir le prince...
- Mais ce n'est pas grave ! »
Je levai des yeux suppliants vers lui, et il soupira :
« - Bien, je vous le jure.
- Je pense être enceinte. »
Un air stupéfait passa sur son visage, vite remplacé par de la joie :
« - Vraiment ? Mais pourquoi ne voulez-vous rien dire au prince ?
- Je veux lui en faire la surprise. »
Je m'étais efforcée d'être convaincante. Il eut un sourire amusé :
« - Très bien. Mais voyons tout d'abord si vous êtes réellement enceinte. »
Il tira une chaise jusqu'à lui, s'assit, et me demanda :
« - Pourquoi le pensez-vous ?
- Parce que... Je suis tout le temps sur les nerfs, et... Et c'était pareil lorsque j'étais enceinte de Juliette, et... Je sentis ma voix se mouiller de larmes. C'est horrible, je n'arrête pas de m'énerver après tout, ou de pleurer sans raison... »
J'essuyai les larmes qui avaient coulé sur mes joues, inspirant profondément pour me calmer. Le médecin me jaugea d'un air contrit, puis demanda encore d'une voix douce :
« - Quelles sont les dates de vos dernières menstruations ? »
Je me sentis rougir avec force. Je détournai le regard, horriblement gênée, mais comprenant que c'était une question importante. Je fis rapidement le calcul dans ma tête, puis osai de nouveau le regarder :
« - Un peu plus de deux mois. »
Un sourire étira ses lèvres, et j'eus la confirmation de ce que je craignais. Je fondis soudain en larmes, le cœur douloureusement serré. Qu'allais en penser Côme ?! Cette question tournait dans mon esprit, m'empêchant de reprendre contenance.
Je sentis le médecin me tapoter l'épaule, alors relevai brusquement le visage pour essuyer mes larmes. Je murmurai :
« - Ne lui dîtes rien. Prétexter que j'ai pris froid, cela expliquera mon état... »
Il soupira, mais devant mon air éploré, il finit par acquiescer. Je faillis pleurer de soulagement, mais me contentai de souffler :
« - Merci... »
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La porte s'ouvrit de nouveau. Je savais que c'était Côme. Je reniflai en essuyant doucement mes larmes, puis sortis mon visage de sous l'oreiller. Il vint s'asseoir à mes côtés, la mine inquiète :
« - Le médecin m'a dit que t-tu étais malade.
- Oui, j'ai dû prendre froid en me promenant dans les couloirs. »
J'étais si mal... Comment pouvais-je lui mentir ? Peut-être que si je lui demandais vraiment ce qu'il en pensait... L'air de rien, je pris sa main dans la mienne, et l'interrogeai doucement :
« - Dis... Aimerais-tu un deuxième enfant ? »
Je m'attendais presque à ce qu'il s'exclame que oui, c'était son plus beau souhait. Mais il se contenta de froncer les sourcils :
« - Pourquoi ?
- Pour... Pour rien. »
Un sanglot me noua la gorge. Il n'en voulait pas. Il n'allait plus m'aimer si je lui disais la vérité. Je fis l'énorme effort de lui sourire, avant de murmurer, au bord des larmes :
« - Je suis fatiguée.
- D'accord, repose-toi, ma Titania. »
Serais-je toujours « sa Titania » si je lui disais la vérité ? J'en doutais... Il m'embrassa tendrement sur le front, puis sortit de la pièce. Aussitôt, j'éclatai en sanglots douloureux. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne me jette hors du château ! Je pleurais toutes les larmes de mon corps. Pourquoi n'avait-il pas répondu « oui », tout simplement ? Pourquoi n'avait-il pas insisté ?
Je sentis soudain un petit corps se presser contre moi, et une voix fluette résonna à mon oreille :
« - Pleure pas, maman... Moi je t'aime ! »
Je me redressai aussitôt en essuyant mon visage, mais devant la mine si attristée de Juliette, je pleurai de plus belle en la serrant contre moi. Je voulais une autre petite fille comme elle, ou un garçon pour changer ! Elle accrocha ses petites mains à ma chemise, avant de me caresser le dos, comme je faisais pour la calmer :
« - Voilà, pleure plus... Tu veux que j'appelle papa ?
- Non, surtout pas ! »
Ce cri m'avait échappé. Je l'écartai de moi pour la supplier :
« - Ne lui dis rien, je t'en prie ma Juliette !
- D'accord, maman. »
Elle avait une mine réjouie ; elle adorait garder des secrets. Je reniflai, et lui demandai :
« - Tu ne lui diras vraiment rien ?
- Non, ce sera not' secret ! »
Je m'efforçai de sourire pour la rassurer. Je ne devais surtout pas l'inquiéter. Je m'essuyai le visage, avant d'apercevoir du coin de l'œil la porte s'ouvrir. Aussitôt, je tendis les bras à ma Juliette :
« - Tu viens me faire un câlin, mon cœur ?
- Oh oui ! »
Elle se jeta dans mes bras, s'accrochant à moi en riant, et j'embrassai sa tempe en murmurant :
« - Plus un mot, papa est là. »
Je la sentis acquiescer dans mon cou, et l'écartai de moi en soufflant :
« - Je t'aime, ma Juliette.
- Moi aussi !
- Et moi aussi.
- Papa ! »
Elle me lâcha pour descendre du lit et courir vers lui. Il la prit dans ses bras en riant, et parsema son visage de baisers :
« - Tu as fini ta sieste ?
- Oui, et je suis venue voir maman ! »
Elle plaqua un baiser sur sa joue, puis lui demanda :
« - Toi aussi tu viens voir maman ?
- Oui, ma puce. Je viens lui tenir c-compagnie.
- Moi aussi ! Comme ça on sera tous les trois ! »
Côme eut un regard interrogatif pour moi, alors je m'empressai d'acquiescer. Si je refusais, il allait se douter de quelque chose. Il eut un sourire ravi qui me remua les entrailles, et s'avança jusqu'au lit. Il déposa Juliette dans mes bras, puis s'allongea près de moi. Je m'efforçai de lui sourire, puis vint me blottir contre lui tout en gardant notre fille dans mes bras. Il m'embrassa doucement sur le front, avant de resserrer son étreinte autour de ma taille. Je fermai les yeux pour fuir son regard, certaine qu'il lirait dans mes yeux tout ce que je cherchais à lui cacher. Et je finis malgré moi par m'endormir, épuisée par la tempête d'émotions que je ressentais.
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Hey !
Ah, cette Titania, on a envie de la frapper, hein ? xD
Et je sors ce chapitre aujourd'hui, parce que demain je serai occupée toute la journée ! ^^
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